Gaypride: la polémique poids plume
L'affiche de l'édition 2011 de la marche des fiertés lesbiennes gays bi et trans (la gay pride quoi) a été dévoilée dans la soirée de dimanche, et crée déjà une grosse controverse au sein de la communauté LGBT.
Pour l’Égalité, en 2011 je marche, en 2012 je vote.
C’est le slogan de la Gaypride de cette année. L’invitation à l’engagement politique est pleine de noblesse, mais sa mise en image fait largement débat. Cette année, l’inter LGBT a fait appel à une agence de communication pour réaliser (gratuitement) l’affiche de l’événement. Le choix de l’illustration s’est porté sur un coq blanc portant un boa rouge, le tout sur un fond que certains voient bleu. Des codes symboliques et des couleurs qui renvoient à la République et la nation.
“Le but de cette affiche est notamment d’interpeller le public au-delà des réseaux habituels“, explique Nicolas Gougain, président de l’inter-LGBT, qui concède qu’il a lui-même été surpris quand il l’a découverte.
Un jury d’associations de l’inter-LGBT s’est réuni pour valider l’affiche. Nous avons été surpris, mais on a aussi pris du recul, en se disant qu’on était pas obligés de proposer une affiche consensuelle, avec un rainbow flag, et qu’un peu de second degré ne ferait de mal à personne!
Sur twitter, les désaccords s’expriment :
En plein “débat” sur “l’identité nationale”, l’affiche infecte de l’Inter-LGBT
La réflexion initialement partagée par Marc Endeweld, journaliste, a beaucoup circulé. Certains demandent si la gaypride sera “un défilé de dindes“. “Il fait de l’Å“il à qui le coq borgne de l’affiche?” s’interrogent d’autres.
“Cette République n’est pas la mienne”
Un groupe facebook intitulé “l’affiche officielle de la Marche des Fiertés parisienne 2011 est infecte” a également vu le jour. Cécile Lhuillier, qui se réjouit du succès du groupe qu’elle a créé explique que sa démarche a été personnelle et spontanée, en réaction à une affiche qu’elle juge “lamentable et souverainiste“:
Quand j’ai découvert l’affiche, j’ai tout simplement eu envie de vomir. Ce ne sont pas des signes dans lesquels je me reconnais. Je ne comprends pas du tout la démarche de l’inter-LGBT. On parle de réappropriation des codes de la république, avec un coq et le bleu, blanc, rouge, d’un message qui dirait “on est tous citoyens”… Moi je ne suis pas particulièrement fière d’être française, surtout pas en ce moment. Et de quelle république parle-t-on? De celle qui ne veut pas reconnaître nos droits, qui ne veut pas qu’on ait de famille? Cette république, ce n’est pas la mienne!
Dider Lestrade est un membre fondateur d’Act Up. Il estime que “tout le débat qui a lieu sur facebook a tout à fait lieu d’être“, jugeant que cette affiche constitue “une bourde esthétique et symbolique“:
Je ne suis pas un adepte du politiquement correct. Mais là franchement on pourrait trouver autre chose! Il y a quelque chose de grossier dans cette affiche. Elle appelle à des associations d’idées…
Le coq, propriété du FN?
Pour Gilles Bon-Maury, président de l’association Homosexualités et Socialisme (HES), la polémique est “surprenante et dangereuse“. S’il concède que “l’usage fait par le FN de ces symboles est nauséabond“, il estime qu’ils ne sont et ne doivent pas être la propriété du parti d’extrême droite.
Nous avancerons contre le FN justement en nous appropriant les symboles de la nation. La référence au coq est un jeu sur la virilité dans la basse-cour, je suis très embêté que des militants y voient une référence au nationalisme. Je trouve ça bien d’interpeller les citoyens.
Ce qui est certain, c’est que l’affiche aura eu le mérite de faire parler d’elle et de la marche des fiertés. C’est donc mission accomplie pour l’inter-LGBT. “En ce sens, le buzz est plutôt positif” lâche Nicolas Gougain, alors que l’affiche n’est même pas encore imprimée.
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