Le Portail des Copains : 10 ans de saloperies sur Internet

Le 24 novembre 2009

Ce 19 novembre marque le triste dixième anniversaire de la création de Rezo.net, un portail impliqué dans de nombreux déraillements d’opérations de communication gouvernementale. Malgré la vigilance des autorités, un vaste torrent d’immondices s’en déverse toujours et sape la stabilité de l’internet libre, marchand et poli.

Ce 19 novembre marque le triste dixième anniversaire de la création de Rezo.net, un portail impliqué dans de nombreux déraillements d’opérations de communication gouvernementale. Malgré la vigilance des autorités, un vaste torrent d’immondices s’en déverse toujours et sape la stabilité de l’internet libre, marchand et poli. Dans le monde entier on s’organise pour faire face à la menace, mais le combat est loin d’être gagné.




« Sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien », dit l’adage. Mais, paradoxalement, personne n’a oublié que vous arrachiez les ailes des mouches quand vous aviez huit ans. Une erreur de jeunesse comme nous en avons tous commises, sauf peut-être les tapettes, mais qui vous suivra toute votre vie.
Cette dichotomie mammifère / diptère joue en défaveur de la présomption d’innocence et abolit toute confiance en la bonté intrinsèque du genre humain en général et du personnage public français en particulier.
Les plus grands penseurs de notre temps en sont conscients : Jacques Séguéla ou Jean-François Copé et Henri Guaino ne disent pas autre chose quand ils qualifient internet de saloperie ou de zone de non-droit.
Nathalie Kosciusko-Morizet non plus quand elle milite en faveur d’un droit à l’oubli, qui permettrait en outre de libérer plusieurs téra-octets sur les serveurs de Dailymotion quand arriveront les tours de Frédéric Lefebvre et Christian Vanneste.

JPEG - 24.8 koL’internet que Rezo vous propose : des saletés.


Internet n’était pas censé héberger des archivistes obsédés par le mois de novembre 1989 et l’agenda du président de la République. Pas plus qu’il ne devait devenir un forum d’apprentis constitutionnalistes européens pinailleurs ou se substituer à la structure RH de prestigieux établissements publics alto-séquanais.
Internet devait être un megamall bien éclairé, sécurisé et fourni en produits très colorés. Avec des annonces positives qui sortent des haut-parleurs. Et une voiture à gagner tous les jours.
Ce qu’il est, pour l’essentiel, mais les casseurs et emmerdeurs de tout poil rôdent près du portail en bois du fond : Rezo.net.


JPEG - 89.9 koL’internet que nous voulons : des couleurs, de la simplicité, des prix écrits gros.




Ce Portail des Copains est malheureusement une nébuleuse insaisissable. Si Rezo.net existe bien en tant que lieu, celui-ci est creux et n’est qu’une caisse de résonance pour les déviances d’individus domiciliés ailleurs, ce qui rend impossible toute tentative de décapiter proprement le web anarcho-autonome francophone.
Les autorités l’ont appris à leurs dépens il y a quelques années en tentant de démanteler le portail au cours d’une vaste manœuvre policière. Si l’opération a pu un temps sembler être couronnée de succès, la victoire n’a été que temporaire et les terroristes se sont bien vite adaptés. Certes, Pierre Lazuly passe aujourd’hui plus de temps à taquiner le bar que la muse et Rezo référence parfois le journal de Laurent Joffrin, mais il ne s’agit que d’arbrisseaux qui cachent la jongle conradienne.

On a cru un instant que la révolution des usages d’internet survenue avec l’avènement des réseaux sociaux allait bouleverser la donne et détourner les lecteurs innocents de la propagande véhiculée par Rezo, en plus qu’ils allaient fournir des données comportementales de première bourre pour affiner une relation 360 avec le prospect.
Il n’a malheureusement pas fallu longtemps pour que les cerveaux du portail réagissent et sortent leur propre réseau social sans publicité et peuplé de per.sonn.es imaginaires.
Bien entendu, cela a fait pleurer les spécialistes du marketing 360, qui commencent à se poser des questions sur l’authenticité des per.sonn.es présentes sur Facebook. Il pourrait après tout bien s’agir de chiens.

JPEG - 19.6 koLa blogosphère est rongée par Rezo.



En attendant de trouver un moyen imparable d’interdire les malfaisants, les acteurs officiels du net se résignent à coopter les trouble-fêtes.
La gratuité du système Rezo ne saurait faire long feu face à cette reprise en main rémunérée : on observe une migration de blogueurs qui naguère se plastronnaient d’intégrité vers diverses entreprises de conseil ou initiatives partisanes. D’autres se mettent au billet sponsorisé. D’autres encore assurent qu’ils vont voter DSK.
Il y aura un Rezo.net que tant qu’il restera des blogueurs déplaisants ou des journalistes ingrats, mais un internet propre est possible si chacun le désire assez.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire.


» Article initialement publié sur Brave Patrie

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