OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La cyberdéfense recrute http://owni.fr/2012/11/20/la-cyberdefense-recrute/ http://owni.fr/2012/11/20/la-cyberdefense-recrute/#comments Tue, 20 Nov 2012 10:08:11 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=125411

Rarement, la Défense n’a eu autant tremblé d’être réduite à “une armée de confetti” en attendant son budget de l’année. Il est finalement stable, avec une dotation de 31,4 milliards d’euros. Un budget de continuité, en attendant les conclusion du Livre blanc sur la Défense dont le rendu est attendu pour le mois de janvier. Le grand rendez-vous sera 2014, avec l’adoption du projet quinquennal de la loi de programmation militaire.

Dans cette atmosphère grise, il y a bien un secteur qui arbore des couleurs flamboyantes : la cyberdéfense. Tous les corps sont concernés, civil et militaire, services de renseignement et forces conventionnelles.

Des effectifs triplés

Rattachée directement au Premier ministre, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) est en charge de la cybersécurité en France depuis sa création en 2008. Elle recrutera 75 postes en 2013 a annoncé Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense.

Son directeur, Patrick Pailloux s’en félicitait lors d’une intervention à l’École militaire fin octobre :

L’Anssi est la seule administration à recruter, y compris depuis le nouveau gouvernement.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’agence comptait 120 agents en 2009, leur nombre devrait tripler pour atteindre 360 agents en 2013. L’effort budgétaire a suivi, passant de 45 millions d’euros en 2009 à 75 millions en 2012 selon le rapport Bockel sur la cyberdéfense.

Le Calid (Centre d’analyse en lutte informatique défensive) occupe des fonctions complémentaires à celles de l’Anssi. C’est à sa tête que se trouve l’officier général à la cyberdéfense, le contre-amiral Arnaud Coustillière. Lui aussi peut avoir le sourire. Ses effectifs vont doubler. Il compte aujourd’hui 20 personnes qui atteindront 40 l’année prochaine “afin d’être opérationnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept” selon le ministère de la Défense. Un souhait émis par le sénateur Bockel dans son rapport.

Autre structure du ministère, les équipes de la Direction générale de l’armement (DGA) devraient être largement renforcées. Lors d’un déplacement début septembre sur l’un des principaux sites de la cyberdéfense, à Bruz (Ille-et-Vilaine), le ministre Jean-Yves Le Drian, a annoncé la création de 200 emplois pour la cyberdéfense d’ici à 2015.

Les peurs des cyberdéfenseurs

Les peurs des cyberdéfenseurs

Les responsables français de la cyberdéfense ont parfois des sueurs froides. Le contre-amiral Coustillière et le directeur ...

La DGSE, grand gagnante

Les services de renseignement ne sont pas en reste. La DPSD (Direction de la protection et de la sécurité de la défense) le service maison de l’hôtel de Brienne, va recevoir des moyens pour assurer son mandat élargi.

Il comprend des missions de contre-ingérence et de contrôle ainsi que d’assistance dans le champ de la cybersécurité, a expliqué le contre-amiral Arnaud Coustillière, invité par le groupe Défense & Stratégie, proche des milieux de la Défense. En cas d’attaque informatique, les rôles sont répartis selon l’intensité : ministère de la Défense seul (DPSD et Calid) pour les attaques de moyenne intensité, Anssi et Calid pour les attaques plus solides, a détaillé le cyberofficier. Malgré un budget globalement en baisse, la DPSD poursuit les investissements dans “[les] activités de cyberdéfense.”

Les services extérieurs, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), bénéficient pleinement du nouvel élan. Les services du boulevard Mortier disposaient déjà de moyens en augmentation, du fait “de la priorité donnée à la fonction ‘connaissance et anticipation’”, note le rapport sur la Défense de la commission des finances. Avec la cyberdéfense apparaît “une nouvelle priorité, compte tenu de l’évolution des menaces en la matière”. Sur les 95 emplois, 18 seront dédiés à la cyberdéfense.

Pour rester attractif, et offrir mieux “[qu'] un traitement de fonctionnaire ordinaire”, la DGSE utilise un tour de passe-passe administratif, décrit par La Tribune. Le patron des services peut “procéder à la fusion de plusieurs ETPT (équivalent temps plein annuel travaillé)” selon un représentant du ministère de la Défense auditionné à la commission de la défense de l’Assemblée. En clair, proposer l’enveloppe de plusieurs salaires sur un seul poste.

Le tabou offensif

Offrir des salaires attractifs a partiellement pallié les difficultés de recrutement. Devant les députés, le chef d’État-major des armées, l’amiral Guillaud, avait expliqué qu’en matière de sécurité des systèmes d’information, “[la DGSE] ne pouvait recruter davantage, tant le vivier – où puisent Thales, Areva ou d’autres administrations – est réduit’”, rappelle La Tribune.

Le cyberbluff a commencé

Le cyberbluff a commencé

Le sénateur Jean-Marie Bockel a rendu public le 19 juillet un rapport sur la cyberdéfense. Le volet offensif y occupe une ...

Autre solution en voie d’expérimentation : une réserve cyber-citoyenne. Arnaud Coustillière a évoqué 50 volontaires en voie de recrutement lors de son intervention devant Défense & Stratégie. Sans aller dans l’opérationnel, ces volontaires auront pour fonction de faire de la sensibilisation, “[d']améliorer la résilience de la société” selon les termes de l’amiral.

Ces recrutements confirment l’importance accordée à la cyberdéfense. Et aux capacités offensives ? Dans son rapport, le sénateur Bockel invitait l’exécutif à clarifier sa doctrine. L’épisode Stuxnet, et celui plus récent d’Aramco – la compagnie pétrolière saoudienne victime d’une grave cyberattaque cet été – ont ravivé les craintes autant qu’elles ont aiguisé les envies. Les responsables de la cyberdéfense se murent dans le silence dès qu’il s’agit de capacités offensives. Le contre-amiral Coustillière renvoie vers le livre blanc, quant à Patrick Pailloux, de l’Anssi, il répondait à l’École de guerre “ne rien penser” à ce sujet.


Photos par leg0fenris [CC-byncnd]

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Le tueur en série, la DGSE et les Talibans http://owni.fr/2012/09/05/le-tueur-en-serie-la-dgse-et-les-talibans/ http://owni.fr/2012/09/05/le-tueur-en-serie-la-dgse-et-les-talibans/#comments Wed, 05 Sep 2012 17:19:13 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=119337

Charles Sobhraj, alias “Le Serpent” : vedette des séries estivales consacrées aux grands criminels. Officiellement, c’est un tueur en série de nationalité française et d’origine vietnamienne ayant sévi en Inde dans les années 80.

Et enfermé depuis 2003 dans une prison du Népal, pays où de fins limiers l’ont interpellé pour un énième assassinat dont les détails nous échappent à la lecture de son parcours, tel que le décrit L’Express, au mois d’août, ou comme le raconte France Info dans son feuilleton Histoires criminelles. Les jugements et les preuves en relation avec son incarcération à Katmandou manquent dans les différentes sagas. Mais qu’importe sa culpabilité véritable.

Bollywood

L’homme est déjà entré dans cet étrange Panthéon réservé aux pires salopards qui incarnent le mieux les côtés sombres de notre petit monde. Au printemps dernier, des producteurs de Bollywood en Inde ont annoncé le lancement d’une superproduction retraçant les méfaits et surtout les évasions de Charles Sobhraj à travers le sous-continent, en particulier celle de la prison de Tihar, en 1986 – demeurée célèbre dans les annales de la police locale. La vedette du cinéma indien Saif Ali Khan tiendra le rôle du criminel présumé.

La trajectoire de Charles Gurmurkh Sobhraj, né le 6 avril 1944 à Saigon – alors colonie française – emprunte des chemins pourtant bien plus étranges, plus complexes aussi, que ceux montrés par ces scénaristes ou dans les multiples récits livrés par la chronique criminelle. Ainsi, comme nous pouvons le détailler, divers documents des services secrets français, méconnus jusqu’à présent, lui sont consacrés. Non pas en raison de ses escroqueries ou de ses meurtres présumés.

L’intérêt qu’il suscite se situe à un niveau plus stratégique. Il s’explique par le rôle que lui prêtent les agents de la DGSE dans des transactions illicites de matériels d’armement financées au début des années 2000 par deux importants narcotrafiquants afghans. Là, dans ces pages couvertes par le secret défense, le portrait du tueur en série un peu maniaque disparaît au profit de celui d’intermédiaire en relation avec des personnalités des services secrets pakistanais de l’Inter Services Intelligence (ISI).

Un homme qui se balade à travers l’Asie centrale en se prévalant lors de certaines rencontres, semble-t-il, d’une relation de confiance avec des dignitaires Talibans. Et qui fréquente quelques professionnels du cinéma français lui permettant d’utiliser des cartes de visites et des noms de société inspirant confiance. Une toute autre histoire. Une note de la DGSE que nous publions plus bas affirme ainsi :

Au cours du printemps 2001, Charles Sobhraj a repris contact avec le courtier non autorisé en armement Philippe Seghetti afin de se procurer des mini-réacteurs de type R-36 TRDD-50 de conception russe. Cette demande lui aurait été adressée par deux intermédiaires pakistanais de l’Inter Service Intelligence (ISI). Par ailleurs, Charles Sobhraj, souhaitant se procurer de la drogue en paiement des équipements livrés, le financement de cette transaction pourrait être assuré par des ressortissants afghans agissant dans le domaine des narcotiques, MM. Hâdji Abdul Bari et Hâdji Bachar.
Charles Sobhraj, qui a probablement été évincé de cette transaction, continue de soutenir les Talibans. En effet, ces derniers l’ont invité à se rendre dans la région de Peshawar (Pakistan) pour effectuer des transactions. Le laissez-passer devra être rédigé au nom de la société française Victor Productions, derrière laquelle M. Sobhraj abrite ses intérêts commerciaux.

Sobhraj DGSE

Nous avons retrouvé la trace de Victor Productions, à Londres, au 18 Wigmore Street. La société ne paraît plus active mais elle a été enregistrée par un producteur français, François Enginger. Celui-ci apparaît notamment au générique de la saison 2 d’Engrenages, la série vedette de Canal Plus, cuvée 2008. Nous avons contacté la société Son & Lumière, une quasi institution dans les milieux du cinéma français, qui a produit les différentes saisons d’Engrenages. Nos interlocuteurs nous ont répondu qu’ils ne connaissaient pas François Enginger et qu’ils ne voulaient pas nous parler.

Pas plus de chance avec Philippe Seghetti, nous n’avons obtenu aucune réponse aux sollicitations envoyées pour entrer en contact avec lui. Et aucun élément matériel ne nous permet de corroborer les soupçons que nourrissent les services secrets à son encontre. Selon nos informations, cet homme d’affaires est intervenu à plusieurs reprises sur les marchés de la sécurité en Afrique, notamment en République démocratique du Congo.

Armement

La Lettre du Continent, spécialisée sur les réseaux de la Françafrique, mentionne l’existence d’un partenariat entre Philippe Seghetti et une structure appartenant aujourd’hui à la Sofema, une entreprise spécialisée dans l’accompagnement des contrats d’armement pour le compte des industriels français de la défense.

Les mini-réacteurs de type TRDD-50 qui intéressent la DGSE dans sa note sont produits à une échelle importante en Russie, en particulier dans les ateliers de la société OJSC, basée à Omsk et spécialisée dans la fabrication de moteurs et de systèmes de propulsion pour l’aéronautique. Entre les mains de professionnels de l’armement, ces minis-réacteurs peuvent servir au développement de missiles de croisière – à l’image du missile chinois HN-2 – ou servir à construire des drones artisanaux.

La note de la DGSE, rédigée début 2002, quelques mois avant l’arrestation de Charles Sobhraj au Népal, précise que ses commanditaires pakistanais ont pris contact avec la société géorgienne Indo-Georgia International, également en mesure de produire les fameux mini-réacteurs TRDD-50.

À la même époque, cette entreprise apparaît impliquée dans d’importantes livraisons d’armes de guerre aux indépendantistes en Tchéchénie ; que soutenaient l’Arabie Saoudite, le Pakistan et les réseaux Talibans. Une constante, de nos jours encore, les séparatistes ouzbeks et tchétchènes s’entraînent et combattent en Afghanistan.

Dans ce contexte, le 13 septembre 2003, tandis qu’il était domicilié en France en toute légalité (malgré un passé judiciaire chargé), Charles Sobhraj effectue un voyage au Népal pour affaires. Avec un visa en bonne et due forme délivré par le consulat du Népal à Paris. Il n’en repartira jamais. Ce jour-là, il est interpellé par la police de Katmandou dans le cadre d’un contrôle d’identité. Et après une vingtaine de jours de détention, de manière plutôt surprenante, il est inculpé pour un assassinat crapuleux commis au mois de décembre 1975.

L’accusation repose principalement sur les photocopies de deux cartes d’enregistrement dans un hôtel réservé aux étrangers, remontant à décembre 1975 et qui désigneraient Sobhraj. Près d’un an après cette inculpation, et malgré des expertises mettant en cause la fiabilité de ces photocopies, et sans aucune autre preuve matérielle, la Court de Katmandou condamne Charles Sobhraj à la prison à vie, le 12 août 2004.

Preuves originales

À Paris, Maître Isabelle Coutant-Peyre, avocate hors normes, familière des dossiers difficiles, assurant la défense du terroriste Carlos, prend en charge l’affaire Charles Sobhraj, en relation avec les avocats népalais. À titre bénévole, pour des questions de principe, nous explique t-elle. Après avoir consulté le dossier de l’accusation, elle introduit un recours devant la Commission des Droits de l’Homme des Nations unies. Qui se transforme en plainte contre l’État du Népal.

Et elle gagne. Dans un avis du 27 juillet 2010, que nous reproduisons ci-dessous, la Commission des Droits de l’Homme des Nations unies condamne sans réserve l’État du Népal pour avoir violé des dispositions du droit interne népalais, et surtout pour avoir mené une procédure sans respecter les principes judiciaires les plus élémentaires, en particulier la nécessité de mener une instruction contradictoire, à charge et à décharge, d’accorder la possibilité à l’accusé d’écouter les griefs qui lui sont adressés dans une langue qu’il comprend, et de fonder les actes d’accusations sur des preuves originales et non sur quelques copies dont l’authenticité est sérieusement contestée.

Charles Sobhraj United Nations

Onze ans après son arrestation, Charles Sobhraj dort toujours dans une prison népalaise. Son casier judiciaire chargé, sous d’autres juridictions, revient parfois comme un ultime argument pour tenter de cautionner une condamnation vide de raison juridique. Mais peut-être pas de raison d’État. Le 25 octobre 2010, le chef de cabinet de l’Élysée, Guillaume Lambert a rédigé une lettre – que nous avons pu consulter – dans laquelle il exprime toute l’empathie de l’État français pour le cas Sobhraj. Sans vraiment convaincre.


Serpents par Caravsanglet et ggalice sous licences Creative Commons via Flickr

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Les drones s’envolent pour de bon http://owni.fr/2012/06/18/les-drones-senvolent-pour-de-bon/ http://owni.fr/2012/06/18/les-drones-senvolent-pour-de-bon/#comments Mon, 18 Jun 2012 15:19:53 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=113577

Des drones partout. Mini (inférieurs à deux kilos), petits (entre deux et 25 kg), moyen (entre 25 et 150 kg), massifs (au-delà), armés ou non, ces avions sans pilote occupent un espace croissant chez les industriels. Et dans les grand-messes de l’armement, comme celle qui se déroulait la semaine dernière au Parc des Expositions de Villepinte : l’Eurosatory 2012. La typologie des “aéronefs civils qui circulent sans aucune personne à bord”, les drones donc, vient d’être définie par un arrêté du 11 avril, Publié au Journal officiel le 10 mai 2012, du ministre des transports d’alors, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Au-delà des inévitables chars d’assaut belges, des missiles sol-air de MBDA, des fusils mitrailleurs allemands et des revolvers turcs, les UAV pour Unmanned Aerial Vehicules (véhicules aériens non habités) étaient à l’honneur au salon des vendeurs d’armes. Pascal Zunino travaille depuis 2006 sur les drones. Il est directeur de la société Novadem :

En 2006, personne ne connaissait les drones dans les salons comme Eurosatory. Aujourd’hui, les visiteurs posent des questions précises, ils ont identifié leurs besoins et savent ce que peuvent leur apporter ces outils.

Novadem commercialise deux modèles de mini-drones et bientôt un troisième. Tous sont destinés à des fonctions de surveillance, civile et militaire. Sur le volet civil, ils sont utilisés sur des ouvrages d’art, des chantiers de grande ampleur, ou des infrastructures sensibles, comme le viaduc de Millau dans le Sud de la France. Sur le volet militaire, l’armée de terre a lancé une évaluation il y a un an environ. Les drones rempliraient alors des missions dites de ISR : intelligence (renseignement), surveillance and reconnaissance.

A gauche, le drone AR300 de Air Robot. A droite, le drone destiné à l'armée NX110m de Novadem

Secudrones distribue en France les drones allemands produits par Air Robot. Là aussi, l’objectif est tant civil que militaire, avec quelques succès selon le gérant français, Manuel Carballeda :

Les drones d’Air Robot sont utilisés par l’armée allemande en Afghanistan, par les fantassins pour la reconnaissance. En France, nous visons tant la gendarmerie que la police ou les pompiers.

Lobby

Jusqu’à l’arrêté du 11 avril, les drones étaient soumis à la législation sur l’aéromodélisme, ce qui provoquait l’ire des constructeurs. Peter van Blyenburgh est le président fondateur de UVS International qui a le statut d’association en France et défend les intérêts des fabricants :

C’est une première étape. La France est maintenant dans le peloton de tête européen en la matière, avec le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, l’Italie et la République Tchèque.

L’arrêté met en place des critères de définition des drones et dispose qu’ils ne peuvent circuler qu’en “vue directe” du télépilote. Un premier pas frileux ? “Le début d’une démarche incrémentale” plaide le président de lobby qui insiste :

L’application civile aurait des bénéfices sociétaux immenses, avec des créations d’emploi.

Expérimentation

Les forces de sécurité lorgnent depuis longtemps sur ces petits engins maniables et facilement déployables. En 2008, une expérimentation a été lancée par la police française avec Elsa (Engin léger de surveillance aérienne). Pierre Petit Maire est l’un des concepteurs de ce drone, il est maintenant à la tête de KYU Aéro, également fabriquant de drones :

Dix opérateurs ont été formés à l’utilisation d’Elsa. Il venait de différents corps de la police : la police judiciaire, le Raid, les Renseignements généraux [devenus la DCRI depuis la fusion avec la Direction de la surveillance du territoire en 2008, NDLR], les RG de la Préfecture de police de Paris notamment. Les policiers voulaient connaître les apports des drones pour la maîtrise de la violence en zone urbaine et pour la lutte contre l’immigration illégale.

Deux enseignements sont ressortis de cette expérimentation, poursuit-il : “La rapidité de mise en oeuvre était très appréciée, mais il y avait encore des problèmes de transmission de vidéo et d’autonomie du drone. Ils n’étaient pas très puissants non plus : il ne pouvait voler avec des vents supérieurs à 40 km/h.”

Les services de renseignement lorgnent aujourd’hui plus qu’avant sur les drones, sinon d’attaque, du moins de surveillance. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services extérieurs en seraient déjà équipés, de même que le GIGN. Les grands industriels de l’armement se sont lancés corps et âmes dans la conquête des véhicules volants sans pilote : Dassault, Sagem du groupe Safran, Cassidian du groupe EADS. EADS qui a récemment racheté une entreprise pionnière du secteur, Survey Copter.

Militaire et paramilitaire

La revanche des drones

La revanche des drones

La semaine dernière, le chef du mouvement des Taliban au Pakistan aurait été tué par un drone américain qui survolait le ...

Son directeur, Jean-Marc Masenelli, explique viser les secteurs “civil, militaire et paramilitaire”, qui renvoient aux forces de polices et de gendarmerie, en France et à l’étranger. Les drones à usage militaire vendus à l’étranger, “en Asie, en Afrique et dans le Golfe [persique]“ doivent recevoir l’autorisation de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériel de guerre (Cieemg). Ces drones petits et moyens sont destinés à des fonctions de surveillance des côtes ou des frontières, raconte Jean-Marc Masenelli.

Des drones qui ne sont pas armés, contrairement aux produits de Dassault. Devant le grand espace de l’avionneur à Eurosatory, trônaient les réalisations du constructeur français, avec en pointe le Rafale (le célèbre avion de chasse qui ne parvient pas à s’exporter) et juste derrière les avions de combat sans pilote :  nEUROn construit avec le Britannique BAE Systems, Voltigeur avec l’israélien IAI…

Des industriels moins disponibles que les PME pour répondre à nos questions. Personne n’était présent hier après-midi, nous a-t-on dit aux espaces de Cassidian, Safran et Dassault, pour parler des drones à la presse. Coordonnées laissées, nous attendons toujours leur coup de fil.


Photos de Pierre Alonso

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L’attentat oublié du Caire http://owni.fr/2012/06/12/lattentat-oublie-du-caire/ http://owni.fr/2012/06/12/lattentat-oublie-du-caire/#comments Tue, 12 Jun 2012 20:09:03 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=113137

L’enquête est en panne. Plus de trois ans après l’attentat du Caire du 22 février 2009, rien n’indique que les investigations aient mené à des résultats concrets. À 18h50 ce jour-là, une bombe artisanale explose dans le souk Khan el-Khalili, sur le parvis de la mosquée Hussein. Un groupe de jeunes français est touché. Ils viennent de Levallois, à l’Ouest de Paris. Cécile Vannier, 17 ans, meurt quelques heures plus tard. 24 personnes sont blessés, dont 17 Français. Le nombre précis de victimes n’a pu être déterminé précisément. Des jeunes affirment avoir vu le corps d’au moins un enfant égyptien, “le ventre ouvert, ses entrailles s’en échappa[nt]“.

Officiellement, la justice française ne retient qu’une victime décédée, Cécile Vannier. Compétente quand un ressortissant français est pris pour cible à l’étranger, la section antiterroriste du Tribunal de grande instance de Paris a ouvert une information judiciare, désespérément vide plus de trois ans après les faits. Elle a été confiée au président de la galerie Saint-Eloi, le juge Yves Jannier, récemment nommé procureur de la République à Pontoise.

Gaza

Aujourd’hui, les parties civiles dénoncent l’absence de résultats. Une seule personne est mise en examen en France. Dude Hoxha, dont le prénom a parfois été orthographié Dodi dans la presse. Il lui est reproché d’avoir participé à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et d’avoir participé au financement d’un groupe terroriste. La justice vise ses relations avec Khaled Moustafa, un Égyptien suspecté d’être l’un des principaux membres du groupe Jaish al Islam, l’armée de l’Islam, lié à Al Qaida et implanté dans la bande de Gaza.

Dude Hoxha est française. Yeux bleus et peau claire, couverte d’un voile noir et d’un autre blanc, elle a répondu aux questions d’Owni dans un café parisien. Passée par Londres, où elle était en lien avec les figures radicales du Londonistan, notamment Omar el Bakri, elle s’est installée en Égypte en août 2005 avec son fils en bas âge. Elle affirme avoir des dissensions et divergences de points de vue avec certaines figures très connues du milieu jihadiste en Europe. Le 23 mai 2009, trois mois après l’attentat, la Sécurité d’État égyptienne l’arrête en même temps que six autres personnes et la place en détention avec son fils de sept ans, raconte-elle aujourd’hui. Elle est enfermée et torturée :

Ils ont menacé de torturer mon fils de sept ans, mais ne l’ont jamais fait parce qu’il a la nationalité française je pense.

Les questions des services de sécurité égyptiens portent sur Khaled Moustafa, l’un des responsables du groupe dans la bande de Gaza. Dude Hoxha affirme avoir appris que son arrestation était en lien avec l’attentat du 22 février que plusieurs semaines plus tard, à la faveur de la première visite consulaire. Sa détention se prolonge jusqu’au 8 mars 2010, elle est alors libérée et expulsée dans les jours suivants vers la France.

À son retour, les services antiterroristes français la surveillent. Elle est placée sous écoute, puis décision est prise de l’interpeller. Le 15 novembre 2010, elle est arrêtée à son domicile dans le Val de Marne, placée en garde à vue pendant 96 heures et mise en examen. Les enquêteurs s’interrogent sur ses liens avec Khaled Moustafa. A Owni, elle explique avoir correspondu avec lui sur MSN et par mail avant son arrivée au Caire puis lors de son séjour.

Dude Hoxha dit aussi l’avoir rencontré deux fois, mais avoir rompu le contact entre 2007 et la fin de l’année 2008, jusqu’à la guerre à Gaza pendant laquelle elle prend de ses nouvelles. Les enquêteurs s’intéressent aussi à une somme d’environ 10 000 dollars qui aurait transité par Dude Hoxha à destination de Khaled Moustafa. Elle se montre peu loquace arguant qu’il s’agirait d’une collecte de fonds pour les enfants de Gaza à remettre à la femme de Khaled Moustafa.

Alibi judiciaire

Les autorités égyptiennes se félicitent de les avoir arrêtés, lui et Ahmed Sediq, également présenté par les autorités égyptiennes comme l’un des chefs de la cellule terroriste responsable de l’attentat du 22 février. Principaux suspects pour les autorités égyptiennes qui avaient évoqué de nombreuses pistes avant, ils ont été relâchés après une courte période en détention. C’est l’avocat de Dude Hoxha, Pascal Garbarini, qui a apporté des éléments, parus dans la presse égyptienne, concernant la libération de Moustafa et Sediq.

En charge du dossier depuis juillet 2011, il plaidait en appel une demande de placement sous contrôle judiciaire de sa cliente, devant la chambre de l’instruction. Yves Jannier, magistrat instructeur, a confirmé les informations apportées par l’avocat : les deux suspects ont bien été relâchés par les autorités égyptiennes. La chambre de l’instruction a accordé la remise en liberté de Dude Hoxha le 8 novembre 2011.

Me Garbarini, plus familier des affaires corses que des dossiers jihadistes, ne mâche pas ses mots à l’égard de la tenue de l’enquête :

Les éléments ne justifiaient pas de mise en examen ni la détention provisoire. Il s’agit de donner le change aux victimes, qui ont bien entendu le droit de savoir. Mme Hoxha sert de justificatif face à une enquête carencée. Elle sert d’alibi judiciaire.

Les parties civiles sont elles aussi loin de se satisfaire de ces trois ans d’enquête, qui n’ont pour l’heure permis la mise en examen que d’une seule personne, malgré les promesses de Nicolas Sarkozy au lendemain de l’attentat. Malgré les pressions sur certains témoins entendus aussi. Lors d’un interrogatoire par la DCRI, les enquêteurs ont dit à l’un d’eux, qui tient à rester anonyme :

Ce dossier tient à cœur au maire de Levallois.

Mystérieuse note de la DGSE

Sous-entendu, Patrick Balkany, proche de l’ancien Président français. Les parents de Cécile – Catherine et Jean-Luc Vannier – et trois autres mères de victimes, Chantal Anglade, Sophie Darses et Joëlle Cocher, ont interpellé les responsables politiques à plusieurs reprises. Elles cherchent à obtenir la déclassification d’une note des services de renseignement extérieur français, la DGSE. Trois jours après l’attentat, Le Canard Enchainé se faisait l’écho d’une “analyse effectuée par plusieurs membres de la DGSE” :

A l’origine de la version DGSE de l’attentat : l’enquête réalisée sur place par les correspondants du service de renseignement, et une information selon laquelle les jeunes touristes français auraient été pistés pendant plusieurs jours par un groupe terroriste. Ces poseurs de bombes auraient ainsi voulu faire “payer” à la France la participation de la frégate “Germinal” au blocus des côtes de Gaza en compagnie de navires israéliens. Cette participation de Paris à la surveillance du territoire palestinien, sous prétexte de possibles trafics d’armes, a été récemment dénoncée par plusieurs sites islamistes égyptiens.

La version qui prévalait jusque là était celle de la frappe aveugle. Les informations de l’hebdomadaire satirique laissent penser que l’attentat intervient au contraire en représailles à un discret soutien français à Israël pendant le conflit. Depuis, les familles de victimes demandent le déclassement de la fameuse note. Ce qui leur a été accordé par la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), selon l’avis paru au Journal officiel le 23 septembre 2011. La commission cite “la note n°30455 de la direction générale de la sécurité extérieure en date du 23 février 2009″. La-dite note, versée au dossier, ne correspond pas aux attentes des parties civiles. Dans un courrier adressé au nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, elles écrivent :

La note déclassifiée versée au dossier ne correspond pas à celle citée par Le Canard Enchaîné, ni ne porte le numéro 30455 indiqué par le JO (…), et enfin ne fait référence ni à la frégate Germinal, ni au fait que le groupe d’adolescents aurait été suivi et visé. En d’autres termes, la note versée n’est pas la note déclassifiée et c’est une autre note que celle dont nous avons demandé et redemandons la déclassification. En conséquence, nous exigeons la déclassification de la note citée par Le Canard Enchaîné.

De fait, la note déclassifiée, qu’Owni a consultée, présente de possibles auteurs de l’attentat et leurs différents motifs. Les auteurs penchent pour une action d’Al-Qaida, rappelant le “parcours personnel” du numéro deux du groupe terroriste, Ayman al-Zawahiri, lui-même égyptien. A aucun moment n’apparaît l’opération Plomb Durci ou la frégate Germinal. Reçus à leur demande le 10 avril par Jean-Pierre Picca, le conseiller justice de l’ancien Président de la République, les parents de Cécile Vannier ont eu la surprise d’apprendre qu’il s’agit d’un “malentendu”, que le juge Jannier n’avait sans doute pas compris à quelle note précise ils faisaient référence.

Poussière

Un juge qui concentre les critiques, tant des mis en examen que des parties civiles. Lors de l’interpellation en France de Dude Hohxa, Yves Jannier aurait averti les parties civiles que de “la poussière recouvrirait le dossier” si elle venait à s’ébruiter, racontent les familles, choquées par une telle réplique. Elles rappellent que les deux commissions rogatoires n’ont donné aucun résultat. Yves Jannier s’est rendu à deux reprises en Égypte, la première fois en décembre 2009, la seconde fin 2011. Selon plusieurs sources, aucune pièce issue de ces séjours n’est venue enrichir le dossier. Dude Hoxha affirme ne pas avoir été interrogée en sa présence alors qu’elle était détenue en Égypte en décembre 2009. Une personne familière du dossier met en cause la nature des informations récoltées, des renseignements fournis par la DCRI difficiles à faire entrer dans une procédure judiciaire.

Me Garbarini avance une autre piste. La lenteur de l’enquête pourrait provenir du changement de régime en Égypte et donc du renouvellement des interlocuteurs pour les services français. En 2009, un attaché de sécurité intérieur était présent à l’ambassade de France, Olivier Odas. Joint par Owni, il refuse de commenter cette affaire insistant sur son rôle d’abord “la coopération ouverte et non des missions de renseignement” du Service de coopération technique internationale de police (SCTIP) auquel il était rattaché. Il avait été entendu le 24 février, deux jours après l’attentat, par la commission des affaires étrangères du Sénat, dans le cadre de la rédaction d’un rapport sur “Le Moyen-Orient à l’heure nucléaire”. Une partie était consacrée à la menace d’Al Qaida au Proche-Orient, notamment en Égypte.

Rédigé par deux sénateurs, Jean François-Poncet et Monique Cerisier ben Guiga, le rapport rejette l’hypothèse d’un attentat aveugle et reprend prudemment la thèse des représailles :

Mme Monique Cerisier-ben Guiga a précisé que, d’après les informations fournies sur place, l’attentat du 22 février dernier au Caire a probablement été le fait d’un petit groupe de terroristes improvisés. La bombe était artisanale, d’une puissance explosive faible. L’attentat n’a pas été revendiqué. (…) Les Français étaient-ils visés ? Il paraît probable que la France ait été ciblée, compte tenu de l’amitié proclamée entre le Président Moubarak et le Président Sarkozy et de l’envoi de la frégate Germinal au large de Gaza pour mettre fin à la contrebande par voie de mer. Mais cela ne peut être prouvé, du moins pour l’instant.

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http://owni.fr/2012/06/12/lattentat-oublie-du-caire/feed/ 2
Karachi vu depuis Washington http://owni.fr/2012/01/12/karachi-vu-par-washington/ http://owni.fr/2012/01/12/karachi-vu-par-washington/#comments Thu, 12 Jan 2012 15:41:22 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=93947

Le 8 mai 2002 et dans les semaines suivantes, les services de sécurité du consulat américain de Karachi ont suivi et analysé l’attentat perpétré contre le bus de la Direction des constructions navales (DCN – désormais appelée DCNS). Au titre de leur mission de renseignement sur les actes terroristes perpétrés au Pakistan, en particulier lorsqu’ils visent des cibles des États-Unis ou de leurs alliés.

Nous avons obtenu auprès de Washington les notes qu’ils ont rédigées en relation avec l’attaque terroriste perpétrée ce jour-là contre le bus des employés français de la DCN provoquant la mort de 15 personnes et en blessant 23 autres. Ces notes ont toutes été transmises par télégramme diplomatique au siège du département d’État à Washington.

Nous les avons reçues après avoir formulé une requête auprès de l’administration américaine au titre du Freedom of information act (FOIA), une loi permettant à n’importe quel citoyen d’obtenir, personnellement, la dé-classification de documents étatiques.

Quelques heures après l’attentat

La première d’entre elles est datée du 8 mai 2002 à 12h12, soit quelques heures après l’explosion qui a ébranlé Karachi ce matin-là, en plein centre-ville, devant l’hôtel Sheraton où étaient logés des salariés de la DCN envoyés au Pakistan pour assembler des sous-marins que la France avait vendu à ce pays. Ils s’apprêtaient à rejoindre leur lieu de travail dans un bus de l’armée pakistanaise.

Ce document classé confidentiel (copie intégrale ci-dessous) est rédigé par le consul général américain, John Bauman, à l’attention du Secrétaire d’État, avec demande de transmission immédiate. Le responsable diplomatique y affirme notamment :

L’attaque suicide à la voiture piégée du 8 mai 2002 était sans précédent pour trois raisons. Premièrement, la force de l’explosion était plusieurs fois supérieure à la magnitude provoquée d’ordinaire par les engins utilisés par les extrémistes locaux. Deuxièmement, c’est le premier attentat suicide enregistré à Karachi (…) Troisièmement, cette attaque visait un contractant des forces armées pakistanaises ; en l’espèce des ressortissants français travaillant sur un projet de sous-marin.

Les services de sécurité du consulat américain semblent ainsi disposer d’outils de mesure pour calculer l’impact et le souffle des explosions. Selon le consul général, au regard de ces relevés, il faut remonter à 1987 pour observer un attentat d’une telle puissance survenu à Karachi (point numéro 3 de sa note).

Évènement singulier

Mais c’est la nature de la cible qui paraît surtout éveiller la curiosité du fonctionnaire américain. Jamais, en règle générale, les groupuscules islamistes ne s’attaquent à l’armée. Pour d’évidentes raisons : la plupart du temps ces groupuscules ne sont rien d’autres que des supplétifs des services pakistanais, historiquement chargés de répandre le jihad au Cachemire et en Afghanistan. Selon cette note :

Le seul attentat répertorié dans le passé contre les forces armées pakistanaises date de 1988, lorsqu’un appareil AC-130 transportant le général Zia Ul Haq [alors chef d’État du Pakistan, NDLR] s’est crashé tuant tous les passagers dont l’ambassadeur Arnie Raphel. Les investigations sur le crash n’ont pas été concluantes ; [la suite de ce paragraphe n’a pas reçu un avis favorable de déclassification, cependant, selon des chercheurs pakistanais des chefs des services secrets seraient impliqués dans cet attentat, NDLR]

Dès le premier jour, l’acte terroriste qui vise les salariés de la DCN est donc perçu par les fonctionnaires américains comme un événement criminel singulier, sans rapport avec le climat déjà violent de l’époque – nous sommes huit mois après le 11 septembre 2011. Le 17 mai 2002, le corps sans vie de Daniel Pearl, le journaliste du Wall Street Journal, est retrouvé dans les faubourgs de Karachi. Et le 13 juin 2002, quatre semaines environ après leur première note sur l’attentat contre le bus de la DCN, les fonctionnaires du consulat câblent à leur hiérarchie un ensemble de données factuelles sur tous les attentats perpétrés à Karachi depuis le début de l’année 2002 (copie intégrale ci-dessous).

On y découvre que de multiples attentats se sont produits depuis janvier 2002 dans cette ville portuaire, authentique base arrière pour quantité de moudjahidines. Mais, selon un indice de létalité que définissent les Américains, aucun de ces multiples attentats ne peut être rapproché de celui qui a frappé la DCN. À partir des données du département d’État mentionnées dans ce document, nous avons établi le graphique suivant :

Paragraphes blanchis

Mais ces données évolueront dramatiquement quelques jours plus tard. Le 14 juin un attentat à la voiture piégé prend pour cible l’immeuble de ce même consulat américain de Karachi ; tuant 13 personnes et en blessant 40 autres. C’est, du strict point de vue des mesures effectuées sur ces actes terroristes, le seul attentat comparable en intensité à celui qui a touché la DCN. Un officier de sécurité du consulat américain, Rendall Bennett, semble s’intéresser à ces questions. Le courrier de l’un de ses adjoints, révélé par Libération, montre que dès le 8 mai 2002 son entourage ne croyait pas à l’hypothèse d’un attentat islamiste comme tant d’autres.

Le 1er juillet, il envoie un rapport confidentiel (copie intégrale ci-dessous) au département d’État sur l’ensemble de ces questions (seule raison pour lesquelles nous avons obtenu sa transmission). Seulement, l’essentiel des paragraphes a été blanchi au motif que leur divulgation porterait atteinte aux intérêts (diplomatiques, vraisemblablement) des Etats-Unis.

Pédigrée complet

Le 9 juillet 2002 marque, pour les Américains, un tournant dans leur recherche pour identifier les responsables de l’attentat contre leur consulat. Les auteurs supposés ont été arrêtés, plusieurs d’entre eux semblent appartenir au groupuscule Harakat al Moujahidine.

L’équipe de Rendal Bennett câble alors un compte rendu sur des discussions qu’ils ont eues avec des cadres de la police à l’origine de leur arrestation (copie intégrale ci-dessous). Ces derniers leur fournissent un pedigree complet des suspects. Dans leur note, les fonctionnaires américains détaillent le cas de Mohammed Hanif (page 3 du document), lequel reconnaît avoir participé à des opérations de repérages pour l’attentat du 8 mai 2002.

Or, selon un procès-verbal de la DST française du 17 juillet 2002, le même Mohammed Hanif obéissait aux ordres d’un responsable des forces paramilitaires pakistanaises des Rangers, et dénommé Waseem Akhtar. Et ce sont ces mêmes unités des Rangers qui sont à l’origine de l’arrestation en un temps record – environ trois semaines – des membres du commando responsable de l’attentat contre le consulat américain, comme le rapportent les notes du département d’État que nous avons obtenues.

Dans leur ensemble, ces nouvelles pièces renforcent l’hypothèse d’une implication du groupe Harakat al Moujahidine, qui aurait pu agir sur instruction d’une partie de l’appareil sécuritaire pakistanais.

Précision : durant l’été 2002, l’auteur de l’article a été associé à l’enquête qui a débouché sur la rédaction des notes Nautilus. Depuis 2008, ces notes sont à l’origine du réexamen de l’affaire Karachi.

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http://owni.fr/2012/01/12/karachi-vu-par-washington/feed/ 5
Les espions s’ouvrent au public http://owni.fr/2011/11/10/les-espions-sources-ouvertes-public/ http://owni.fr/2011/11/10/les-espions-sources-ouvertes-public/#comments Thu, 10 Nov 2011 11:16:52 +0000 Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=86397 Au début du mois et pour la première fois de son histoire, la CIA a ouvert les portes de son centre dédié à l’étude des sources ouvertes, localisé en Virginie. Seule invitée, la journaliste d’Associated Press, Kimberly Dozier. Elle a ainsi pu décrire [en] le fonctionnement de l’Open Source Center (OSC)[en], et de ses activités depuis 2005 consistant à analyser en profondeur “les sources ouvertes”.

Cette formule renvoie à une pratique commune à la plupart des agences de renseignement, dont la DGSE en France. La collecte et l’analyse des informations issues de sources dites ouvertes, accessibles au public, reposant tout de même sur des agrégateurs de bases de données financières et juridiques (accessible par un abonnement) un peu plus intéressants que Google (type Nexis.com, commercialisant notamment une partie des données privées des ressortissants américains).

“Ce sont des sources d’informations accessibles à tous, que l’accès soit payant (bases de données commerciales) ou non” - Définition du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R)

L’OSC américain s’affiche

Cette journée portes-ouvertes, à destination d’une unique journaliste, demeure avant tout une opération de comm’. La CIA souhaitait rassurer les citoyens américains quant à l’utilisation de leurs données personnelles par l’agence, notamment celles accessibles via les réseaux sociaux. Chose faite avec la dépêche d’AP qui se veut réconfortante : “la CIA peut suivre jusqu’à cinq millions de tweets par jour (…), Facebook, les journaux, les chaînes de TV, les radios, les chats sur Internet”, à condition qu’ils “se trouvent à l’extérieur du territoire américain”.

Ainsi, tout post publié sur un réseau social en dehors des États-Unis peut-être lu par la CIA. Selon Doug Naquin, directeur de l’Open Source Center cité par Kimberly Dozier, il en va de même pour tous les médias étrangers. Qu’importe la langue, l’OSC serait capable d’analyser la totalité des sources ouvertes. Les acteurs d’un tel exploit aiment s’appeler les “bibliothécaires vengeurs”. Doug Naquin les décrit comme l’“héroïne de ‘la Fille avec le tatouage de dragon’ [NDLR de Stieg Larsson] : une excentrique pirate informatique, irrévérencieuse, qui sait trouver des choses que les autres ne trouveront pas». Ils utilisent des logiciels développés par des sociétés externes et adaptés aux besoins de la CIA. Collecte, filtrage, traduction… un nombre monumental d’infos seraient analysées selon des critères pré-définis.

Dans la dépêche d’AP[en], l’Open Source Center se vante d’avoir prévu les révolutions du printemps arabe et pris le pouls de l’opinion mondiale à l’annonce de la mort de Ben Laden.

Cette vision enchanteresse de la toute puissance de l’OSC trouve un opposant en Robert David Steele Vivas. Ancien agent des Marines, il est un éternel militant de l”Open Source Intelligence” depuis les années 1980. Il estimait alors qu’un service de renseignement était inutile s’il ne reposait pas sur un socle solide d’informations issues des médias traditionnels. Pour faire simple, comprendre un secret implique qu’on connaisse son contexte.

Fin du XXè, le discours de ce libre penseur s’est vu légitimé par l’arrivée d’Internet et la démultiplication des données sur le web. OWNI a contacté Robert David Steele Vivas pour le confronter à l’existence de l’Open Source Center. On imaginait grossièrement que cette cellule représentait, en soi, une finalité de ses travaux d’étude sur les sources ouvertes. Erreur ! Robert Steele ne mâche pas ses mots pour dénoncer l’OSC, surtout, son directeur Doug Naquin qu’il a essayé de virer dès 2005[en].

L’Open Source Center est une cellule un peu bâtarde, déclassée, mal dirigée et sous financée (…) Doug Naquin n’est pas capable de faire des analyses, de gérer une multinationale et de partager des informations (…) en un mot il est incompétent

Cet extrait d’article, disponible sur ce site[en], trouve écho dans les correspondances que nous nous sommes adressées. Robert Steele ne cesse de dénoncer la médiocrité de l’Open Source Center. Selon lui, la cellule aurait toujours un train de retard, et ce malgré le nombre conséquent d’outils et de cerveaux mis à sa disposition. Pour preuve : d’après la dépêche d’AP, l’OSC aurait compris l’enjeu que représentent les enjeux sociaux lors de la Révolution Verte en Iran… en 2009. Soupesons cette information : il est difficile d’admettre que la plus grande agence de renseignement au monde ait attendu que Facebook atteigne 200 millions d’utilisateurs pour s’intéresser aux réseaux sociaux.

Autre faute professionnelle relevée par Robert David Steele Vivas : l’OSC ne partagerait ses informations qu’avec une dizaine de pays, qu’il devine être l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni, la Nouvelle Zélande, le Pays-Bas, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Finlande et Singapour. La France ne figure pas parmi ces invités d’honneur.

Une DGSE plus discrète

L’Hexagone possède pourtant son propre système de renseignement via les sources ouvertes. Celui-ci n’est pas une cellule autonome, comme c’est le cas de l’OSC aux USA, mais un service parmi tant d’autres intégré à la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure).

Il y a bien un secteur des sources ouvertes, ayant pour mission de consulter, d’analyser tout ce qui est disponible dans les médias ou sur les réseaux sociaux.
Nicolas Wuest Famose, chargé de communication à la DGSE

Ce travail, presque bibliothécaire, serait préalable à toute activité de renseignement. “Il ne s’agit pas d’une lecture offensive, mais d’une lecture passive”, rabâche le chargé de comm’. Comprendre là qu’il n’est pas affaire d’espionnage. Mieux encore, Nicolas Wuest Famose explique qu’il ne faut pas considérer le renseignement via les sources ouvertes comme… du renseignement : “Aux États-Unis on appelle ça l’Intelligence des sources ouvertes”.

On doute pourtant de la légalité à temps plein du renseignement via les sources ouvertes, pour deux raisons majeures :

  • les nouvelles recrues maîtriseraient le piratage informatique et seraient rompues aux différents modes de télécommunication (à l’instar des Américains et leur modèle de la “Fille au tatouage de dragon”)
  • les outils seraient assez performants pour sonder la globalité des médias et Internet

Interrogé à ce sujet, Nicolas Wuest Famose a souligné (après maintes demandes) que la DGSE pouvait accéder à toutes informations issues du web invisible (c-a-d qui n’est pas indexé par les moteurs de recherche du type Google). Ils utilisent pour cela des logiciels développés par d’autres sociétés et adaptés à leurs besoins, comme l’OSC. Malheureusement, impossible d’en savoir plus sur ces entreprises partenaires.

OWNI : “Comme l’Open Source Center, vous organiseriez peut-être une visite pour l’un de nos journaliste aux sources ouvertes de la DGSE ?”
Nicolas Wuest Famose : “(rires) Ce n’est pas prévu pour le moment!”

A croire que l’identité de ces personnes qui ne font pas du renseignement demeure aussi secrète que celle des espions.


Photos et illustrations via flickr par Fish Gravy [cc-by] et Tsevis [cc-by-nc-nd]

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Amesys surveille aussi la France http://owni.fr/2011/10/18/amesys-surveille-france-takieddine-libye-eagle-dga-dgse-bull/ http://owni.fr/2011/10/18/amesys-surveille-france-takieddine-libye-eagle-dga-dgse-bull/#comments Tue, 18 Oct 2011 09:10:17 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=80092 Selon les registres des marchés publics consultés par OWNI, Amesys, la société française qui a fourni à la Libye de Kadhafi un système de surveillance globale de l’Internet, a également vendu ses matériels d’interception à la France de Sarkozy. Les comptes rendus de ces marchés montrent qu’Amesys a équipé les services français des ministères de la défense et de l’intérieur d’au moins sept systèmes d’interception et d’analyse des communications. Une réussite pour cette Pme très spéciale, qui a fait des systèmes de guerre électronique son cœur de métier.

Les grandes oreilles du renseignement français made in Amesys

En juillet 2007, Amesys décrochait en France un marché de 100 000 euros à la terminologie un peu technique. Il s’agissait de démodulateurs et logiciels de traitement de l’information dans le cadre de l’”acquisition d’une chaine d’interception DVB“, pour Digital Video Broadcasting, la norme de diffusion vidéo numérique, qui sert aussi à la transmission des données par satellite.

La Direction du renseignement militaire (DRM) était l’acquéreur. Avec la DGSE, la DRM opère le système Frenchelon d’interception massive des télécommunications. Le nom de ce service de renseignement n’apparaît pas en toutes lettres. Mais marc_badre@yahoo.fr, l’adresse e-mail générique utilisée pour l’appel d’offres remporté par Amesys, est bien celle de la DRM.

Plus tard, en novembre 2008, Elexo, l’une des filiales d’Amesys, emporte un marché de 897 000 euros au profit, là aussi, de la DRM, qui voulait se doter de “démodulateurs routeurs IP satellite et analyseurs” dans le cadre d’une “acquisition de matériels pour plate forme de réception satellite TV“. Dans ce même marché, la DRM a aussi investi 837 200 euros dans des “antennes de réception DVB et matériels connexes“.

D’aucuns objecteront que 837 200 d’euros, ça fait un peu cher l’antenne satellite pour recevoir la télévision. Le lieu de livraison, la base militaire de Creil, est cela dit connue pour accueillir le Centre de Formation et d’Emploi relatif aux Émissions Électromagnétiques (CFEEE) et le Centre de Formation et d’Interprétation Interarmées de l’Imagerie (CFIII), les “grandes oreilles” et les “gros yeux” de la DRM, dont le travail repose sur l’interception et l’analyse des télécommunications et images émanant des satellites.

Un hacker, fin connaisseur des satellites, a bien ri en découvrant ces appels d’offres, dans la mesure où ce sont typiquement des systèmes d’espionnage des flux de données (TV, téléphonie, Internet) transitant, en clair, par les satellites. Sans compter que d’autres hackers ont récemment démontré que pirater un satellite était simple comme bonjour. Mieux: on pourrait faire pareil, mais en beaucoup moins cher… à savoir “une cinquantaine d’euros, neuf, dans n’importe quelle grande surface de bricolage, au rayon antennes et TV satellite“.

Le ministère de l’Intérieur, aussi

Les services de renseignement militaire ne sont pas les seuls clients d’Amesys : en juin 2009, la société emportait un appel d’offres de 430 560 euros, initié par le ministère de l’Intérieur, qui cherchait des enregistreurs numériques large bande. Amesys en vend deux : l’ENRLB 48, qui permet “l’acquisition ou le rejeu en temps réel de plusieurs types de signaux” et qui est commercialisé en tant que système de SIGINT (pour Signal Intelligence, renseignement d’origine électromagnétique, ou ROEM, en français), et l’ELAN-500, qui permet de faire de l’”analyse tactique d’environnement ELINT” (Electronic Intelligence).

Tous deux, comme le précise Amesys dans sa fiche de présentation, sont soumis à une “autorisation R226“, doux euphémisme pour qualifier les systèmes d’écoute et d’interception : les articles R226 du Code pénal, intitulés “De l’atteinte à la vie privée“, portent en effet sur “la fabrication, l’importation, l’exposition, l’offre, la location ou la vente de tout appareil susceptible de porter atteinte à l’intimité de la vie privée et au secret des correspondances“.

La vente de ce système au ministère de l’Intérieur a donc été soumise à une autorisation délivrée par le Premier ministre, après avis d’une commission consultativerelative à la commercialisation et à l’acquisition ou détention des matériels permettant de porter atteinte à l’intimité de la vie privée ou au secret des correspondances“.

Aucune information ne permet de savoir à quoi ils servent ou ont servi. Contactée, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), dont le directeur général préside la commission consultative chargée d’émettre des autorisations sur ce type de technologies, répond que la vente de ces systèmes a “forcément” été validée par la commission consultative, mais refuse d’en dire plus.

Contactés pour savoir à quoi pouvaient bien servir ces systèmes, et s’ils avaient bien été autorisés, les ministères de la Défense et de l’Intérieur n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Les seules données publiquement accessibles sont ces appels d’offres, les technologies utilisées, et leurs donneurs d’ordre. Impossible de savoir s’ils permettent d’espionner des Français, si ces écoutes sont contrôlées, et si oui par qui…

Matignon, à qui nous avons demandé si le Premier ministre avait bien, comme le veut la loi, dûment autorisé ces contrats, n’a, lui aussi, pas daigné répondre à nos questions. Les termes employés dans les appels d’offres montrent bien, pourtant, qu’il s’agit de matériel de surveillance et d’interception massive des télécommunications.

Aintercom, Ramius, Proxima, Ecofer, Marko…

Amesys a vendu plusieurs autres systèmes à l’armée française. En décembre 2006, I2E, qui deviendra Amesys lors de sa fusion avec la société de conseil en haute technologies Artware, emporte ainsi, en tant que mandataire d’EADS Defence & Security et Bertin Technologies, un marché de 20 millions d’euros portant sur la démonstration d’architecture modulaire d’interception de communications (Aintercom).

Le client : le service des programmes navals de la Direction Générale de l’Armement (DGA), chargée, au sein de la Marine, de la “lutte au-dessus de la surface” et donc, en matière de guerre électronique, des “grandes oreilles” chargées des interceptions radio et radar.

Dans le cadre du contrat Aintercom, Amesys et la DGA ont financé plusieurs travaux de recherche universitaire, et organisé un séminaire, afin d’identifier des moyens d’être mieux à même de déchiffrer les communications interceptées.

Ce même mois de décembre 2006, I2E remporte un autre marché, portant sur un système d’écoute de signaux radar et télécommunication appelé “Ramius”, à destination du Centre d’électronique de l’armement (CELAR).

Renommé DGA Maîtrise de l’information fin 2009, le CELAR est le laboratoire de recherche et développement de la Direction Générale de l’Armement (DGA), spécialiste de la guerre électronique et des systèmes d’information chargé, notamment, de l’évaluation des systèmes de renseignement.

Un appel d’offres initial évoquait “un ensemble d’enregistrement de signaux de type impulsionnel et continu avec une bande de fréquence de 0,1 à 20 GHz“, et un autre appel d’offres, relativement similaire, portant sur un autre système (Proxima), précise que ce type de matériel “sera utilisé à des fins d’expérimentation de récepteur d’Elint (électronique intelligence) et de maquettes de récepteurs Elint“, du nom donné à ces renseignements que l’on obtient à partir des émissions électromagnétiques d’appareillages électroniques (voir la fiche sur le renseignement d’origine électromagnétique sur Wikipedia).

En décembre 2007, la société française emportait un marché de 471 750 euros, portant cette fois sur un “système d’interception de faisceaux hertziens numériques ECOFER“, et porté par la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI) au profit de l’état-major des armées.

En décembre 2009, Amesys emportait un autre marché pour le compte du CELAR, portant sur 620 482euros d’outils d’analyse et récepteurs, sous l’intitulé “Projet Marko : Enregistrement de signaux électromagnétiques” qui, d’après cette offre de stage, serait le nom de code donné à un système d’analyse de signaux radar.

Aintercom, Ramius, Proxima, Ecofer, Marko… cette liste n’est probablement pas exhaustive : il faudrait aussi y rajouter les appels d’offres classifiés, portant sur des systèmes probablement plus intrusifs. Pionnière de la guerre électronique, la France est aussi l’une des rares puissances à disposer d’un système global d’espionnage des télécommunications, surnommé Frenchelon en “hommage” à son modèle anglo-saxon Echelon, et dont les stations d’écoute profitent largement de ses anciennes colonies (voir la carte des stations Frenchelon et, plus bas, un diaporama Google Maps).

Bernard Barbier, le “directeur technique” de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), expliquait ainsi en décembre 2010 que s’il avait fallu attendre l’arrivée d’un jeune ingénieur télécom, Henri Serres, en 1983, pour que la DGSE décide de se doter d’une “direction technique“, et que la France avait donc près de 40 ans de retard sur les anglo-saxons, “aujourd’hui, on est en première division“.


Retrouvez tous nos articles concernant le dossier Amesys.


Image de Une par Loguy /-) Illustrations et photos via FlickR Factoids [cc-by-nc]  ; Thomas Hawke pour les visuels d’Obey [cc-by-nc]
;  et captures extraites d’une présentation faite au séminaire aIntercom.

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http://owni.fr/2011/10/18/amesys-surveille-france-takieddine-libye-eagle-dga-dgse-bull/feed/ 48
Des députés étonnés des missions en Libye http://owni.fr/2011/10/11/deputes-libye-geos-dst/ http://owni.fr/2011/10/11/deputes-libye-geos-dst/#comments Tue, 11 Oct 2011 06:27:54 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=81792 À en croire les déclarations récentes d’un responsable de la société de sécurité Geos, en 2005, celle-ci aurait formé des forces spéciales libyennes à la demande de la Direction de la surveillance du territoire (DST), devenue depuis la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Une curiosité, puisque ce service est supposé s’intéresser aux seules affaires intérieures et ne dispose pas de la faculté de déléguer ses activités à des sociétés privées.

Interrogés par OWNI, des députés de la Commission de la défense nationale se sont dit surpris par cette découverte, passée largement inaperçue. Christian Ménard, député UMP du Finistère, affirme être “étonné d’une telle démarche” de la part du contre-espionnage français et par les déclarations des dirigeants de Geos. “Ce n’est pas dans leur intérêt” commente-t-il. Le député socialiste de Charente, Jean-Claude Viollet, également membre de la commission, réagit vivement :

Cela me conforte dans l’idée qu’il faut travailler sur la réalité des sociétés de sécurité privés. Il ne faut pas rester en l’état et cet épisode en est la preuve. Il faut mieux contrôler, encadrer et légiférer en la matière pour encadrer les activités.

Les deux députés sont en charge d’un rapport d’information visant à mieux adapter la législation sur les sociétés de sécurité privée. Il devrait être déposé d’ici la fin de l’année.

Audition à l’Assemblée

Le 25 mai dernier, les parlementaires avaient justement auditionné le général Jean Heinrich, ancien responsable opérationnel de la Direction générale de la sécurité extérieur (DGSE), et actuel dirigeant de Geos, à l’origine de ces étonnantes déclarations. Dans Le Monde du 8 septembre, le général confirmait avoir effectué cette mission :

Après quelques mois, la DGSE [son ancien service d'appartenance, autorisé, lui, à intervenir à l'étranger, NDLR] nous a dit qu’elle remplirait elle-même ce contrat et enverrait ses propres agents réaliser la mission, avait-il concédé.

Le contrat avec la Libye conduit donc à s’interroger sur les liens entre la société et la DST. Le numéro deux de Geos, Louis Caprioli, était jusqu’en mars 2004 sous-directeur de la DST en charge de la lutte antiterroriste. Trois mois après sa retraite, il a été recruté par Geos comme conseiller spécial et membre du comité de direction de la société. Geos, qu’on a connu plus loquace, a refusé de répondre à nos questions sur ce point. Et Caprioli n’a pas non plus donné suite à nos demandes d’entretien adressées directement.

Human Rights Watch, l’ONG qui a récupéré une grande partie des archives des services secrets libyens, affirme n’avoir aucune information concernant la société Geos. De son côté, le Ministère de l’intérieur dont dépendait la DST et dépend aujourd’hui la DCRI, ne souhaite pas apporter de commentaire trop précis :

Il s’agit d’un sujet sensible, la DCRI ne souhait pas répondre et oppose une fin de non-recevoir. Elle ne fera aucune communication sur le sujet.

Les forces spéciales évoquées par Le Monde sont en fait les gardes du corps du colonel Kadhafi, corrige un fin connaisseur du milieu. C’est d’ailleurs ce qu’avait rapporté la lettre d’information Maghreb Confidentiel, en février 2003, expliquant que Geos allait assurer “non seulement la restructuration de sa garde rapprochée mais également la sécurité de ses déplacements à l’étranger.”

Dans l’entourage de l’entreprise, des familiers du dossier affirment que le contrat était piloté par le général Heinrich et Louis Caprioli. Selon ces sources, sa réalisation en a été confiée à une société sous-traitante, une pratique courante lorsqu’il s’agit d’activités sensibles dont toute trace pourrait être embarrassante… D’autant que ce n’était pas dans la politique de Geos de servir des États étrangers, préférant les contrats avec le secteur privé, notamment l’accompagnement des entreprises en zone à risques.

Relance des activités libyennes

Certains suggèrent que les réseaux de Louis Caprioli ont bénéficié à Geos, évoquant le rôle clé que l’ex chef du service de renseignement libyen, Moussa Koussa. Il était l’interlocuteur privilégié des services occidentaux. Au moment de sa défection, en mars 2011, Moussa Koussa était présenté comme chef de la diplomatie libyenne et “membre du premier cercle” de Kadhafi. Ce qui n’empêche pas Geos de relancer ses activités aujourd’hui dans la Libye post-Kadhafi.

Ainsi, le 6 septembre, le général Heinrich participait à une réunion organisée par la Chambre de commerce franco-libyenne et le Medef International. En témoignent les photographies diffusées sur la page de l’événement du site de la Chambre de commerce avant d’être supprimée. Elle est toujours accessible dans le cache de Google : on peut voir le général Heinrich en bas au centre de la photo présentée en haut à droite de la page. Un bureau de Geos vient d’ailleurs d’être ouvert en Libye par un ancien de la DGSE.

Confier la formation d’une unité d’élite à une société privée est monnaie courante en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, culturellement plus enclins à externaliser les missions de défense. En France en revanche, seules quelques activités sont externalisées, non sans provoquer de débats, y compris donc au sein de la Commission de la défense nationale de l’Assemblée.


Illustrations via Flickr: Sky Eckstrom [cc-by-sa] ; Yngvardo [cc-by]

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Les mercenaires filent à l’anglaise http://owni.fr/2011/06/13/les-mercenaires-filent-a-langlaise/ http://owni.fr/2011/06/13/les-mercenaires-filent-a-langlaise/#comments Mon, 13 Jun 2011 14:58:55 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=67655 Depuis quelques semaines, la filiale anglaise du groupe Géos, fleuron des sociétés militaires privées françaises, est au centre de plusieurs procédures ouvertes bien souvent après des plaintes de ses anciens employés. À Londres, OWNI a obtenu les procès-verbaux et les registres de cette curieuse structure, Geos International Consulting Limited (voir ci-dessous), montrant qu’elle relève directement du siège du groupe Géos, en région parisienne. De grands noms apparaissent dans ces registres britanniques. Ceux du général Jean Heinrich (ex patron du Service Action de la DGSE) ou de Guillaume Verspieren (l’héritier du groupe d’assurance et actionnaire majoritaire du groupe Géos en France). Installée au 81 Rivington Street à Londres, la société apparaît dans au moins quatre affaires sensibles.

  • Enquête préliminaire du parquet de Nanterre pour des bizarreries comptables,
  • Dossiers aux prud’hommes de Versailles et de Boulogne-Billancourt ouverts par des anciens des forces spéciales expédiés en Algérie ou au Brésil qui reprochent au groupe de ne pas avoir payé leurs cotisations sociales,
  • Ou encore investigations policières après les missions d’un cadre de Géos pour le compte des services de sécurité de Renault à l’origine du plus gros scandale social connu par le groupe automobile.


Créée en 2001, cette société anglaise serait chargée de “la gestion des opérationnels, du support et de l’accompagnement des projets“, nous explique-t-on au siège parisien de l’entreprise. Cependant, les procès-verbaux de la filiale montrent qu’elle intervient dans le domaine de “l’investigation et de la sécurité“. Toujours selon ces papiers, Géos déclarait en Grande-Bretagne 114 personnels d’opération et 22 personnels administratifs et deux personnes chargées de la gestion, entre septembre 2008 et décembre 2009, pour un chiffre d’affaire de 20 984 000 euros. Mais des témoins, familiers des lieux, nous décrivent un bureau de 40 m2 où travaillent une secrétaire et un comptable.

Des anciens des forces spéciales relevant de la structure anglaise ont récemment porté plainte. Tel Roland Renaux, responsable de la sécurité en Algérie, officiellement employé via un contrat anglais, mais percevant un salaire net en euros, versé sur un compte en France. Cet ex-commando marine pilotait la sécurité sur un site d’Alstom Power, où sont déployées d’importantes équipes de gardes armés. Avant d’être licencié en août 2009, moment où il découvre que la société n’aurait jamais versé de cotisations sociales, ni en Grande-Bretagne ni en France. Roland Renaux a assigné le groupe Géos et Alstom devant le conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt, lequel pour l’heure s’est déclaré incompétent territorialement. Roland Renaux a fait appel de cette décision mais une conciliation serait en cours.


Les activités de Géos en Algérie intéressent la justice à plus d’un titre. Michel Luc, l’employé de Géos accusé d’avoir participé aux enquêtes à l’origine du scandale Renault a été débarqué début février par la direction du groupe, précisant qu’il aurait agi en dehors des consignes hiérarchiques. Une accusation étonnante au regard de ses responsabilités. Jusqu’à une période récente Michel Luc coordonnait l’ensemble des opérations de Géos en Algérie, en relation avec la filiale anglaise.

Une autre procédure aux prud’hommes visait Géos au début du mois. Celle introduite par Luis Barbosa, la quarantaine, ancien du 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie Marine (RPIMA) de Bayonne et ancien chasseur alpin. Chef d’opération au Brésil jusqu’en décembre 2010, il y aurait passé six mois sans autorisation de travailler sur place, tandis qu’il coordonnait plusieurs opérations du groupe en Amérique latine, en relation avec la surveillance des réseaux de narcotrafiquants, et au terme d’un contrat avec la même filiale britannique.

Luis Barbosa réclamait ”le paiement de la totalité de ses indemnités de licenciement, ainsi que celui de diverses prestations sociales” selon la lettre Intelligence Online (sur abonnement). Il a assigné aux prud’hommes de Boulogne-Billancourt la filiale londonienne, mais aussi Géos SAS et Géos Brasil. Le conseil devait statuer le 6 juin dernier, mais en l’absence de Luis Barbosa une ordonnance de caducité a été prononcée. Selon ses proches, une transaction aurait eu lieu peu avant l’audience.

À terme, ces diverses affaires pourraient mettre en évidence les relais de Géos avec l’appareil sécuritaire français, et quelques-une de ses missions très particulières. Ainsi, selon des témoignages concordants recueillis auprès d’anciens contractuels de Géos, une centaine de soldats privés évoluaient en Afghanistan en 2010. Dont certains spécialisés dans des missions de renseignement.


Crédits Photo FlickR cc by Simon Goldenberg

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91 pages de documents de la DGSE sur l’attentat de Karachi http://owni.fr/2011/06/08/91-pages-de-documents-de-la-dgse-sur-l%e2%80%99attentat-de-karachi/ http://owni.fr/2011/06/08/91-pages-de-documents-de-la-dgse-sur-l%e2%80%99attentat-de-karachi/#comments Wed, 08 Jun 2011 06:56:34 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=66792 91 pages de notes, de télex et de rapports de la DGSE sur l’attentat de Karachi, publiés ici pour la première fois, permettront à chacun de se forger une opinion sur ce que les services secrets français savent de cette ténébreuse affaire. Permettant ainsi d’explorer l’une des questions de fond du dossier : celle d’un lien entre cet attentat du 8 mai 2002 contre les ouvriers français chargés de construire des sous-marins à Karachi (où onze d’entre-eux ont péri), et le contrat d’armement à l’origine de leur présence sur place, signé près de huit ans plus tôt, le 21 septembre 1994, par le gouvernement d’Édouard Balladur.

La lecture de ces 91 pages comblera les esprits soucieux de reconstitution factuelle. En particulier, elle leur permettra de découvrir, en détail, les violentes tensions provoquées au Pakistan par le niveau de corruption sur ce contrat. Mais elle décevra les partisans d’histoires vites résumées, défenseurs de thèses définitives. Ceux-là seront frustrés d’y découvrir que la responsabilité d’Al-Qaida n’a jamais été prise au sérieux par les premiers enquêteurs. Ou que la DGSE n’a jamais rédigé, le jour de l’attentat, une note établissant un lien entre cet attentat et un arrêt de commissions décidé par Jacques Chirac dans le cadre de rivalités propres à la scène française (nous y reviendrons plus loin).

Ces pages ont été déclassifiées en plusieurs fois, et adressées au juge Marc Trévidic en charge de l’instruction judiciaire, bien souvent sans soucis de cohérence. Nous avons décidé de vous les présenter en restituant l’ordre dans lequel elles ont été rédigées, entre 1994 et 2009. Et en les regroupant dans dix dossiers chronologiques, correspondant à dix moments importants de l’affaire.

1 – Du 5 mai 1994 au 24 octobre 1997: les premières tensions au Pakistan (11 pages).
La négociation du contrat pour la vente des trois sous-marins Agosta, signé le 21 septembre 1994, fait intervenir un important intermédiaire pakistanais, Amer Lodhi, correspondant local des industriels français de l’armement. Le schéma de corruption profite en particulier à Ali Zardari – époux du Premier ministre de l’époque Bénazir Bhutto, avant de devenir plus tard président du Pakistan. Dès 1997, ces circuits financiers posent problème au Pakistan.


2 – Du 26 juin 1998 au 1er septembre 2000: au Pakistan de multiples procédures contre les bénéficiaires de ce contrat (15 pages).
Sur fonds de rivalités politiques, les militaires ayant profité des schémas de corruption pour le contrat des sous-marins sont inquiétés et poursuivis par l’administration pakistanaise.


3 – Du 8 mai au 11 mai 2002: les télégrammes adressés à la DGSE juste après l’attentat (5 pages).
Dans ce lot de documents, des sources judiciaires ont évoqué la présence d’une note datée du 8 mai 2002 faisant le lien entre l’attentat de Karachi, perpétré le jour même, et l’arrêt du versement de rétro commissions à des bénéficiaires français décidé en 1995 par Jacques Chirac. En réalité, la note où les services secrets français formuleraient eux-mêmes un tel lien n’existe pas. En revanche, il existe quatre comptes rendus de discussions, envoyés au quartier général de la DGSE entre le 8 mai et le 11 mai 2002, où des responsables politiques ou religieux pakistanais formulent leurs propres hypothèses au sujet de l’attentat. Cette liasse se lit plutôt comme un état des lieux des rumeurs sur place, recueillies peu après l’attaque terroriste. Dans ces télégrammes, un sénateur et un ambassadeur, connus pour leur hostilité envers l’Inde, y voient la marque des services secrets indiens. Et, surtout, le responsable d’une fondation islamique, farouchement opposée au président Pervez Musharraf (alors au pouvoir), y voit donc un règlement de compte anti français en relation avec des opérations de corruption au profit du même Musharraf. Sans faire aucun lien avec un arrêt du paiement de commissions ordonné par Chirac.


4 – Du 14 mai au 3 juin 2002: les premiers temps de l’enquête antiterroriste (14 pages).
Les Pakistanais tentent d’accréditer l’idée que l’attentat est l’œuvre d’Al-Qaida, ou d’un groupe venu de l’étranger. Cependant la DGSE montre, dans ses notes, qu’elle privilégie un attentat commis par des Pakistanais.


5 – Du 19 septembre au 26 décembre 2002: la DGSE reçoit les preuves des falsifications (12 pages).
La police pakistanaise interpelle deux suspects dans le dossier de l’attentat du 8 mai. Les agents de la DGSE relèvent des incohérences et surprennent les Pakistanais en flagrant délit de falsification (voir la note au sujet de la carte grise d’un présumé jihadiste).


6 – Du 14 mars au 8 septembre 2003: une évolution dans l’enquête (11 pages).
À la veille du procès des deux suspects, des services secrets français doutent toujours de leur culpabilité et s’intéressent à un important chef pakistanais, à la tête de plusieurs groupes islamistes armés, Amjad Farooqi.


7 – 28 septembre 2004: la mort d’Amjad Farooqi (5 pages).
Le 26 septembre de la même année Amjad Farooqi est tué dans une opération de police. La DGSE le présente clairement comme le cerveau de l’attentat du 8 mai 2002, mais précise qu’il n’entretient pas de lien étroit avec Al-Qaida. Des mentions blanchies dans la note ci-dessous donnent à penser qu’Amjad Farooqi était considéré comme un supplétif d’une partie des services secrets pakistanais de l’ISI.


8 – Du 7 mars au 9 septembre 2004: l’apparition tardive de l’hypothèse Al-Qaïda (9 pages).
Les interrogatoires de lieutenants d’Al-Qaïda emprisonnés à Guantanamo relancent la piste de l’organisation d’Oussama ben Laden comme responsable de l’attentat du 8 mai 2002. Mais dans ces documents, la DGSE ne règle pas les contradictions qu’elle avait elle-même identifiées pour écarter cette hypothèse.


9 – 17 février 2006: l’agrégation d’éléments disparates (6 pages).
Dans cette synthèse d’étape, la DGSE continue de pointer la responsabilité d’Amjad Farooqi tout en rajoutant celle d’Al-Qaïda.


10 – 7 mai 2009: l’acquittement des principaux suspects (3 pages).
La DGSE maintient sa version mais prend acte de l’acquittement des deux principaux suspects pakistanais. Les rédacteurs de la note rappellent les contradictions des éléments matériels recueillis par la police pakistanaise.



Crédits Photo FlickR CC by-nc-sa MichaelMKenny

Image de Une CC Elsa Secco

Retrouvez notre dossier du jour sur Karachi :

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