Les paywalls n’ont aucune chance. Explication n°876
Faire payer pour l’info sur le web, ça ne marche pas. Se mettre hors du gratuit, c’est se mettre hors des liens, se marginaliser. C’est ce que disait Versac lors de la sortie de Médiapart. On ne peut pas aller contre l’esprit du web. Plus prosaïquement, je vois 3 obstacles majeurs à l’introduction du payant. 1. La [...]
Faire payer pour l’info sur le web, ça ne marche pas. Se mettre hors du gratuit, c’est se mettre hors des liens, se marginaliser. C’est ce que disait Versac lors de la sortie de Médiapart. On ne peut pas aller contre l’esprit du web.
Plus prosaïquement, je vois 3 obstacles majeurs à l’introduction du payant.
1. La culture du manque d’imagination
Une large minorité d’éditeurs pensent sérieusement à introduire des paywalls, en se fondant sur les modèles développés au siècle dernier. Ils ont déjà largement prouvé leur inefficacité, mais c’est pas grave !
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. Des archives payantes aux abonnements au pay-as-you-read, le manque d’imagination des managers de presse en ligne est frappant. Tout le monde cherche à copier iTunes, alors même qu’un article n’a pas grand chose à voir avec un morceau.
2. L’économie du web favorise le gratuit
Economiquement, le problème est très simple à comprendre avec un peu de théorie des jeux. Imaginons que tous les médias décident, du jour au lendemain, de mener une stratégie coopérative et de faire payer pour l’accès à leurs contenus.
La masse des internautes butineurs, ceux qui ne consomme l’info qu’au compte-goutte, risque de ne pas vouloir délier sa bourse. Dès lors, rien n’empêche un entrepreneur un poil roublard de jouer au passager clandestin, en payant 1 fois pour les articles et en les republiant gratuitement en plaçant de la pub autour. C’est pas très légal, mais il doit pas être bien difficile d’obtenir un compte AdSense au nom d’une société bidon basée dans un pays exotique.
Et puisque les coûts marginaux sont nuls pour le passager clandestin, n’importe qui pourrait republier les articles et capter l’attention des non-payeurs.
D’une manière plus réaliste, le risque est de voir un des partenaires de la coalition payante quitter le cartel et faire cavalier seul sur le gratuit, accaparant les internautes qui refusent de payer.
Jouez avec les boutons ci-dessous pour voir à quelles conditions une coalition pareille pourrait tenir[1].
Merci d'activer Javascript et Flash pour voir cette vidéo Flash.3. Les acteurs non-commerciaux se foutent bien du payant
Je m’alarmais l’autre jour de la montée en puissance des acteurs non-commerciaux sur le marché de l’info. Qu’ils soient financés par des gouvernements ou des industriels, leur but n’est pas de faire rentrer du cash, mais de porter la bonne parole de leur mécènes le plus loin possible.
Dès lors, ils n’ont aucun besoin d’abriter leurs contenus derrière un paywall. Au contraire, ils se réjouiront plutôt de la place laissée libre.
Ceux qui regardent avec espoir les plans à la Murdoch se foutent le doigt dans l’Å“il jusqu’aux cervicales. L’info n’a jamais été payante. Au siècle dernier, les petites annonces soutenaient les dépenses de l’éditorial. A nous de trouver de nouveaux moyens de financer une information indépendante et intéressante.
[1] En se basant sur un total de 13.3m de prospects pour un accès payant et 6 pages vues par visites. Ca correspond en gros aux chiffres de l’OJD pour le mois d’août et au nombre d’internautes en France divisé par 3, la proportion des internautes qui ont visité un site d’actu le mois dernier.
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