Le Plus, Le Post version “plus”
À l'occasion de l'ouverture du Plus en beta publique, petit tour des nouveautés qui permettent au nouveau pure-player du Nouvel Obs' de marquer sa différence, ou pas.
Imaginé comme un espace réservé aux tribunes des internautes et non comme un site d’information, Le Plus propose de nombreuses évolutions dans la sphère des sites collaboratifs et participatifs. Petit tour d’horizon des innovations et des interrogations qu’elles suscitent.
Naviguez dans les différents éléments grâce aux cadres rouges et jaunes dans l’image ci-dessous.
Des anciens du Post aux manettes
En septembre 2010, la direction du Nouvel Observateur embauche Benoît Raphaël au titre de consultant pour accompagner la stratégie Internet de l’hebdomadaire. Il avait quitté la rédaction en chef du Post en mars 2010 indiquant avoir “pleins d’envies à partager“. Il semble que ces envies qu’il aurait souhaité infuser dans Le Post ont permis au Plus de naître.
Dans l’équipe du Plus aujourd’hui, deux anciennes journalistes officiant au Post. Aude Baron, ancienne responsable du pôle web du site collaboratif du Monde Interactif est désormais rédactrice en chef du Plus. Elle est accompagnée notamment d’Hélène Decommer, qui officiait au Post comme journaliste. Dans une interview accordée à Street Press, Benoît Raphaël justifiait ces embauches avec une pointe de fierté :
Aujourd’hui les journalistes qui ont le plus d’expérience dans les nouvelles pratiques du web sont ceux qui ont travaillé pour Le Post.
Remonter à l’imageBref, une sorte de dream team de la presse en ligne.
Sous l’aile (assumée) du Nouvel Obs
Contrairement au Post qui n’a aucun lien apparent avec Le Monde, Le Plus affiche clairement la couleur : il est lié au Nouvel Observateur. Et Laurent Joffrin, rédacteur en chef de l’hebdomadaire est d’ailleurs présent sur toutes les pages sous la forme d’un avatar muni d’un bouc et de lunettes.
Claude Perdriel, patron historique de l’Obs, défendait avec entrain la présence de son média sur Internet lors de la conférence de presse de lancement du Plus, agrémentant son intervention de quelques annonces : les rédactions web et papier fusionneront prochainement et les articles du journal papier seront repris régulièrement sur le web.
À l’occasion de la mort d’Oussama ben Laden, par exemple, le Nouvel Obs a renversé la chronologie habituelle en publiant les papiers d’analyse destinés à l’hebdomadaire d’abord sur Internet.
Des intervenants haut-de-gamme
Grâce à l’image de marque du Nouvel Observateur, le site du Plus a réussi a attirer des personnalités que l’on a moins l’habitude de voir sur Internet. Les abonnés ont reçu un mail une semaine avant le lancement officiel pour s’inscrire sur la version beta. C’est ainsi que les chroniqueurs habitués des colonnes de l’hebdomadaire ont parrainé des noms assez surprenants comme Stéphane Bern ou Stéphane Hessel.
Un site populaire
À lire le titre des articles les + populaires, on se rend compte que la ligne est très populaire, proche de celle du Post. People, insolite, faits divers ou actualité allégée. “C’est un site d’opinion, pas un site d’information” rappelle Aude Baron.
Un réseau de contributeurs
Pour écrire des articles sur Le Plus, il faut être parrainé par une personne déjà inscrite. Aude Baron expliquait que le but est “d’aller chercher les experts un par un“. Une manière de plus de contrôler les contenus produits et de restreindre l’accès aux anonymes.
Une refonte globale
L’arrivée du Plus correspond également à une refonte de l’image du Nouvel Observateur. Nouveau logo, nouvelle police de caractères, nouvelle rotative qui permet de boucler encore plus tard, à l’image des numéros complètement remodelés suite au décès d’Oussama Ben Laden ou après l’arrestation de DSK.
Tout est signé trois fois
Entre le nom de l’auteur, le nom du parrain et le nom du journaliste ayant sélectionné et édité l’article, on dispose donc de trois noms pour garantir les opinions contenues dans l’article.
La fin de l’anonymat
Pour s’inscrire sur Le Plus, pré-requis nécessaire à la rédaction d’articles et de commentaires, il faut obligatoirement utiliser son compte Twitter ou son compte Facebook. Un moyen, selon Benoît Raphaël, de confronter les personnes avec leurs écrits et d’éviter les débordements qui ont fait la réputation du Post. On pense par exemple à la publication d’un article sur Le Post annonçant la mort de Jean Dujardin créé par un anonyme sorti du forum 15-18 de JeuxVideo.com qui avait fait l’objet d’un démenti diffusé par l’AFP.
D’ailleurs, sur Le Plus, tous les articles qui ne sont pas sélectionnés et vérifiés par la rédaction ne sont pas accessibles aux moteurs de recherche, mais simplement en allant fouiller dans le site, grâce aux pages de chaque auteur. De quoi calmer les critiques qui ne comprenaient pas que, sur le Post, on mélange de vraies informations avec une production non vérifiée, sans toutefois les convaincre, les informations étant toujours publiées sur le site. Benoît Raphaël expliquait à ce sujet qu’ils ne pouvaient pas demander aux internautes de participer et ne pas publier automatiquement en échange les articles qu’ils proposent.
Vous avez le temps
Pour ne pas effrayer les lecteurs, vus qu’ils semblent effrayés par les textes longs, on leur indique à quel moment ils doivent mettre de côté l’article pour le lire dans un siège confortable.
Où va l’argent ?
Autant la reprise gratuite de contenu peut-être comprise, autant les contributeurs du Plus, qui affiche quelques publicités ça et là, attendent peut-être une contrepartie en échange de leurs productions. Si certaines stars sont rémunérées en droit d’auteurs, il n’est pas questions de payer les autres auteurs pour l’instant. Benoît Raphaël a indiqué que la question se poserait lorsque le site générerait de l’argent, ce qui n’est pas le cas pour le moment. Sans parler de rentabilité, ce qui était loin d’être le cas pour Le Post. Des publicités apparaissent déjà sur le site. Quant aux modalités de partage des revenus, elles ne sont pas encore déterminées.
Ce dont semble sûr Claude Perdriel, c’est que l’argent ne se gagne pas sur le front de l’information. Il faut chercher un nouveau modèle, “trouver l’Émile de Girardin de l’Internet”, du nom de la personne qui eu l’idée de mettre la publicité dans la presse papier. En attendant, mieux vaut toujours se contenter du sanibroyeur et du Minitel.
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Alors que l’information en ligne reste chère à produire, les médias se tournent de plus en plus vers la publication de tribunes ou billets d’humeur écrits par des contributeurs prêts à travailler gratuitement. Sur Atlantico, les contributeurs sont les principaux auteurs, du site proposant “opinions” ou “décryptages”. Rue89, avec le concept de l’info à 3 voix, s’ouvre également régulièrement aux lecteurs et aux experts, OWNI crossposte le contenu des blogs. Le Plus n’est finalement qu’un site de plus.
Exemple aujourd’hui, où un auteur parvient à publier à la fois dans Le Plus et dans Atlantico sur l’érotisme dans le tennis. Articles paraissant à l’occasion de la sortie de son livre sur le même sujet. Ça fait de la pub pour l’auteur, du contenu pour les deux sites. Gagnant-gagnant.
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photos cc flickr by urbanmkr
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