La soucoupe accueille pour la première fois le blog du groupe Chronos. Dans ce billet, Bruno Marzloff revient sur le “Baromètre Grand Public sur les Identités Numériques”.

Réalisé par l’IDATE, commanditée par la Caisse des Dépôts et l’ACSEL, le “Baromètre Grand Public sur les Identités Numériques” (pdf) publiée ce jour est passionnant. Il traite de cette autre vie qui se construit en ligne sur laquelle nous disposons pour la première fois d’une enquête digne de ce nom.

État des lieux

68% de la population française est internaute et 76% des internautes sont connectés tous les jours. 85% ont déjà acheté et 80% consultent ainsi leurs comptes bancaires et déjà 10% se connectent tous les jours sur leur mobile. D’où une multiplication des identités numériques. En moyenne, l’internaute français possède 12 comptes : 2 à 3 adresses mail, 2 pseudos pour les utilisateurs de forums et un compte sur 4 sites de commerce. Surprise ! Seuls 11% des Français craignent que leurs identités soient utilisées.

Tout cela appelle de nombreux commentaires. Retenons ceux des Échos (ici et là) qui s’est saisi de l’étude et l’a commentée dans un dossier. Le double sens du titre est peut-être voulue – La confiance des Français mesurée -, il est juste : on est vigilant, mais on est séduit par la praticité dans un quotidien encombré.

• “On est à un moment charnière où se profile une augmentation exponentielle des services numériques pour passer de la transmission d’informations à la généralisation des transactions en ligne […] Il faudra trouver un équilibre entre la simplicité, la sécurité et la garantie des libertés individuelles.”

• “On est face à une somme considérable d’usages nouveaux et on manque de visibilité sur leur évolution, notamment pour les réseaux sociaux.”

Nous voyons se mesurer ce qui n’était qu’une évidence sans chiffrage. Déjà en 2007 (Le jeu d’adresses ou les masques du nomade), nous soulignions la floraison d’adresses, d’identités, de login et autres mots de passe : “la mobilité devient un jeu d’adresses et oblige à concevoir des modèles d’adressage innovant. Comment l’usager contrôle-t-il sa communication et l’organisation de son propre système d’informations ?”, interrogions-nous. Nous savons aujourd’hui que si l’usage prime sur le risque – comme le confirme l’étude –, les Français formulent un équilibre intéressant sur la confiance qu’ils accordent ou non.

• Ils dispersent leurs identités numériques. L’internaute moyen a 12 adresses si on additionne les comptes en ligne, les identifiants bancaires, les achats en ligne, les adresses de messagerie instantanées ou non, celle des réseaux sociaux et autres pseudo de forum.

• A ce premier masque s’en ajoute un autre : 1/3 des internautes fournissent des informations volontairement erronées lorsqu’ils remplissent des formulaires en ligne.

• Avec “une sensibilité à la communication des données qui varie selon le type et le niveau d’intimité des données” : On lâche très facilement le nom et le prénom (94%), mais on est jaloux de ses informations sur sa vie personnelle (49% sont prêt à donner des informations de ce type) et encore plus sur sa santé (29%).

• Cela explique que seul 1/5 internaute serait prêt à utiliser une carte d’identité électronique. Si la “facilité d’usage d’une identité unique” et “l’évitement de la ressaisie des identifiants” sont reconnues par une personne sur deux, le risque prévaut et la grande majorité préfère jouer avec plusieurs identités.

Puisqu’il s’agit d’un baromètre, il faut s’attendre à le voir renouveler. Il faudra alors être attentif à ce qui se passera sur le mobile qui concentrera progressivement toutes les adresses, dont l’usage appellera de nouveaux identifiants (notamment pour les transactions du quotidien), sans oublier que l’outil est beaucoup moins ergonomique pour les identifications que le PC, posant de fait de nouvelles questions.

Billet initialement publié sur le blog du groupe Chronos

Image purprin sur Flickr