[Dataviz] Dessine-moi un hacker
OWNI vous propose un poster synthétisant une étude réalisée par un Finlandais sur les hackerspaces. Elle se base sur environ 250 réponses de 87 communautés de 19 pays du monde entier.
Le cliché représente le hacker comme un jeune nerd blanc planqué derrière son ordinateur, occupé à quelque activité malfaisante du type “pirater la carte bancaire de cette pauvre Mme Michu“. Au mieux, affairé à coder jour et (surtout) nuit, une pizza tiède sur les genoux.
Une image à l’encontre de la diversité des profils que recouvre ce terme. Thésard en sciences de l’information à Tampere, en Finlande et fondateur du hackerspace 5w [fn], Jarkko Moilanen a réalisé une étude [en] pour cerner de façon plus juste cette communauté qu’il définit par le terme “peer-production” (production par les pairs).
La création de hacker/maker-spaces dans de nombreux pays a fourni une infrastructure qui peut être considérée comme un retour au hacking “old school“, où le logiciel n’est pas roi. Cette nouvelle culture “Do it yourself” est multiforme : hackerspace, makerspace, fablabs, 100k garage [en] pour n’en mentionner que quelques-uns. Vous pouvez en lire davantage dans l’article de Troxler [pdf , en].
Après une première étude en 2010, Jarkko a réitéré l’expérience, en la complétant. Les questionnaires ont été envoyés durant la deuxième quinzaine de juin, via des listes de discussion de hackers et hackerspaces, de groupe DIYbio (bio-hackers), afin d’éviter de biaiser les résultats comme cela aurait pu être le cas en passant par des réseaux sociaux, plus ouverts par nature. Il a reçu environ 250 réponses de 87 communautés dans 19 pays1, soit un petit cinquième si l’on s’en réfère à la carte collaborative de hackerspace.org, qui en dénombre environ 500, contre 200 retours la première fois. En dépit d’un échantillon faible, les résultats valent la peine d’être observés, en attendant des études à plus vaste échelle. Jarkko exprime sa satisfaction globale :
“Les résultats reflètent les conclusions effectuées par d’autres chercheurs. J’ai reçu un email d’un autre chercheur, qui indiquait que nous avions tous les deux trouvés des résultats similaires en partie. Toutefois, ils doivent être regardés avec précaution et seulement comme préliminaires”.
Google pose question
Les limites principales concernent la forme même du questionnaire, qui en l’occurrence s’est avéré un choix philosophique sujet à caution :
“Comme l’année dernière, l’étude a été menée en utilisant des formulaires Google Docs. Cela a été critiqué et j’admets que la critique est fondée. Faire des études avec des outils que certains hackers considèrent au moins comme « injuste » et propriétaire n’est pas bon. Certains hackers n’ont pas répondu à l’étude pour cette raison. Dans le futur, de telles études devraient être conduites avec d’autres outils, de préférence des solutions open source. “
En outre, Google est difficilement accessible en Chine, entre autres, ce qui fausse les résultats sur l’origine géographique. Autre limite, le choix d’une langue unique, l’anglais, même si a priori, un hacker sait lire et écrire dans la langue de Shakespeare. Les résultats corroborent la carte collaborative des hackerspaces qui montre aussi une forte concentration en Amérique du Nord et en Europe. Ceci dit, les difficultés d’accès au Net dans certains pays valent aussi pour ce travail.
Selon Jarkko, la réception dans le milieu a été bonne : “J’ai eu des retours positifs. Un hacker parisien m’a invité en France pour faire une petite présentation et discuter des résultats. Apparemment, il n’existe pas de grosse résistance contre mes recherches, puisque hackerspaces.org/wiki contient encore des liens vers elles :) Le silence vaut acceptation.”
Voici la synthèse de son travail sous la forme d’un joli poster mitonné par Loguy, notre directeur artistique préféré, que vous pouvez télécharger en .pdf en cliquant dessus. Certains résultats étaient prévisibles, comme l’âge moyen des membres et la forte proportion d’hommes. Un seul est vraiment étonnant : 85% des hackers interrogés sont favorables à ce que les entreprises financent leur communauté sous la forme de dons en équipement, alors qu’a priori on pourrait penser qu’ils éprouveraient de la méfiance envers ces dernières. On notera aussi que les questions de sécurité, centre d’intérêt historique des hackers, n’apparaissent pas dans le trio de tête de leur centres d’intérêt, et c’est un signe des temps.
Retrouvez notre dossier sur le Chaos Communication Camp 2011 :
- C’est le hack général !
- En direct depuis le Chaos Communication Camp
- Tous les articles sur le #cccamp11
- -Alpha One Labs (États-Unis, Brooklyn), ArchReactor (États-Unis, Saint-Louis), ATX Hackerspace (États-Unis, Austin), Brmlab (République tchèque, Prague), Mode 5w (Finlande, Tempere), Hack42 (Hollande, Arnhem), hacklab.to (Canada, Toronto), BreizhEntropy (France, Rennes), CCCKC (États-Unis, Kansas city), CCC München (Allemagne, Munich), Hackerspace Brisbane (Australie, Brisbane), HAL9k (Danemark, Aalborg), Helsinki Hacklab (Finlande, Helsinki), London Hackspace (Grande-Bretagne, Londres), Midsouth Makers (États-Unis, Memphis), Noisebridge (États-Unis, San Francisco), etc. [↩]
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