Brésil : les projets pour plus de transparence pour les élections 2010
Alors que les élections présidentielles et législatives au Brésil auront lieu le 3 et 31 octobre 2010, plusieurs initiatives ont été mises en œuvre sur Internet, s'appuyant sur la loi Ficha Limpa, pour pousser à plus de transparence.
Ce billet a été originellement publié sur Global Voices, écrit par Manuella Ribeiro et traduit par Jean Saint-Dizier.
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La réforme de la loi électorale brésilienne, approuvée en 2009, va avoir un impact positif sur les élections générales qui se profilent à l’horizon d’octobre 2010 : elle va offrir un accès à plus d’informations que jamais. Ainsi, un grand nombre de projets de transparence émergeant de la société civile, du secteur privé ainsi que du secteur public sont en train de travailler ensemble, utilisant activement les outils des nouvelles technologies dans le but d’améliorer la visibilité de l’élection et d’impliquer au maximum les citoyens dans la prochaine célébration de la démocratie.
En octobre, quelques 135 millions [liens en portugais] de Brésiliens voteront pour élire le président, les gouverneurs, sénateurs et députés fédéraux des différents d’états ou de districts. L’année dernière, la Réforme électorale a ouvert les portes à la politique 2.0 en autorisant les partis à faire usage des réseaux sociaux (Twitter, Facebook etc.) pour mener des campagnes d’appel aux dons et participer à des débats en-ligne.
Avant les élections, de multiples discussions étaient déjà en marche sur des questions telles que la transparence, l’engagement civique et la surveillance des politiques publiques. Google a créé une plateforme pour l’élection, compilant des renseignements sur les candidats aux présidentielles et présentant une carte interactive du résultat des élections depuis 1994, centralisant également les initiatives les plus dynamiques de la société civile: Campanha Ficha Limpa (“Campagne Fiche Propre”), Excelências (“Excellences”), Movimento Voto Consciente (“Mouvement pour un vote conscient”), VotenaWeb (“Vote sur le web”), and Eleitor 2010 (“Électeur 2010”).
La plateforme de Google encourage les électeurs à poser des questions à leurs candidats en passant par YouTube channel. Les candidats répondront à la télévision aux meilleures d’entre elles, choisies par les utilisateurs.
Paula Góes, éditrice sur le site multilingue Global Voices, écrit à propos de la Campagne Ficha Limpa: “Le projet de loi Ficha Limpa (casier judiciaire vierge, littéralement “Fiche Propre“)… cherche à empêcher les politiciens ayant commis un crime grave, tel qu’abus de biens publics, corruption, meurtre et trafic de drogues, de se présenter à des élections.” Le Movimento de Combate à Corrupção Eleitoral [Mouvement de combat à la corruption électorale] a commencé la campagne en 2008 et préparé le terrain (au Brésil, tout citoyen peut proposer une loi si celle-ci obtient un nombre de signatures suffisant). Avaaz.org a joué un rôle important dans la collecte des signatures ainsi qu’en mettant la pression sur les législateurs pour qu’ils approuvent la loi. Celle-ci a été promulguée par le président Luiz Inácio Lula en Juin 2010.
Le tribunal Supérieur Électoral a décrété la validité de la loi Ficha Limpa et précisé qu’elle était exécutoire pour les élections 2010. Suite à cette décision, les initiateurs de la campagne ont mis en ligne un site dont le but est de vérifier si des candidats sont en règle avec la loi avec, en plus, la possibilité de visionner les données recueillies et des nouvelles glanées dans les médias. Le site propose aussi un formulaire pour signaler tout comportement douteux des candidats.
Si un candidat souhaite entrer dans la liste du site Ficha Limpa, il ou elle doit tenir sa promesse de transparence tout au long de la campagne en présentant un rapport hebdomadaire sur ses dépenses ainsi que d’autres informations. Quarante candidats sont déjà enregistrés.
Vote Conscient est une association fondée en 1987. Elle a pour objectif de consolider la participation citoyenne en informant les électeurs sur les politiciens et leurs compétences. Ils disposent aussi d’un site web pour présenter ces informations et les nouvelles relatives à l’association. Ils font preuve d’une grande activité en-ligne, telle que participation aux réseaux sociaux, publications et vidéos. Par exemple, le mouvement dans la ville de Jundiai a publié un document sur 16 candidats-députés de différents états et des renseignements sur la manière d’utiliser Internet pour surveiller les hommes politiques ou proposer des solutions aux problèmes rencontrés par leur villes.
Les autres projets présentés par la plateforme de Google ont servis de cas d’études pour Technology for Transparency Network. VotenaWeb a été étudié pendant la première phase de notre recherche, tandis que Excelências et Eleitor 2010 seront à leur tour présentés dans les prochaines semaines.
Votenaweb permet aux citoyens de comparer leurs votes, sur les projets de lois du congrès, à ceux des politiciens. A partir d’une interface claire, les projets de lois sont traduits en langage simple, dans un contexte clairement défini, tout comme les conséquences qu’elles induisent. En plus de constituer des archives sur les votes sur certains projets de lois en particulier, les utilisateurs peuvent aussi interagir avec la classe politique en votant symboliquement pour ou contre à chaque votation. Cet outil aide les citoyens à choisir pour qui voter en leur permettant de remonter dans l’historique des votes des candidats sur plusieurs années (NdT: de manière à apprécier l’activité de leur candidat).
Excelências a été créé en 2006 par Transparência Brasil (“Transparence Brésil”). Excelências se sert d’internet pour produire de l’information sur les parlementaires brésiliens et la rendre accessible au public. Ils utilisent des données officielles pour augmenter la transparence des 2 368 politiciens. De la même manière que VotenaWeb, Excelências aide les citoyens à prendre des renseignements sur les candidats aux élections de 2010.
Eleitor 2010 (”Elector 2010″), qui a récemment fait l’objet d’un billet sur Global Voices par Janet Gunter, entend surveiller les élections 2010 au Brésil. Le projet fait également usage d’internet pour recevoir les plaintes sur les irrégularités observées pendant la campagne. Il (le projet) tire profit de la plateforme de crowdsourding Ushahidi pour documenter et situer sur des cartes les informations soumises par les citoyens via SMS, e-mails, Twitter et d’autres réseaux sociaux. Les coordinateurs sont Paula Goes et Diego Casaes, tous deux de Global Voices.
De multiple projets au Brésil traquent le comportement des candidats et surveillent le travail des politiciens après leur élection. Congresso Aberto (“Congrés ouvert”) permet de visualiser et analyser des données officielles en provenance du Congrès brésilien. Sur Cidade Democratica (“ Démocratique City”), les citoyens alimentent et discutent des questions municipales et des solutions possibles, tout comme ils débattent des propositions des candidats et visitent leurs profils en ligne. Enfin, Adote um Vereador (“Adoptez un politicien”, plus précisément, un conseiller municipal) encourage les citoyens brésiliens à bloguer pour rendre compte du travail de leur élu officiel local afin de le tenir pour responsable (NdT: de ses actes). Bien qu’aujourd’hui Adote um Vereador s’intéresse plus particulièrement aux politiciens locaux, Milton Jung, l’un des fondateurs, espère étendre le projet aux politiciens nationaux bientôt élus en octobre.
Autres projets
Un grand nombres d’autres initiatives sont aussi à l’œuvre en ce moment au Brésil pour développer la participation citoyenne :
- 10 Perguntas (“10 Questions”): Jusqu’au 03 septembre, les citoyens peuvent envoyer des questions au candidats à la présidentielle. Après cette date, les candidats répondront aux 10 meilleures questions choisies par les utilisateurs
- Eu lembro (“Je me rappelle”): Ce site recherche des informations sur tous les candidats dans les réseaux sociaux tels que Twitter, Wikipedia, Busk et YouTube. Il fournit aussi une plateforme sur laquelle les utilisateurs peuvent échanger sur les candidats.
- Quanto vale seu candidato? (“Combien vaut ton candidat ?”): Ce site permet aux citoyens de visualiser le patrimoine de divers candidats.
- Voto Certo (“Vote Bien”): Ce site contient des information sur les élections 2010, telles qu’une liste des candidats, les financements de campagne, et une carte des campagnes électorale ainsi que leur calendrier.
Conclusion
Les prochaine élections sont marquées au sceau de la plus grande utilisation d’internet jamais vue au Brésil, tant par les candidats que par les citoyens. Par exemple, tous les candidats à la présidentielle ont un compte Twitter ou sur d’autres réseaux sociaux. Le premier débat en ligne de la campagne électorale, organisé par un fournisseur d’accès à internet, a dépassé les 1,7 million de spectateurs et il a gardé la tête des Trending Topics sur Twitter pendant toute sa durée. Ces outils ne sont pas réservés aux candidats et aux médias. Certaines ONG, des citoyens et des entreprises font de même dans le but d’améliorer leur accès à l’information sur les candidats ou pour superviser la campagne. La plateforme de Google publie une bonne partie de ces expériences.
Si tout se passe bien, outils technologiques et connectivité vont aider le Brésil à élire les meilleurs hommes politiques pour les quatre prochaines années et à créer une base de données sur ces politiciens, ce qui gardera éveillé leur sens des responsabilités pour leurs actes au gouvernement. Malgré une expérience relativement courte de ces outils, on peut dire que grâce aux prochaines élections, Internet, au Brésil, va s’ancrer comme un des espaces les plus importants pour divulguer de l’information sur les candidats et sur leurs actions au gouvernement.
Photos CC Global Voices et FlickR CC : The World Wants a Real Deal
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