Les data en forme
S'il est une science honorable et millénaire qui résiste à la patine du temps, c'est bien la cartographie. Cette semaine nous nous faisons joie de ménager la meilleure place de notre chronique à cette discipline incontournable, réinventée en permanence, sur laquelle le journaliste de données se fait un plaisir d'exercer ses talents.
La démarche du designer Kevin Quealy est parfaite. Before, During and After [en] raconte par le menu le processus de fabrication d’une “data-carte” par deux journalistes du New York Times pour la version papier du quotidien. Du brouillon d’Alicia DeSantis au premier jet dans le logiciel R1 jusqu’aux tests de mise en forme itératifs avec un graphiste : merci à lui pour le partage, révélateur des dessous d’un mode de collaboration (journalistes, designers, datalovers) qui est également un peu le quotidien à OWNI :)
Pression sur la RATP
Autre magnifique découverte de la semaine pondue par Matthew Somerville, Live train map for the London Underground [en] fera pâlir d’effroi et d’envie tout gourou de R&D et autres précheurs de l’ouverture des données à la RATP. Basée sur l’API des Transports Londoniens [en], cette carte interactive permet tout simplement de visualiser en temps réel l’emplacement de toutes les rames de métro et d’anticiper leur arrivée à la station de son choix. C’est simple, brillant, efficace, et ce n’est pas le premier coup d’essai du citoyen Matthew, déjà impliqué dans de célèbres projets data tels que They Work For You [en] (pendant britannique de notre excellent NosDéputés.fr), Fix My Street (voirie participative) ou le Live Train Map à l’échelle du pays.
Matthew est par ailleurs développeur au sein de l’équipe Travel Time Maps [en], qui est un projet qui devrait donner des idées à nos amis de Locomote/Isokron. Le principe est simple et le résultat probant : générer des cartes isotemporelles et faire du business en vendant ces visualisations au secteur de l’immobilier, du tourisme ou au service public. La génération de ces cartes est automatisée et accessible à chacun — dès lors que vous fournissez le code postal de la commune qui figurera au centre du territoire, le temps de transport maximum à représenter, l’heure de départ ou d’arrivée souhaitée et que vous êtes prêt à débourser de 15 à 25 livres par carte.
Chaleur
Au registre des innovations dans le domaine du tourisme, Sightseeing Heatmaps [en] n’est pas pris au dépourvu. Ce mashup interactif de Panoramio et de Foursquare permet de se représenter joliment la popularité des points les plus appréciés de la planète grâce à un procédé de colorisation de la carte par “zones de chaleur” – plus la zone s’approche du jaune et plus grand est le nombre de photos géotaguées sur le célèbre service de Google.
Géo et débats
Au registre des choses à voir cette semaine, l’application (en HTML5, chouette) Eurozone crisis: How the figures stack up [en] mérite le détour. Pas uniquement parce que cette cartographie dessine une Europe géographiquement dénuée de grosses bévues (avec CNN, voyez-vous, le LOL est toujours possible), pas non plus parce qu’elle fait partie d’un dossier “Spécial Davos” dont on se tape un peu, mais parce qu’elle est juste sobre et informative comme on aime. Visualisation du taux de chômage, du taux de chômage des jeunes, du PIB, de la croissance, de la dette en pourcentage du PIB – tout ceci en carte ou en graphique. C’est du propre (plein écran).
Un doute m’habite
Pour terminer avec la cartodata cette semaine, difficile de passer à côté de London’s Twitter Island. Joyeux condensé de plusieurs technologies (Twitter API avec ArcMap, 3DMax, Lumion) au service de la représentation de la donnée, cette vidéo provient de l’imagination fertile du Centre d’Analyse Spatiale Avancée intégré au University College de Londres. Imaginée par Fabian Neuhaus à partir des data récoltées par Steven Gray, cette île virtuelle au troublant potentiel phallique représenterait la ville de Londres déformée selon la proportion d’utilisateurs de Twitter postant des messages du même endroit. Pas certain de l’intérêt de l’expérience, mais ne décourageons pas les esprits vifs et curieux qui tentent d’améliorer science et art d’un même trait fougueux.
Drague et drop
Enfin, alors que la campagne présidentielle en France bat son plein, nous avons été séduits par la grande simplicité de l’application The presidential puzzle [en] du désormais inévitable “dataist” finlandais Jenn Finnas. Le principe est clair comme le cristal : jouer à déplacer des cubes de 50 000 voix appartenant aux candidats malheureux du 1er tour en direction des deux finalistes afin d’anticiper (deviner ?) dans quelle mesure les reports de voix permettront à l’un ou l’autre de remplacer la populaire présidente Tarja Halonen le 5 février prochain.
Une excellente semaine data à tous :)
Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !
- que Paule d’Atha commence à tripoter également [↩]
Laisser un commentaire