OWNIPolitics: du journalisme dans la “cité”
Du journalisme augmenté au service de la vie en commun? Quelles devraient être les exigences d’une information innovante consacrée aux questions politiques? Chercher le fond, dépasser l’écume. Apporter des moyens nouveaux? OWNI lance OWNIpolitics, pour défricher ces questions.
Le journalisme ne progresse-t-il qu’à coup de grandes tartes dans la gueule ? Collectivement comme individuellement ? La première fois que j’ai mis le pied à l’Assemblée nationale, un des responsables du service de presse m’accompagnait :
Léon Blum et Clemenceau ont pris cet ascenseur, il a près d’un siècle.
Nous avons monté les escaliers, pour les poulaillers de la presse qui surplombaient une salle vide mais au perchoir de laquelle je me souvenais avoir vu Aristide Briand. En photo, bien sûr. Une fois redescendus, nous avons glissé sur le marbre jusqu’à la « salle des quatre colonnes ». Là, des collègues envoyaient des SMS sur une banquette empire ou allaient griller une clope sur le perron qui regardait des jardins à la française en attendant le coup de feu. Qui soudain est parti : les députés ont commencé à sortir de la salle, longeant une rangée de petits poteaux dorés à barrière de velours rouge, comme dans les musées, et derrière laquelle les journalistes devaient rester mais au dessus de laquelle ils lançaient leurs micros : « M. Montebourg ! », « M. Marini ! », « M. Gremetz ! » et « M. Copé ! » et tous les autres.
Ils y avaient de plus ou moins grosses « grappes » selon les élus, de plus grosses « forêts » de caméras, perches et appareils photos. Il devait y avoir cinq questions, maximum, qu’ils posaient presque à tout le monde, c’était « la commande du jour », comme au resto, ce qu’ils devaient rapporter pour être à la page. Des commentaires sur des « petites phrases », des réactions aux états d’âme du parti… Rien de politique. Rien. C’était une vraie tarte dans la gueule.
Sur l’absence de politique, j’exagère.
Il y avait quelque chose de politique, certes: de politicien. Mais on a pris l’habitude de considérer que la politique se résumait à ça, des luttes de personnes, de partis, de blocs… A cette politique là, importante mais cruellement insuffisante.
Ensemble tout devient…
2007 a vu l’avènement d’un « nouvel intérêt » qui ne s’est traduit que par la personnalisation d’un affrontement et par celle d’un échec (celui de la gauche) et d’une victoire (celle de Nicolas Sarkozy). Si nous ne nions pas l’importance de ce « jeu » politique, de la tactique et des stratégies mais aussi du militantisme et de l’engagement, la place qu’ils ont pris dans le traitement journalistique de la« chose politique », jetant son ombre méprisante sur tout ce qui touchait de trop près le réel, est à notre avis dommageable. Or, le journalisme lui-même perd de sa vocation politique, de son sens, de sa portée, en se laissant entraîner à parler de choses qui, passé un certain temps, n’intéressent plus que les politiques et les journalistes politiques eux-mêmes. Et le lecteur, de son côté, arrête de tourner les pages.
Le “lecteur” est un citoyen
Sur Internet, à l’inverse, des sites tenus par des journalistes, des experts ou des curieux, ont prouvé que le débat politique pouvait vivre sur les sujets eux-mêmes, qu’il s’agisse d’affaires européennes, d’écologie, d’économie, de défense, de social… ou même definances publiques ! A côté du “buzz” et des effets qu’induit le temps court permis par le web, la réflexion, l’analyse et la prospective ont réussi à s’installer là où on laissait le temps aux poussières des débats politiciens de retomber.
Dans la continuité de son projet de renouvellement des formes de journalisme, OWNI se lance dans la politique avec un objectif : traiter de tous les aspects de la politique – de l’économie à la recherche en passant par l’écologie, les transports et bien d’autres – sans jamais s’aventurer dans les querelles de partis. Pour ce faire, OWNIpolitics se déclinera sur trois temps de réflexion :
Bilan : pour creuser et tenter de comprendre les racines des problèmatiques qui se posent aujourd’hui.
Débat : pour décrypter les questions et les réponses proposées autour des thèmes qui font l’actualité.
Enjeux : pour offrir un aperçu des défis qui nous attendent et de ceux qui réfléchissent à comment y répondre. Et participer activement !
OWNIpolitics s’appuiera sur l’équipe d’OWNI (journalistes, programmeurs, développeurs et designers) afin de produire ses propres contenus d’intéret public (enquêtes, interviews, analyses, reportages et applications) mais aussi sur un écosystème de contributeurs associés à notre projet, blogueurs politiques ou non, dont les billets nourriront le débat. Le tout dans une démarche politique d’information mais en aucun cas politicienne :
OWNIpolitics se donne le devoir, au nom de sa vocation journalistique, de critiquer tous les partis, de gauche, de droite, du centre et des périphéries diverses. Et bien au delà des partis, de porter un œil critique et constructif sur les principales questions qui sont les enjeux de demain.
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Illustration CC Elsa Secco pour OWNI, et CC FlickR par Julie70
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