OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Vendredi c’est Graphism ! http://owni.fr/2012/07/06/vendredi-cest-graphism-sncf-wtf/ http://owni.fr/2012/07/06/vendredi-cest-graphism-sncf-wtf/#comments Fri, 06 Jul 2012 08:11:33 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=115554

Bonjour et bienvenue sur Vendredi c’est Graphism !

Geoffrey

Allez, on commence la semaine avec cette animation, vous allez adorez ces droïdes, qui, comme seule façon de résoudre leurs désaccords, se mettent à danser sur de la musique dubstep. Ce court métrage d’animation 3D a été réalisé sur le logiciel 3D de Luxology. Leur travail a consisté à la modélisation, le surfaçage, le texturage, l’animation, le rendu et les effets tels que la physique et l’éclairage volumétrique. Les personnages et l’environnement ne sont pas trop complexes à créer, mais conserver la qualité et la finesse des lumières et des textures en synchronisant tout ce petit monde avec la piste musicale a dû être une autre paire de manches !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le making off en images :

making Des robots qui se disputent sur de la musique Dubstep... !

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On continue avec Geospire qui est une exposition interactive présentée au Musée géologique d’Oslo. L’exposition est conçue et construite par Voy et a été développée en collaboration avec le Musée d’histoire naturelle d’Oslo et la section inter-media de l’Université d’Oslo. L’exposition vise à sensibiliser les écoliers sur ​​les roches et les paysages typiques d’Oslo. Entre des ateliers, des objets et des films, le musée géologique est rempli d’objets merveilleux avec une collection de plus de 2 millions de fossiles, des spécimens de roches et de minéraux. Cependant, les visiteurs ne sont pas autorisés à toucher ces éléments généralement conservés derrière une vitre. Geospire permet ainsi de créer de nouvelles activités éducatives pour les groupes d’écoliers afin d’apprendre la géologie par le toucher au travers d’objets physiques tels que des maquettes de paysages et des échantillons de roches.

En images :

En vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Hop, voici une infographie qui nous raconte l’histoire du html5 et notamment son but qui vise à parfaire le langage précédent par l’amélioration de la programmation et ses nouveautés tout en étant compatible et compréhensible par les dispositifs actuels et les navigateurs Web. Cette infographie explique ainsi la compatibilité avec les différents navigateurs existants mais également les enjeux pour la téléphonie mobile.

HTML5 [infographie] Comprenez le passé, le présent et le futur du html5 !

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On continue avec une petite vidéo de Google qui est passée inaperçue. Elle présente une nouvelle façon de pouvoir communiquer avec des amis ou en famille dans votre propre langue. C’est désormais à portée de main avec Google Input Tools.. Disponible dans les services de Google, sur Chrome ou sur les téléphones Android et Windows…. Un beau projet, très prometteur pour lequel il vous faudra rester à l’écoute pour l’arrivée des nouvelles langues sur de nombreuses plateformes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Les étudiants d’aujourd’hui sont de plus en plus en contact avec leur téléphone haute technologie. Et avec la montée rapide de l’accès Internet mobile, beaucoup sont en mesure d’accéder à des ressources dont ils ont besoin pour étudier. Mais voilà, selon les études que la graphiste Jen Rhee a mis en avant, cet accès facile pourrait très bien être à la fois une bénédiction et une malédiction :

Des conversations bruyantes à des moments inopportuns, des SMS désagréables à un moment délicat, aux toilettes, au lit, en voiture… Bref, cette infographie nous présente donc l’absence de « bonnes manières mobiles ».

jerks [infographie] Quel impoli êtes vous avec votre téléphone mobile ?

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Hine Mizushima est né et a grandi à Tokyo, au Japon où il a travaillé en tant qu’artiste et illustrateur. Il n’y est pas resté longtemps et a voyagé à Rome, Paris ou New York. Il réalise ainsi des marionnettes, du stop-motion, le tout avec des petits personnages, monstres, animaux, paysages en feutre. Un univers coloré, simple et onirique :)

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C’est le mini-buzz de cette semaine, le site préféré de tous les français vient de changer de design. Et oui, sncf.fr a été refait ! Un nouveau design, une grille, une belle typo… Mais… voilà qu’une radio démarre (parfois!) tout seule quand on arrive sur le site. On a cette drôle de sensation d’être transporté de son ordinateur vers une gare. Curieux !

Le nouveau site :

sncfjoli Le nouveau site de la SNCF... oui...MAIS !

Le WTF !!

Pour découvrir cette superbe radio ça se passe sur le site de la SNCF.

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Pour le mot de la fin, je vous invite à Bordeaux pour cette superbe expo d’architecture, à Londres, au Fashion and Textile Museum,  ou encore au Point Ephémère pour voir ce collectif d’artistes ! Côté dataviz, le Guardian a publié les droits des homosexuels aux Etats-Unis, Etats par Etats et en attendant vendredi prochain, moi je retourne célébrer la fin de l’ACTA ! ;-)

Bonne fin de semaine et gardez l’oeil ouvert !

Geoffrey

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http://owni.fr/2012/07/06/vendredi-cest-graphism-sncf-wtf/feed/ 1
Les data en forme http://owni.fr/2012/06/11/les-data-en-forme-episode34/ http://owni.fr/2012/06/11/les-data-en-forme-episode34/#comments Mon, 11 Jun 2012 16:20:35 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=113001 Owni ont fait remonter du flot quotidien quelques trésors de dataviz. Vous y verrez passer des carrés roses et bleus, des bulles orange et jaunes, des trains en retard, des camemberts à la plume et autres nuages arduinesques. Bonne découverte.]]> Actu oblige, attaquons cette nouvelle semaine avec une datavisualisation tournant autour des élections législatives. Elle nous vient d’un “dessinateur de données” de l’OCDE qui est en train de devenir un habitué de notre veille : Jérôme Cukier. À force de jouer joyeusement avec la librairie d3.js, il a fini par coder une carte interactive permettant de visualiser une projection des résultats probables de ce scrutin, circonscription par circonscription.

Le calcul de ces probabilités a été fait sur la base des résultats du second tour des élections présidentielles et les données sont consultables via une interface à l’ergonomie déconcertante.

D’un côté, vous pouvez consulter la carte où chaque circonscription est plus ou moins colorée du rose au bleu marine en fonction des résultats probables. De l’autre, une série de 577 carrés représentent l’ensemble des circonscription avec ce même code couleur. Cette grille peut même être organisée selon deux types de classement : géographique (de l’Ain aux Français de l’étranger) ou politique (du plus rose au plus bleu). Cerise sur le gâteau, les circonscriptions où sont présents soit l’un des ex-ministres de François Fillon, soit l’un des ministres actuels ou encore l’un des proches de Nicolas Sarkozy, sont identifiables grâce à un motif hachuré.

Je ne saurais que vous conseiller d’aller fouiller le blog de Jérôme Cukier qui, en plus, n’est pas avare d’explications sur ses manipulations avec d3.js

Bulles culturelles

Restons dans le data-chauvinisme et allons jeter un oeil au très bon travail de Jean Abbiateci, qui va finir lui aussi par avoir un bout de code à son nom dans les posts des Data en forme.

Journaliste indépendant, féru de photojournalisme et créateur de la très bonne veille visuelle l’Oeil du Viseur, il n’hésite pas à mettre les mains dans le code et ces derniers temps il a, lui aussi, pas mal joué avec d3.js. Pour ne rien gâcher, il le fait avec des données qui ne sont pas si souvent mises en scène : celles du secteur culturel. Ce qui donne un peu d’air frais face à l’omniprésence des sérieuses data politico-économiques.

Il y a quelques semaines, alors que twitter résonnait de débats passionnants sur l’état de la météo au dessus de la Croisette, Jean Abbiateci sortait tranquillement une visualisation bien utile, judicieusement nommée “Box-Office : le cinéma français mis en bulles”.

Elle permet de parcourir les résultats du box-office de 2007 à 2011. Deux bonnes idées rendent cette datavisualisation d’autant plus efficace : attribuer des codes couleurs facilement identifiables aux films présents et/ou récompensés à Cannes et proposer des filtres bien sentis (genre, avis public/médias, pays).

En jouant avec les données ainsi présentées on découvre quelques sympatiques informations. Par exemple que quatre années sur cinq, la Palme d’Or est un drame (que la Croisette est joyeuse !) ou encore que ces même palmes sont systématiquement notées un cran au dessus par les critiques en comparaison de la note attribuée par le public (que la Croisette est magnanime !).

Jean Abbiateci, sur sa lancée, a poursuivi son jeu de bulles pour visualiser le marché de l’art. Cette fois-ci ce sont les 270 oeuvres vendues qui ont atteint des sommets aux enchères, entre 2008 et 2011 qui sont présentées.

Là encore, parcourir ces données est un jeu d’enfants : quatre couleurs pour les typologies d’oeuvres (dessin, peinture, sérigraphie, sculpture) et pas moins de dix filtres nous montrant les diverses facettes de ces data. Pourquoi faire compliqué quand on sait faire simple ?

Data ferrées

Honte donc, à ceux qui penseraient que l’hexagone ne regorge pas de ressources pour faire travailler les données (comme nous l’avions déjà largement remarqué à l’occasion du concours GoogleViz l’hiver dernier). Cependant, il semblerait que la SNCF ne soit pas au courant. Pour explorer ses données relatives à nos usages des rails, la compagnie a choisi de travailler avec des chercheurs outre-atlantique. On l’excusera puisqu’il s’agit de ceux du MIT et plus précisément du Senseable city lab.

Trains of data propose deux approches autour de ces chiffres dont nous sommes les émetteurs premiers. Une vision isochronique de l’hexagone relative aux temps de trajet entre deux gares. Le territoire et sa perception apparaissent alors bien différents de ce que l’on connait. Amis de l’éducation nationale, il va falloir mettre à jour les manuels de géo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

 
Second angle : comment se répartissent les retards des trains sur le territoire. Jusqu’ici, on en avait sans doute l’intuition, désormais on en a la preuve en images. Mais ce n’est pas simplement l’horloge interne de la SNCF qui nous est donnée à voir mais aussi le nombre de passagers affectés par chaque retard, les points représentant chaque train étant plus ou moins large en fonction du nombre de voyageurs qu’ils transportent.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

 
Une telle visualisation permet ainsi à l’aiguilleur de savoir quels sont les points rouges à décongestionner en premier pour qu’au final le ratio retard/voyageur soit le plus faible et le mieux réparti. Conclusion : ne tombez pas sur un train en retard et presque vide, vous y passerez la nuit. Éternelle lutte entre minorités et rendement…

D’où venons-nous ?

Après la géo, l’histoire et pas n’importe laquelle en l’occurence, celle de ce dont nous vous parlons à longueur de Data en forme : l’Histoire de la visualisation de données. Gaëtan Gaborit, chargé d’étude à l’Observatoire régional économique et social des pays de la Loire et accessoirement passionné de données, nous offre en mode #opendata, la présentation qu’il a fait lors de la semaine de l’OpenData qui se tenait à Nantes du 21 au 25 mai dernier.

Ce que l’auteur qualifie lui-même comme “Un bref aperçu illustré” donne déjà de bonne bases sur les origines de cette pratique qui nous fait scruter le réseau chaque semaine à la recherche des nouvelles perles. Pour aller plus loin, Google est notre ami.

Hors des écrans

Après, ce petit flashback historique, je vous conseille d’aller jeter un oeil aux données visualisées hors de vos écrans. La Fonderie, agence numérique d’Île-de-France, adossée au conseil régional, organise un événement intitulé “Expoviz” du 16 au 23 juin prochains.

Au programme : un datatuesday, une conférence et surtout une exposition. Vous pourrez y découvrir une cinquantaine d’infographies que les organisateurs ont considéré comme étant les meilleures du moment, le tout sur des panneaux de grandes dimensions. Ça nous changera des zooms frénétiques sur 13 pouces et autres tablettes.

Et parce qu’une bonne infographie vaut mieux qu’un long discours, voici une petite mise en abyme produite à l’occasion de cet événement.

Data-nimbus

Allez, contrairement aux débats sur les réseaux, cet épisode des data en forme ne se terminera pas sur un point Godwin mais sur un “point cloud”. Point Cloud est le projet un peu fou de James Leng.

Selon ses propres mots : ce projet essaye de réinventer notre rapport quotidien aux données météorologiques. Plutôt que d’afficher les valeurs habituelles température / humidité / précipitations, ce nuage de points relie les données entre elles pour donner à voir, ​​de manière dynamique, les interactions entre ces diverses informations chiffrées.

Ça peut sembler obscur et abstrait, ça l’est en partie, mais cela pousse à nous interroger sur comment visualiser cette donnée que l’on étudie depuis des siècles et qui continue de nous échapper : la météo. La réponse de James Leng tient en quelques processeurs Arduino, 100 mètres de câbles et 966 points de jointure. Fun et zen.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

 
Pour finir, parce que derrière la visualisation de données il y a du code et parce que le code, oui, c’est aussi de l’art, allez donc vous balader ici et . Bonne semaine.

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Le train de vie de la CGT déraille http://owni.fr/2012/04/03/le-train-de-vie-de-la-cgt-deraille/ http://owni.fr/2012/04/03/le-train-de-vie-de-la-cgt-deraille/#comments Tue, 03 Apr 2012 12:02:01 +0000 Sabine Blanc http://owni.fr/?p=104361 OWNI. Dans ce dossier, le syndicat vient d'être renvoyé devant le Tribunal correctionnel de Lyon. Au mois de novembre dernier, des députés UMP avaient empêché la publication du rapport Perruchot sur l'argent noir des syndicats, qui déjà levait un coin de voile sur ce dossier. ]]>

Le 23 mars dernier, à Lyon, la justice a renvoyé devant le Tribunal correctionnel huit syndicats du comité d’entreprise régional (CER) de la SNCF, accusés d’avoir détourné une partie des subventions allouées au comité. Mis en examen en tant que personne morale, la CGT, Unsa, Sud-Rail, CFTC, CFDT, FO, Fgaac, CFE-CGC devront répondre dans les prochains mois d’abus de confiance et de faux et usage de faux. L’information judiciaire ouverte en 2006 s’était conclue par une ordonnance de non-lieu 2009 mais le parquet avait fait appel, avec succès.

Lanceurs d’alerte

Un épisode de plus dans une affaire entamée en 2004, après des révélations de deux salariés du CE de la SNCF, Willy Pasche et Nathalie Guichon. Ils avaient alors déposé plainte devant le Tribunal de grande instance de Lyon pour abus de confiance, dénonçant “des surfacturations à des fournisseurs inamovibles, des emplois fictifs et l’utilisation des moyens du CER de Lyon à des fins ne correspondant pas à sa mission”, comme le montre l’ordonnance de renvoi que nous nous sommes procurée et que nous reproduisons ci-dessous.

Depuis au moins 1995, un accord aurait été mise en place pour se partager une part du gâteau estimée au deux tiers. Le tout sous couvert de mécanisme de “limitation des dépenses”. Dans son ordonnance de renvoi, le juge Philippe Duval Molinos précise :

Au cours de leurs investigations, les enquêteurs de la police judiciaire constataient que la majeure partie du budget de fonctionnement était utilisé à financer les dépenses des organisations syndicales. En effet, sous couvert d’une ventilation comptable banale des dépenses par poste de charge, se cachait un accord de répartition du budget de fonctionnement entre les huit organisations syndicales représentatives de l’entreprise.

Prenant l’exemple de l’année 2004, l’ordonnance détaille que presque 340 000 euros ont été détournés, et ventilés en fonction des résultats aux élections, ce qui explique que la CGT ait le morceau le plus important, 140 349 euros, loin devant l’Unsa et ses 51 427 euros. Jean-Louis Basset, représentant FO Union régionale Rhône Alpes, enfoncera ses camarades cégétistes :

La décision du montant était vraiment une décision unilatérale de la CGT. Il n’y avait pas de négociations sur ce point. J’ai appris à une période que le budget de fonctionnement était en déficit. Nous sommes alors intervenus, au moins FO et l’Unsa, après de la CGT pour réclamer que le budget de fonctionnement soit diminué car il n’était pas normal que ce budget soit en déficit.

L’argent détourné serait allé en partie dans les poches des organismes de formation des syndicats, où les membres des organisation syndicales allaient. La facture était envoyée aux syndicats et remboursées par le CER. Une autre partie des fonds aurait servi à diverses emplettes :

l’achat de télécopieurs, le règlement de facture de téléphone, de repas et d’hébergement. L’achat d’alcool et la réalisation de tracts syndicaux pouvaient aussi figurer parmi ces remboursements effectués sur le budget de fonctionnement du CER de Lyon au bénéfice des organisations syndicales.

Répartition des fonds

Auditionnés lors de l’enquête préliminaire, les responsables syndicaux ont opté pour des positions différentes. Jean Raymond Murcia, secrétaire CGT du CE de Lyon de 2000 à mars 2004, justifie l’accord de 1995 par “un budget de fonctionnement largement excédentaire qui servait alors à combler le déficit des activités sociales”. Pourtant les enquêteurs ont noté que ce budget de fonctionnement était déficitaire en 2002 et 2003 de 84 500 et 79 000 euros. Pas de quoi remettre en cause l’accord.

D’autres éludent. Tel Claude Miachon, secrétaire CGT du CE de Lyon de 2000 à mars 2004 depuis avril 2004 qui se défausse :

[Il] ne pouvait se prononcer sur la légalité de l’accord intersyndical qui existait bien avant son arrivée.

Il a aussi indiqué que le cabinet d’expertise comptable était au courant des pratiques intersyndicales. Le cabinet en question, Audit-Alpha, devenu Adexi-Étoile, fait partie du groupe Alpha, connu pour être proche de la CGT.
Alain Laporte, secrétaire général régional de la CGT Cheminots de 1998 à janvier 2006, quant à lui “reconnaissait avoir signé les accords intersyndicaux de répartition des fonds de 1998 à 2005. Il expliquait que le remboursement des frais de formation permettait :

d’alimenter le fonctionnement de la délégation syndicale. Il s’agissait d’un moyen de justifier des sorties de fonds du CER.

Le syndicaliste a aussi reconnu avoir utilisé la carte d’autoroute à des fins personnelles et que l’alcool acheté servait “pour des ‘pots’ avec des élus et militants CGT”. En revanche, interrogé sur les frais de formation et en particulier les 32 000 euros dépensés en janvier 2004, il “indiquait qu’il y a avait des élections professionnelles proches, mais se refusait à établir un lien entre les événements.”

Pour Denis Mineboo, secrétaire régional de Sud-Rail, “les activités d’élu du CER et de syndicaliste ne pouvaient être dissociées.” Gérard Sonnier, secrétaire général CFTC-cheminots Lyon depuis mai 2005 a estimé :

Son organisation syndicale avait besoin de ce financement même s’il ne trouvait cela “pas bien normal.”

En revanche, Jean-Pierre Talut, représentant syndical régional de la CFE-CGC Lyon depuis avril 2005, “découvrait les montants attribués aux autres organisations syndicales et ajoutait qu’il n’était pas normal que les syndicats fassent passer leurs frais de fonctionnement et de formation par le CER de Lyon.” Son prédécesseur n’avait pas dû le mettre au courant puisqu’un tableau étiqueté “confidentiel” avait été remis en 2004 par Claude Miachon, indiquant que la CFE/CGC avait droit à 1 247 euros. Dans ce contexte franche, une autre plainte était déposée en 2005 et 2006 suite à des vols de boites d’archives de la comptabilité du CE de la SNCF portant sur 2002 à 2004.

Sauf exception

Auditionné lors de l’information judiciaire, les élus syndicaux les plus mis en cause adoptent une ligne de défense commune, prêchant l’innocence : “pratiques financières transparentes et honnêtes”, absence de contrôle des factures car on estime qu’“un lien, même minime, existait avec le fonctionnement du CER”, “sauf exception, il n’y avait pas eu d’abus dans la gestion des sommes”, “activité syndicale largement tournée vers le CER de Lyon et sa gestion”, “jamais constaté d’abus dans l’utilisation des fonds résultant de l’accord de répartition”. Sans poser la question de la légalité dudit accord. Habilement,  on pointe du doigt la SNCF, qui aurait laissé ce jeu s’installer, sous-entendu pour acheter la paix sociale.

Tandis que le trésorier du CE régional de la SNCF de 2000 à 2002, Bernard Hoarau, “confirmait que la CGT imposait ses fournisseurs”. On voit aussi cité le nom d’Emergences, un cabinet de formation, décrit comme proche de la CGT. Nathalie Guichon a affirmé aux enquêteurs que “la directrice technique du CER Lyon, Mme Nadia Chanel, était détachée par la société Emergences, qui facturait ce service au CER Lyon, alors en grandes difficultés.”

Financement des syndicats

L’un des lanceurs d’alerte à l’origine de toute cette affaire, Willy Pasche, avait été auditionné par la commission d’enquête sur le financement des syndicats, dite Commission Perruchot, en même temps que Philippe Chabin, salarié du CE clientèle de la SNCF. OWNI reproduit dans son intégralité ci-dessous leur témoignage. Le rapport final de cette commission d’enquête a été interdit de publication à l’automne dernier, à la demande de députés UMP – laissant planer le soupçon d’arrangements politiques entre le parti majoritaire et les syndicats.

Le document de synthèse a fini par être divulgué dans la presse, par nos confrères du Point. Mais il n’en est pas de même des auditions, riches en détail, notamment sur le fonctionnement des syndicats à l’intérieur de la SNCF.

Dévoiler l’argent des syndicats

Dévoiler l’argent des syndicats

OWNI s'est procuré le compte-rendu d'une audition devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur le ...

Le salarié revient sur son parcours au CE, ses découvertes sur les dysfonctionnements et le harcèlement dont il se dit victime depuis qu’il a porté plainte.

Contacté par nos soins, il a dénoncé une situation verrouillée, du fait de la position forte de la CGT aux prud’hommes et à l’inspection du travail. En 2008, Willy Pasche s’était dit victime de harcèlement moral et les enquêteurs avaient alors visité son lieu de travail et celui de deux collègues “relégués dans un bureau sans fenêtre et sans travail effectif”. Toutefois, sa plainte avait été classée sans suite en juin 2008, l’infraction étant insuffisamment caractérisée.

En arrêt de travail depuis 2008, Willy Pasche a également porté plainte contre le CER et la SNCF pour harcèlement moral qui sera jugé en juin. Le juge d’instruction a cependant jugé irrecevable sa plainte et celle de Nathalie Guichon avec constitution de partie civile, “aux motifs qu’un lien de causalité  directe entre le préjudice qu’ils alléguaient et les faits de la procédure ne pouvait être constaté”. Pas de quoi gâcher la satisfaction de voir le procès s’ouvrir enfin, après tant d’années.


Photographies sous licences Creative Commons via Flickr par Fliegender, William A. Franklin, Eliott Photo, Escap.e(d), Max xx et Davidov

Édition photo par Ophelia Noor pour Owni /-)

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Les data en forme http://owni.fr/2011/12/12/data-googleviz-2012-monopoly-riots-london-queen/ http://owni.fr/2011/12/12/data-googleviz-2012-monopoly-riots-london-queen/#comments Mon, 12 Dec 2011 14:43:25 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=90170 Rentrons dans le vif du sujet avec un concours qui a bien buzzé lors de son lancement, il y a moins d’un mois : le #Googleviz, clos depuis maintenant une semaine. On avait évoqué l’une des premières web-apps sorties, Retwhit2012, dans le dernier épisode des data en forme et le niveau était déjà sérieux. Ça se confirme.

La semaine dernière, alors que le jury délibérait, certains participants n’ont pas résisté à l’envie de partager leur création. Et vu la qualité des projets, le choix du vainqueur risque de se finir à coups de pelles : ça ne sera pas simple.

Mediarena, conçue et développée par Nils Grünwald, Stéphane Raux, Alexis Jacomy et Ronan Quidu est une bonne “datagifle”. Tout est là au premier coup d’œil : l’angle est clairement identifiable – comment les principaux médias en ligne traitent la présidentielle – et la prise en main plus qu’intuitive. En quelques clics, on joue avec les données et on fait défiler sur ce ring les noms des grands titres. Le cadeau bonux, c’est que derrière cette simplicité gage de lisibilité, Mediarena nous donne accès à bon nombre de données qui donnent du relief et de la profondeur à l’angle choisi.

Autre concurrent en lice, les concepteurs de “partie de campagne” (joli hommage à Raymond Depardon et son film “1974, une partie de campagne”). Si le design de leur web-app est un peu moins léché, leur mise en scène des données est vraiment intéressante et innovante. On entre par un nuage de tags qui donne un aperçu des principaux thèmes abordés par les médias et par les politiques (avec un petit graphique les comparant au survol de chaque mot).

Une fois le choix défini, le second écran nous immerge dans le “delta” (version HTML5 + canvas), les pieds dans la thématique et ses sujets affluents. En cliquant sur chaque terme on accède aux données : analyse de la tendance, affichage des sources (politiques et médiatiques) et même un listing des vidéos Youtube référentes. De quoi fouiller le sujet.

La team haploid a choisi elle un angle légèrement plus ludique, du moins dans la visualisation des données, avec son “Qui sera parachuté à l’Élysée ?”. Les candidats sont physiquement parachutés vers l’Élysée, point de gravité qui les attire tous, inexorablement. La base data pour chaque candidat étant son compte Twitter officiel associé à celui de sa formation politique, une corrélation entre le nombre de followers et le nombre de retweets permet de déterminer en live lequel est le plus proche du Saint-Graal.

Autour d’eux flottent les planètes des thématiques quotidiennes identifiées sur Twitter. L’interaction est, là aussi, assez intuitive avec, au survol, un affichage des liens entre candidats-volants et planètes-thématiques et, au clic sur chaque élément, l’affichage du fil Twitter correspondant.

La bonne data derrière ces premiers exemples, c’est que ce concours #Googleviz a déjà permis de remarquer de sacrées équipes. De quoi émoustiller le timide milieu de la dataviz hexagonal.

Open Data sans data

Avant de filer vers les datas non-hexagonales, sortons le saint-tag #opendata pour regarder du côté de ceux qui essaient de nous faire préférer le train. data.sncf.com, dix lettres et deux points qui ont de quoi faire saliver quelques csv-dépendants. Seulement voilà, une fois la page d’accueil chargée, on reste pantois : pas un seul jeu de données à se mettre sous l’tableur. Le site est un appel à débat comme le souligne cette bondissante baseline : “Open data, open débat”. Pour le modèle “gagnant-gagnant” prôné dans le court texte de présentation, on repassera.

Chers transporteurs d’humanités, sachez que l’Open Data est un débat depuis quelques temps déjà et que le meilleur moyen de le faire avancer eût été de nous lâcher vos données. Pour l’innovation, côté des détenteurs de données, on attendra.

Traquer les rumeurs

Prenons l’avion pour aller faire un tour outre-manche. Nos amis du Guardian, qu’on ne présente plus en matière de journalisme de données, ont encore fait joujou avec quelques chiffres pour notre plus grand plaisir. Le concept de longue traîne ne leur étant pas non plus inconnu, ils sortent une très belle visualisation interactive sur un événement qui a près de quatre mois : les émeutes londoniennes.

Alastair Dant et ses collègues ont décidé d’analyser l’évolution des rumeurs sur Twitter pendant ces évènements. “Les émeutiers ont libérés les animaux du zoo de Londres”, “les émeutiers se font leurs propres sandwichs dans les Mc Do”… À vous de choisir parmi sept rumeurs – cinq fausses, une infondée et une avérée – pour visualiser leur évolution. Le replay est intelligemment construit, avec notamment l’identification visuelle des tweets favorables, opposés, interrogatifs ou simplement commentant les faits et la mise en avant de moments clés où la diffusion de la rumeur se modifie. Et, comme au Guardian ils aiment partager, ils nous livrent un making of de cette datavisualisation qui permet notamment de comprendre l’importance d’un travail d’équipe intégrant : journalistes, développeurs, designers et universitaires.

Unes VS Twitter

Direction le sud de l’Europe et l’Espagne : autre mouvement, OccupyWallStreet, et autre visualisation signée Numeroteca. Si le rendu manque cruellement de possibilités d’interaction pour mieux saisir les données, le principe mérite que l’on s’y arrête. Le but est de matérialiser un comparatif entre le traitement du sujet à la une des grand journaux américains et le nombre de tweet/jour sur ce même sujet. Le rendu visuel permet non seulement de comparer les deux présences médiatiques sur un graphique mais on visualise également la place physiquement accordée sur la page de une. Le même type de travail a été mené pour comparer le traitement à la une des principaux journaux espagnols et sur Twitter du printemps arabe.

Des recherches à suivre, notamment lorsque l’on sait qu’un Hackathon sur le sujet #OccupyData s’est tenu le 9 décembre dernier et que les pistes qui s’y sont dessinées sont accessibles directement dans un GoogleDoc en libre accès.

Au-delà du chaos

Passons outre-atlantique pour aller crowdsourcer le futur de l’informatique. C’est ce que propose le New York Times à travers une efficace timeline verticale qui répartit le sujet sur quatre grands thèmes : calcul, intelligence artificielle, transports et mode de vie et communication. Rien ne sortant de rien, ce sont les bases qui apparaissent en premier avec tout l’historique de l’informatique au sens large depuis les bâtons de Napier en 1617 jusqu’à 2011 année historique où Waston, super-ordinateur conçu par IBM, a battu les deux champions du jeu américain “Jeopardy!”.

Puis c’est le grand saut. De quoi demain sera fait ? À partir de 2012, c’est un grand tableau noir où s’affichent les prédictions proposées par les audiences. L’espace pour laisser sa propre prospective est aujourd’hui clos mais vous pouvez toujours interagir de deux façons différentes. Soit en déplaçant les événements affichés sur la timeline post-2011, soit en votant pour les propositions qui vous semblent les plus intéressantes, réalistes #oupas. Les mieux notées seront progressivement insérées dans la partie prédictive de la timeline.

DataTriche et WTF

L’hiver approche et avec lui le cliché des longues soirées au coin feu qu’il va bien falloir occuper. Si certain(e)s d’entre vous aiment le jeu, possible que vous ressortiez dans les semaines qui viennent ce bon vieux Monopoly qui prend la poussière depuis un an. Alors laissez-moi vous donner un tuyau. Il y a un développeur californien nommé Ben Jones qui s’est amusé à modéliser les statistiques issues de 60.000 parties aléatoires. Son “Dominate Family Game Night” présente un tableau de bord des différentes stratégies de jeu en fonction de grandes tendances. Chut, je ne vous ai rien dit.

Avant de finir, on ne va pas, nous aussi, lancer un concours mais juste un appel : saisissez-vous des données WTF ! L’Internet mondial en est rempli et elles n’attendent que de folles petites équipes pour être visualisées. Tiens par exemple : les meilleures ventes de 45T/Singles de tous les temps (merci @Pirhoo) ou comment refaire un TOP50 2.0 avec en tête Tino Rossi et J.J Lionel.
Ou encore, pour rester dans le domaine des mélodies inoubliables, toute la correspondance de Wolfgang Amadeus Mozart et sa famille. Près de 1 400 lettres triées en fonction des dates, lieux, expéditeurs, destinataires, œuvres mentionnées. De quoi scrapper…

BRooeimn hhaapdsy

Reprenant la chronologie inversée du précédent “Les data en forme“, terminons cette semaine en musique avec une dataviz pour les oreilles. C’est du Queen et c’est la mythique Bohemian Rhapsody qui est joliment destructurée. Dans Bohemian Rhapsicord, créée lors du Music Hack Day de Boston, Jennie and Paul Lamere ont concrètement morcelé le morceau en une multitude de séquences pour nous laisser le rejouer à notre manière. Soit vous appliquez un des filtres qu’ils proposent (durée, volume, inversion, similarité), soit vous définissez une touche de votre clavier pour chaque segment et à vous de reconstruire le puzzle musical. Seul bémol : la web-app ne fonctionne que sous Chrome.

Allez, que l’#opentata et le #dadajournalisme vous inondent et à la semaine prochaine.

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http://owni.fr/2011/12/12/data-googleviz-2012-monopoly-riots-london-queen/feed/ 46
Les data en forme http://owni.fr/2011/10/07/data-crowdsourcing-segregation-sncf-ps-meteo-porn/ http://owni.fr/2011/10/07/data-crowdsourcing-segregation-sncf-ps-meteo-porn/#comments Fri, 07 Oct 2011 14:05:16 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=82593 Une fois n’est pas coutume, ce sont les représentations d’un mouvement de foule, de son humeur ou de son opinion, ou de son empreinte géographique qui ont attiré notre attention cette semaine. Et c’est devant une nouvelle production de haut vol (en HTML5, forcément) du New York Times que nous nous pâmons le plus nettement : “What’s Your Economic Outlook?” [en] est une application de crowdsourcing développée par Tom Jackson, Daniel McDermon et Aron Pilhofer, ayant pour objet d’interroger les lecteurs sur leur sentiment face à l’avenir, pour leur propre travail, pour l’économie et les générations futures. Et naturellement, de se situer par rapport aux autres internautes de passage. Le rendu graphique, qui affiche l’ensemble de l’étude ou bien son contenu filtré par vos soins, est original et lisible, sans fioritures, et offre une photographie instantanée de l’échantillon – sans doute non représentatif de la population étasunienne – ayant répondu à l’enquête. Et pour les plus sociologues d’entre-vous qui souhaitent aller au-delà de la simple représentation graphique, les commentaires des internautes valent indéniablement le détour – tant pour leurs motifs d’espoir que pour les sentiments négatifs qui les parcourent assez globalement.

What's Your Economic Outlook?

“Aucune carte du monde n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas.” (Oscar Wilde)

Autre cartographie artistique du réel, “Les divisions raciales et ethniques dans les villes américaines“, remarquable travail d’Eric Fischer inspiré de la carto radicale [en] de Bill Rankin, et élaboré à partir des données du recensement de 2010. Le principe : chaque point équivaut à vingt-cinq citoyens, qui sont colorisés selon leur “race” (rouge pour les Blancs, bleu pour les Noirs, vert pour les Asiatiques) ou leur ethnie (orange pour les Hispaniques). Le résultat : la mise en avant par la couleur que la mixité sociale est un concept très théorique. A défaut d’obtenir ce genre de données pour la France, où la question des statistiques ethniques est un vaste débat, ce travail sur les États-Unis remplit bien son office : celui de nous faire cogiter sur nous-mêmes.

Race and ethnicity 2010

Restons dans l’ouverture des données et rapprochons-nous de la France pour découvrir, en ce jour de perturbations sur les chemins de fer de notre beau pays, une excitante initiative citoyenne : “Un train de retard“. Ce site d’information indépendant est “basé sur les données publiques distribuées par la SNCF” et agrège très intelligemment celles-ci en reconstituant un véritable tableau de bord statistique en temps réel de la qualité de service du rail. Reste à savoir si la SNCF glissera sur la pente dangereuse déjà empruntée par la RATP en la jouant un peu perso, ou si elle rendra hommage à ce bel ouvrage qui n’aurait pas été possible sans l’ouverture des données.

Un train de retard

La France, quand elle ne célèbre pas Steve Jobs, se prépare doucement à renouveler son état-major et la première étape passe par les primaires socialistes dès ce week-end. On se sera sans doute fait son idée en suivant les débats à la télévision, mais rien ne vaudra jamais une petite synthèse pour faire son choix – s’il en est un – parmi les candidats. A ce jeu, les experts du Figaro avaient ouvert le bal au mois d’août avec leur application “Les propositions des candidats à la primaire socialiste” et viennent d’être tardivement rejoints par les fines gâchettes du Monde dans leur visuel interactif “Primaire PS : comparez les propositions des candidats“. Sans être emballant esthétiquement, ni par le choix de la technologie employée (bref, j’ai fait un tableau en Flash), ce gros boulot de Samuel Laurent (#FF) et Alexandre Léchenet (#FF) doit figurer dans notre modeste veille hebdomadaire, sans la moindre hésitation.

Juste un truc : François Hollande aime la Hadopi. Faudra mettre à jour.

Primaire PS sur lemonde.fr

“La séduction est de l’ordre du rituel, le sexe et le désir de l’ordre du naturel.” (Jean Baudrillard)

Pour surfer sur la vague rose, un petit détour vers la moiteur et la sensualité #oupas, à travers deux maniements de la data cochonne : le premier, raffiné, dûment nommé “Every Playboy Centerfold, The Decades” [en], est le travail de l’artiste Jason Salavon, issu de sa série “Amalgames” [en], dont le principe est de produire une synthèse (vous voyez comme on est raccord) graphique d’un corpus d’œuvres pour en créer une finale. Ici, c’est l’ensemble des pages centrales de la célèbre revue Playboy qui est empilé dans un élégant flou quadrifide qui n’est pas sans rappeler vaguement le linceul de Turin. Voulu ou pas, l’effet qui s’en dégage est troublant : il semble qu’à travers les âges, le choix (inconscient ?) du magazine se porte vers des demoiselles en moyenne de plus en plus pâles. Une pensée pour Michael Jackson.

Every Playboy Centerfold, The Decades

Moins subtile, l’infographie un poil buzzy du site de recherche d’écoles et d’emplois dans la psychologie Online Psychology Degree, intitulée sobrement “Porn Addiction in America” [en], s’efforce de démontrer que les Étasuniens sont complètement drogués au porno. Rapprochée tout en nuances pour l’occasion à la prostitution (Argent + Sexe = Business), l’industrie de la pornographie arroserait le bon peuple de deux nouveaux films par heure aux États-Unis, et pas moins de 30 000 citoyens chauds comme la braise visualiseraient du cochon chaque seconde que Dieu fait. Pire, 70% du trafic Internet salace se ferait pendant les heures de bureau. Ce n’est pas en France qu’on verrait des choses comme ça arriver !

Porn Addiction in America

One more thing

S’il existe un autre sujet consensuel à l’humanité qui aura survécu haut la main à la migration des esprits vers le numérique et l’immatériel (hormis le sexe, donc), c’est bien la météo. Il existe un nombre indécent de sites web consacrés à cette science de l’improbable, qu’on aime critiquer pour leurs prévisions parfois détrompées par les faits, souvent par les espérances. Choisir “son” site météo c’est un peu comme devoir trouver son marteau chez Casto : c’est utile mais à la fin ils se ressemblent un peu tous. C’est à ce moment qu’entrent en piste Jacob Norda et James Diebel et leur concept : WeatherSpark [en]. En s’appuyant sur les données de weather.gov, de l’Institut national de météorologie de Norvège et des API des sites World Weather Online et Weather Central, les deux jeunes ingénieurs californiens ont monté une interface interactive de grande classe qui permet de naviguer dans la donnée, y compris dans le temps, de manière extrêmement intuitive et quasi ludique.

C’est clairement le frisson Flash du moment.

WeatherSpark

WeatherSpark


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La SNCF et l’écologie: essai en cours de transformation http://owni.fr/2011/02/15/la-sncf-et-lecologie-essai-en-cours-de-transformation/ http://owni.fr/2011/02/15/la-sncf-et-lecologie-essai-en-cours-de-transformation/#comments Tue, 15 Feb 2011 16:37:19 +0000 Ludovic Bu http://owni.fr/?p=38036 Lors de mes conférences, je cite régulièrement la SNCF comme le meilleur exemple d’une entreprise ayant pour stratégie une intégration horizontale de l’ensemble de la chaîne de mobilité. La compagnie de transports française a, en effet, parfaitement compris le fait qu’un voyageur souhaite qu’on le prenne en charge depuis son point de départ et jusqu’à son point d’arrivée, et non uniquement sur des tronçons de trajets (par exemple d’une gare à une autre). Challenge que seule la voiture individuelle en possession propre réussissait à relever jusqu’à présent, en étant présente dans votre garage et vous amenant jusqu’au parking de votre lieu de destination (voire vous permettant de ne pas avoir à sortir de votre auto en utilisant des services de “drive thru”).

Quand une entreprise publique agit pour l’environnement

Dans cette logique, la SNCF a totalement intégré Keolis (transports en commun locaux, un peu d’auto-partage) et Effia (stationnement, principalement à l’abord des gares, services de vélos, etc). Elle a également lancé le fond d’investissement “éco-mobilité”, doté de 15 millions d’euros, pour entrer dans des start-ups offrant des services permettant de compléter cette chaîne de mobilité. Lors de sa conférence annuelle “rencontres clients”, j’ai découvert qu’elle allait beaucoup plus loin dans sa mise en oeuvre de principes et d’actions en faveur de déplacements moins impactants écologiquement.

Pourtant, de prime abord, je ne m’attendais pas que ce gros paquebot industriel soit à la pointe de l’innovation dans ce domaine. A la fois parce qu’il est toujours difficile de manoeuvrer un tel navire. Qui plus est pour le transformer d’une entreprise de cheminots qui font rouler des trains en une entreprise multi-services orientée voyageurs. A la fois parce que le discours simplifié de la SNCF consiste à expliquer que prendre le train est un acte écolo, car cela pollue moins qu’un même trajet effectué en voiture ou en avion, sans jamais remettre en question l’utilité même des multiples causes de déplacements. Enfin, parce que l’image communément associée à l’entreprise est moins celle d’une entreprise innovante que celle d’une compagnie publique toujours au bord du déficit et à deux doigts de la grève paralysante pour notre pays (image très caricaturale, d’ailleurs, car les jours de grèves ne sont pas si nombreux, mais ils sont très visibles).

Eh bien, lors de la rencontre client 2011, j’ai mangé mon chapeau, et j’ai découvert une entreprise à la pointe dans le secteur. Les initiatives sont lancées tous azimuts, et cela ne semble être qu’un début. Parmi la multiplicité des projets présentés, mon attention a particulièrement été attirée par le projet de gare HQE de Besançon, le nouveau service de mobilité totale à Pau et la transcription audio des affichages visuels à Nancy.

Réjouissances pour les voyageurs dès décembre 2011

La gare HQE ouvrira au public en décembre 2011. Ce sera la première gare en Europe labellisée Haute Qualité Environnementale. Elle sera notamment chauffée au bois et en partie enterrée, ce qui lui permettra d’avoir toujours naturellement au moins une température de 10°. Quant au second projet, la principale innovation est que, désormais, les Palois peuvent utiliser des services de transports en commun, d’autopartage et de location de vélo avec une seule carte et une seule tarification, assurant ainsi une facilité d’usage bien nécessaire pour imposer des modes alternatifs à la voiture individuelle.
Enfin, à Nancy, 120 mal et non voyants peuvent désormais entendre ce qui est affiché sur les panneaux de la gare, en temps réel ! Ce service est également disponible à Amiens et Orléans, et est en cours d’installation à la Gare de l’Est. Outre l’autonomie qu’il procure à ses utilisateurs, pour une fois pas obligés de demander à quelqu’un de leur lire ce qu’ils ne voient pas, j’y vois aussi un début de réponse pour aider tous ceux qui ont des difficultés avec la lecture, et pour qui il est handicapant pour se déplacer.

Mais, si ces trois projets ont retenu mon attention en particulier, il faut que j’ajoute qu’ils s’inscrivent dans un impressionnant ensemble de nouveautés ! Jugez-en vous même : carte interactive vélo + TER en Bretagne, Tram-train à Mulhouse, 25 tonnes de paniers fraîcheurs livrés chaque jour dans 80 gares (uniquement avec des produits de saison et de la région), expérimentation d’une locomotive hybride en vue d’une industrialisation, diminution de 7% des émissions carbones provoquées par la restauration à bord des Thalys (soit 2% de l’empreinte carbone totale de ce train), lancement de la V2 de l’éco-comparateur, création de pas@pas, une plateforme partagée d’achats responsables ou encore lancement de CO2Go, un éco-comparateur individuel en temps réel.

Seul petit bémol, la promotion du covoiturage pour aller dans les gares d’Ile de France, qui a tout de la fausse bonne idée dans son organisation actuelle. En effet, le système, basé sur un site web de mise en relation entre voyageurs, est présenté comme permettant de diminuer le nombre de voitures se rendant dans les gares tous les jours, et donc de la place nécessaire pour les parkings, alors que c’est plutôt la diminution du nombre de parkings aux abords des gares et la réservation des places disponibles aux seuls covoitureurs qui permettra l’augmentation de la pratique. D’ailleurs, aucun chiffre n’a été présenté pour appuyer la démonstration des orateurs, ce qui laisse penser qu’il n’y en a pas…

Mais c’est un bien petit bémol comparativement à tous les points abordés à l’occasion de cette rencontre. D’autant qu’au cours de la séance des questions / réponses, la langue de bois usuellement pratiquée par d’autres dans ce type de circonstances avait été remisée au placard, les principaux dirigeants de la société acceptant la remise en question (notamment du tout vitesse) et répondant parfaitement à mes interrogations. C’est aussi pourquoi, et au vu de cet immense ensemble d’initiatives, j’ai le plaisir de reconnaître que la SNCF est en passe de réussir son pari de devenir l’acteur majeur et incontournable de l’éco-mobilité ! A condition de déployer largement toutes ces bonnes initiatives dans l’ensemble des gares et trains de la compagnie, bien sûr.

Publié initialement sur Le blog de Ludovic Bu sous le titre SNCF: naissance d’un acteur majeur de l’éco-mobilité

Illustrations Flickr CC Mhliaw et Mgrenner

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Prison automate: l’exemple d’une gare http://owni.fr/2011/02/15/prison-automate-lexemple-dune-gare/ http://owni.fr/2011/02/15/prison-automate-lexemple-dune-gare/#comments Tue, 15 Feb 2011 13:28:35 +0000 Jean-Noël Lafargue http://owni.fr/?p=46652 Après de longs mois de travaux, la gare de mon modeste et bucolique village du Val-d’Oise a été complètement ré-agencée.

La comparaison entre « avant » et « après » me semble très instructive à faire en ce qu’elle témoigne des changements opérés dans les rapports entre la société des chemins de fer, ses usagers et ses employés.

Je ne suis pas certain que mes schémas seront très clairs et je sais qu’ils ne sont pas très exacts.

Le premier dessin (ci-dessous) montre la gare avant les travaux. Depuis la rue, on accédait librement aux voies, c’était à chacun de prendre la responsabilité du compostage du billet, comme sur les quais des grandes gares parisiennes. On pouvait aussi accéder à l’intérieur de la gare, dont le gros de la surface était occupé par le personnel de la SNCF, réparti en deux guichets et un bureau de réservation grandes lignes, bureau qui avait déjà été fermé plusieurs mois avant le début des travaux et qui avait été remplacé par un automate capricieux : « si vous voulez acheter un billet grandes lignes au guichet, il faut aller à Argenteuil [5km] ou à Paris [15km]. »

Après les travaux (ci-dessous), la gare a été vidée des agents, il ne reste qu’un unique guichet, fréquemment fermé. L’espace de services a été transformé en un simple hall, que l’on peut traverser. Le lieu est équipé d’automates d’achat de billets (banlieue et grandes lignes) et une zone a été réservée pour accueillir une boutique semble-t-il, mais elle est pour l’instant inoccupée. Ce hall n’est pas assez spacieux pour qu’on y ait disposé des bancs.

Pour accéder aux voies, depuis la gare ou depuis la rue, il faut à présent passer des portillons automatiques, c’est à dire être muni d’un ticket ou d’un passe RFID.

Il n’est plus question, par exemple, de se rendre sur le quai pour tenir compagnie à quelqu’un qui va prendre son train.

En fait, si l’on utilise des tickets, et non un passe, on se trouve prisonnier sur le quai dès lors que l’on a passé les portillons, car si on décide de sortir, on ne pourra plus revenir dans la gare. Le quai fonctionne alors un peu comme une nasse.

Sur une vue satellite, j’ai indiqué en jaune la zone à laquelle l’usager qui a passé les portillons est contraint.

Supposons qu’une annonce informe les voyageurs de la suppression d’un train. C’est très fréquent et cela signifie que le prochain train ne passera pas avant un quart d’heure. Autrefois, on patienter en sortant et la gare, typiquement pour profiter d’un des services qui se situent à proximité immédiate : bar-tabac, maison de presse, distributeur bancaire, boulangerie, épicerie, cabines téléphoniques, pharmacie. À présent, il est impossible de sortir, le voyageur doit rester sur le quai, abrité de la pluie par un préau mais pas du vent ni du froid, et ceci, donc, pendant un quart d’heure.
Il existe sur le quai un distributeur « Selecta » où l’on peut acheter une bouteille d’eau à près de deux euros ou des biscuits et autres aliments sucrés.

La raison d’être des portillons est, comme dans le métro  et le RER je suppose, de limiter la fraude des usagers (fréquente) et d’empêcher la circulation de personnes qui n’ont rien à faire sur le quai (rare). C’est légitime sans doute, mais en même temps assez autoritaire et contraignant. Ce système avantage par ailleurs fortement les voyageurs qui utilisent une carte de transport du type « Navigo » .

Ceux qui utilisent de simples tickets sont, comme on l’a vu, prisonniers sur le quai, quai auquel ils peuvent par ailleurs avoir des difficultés à accéder car seul un petit nombre de portillons (parfois en panne) sont équipés pour le passage des tickets.

La langue médiatique actuelle aime bien prétendre que les voyageurs sont « otages » des mouvements sociaux, eh bien ils peuvent aussi être « séquestrés », « piégés » par des portillons automatiques.

Pour les gens qui arrivent par la partie sud de la ville (la gare se trouve du côté nord), un distributeur de billets a été installé dans un couloir vide et crasseux, sous la surveillance d'une caméra. Une partie de la gare a été refaite, mais la partie non-refaite n'a même pas été nettoyée !

Les automates coûtent cher à fabriquer, à installer et à maintenir, notamment ceux qui sont en permanence disposés en extérieur. J’ignore s’ils coûtent à l’usage plus ou moins cher que les employés qu’ils remplacent. Je soupçonne dans l’emploi de l’automate une lâche manière de laisser la machine, réputée impartiale et implacable, faire des choses qu’un élément humain ne pourrait jamais faire. Si un employé de la SNCF nous cognait ou nous coinçait lorsque nous n’entrons ou ne sortons pas à la vitesse qu’il juge bonne, il aurait sans doute à s’expliquer ; et s’il laissait quelqu’un muni d’un titre de transport valide sortir de la gare mais plus y retourner, il semblerait de la même manière agir de façon hostile et injuste.

L'affichage mécanique a été remplacé par des écrans. La lisibilité est moins bonne car les écrans sont petits. Les noms de gares ou doivent souvent être abrégés. Lorsqu'il fait grand jour et que les écrans sont face au soleil, on ne voit pas grand chose non plus. Dans l'exemple ci-dessus, les écrans sont simplement éteints, ce qui arrive souvent. La nuit, en revanche, on les voit briller, y compris aux heures où la gare est fermée et où plus aucun train ne circule.

Il faut pourtant bien rappeler qu’un automate n’a rien d’impartial. Son activité est toujours le résultat d’un programme, c’est à dire que ses actions ont été prévues, pensées, voulues. Derrière chaque machine, se trouve un projet, une volonté.

En fait, les technologies grâce auxquelles fonctionnent les automates pourraient rendre toutes les opérations plus fluides et plus amicales si elles étaient voulues ainsi. Il pourrait par exemple être possible de souscrire à des abonnements faits « sur mesure » (deux jours par semaine par exemple) ou d’accepter qu’une personne munie d’un ticket valide puisse sortir et rentrer dans la gare librement. Le fait que cela ne soit pas fait ne montre sans doute rien d’autre que le mépris avec lequel les usagers sont considérés ou, au mieux, montre seulement que leur confort ou leur agrément ne sont pas particulièrement pris en compte.

L'affichage des horaires de train a récemment changé de fonctionnement. Puisque les écrans peuvent être mis à jour, ils s'adaptent au trafic réel au lieu d'indiquer les horaires de référence. Il ne faut pas croire que cela constitue un avantage, au contraire cela permet que des changements ne soient pas signalés clairement et même, ce qui n'arrivait jamais auparavant, cela permet que des trains passent deux ou trois minutes avant l'horaire prévu.

Il n’y a pas que du mépris, il y a aussi de la méfiance, ainsi que le démontre l’ahurissante inflation du nombre de caméras de surveillance nouvellement installées. Il y en a sur les quais, à chaque point de passage et à l’intérieur de la gare. Sans les avoir recensées précisément, je pense pouvoir en dénombrer plus d’une vingtaine, et ce pour une toute petite gare située dans une paisible commune bourgeoise et sans histoires. On peut supposer que le coût d’exploitation de ces caméras est plutôt important. J’ignore si toutes appartiennent à la SNCF ou si certaines sont la propriété de la commune ou de la police nationale.

Le réseau Transilien (les trains de banlieue dont le terminus est toujours une grande gare parisienne) appartient à la SNCF et à Réseaux ferrés de France mais son coût d’exploitation est en très grande partie financé par le syndicat des transports d’Île-de-France, c’est à dire par le secteur public. La SNCF, quand à elle, est un établissement public, mais ce statut est amené à changer, la commission européenne a récemment exigé que, comme la Poste, la société nationale des chemins de fer français devienne une société anonyme. Le motif officiel est l’ouverture loyale à la concurrence, mais des arrières-pensées peuvent être soupçonnées : après tout, la SNCF brasse des dizaines de milliards d’euros mais, en dehors de quelques partenaires, prestataires   ou sous-traitants, cela ne rapporte à personne, des actionnaires privés ne se distribuent pas de dividendes ou de coupons…

Une fois devenue une société comme les autres, la SNCF pourra rapporter des sommes importantes, à condition sans doute d’augmenter ses tarifs, d’augmenter le montant des subventions qu’elle perçoit des collectivités locales et de baisser le coût et la marge de manœuvre de ses usagers comme de sa main d’œuvre, c’est à dire les gens qui ont fait vivre directement ou indirectement cette société pendant près de trois-quarts de siècle.

Article publié initialement sur le Dernier Blog

Photo CC Flickr par Todd Anderson

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SNCF, La Poste… silence, on privatise ! http://owni.fr/2010/11/26/sncf-la-poste-silence-on-privatise/ http://owni.fr/2010/11/26/sncf-la-poste-silence-on-privatise/#comments Fri, 26 Nov 2010 11:34:35 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=37041 L’opérateur IDTGV fait tourner ses boules antistress dans la paume droite pour se calmer les nerfs, clique, répond à un nouvel appel dans son micro-casque : « vous n’existez pas à la SNCF ! » Bienvenue dans les chemins de fer français nouvelle formule : ouverts en 2007 à la concurrence pour le fret, depuis 2010 pour les voyageurs, les employés de la SNCF sont désormais rejoints par d’autres structures qui partagent leurs rails, vendent les mêmes billets… Mais ont substitué à la culture de service public des objectifs de rentabilité. Au sein même de la vieille maison ferroviaire, les centaines de milliers d’agents voient leur cohésion remise en cause, arbitrairement, pour préparer une division des tâches, afin que chacune d’elle puisse être mise en concurrence.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Un démembrement dont Luc Joulé et Sébastien Jousse ont filmé les conséquences néfastes en région Provence Alpes-Côtes d’Azur dans leur documentaire sorti le 17 novembre, Cheminots.

La mort du lien entre métier et service public

Face aux panneaux recouverts de guirlandes de boutons lumineux articulés d’aiguillages, deux hommes vont et viennent depuis leurs écrans de contrôle et la baie vitrée qui donne sur les rails ensoleillés de la Provence. Ils font le même métier mais ont été séparés arbitrairement : l’un gère le fret, l’autre, « l’infra » (pour infrastructure). Un des exemples de l’absurdité des fractionnements imposés par la direction : dans ce même bureau, ces deux agents doivent gérer les mêmes rails mais en ne regardant que leur moitié des trains.

Solidaires, les cheminots observés deux ans durant par les réalisateurs ne se révèlent que dans leurs gestes précis d’artisans des moteurs aux gros cylindres en aorte qu’ils réparent en silence dans des ateliers monumentaux. La peur et l’inquiétude les empêche de parler, « on n’arrive pas l’exprimer » répètent-ils, des quais de la gare de Marseille aux PC d’aiguillage. Ce n’est pas tant leur petite histoire à eux qui les intéresse, c’est plutôt celle d’un idéal de service public, d’une exigence : « avant, si la loco n’était pas prête, on la laissait pas partir, pour des raisons de sécurité, raconte avec les mains un retraité des ateliers d’Arles. Mais ça s’est perdu ça. »

Perdu ? Pas vraiment. Plutôt dilué dans les exigences nouvelles de la direction : « on voit les machines moins souvent », raconte un mécanicien avec affection et inquiétude. Sa pire hantise, c’est l’accident, le déraillement pour une motrice mal révisée… Sans même parler de l’impératif de sécurité, le service lui-même en prend un coup : au montage des trains, des secteurs ont été définis in abstracto, plus question de prendre une voiture à la volée pour combler un vide, alors que « avant, on ne se posait même pas la question, avoue un responsable de l’assemblage. Maintenant, on se les vend [les voitures, wagons et motrices, NdR], on se les loue, ou se les sous-loue ».

Par des situations de tension, que seuls portent les visages de leurs acteurs, Cheminots montre un paradoxe invisible au grand public : nombre d’incidents mis sur le compte de la paresse des agents de la SNCF sont le fruit des mesures préalables à la privatisation que certains usagers espèrent pour améliorer le service. Entre les plaintes et la pression de la direction, les agents se démènent : ce corps qui faisait un tout par ses veines et ses navettes est désormais un étrange labyrinthe où ils continuent d’essayer de guider les voyageurs. Et souffre de mal faire.

Quelques désobéissances au milieu de la résignation

Une cohésion, une camaraderie ouvrière reste vivante : on se salue au passage, on s’entraide entre générations… Même si un jeune gars des ateliers des motrices confie que « la direction essaie de me dissuader de parler avec les plus vieux… mais comment je vais apprendre le métier si ce n’est pas avec leur savoir ? » Sur les quais, c’est une autre affaire : les gens qui vendent les billets ne saluent plus les gens de l’accueil, parfois, les agents en gare, même couleur de casquette, même sifflet au cou, ne savent pas le nom de leur collègue, de l’autre côté de la plate-forme. IDTGV, SNCF, Artesia…Ils cohabitent déjà : la privatisation se fond dans les couleurs du service public.

Dans le fret, les locos Veolia sont déjà sur les rails, arrivent « comme des trains fantômes » conduits par des agents du privé qui ne connaissent pas les codes et ne savent pas répondre aux questions des aiguilleurs… Certains craignent les incidents. D’autres savent qu’il y en a déjà eu. Invités par les réalisateurs dans une salle de repos pour regarder le film de Ken Loach, The Navigators, racontant la privatisation du chemin de fer britannique, une équipe salue d’un silence les images. « on refuse d’y croire », lâche l’un d’eux. Mails ils relèvent dans les détails de cette fiction leur présent, comme si l’image seule réussissait à retranscrire leur malaise.

Leur rage est toute entière dans leur silence. Face à Raymond Aubrac, un cheminot bourru lance comme en colère :

« il faut attendre que les gens souffrent pour qu’ils bougent.
-Mais parfois, il faut peut-être leur dire qu’ils souffrent, parce qu’ils ne s’en rendent pas compte ! » Corrige le résistant.

Les résistances, il y en a, marginales mais humaines. Surfinancés par rapport aux TER, les TGV ne doivent souffrir aucun retard aux yeux de la SNCF… Mais quand des petites lignes traînent, certains agents en gare bravent l’interdiction pour éviter aux usagers de louper leur train. Des désobéissances au joli nom de « correspondances sauvages » que la direction n’a pour le moment jamais sanctionné. « Quand chacun des cheminots travaillera pour TER, VFE, ou peut-être Air France ou peut-être Virgin… les choses seront encre pires, s’inquiète le désobéissant. Parce qu’on travaillera plus pour le même prestataire de service et on n’aura même plus besoin d’échanger. »

A deux pas de la gare Saint Lazare, nous avons rencontré Sébastien Jousse, un des deux non-cheminots auteur de ce film.

Les cheminots que vous filmez ont beaucoup de mal à parler de la privatisation elle-même, comme si c’était un secret de famille qui charriait une culpabilité. Comment expliquez-vous cette pudeur ?

Il y a une sorte de pudeur familiale, qui est d’autant plus forte que la direction elle-même fait pression sur les cheminots pour qu’ils n’abordent pas le sujet entre eux. De façon générale, la SNCF est un outil qui supporte mal la partition : il y a une notion de coresponsabilité qui a été mise en place par la société de façon quasi militaire et qu’elle démantèle maintenant. L’homogénéité de ce réseau a été remis en cause par cette séparation : ce n’est pas que les agents travaillent plus, c’est qu’ils sont obligés de travailler moins bien. Et ça les ronge de l’intérieur, ils sont paralysés.

Malgré cette crainte, les cheminots expriment une conscience ouvrière forte, une cohésion. Pensez-vous qu’elle puisse disparaître ?

Les cheminots ne savent plus comment exprimer leur rôle social : il y a une culture d’entreprise qui a été jusqu’ici un ciment dans cette entreprise et que la direction perçoit désormais comme un frein au changement. Les cheminots ont une identité très fibrée et ça fait partie de choses que nous avons voulu filmer : ce lien entre le travail et l’identité, ce moment où le boulot « fait société » et commence à être plus qu’une façon de gagner sa vie.

Or, il y a comme une ambition des boîtes de briser ce lien en cassant les métiers pour isoler les gens et les rendre malléable.

Depuis qu’on demande aux commerciaux de remplir des reporting, ils ont moins de temps pour se concentrer sur ce qui est le coeur de leur métier : nouer des contacts avec les usagers pour les connaître et mieux les aider.

Qu’avez-vous voulu exprimer dans le premier plan où vous projetez le film des Frères Lumières « arrivée en gare de La Ciotat » dans cette même gare au XXIe siècle, où rentre un TER dans lequel ne montent que deux usagers ?

Dans le film des Lumières, l’arrivée du train anime le quai, il y a des dizaines de personnes qui montent et descendent… Le train anime la société, il la fait bouger : on ne mesure pas notre dépendance vis-à-vis du train, notamment quand il y a des grèves, les gens ont tendance à dire que les trains sont une affaire de cheminot alors qu’ils créent le lien et structurent le territoire. Les trains font société.

Les gens ont tendance à dire que les trains sont une affaire de cheminot alors qu’ils créent le lien et structurent le territoire. Les trains font société.

Et, en regard, ce TER où ne monte que deux personnes feraient hurler n’importe quel responsable politique qui dirait que « ce n’est pas rentable » un train qui ne s’arrête que pour deux voyageurs. Or, c’est exactement le contraire : c’est ça le service public ! La rentabilité ne dicte rien à la société qui peut, du coup, se mettre vraiment au service des usagers. A la City, j’ai rencontré des patrons de société financières qui se plaignaient de la privatisation qu’ils avaient pourtant défendus car la dégradation du service empêchait leurs salariés d’aller au boulot !

Votre film critique ouvertement les décisions de la direction préparant à la mise en concurrence. Avez-vous eu des problèmes avec la SNCF ?

Au départ, c’est le comité d’entreprise des cheminots de Paca qui nous a demandé de faire cette résidence artistique, le projet est né au bout de deux ans : nous n’avions eu aucun problème pour tourner, la direction régionale était habituée et un refus aurait posé des gros problèmes avec la représentation syndicale, surtout dans ce coin. Quand nous avons vraiment cerné notre sujet, nous avons eu besoin d’autorisations nationales pour des tournages qui nécessitaient de passer par la communication du groupe. Et là, nous avons essuyé un refus.

Photo FlickR CC No life before coffee ; Michel Molinari ; Giorgio Raffaelli ; Portitzer.

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