“This has to be the teaser !”
Le teaser du film 2012 ou la vague la plus impressionnante de l'histoire du cinéma. Matthieu Giralt revient sur sa conception.
Je me souviens lorsque j’ai vu le teaser de 2012 pour la première fois. Je me suis dit exactement la même chose que Roland Emmerich, son réalisateur :
Il faut dire qu’il n’a pas fait dans la demi mesure ; il a tout simplement submergé l’Himalaya. Hébergeant les plus hautes montagnes du globe, on imagine assez aisément qu’il s’agit là encore d’un film catastrophe. Le texte présent dans le teaser nous le confirmera bien assez tôt :
How would the governments of our planet prepare six billion people for the end of the world ? They would’nt.
D’un point de vue technique, on pourrait distinguer trois catégories d’images dans la composition du teaser. Les images tirées du film, les noirs qui servent de transition et le texte. Le montage est très serré, les plans très courts – entre une et deux secondes – s’enchaînent de manière presque millimétrée. Seuls les deux plans de la vague déferlante durent sept secondes chacun.
Ce qu’il y a peut-être de plus remarquable est sans doute la vague en elle-même. De l’histoire des vagues au cinéma – celle que je connais du moins – c’est de loin la plus impressionnante et la plus aboutie techniquement. Emmerich s’attaque là, pour ce qu’il dit être son dernier film catastrophe1, aux enjeux des effets spéciaux des films de ce genre : l’ampleur et la technicité. Mais une fois vu le film, on s’aperçoit qu’elle n’est ni le centre du film, ni un effet ‘mieux traité’ que les autres (comme cela fut le cas pour Deep Impact par exemple).
C’est une figure de la catastrophe comme une autre, succédant au tremblement de terre qui engloutit la Californie, l’éruption du supervolcan Caldeira de Yellowstone et la destruction d’à peu près tout ce qui peut-être détruit. Mais on s’aperçoit qu’elle revêt une importance particulière, c’est l’image du teaser et ce sera une image présente sur – presque – toutes les affiches promotionnelles du film…
… ou encore comme là dans la station de métro Cantagalo à Rio de Janeiro.
Le second tour de force du teaser sont ses dernier mots :
Find out the truth. Google search : 2012.
Cette phrase a déterminé tout le plan marketing du film. Et c’était très bien joué de leur part, avant la sortie du teaser2 les résultats affichés pour la requête 2012 sur google concernaient uniquement les théories apocalyptiques qui entourent la date du 21/12/2012. Aussi en cherchant des informations sur le film, où plutôt sur la conspiration que dénonce le film, nous tombions sur les théories et conspirations (qui vont souvent de paire) déjà existantes. Au lieu de baser le marketing et le “buzz” du film sur des à-coté, le film basait son histoire sur des croyances et des peurs “réelles”. Une rapide coup d’œil aux résultats de google trends pour 2012 suffit pour s’apercevoir de la réussite de cette manœuvre. Aussi bientôt apparaissent des documentaires sur les prophéties mayas, des forums se créent, si tant et si bien que la NASA doit intervenir pour démentir ces idées.
Il semblerait que malgré les avancées en terme de rendu de l’image que nous connaissons actuellement, la figure de la vague reste un enjeu particulier dans l’économie visuelle des effets spéciaux. Et je pense que le prochain Clint Eastwood, Hereafter3 confirmera cela.
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Billet initialement publié sur Image des effets, un blog de Culture visuelle
Illustration FlickR CC : cikaga jamie
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