OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Anonymous dans le pré de WikiLeaks http://owni.fr/2012/07/17/paranoia-en-alternance-avec-wikileaks/ http://owni.fr/2012/07/17/paranoia-en-alternance-avec-wikileaks/#comments Tue, 17 Jul 2012 17:03:58 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=116301

Le torchon brûle. Entre WikiLeaks et un groupe d’Anonymous rassemblés derrière le compte Twitter @AnonymousIRC, le désamour est consommé. Vendredi, le premier reprochait au second d’agir bizarrement depuis deux mois” et, pire, d’inciter à utiliser des proxies non sécurisés”. Une “marque de bêtise, de malveillance ou les deux” a assené l’organisation de Julian Assange sur son compte Twitter.

Réplique d’AnonymousIRC :

Nous avons toujours admirer l’idée [de WikiLeaks, NDLR] mais votre égo l’a tuée.

WikiLeaks & associés

WikiLeaks & associés

Les dernières fuites orchestrées par WikiLeaks laissent augurer une évolution dans l'histoire de l'organisation. Les cinq ...

Suivent plusieurs tweets critiquant le nouveau mode de diffusion des fuites par WikiLeaks : “Fuck votre diffusion au compte-gouttes (…)”, “Honnêtement @WikiLeaks, diffusez TOUS les mails syriens. Diffusez TOUS les mails de Stratfor. Et pas en 2025. Regagnez un peu de respect, sivouplé”. Conclusion du groupe d’Anonymous : L’information est libre. Expect it.” Fin de la lune de miel entre le collectif informel et WikiLeaks ?

Avec de faux airs de représailles, AnonymousIRC diffuse en suivant l’adresse d’une autre plateforme de whistleblowing – le lancement d’alerte. Moins qu’une riposte, elle obéirait à une autre approche de la diffusion d’informations confidentielles selon ses artisans. L’acronyme choisi résonne d’ironie et de lulz, ce sens de l’humour caustique cher aux Anonymous : Par:anoia, pour “Potentially Alarming Research: Anonymous Intelligence Agency”.

La liste des griefs

Là s’arrête le parallèle avec WikiLeaks. Sur le canal de discussion dédié de Par:anoia, les participants se montrent peu loquaces sur les rapprochements possibles avec l’organisation de Julian Assange. Un participant prévient discrètement par message privé qu’il vaut mieux ne pas trop s’appesantir sur la question…

“On n’est pas en compétition avec WL, plutôt une alternative” avance l’un des fondateurs de la plateforme. Un autre ajoute, précisant bien qu’il parle en son nom propre :

Mes principaux griefs sont le manque de transparence (plutôt ironique pour une organisation qui déclare “ouvrir les Etats”), la publication atrocement lente des fuites, le concept de “partenaires médias exclusifs”, et l’absence de crowdsourcing, de même que les publications incomplètes de données (par exemple les en-têtes n’apparaissent pas dans les emails).

Par:anoia est ouvert depuis mars dernier, affirme l’un des fondateurs. Le nom de domaine a effectivement été déposé le 12 mars. “On était cinq au début, probablement plus d’une vingtaine aujourd’hui. On l’a lancé quand on était suffisamment nombreux. On a réussi à créer l’infrastructure nécessaire. Au début, ça s’appelait Anoia.”

Par:anoia s’inscrit dans la succession de anonleaks.ru et anonleaks.ch, deux sites qui avaient publié les fuites sur la société de sécurité informatique HBGary dans un format exploitable pour tous les utilisateurs. La plateforme veut prolonger cet appel à l’intelligence collective et fera appel à l’ensemble des internautes pour exploiter les données diffusées. Sans passer par les médias, clament-ils de concert sur le canal de discussion :

Nous n’avons pas besoin des médias car nous SOMMES le médias. Ils sont invités à utiliser les données, comme tout le monde, ni plus ni moins.

Pour obtenir les données, Par:anoia dispose de deux adresses mails à utiliser avec une clé de chiffrement, qui permet d’envoyer des emails en protégeant le contenu. Le site avertit : “ATTENTION ! N’envoyez pas de documents sensibles sans utiliser le chiffrement.”

Innodata

Jusqu’ici les whistleblowers n’ont rencontré aucune difficulté pour envoyer des documents, affirment les artisans de la plateforme. La dernière fuite concerne la société Innodata, une société de sous-traitance de services informatiques. Des documents de l’Agence internationale de l’énergie atomique sont d’ores et déjà publiés, notamment sur l’accident nucléaire de Fukushima. Une autre série évoque l’un des chefs des services de sécurité fédéraux russes. Pour les artisans de la plateforme, le défi est de rendre ces données exploitables par le plus grand nombre.

L’un des outils en développement est une plateforme pour “océriser” en faisant appel à la communauté, ainsi qu’une frise chronologique qui reprenne les documents. Tout sera publié sur Par:anoia. Des informations confidentielles, d’entreprises ou de gouvernements, mais aussi des liens, des ebooks comme le livre de Parmy Olson, We are Anonymous. L’un des participants à la discussion collective justifie :

Tout le monde gagnerait énormément à la diffusion de certaines informations et ces informations sont très nombreuses ! Sur la corruption, mais aussi uniquement sur le fonctionnement interne de certains États ou organisations para-étatiques, surtout dans une cadre de privatisation croissante des services liés aux États.

Un autre participant le suit, enthousiaste :

C’est un choix personnel d’essayer d’aider les autres en partageant des informations, des liens, des livres… La satisfaction ressemble à ce qu’on ressent en gagnant une partie de squash ! Se sentir connecté… C’est faire partie de dizaines de milliers de personnes, partout dans le monde, qui ressentent les mêmes choses que vous. On ne peut pas raconter ça, les mots ne sont pas suffisants pour exprimer cette pure montée d’énergie, comme la pointe d’une flèche, pendant une opération.

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Une fuite à la WikiLeaks est-elle possible en France? http://owni.fr/2011/02/17/diplomatie-france-fuite-wikileaks/ http://owni.fr/2011/02/17/diplomatie-france-fuite-wikileaks/#comments Thu, 17 Feb 2011 17:18:39 +0000 David Servenay et Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=47351 Quelques jours après la fuite des mémos diplomatiques américains organisée par WikiLeaks, le dimanche 28 novembre 2010, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a décidé d’activer une cellule de réflexion sur cette nouvelle effraction dans le paysage de l’information. Les analystes des services secrets français ont pour mission de répondre à deux questions:

  • Cette fuite subie par les États-Unis est-elle susceptible de se produire en France ?
  • Le “modèle WikiLeaks” – des informations secrètes diffusées par un whistleblower – peut-il faire des émules, ici ou ailleurs ?

Très vite, les hommes de la DGSE comprennent qu’il leur faudra répondre “non” à la première interrogation et “oui” à la seconde. Ou plutôt, trouver de solides arguments pour étayer de telles réponses. L’exercice n’est pas facile, car si la seconde assertion est très probable, la première est nettement moins certaine. Il faut dire que Le Monde, tout comme quatre grands journaux étrangers, multiplie alors les Unes tonitruantes sur les “fuites” de WikiLeaks. Sans interruption pendant au moins deux semaines. Cela agace le pouvoir.

Dès les premiers jours, un joli choeur de dinosaures digne de la guerre froide se fait entendre pour condamner la “plus grande fuite d’informations” jamais organisée. Bernard Guetta, le chroniqueur international de France Inter, vilipende dans Libération “la presse et la transparence informatique”; sur Europe 1, la journaliste Catherine Nay compare Internet à la Stasi, “parce que rien n’y est jamais effacé”; Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères et gardien du temple mitterrandien, dénonce un “Big Brother électronique”. Mais le politique a aussi mis le doigt sur la profondeur historique du changement. Le 30 novembre, dans Libération, il soutient que “la sécurité électronique sera renforcée [et que] les échanges passeront par d’autres canaux”. Alors, une Wiki-fuite hexagonale est-elle possible?

Trois couches de sécurité

La France présente un profil de victime idéale. Deuxième puissance diplomatique derrière les États-Unis, elle échange 180.000 télégrammes par an. Le ministère des Affaires étrangères est le plus attaqué du pays, et il doit essuyer plusieurs assauts par semaine, à tel point que les équipes refusent d’avancer le moindre chiffre.

D’emblée, les responsables des systèmes d’information du MAE tiennent à se démarquer de leurs homologues américains en invoquant des choix techniques différents. “Après le 11-Septembre, les États-Unis ont fait le choix de la mutualisation en multipliant les droits d’accès”, explique l’un d’entre eux. Ce n’est pas faux. Outre Intellipedia, la plate-forme collaborative créée en 2005 pour agréger les 16 agences de renseignement, le gouvernement US a délivré pas moins de 854.000 accréditations “top secret” à des fonctionnaires, chiffre astronomique que révélait le Washington Post dans son enquête interactive “Top Secret America”.

Pour autant, l’architecture française est-elle totalement imperméable ? Coïncidence ou hasard, en septembre 2010, après dix ans de développement, Schuman a enfin été déployé au sein du ministère, pour remplacer Sartre. Schuman est le nouveau système de transmissions de données du Quai d’Orsay. Il fonctionne en trois “couches”:

  • La couche horizontale, la plus ouverte, se présente sous la forme d’une messagerie Outlook, où transite en clair 80% de l’information
  • La messagerie sécurisée pour les télégrammes diplomatiques (TD), jusqu’au stade “diffusion restreinte”, premier niveau de classification du secret défense. Très utile pour les communications interministérielles, qu’il s’agisse de l’Elysée, de Matignon ou de Bercy, cette deuxième est chiffrée selon le standard AES 256. Réputé pour sa solidité (même s’il n’est pas incassable), il a été approuvé par la NSA aux États-Unis et même utilisé par WikiLeaks pour son fameux fichier Insurance.
  • Les TD contenant “de l’information à haute valeur ajoutée politique”, comme le formulent les diplomates en charge de la sécurité du système, sont les derniers à avoir franchi le cap de la dématérialisation. Mise en place entre janvier 2010 et janvier 2011, cette couche nécessite une carte à puce personnalisée pour y accéder. Ce Schuman-C (pour confidentiel) sera totalement opérationnel d’ici à la fin de l’année : 2.800 personnes seront accréditées, et seuls douze chiffreurs, habilités au plus haut niveau et en rotation 24 heures sur 24, disposeront de droits d’administrateur sur l’ensemble du réseau.

Présentée comme telle, cette construction en silo semble adaptée aux exigences du moment. Problème : les trois couches du système sont installées physiquement sur les mêmes postes, eux-mêmes équipés de ports USB, de graveurs et surtout, d’une connexion Internet. Pour schématiser, un diplomate traite le tout-venant et la sécurité nationale sur la même machine, ce qu’un Julian Assange s’interdit formellement. Commentaire d’un M. Sécurité :

La bunkerisation n’a aucun sens pour une administration qui travaille vers l’extérieur.

Les “machines blanches” de la DGSE

Le siège de la DGSE, boulevard Mortier, à Paris

Pour les espions, les diplomates du “département” (surnom du Quai d’Orsay) font figure d’aimables amateurs. Il faut dire que la “boîte” (surnom de la DGSE) fonctionne grâce à un réseau étanche avec:

  • Un réseau chiffré indépendant, dont la clef algorithmique change toutes les secondes.
  • Des “machines blanches”, sans ports externes, installées dans des salles dédiées, pour la consultation des notes classifiées.
  • Un système de réquisition écrite et traçable pour la consultation des archives.

Aux yeux d’Alain Chouet, ancien directeur du renseignement de sécurité de la DGSE, le maillon le plus vulnérable est celui des diplomates :

Du côté des militaires, nous sommes plus étanches et mieux protégés que les Américains. Pour le reste, c’est la Bérézina… L’administration est vulnérable au recueil de données et pire, au sabotage informatique. Foutre en l’air le système informatique de la Sécurité sociale pour six mois, cela ferait des dégâts !

C’est d’ailleurs le scénario que redoutent le plus les directeurs des systèmes d’information du Quai d’Orsay: “Plus que l’extraction, le vrai danger, c’est que l’outil soit corrompu ou que quelqu’un y injecte des données”. En filigrane, c’est le facteur physique qui est mis en cause.

Si le ministère préfère évacuer la question de la faille humaine dans une rhétorique de “fuite résiduelle acceptable”, certains connaisseurs du sérail rechignent moins à livrer quelques pistes. François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran et auteur d’une tribune anti-WikiLeaks dans le Figaro début janvier, pointe ainsi du doigt les “négligences individuelles qui peuvent ponctuellement créer des problèmes”, et identifie notamment deux erreurs. “Parfois, un diplomate va envoyer un projet de télégramme en clair, même si c’est normalement proscrit”, déplore-t-il. “Mais le plus dangereux, c’est la dissémination. Même si le nombre d’accréditations est limité, les cabinets ministériels font toujours des photocopies, laissent traîner des papiers. C’est comme le lectorat d’un journal, des informations traînent sur une table.” Au MAE, on se gargarise de l’équation suivante: “C’est très différent de donner un document à 4 personnes ou à 16 personnes”. Mais si ledit document est reproductible, qu’advient-il de ce calcul?

Le défi de la mobilité

Dans le monde post-WikiLeaks, sécuriser ses canaux de transmission traditionnels ne suffit plus, et le Quai d’Orsay doit relever un autre défi, celui de la mobilité. De ce côté, l’aveu est inquiétant. Équipés de téléphones sécurisés “Hermès” jusqu’au niveau de directeur adjoint, comme à l’Elysée et Matignon, les diplomates n’ont pas  le droit d’utiliser de Blackberry et l’iPhone est vivement déconseillé. Et pourtant, à ce jour, ils ne disposent d’aucun système de consultation embarqué, qu’il s’agisse d’une tablette ou d’un ordinateur portable. Lorsqu’ils s’envolent pour un sommet ou une grande conférence internationale, ils n’ont que… du papier, premier véhicule de l’erreur humaine.

“Si vous écrivez que nous sommes le maillon faible, vous serez ridicules”, s’offusque l’un des responsables de la sécurité du ministère des Affaires étrangères. Néanmoins, son équipe reconnaît que le système actuel n’est pas parfait :

Après WikiLeaks, nous avons réalisé un audit pour déterminer les failles. Notre réponse est que ce système ne permet pas une copie rapide et facile des milliers de télégrammes en circulation. Est-ce que ça peut nous arriver ? Peut-on en avoir autant dehors ? La réponse est non. Mais nous avons besoin de réponses adaptées. Les personnels doivent être conscients de ce qu’ils écrivent, des individus qu’ils nomment dans leurs rapports.

Pour lutter contre les fuites, la sécurité du Quai d’Orsay doit piocher dans une enveloppe globale de 40 millions d’euros. “Il n’y a pas d’économie dans ce secteur (celui de la sécurité informatique”, précise-t-elle, en refusant de fournir le détail de la somme allouée au chiffrement ou à l’achat de postes sécurisés. Dans la course aux armements qui oppose les gouvernements aux hackers de tous bords, le ministère n’est pas peu fier d’avoir momentanément tari quelques sources, notamment celle qui alimentait les billets hebdomadaires de Claude Angeli dans le Canard Enchaîné. Jusqu’ici, tout va bien. “Mais l’important, c’est pas la chute, c’est l’atterrissage”.

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Crédits photo: Flickr CC Husky, Theoddnote, pj_vanf

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[MAJ] Mediapart, 20 Minutes, WikiLeaks et les conditions de la fuite http://owni.fr/2011/02/09/mediapart-20-minutes-wikileaks-et-les-conditions-de-la-fuite/ http://owni.fr/2011/02/09/mediapart-20-minutes-wikileaks-et-les-conditions-de-la-fuite/#comments Wed, 09 Feb 2011 09:00:50 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=45808

Màj du 9 février, 17h: Au moment de la sélection, Mediapart était en ballotage avec Rue89, ce que confirme Pierre Haski, son cofondateur.

MàJ du 9 février, 16h: Selon une source proche de WikiLeaks, plusieurs dizaines de médias ont été sélectionnés – a priori un par pays – pour cette nouvelle salve de mémos. “Un journaliste péruvien vient par exemple de passer récupérer un module chiffré”, explique-t-elle. Par ailleurs, la même source signale que l’organisation n’a “pas de problème” avec l’existence d’un circuit parallèle, “tant que les journaux impliqués font le nécessaire pour rayer les informations dangereuses”.

Pour la première fois depuis la fin du mois de novembre, et le début de la publication des mémos diplomatiques, WikiLeaks s’est officiellement ouvert à un deuxième pool de médias. Le Guardian, Der Spiegel, El Pais, Le Monde et le New York Times n’ont donc plus le monopole des documents (même si dans le cas du dernier cité, les télégrammes ont été obtenus par ricochet). En effet, comme l’a annoncé lundi soir Edwy Plenel sur TV5 Monde:

Nous allons devenir un des nouveaux partenaires français de Wikileaks avec l’exploitation prochaine de documents.

Le week-end du 29 janvier, le fondateur de Mediapart et son directeur éditorial François Bonnet ont battu la campagne du Suffolk, pour aller rencontrer Julian Assange dans le manoir de Vaughan Smith, le mécène qui l’héberge depuis son arrestation et son assignation à résidence à la mi-décembre. Après quelques semaines de tractations (dont François Bonnet réserve la primeur aux lecteurs de Mediapart) favorisées par un tiers, Mediapart s’annonce donc comme le pendant tricolore de la fameuse “deuxième phase” évoquée en interne par l’organisation dès le début du grand déballage, et sortie du tiroir à la fin du mois de janvier. De source interne, le site a d’ores et déjà les documents en sa possession, alors même que le formulaire de contact promis par Sunshine Press – la représentation légale de WikiLeaks – n’a jamais pu être opérationnel, assommé par le nombre de requêtes.

Interrogé par Associated Press il y a quelques jours, Assange avait de nouveau évoqué son credo, “maximiser l”impact”, et énoncé les conditions de cette nouvelle collaboration, qui devrait rassembler pas moins de 60 titres (à la fin janvier, on en recensait 12, parmi lesquels deux médias australiens, des brésiliens, des britanniques, des japonais, ainsi qu’une radio danoise):

[Il] précise que les nouveaux médias recrutés doivent souscrire aux mêmes règles que celles définies au départ avec le New York Times et les autres. Les journaux sont priés de retirer les noms de personnes qui pourrait être inquiétées par la publication des mémos, les informations susceptibles de menacer des vies, puis de soumettre les versions expurgées à WikiLeaks. Enfin, [l’organisation] s’assure de publier les documents bruts aux même moment que les articles de la presse.

Pourtant, dans un chat vidéo avec des sympathisants le 6 février, le leader de WikiLeaks a livré un point de vue sensiblement différent, s’inquiétant des risques d’une transmission directe d’informations aux rédactions:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Si seulement les groupes de presse prêtaient attention à ce qu’ils font. Mais selon notre propre expérience, le Guardian et le New York Times ne se préoccupent pas de la protection des sources. En fait, pour le Cablegate, ces deux journaux ont communiqué par téléphone. Ils ont échangé des mémos par email. Le New York Times a contacté la Maison Blanche en amont de la publication de ses articles, et a fait campagne contre Bradley Manning, la source présumée de la fuite. Nous n’avons même aucune certitude qu’ils publient les informations qu’ils reçoivent. Le New York Times a escamoté une histoire sur la surveillance de la NSA, et CBS a fait l’impasse sur les tortures d’Abu Ghraib.

“Biffer, c’est préempter”

Dans ces conditions pour le moins floues, quel est l’intérêt pour Mediapart d’avoir accès à des documents qui ont déjà circulé entre les mains de plusieurs centaines de journalistes? Les esprits taquins commenceront par remarquer que les articles finiront derrière un paywall. Comme l’explique Vincent Truffy, journaliste pour le site, “il y a peu de chances qu’on trouve dans ces mémos des révélations fracassantes”, sans préciser à quelle échéance les premiers articles seront publiés. Pour l’heure, les équipes de Plenel souhaiteraient concentrer le tir sur le Proche-Orient, l’Afrique et bien sûr, la France. Les télégrammes laissés de côté par Le Monde ou une des autres rédactions de la première heure ont par exemple été réclamés.

En décidant d’ouvrir les vannes, WikiLeaks vient pourtant de changer sensiblement la donne. “Dans l’esprit de beaucoup de journalistes, biffer, c’est préempter”, précise Vincent Truffy, c’est à dire que la rédaction qui décide de mettre de côté une information confidentielle s’arroge de facto la priorité pour l’exploiter. Entre Noël et le Nouvel An, Le Monde avait du justifier une omission volontaire, celle d’un mémo qui évoquait les complaisances économiques entre le Gabon de feu Omar Bongo et la classe politique française, en particulier Chirac et Sarkozy (qui avait fini par émerger du côté d’El Pais).

Joint au téléphone par Owni, Rémy Ourdan, qui coordonne le dossier pour le quotidien du soir, avait tenu à rappeler “l’absence de source authentifée”, qui le rendait “impubliable en l’état”. En aparté, certains soutiennent que Le Monde était surtout gêné aux entournures par la démarche de WikiLeaks, préférant garder une bonne portion de mémos pour une publication ultérieure, dans le cadre d’enquêtes fouillées, qui ne seraient plus estampillées WikiLeaks. Avec l’arrivée de nouveaux acteurs, voilà le cycle accéléré, sinon brisé.

La filière norvégienne

Désormais, faut-il conclure que l’embargo a été rompu par la dissémination des documents, ou qu’il a seulement été élargi dans des conditions analogues (ce que prétend Assange)? C’est à ce moment précis qu’il convient de mentionner l’apparition de 20 Minutes dans la boucle française. Propriété du groupe Schibsted, le quotidien gratuit a pu consulter les documents par le biais du journal norvégien Aftenposten, qui appartient au même groupe de presse. A ce jour, on ne sait toujours pas comment les scandinaves ont récupéré les 251.287 mémos, une information que Ole Erik Almlid, le rédacteur en chef, refuse systématiquement de commenter. Interrogé par Slate fin décembre, il restait évasif:

Il nous est impossible de commenter la manière dont nous avons eu accès aux documents. Nous ne donnons jamais nos sources, même dans ce cas de figure.

Dans ce circuit parallèle de la fuite, 20 Minutes n’est pas le premier à croquer la pomme: Die Welt en Allemagne, Svenska Dagbladet en Suède, Politiken au Danemark et Die Standaard en Belgique ont déjà profité de ce deuxième lot. Gilles Wallon, le journaliste de 20 Minutes qui s’est rendu à Oslo début janvier, nous apprend que Schibsted a également proposé les mémos à une dizaine de ses titres, parmi lesquels les exemples précités la version espagnole de 20 Minutes. Wallon en profite pour revenir sur les conditions d’obtention des documents:

Une fois dans leurs locaux, on m’a prêté un ordinateur, sur lequel l’intégralité des mémos était stockée sur un système intranet. Comme l’Aftenposten avait imposé une consultation sur place, j’ai du sélectionner les mémos qui nous intéressaient, les copier dans un document Word, puis les transférer sur une clé USB que nous avons chiffré par la suite. Les Norvégiens avaient même préparé une sorte de guide de publication, avec des règles très claires sur l’utilisation des documents.

Sur son site, 20 Minutes invoque le “droit à l’information pour ses trois millions de lecteurs”, mais que doit-on attendre d’une publication dont l’analyse de documents confidentiels relatifs à la diplomatie ne constitue pas vraiment le coeur de métier? “J’ai surtout privilégié des informations relatives à la politique économique”, explique Gilles Wallon en mentionnant “Dassault et d’autres entreprises du CAC40”. En tout, le journaliste a récupéré environ 250 documents, et il annonce qu’une partie de ceux-ci sera publié au rythme “d’un par semaine pendant quelques semaines”, sans garantie que la majorité d’entre eux soit exploitable. “Nous pensions commencer par un article sur la façon dont Sarkozy voit le monde arabe, mais nous n’avions pas assez de matière”, soupire-t-il. Si, d’après un sondage TNS-Sofres, 24% de Français seulement s’intéressent à WikiLeaks, l’effet de loupe joue à plein: tous les médias veulent y toucher.

Retrouvez l’ensemble de notre travail éditorial et technologique sur WikiLeaks à cette adresse: http://wikileaks.owni.fr

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Crédits photo: Flickr CC Poster Boy NYC, alex-s

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[INTERVIEW] Daniel Domscheit-Berg présente OpenLeaks http://owni.fr/2010/12/13/interview-daniel-domscheit-berg-presente-openleaks/ http://owni.fr/2010/12/13/interview-daniel-domscheit-berg-presente-openleaks/#comments Mon, 13 Dec 2010 11:12:08 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=39064 Mise à jour 16 avril 2011. Lors de la conférence re:publica xi à Berlin, Daniel Domscheit-Berg (DDB) a fait le point sur l’état d’avancement d’Openleaks. Si sa vision n’a pas changé par rapport à l’interview accordée à OWNI en décembre, il apporte des détails pratiques et ne se prive pas pour critiquer à mots à peine voilés son ancien projet, Wikileaks.

« Nous ne voulons pas être sur le court-terme, un buzz qui s’éteindra au bout de 18 mois » annonce DDB dans référence transparente à Wikileaks, qui semble avoir explosé en vol après une ascension fulgurante. « Le whistleblowing, ce n’est pas le Cablegate. » Il promeut une vision où OpenLeaks pourra être utilisé dans les petites villes, sans couverture nationale. Il s’insurge aussi contre la culture d’exclusivité des médias, mais l’accepte comme un mal nécessaire. OpenLeaks permettra ainsi à un lanceur d’alerte de donner l’exclusivité à une rédaction pendant un temps donné, suite à quoi tous les partenaires du projet auront accès aux documents.

Il intègre également une démarche journalistique, productrice de sens, dès la conception du projet. Pour lui, les documents sans contexte n’apportent rien. Le traitement des documents par des experts du domaine concerné est fondamental. A cette fin, les partenaires du projet seront des médias et des ONG, représentés à part égale.

Toujours dans cette optique de transparence partagée, qui s’oppose à la vision élitiste de Wikileaks (aujourd’hui, seuls 2.7% des télégrammes diplomatiques ont été rendus publics, par exemple), DDB imagine un système à deux niveaux de privilèges : un accès read-only pour blogueurs et citoyens et un accès read-write pour les rédactions impliquées. Mais il n’a pas expliqué comment seraient sélectionnés les citoyens qui auront un tel accès.

DDB finit en abordant le financement de son projet. Aujourd’hui, seuls 600€ ont été récoltés, uniquement grâce aux dons en ligne et sans promotion. Les partenaires d’OpenLeaks devront fournir, s’ils en ont les moyens, des serveurs pour soutenir l’infrastructure du réseau, mais l’accès à la plateforme ne donnera pas lieu à des déboursements d’argent. DDB envisage, à terme, de créer une fondation soutenant les initiatives poussant à plus de transparence, incluant OpenLeaks et d’autres.

Et si OpenLeaks a plusieurs mois de retard sur le calendrier initial, avoue DDB avec humilité, c’est qu’il n’a pas su déléguer et diviser efficacement les tâches. Le système serait déjà opérationnel et les retards seraient dus à des problèmes de coordination entre les partenaires. Dès la sortie de la phase alpha, le système sera étendu à d’autres pays, dont la France.

Photo CC re:publica xi


Annoncé dans la presse, largement relayé sur le web, OpenLeaks devrait officiellement voir le jour ce lundi, à tout le moins avoir une existence officielle via un site web. Présentée comme un alter-WikiLeaks, fondé par l’Allemand Daniel Domscheit-Berg (qui, sous le nom de Daniel Schmitt, exerçait comme porte-parole de l’organisation avant d’en être congédié au mois de septembre), la nouvelle plateforme s’appuie sur la même promesse de départ: permettre à des informateurs anonymes de fournir des informations sensibles à des médias, en leur garantissant la sécurité totale d’un bout à l’autre de la chaîne. L’ancien lieutenant de Julian Assange a accepté de nous éclairer sur son nouveau projet.

Quand OpenLeaks sera-t-il opérationnel?

Un peu partout, j’ai pu lire que le site serait lancé lundi (13 décembre, NDLR), mais c’est un grand mot. Nous ouvrons officiellement la plateforme, mais celle-ci ne sert pour l’instant qu’à présenter notre projet. Nous mènerons un premier galop d’essai début 2011, avec de petites rédactions, pour tester l’outil sans pression, avant de se tourner vers de plus gros médias. Mais nous croulons déjà sous les demandes.

Combien de personnes travailleront avec vous, pour quel coût?

Pour l’instant, nous sommes une dizaine, sans que les tâches soient cloisonnées. A l’origine, je suis un technicien, et pourtant, je prends en charge beaucoup d’autres aspects, qui n’ont rien à voir avec ma formation. Nous avons donc vocation à opérer chacun d’une manière généraliste. Quant au financement, nous sommes en train de boucler les premières estimations, qui ont vocation à être rendues publiques.

Comment fonctionnera le site?

Nous voulons permettre à des syndicats, des organisations non gouvernementales ou des médias de travailler ensemble, et de permettre à ces derniers d’embarquer leur propre version d’OpenLeaks, une sorte de Privacybox aux fonctionnalités avancées. L’utilisation sera gratuite, mais nous avons différentes approches et plusieurs modèles. Si vous êtes un organe de presse important, vous pouvez choisir un système dédié, conçu pour répondre à vos besoins spécifiques, dans l’hypothèse où vous auriez besoin d’une puissance de calcul plus importante. Dans tous les cas, vous disposez de deux accès, l’un qui vous est réservé, et l’autre qui vous permet d’accéder au réseau des collaborateurs.

Julian Assange et Daniel Domscheit-Berg

Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire?

Chez OWNI, par exemple, vous suivez avec assiduité l’Hadopi ou l’ACTA. De notre côté, nous disposons de documents intéressants sur ce sujet, transmis par un informateur qui estime que vous êtes les mieux placés pour enquêter. Cet informateur peut choisir de vous donner un accès privé aux documents pendant deux semaines – par exemple – au terme desquelles vous décidez ou non de publier les documents en question.

En quoi est-ce différent de WikiLeaks?

Si vous prônez la transparence, vous devez l’être également, dans votre fonctionnement. Ce n’était pas le cas de WikiLeaks. Nous sommes une fondation, enregistrée comme telle en Allemagne, pas une organisation souterraine. Cela veut dire que nous n’avons pas d’agenda politique, que nous n’avons aucune raison de nous cacher et que nous bâtissons notre outil dans l’objectif de le maintenir opérationnel. Nous devons en garder le contrôle tout en restant neutres.

Je ne veux pas évoquer mes différends avec WikiLeaks au téléphone, mais je peux dire que ces derniers mois, l’organisation ne s’ouvrait plus, elle avait perdu de vue sa promesse open source.

Par ailleurs, une autre déclinaison du modèle de WikiLeaks, Brussels Leaks, a vu le jour la semaine dernière. Comme son nom l’indique, cette mouture se concentrera sur les thématiques européennes.

WikiRebels, un excellent documentaire de la chaîne suédoise SVT sur la genèse de WikiLeaks.

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Crédits photo: Flickr CC ioerror, re:publica 10

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http://owni.fr/2010/12/13/interview-daniel-domscheit-berg-presente-openleaks/feed/ 10
6 questions sur WikiLeaks, le Napster du journalisme http://owni.fr/2010/12/04/6-questions-sur-wikileaks-le-napster-du-journalisme/ http://owni.fr/2010/12/04/6-questions-sur-wikileaks-le-napster-du-journalisme/#comments Sat, 04 Dec 2010 15:18:33 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=38075 Près d’une semaine après le début de leur mise en ligne, les mémos diplomatiques révélés par WikiLeaks continuent d’agiter le landerneau politico-médiatique. Alors que les précédentes fuites orchestrées par Julian Assange étaient vite circonscrites – le bruit sourd était suivi d’un silence de mort -, cette nouvelle publication fait durer l’acouphène, et les oreilles n’ont pas fini de siffler. En choisissant d’échelonner la sortie des documents en sa possession, le site s’impose comme le Napster du journalisme, la première mouture imparfaite d’un outil voué à changer la face d’une profession, sinon deux: celle du journalisme, et celle de la diplomatie. Comme Napster, WikiLeaks a ouvert la boîte de Pandore en imposant un intermédiaire en marge du système. Comme Sean Parker, Julian Assange est un homme avec une vision. Comme lui, il a plein d’excès. Retour sur six jours de débats passionnés en six questions.

Transparence = totalitarisme, vraiment?

NON. “La transparence absolue, c’est le totalitarisme”. Nicolas Sarkozy, François Baroin, Hubert Védrine, tous ont agité la formule comme un chiffon rouge pour fustiger la nouvelle fuite coordonnée par WikiLeaks, et l’irresponsabilité qui consiste à mettre en ligne 250.000 mémos classifiés par le département d’Etat américain. A la vérité, la paternité de cet élément de langage devrait même être revendiquée par Henri Guaino. En septembre 2009, le conseiller du président de la République s’était emporté contre le web, accusé d’offrir une caisse de résonance disproportionnée à “l’affaire Hortefeux” (les arabes, les auvergnats, quelques problèmes):

La transparence, ça veut dire qu’il n’y a plus d’intimité, plus de discrétion [...]  Pour l’instant nous n’avons pas appris collectivement à nous servir de la meilleure façon des nouvelles technologies de communication. Internet ne peut être la seule zone de non-droit, de non-morale de la société, la seule zone où aucune des valeurs habituelles qui permettent de vivre ensemble ne soient acceptées. Je ne crois pas à la société de la délation généralisée, de la surveillance généralisée.

Quel rapport? Ce flash-back permet de comprendre pourquoi le débat est aujourd’hui mené à contretemps. Moins que le contenu, c’est le processus qui effraie la classe politique dans son ensemble. D’ailleurs, certains ne se sont-ils pas enflammés contre WikiLeaks, tout en précisant que le public n’apprenait rien de nouveau dans ces révélations? A tous ceux qui croiraient encore à la soi-disant “transparence absolue” de l’organisation, voici une preuve irréfutable: aujourd’hui, 4 décembre 2010, à 15h, WikiLeaks n’a pas publié 250.000 documents sur son interface dédiée (qui d’ailleurs, est inaccessible). Il y en a un peu plus de 597, comme l’atteste la capture d’écran ci-dessous, réalisée vendredi (MàJ de 15h50: selon certaines informations, il y aurait désormais 842 mémos disponibles).

Tous ces télégrammes ont été publiés après que les cinq rédactions partenaires (le Guardian, le New York Times, Der Spiegel, Le Monde et El Pais) les aient parcourus, étudiés, contextualisés, vérifiés. Comme l’écrit Sylvie Kauffmann, la directrice de la rédaction du Monde, après qu’ils en aient “soigneusement édité” le contenu. Et comme l’a confirmé Julian Assange dans un chat avec les internautes du Guardian vendredi, ce sont les rédactions qui choisissent les informations qu’elles publient. En d’autres termes, elles choisissent également celles qu’elles ne publient pas.

Fallait-il publier ces documents?

OUI. Plutôt que de s’interroger sur le bien-fondé de l’action de WikiLeaks, il faudrait reformuler la question en ces termes: le site de Julian Assange aurait-il publié les documents sans l’assentiment des rédactions partenaires? Aurait-il massivement mis en ligne 250.000 mémos si les médias avaient refusé d’entrer dans la danse? C’est loin d’être sûr. On peut moquer l’arrogance et la mégalomanie d’Assange, mais cette fois-ci, difficile de pointer du doigt son irresponsabilité.

Mais il y a une seconde question. Est-ce aux gouvernements de protéger les secrets, ou est-ce le rôle des journalistes? Max Frankel, vétéran de la profession, lauréat du Prix Pulitzer, y répond parfaitement, en rappelant le rôle dévolu à chacun:

C’est aux gouvernements, pas à la presse, de garder les secrets tant qu’ils le peuvent, et de s’ajuster vis-à-vis de la réalité quand ceux-ci sont découverts. C’est le devoir de la presse de publier ce qu’elle apprend, et de trouver l’information où elle le peut quand on lui refuse d’y accéder.

Nous sommes là dans une zone grise. Certains considèrent que ces documents ont été volés, ce qui voudrait dire que Le Monde, mais aussi OWNI, sont coupables de recel. La situation est bien plus complexe que cela, comme en atteste la difficulté pour l’armada de juristes dépêchée par l’administration américaine à fermer WikiLeaks. Comme le résume un excellent article de The Economist, “WikiLeaks est une innovation légale, pas une innovation technique”. Je serais presque tenté d’aller plus loin: et si Julian Assange était une forme aboutie de néo-luddisme, qui privilégie la construction au bris des machines? L’utilisation du chiffrement ou le recours systématique à la technologie ne sont pas l’essence de WikiLeaks. Si tel était le cas, “le site aurait ouvert ses portes il y a dix ans”. Ce qui fait le sel de l’organisation, c’est sa volatilité, née des pare-feux légaux qu’elle a mis en place, en installant des serveurs aux quatre coins du monde par exemple.

Ces documents sont-ils utiles?

OUI. En un sens, et je l’ai déjà écrit quelques heures avant la fuite, cette nouvelle fuite ressemble à la révélation d’un “off” géant. Si les précédentes publications concernaient des rapports militaires, écrits par des appelés du contingent, les télégrammes sont inédits parce qu’ils proviennent de l’”élite”, la classe diplomatique. Non seulement WikiLeaks rompt le off, mais le site le fait dans des proportions impressionnantes. La valeur absolue impressionne autant, si ce n’est plus, que le contenu.

Dans ce nouvel écosystème des médias (où les cinq rédactions partenaires jouent le rôle de médiateur ou de tampon), Assange a très bien compris le rôle que pouvait jouer son site: celui d’un réceptacle pour tous les informateurs du monde échaudés par le manque de légitimité de la presse traditionnelle. En les regardant de près, on remarque que la plupart des articles publiés dans la presse, rédigés par des spécialistes de chaque dossier – qu’il s’agisse du nucléaire iranien ou des rouages de l’ONU – sont articulés de la sorte: “ces informations corroborent ce que l’on savait déjà”. En creux, “mais que l’on avait pas forcément publié”.

De l’avis de ses détracteurs, WikiLeaks offrirait les coulisses du monde vues à travers une meurtrière. C’est faux, précisément parce que ce grand déballage pousse, et même force, les rédactions à mettre tous les éléments de contexte sur la table. C’est la “réhabilitation du journalisme d’expertise”, comme l’écrit Patrice Flichy dans Le Monde.

Il y a même une question corollaire, structurelle: ces documents vont-ils changer quelque chose? Dans les couloirs d’une grande chaîne de télévision, Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’IFRI et professeur à Harvard, me confiait que cette fuite marquerait peut-être “le retour de la valise diplomatique, ainsi que la fin des ambassadeurs hôteliers”. Et il s’en réjouissait.

Le processus est-il réversible?

NON. N’en déplaise aux plus sceptiques, cette fuite n’est pas un épiphénomène. Depuis quelques heures, le vocable “guerre de l’information” fait son grand retour, alors même qu’il avait disparu des radars. Pourtant, chez les futurologues de la trempe de Toffler comme chez les chercheurs les plus sérieux, l’infoguerre existe depuis près de quinze ans. Et WikiLeaks en est sa nouvelle caractérisation. De la même manière que les services de peer-to-peer ont changé la face de l’industrie de la musique en introduisant le téléchargement illégal, le site bouleverse la chaîne alimentaire des médias en y injectant sa culture pirate.

Sans souscrire les yeux fermés au discours de WikiLeaks, il faut essayer de porter le regard plus loin : peut-être s’agit-il d’une évolution structurelle du journalisme d’investigation, en même temps qu’un nouveau stade de la société de l’information chère à Castells. En leur temps, les révélations de Woodward et Bernstein sur le Watergate, comme les “Papiers du Pentagone” de Daniel Ellsberg (qui révélaient les mensonges des administrations Kennedy et Johnson au Vietnam) n’ont pas été accueillis favorablement. Le second fut même jugé pour cela. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se demandent si WikiLeaks peut vivre au-delà de Julian Assange. Il l’a suffisamment répété, son organisation est “un concept”.

Pourrait-il arriver la même chose en France?

PEUT-ETRE. On pourrait l’imaginer, bien sûr, même si un obstacle majeur se dresserait sur la route: le secret défense est beaucoup plus verrouillé en France qu’aux États-Unis. Avec l’affaire de Karachi, le gouvernement a répété sa volonté de faciliter le processus de déclassification des documents, en rappelant aux magistrats qu’ils étaient tout à fait libres d’envoyer leurs requêtes à la Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN), l’organisme indépendant chargé de statuer sur le sujet. Mais, en 2009, le Parlement a voté la classification de 19 lieux dans sa loi de programmation militaire. Seul le Premier ministre peut donner son accord pour qu’un juge d’instruction y accède. Par conséquent, force est de constater que la perméabilité du système est moindre.

Par ailleurs, on accuse souvent Julian Assange de s’en prendre exclusivement à l’administration américaine, certains observateurs n’hésitant plus à parler de “manipulation”. Pourtant, la systématisation des attaques contre les Etats-Unis est à chercher du côté d’un particularisme: l’administration américaine dispose de 16 agences de renseignement, qui regroupe près de 2.000 entreprises. Selon le Washington Post, “854.000 personnes disposent d’un accès à des informations top secret” au sein de cette vaste communauté, qu’on nomme l’Intelligence Community (IC). En outre, cette technostructure a mis en place en 2006 une plateforme de partage d’informations, Intellipedia. Pas besoin d’avoir fait Polytechnique pour constater la porosité du système.

Mais avant de songer à un WikiLeaks à la française, il faudrait résoudre une vraie carence, démocratique celle-là: l’absence d’une procédure de type FOIA (pour Freedom of Information Act): un texte issu de la Constitution américaine que n’importe quel citoyen peut invoquer pour demander – et souvent, obtenir – la déclassification des documents. Des sites comme Cryptome ou Secrecy News, antérieurs à WikilLeaks, en ont même fait leur spécialité. Dans l’Hexagone, il faut encore attendre 50 ans pour accéder aux archives. Et certains documents nominatifs ne tomberont dans le domaine public que 100 ans après la mort de la personne qui y est citée.

Peut-on fermer WikiLeaks?

NON. La sortie médiatique d’Eric Besson, revenu à son poste de secrétaire d’Etat à l’économie numérique, symbolise assez bien les enjeux du débat, mais aussi ses limites. Dans une lettre, il demande au Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGIET) de “bien vouloir lui indiquer dans les meilleurs délais possibles quelles actions peuvent être entreprises afin que [WikiLeaks] ne soit plus hébergé en France”, quelques heures après avoir appris que les serveurs d’OVH étaient utilisés par l’organisation pour stocker une partie de ses données. De toutes parts, on insiste sur le fait qu’il “aura du mal à expulser” l’organisation, en se demandant s’il a vraiment “le droit de [le] faire”. Dans un communiqué, OVH annonce avoir “saisi un juge en référé” pour qu’il statue.

En attendant sa réponse, la mesure aura montré sa contre-productivité: en quelques dizaines de minutes, des dizaines de sites miroir permettaient d’accéder à WikiLeaks (selon la bonne vieille recette de l’effet Streisand), et les défenseurs du web libre pointaient les menaces de “censure politique”. Si les gouvernements veulent détruire l’idée de WikiLeaks, ils devront faire du site et de son fondateur des martyrs, une condition qui remonte aussi loin que les premiers écrits catholiques. Les voilà prévenus.

Retrouvez tous nos articles taggués WikiLeaks, notre live-blogging de la fuite ainsi que notre application dédiée à l’exploration des mémos diplomatiques

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Crédits photo: CC Geoffrey Dorne

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http://owni.fr/2010/12/04/6-questions-sur-wikileaks-le-napster-du-journalisme/feed/ 32
Statelogs: de la profondeur plus que de la transparence http://owni.fr/2010/11/28/statelogs-de-la-profondeur-plus-que-de-la-transparence/ http://owni.fr/2010/11/28/statelogs-de-la-profondeur-plus-que-de-la-transparence/#comments Sun, 28 Nov 2010 17:21:15 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=37343 Jusqu’à présent, WikiLeaks avait choisi de concentrer le tir sur la guerre. Dans ses trois dernières publications, Julian Assange, l’incarnation de l’organisation la plus volatile du monde, avait successivement mis au jour une bavure américaine en Irak (la vidéo Collateral Murder), le quotidien sanglant des forces de la coalition en Afghanistan, et les errements militaires des Etats-Unis en Irak. Sans se détourner de sa cible de prédilection – l’administration américaine – le site change cette fois-ci son fusil d’épaule: pour la première fois, il s’attaque à la diplomatie, en publiant plus de 250.000 mémos, dont la classification va de “confidentiel” à “secret” (MàJ de 18h50: selon les informations du Spiegel, 53% des documents ne seraient pas soumis à une classification particulière), et dont le pouvoir de nuisance pourrait s’avérer dévastateur (même si le conditionnel reste de mise, comme pour chaque livraison de WikiLeaks).

Une fuite exceptionnelle

Parce qu’elle implique au moins une vingtaine de pays, elle multiplie les ramifications entre les différentes parties, dévoilant les tourments géopolitiques du monde, cette nouvelle fuite est exceptionnelle à plusieurs égards. Comme le titre Der Spiegel, dont la couverture a déjà fuité sur Internet, les “Statelogs” dévoilent “comment l’Amérique voit le monde”. En substance, on y apprend que “Sarkozy est un roi nu, que “Mahmoud Ahmadinejad est le nouveau Hitler”, et qu’Angela Merkel s’est vue surnommée d’un “Teflon”, déclinaison moderne de la “Dame de fer”.

Les esprits chagrins rétorqueront que ces bruits de couloir étaient déjà connus. Ils n’ont pas complètement tort. Mais ces bribes d’information ne représentent qu’une portion congrue de la salve. A ce titre, nous publierons les mémos au compte-goutte sur notre application, afin de pouvoir les étudier et les qualifier au fur et à mesure, avec l’aide de nos collaborateurs (Lesoir.be et Slate.fr) et de tout un chacun.

Sas de décompression

Pour la doxa, la diplomatie, c’est la résolution des problèmes par le dialogue – parfois difficile – et la quête du consensus. C’est le domaine des cols blancs, où la violence ne se manifeste que dans des échanges au cordeau. C’est un métier, et ceux qui le pratiquent savent qu’ils ne doivent pas être gênés aux entournures quand le verbe est un peu trop haut ou que l’attaque ad hominem pointe le bout de son nez.

Contrairement aux appelés du contingent envoyés dans les faubourgs de Bagdad ou de Kandahar, les diplomates sont des professionnels formés à un environnement complexe, et leurs observations sont une composante de la politique menée par les Etats, pas un dommage collatéral. A cela, il faut ajouter un autre fait: si les rapports de situation de l’état-major américain en Irak ou en Afghanistan étaient des notes prises au ras du sol, les Statelogs sont autant d’instantatanés de ce qui se trame en haut lieu. A un éclairage en contre-plongée, Assange a cette fois-ci préféré une porte d’entrée par le haut, au sommet, telle la révélation massive et systématisée d’un off géant.

Par définition, la diplomatie est la trappe d’évacuation de la politique internationale, celle par laquelle les gouvernements expulsent des gaz parfois inodores mais à la structure chimique instable. Elle est tout autant la marge des discours officiels que leur premier piston. Surtout, un mémo diplomatique n’a pas vocation à faire autorité. Déjà, certains s’offusquent de ces révélations, citant Les Mains Sales de Sartre pour rappeler qu’on ne peut “gouverner innocemment”. Personne ne remet en question le caractère cru des échanges diplomatiques, une chasse d’eau qu’il faut pouvoir actionner pour maintenir l’équilibre du monde. Est-ce une raison pour ne pas exposer leur fonctionnement ou questionner leur teneur? Si on n’ouvre pas épisodiquement un sas de décompression, il y a fort à parier que celui-ci finisse pas s’encrasser, et que son air devienne vicié.

Le monde était-il meilleur avant?

Avant même leur mise en ligne, les mémos ont déclenché l’ire d’un bon nombre d’internautes, y compris parmi les soutiens les plus indéfectibles de WikiLeaks, qui semblent se demander: “Le monde ne sera-t-il pas plus dangereux demain?” En 140 signes, parfois un peu plus, certains ont exprimé leur crainte, celle de voir un monde trop transparent, plein de ressentiment, où les tensions entre les Etats seraient exacerbées (“Je sais très bien ce que tu penses de moi, je l’ai lu sur WikiLeaks”). On pourra leur opposer une question à la tournure sensiblement différente: le monde était-il meilleur avant?

Après avoir souligné par deux fois la menace que faisait peser WikiLeaks sur les informateurs afghans et irakiens, l’administration américaine a ressorti ses éléments de langage en accusant Julian Assange de “menacer les vies d’innombrables personnes”. A la vérité, cette nouvelle fuite pourrait effectivement déboucher sur des représailles – à tout hasard – diplomatiques: exfiltration d’ambassadeurs, expulsion de fonctionnaires étrangers, etc.

Plus qu’un travail de transparence, les Statelogs offrent la matière à un formidable travail de profondeur, que nous mènerons tous ensemble dans les prochaines semaines. Indépendamment du degré de granularité (et le ton cru) qu’ils offrent, les mémos nous permettront de travailler sur des temps longs. Et maintenant, explorons.

Retrouvez notre live des Statelogs en français et en anglais

Notre couverture de la dernière semaine de WikiLeaks

Notre couverture des Warlogs afghans (application, liveblogging)

Notre couverture des Warlogs irakiens (application, liveblogging)

Retrouvez tous nos articles étiquettés WikiLeaks en cliquant ici

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Crédits photo:  CC WikiLeaks

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http://owni.fr/2010/11/28/statelogs-de-la-profondeur-plus-que-de-la-transparence/feed/ 21
Statelogs: Un nouveau monde? http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/ http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/#comments Sat, 27 Nov 2010 15:35:11 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=37054 Lors de la publication des Warlogs irakiens, WikiLeaks nous avait directement contacté pour fournir l’application qui permettait de naviguer à travers les rapports de situation écrits par l’armée américaine. Cette fois-ci, à quelques heures d’une fuite de mémos diplomatiques qui pourrait être la plus importante de l’organisation, nous sommes dans une situation qui ne nous rend pas dépendants d’une clause de confidentialité. Les mains libres, nous sommes accompagnés par Slate.fr et Lesoir.be, partenaires de l’application que nous avons développée, et qui sera en ligne dès dimanche. A partir de lundi, ils mobiliseront leurs équipes pour nous aider à disséquer les documents les plus intéressants.

Les équipes d’OWNI ont convenu d’appeler cette opération #Statelogs.

Voici notre récit, notre travail journalistique, augmenté du travail des développeurs et de nos partenaires.

Check our english version of this article

‬‬‬

> Nous vous recommandons d’utiliser l’application en plein écran. Par ailleurs, nous continuons à intégrer la base de données.<

Nous clôturons le live-blogging. Nous poursuivons notre veille sur OWNIlive dans les jours qui viennent (sur le tag “WikiLeaks”).

Désormais, voici les points sur lesquels nous allons travailler:

  • Optimiser et mettre à jour l’application (géolocalisation, timeline, intégration en temps réel des nouveaux documents)
  • Analyser les documents déjà publiés et étudier les conséquences de cette fuite
  • Concevoir et mettre en place un dispositif adéquat pour anticiper les prochaines révélations

[15h] 100% des documents rendus publics sont intégrés à l’application StateLogs

A cette heure, 244 télégrammes diplomatiques ont été rendus publics, que ce soit par Wikileaks directement ou les médias partenaires. La totalité de ces mémos est dorénavant consultable, qualifiable et étiquetée dans l’application statelogs.owni.fr.

Cela représente 0,1% des plus de 251.000 documents annoncés. Tous seront au fil des heures (et des semaines!) intégrés à l’application développée en partenariat avec Slate.fr et Lesoir.be. Nos journalistes, les leurs, l’ensemble des journalistes souhaitant travailler sur ces documents mais aussi tous les citoyens qui souhaiteraient étudier ces documents enrichis peuvent dorénavant le faire.

Voici le nuage de tags généré par Opencalais avec l’ensemble des “leaks” diplomatiques de ce “cablegate”:

[14h30] Wikileaks évoque une nouvelle attaque DDOS

Sur Twitter, l’organisation fait état d’une attaque DDOS “excédant 10 Gigabits par seconde” qui viserait désormais son site, actuellement inaccessible.

L’ampleur de l’attaque dépasse celle lancée dimanche dernier, qui aurait généré entre 2 et 4 Giga bits par seconde (Gbps) selon Wired. (voir “11h05: Une faible attaque DDoS contre Wikileaks ?”)

12h00: La France aurait accueilli des détenus de Guantanamo pour réchauffer ses relations avec Washington

Pour bien entamer les relations avec le nouveau président américain Barack Obama, la France aurait, selon des documents analysés par Le Monde, accepté d’accueillir deux détenus libérés de la prison de Guantanamo : les Algériens Lakhmar Boumediene, en mai 2009, et Saber Lahmar, en décembre 2009.

Jean-David Levitte, conseiller aux Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, semble avoir été ouvert à d’autres transferts d’ex-prisonniers, considérant l’accueil de Boumediene comme « le début d’un processus » de rapprochement avec Washington, même s’il aurait exprimé des réserves sur le manque d’informations sur les candidats à l’extradition.

La crainte de voir l’affaire s’ébruiter en public, ainsi que le “remboursement minimum” accordé à l’Hexagone en échange du transfert des prisonniers, semblent aussi avoir quelque peu modéré les bonnes dispositions des dirigeants français à l’égard des États-Unis, indique Le Monde.

11h30: Chavez appelle à la démission d’Hillary Clinton

Pour le chef d’Etat vénézuélien, les Etats-Unis ont été “démasqués” et “mis à nus” par la révélation des documents diplomatiques, et ils doivent en tirer les conséquences. Saluant le “courage” de Wikileaks, Hugo Chavez appelle la secrétaire d’Etat américaine à “démissionner” ; “c’est la moindre des choses”, a-t-il affirmé dans un discours.

11h05: Une faible attaque DDoS contre Wikileaks ?

Selon Wired, l’attaque Distributed denial-of-service (DDoS) qui a eu lieu contre le site de Wikileaks dimanche dernier était assez faible. Citant Arbor Networks, Wired explique que l’attaque a généré entre 2 et 4 Giga bits par seconde (Gbps) de traffic sur le réseau alors que les attaques DDoS sérieuses consomment entre 60 et 100 Gbps.

Si cette attaque était faible, c’est peut être parce qu’elle ne provenait que d’une seule personne. PC Mag affirme que cette attaque provient directement d’un ancien militaire américain “th3j35t3r” (the jester). Mikko Hypponen, directeur de la recherche chez F-Secure explique à PC Mag que “tout le monde pensait que c’était une attaque DDoS à grande échelle mais the Jester contredit cette version. L’attaque vient d’une seule source.”

The Jester aurait annoncé son attaque par un tweet :

TANGO DOWN – pour avoir mis en danger nos troupes, “d’autres collaborateurs” et les relations internationales

00h05: La prochaine cible de WikiLeaks serait le secteur privé

Andy Greenberg, journaliste pour Forbes, publie une interview exclusive de Julian Assange réalisée le 11 novembre à Londres. On y apprend notamment que la moitié des documents actuellement en possession de WikiLeaks concernerait le secteur privé. On y trouverait notamment les échanges entre dirigeants d’une des principales banques américaines. Ces derniers “donneront une idée de comment les banques se comportent au plus haut niveau hiérarchique”, et permettront selon le fondateur de Wikileaks de conduire à des réformes en profondeur.

Dans cette interview où les questions sont souvent plus longues que les réponses, Assange affirme que son organisation dispose d’une masse de documents trop importante pour être diffusée d’un bloc. Le choix a donc été fait de publier en premier lieu les documents “ayant le plus gros impact”, ce qui expliquerait en partie la focalisation sur l’armée américaine. Pourtant, les documents concernant le secteur privé “pourraient faire tomber une banque ou deux…”, et leur publication serait programmée pour le début de l’année prochaine.

WikiLeaks serait également en possession de documents concernant BP (mais Assange dit vouloir vérifier leur intérêt), et la Russie (pour laquelle Assange évoque les pressions du FSB, ex-KGB).

[19h15] Un jour historique ? Pour le quotidien italien La Repubblica, “le 28 novembre 2010 restera comme le jour où tout ou presque s’est déplacé, dévidé et s’est répandu sur Internet, ou au moins à partir d’Internet.” Courrier International publie la traduction de cet article dans lequel le journal italien affirme:

c’est le jour où l’information est devenue l’apanage d’Internet [...] Mais c’est aussi le jour où l’information professionnelle s’est retrouvée face à un énorme défi, avec la possibilité d’en sortir vainqueur.

[17h15] Sarah Palin se fait remarquer. Jamais avare d’un bon mot à destination des médias, Sarah Palin s’est encore distinguée en évoquant WikiLeaks, comme le fait remarquer le site de l’hebdomadaire américian Mother Jones. Dans un tweet adressé à sa communauté, la pasionaria républicaine s’offusque de l’impuissance de l’administration par une analogie de haut vol:

Inexplicable: J’ai récemment gagné un procès concernant la fuite de mon livre “America By Heart”, mais le gouvernement américain est incapable de stopper l’acte de trahison de WikiLeaks?

15h45: Le New York Times sevré de documents?

Dans une note à ses lecteurs, le New York Times explique les raisons pour lesquelles il a choisi de publier les mémos diplomatiques mis au jour par WikiLeaks. Plus surprenant, le quotidien insiste sur le fait que les documents ont été fournis “par une source qui souhaite conserver l’anonymat”.

Selon le site journalism.co.uk Le New York Times n’aurait en réalité pas obtenu la copie des mémos directement de WikiLeaks. David Leigh, journaliste au Guardian, a ainsi déclaré au Yahoo News blog the Cutline que c’était son journal qui avait fourni au Times tous les mémos. Journalism.co.uk laisse entendre dans son article que le traitement parfois critique de WikiLeaks par le New York Times pourrait être à l’origine de ce sevrage.

15h30: 7.500 mémos sur les médias?

D’après Journalism.co.uk, 7.500 Statelogs pourraient concerner les relations avec la presse, classifiés sous l’étiquette “PR and Correspondence”, soit “relations publiques et correspondance avec la presse”. Une bonne partie d’entre eux proviendraient de l’ambassade des Etats-Unis en Turquie. Pour le moment, seuls deux documents provenant de cette catégorie ont été publiés.

15h: France Diplo réagit

Devenu célèbre après son piratage au mois de septembre, le compte Twitter du Quai d’Orsay exprime sa désapprobation après la publication des Statelogs:

14h30: “Y a-t-il un flic pour stopper WikiLeaks?”

Sur le blog Telex du Monde, le dessinateur tOad fait intervenir feu Leslie Nielsen pour évoquer WikiLeaks

13h40: 3 ans pour tout publier?

WikiLeaks annonce sur son site dédié au Cablegate que les mémos seront publiés pendant les prochains mois:

The embassy cables will be released in stages over the next few months. The subject matter of these cables is of such importance, and the geographical spread so broad, that to do otherwise would not do this material justice.

Selon le calcul du Soir:

Vu la masse de documents annoncés, à raison de 230 documents par jour, il faudrait 1092 jours, soit 3 ans pour publier l’ensemble des logs…

[13h10] Changement de philosophie ? Numerama voit un changement de philosophie de Wikileaks dans la gestion au compte-goutte des Statelogs et dénonce le fait que Wikileaks n’ai pas mis tous les documents à disposition des internautes. “Le principe-même de Wikileaks, depuis son lancement, a toujours été de diffuser les informations en brut, telles qu’il les recevait. [...] Dimanche, avec les fameux câbles diplomatiques, Wikileaks a été beaucoup plus loin dans la trahison de sa promesse initiale.”

12h45: Une entreprise française citée dans un document

En parcourant la première salve de Statelogs mise en ligne par WikiLeaks, on peut retrouver la mention d’une entreprise française impliquée dans des échanges commerciaux à trois bandes avec la Chine et l’Iran. En septembre 2009, le Secrétariat d’état américain a ainsi envoyé un mémo à l’ambassade de France lui demandant d’enquêter sur la vente de détecteurs infrarouges par la société Sofradir à l’entreprise chinoise Zhejiang Dali Technology Company Ltd. En effet, le mémo explique que cette entreprise revend ses systèmes d’imagerie thermique à la défense iranienne. Les autorités américaines demandent à la France de bloquer la vente de ces détecteurs pour que la Chine ne puissent “créer ces systèmes d’armement et les vendre à l’Iran, un état encourageant le terrorisme”.

[12h] Bientôt une alternative à WikiLeaks? Guillaume Grallet, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies au Point, confirme qu’un nouveau site ressemblant de très près à WikiLeaks serait sur le point de voir le jour. Aux commandes de ce nouvel outil qui sera lancé “mi-décembre”, on retrouve Daniel Domscheit-Berg qui, sous le nom de Daniel Schmitt, représentait publiquement WikiLeaks avant d’être exclu par Assange début octobre.

11h30: Daniel Ellsberg dissèque la notion de secret

Longuement interrogé sur la webradio d’Antiwar.com, Daniel Ellsberg, l’homme des Pentagon Papers, débat longuement de la notion morale qui règne autour du secret, en insistant sur le fait que “les lois ne condamnent pas” de telles fuites et que “l’impératif moral doit être une priorité”. Dans la deuxième moitié de l’entretien, il revient également sur la notion de secret.

10h30: Le point sur les Statelogs disponibles

A ce jour, voici le nombre de mémos mis en ligne sur le site de WikiLeaks et ceux des différents médias partenaires:

Dans le même temps, nos confrères du Soir prévoient un chat à 11h en compagnie de leur grand reporter Alain Lallemand, sur la question: “WikiLeaks, un pétard mouillé?”

[9h30] “Comment les Etats-Unis ont empêché Israël d’attaquer l’Iran”. Jacques Benillouche, correspondant en Israël de Slate.fr, livre sur le site sa première analyse des Statelogs. En précisant que cette fuite risque “de perturber les relations israélo-américaines”, il décrypte les rapports complexes au Proche-Orient et en Asie Centrale:

Israël est mis au pied du mur devant le danger nucléaire iranien et pour l’éloigner, il est prêt à prendre le risque de mettre en danger sa population. Il craint moins les attaques d’un Iran lointain que celles du Hezbollah aux ordres de l’Iran. La décision particulièrement difficile et dont les conséquences sont incalculables est aujourd’hui entre les seules mains de Benjamin Netanyahou.

[9h] La Chine ferme les vannes. Selon le site Thenextweb, qui cite la correspondante d’Al-Jazeera en Chine, Pékin aurait fourni une recommandation simple et sans équivoque à l’ensemble des médias: les autorités leur demandent “de ne pas travailler sur les fuites de WikiLeaks”.

8h30: L’Australie veut une riposte judiciaire

Le pays d’origine de Julian Assange est déterminé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks en justice si le faisceau de preuves s’avère suffisant ou si des éléments permettent de confirmer que celui-ci à transgressé la loi. Dans une allocution devant la presse, le procureur général Robert McClelland offre une main tendue à Washington:

Les Etats-Unis sont les premiers concernés, mais les agences australiennes les épauleront. Je vais demander à la police fédérale australienne de vérifier si nos lois ont été transgressées. Il s’agit d’un sujet sérieux, et nous avons formé une taskforce intergouvernementale pour l’étudier, bien au-delà du seul cadre de la Défense.

Interrogé par plusieurs journalistes sur le sujet, le procureur a refusé de préciser si le passeport d’Assange allait lui être retiré, préférant attendre de connaître “la position des agences”.

Lundi, 8h: Le Monde s’explique

Interviewée par Audrey Pulvar sur France Inter, Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du Monde, s’explique sur les motivations du quotidien et fournit les premiers éléments sur leur processus de publication, en expliquant que “les premiers documents concerneront l’Iran”. Par ailleurs, la journaliste rappelle que sa rédaction a pris “toutes les précautions nécessaires” et que “ces mémos ne menacent pas la sécurité des Etats”. Enfin, Sylvie Kauffmann précise que Le Monde “n’a pas vérifié l’authenticité des documents”, en insistant sur le fait que ceux-ci “n’ont pas été démentis par l’administration américaine”.

[0h45] Premiers éléments à télécharger. Sur le site Tableau Software, WikiLeaks propose de télécharger en .csv – exploitable sous Excel – les thèmes couverts par les Statelogs. Ainsi, à chaque sujet (terrorisme, politique extérieure) correspond un nombre de mémos attenant.

23h59: Notre application devient fonctionnelle

Nos développeurs continuent d’intégrer les premiers Statelogs dans notre application. C’est un travail de très long cours qui commence aujourd’hui. Pour le moment, 27 mémos sont déjà disponibles, prêts à être qualifiés et notés.

23h10: Quid de l’open-data?

Dans un tweet cryptique, WikiLeaks annonce plus d’informations concernant un nouvel embargo pour la journée de lundi:

Demain, nous fournirons des informations aux médias qui souhaitent souscrire à notre embargo sur l’accès aux cablegates.

Faut-il s’attendre à ce que WikiLeaks monnaye avec chaque organe de presse des mémos susceptibles de l’intéresser?

22h23: WikiLeaks commence à publier les mémos

Sur cablegate.wikileaks.org, l’organisation commence à publier une partie des Statelogs et annonce qu’ils seront mis en ligne au fil de la semaine. Quelques chiffres saillants émergent déjà:

  • 15.365 mémos concernent l’Irak
  • La Turquie est le premier pays émetteur avec 7.918 documents
  • Le Département d’Etat américain a émis 8.017 télégrammes
  • 145.451 Statelogs concernent la politique extérieure

[22h20] La “pieuvre” iranienne. Un grand nombre de documents divulgués font état de la méfiance des dirigeants arabes face au pouvoir iranien. Les cinq journaux contactés par Wikileaks font état de la crainte suscitée par le régime des mollahs, que les diplomates jordaniens comparent à une “pieuvre étendant ses tentacules” qui doivent être “coupés”, rapporte un télégramme en date d’avril 2009 que reprend Le Monde. Les velléités nucléaires du pays inquiètent en particulier la région du Golfe, qui doute de la capacité des États-Unis à trouver un terrain d’entente en la matière avec le pouvoir iranien.

[22h15] La Corée du Nord en question. Les mémos publiés rendent compte d’une discussion entre autorités sud-coréennes et américaines sur l’éventualité de l’effondrement du régime nord-coréen et la réunification des deux Corées qui s’en suivrait. Les échanges entre diplomates évoquent des accords commerciaux arrangeants avec la Chine afin d’“apaiser l’inquiétude” suscitée par cette réunification.

22h10: “C’est aux gouvernements de protéger les secrets, pas aux journalistes”

Dans une tribune pour le Guardian, l’éditorialiste britannique Simon Jenkins défend la démarche de publication des médias, en expliquant que “c’est aux gouvernements de protéger leurs secrets, pas aux journalistes”. De la même façon, il réfute l’idée selon laquelle la mise en ligne des Statelogs serait dangereuse, en soutenant que “la vulgarité de Nicolas Sarkozy ne fera aucun mal“.

Retrouvez notre article “Statelogs, de la profondeur plus que de la transparence”, qui explique les raisons pour lesquelles OWNI publie les mémos.

21h45: La diplomatie du chantage

Selon le New York Times, certains mémos révèlent que les autorités américaines, afin de vider les geôles de Guantanamo, ont savamment fait jouer leurs atouts. Aux autorités slovènes, ils promettent une entrevue avec le président Barack Obama… contre la prise en charge d’un détenu retenu sur l’île cubaine. Aux représentants des îles Kiribati, ils leur suggèrent de prendre en charge quelques prisonniers… moyennant une poignée de dollars.

21h: Le Département d’Etat américain a-t-il fourni des éléments de langage?

Charles Rivkin, l’ambassadeur des Etats-Unis en France, défend son rôle de diplomate dans une tribune du Monde, intitulée La diplomatie et la confidentialité, et s’inquiète de la publication de mémos conçus pour rester confidentiels. Sa prose ressemble étrangement à celle de… l’ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, et quelques passages à la limite du copier-coller semblent attester l’existence d’éléments de langage fournis par l’administration américaine (ci-dessous, une comparaison des deux textes, celui de l’ambassadeur en France puis celui de l’ambassadeur en Haïti):

Bien sûr, même les alliances les plus solides connaissent des hauts et des bas.

Certes, même des relations solides peuvent connaître des hauts et des bas.

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Si un militant engagé dans la lutte contre la corruption fait état d’informations concernant des malversations de la part de personnes haut placées, ou si un travailleur social apporte des preuves de violences sexuelles, le fait de révéler l’identité des coupables peut avoir de sérieuses conséquences.

Si un militant anti-corruption communique des informations sur telle inconduite officielle, ou si un agent social livre des preuves de violence sexuelle, la révélation de l’identité de cette personne pourrait avoir de graves conséquences, allant jusqu’à l’emprisonnement, la torture et même la mort.

__

Les animateurs du site Internet WikiLeaks prétendent posséder quelque 250 000 documents secrets, dont une grande partie a été communiquée aux médias.

Les propriétaires du site Web Wikileaks affirment posséder quelque 250.000 documents classés, dont un grand nombre ont été distribués aux médias.

20h45: Espionnage généralisé

D’après certains rapports consultés par Le Monde, l’Intelligence Community américaine, qui regroupe toutes les agences de renseignement, aurait directement incité les diplomates à compiler des informations confidentielles sur des représentants d’autres pays, y compris alliés:

Les diplomates américains à l’ONU doivent transmettre “toute information biographique et biométrique” sur leurs collègues des pays du Conseil de sécurité, y compris les alliés britanniques et français, et sur les dirigeants de nombreux pays.

La frontière entre espions et diplomates se fait de plus en plus floue, si on en croit de nombreux mémos analysés par le New York Times. Les diplomates doivent en effet procéder à la collecte d’informations de plus en plus pointues, tâche habituellement dévolue aux agents de la CIA : collecte de numéros de téléphone, d’emplois du temps, d’adresses mail… Un télégramme, signé de la main d’Hillary Clinton, fait des données biométriques des représentants nord-coréens à l’ONU une des priorités des diplomates américains.

Des données plus larges ont été également demandées à certains diplomates, comme le taux de contagion du VIH au Congo ou la présence de terroristes d’Al Qaeda du Hamas et du Hezbollah à la frontière du Paraguay, du Brésil et de l’Argentine.

Ce qui n’est pas sans poser problème. Le New York Times rapporte les inquiétudes de certains diplomates en poste ou retraités qui expliquent que cela risque de fragiliser leur position, de les exposer aux soupçons et leur ferait même dans certains cas risquer une expulsion. D’autant plus que les diplomates ne sont pas formés à ce type de pratiques, rappelle un ancien ambassadeur US.

20h30: Quelques exemples de visualisation

Le Guardian propose une carte interactive qui permet de naviguer à travers les mémos en fonction de leur lieu d’origine et du type de document:

De son côté, El Pais a opté pour une carte plus classique, avec des figurés ponctuels et des cercles proportionnels se basant sur le nombre de télégrammes par pays.

Grâce à l’outil de visualisation Tableau Software, WikiLeaks a classé les pays concernés par leur mémo en fonction du nombre de documents les concernant.

20h10: Des révélations sur l’incident entre Google et la Chine

Dans son édition spéciale, le New York Times évoque les coulisses de l’incident entre Google et la Chine, au mois de janvier. D’après le quotidien américain, le Politburo chinois se serait directement introduit sur les réseaux de l’entreprise américaine, comme en atteste le témoignage d’un informateur chinois auprès de l’ambassade américaine en Chine. Toujours selon le New York Times, ces manoeuvres de piratage seraient diligentées par Pékin depuis 2002, visant les entreprises étrangères ou les soutiens au dalaï-lama.

19h45: 3.775 mémos concernant la France

Le Spiegel a mis au point une carte interactive mettant en scène les mémos sur le points d’être publiés. On y apprend que 3775 mémos diplomatiques concernent directement la France. En outre, 22 mémos ont pour sujet le Parlement européen à Strasbourg, 93 sont consacrés à l’UNESCO dont le siège est à Paris et 5 ont pour objet Marseille.

19h28: La mise en ligne des leaks est engagée

Le New York Times, le Guardian, El Pais, le Spiegel et Le Monde ont tous mis en ligne leur couverture des mémos.

Le Monde confirme par ailleurs travailler sur les mémos concernant la France.

Nous travaillons actuellement à la mise en ligne opérationnelle de notre application et intégrerons les leaks au fur et à mesure de la soirée.

19h24: Pour Jean-Dominique Merchet, “Ces divulgations ne changeront pas la face du monde”

Le journaliste, directeur adjoint de la rédaction de Marianne et spécialiste des questions de défense, a expliqué à OWNI que la nouvelle fournée à venir ne créera pas de séisme diplomatique. “Dans les cas de l’Afghanistan et de l’Irak, les révélations n’ont pas changé la vision des choses sur le fond”. En revanche, les Etats-Unis ne sortiront pas indemne d’une telle opération:

“Les diplomates du monde entier vont être réticents à partager des informations avec le pays, redoutant de les voir sur Internet dans les six mois qui suivent. Une chose est sûre: Wikileaks affaiblit les Etats-Unis politiquement.”

19h06: L’Iran et les banques turques seraient au coeur des mémos diplomatiques

Selon des hauts-fonctionnaires britanniques cités par le Telegraph, les informations qui vont être divulguées par WikiLeaks pourraient mettre en danger les efforts entrepris pour mettre un terme au programme nucléaire iranien. Les services britanniques se seraient en effet infiltrés au sein d’une plaque tournante au Qatar qui fournirait en matériel le programme nucléaire de Téhéran. La publication de cette information pourrait sérieusement compromettre cet effort, selon le Telegraph.

D’autres informations contenues dans les mémos révéleraient le rôle des banques turques dans le financement du terrorisme par Téhéran et la rétribution d’experts nord-coréens chargés de la construction d’infrastructures nucléaires en Iran.

Enfin, toujours selon le Telegraph, les informations contenues dans les mémos mettraient en évidence le rôle joué par les services de l’ambassade britannique à Téhéran dans les évènements survenus après les élections, et notamment leurs efforts pour “évincer” Ahmadinejad.

17h36: Le site de Wikileaks pris d’assaut

Selon son compte Twitter, le site de Wikileaks subirait actuellement une attaque de déni de service. Difficile de savoir d’où provient cette attaque, et surtout si cela va affecter les révélations prévues pour ce soir. Selon  le compte twitter de Wikileaks les rédactions d’El País, du Spiegel, du Guardian et du New-york Times publieront les documents ce soir quoiqu’il arrive. Ce message confirme nos informations.

17h00: Position flottante du Quai d’Orsay

Joint par téléphone, le ministère des Affaires Etrangères a affirmé “ne pas avoir de position” officielle quant à la publication imminente des mémos diplomatiques. Concernant le dispositif mis en place pour gérer le contenu de cette publication, le ministère explique qu’il n’a “rien prévu pour le moment”. Le Quai d’Orsay doit nous recontacter pour davantage de précisions.

17h15 :  Le porte-parole de la présidence de la République a expliqué “ne pas avoir de commentaire à faire” sur la publication des mémos, sans préciser si une position officielle allait être établie.

16h15: Cette dernière fuite abordera “tous les grands sujets”

Dans une vidéo-conférence de presse cet après-midi Julian Assange a annoncé que les révélations des “StateLogs” traiteraient “toutes les questions majeures, des assassinats au Timor oriental aux agissements des banques privées américaines”

15h15: Der Spiegel déjà en vente à Bâle

Sur son compte Twitter, un internaute affirme que l’édition spéciale du Spiegel concernant les Statelogs serait déjà en vente dans les kiosques de Bâle. Il y révèle plusieurs éléments importants:

  • Les documents couvriraient une période qui s’étend de décembre 1966 au 28 février 2010
  • Il y aurait 50.000 mémos sur la seule année 2008, quand Barack Obama est arrivé au pouvoir
  • Les Etats-Unis en savent plus sur les secrets de la politique allemande que les politiciens allemands eux-mêmes.
  • “Barack Obama n’a pas de lien émotionnel avec l’Europe”
  • Les Etats-Unis ne s’intéressent plus à l’Europe, préférant se tourner vers la Chine

Par ailleurs, l’internaute poste deux photos, l’une représentant la couverture du magazine, et l’autre un article sur “Angela ‘Teflon’ Merkel”:

[14h25] L’Italie souhaite l’ouverture d’une enquête sur Wikileaks. Selon le quotidien espagnol ABC, qui relaie le Corriere della Sera, le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini veut que la justice italienne ouvre une enquête sur Wikileaks. Les révélations des câbles diplomatiques par WikiLeaks, que Frattini considère comme un délit, pourraient gravement endommager l’image internationale de l’Italie. Il y aurait dans ces documents des informations compromettantes sur les relations entre l’Italie et la Lybie, les États-Unis et la Russie. Silvio Berlusconi et Vladimir Poutine seraient particulièrement visés.

“Préoccupé”, le ministre appelle les membres de l’opposition à être “responsables” et à ne pas commenter ces informations au nom de “l’intérêt national”. Franco Frattini affirme également ne pas craindre “un complot”, alors que ces nouvelles révélations embarrassantes s’ajoutent à d’autres, comme le rappelle l’AFP.

13h30: La grande majorité des documents concernerait la période post-2004

Selon plusieurs sources, (dont l’article du Spiegel mis en ligne hier puis retiré), la grande majorité des documents concernerait une période qui commence en 2004. Le nombre de dépêches serait en constante augmentation au fil des années: 9 005 dépêches seraient ainsi datées des deux premiers mois de l’année 2010. Vous pouvez consulter l’article du journal allemand ici.

[13h] Le New-York Times aurait briefé la Maison Blanche. Dans un article intitulé “Wikileaks déshabille la diplomatie US”, Alain Lallemand, notre confrère du Soir.be avec qui nous collaborons sur ce dossier, analyse les enjeux de cette nouvelle fuite. Il revient aussi sur les raisons pour lesquelles “le New York Times, partenaire historique de Wikileaks, aurait briefé dès lundi dernier la Maison Blanche sur la nature des documents qui vont fuir.”

[12h15] Les Statelogs pourraient contenir des informations concernant la corruption en Asie centrale

Reuters révèle que les documents bientôt publiés pourraient contenir des informations sensibles sur des contrats frauduleux en Russie, Afghanistan, et dans les républiques d’Asie centrale. Des responsables américains auraient affirmé que ces révélations seraient “suffisamment importantes pour mettre sérieusement les gouvernements concernés dans l’embarras”.

[11h50] Des alternatives à Wikileaks existent. Il n’est plus possible de transmettre des documents à Wikileaks depuis plusieurs semaines, ce qui encourage les initiatives similaires. L’une d’entre elles est le service allemand Privacy Box, qui permet de transmettre messages et informations anonymement. Depuis quelques semaines, nous avons ouvert une adresse, à toute fins utiles:

[11h40] La publication des documents serait prévue pour 22h30

Nous l’avions évoqué hier soir à l’AFP: l’heure de diffusion “officielle” des documents pourrait être de 22h30, comme le laisse entendre le Spiegel sur sa page d’accueil en précisant que l’édition numérique du magazine sera exceptionnellement disponible à cette heure. On peut néanmoins envisager que des fuites aient lieu tout au long de la journée.

10h30: Le Département d’Etat écrit à Julian Assange

Nous ne nous engagerons pas dans des négociations concernant la publication et la dissémination d’informations classifiées sur le gouvernement américain, obtenues illégalement. Comme vous le savez, si une partie des informations que vous vous apprêtez à publier a été fournie par des fonctionnaires du gouvernement, ou tout autre intermédiaire bénéficiant d’une autorisation, ces informations auront été fournies en violation de la loi américaine et sans considération pour les conséquences d’un tel acte.

C’est ce qu’écrit Harold Koh, l’un des adjoints d’Hillary Clinton au sein du Département d’Etat, dans un courrier transmis à Julian Assange et son avocat. Selon la presse australienne, cette lettre aurait été envoyée dès mercredi, pour anticiper la manœuvre de WikiLeaks. En outre, Koh souligne le “danger” que fait courir l’organisation aux personnes mentionnées dans les mémos.

[10h15] Un nouvel éclairage sur l’attentat de Lockerbie? Par ailleurs, le tabloïd britannique croit savoir que les mémos mettent en lumière un vieil incident diplomatique entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, consécutif à l’attentat de Lockerbie, en 1988.

10h: Mandela mentionné

A en croire le Daily Mail, Nelson Mandela, l’ancien président sud-africain et héros de la réconciliation nationale, serait cité dans les Statelogs américains. Il y serait vivement critiqué, en compagnie d’autres leaders pas toujours recommandables, tels que le président du Zimbabwe Robert Mugabe, son homologue afghan Hamid Karzai, ou le despote libyen Mouammar Khadafi.

Dimanche, 9h45: Quand la Pravda joue la diplomatie

Même si elle n’est plus ce quotidien soviétique inféodé au Parti communiste pendant huit décennies, la Pravda ne se détache pas de cette image de presse d’Etat. Et pourtant, sur son site internet, dans une tribune titrée “WikiLeaks and Washington: So What?”, la rédaction russe prend non seulement la défense de l’organisation de Julian Assange, mais elle joue la carte de l’apaisement avec l’administration américaine:

Ce n’est pas le bon moment pour critiquer gratuitement Washington. A un moment où la communauté et l’économie internationales ont besoin de se rassembler, il est temps de réparer les clôtures, de bâtir des ponts, et d’accueillir la nouvelle posture du président Obama, élu massivement par les citoyens des Etats-Unis.

22h30: Une publication au compte-goutte?

Dans le Telegraph, une source britannique affirme que les Statelogs pourraient être “plus embarrassants que dangereux [...] pour le précédent gouvernement travailliste”, en précisant que les documents devraient être publiés “par lots” et “au goutte à goutte” tout au long de la semaine.

22h: On a retrouvé l’article du Spiegel

Si vous souhaitez consulter l’article sur le déroulé des opérations dépublié par le Spiegel, vous pouvez le retrouver ici.

[21h30] Le cofondateur de Wikipedia apostrophe WikiLeaks. Via Twitter, Larry Sanger, cofondateur de Wikipedia, s’en prend directement à la démarche de WikiLeaks (la suite dans un second tweet):

En ma qualité de cofondateur de Wikipedia, je vous considère comme des ennemis des Etats-Unis – pas seulement du gouvernement – mais aussi du peuple. Ce que vous nous faites subir est irresponsable et ne saurait être excusé par des prêches sur la liberté d’expression ou la transparence.

(MàJ de 10h40: Un de nos internautes apporte un éclairage intéressant sur la position de Sanger: “À propos de la réaction de Larry Sanger sur Twitter, il est bon de rappeler que cet individu, en dépit de la mise en avant de sa qualité de “co-fondateur de Wikipédia” — il oublie au passage sa qualité de fondateur de Citizendium, qu’on nous présentait un peu partout comme devant tailler des croupières à ladite Wikipédia, on a vu le flop qui en a résulté… — ne saurait en aucune façon se présenter, même implicitement, comme pouvant parler au nom de la communauté des contributeurs de Wikipédia.”)

21h15: Obama dans l’œil du cyclone?

Dans le Telegraph, Toby Harnden, le correspondant du quotidien britannique à Washington, se demande si les Statelogs ne vont pas mettre à mal l’image de “nice guy” de Barack Obama. Ainsi, le journaliste évoque “un danger pour la politique extérieure des Etats-Unis”, à travers des jugement peu amènes sur l’ex-Premier ministre britannique Gordon Brown et son successeur, David Cameron.

Cette fuite pourrait s’avérer d’autant plus compliquée à gérer pour le locataire de la Maison Blanche que sa côte de popularité est au plus bas, et que la politique extérieure est le seul atout qu’il n’a pas encore abattu:

Dans une série de discours, il a cultivé une position qui consiste à s’excuser pour les actions passées des Etats-Unis, en promettant une Amérique plus aimable, plus gentille.

20h45: La France critiquée

D’après le Daily Mail, la France pourrait bien être vexée lorsqu’elle aura pris connaissance des rapports la concernant, échangés entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. S’exprimant dans les colonnes du tabloïd, un officiel britannique souligne le consensus contre les Français:

Se plaindre des Français était presque devenu un sport.

[20h40] La Pologne prévenue. D’après Polska Agencja Prasowa, l’agence de presse polonaise, la Pologne aurait également été contactée par le Département d’Etat.

[20h30] 85% d’opinions favorables. Après avoir demandé à ses internautes si WikiLeaks devait sortir les Statelogs, le site de la télévision canadienne CBC offre les premiers résultats sur un panel suffisant en valeur absolue: au total, 84,62% des votants (soit près de 50.000 votes) se montrent favorables, contre 11,54% d’opinions négatives (6.705 voix).

[20h15] Jeff Jarvis s’interroge. Curieux, le journaliste américain se demande “à quoi ressemblerait la diplomatie si elle se déroulait dans la sphère publique”, avant d’ajouter: “Nous le saurons bientôt”.

[20h] Un journaliste du Guardian s’avance. Sur son compte Twitter, David Leigh, journaliste au Guardian, annonce l’imminence de la publication des Statelogs:

The truth about the #wikileaks cables is going to come out in the #guardian soon.

La vérité à propos des mémos de WikiLeaks sortira bientôt dans le Guardian.

19h30: SIPRNET, qu’est-ce que c’est?

Evoqué par le Spiegel, le réseau SIPRNET (pour Secret Internet Protocol Router Network) est le système qui permet aux employés du Département d’Etat et du Département de la Défense américains de communiquer entre eux des informations potentiellement sensibles. En ce sens, ce réseau interconnecté assure la confidentialité des communications jusqu’au niveau de classification “secret”. Aussi Global Security nous apprend-il que le réseau est utilisé pour transmettre des documents “SECRET NOFORN” (Secret – Not Releasable to Foreign Nationals, Secret – à ne pas divulguer à des pays tiers)

Depuis sa généralisation au milieu des années 90, SIPRNET s’est démocratisé au sein de l’administration, au point de devenir le canal standard pour l’échange de données.

[18h50] Lesoir.be lance un Storify. Sur un blog dédié, Lesoir.be propose de suivre le dévoilement des “secrets de l’Amérique”. Par l’intermédiaire d’un Storify, nos partenaires reprennent des extraits de notre live-blogging pour y ajouter des éléments de contexte.

18h15: “Discréditer les Etats-Unis”

Sur la BBC, Sir Richard Dalton, ex-ambassadeur du Royaume-Uni en Iran, explique que les Statelogs pourraient “causer des dommages considérables” aux parties concernées. Parce que le travail des diplomates consiste à rendre compte de réalités pas toujours élégantes, “cela peut vous sauter au visage”, explique-t-il. Il rappelle en outre que par le passé, la publication de rapports diplomatiques britanniques a pu “affecter les relations avec certains pays pendant des mois, voire des années”. De son côté, John Bolton, ancien ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies, affiche son inquiétude:

J’ai peur que cette manœuvre ne vise qu’à discréditer les Etats-Unis, et je crains qu’elle n’y parvienne.

[17h50] L’Inde aussi concernée. Selon The Economic Times, qui cite P.J. Crowley, le porte-parole du Département d’Etat, l’Inde aurait été contactée par les Etats-Unis.

17h45: Entre 500 et 1.000 documents sur la France

Selon nos sources, entre 500 et 1.000 mémos concerneraient directement la France. Par ailleurs, les rédactions partenaires devraient publier le fruit de leurs investigations dimanche à 22h30.

[17h30] La Chine aurait également été contactée. D’après la télévision hongkongaise RTHK, les équipes d’Hillary Clinton auraient contacté les autorités chinoises pour prévenir les effets de la fuite. La Secrétaire d’Etat se serait même entretenue personnellement au téléphone avec le ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi.

17h: Der Spiegel fournit les détails

Partenaire de WikiLeaks depuis les Warlogs afghans, le magazine allemand Der Spiegel prend l’initiative de publier les repères chiffrés des Statelogs (MàJ de 17h55: l’article a été dépublié par Der Spiegel):

  • 251.287 mémos diplomatiques seront publiés (ce qui corrobore la thèse initiale)
  • Parmi ceux-ci, 8.000 documents sont des directives du Département d’Etat américain
  • Cinq rédactions sont partenaires: New York Times, Der Spiegel, le Guardian, El Pais et Le Monde
  • 15.652 mémos sont classifiés “secret”
  • 2,5 millions de fonctionnaires américains ont accès au système SIPRnet

Voici une visualisation de la distribution géographique des mémos selon une capture d’écran du site de Der Spiegel à 17h:

Samedi, 16h30: OWNI ouvre le bal

D'ici quelques heures, en cliquant sur cette image, vous pourrez accéder à notre application

Samedi, 16h15: Les méandres de l’information classifiée

Sur son compte Twitter, Mike Allen, le correspondant de Politico à la Maison Blanche, répercute la position officielle du gouvernement américain:

Il n’y a pas un seul document top secret dans la fuite de WikiLeaks. Tous sont classifiés au niveau secret.

A deux détails près: quand les Warlogs détaillaient la guerre au ras du sol, les mémos diplomatiques s’adressent aux décideurs; et contrairement aux précédentes publications, cette nouvelle livraison concerne plus de parties, plus d’Etats, et démultiplie le danger.

Samedi, 16h: Le conditionnel disparaît

Dans plusieurs médias, les journalistes ne s’embarrassent plus du conditionnel pour évoquer les Statelogs. Sur la radio canadienne 98,5 FM, Normand Lester, spécialiste de la diplomatie américaine depuis plusieurs décennies, prédit un désastre, “la plus grande catastrophe diplomatique de l’histoire des relations internationales”. Il évoque une “chronique crue” des rapports entre les Etats, et cite cinq rédactions: le New York Times, Der Spiegel, le Guardian, mais aussi El Pais et Le Monde. A la différence des trois premiers journaux cités, les deux derniers ne seraient en possession que d’une partie des documents, qui concerneraient leur propre pays.

Vendredi, 18h: Le Royaume-Uni oppose un veto aux rédactions

S’appuyant sur un particularisme typiquement britannique, les autorités du Royaume-Uni ont décidé de lancer une DA-Notice à destination des rédactions (pour Defence Advisory Notice). Cette procédure – non coercitive, qui porte sur cinq points – incite la presse à ne pas publier certaines informations au nom de la sécurité nationale. Sur son blog, le blogueur Guido Fawkes reproduit l’email envoyé à tous les patrons de presse par le maréchal Andrew Vallance, secrétaire du Comité:

Je vous prie de me contacter avant de publier ou de retransmettre toute information provenant de la fuite coordonnée par WikiLeaks [...] En particulier, je vous demande de considérer avec prudence les informations qui pourraient relever de la DA-Notice 1 (opérations militaires britanniques, objectifs et moyens) ou de la DA-Notice 5 (services secrets et forces spéciales) [...] Je vous rappelle aussi qu’une telle publication est susceptible de mettre en danger la vie de citoyens britanniques vivant ou travaillant dans des régions hostiles, qu’il s’agisse de l’Irak, du Pakistan ou de l’Afghanistan.

Sur son blog, le journaliste de Sky News Simon Bucks, qui représente les médias dans la commission concernée, rappelle que les DA-Notices ont quasiment toujours été suivies, au moins par le biais de compromis, “dans lesquels les journalistes s’engagent à omettre certains éléments”.

Vendredi, 16h: La Turquie et la Russie impliquées?

Avant même la mise en ligne, certains médias s’avancent sur l’identité des parties concernées. Le quotidien arabe al-Hayat, basé à Londres, avance ainsi le nom de la Turquie. Cité par le Jerusalem Post, le journal avance deux informations: d’une part, l’incapacité du gouvernement turc à maîtriser les mouvements à sa frontière irakienne, la rendant poreuse au trafic d’armes à destination des groupuscules terroristes; d’autre part, il évoque le rôle de l’administration américaine dans la guérilla kurde opérée par le PKK, le mouvement armé indépendantiste, à qui Washington aurait fourni des armes depuis 1984. Dans ses colonnes, le quotidien turc Hurriyet reprend ces accusations d’“aide bilatérale au terrorisme”.

Dans un autre registre, c’est à l’est qu’il faudra peut-être guetter les réactions. D’après le site sud-africain IOL, qui cite le quotidien russe Kommersant, certains documents pourraient dépendre une réalité relativement crue des relations entre Moscou et Washington, en publiant notamment les échanges entre des diplomates américains et des hommes politiques russes.

Vendredi, 12h: Le Département d’Etat américain monte au créneau

Anticipant la publication de plusieurs centaines de milliers de documents diplomatiques par WikiLeaks, le Département d’Etat a pris les devants, se préparant “au pire scénario”, comme l’a déclaré P.J. Crowley, le porte-parole d’Hillary Clinton. Ainsi, plusieurs ambassades auraient contacté les autorités des pays dans lesquels elles se trouvent, pour mieux prévenir les effets d’une révélation massive d’échanges diplomatiques:

- le Royaume-Uni

- l’Australie

- le Canada

- le Danemark

- la Norvège

- Israël

- la Russie

- la Turquie

- l’Arabie Saoudite

- Emirats Arabes Unis

- Finlande

- Afghanistan

- Et la France

Interrogé par OWNI, le porte-parole de l’ambassade américaine à Paris ne cache pas les échanges, tout en refusant d’en préciser le contenu:

L’ambassadeur est en contact direct, quotidien et régulier avec l’Elysée, Matignon et le Quai d’Orsay, et ils se disent beaucoup de choses. Mais je ne veux pas me prononcer sur le contenu de leurs échanges, pour le moment.

Vendredi, 10h: Le site de WikiLeaks est instable

Nous vous l’annoncions déjà le 23 novembre, mais le site de WikiLeaks continue de sauter régulièrement. Notre application Warlogs ayant également subi les mêmes désagréments, le nœud du problème est peut-être à chercher du côté de Bahnhof, qui héberge une partie des serveurs. Les raisons ont peut-être également à voir avec PRQ, l’hébergeur de Pirate Bay, que WikiLeaks a précipitamment quitté le 22 novembre. En cas de problème, vous pouvez tenter de consulter le site miroir.

“Fuite imminente”

Le 24 novembre, le blog Threat Level de Wired (réputé pour ses rapports conflictuels avec Julian Assange) et Bloomberg annoncent prudemment la “publication imminente de mémos diplomatiques”, en s’appuyant sur un email envoyé par Elizabeth Levy, secrétaire aux affaires législatives du Département d’Etat. Dans celui-ci, la fonctionnaire indique aux destinataires – un comité du Sénat – qu’ils seront “briefés dès que [l'administration] en saura plus”. Elle cite également le New York Times, le Guardian et Der Spiegel comme les partenaires de la publication.

Cette nouvelle livraison devrait donc concerner les fameux diplomatic cables qu’auraient transmis l’analyste Bradley Manning aux équipes de WikiLeaks, en même temps que la vidéo de Collateral Murder, sur la bavure de l’équipage d’un hélicoptère Apache en Irak.. A ce détail près: alors que la presse avait avancé le chiffre de 260.000 en juin, cette publication contiendrait en fait près de 3 millions de documents (MàJ de 20h: Selon les informations du Spiegel, la fuite concernerait bien 250.000 documents)

Un modèle connu

Au mois de janvier, WikiLeaks avait déjà publié un mémo en provenance de l’ambassade américaine à Reykjavik, concernant le plan de sauvetage des banques islandaises. Celui-ci laisse augurer du format des documents:

Cliquer ici pour voir la version grand format du document

Notre couverture de la dernière semaine de WikiLeaks

Notre couverture des Warlogs afghans (application, liveblogging)

Notre couverture des Warlogs irakiens (application, liveblogging)

Retrouvez tous nos articles étiquettés WikiLeaks en cliquant ici

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Crédits photo: CC Agents of Chaos

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http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/feed/ 260
[Live] Iraq Warlogs: Interface the leaks http://owni.fr/2010/10/22/wikileaks-warlogs-iraq-app-interface-leak-visualization/ http://owni.fr/2010/10/22/wikileaks-warlogs-iraq-app-interface-leak-visualization/#comments Fri, 22 Oct 2010 20:48:45 +0000 Admin http://owni.fr/?p=33091 This article will be updated throughout the day, depending on the evolution of our crowdsourcing work.

Warlogs

Click here to launch the application

[00:00] Live-blogging is now over

To follow the evolution of the situation, please go to our articles tagged with “WikiLeaks”

[23h37] Julian Assange speaks out

Speaking at the Frontline Club in London with Daniel Ellsberg (the man fom the “Pentagon Papers“), Julian Assange highlighted the difference between the media partners in handling the logs, “although they all had the same starting point”, and stressed the role of television to reach the masses. Paying tribute to the “good people in the Pentagon” who provided the documents, the WikiLeaks’ leader has also sent a warning to the governments: “Knowledge will forever govern ignorance.”

[23h45] Dans Mother Jones, Kristin Hrafnsson, an Icelandish spokesperson for WikiLeaks, explained why the organization gave unredacted documents to their media partners:

At the outset, you decide that basically everything in all the reports is harmful until proven otherwise. So little by little, you approach the material and reinstate words, locations, et cetera…There [are] of course limited resources, but the end result, whether it takes weeks or months, should be very limited and just the necessary redactions for harm limitation, so we can possibly call on academic institutions or other media organizations to help out in that progress.

[20:36] A new mission for soldiers: Recovering drones

Browsing through the Warlogs, Aviation Week discovered an unknown reality: with the proliferation of UAVs (“Unmanned Air Vehicles” or UAVs in military terms), the coalition troops had to develop a new skill: how to recover aircrafts shot down behind the enemy lines. Though not as much as the $4.5 million of the Predator drone - heavily used on the Pakistani-Afghan border – the unit cost of an RQ-2 Pioneer is $1 million, a figure which partly explains this new prerogative. Thus, there are no fewer than 322 hits on “UAV crash” and 277 for “UAV recovery“.

As Aviation Week notes, drones are small technology gems that Iraqi insurgents are keen to take apart if found after a crash:

From February [2005], another report details how a UAV crashed in a residential neighborhood, and when American forces arrived, they were told that they are too late—a white car has already picked the wounded bird up and driven off with it in their trunk.

Iraqi Prime minister riled by WikiLeaks revelations

Seven months after the hectic legislative elections in which the coalition Nouri al-Maliki led was overtaken – for two seats – by the Iraqiya movement of Iyad Allawi, al-Maliki blamed Julian Assange’s organization for manipulating the people, while the presidential election draws closer. “The documents are used against national parties and leaders, especially against the Prime minister”, said a spokesperson.

[17:30] Maysoun al-Damlouji, a spokeswoman for the Iraqiya alliance, which owns a majority of seats in the Parliament, said in a statement that the WikiLeaks documents showed the need for power-sharing in Iraq. “Putting all the security powers in the hands of one person who is the general commander of the armed forces [has] led to these abuses and torture practices in Iraqi prisons”, she said.

[16:25] Nick Clegg calls for an investigation over abuse claims

Following the stories of torture and abuse committed by coalition forces against prisoners in Iraq, Deputy Prime Minister Nick Clegg calls for an investigation. Quoted by The Guardian, the leader of the Liberal Democrats estimates that the allegations contained in the WikiLeaks documents are “extremely serious” and considers it vital to know if “the rules of war have been broken”. Interviewed by the BBC1, Clegg also urged the U.S. to give a clear position on the subject:

We can bemoan how these leaks occurred, but I think the nature of the allegations made are extraordinarily serious. They are distressing to read about and they are very serious. I am assuming the US administration will want to provide its own answer. It’s not for us to tell them how to do that.

[23:37] “The ISP should block Wikileaks”, according to the former AOL chairman

On his blog, Barry Schuler, the former AOL chairman violently attacks WikiLeaks, accusing the organization of threatening “the Internet as we know it” . From his point of view, “anyone who holds a classified clearance is committing a crime” if they decide to transmit files to a third structure. The businessman goes even further by drawing an analogy with the debuts of Napster, while insisting on the fact that [Wikileaks] can kill , not peer-to-peer.

For Schuler, the publication of Warlogs shows the need for regulation of the web, in order to avoid information overflow and preserve some form of morality. Mentioning the blocking of pornography websites, he urges the Federal Communications Commission (FCC, the government agency responsible for telecommunications) and Internet service providers to consider the possibility of a blackout, to put Wikileaks our of order.

The question of PMCs

“Death came suddenly, from all sides, in all forms”. That is the conclusion both elliptical and unequivocal that stands the New York Times draws when talking about the role of business companies in Iraq especially the famous private military companies (PMCs), embodied in the popular imagination by Blackwater. The article recalls that the influx of mercenaries in 2004 was related to a simple problem: in the mind of the coalition, there were not enough soldiers to fight.

Looking through the logs, the New York Times is stunned by the general mayhem that prevailed between the U.S. military, Iraqi forces and employees of security companies. In addition, the absence of a protocol on rules of engagement would have killed scores of civilians, while it would have endangered the lives of the employees themselves, as shown in this undated episode:

At a notoriously dangerous checkpoint on the main road to the Baghdad airport, a cement truck entered a lane reserved for Department of Defense vehicles. A guard from Global, a British company, fired a warning shot, and when a man initially identified as an Iraqi opened the door and tried to flee, guards from a tower started firing, too. The man dropped to the ground. Then members of an Iraqi private security team parked nearby also opened fire, shooting through the chest not the driver but a worker from DynCorp International, an American security company.

When the truck driver was finally questioned, he turned out to be a Filipino named José who worked with yet a third company, KBR, the American logistics and security giant.

The conclusion drawn from this chaos was, “IT IS BELIEVED THE DRIVER ENTERED THE DOD LANE BY ACCIDENT.”

According to a recent report by the Congressional Research Service (view PDF), there were 95,461 employees private companies in Iraq in March 2010, for 95,900 troops, a ratio of 1.1.

“Wikileaks goes Iraq”

On the website of Le Monde, the illustrator T0ad delivers his version of the leak coordinated by Wikileaks:

[15:49] How many abuses?

As Le Monde reports:

The “incident reports” published by Wikileaks contains only a forty cases of serious abuse committed by U.S. troops against Iraqi prisoners. This figure is very low. But these forty cases don’t identify all the cases of abuses against prisoners between 2004 and 2009: from mid-2007, a change in procedures did pass this information through another channel. The accusations of abuses are no longer recorded in “incident reports”. In fact, these reports only record the cases detected or suspected by the soldiers on the ground.

If American soldiers apparently followed instructions to back the accusations of brutality against civilians and suspects, a major question remains: the number of brutality that have simply not been the subject of an alert or have been camouflaged. The report on the massacre of Mahmudiyah during which soldiers from the 101st Airborne Division killed a father, his wife and 6 year-old daughter, before raping and kill her 14 year-old one, merely mentions the discovery of the bodies of four civilians “killed by insurgents.”

[18:37] Some examples of visualization

Al-Jazeera developed an interactive timeline that show more than 65.000 incidents in Iraq.

The swedish TV channel SVT chose an histogram establishing the deaths’ typology.

Channel 4 chose to focus on prominent facts, notably listing the Hellfire missiles attacks.

[3:18] Fox New’s website has quoted Pentagon spokesman Geoff Morrell who defined the document release “deplorable” and said he’s concerned about “harm that could come to our forces.”

[3:02] WikiLeaks brings attention to the unprecedented number of articles published in the last four hours : 1400 articles.

Check out the teasing video produced by the Bureau Of Investigative Journalism, which has been given three months ago and has done a really good job.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Blackwater: nothing found

When the Afghan Warlogs came out, WikiLeaks was severely criticized for not having been cautious enough, leaving some informants’ names on some logs.

It seems that Julian Assange took those critics pretty seriously: in the recently released Warlogs, all names have been hidden, whether they were soldiers, locations or private companies. Thus, a search run on ‘Blackwater’ (a private security firm whose actions have been criticized) terms gives no results.

How come news outlets who had been given access to the logs several weeks ago reported on serious casualties caused by Blackwater? Have handed two different versions of the database in order to avoid criticisms?

[01h59] Iraq mourns

The Guardian has published a map of the deaths on Iraqi soil (red dots):

Wikileaks hacked while preparing Warlogs ?

[01:54] According to Andy Greenberg, who runs the blog ‘Firewall’ on Forbes, Wikileaks had been under attack while preparing the War Logs leak. According to an anonymous source, “very skilled” hackers had compromised the server used by the organization to encrypt its instant messages, located in Amsterdam.

This incident might had have them transfer their activities to another server in Germany. While Wikileaks is officially “under maintenance” for long weeks, this intrusion into their system might be the first of its kind, and could be an explanation for the cryptic tweet – who coined the expression “Activate Reston5″ into a meme – posted on the evening of october 21st.

[01:10] Jay Rosen on the BBC: “We don’t actually know that anybody was harmed from the previous releases and the Pentagon has said no significant information was contained in them, however WikiLeaks sustained a lot of criticism for them and has tried harder this time to bolster its legitimacy”

People will always try to characterise WikiLeaks as a rogue actor now matter how legitimate they are

So far the US Govt has only commented through Secretary of State Hillary Clinton and a NATO official who have condemned “in the most clear terms the disclosure of any information by individuals and or organisations which puts the lives of United States and its partners’ service members and civilians at risk”.

[23:50] BBC New reviews tomorrow’s papers. In the UK only The Guardian has put the Iraq War Logs on its front page.

Jay Rosen on the BBC: “We don’t actually know that anybody was harmed from the previous releases and the Pentagon has said no significant information was contained in them, however WikiLeaks sustained a lot of criticism for them and has tried harder this time to bolster its legitimacy”

People will always try to characterise WikiLeaks as a rogue actor now matter how legitimate they are

[0h22] Though the 2003 intervention was partly motivated by the presence of torture chambers built by the Saddam regime, it has emerged these chambers still exist and many cases of torture have been reported since the beginning of the conflict.

Among the plethora of reports collected by Wikileaks, one of them evokes an attempt to escape the prison of Abu Ghraib, on the symbolic date of September 11, 2009. New details shed light on the incident, which had been covered in the press at the time. We learn that the riots started “for myriads of reasons,” and that “a guard opened fire on three prisoners, wounding all.”
In addition, the U.S. military appears to show concern of the negative impact of such an event in the region, at a time when are power relations already fragile.

True to its policy, the Defense Department has sought to minimize the impact of the revelations before their publication, while emphasizing the potential danger they pose to the troops. Dave Lapan, a spokesman at the Pentagon, was particularly concerned about the consequences of a mass exodus of “the troops or Iraqis working with Americans.”

[23:39] – Jeff Jarvis tweets: “Now nothing, even war, can be done in secret. The transparent age will first expose the bad before preventing it“

6:59 pm GMT, Al-Jazeera posts its trailer

Cliquer ici pour voir la vidéo.

WikiLeaks publishes the list of media partners

On its Twitter account, WikiLeaks announces a first list of editors to whom it has sent documents: The Bureau of Investigative Journalism, IBC, The Guardian, Der Spiegel, The New York Times, Le Monde, Al Jazeera, Channel 4, SVT (Swedish television), CNN and the BBC.

“We maximise impact”, the organisation added.

Revelations include details on secret prisons, the role of Blackwater in Iraq and new torture allegations. The US army also neglected reports of torture, rape, murder, and abuse and turned a blind eye on the behaviour of Iraqi police and soldiers, The Guardian reports. The archives show hundreds of reports of beatings, burns, lashes, amputations and dissolving bodies in acid.

We knew that some detainees had been tortured in Iraq by soldiers of the U.S. Army. The newly released documents have also shown that the army and Iraqi police also tortured some of their own prisoners.

The U.S. military documents identify at least six prisoners who died in jails in Iraq. In one of these documents, the U.S. military suspects the Iraqi forces have cut off the fingers of an inmate and then burned his body with acid. The archives show hundreds of reports of beatings, burns, and lashes. Apparently, in most cases, the U.S. military seems to have abandoned any investigation, leaving this responsibility to the Iraqi authorities.

The US army made a conscious decision to not intervene when the abuse concerned an Iraqi victim and an Iraqi offender.

The Guardian is reporting rumours that the electronic archive originates “from the same dissident US army intelligence analyst who earlier this year is alleged to have leaked a smaller tranche of 90,000 logs chronicling bloody encounters and civilian killings in the Afghan war.” This is a clear reference to Bradley Manning.

Almost 400,000 logs have been released, this amounts to more than 38 million words, but as with the previous WarLogs the language used appears to be heavily cryptic.

It has been revealed that despite claiming otherwise, the coalition forces have kept an estimate on civilian deaths since the war began in 2003. The estimate has now been raised to 125,000 civilian deaths – amongst them 66,081 civilians, 23,984 insurgents and 15,196 Iraqi security forces. The raw numbers reveal it was civilians who paid the heaviest toll in this conflict. The civilian deaths are reported only in the areas where the US army was operating. The bloodiest hot spot was Baghdad.

Julian Assange on Al Jazeera explains the decision to publish this information now: “[shortly] before the congressional elections. In terms of media timing it is wise to release this material now, where it can have an impact”.
JA has claimed the FBI had travelled to Wales to seek out people involved with WikiLeaks and put pressure on the UK, Sweden, Australia and Iceland in relation to him or his associates.

“Make no mistake, soldier”

Alarmed by the Bradley Manning case and eager to prevent leaks, the Pentagon has set up an application for soldiers. On a khaki green background, a pixelated GI Joe explains how the SAEDA program (for Subversion and Espionage Directed Against the U.S. Army), established in 1993 to prevent military leakage, can be efficient. On a threatening tone reminiscent of Sergeant Hartman from Full Metal Jacket, the little figure launches a warning, only after citing the example of a first class who spent three years in prison:

Make no mistake about it soldier, this is serious business. And remember, when these guys put our national security at risk, they’re putting your country, and you, and your unit, and your family at risk.

On October 7th, the Defense Department had just amended the SAEDA, encouraging soldiers to report suspicious behavior to their superiors (see the 31-page report in PDF). At the time, Robert Gates’s teams had denied any link between their decision and the threat posed by Wikileaks.


The U.S. government reiterates its warnings

True to its policy, the the Department of Defense has sought to minimize the impact of the revelations of Wikileaks before their publication, while emphasizing the potential danger they pose to the troops. Dave Lapan, a spokesman at the Pentagon, was particularly worried about the consequences of a mass leak for “the troops and Iraqis working with Americans”.

Power struggles around Abu Ghraib

Among the plethora of reports collected by Wikileaks, one of them evokes the attemp of three inmates to escape the prison of Abu Ghraib, on the symbolic date of 9/11, 2009, and sheds new light on the incident, mentioned in the press at the time. We learn first that the riots started “for myriad reasons”, and that “a guard opened fire on three prisoners, wounding all of them”.

In addition, the U.S. military is concerned about the negative impact of such an event in the region, capable of reversing power struggles that are already fragile. “Political leaders are using this incident to draw attention to their party, it says.” Each leader wants to be seen as the voice of the populous, and minority political parties are using this event to cast a negative light on the current ruling parties. The prison abuse scandal and pictures are still fresh in the mind of local citizens, and political leaders draw correlations between abuse at the prison and the ruling political parties.”

Find here our first Warlogs app, our liveblogging of the previous leak, and all our articles tagged with “WikiLeaks”

In the middle of July, Wikileaks released 77,000 confidential documents relating to the U.S. military intervention in Afghanistan, an event we dubbed “the biggest leak in the history of war“. On that occasion, OWNI created an application aimed at untangling the overlap and overload of information. The site administrators, chief among them founder Julian Assange, came under fire from the Pentagon. Despite the internal strife and the attempts to knock the organisation down, this Friday they published a new salvo of 400,000 classified files relating, this time, to the war in Iraq, just two months after as the U.S. military completed its official withdrawal. For the occasion, Wikileaks directly appealed to OWNI to develop a new version of the application.

While the Pentagon has urged the media not to publish the leaks, we feel it represents a step ahead towards conflict transparency, at at time when war remains one of the last taboos, subject to inertia and secrecy. With the rise of augmented wars, it is logical that journalism gets augmented as well, and in our view:

Transparency leads to credibility. In a war started by lies the media were not able to bust effectively, not to give the public all the documents we have access to would amount to nothing less than petty obstruction. On the contrary, publishing them in the most intelligible form possible allows any one to form his or her opinion based on hard documents and reinforces the link of trust between the journalist and his or her audience.

Our interactive timeline, regularly updated, will help you keep track of the events of the past ten weeks (scroll from left to right):

Did the Pentagon try to bypass WikiLeaks?

To anticipate the leak of Iraqi War Logs, the Department of Defense set up a team of 120 soldiers ready to dissect all records posted by Wikileaks. Led by Brigadier General Robert Carr, Director of Defense Intelligence and HUMINT (stands for “Human Intelligence”), this task force also includes employees of the FBI. Contacted by OWNI, the Pentagon provided some clarification. According to press officer Major Christopher Perrine this unit was created “on July 28, at the request of the Secretary of Defense”, three days after the publication of the Afghan War Logs. Since then, the cell studied the materials with a magnifying glass, for “16 hours a day”.

Moreover, on October 17th – a few days before the newest publication – Cryptome, the website run by John Young, a veteran of open government, reported on a publication from the DoD: by posting 236.000 “Significant Activities” (SIGACTS) of the allied forces in Iraq between 2004 and 2007, compiled in 8460 pages, did the Pentagon seek to preempt the operation initiated by Wikileaks?

Once again, the Defense Department is weighing the charges that could be made against them: “These documents were posted on our website following a request for declassification under the Freedom of Information Act (FOIA) and are not connected to Wikileaks”, said Major Perrine. However, this thick glossary is not without interest when analyzing the logs provided by WikiLeaks. On 8,460 pages, 8,451 refer to IED (for “Improvised Explosive Device”), reminding those who have not seen The Hurt Locker that the Iraq war was a counter-insurgency conflict, just like the war in Afghanistan. On a separate note, one can identify “Abu Ghraib” (the city, not the secret prison) in no less than 2,408 pages, showing an intense activity in the suburbs of Baghdad, especially around the airport, viewed as one of the toughest zones in the whole country.


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Martin Clavey, Federica Cocco, Guillaume Ledit, Olivier Tesquet, Martin Untersinger

Credits: Flickr CC The US Army

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http://owni.fr/2010/10/22/wikileaks-warlogs-iraq-app-interface-leak-visualization/feed/ 0
Warlogs irakiens: l’interface de visualisation http://owni.fr/2010/10/22/wikileaks-warlogs-irak-application-interface-visualisation/ http://owni.fr/2010/10/22/wikileaks-warlogs-irak-application-interface-visualisation/#comments Fri, 22 Oct 2010 14:42:14 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=32849 Cet article sera mis à jour régulièrement, en fonction de l’évolution de notre travail de crowdsourcing.

Warlogs

Cliquer ici pour lancer l’application

00h00: Clôture du live-blogging

Le live-blogging est désormais terminé. Pour suivre l’évolution de la situation et de nos recherches, dirigez-vous vers nos articles étiquettés “WikiLeaks”

23h37: Les dernières mises au point de Julian Assange

S’exprimant devant le Frontline Club à Londres aux côtés de Daniel Ellsberg (l’homme des “Pentagon Papers“), Julian Assange a souligné “le traitement différents entre les médias avec lesquels WikiLeaks avait noué un partenariat, alors que ceux-ci avaient tous le même point de départ”, et a insisté sur le rôle de la télévision pour toucher les foules. En rendant hommage aux “personnes vertueuses du Pentagone qui nous ont fourni les documents”, l’homme fort de WikiLeaks a également adressé un avertissement aux gouvernements de toutes obédiences: “le savoir gouvernera toujours l’ignorance.

[23h45]Dans Mother Jones, Kristin Hrafnsson, un représentant islandais de WikiLeaks, explique pourquoi l’organisation a fourni une version non expurgée des Warlogs aux rédactions partenaires:

Au début, vous considérez que tous les rapports sont nocifs jusqu’à preuve du contraire. Petit à petit, vous prenez conscience de la matière, vous rétablissez des mots, les changez d’emplacement , etc. Même si les ressources étaient limitées, même si cela devait prendre des semaines ou des mois, nous devions nous assurer que les documents étaient suffisamment nettoyés, afin que nous puissions éventuellement faire appel à des institution universitaires ou des médias pour progresser.

20h36: De nouvelles missions pour les soldats

En parcourant les Warlogs, Aviation Week a levé un lièvre: avec la multiplication des drones (“Unmanned Air Vehicles” ou UAV dans le jargon militaire), les troupes de la coalition ont du développer une nouvelle aptitude: la récupération d’appareils tombés derrières les lignes ennemies. Sans atteindre les 4,5 millions du drone Predator massivement utilisé à la frontière afghano-pakistanaise, le coût unitaire d’un RQ-2 Pioneer s’élève à 1 million de dollars, ce qui explique en partie cette nouvelle prérogative. Ainsi, on recense pas moins de 322 occurrences sur “UAV crash” et 277 pour “UAV recovery“.

Comme le relève Aviation Week, les drones sont de petits bijoux technologiques que les insurgés irakiens n’hésitent pas à démembrer quand ils s’écrasent. “En février 2005, un rapport signale qu’un UAV s’est crashé dans un quartier résidentiel, et qu’à l’arrivée des troupes américaines, celui-ci avait déjà été évacué, jeté à la hâte dans le coffre d’une voiture blanche”, peut-on lire.

Le Premier ministre irakien s’en prend à WikiLeaks

Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien, est très remonté contre WikiLeaks. Sept mois après des élections parlementaires mouvementées au terme desquelles la coalition qu’il emmenait avait été devancée d’une courte tête par le Mouvement national irakien d’Iyad Allawi, al-Maliki accuse l’organisation de Julian Assange de manipulation, alors que l’élection présidentielle se rapproche. “Les documents sont utilisés contre les partis nationaux et leurs dirigeants, particulièrement contre le Premier ministre”, ont déclaré ses porte-paroles.

[17h30] Maysoun al-Damlouji, une porte-parole de l’alliance Iraqiya, qui détient la majorité des sièges à l’assemblée, a estimé dans une allocution que les documents de WikiLeaks montraient la nécessité d’un partage du pouvoir en Irak. “Mettre tous les pouvoirs entre les mains d’une seule personne – qui dirige les forces armées – a mené aux abus et à la torture”, a-t-elle estimé.

16h30: Nick Clegg demande l’ouverture d’une enquête

A la suite des récits de torture et d’abus commis par les troupes de la coalition contre des prisonniers en Irak, le vice-Premier ministre Nick Clegg réclame l’ouverture d’une enquête. Cité par le Guardian, le leader des Démocrates libéraux estime que les allégations contenues dans les documents de WikiLeaks sont “extrêmement sérieuses”, et estime qu’il est vital de savoir si “les règles de la guerre ont été enfreintes”. Interrogé par la chaîne BBC1, Clegg a également enjoint les Etats-Unis à donner une position claire sur le sujet:

Nous pouvons déplorer la manière dont ces fuites sont coordonnées, mais je pense que la nature des allégations formulées sont extrêmement graves. [Ces rapports] sont pénibles à lire, et ils sont très sérieux. Je suppose que l’administration américaine veut donner sa propre réponse. Ce n’est pas à nous de leur dire comment faire cela.

23h37: “Les fournisseurs d’accès à Internet devraient bloquer WikiLeaks”, selon l’ancien président d’AOL

Sur son blog, Barry Schuler, l’ancien président d’AOL s’en prend violemment à WikiLeaks, accusant l’organisation de menacer “l’Internet tel que nous le connaissons”. De son point de vue, toute personne “disposant d’un accès à des documents classifiés commet un crime” dès lors qu’elle décide de transmettre des fichiers à une tierce structure. L’entrepreneur va même plus loin en dressant une analogie avec le Napster des débuts, tout en insistant que “[WikiLeaks] peut tuer”, au contraire du peer-to-peer.

Pour Schuler, la publication des Warlogs montre la nécessité d’une régulation du web, afin d’éviter les débordements et de préserver une certaine forme de morale. En invoquant le blocage de sites pédophiles, il incite la Federal Communications Commission (FCC, l’agence gouvernementale en charge des télécommunications) et les fournisseurs d’accès à Internet à se pencher sur la possibilité d’un blackout, pour mettre WikiLeaks hors d’état de nuire.

L’essor des entreprises privées en question

“La mort est arrivée soudainement, de toutes parts, sous toutes les formes”. C’est le constat à la fois elliptique et sans appel que dresse le New York Times au moment d’évoquer le rôle des entreprises en Irak, et plus spécialement des fameuses sociétés militaires privées (SMP), incarnées dans l’imaginaire populaire par Blackwater. L’article rappelle notamment que l’afflux de mercenaires dès 2004 était lié à une problématique simple: dans l’esprit de la coalition, il n’y avait pas assez de soldats pour combattre.

En parcourant les logs, le New York Times s’étonne du chaos généralisé qui régnait entre l’armée américaine, les forces irakiennes et les employés des sociétés de sécurité. En outre, l’absence d’un protocole concernant les règles d’engagement aurait causé la mort de très nombreux civils, en même temps qu’elle aurait mis en danger la vie des employés eux-mêmes, comme le montre cet épisode non daté:

Sur la route principale qui mène à l’aéroport de Bagdad, au niveau d’un checkpoint particulièrement dangereux, un camion de chantier emprunta la file réservée aux véhicules accrédités par le Ministère de la Défense. Un garde de Global, une entreprise britannique, tira un coup de sommation, et quand un homme identifié comme Irakien ouvrit la porte pour s’échapper, des gardes postés sur un mirador se mirent à tirer également. L’homme tomba. Les membres d’une équipe de sécurité privée irakienne ouvrirent également le feu, transperçant la poitrine non pas du chauffeur, mais d’un travailleur de DynCorp International, une entreprise de sécurité américaine. Quand le chauffeur fut finalement interrogé, on s’aperçut qu’il s’agissait d’un Philippin nommé José, travaillant pour une troisième compagnie, KBR, un géant de la logistique américain.

La conclusion de ce chaos fut la suivante: “TOUT PORTE À PENSER QUE LE CHAUFFEUR A PENETRE LA VOIE RESERVEE AUX VEHICULES DU MINISTERE DE LA DEFENSE PAR ACCIDENT”.

Selon un récent rapport du Congressional Research Service (consulter le PDF), il y avait 95.461 employés d’entreprises privées en Irak, pour 95.900 soldats, soit un ratio de 1,1.

“WikiLeaks se fait l’Irak”

Sur le site du Monde, le dessinateur T0ad livre sa version de la fuite coordonnée par WikiLeaks:

15h49: Combien de brutalités?

Le Monde.fr a publié un article intitulé Chroniques de la violence ordinaire en Irak, dans lequel on peut lire:

Les “rapports d’incidents” publiés par WikiLeaks ne contiennent qu’une quarantaine de cas de sévices graves, commis par des troupes américaines contre des prisonniers irakiens. Ce chiffre est très faible. Mais ces quarante cas ne constituent pas l’ensemble des cas de brutalités à l’encontre des prisonniers entre 2004 et 2009: à partir de mi-2007, un changement dans les procédures fait transiter ces informations par un autre canal. Les accusations de mauvais traitements ne font plus alors l’objet que d’un signalement d’une ligne dans les “rapports d’incidents”. Surtout, ceux-ci ne consignent que les cas constatés ou suspectés par les soldats sur le terrain.

Si les soldats américains appliquent semble-t-il les consignes de faire remonter les accusations de brutalités dont sont victimes les civils et les suspects, une importante inconnue demeure : le nombre de brutalités qui n’ont tout simplement pas fait l’objet d’un signalement ou ont été camouflées. Le rapport sur le massacre de Mahmoudiyah, durant lequel des soldats de la 101e division aéroportée ont assassiné un père de famille, sa femme et sa fille de 6 ans, avant de violer et de tuer sa fille de 14 ans, se borne à mentionner la découverte des corps de quatre civils “tués par des insurgés”.

Quelques exemples de visualisation

Al-Jazeera a mis au point une chronologie dynamique qui affiche de manière accélérée plus de 65.000 incidents en Irak.

La télévision suédoise SVT a choisi de son côté un histogramme qui établit la typologie des morts.

De son côté, la chaîne britannique Channel 4 a choisi de se concentrer sur les faits saillants, en recensant notamment les attaques de missiles Hellfire.

Torture: l’U.S. Army préfère fermer les yeux

Les 20 journalistes d’investigation du Bureau of Investigative Journalism, une ONG britannique lancée en avril 2010 sur le modèle (non commercial) de la fondation américaine ProPublica, ont passé 12 semaines a étudier les WarLogs.

Sur IraqWarLogs.com, le site lancé à cette occasion, on apprend notamment que les insurgés compensaient le déficit de candidats aux attentats suicides en poussant des handicapés mentaux à se faire exploser, et qu’ils camouflaient également parfois leurs bombes dans des barres chocolatées.

Ils ont aussi identifié 303 allégations d’abus imputables aux forces de la coalition alors même que, suite au scandale d’Abu Ghraib, les USA s’étaient engagés à mettre un terme à ce type de pratiques.

Dans 42 cas, les soldats ont torturé à l’eau ou à l’électricité, procédé à des simulations d’éxécutions, battu les prisonniers. Dans près de la moitié de ces cas, des médecins assistaient les soldats. Dans certains cas, les soldats filmaient aussi leurs prestations.

Un rapport rapporte également que des soldats ont obligé un prisonnier, après l’avoir frappé, à déterrer une bombe. Un autre mentionne l’utilisation de civils, à de nombreuses reprises, pour “nettoyer la route” lorsque les soldats suspectaient la présence de bombes cachées. Le soldat incriminé risquait la court martiale, il ne fut que “réprimandé“, et renvoyé dans une base militaire aux USA.

Les violations des droits de l’homme, et de la convention de Genève, ne sont pas l’apanage des soldats américains, mais également des soldats et policiers irakiens. De nombreux rapports mentionnent les tortures infligées aux prisonniers dans les prisons irakiennes. Mais les soldats américains ont reçu l’ordre de ne pas enquêter à ce sujet. Et cela n’a nullement empêché l’administration Obama de confier aux Irakiens des milliers de prisonniers.

La torture, pratique courante des policiers irakiens

L’article Morts au checkpoint du Monde.fr s’intéresse aux civils tués aux checkpoints de l’armée américaine.

Les 400 000 rapports jettent un regard nouveau sur le lourd tribut que les populations civiles ont payé à la guerre. Les cadavres de milliers de femmes et d’hommes, victimes d’exécutions sommaires, ont été découverts par les soldats américains. Ces mêmes soldats ont tué au moins six cent civils en six ans aux checkpoints, ou en ouvrant le feu sur des véhicules pris pour une menace. Un nombre indéterminé, et minimisé dans les rapports, d’Irakiens ont été les victimes collatérales des frappes aériennes contre les insurgés.

Les soldats ouvrent souvent le feu directement sur le conducteur lorsque celui-ci n’obtempère pas, et les rapports regorgent d’incidents impliquant des handicapés mentaux, des malvoyants, ou simplement des conducteurs qui n’ont pas vu les soldats ou n’ont pas entendu les signaux sont l’objet de tirs. Dans de très nombreux autres cas, ce sont des passants qui sont fauchés par une balle, parfois dès le coup de semonce.

Sur son site, le Guardian revient sur cet aspect sombre dans une vidéo:

Le Monde, qui a pu consulter en avant-première les rapports de l’armée américaine, conjointement avec le New York Times, le Guardian, le Bureau of investigative journalism et le Spiegel, estime également que les documents montrent l’ampleur de la torture dans les commissariats irakiens, “des pratiques que l’armée américaine ne pouvait ignorer, tout au long des six années couvertes par les rapports, mais face auxquelles les soldats semblent impuissants” :

Lorsqu’ils constatent des cas de mauvais traitements de la part des policiers irakiens, les soldats américains sont tenus d’en faire le signalement. En revanche, ils ne sont pas chargés d’enquêter ou de prendre des sanctions : une procédure n’est enclenchée que s’il y a un soupçon d’implication de soldats de la Coalition. La phrase “Les forces de la coalition n’étant pas impliquées dans ces accusations, une enquête plus poussée n’est pas nécessaire” parsème les rapports sur les sévices infligés par la police, et constitue parfois la première ligne du rapport.

150 000 morts, dont 80% de civils

Iraq Body Count (IBC), qui répertorie le nombre de civils tués depuis l’intervention américaine en Irak en 2003, et qui a commencé à analyser la base de données de Wikileaks, estime à 15 000 le nombre de civils dont la mort n’avait jusque là pas été documentée.

Pour IBC, qui avait déjà répertorié 107 000 civils tués en Irak à partir d’articles de presse et de rapports d’ONG, cette découverte souligne l’importance de la publication de ces rapports “secrets” de l’armée américaine par Wikileaks.

IBC, qui a également pu recouper 64 000 morts dans les “logs“, précise que cela permet aussi de mieux savoir quand, et comment, ils ont été tués, mais également de mettre des noms sur les personnes tuées, les rapports étant souvent plus précis que les articles de presse et rapports d’ONG.

D’après ses calculs, la guerre en Irak a fait 150 000 morts, dont 122 000 civils (80%). La base de données de Wikileaks en dénombre 109 032, dont 66 081 civils, 15 196 soldats irakiens, 23 984 “ennemis“, et 3 771 soldats de la coalition, de 2004 à 2009.

2h45: Le Pentagone dénonce des méthodes “cavalières”

Un peu moins de quatre heures après la fuite, Geoff Morell, le porte-parole du Pentagone, a communiqué à la presse la position officielle de l’administration:

Nous déplorons le fait que WikiLeaks incite des individus à transgresser la loi, que l’organisation publie des documents classifiés et partage de manière cavalière ces informations secrètes avec le monde entier, y compris nos ennemis. Nous savons que des organisations terroristes ont parcouru les documents afghans à la recherche d’informations pouvant nous nuire, et cette fois-ci, la fuite est quatre fois plus importante.

En rendant publiques de telles informations sensibles, WikiLeaks continue de mettre en danger les vies de nos troupes, de celles des troupes de la coalition, et de celles des Irakiens ou des Afghans qui travaillent à nos côtés. La seule attitude responsable de WikiLeaks serait de nous retourner ce matériau volé et le radie de son site aussi rapidement que possible.

Alors que le porte-parole du Département de la Défense insiste sur le fait que “ces documents n’apportent en aucun cas un éclairage nouveau sur la guerre en Irak”, WikiLeaks dénonce cette position officielle comme étant “un pur mensonge”, en invoquant notamment le fait que les documents publiés ont été purgés de leurs informations sensibles.

WikiLeaks attaqué juste avant la fuite?

Selon Andy Greenberg, qui anime le blog Firewall sur Forbes, WikiLeaks aurait été victime dans la semaine d’une attaque lancée par des hackers “particulièrement doués”. Selon une source anonyme, un pirate aurait compromis le serveur utilisé par l’organisation pour crypter ses messages instantanés, situé à Amsterdam. Cet incident les aurait obligés à transférer momentanément leurs activités vers un autre serveur, en Allemagne celui-ci.

Alors que le site de WikiLeaks est officiellement “en maintenance” depuis de longues semaines, cette intrusions sur leurs systèmes serait la première du genre, et expliquerait le tweet cryptique – qui a transformé l’expression “Activate Reston5″ en mème – posté le soir du 21 octobre.

1h27: L’Irak compte ses morts

Le Guardian publie une carte qui recense l’ensemble des morts sur le sol irakien, matérialisés par des points rouges:

Blackwater: aucun résultat trouvé

Après la divulgation des Warlogs d’Afghanistan, WikiLeaks avait été sévèrement critiqué pour n’avoir pas pris toutes les précautions nécessaires en laissant notamment des noms d’informateurs afghans visibles dans ses rapports.

Il semble que Julian Assange ait pris ces critiques très au sérieux: dans les Warlogs publiés vendredi soir, aucun nom n’apparaît, qu’il s’agisse de celui d’un soldat, d’une base ou d’une entreprise. Ainsi, une recherche sur les termes Blackwater (société de sécurité privée aux activités irakiennes contestées) ne donne aucun résultat.

Comment expliquer alors que les médias ayant eu accès aux logs il y a plusieurs semaines rapportent les agissements condamnables de la société militaire privée? WikiLeaks aurait-elle appliqué un traitement différencié aux journaux afin de parer les critiques?

Le 17 octobre 2006, une journée comme les autres

Par le biais d’une chronologie interactive détaillant les logs minute par minute, le Guardian propose de revivre le 17 octobre 2006, “une journée de guerre comme les autres”, pendant laquelle 136 Irakiens et 10 soldats américains ont perdu la vie, tandis que des centaines d’autres étaient blessés.

L’Iran aurait formé les milices chiites d’Irak

Les précédents Warlogs avaient déjà mis en évidence le double jeu des autorités pakistanaises dans le conflit afghan, officiellement alliées des forces de la coalition mais soutenant également les milices rebelles. Les documents publiés aujourd’hui montrent quant à eux une nouvelle réalité. Les forces iraniennes joueraient un rôle crucial dans le support et l’entraînement des milices chiites en Irak. Plus précisément, les Gardiens de la révolution et le Hezbollah auraient joué un rôle-clé dans l’entraînement de ces milices. Ces informations confirment l’importance du combat mené par les Etats-Unis et l’Iran afin d’étendre leur influence respective sur la région, les premiers cherchant à étendre leur contrôle et les deuxièmes à contrôler leur étranger proche.

Selon certains rapports, les services secrets iraniens auraient également joué un rôle crucial dans les différentes attaques contre des officiels irakiens. Selon un rapport publié en mars 2007, le Ministre de l’industrie était notamment dans l’oeil du viseur de ces services, “afin de montrer au monde, plus particulièrement au monde arabe, que le plan de sécurité à Bagdad n’avait pas réussi à ramener la stabilité”, précise le rapport.

23h59: Amputations et corps dissous dans l’acide

On savait déjà que certains détenus en Irak avaient été torturé par des soldats de l’armée américaine. Selon le New York Times, les documents de WikiLeaks de ce soir révèlent que l’armée et la police irakienne ont aussi torturé certains de leurs prisonniers.

Les documents de l’armée américaine recensent au moins six prisonniers morts dans les geôles irakiennes et la plupart dans les dernières années. Dans un de ces documents, l’armée américaine suspecte les forces irakiennes d’avoir coupé les doigts d’un détenu puis d’avoir brulé son corps à l’acide. Des centaines de rapports compilent des cas de coups, de brûlures, de coups de fouet. Apparemment, dans la plupart des cas, l’armée américaine semble avoir abandonné toute investigation, laissant cette charge aux autorités irakiennes.

“Il est sage de divulguer les fichiers maintenant”

Presque 400.000 logs ont été divulgués, ce qui équivaut à presque 38 millions de mots, mais comme pour la précédente version, le vocabulaire spécialisé est opaque et cryptique. Malgré des affirmations contraires, les forces armées américaines ont tenu le compte des morts civiles depuis le début de la guerre en 2003.

Les estimations s’élèvent aujourd’hui à 125.000 morts, dont 66.081 civils, 23.984 insurgés et 15.196 forces de sécurité irakiennes. Ces chiffres montrent bien que ce sont les civils qui ont payé le plus lourd tribut au conflit. Les morts civils ne sont recensés que dans les zones où l’armée américaine opérait. Le point le plus sanglant semble être Bagdad. Sur Al-Jazeera, Julian Assange a expliqué la décision de publier cette information maintenant:

[Nous voulions les publier] peu avant les élections au Congrès. En termes de timing, il est sage de divulguer les fichiers maintenant, quand ils peuvent avoir un grand impact.

Julian Assange a affirmé que le FBI s’est rendu au pays de Galles pour rechercher les individus impliqués dans WikiLeaks et mettre sous pression ses collaborateurs au Royaume-Uni, Suède, Australie et en Islande.

WikiLeaks publie la liste des médias partenaires

Sur son compte Twitter, WikiLeaks annonce une première liste des rédactions auxquelles elle a transmis les documents: The Bureau of Investigative Journalism, IBC, The Guardian, Der Spiegel, le New York Times, Le Monde, Al Jazeera, Channel 4, SVT (télévision suédoise), CNN et la BBC.

“Nous maximisons l’impact”, a ajouté l’organisation.

Les révélations comprennent des détails sur les prisons secrètes, le rôle de Blackwater en Irak et de nouvelles accusations de torture. L’armée américaine aurait également négligé des témoignages de torture, de viol,de meurtre, d’abus, et aurait fermé les yeux sur le comportement de la police irakienne et des soldats, affirme le Guardian.

Le Guardian évoque des rumeurs que les documents proviennent de “la même source dissidente au sein de l’armée américaine que celle qui aurait transmis les 90.000 documents chroniquant la sanglante guerre d’Afghanistan”. Difficile de ne pas y voir une référence à Bradley Manning….

18h59 GMT, Al-Jazeera poste sa bande-annonce

Luttes de pouvoir autour d’Abu Ghraib

Parmi la foultitude de rapports collectés par WikiLeaks, l’un d’entre eux évoque une tentative d’évasion à la prison d’Abu Ghraib, à la date symbolique du 11 septembre 2009, et apporte un éclairage nouveau sur l’incident, évoqué dans la presse au moment des faits. On y apprend d’abord que les émeutes ont démarré “pour des myriades de raisons”, puis qu‘”un garde a ouvert le feu sur les trois détenus, les blessant tous”.

En outre, l’état-major américain s’inquiète de l’impact négatif d’un tel événement dans la région, susceptible de renverser des rapports de force déjà fragiles. “Les leaders politiques se servent de cet incident pour attirer l’attention sur leur parti, peut-on lire. “Chaque leader cherche à incarner la voix du peuple, et les partis minoritaires instrumentalisent l’émeute pour discréditer les partis au pouvoir. Certains d’entre eux cherchent également à corréler la mauvaise réputation de la prison – depuis que les photos de mauvais traitements ont été publiées dans la presse – aux partis en place”.

Le gouvernement américain réitère ses mises en garde

Fidèle à sa ligne de conduite, le Département de la Défense a cherché à minimiser l’impact des révélations de WikiLeaks avant même leur publication, tout en soulignant le danger potentiel qu’elles pourraient représenter pour les troupes. Dave-Lapan, le porte-parole du Pentagone, s’est notamment inquiété des conséquences d’une fuite massive “pour les troupes ou les Irakiens qui travaillent avec les Américains”.

“Ne vous y trompez pas, soldat”

Echaudé par l’affaire Bradley Manning et soucieux de prévenir les fuites, le Pentagone a mis en place une application destinée aux soldats. Sur un fond vert kaki, un G.I. Joe pixelisé explique le fonctionnement du programme SAEDA (Subversion and Espionage Directed Against the US Army), établi en 1993 pour prévenir les fuites militaires. Sur un ton menaçant qui n’est pas sans rappeler le sergent Hartman de Full Metal Jacket, le petit personnage lance une mise en garde après avoir cité l’exemple d’un première classe condamné à trois ans de prison:

Ne vous y trompez, soldat, c’est une affaire sérieuse. Et souvenez-vous, quand ces gars mettent la sécurité nationale en danger, ils mettent votre pays, et vous, et votre unité, et votre famille en danger.

Le 7 octobre, le Département de la Défense avait justement amendé la directive SAEDA, en incitant les soldats à signaler tout comportement suspect à leur hiérarchie (consulter le rapport de 31 pages en PDF). A l’époque, les équipes de Robert Gates avaient réfuté tout lien entre leur décision et la menace représentée par WikiLeaks.

Retrouvez l’application War Logs V1, notre live-blogging de la précédente fuite, ainsi que tous nos articles étiquettés WikiLeaks

En plein mois de juillet, quand WikiLeaks publiait 77.000 documents confidentiels de l’armée américaine sur le conflit afghan, nous évoquions “la plus grande fuite de l’histoire de la guerre”. A cette occasion, OWNI vous proposait de contribuer au recoupement des informations par le biais d’une application dédiée et collaborative. Mis sous pression par le Pentagone, les administrateurs du site, au premier rang desquels son fondateur, Julian Assange, ont ensuite traversé une zone de turbulences. Malgré les dissensions internes et les tentatives de mise en échec, ils publient ce vendredi une nouvelle salve de 400.000 fichiers classifiés, relatifs cette fois-ci à la guerre en Irak, alors même que l’armée américaine s’est officiellement retirée à la fin du mois d’août. Pour l’occasion, WikiLeaks a directement fait appel aux équipes d’OWNI afin de développer une nouvelle version de l’application, conçue comme “une interface d’intelligence technologique”.

Alors que le Pentagone exhorte les médias à ne pas publier les documents de WikiLeaks, il s’agit peut-être d’une étape supplémentaire vers la transparence des conflits, alors même que la guerre reste l’un des derniers champs soumis à l’inertie et au secret. A l’heure de la guerre augmentée, il est logique que le journalisme le soit lui aussi, et tel est notre point de vue:

La transparence est moteur de crédibilité. Dans une guerre lancée sur des mensonges que les médias n’ont pu ou su dénoncer, ne pas donner au public tous les documents auxquels nous avons accès n’est rien d’autre que de l’obstruction. Les publier dans une forme aussi intelligible que possible, au contraire, permet à chacun de juger les conclusions des observateurs sur pièces et renforce le lien de confiance entre l’utilisateur et le journaliste.

Pour mieux retracer le calendrier mouvementé des dix dernières semaines, voici une chronologie interactive, régulièrement mise à jour (déplacez-vous en scrollant vers la gauche ou vers la droite):

Cliquer ici pour voir une version grand format de la chronologie

Le Pentagone a-t-il essayé de court-circuiter WikiLeaks?

Pour anticiper la fuite des War Logs irakiens, le Département de la Défense a mis en place une équipe de 120 militaires, prêts à disséquer l’ensemble des documents postés par WikiLeaks. Dirigée par le Général de brigade Robert Carr, directeur du renseignement de terrain (HUMINT, pour “Human Intelligence”), cette task force regroupe également des employés du FBI. Contacté par OWNI, le Pentagone apporte quelques précisions. Comme l’explique le Major Christopher Perrine, officier de presse, cette unité a été créée “le 28 juillet, à la demande du Secrétaire à la Défense”, soit trois jours après la publication des War Logs afghans. Depuis cette date, la cellule étudie à la loupe les documents, “16 heures par jour”.

Par ailleurs, le 17 octobre, un peu moins d’une semaine avant cette nouvelle publication, Cryptome, le site animé par John Young, vétéran de la transparence gouvernementale, faisait état d’une publication en provenance directe du Département de la Défense américaine: en postant plus de 236,000 informations répertoriant les “Significant Activities” (SIGACTS) de la coalition en Irak entre 2004 et 2007, compilées dans 8460 pages, le Pentagone a-t-il cherché à préempter la manoeuvre amorcée par WikiLeaks?

Là encore, le Département de la Défense vient pondérer les accusations qui pourrait être formulées à son encontre: “Ces documents ont été postés sur notre site à la suite d’une demande de déclassification dans le cadre du Freedom of Information Act (FOIA), et ne sont pas reliés à WikiLeaks”, explique le Major Perrine. Pour autant, cet épais glossaire n’est pas dénué d’intérêt au moment d’analyser les logs fournis par WikiLeaks. Sur 8.460 pages, 8.451 font référence aux IED (pour “Improvised Explosive Device”), rappelant à ceux qui n’auraient pas vu Démineurs que la guerre d’Irak a été un conflit contre-insurrectionnel, au même titre que la guerre d’Afghanistan. Dans un autre registre, on peut recenser l’occurrence “Abu Ghraib” (la ville, pas la prison secrète) dans pas moins de 2.408 pages, signe d’une activité intense dans la banlieue de Bagdad, et notamment autour de l’aéroport, considéré comme l’une des zones les plus dangereuses du pays.

Live-blogging assuré par Martin Untersinger, Federica Cocco, Martin Clavey, Guillaume Ledit et Olivier Tesquet.

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Crédits photo: Flickr CC The US Army

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Les fuites en avant de WikiLeaks http://owni.fr/2010/10/19/la-fuite-en-avant-de-wikileaks/ http://owni.fr/2010/10/19/la-fuite-en-avant-de-wikileaks/#comments Tue, 19 Oct 2010 14:04:11 +0000 Olivier Tesquet & Noor Chandler http://owni.fr/?p=31816 En plein mois de juillet, quand WikiLeaks publiait 77.000 documents confidentiels de l’armée américaine sur le conflit afghan, nous évoquions “la plus grande fuite de l’histoire de la guerre”. A cette occasion, OWNI vous proposait de contribuer au recoupement des informations par le biais d’une application dédiée et collaborative. Mis sous pression par le Pentagone, les administrateurs du site, au premier rang desquels son fondateur, Julian Assange, ont ensuite traversé une zone de turbulences. Malgré les dissensions internes et les tentatives de mise en échec, ils seraient sur le point de publier une nouvelle salve de fichiers classifiés, relatifs cette fois-ci à la guerre en Irak, alors même que l’armée américaine s’est officiellement retirée à la fin du mois d’août.

Pour mieux retracer le calendrier mouvementé des dix dernières semaines, voici une chronologie interactive. Celle-ci sera régulièrement mise à jour (déplacez-vous en scrollant vers la gauche ou vers la droite):

Vous pouvez également retrouver une version grand format en cliquant ici

Lundi 18 octobre, Julian Assange a publié, via Twitter, un communiqué mettant fin aux spéculations de la presse internationale concernant la publication imminente par WikiLeaks de près de 400.000 documents classifiés de l’armée américaine sur la guerre en Irak.

Sources, Where art thou?

Le fondateur de WikiLeaks en profite pour régler ses comptes avec la presse mainstream en dénonçant son manque de rigueur journalistique: à partir d’une source unique, en l’occurrence un article sur le blog Threat Level de Wired, plusieurs centaines d’articles ont annoncé une nouvelle fuite pour le lundi 18 octobre. En défendant un journalisme scientifique, Assange déplore que des dizaines de rédactions se soient fait duper par un “blog sensationnaliste”, coupables de ne pas avoir croisé leurs sources et leurs informations.

Dans leur article date du 27 septembre 2010, les journalistes de Wired Kevin Poulsen et Kim Zetter évoquaient les luttes internes au sein de l’organisation, notamment entre Assange et son second Daniel Schmitt, et publiaient des échanges de chat entre les deux militants. “Wikileaks est sur le point de publier ses documents irakiens ce 18 octobre selon des ex-employés – bien trop tôt selon certains d’entre eux pour mener à bien le travail d’édition autour des noms des informateurs”, pouvait-on lire.

Mais la notion d’”employé de WikiLeaks” a-t-elle seulement un sens? John Young, vétéran de la transparence gouvernementale par le biais de son site Cryptome, rappelle l’ADN de l’organisation:

Je suis persuadé qu’il n’y a personne au sein de Wikileaks, son existence même est une croyance infondée. Plusieurs personnes participent à des activités communes mais il n’y a pas d’organisation au sens formel, pas de responsable, pas d’employés. Le conseil d’administration de Wikileaks n’est qu’un arrangement informel sans existence légale, sans responsabilité ni base juridique. Wikileaks reste un concept, une initiative, comme l’est Cryptome.

Beaucoup de bruit pour rien?

On aurait vite fait de vilipender Wired, et dans leur sillage, l’ensemble du corps journalistique, pour ces imprécisions. Tancés par Assange, Wired a publié mardi un article en forme de justification, où ils précisent que, non, “[ils] ne détestent pas WikiLeaks”. Mais ne sont-ils pas les victimes du système à tiroirs mis en place par Assange lui-même, qui répudie le système de Kerckhoffs pour lui préférer “la sécurité par l’obscurité”? Le leader de WikiLeaks n’est plus à une contradiction près, et dans son communiqué, il ne dément pas la publication imminente d’une nouvelle salve de War Logs. Il rappelle seulement les règles du jeu qu’il a édictées: WikiLeaks ne communique jamais sur son agenda. De son côté, le site du magazine Mother Jones n’hésite pas à ironiser sur le comportement de l’ancien hacker. Face à l’horizon bouché, les prochains jours devraient permettre de décanter ce précipité médiatique.

Ci-dessous, la traduction du communiqué de Julian Assange:

D’où proviennent toutes ces déclarations annonçant que Wikileaks s’affaire sur l’Irak aujourd’hui (lundi)? D’un seul blog de Wired Magazine, aux airs de tabloïd! C’est exact. Sur plus de 700 articles, les journaux et agences de presse du monde entier se sont fait avoir par un blog sensationnaliste.

Bien évidemment, vous ne trouverez nulle part mention de ce blog, en règle générale, dans les articles de la presse grand public, car cela affaiblirait la crédibilité de leurs articles en les dévoyant – aucune preuve, et de fausses allégations prononcées par une source qui n’est pas crédible. Où va le journalisme?

Mais ce blog de Wired n’est pas qu’une source manquant de fiabilité. C’est un opposant notoire qui répand toutes sortes de fausses informations au sujet de Wikileaks, qui n’ont pas cessé de se multiplier depuis que nous avons demandé l’ouverture d’une enquête pour déterminer le rôle joué par Wired dans l’arrestation du soldat américain Bradley Manning, source présumée [de WikiLeaks].

Nous avons condamné la conduite de Wired Magazine, qui nous est dès lors devenu hostile. Les deux blogs concernés, Threat Level et Danger Room, bien qu’ils aient produit des articles de qualité au fil des ans, publient maintenant des billets sans intérêt sur les dernières armes à la mode et autres gadgets de guerre technologique, restant par là même, fidèles à leurs noms: Threat Level (niveau d’alerte) et Danger Room (la salle du danger).

Ces deux blogs, et en particulier le journaliste Kevin Poulsen, sont responsables d’une quantité impressionnante de fausses déclarations concernant WikiLeaks. Aujourd’hui, un billet sur Danger Room commence ainsi: “Nous sommes toujours dans l’attente de WikiLeaks sur sa promesse de publier des centaines de milliers de documents militaires américains sur la guerre d’Irak.” Un autre mensonge.

WikiLeaks ne dit rien sur des dates de publication imminentes. En fait, à de très rares exceptions, nous ne communiquons jamais d’informations précises sur de futures publications sachant que cela alimente la machine à ragots d’organisations malveillantes.

Julian Assange
Rédacteur en chef

Retrouvez l’application War Logs V1, notre live-blogging de la précédente fuite, ainsi que tous nos articles étiquettés WikiLeaks

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Crédits photo: Flickr CC The US Army, mira 66

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