Les data en forme

Le 3 avril 2012

La veille hebdomadaire du meilleur du datajournalism, c'est ici. Réalisée par les datajournalists d'OWNI. Cette semaine, ils vous proposent un voyage au coeur des data contre vents et marées, avec une Terre qui tourne et des courants marins visualisés en temps réel. Mais aussi des données en 3D qui se promènent au plafond de Grand central station, à New York.

Amoureux de la donnée, sortez vos mouchoirs. On démarre ce nouvel opus des data en forme avec un projet fou, “Graphic World”, signé David Mc Candless et le quotidien économique Financial Times. Place au spectacle :

 
Une gare, des data, du talent, le tour est joué et ça donne des frissons. Faire sortir les chiffres de nos écrans, les donner à voir au coeur d’un lieu aussi fréquenté que Grand Central Station à New York, surprendre les 750.000 passagers qui traversent cette salle chaque jour, un sacré pari. Surtout quand on y ajoute la possibilité de parcourir IRL les données avec une interface simple : nos pieds.

Le résultat est à la hauteur du défi, une série d’animations en 3D isométrique réparties sur trois thèmes : la place de l’économie Américaine dans le monde, l’importance de l’industrie du téléphone mobile et les chiffres positifs au coeur de la crise actuelle.

Pour ne rien gâcher, le site qui relaie l’opération est aussi sobre qu’efficace : contenus accessibles en un clic, jolie mise en forme CSS, vidéos contextualisées et liées à leur fil de discussion Facebook. Cette campagne du Financial Times qui met les data au cœur de la réflexion est une réussite. Seul bémol : son objectif en forme de croisade sous la bannière étoilée…

The US is still the world’s pre-eminent economic superpower – but to stay on top and thrive in the global arena, an in-depth understanding of the global marketplace is critical to the American business community.

Les data au bout des doigts

Restons dans le réel pour jouer avec ce que nous avons tous à portée de main : du papier. Sian Ching, designeuse et graphiste basée à Singapour, est une adepte du DIY. Avec des gabarits, une paire de ciseaux, de la colle et des feuilles aux couleurs intelligemment choisies, elle transforme en quelques heures des tableaux de données en infographies physiques.

Elle a notamment travaillé sur trois jeux de données avec ce principe : la répartition des groupes sanguins parmi les donneurs de Singapour, les réserves des trois principales sources d’énergie dans le monde et une comparaison de cinq causes de décès (le virus du Sida, la malaria, les suicides, l’alcool et les accidents de la route).

Pattern Matters

Le but du projet est double : mettre en avant le rôle essentiel du motif (et de sa répétition) dans tout travail graphique et offrir une source d’inspiration pour tout ceux qui s’intéressent au sujet. On la remercie.

Do it Toi-même !

Si vous n’êtes pas des adeptes des papier-colle-ciseaux mais que le principe de passer à l’action vous parle, causons “outils”. Le datablog du Guardian a publié la semaine dernière un article bien utile pour tous les (data-)journalistes et autres passionnés de la visualisation des données qui voudraient mettre les mains dans le cambouis.

Le généreux Simon Rogers y a listé les services en ligne les plus utilisés par ses équipes. Google Fusion Tables, Tableau, Many Eyes, les bases sont là avec les explications sur le “pourquoi du comment” à chaque fois. Un article à se garder toujours à portée de main car plus nous serons nombreux à les utiliser, plus de nouveaux outils verrons le jour, donc plus nous aurons de possibilités.

Nous y allons aussi de notre modeste contribution avec un nouveau venu parmi les outils de création de frise chronologique : Timeline. Ce projet, créé au sein du Knight News Innovation Lab, rappelle graphiquement Dipity, dans un esprit plus épuré et plus efficace mais c’est surtout son principe qui est innovant.

Ici, pas de compte à créer, pas d’interface graphique parfois chargée pour construire votre chronologie, vous récupérez simplement les différents fichiers du script sur GitHub, vous éditez le fichier .json contenant les données à afficher sur la frise chronologique, vous déposez le tout sur votre serveur (ou dans un dossier public Dropbox) et vous n’avez plus qu’à appeler le script dans l’une de vos pages pour afficher le résultat.

Il faut mettre les mains dans le code, c’est certain mais ce n’est pas aussi compliqué qu’il y parait et les fonctionnalités proposées par Timeline sont vraiment intéressantes : intégration de multiples sources (Twitter, YouTube, Vimeo, Soundcloud, Google Maps, Flickr), affichage pleine page, intégration des données à partir d’un modèle de feuille de calcul Google Documents, affichage sur les supports mobiles (smartphones, tablettes y compris Apple).

Enfin dernier point qui nous fait vraiment aimer ce projet : il est Open Source. À surveiller donc car, c’est certain, de nouvelles fonctionnalités verront rapidement le jour rendant l’outil encore plus performant.

Flux et reflux

Finissons cet épisode entre brises et courants. L’un des points fascinant du travail sur les données est d’arriver à rendre visible (et lisible) des informations qui ne le sont pas à l’origine. Ça l’est d’autant plus lorsque l’on arrive à faire ce travail sur des data qui nous entourent sans qu’on ne le sache.

C’est justement l’objet du dernier projet personnel de Fernanda Viégas et Martin Wattenberg. Modestement en charge du groupe de recherche “Big Picture vizualisation”, financé par Google, ils se sont amusés, sur leur temps libre, à visualiser les vents qui parcourent le territoire américain. En temps réel, bien sûr.

Le projet, intitulé “Wind Map”, offre un rendu visuellement fascinant. Son principe est si simple, pour ne pas dire évident, qu’il n’y a pas grand chose à en dire au-delà de son titre : une carte des vents. Elle est juste astucieusement construite avec les outils d’aujourd’hui. Les données utilisées, issues de l’organisme national de prévisions météorologiques, sont publiques et disponibles depuis longtemps. C’était là, sous nos yeux.

Sur un principe similaire, mais avec des moyens légèrement plus importants, la Nasa a mis sur son compte Flickr une vidéo intitulée “Perpetual Ocean” permettant de visualiser les courants océaniques. C’est le studio de visualisation scientifique maison qui a compilé un énorme flot de données produites par le projet ECCO2 pour obtenir un film d’une vingtaines de minutes visualisant ces flux et reflux entre juin 2005 et décembre 2007.

Là aussi, le résultat est assez hypnotique.

 
À regarder cette vidéo en boucle, on pense même à La nuit étoilée de l’ami Vincent, peut-être l’un des premiers datajournalistes sans le savoir.

À la semaine prochaine et n’oubliez pas, contrairement à la vérité, les données, elles, sont ici, autour de vous.

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