OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Tragédie sanitaire en Grèce http://owni.fr/2012/07/26/tragedie-sanitaire-en-grece/ http://owni.fr/2012/07/26/tragedie-sanitaire-en-grece/#comments Thu, 26 Jul 2012 14:27:53 +0000 Camille Gicquel http://owni.fr/?p=116976

Une banque de sang réservée aux Grecs. Le parti d’extrême droite Aube Dorée, qui a fait son entrée au Parlement le 16 juin dernier en obtenant 7 % des voix, mène actuellement une campagne de “préférence nationale” poussée à l’extrême. Le parti tente d’encourager les donneurs de sang grecs à réserver leurs dons pour leurs seuls compatriotes.

“Tous les flacons de sang que nous recueillerons seront destinés à des patients que nous aurons nous-mêmes choisis et à personne d’autre” a déclaré le parti dans un communiqué le 11 juin dernier.

Des affiches ont ainsi été placardées dans le quartier athénien de Loutsa, et de nombreux donneurs de l’hôpital Sotiria ont exprimé le souhait que leur sang soit réservé aux “Grecs d’origine”, rapporte le journal Athens News dans un article du 12 juillet. Les autorités ainsi que le directeur de l’hôpital, Yiannis Stefanou, se sont opposés à ces demandes, rappelant que le sang serait donné à tous les patients dans le besoin “sans considération de race, de couleur ou d’opinions politiques”.

Cette provocation est d’autant plus inquiétante qu’elle arrive alors que le pays connaît depuis plusieurs mois une crise économique sans précédent, à laquelle s’est ajoutée violente une crise sanitaire et sociale.

Le retour de la malaria

Selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies (Keelpno) , la Grèce voit une augmentation notable du nombre de malades depuis 2009. Entre 120 et 130 cas de malaria ont été rapportés en 2011. “Les patients atteints de cette maladie n’ont pourtant pas quitté le pays durant les cinq dernières années” précise Reveka Papadopoulos, directrice de Médecins Sans Frontières (MSF) en Grèce. La maladie avait disparu du pays depuis une quarantaine d’année.

Le virus du Nil occidental a également fait des ravages, tuant 35 personnes en 2010 selon Reveka Papadopoulos. Le Keelpno a même été enregistré un pic de contamination à l’automne 2011, 101 cas de contamination et 9 décès ont été comptabilisés. Les chiffres de l’OMS montrent une forte propagation de la rougeole et de la coqueluche entre 2009 et 2010. Si les nations européennes se sont engagées à éradiquer ces maladies par des campagnes de vaccination, le nombre de cas rapportés ont respectivement augmenté de 7 350 % et 137 % sur la période, passant de 2 à 149 et de 27 à 64.

Représentatif du malaise social de la société grecque, le nombre de suicides a très rapidement progressé ces dernières années. Le Ministère de la santé grec a observé une augmentation de 40% au premier semestre 2011 par rapport à 2010. Le pays est passé de 2,8 suicides pour 100000 habitants en 2007 à 3,5 pour 100000 en 2009, alors même qu’il occupait les derniers rangs des pays pour cette statistique.

Explosion du VIH

L’augmentation la plus inquiétante concerne le VIH. Entre 2010 et 2011, le nombre de nouvelles contaminations a augmenté de 57% dans l’ensemble du pays selon le rapport d’activité 2012 des Nations-Unies concernant la Grèce. Sur la même période, le centre ville d’Athènes a même connu un bond record de 1 250% selon Médecins Sans Frontières (MSF). Les toxicomanes sont particulièrement concernés : avec 20% de consommateurs d’héroïne en plus en 2010 selon le centre de contrôle et de prévention des maladies, et la suspension du programme gouvernemental permettant aux drogués de disposer de seringues stériles, le constat n’est malheureusement pas surprenant. Coupes budgétaires obligent, la distribution de préservatifs aux travailleuses du sexe a également été suspendue.

La situation de la Grèce est d’autant plus préoccupante quand on la compare à un pays ayant été brisé par la rigueur : en pleine crise de la dette souveraine en 2008, l’Irlande n’a pas connu une telle poussée des maladies infectieuses et du Sida. Le graphique ci-dessous représente le nombre de nouveaux cas de VIH depuis 2007 en Grèce et en Irlande. (Il est possible de sélectionner des couleurs différentes afin de distinguer les deux pays.)

Contacté par Owni à l’occasion de la conférence internationale sur le sida qui se tenait du 23 au 27 juillet à Washington, Eric Fleutelot, directeur général adjoint de Sidaction assure que le cas grec est unique en Europe :

Les politiques de répression ont toujours favorisé le développement des épidémies. C’est la conséquence d’un appauvrissement de la population et de la baisse des dépenses de santé de l’État. Mais maintenant la Grèce fait marche arrière dans l’accès à la santé, elle régresse. Concernant le VIH, sa situation est semblable à celle des nouveaux entrants comme la Roumanie et la Bulgarie. C’est la première fois en Europe que l’on voit ce phénomène. L’Irlande, qui a connu une crise très grave en 2008, n’a pourtant pas connu de telles conséquences. Les mesures ont été moins difficiles et ont été appliquées moins longtemps.

Rigueur budgétaire

La crise économique qui frappe actuellement la Grèce n’est en effet pas étrangère à cette situation. Le pays accumulait une dette de 165.3 % en 2011 contre 142.8 % l’année précédente. Le déficit pour sa part était revenu à 9.1 % en 2011 contre 10,5 % l’année précédente sous l’effet de la “cure d’austérité” imposée par la Banque Centrale Européenne (BCE), la commission européenne et le Fonds Monétaire International (FMI).

Le gouvernement n’épargne donc aucun poste budgétaire. Suite à une augmentation annuelle moyenne de 6 % des dépenses de santé (publiques et privés cumulées) entre 2000 et 2009, les experts estiment que celles-ci ont diminué de 6.5% dans le pays en 2010. Plus concrètement, les dépenses de santé par habitant sont passées de 3 078 $ en 2008 à 3 015 $ en 2009, et à 2 729 $ en 2010 selon la banque mondiale. Des chiffres sans commune mesure avec ceux de la France qui affichait 4 941 $ en 2008, 4 840 $ en 2009 et 4 691 $ en 2010. (cf. le graphique ci-dessous qui présente les dépenses de santé entre 2007 et 2010 en Europe).

Grecs d’ethnie grecque

Porté par la situation économique difficile, le parti d’extrême droite Aube Dorée joue de la crise sanitaire pour stigmatiser les populations migrantes. Outre la campagne concernant le don du sang, il propose d’autres initiatives afin de privilégier les “Grecs d’ethnie grecque” telles que les épiceries solidaires pour les personnes en difficultés. Mais comme l’explique Eric Fleutelot, directeur général adjoint de Sidaction :

Dans la crise grecque, certaines populations sont stigmatisées. Les photos des travailleuses du sexe séropositives publiées dans les médias ont renforcé ce sentiment. Ce genre d’évènement consolide l’idée que le sida ne concerne que les prostituées, les usagers des drogues et les étrangers, ce qui est évidemment faux. Le VIH est toujours la maladie des étrangers, c’est une représentation qui ne change pas. C’est la maladie de l’autre. En Afrique noire, le VIH est la maladie apportée par les blancs, en Grèce ils considèrent qu’elle vient des étrangers.


Photographie par Agelakis (CC-byncsa)

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Sidaction: des sous, on verra après ? http://owni.fr/2011/04/05/sidaction-des-sous/ http://owni.fr/2011/04/05/sidaction-des-sous/#comments Tue, 05 Apr 2011 06:30:05 +0000 Didier Lestrade http://owni.fr/?p=55106 Vous avez passé un bon week-end ? M’enfin, c’était le Sidaction ! Cachez votre joie ! Oui, je sais, c’est totalement soporifique. Et le pire, c’est que plus c’est ennuyeux, et plus les gens donnent. Donc, il n’y a pas eu à mettre un échec des donations sur le Pape cette année, ou sur la Libye, ou même sur le Japon. Tout c’est bien passé. Et, comme chaque année, le sujet des gays, champions des contaminations par VIH dans notre pays, est resté à la trappe. Trop stigmatisant dit-on.

Alors, le VIH explose-t-il chez les gays ou pas ? Le Sidaction ne nous l’a pas dit. Pourtant, d’un pays à l’autre, les chiffres ne se ressemblent pas et malgré des pratiques sexuelles globalement équivalentes, l’épidémiologie se différencie d’année en année. Explications.

En Angleterre, les dernières données montrent que le nombre de gays séropositifs a doublé en dix ans. À Amsterdam, les gays qui se contaminent par le virus de l’hépatite C (VHC) se re-contaminent une seconde fois après traitement avec des souches résistantes. En Suisse, 84% des personnes nouvellement contaminées (surtout les hommes) le sont par un virus résistant aux principaux antirétroviraux.

A force de choper des gonorrhées (chaude-pisse), les traitements standards sont moins efficaces chez les hommes. Et la meilleure (si on peut dire) : à force de sucer tout et n’importe quoi, le lien entre fellation et cancer se précise. Mais à San Francisco, pour la première fois, le nombre des nouvelles contaminations a chuté de 36% en deux ans, — et c’est un chiffre très important, une tendance à la baisse qui semble se remarquer aussi au Canada et en Australie. En France, on est toujours dans la stabilité avec 7.000 nouvelles contaminations, dont la moitié pour les seuls homosexuels, concentrés dans des régions ciblées comme Paris.

Que faut-il en penser ? Est-ce que les gays de certains pays ont davantage de pratiques à risque ? Est-ce que les campagnes de prévention et le Traitement en tant que prévention (TasP) commencent à produire des effets en Californie ? Est-ce que les gays anglais sont plus idiots qu’ailleurs ? Et les Allemands? Comment expliquer ces disparités régionales ?

Réponse: les gays prennent d’énormes risques sexuels partout.
Certaines grandes capitales ont beau disposer de sexshops, de backrooms, de bordels et de lieux de drague en extérieur – ne parlons même pas d’Internet – , les pratiques sexuelles sont homogènes chez les gays des pays riches. De plus en plus de partenaires qui choisissent de ne pas utiliser le préservatif, pour des raisons multiples, des jeux érotiques à base de sperme dans les fellations, une banalisation des fists et des godes qui ne sont pas anodins en termes de fissures de l’anus et du colon, beaucoup de bouffage de cul (rimming), beaucoup de sexualité de performance avec des séances qui durent longtemps, voire tout un week-end.

Les gays organisent leur sexualité d’une manière toujours plus sophistiquée, selon un agenda serré, avec parfois plusieurs partenaires par jour, certains réservés à l’avance comme lors des week-ends passés à l’étranger. Quand on va à Berlin, on a déjà préparé depuis sa maison un plan cul à 11h, un autre à 16h, un dernier à 23h. Un million et demi d’homosexuels sont déjà sur Grindr, l’application de géolocalisation qui permet de trouver un mec n’importe où, même pendant les week-ends chez ses parents. Il n’y a pas de temps à perdre, c’est la beauté du tableau de chasse et de l’accumulation.

Avec une telle multiplicité des rapports sexuels, dont une grande part de rapports à risque, les taux de contamination devraient logiquement exploser. Or, 10% d’augmentation par an en Angleterre n’est pas réellement ce qu’on appelle une « explosion ». Ce n’est pas le taux de progression dont je parlais dans mon livre The End (vers 2005, il y avait des progressions de 12 à 15%), mais à l’époque je redoutais surtout un taux de progression de 15 à 20% avec une épidémie qui doublerait tous les 5 ans, ce qui aurait été symboliquement désastreux. Les gays anglais sont « parvenus » à doubler leur épidémie du sida en une décennie alors que les premiers cas datent de 1981. Ce qui veut dire, à la louche: 1981 / 2001 = 2001 / 2011.

Ce qui est déjà inquiétant, mais je veux ici revenir sur quelque chose que je ne cesse de répéter depuis des années. Dans les pays comme l’Angleterre ou l’Allemagne, l’épidémie n’a jamais été aussi puissante qu’en France car les gays ont été particulièrement safe pendant les vingt premières années de l’épidémie et il y avait cinq fois moins de sida qu’en France. Pareil en Espagne aussi où la majorité des cas de sida provenait de la communauté toxico.

Amsterdam, le VHC, la syphilis, le LGV… « Gezellig ! »

Amsterdam, c’est différent car la Hollande dispose depuis toujours d’une scène cuir et SM très active. L’épidémie de LGV, une infection extrêmement rare en Europe il y a encore 10 ans, est apparue là-bas et ce n’est pas un hasard. Avec des sex clubs hard dans lesquels on ne rigole pas, des pratiques insertives audacieuses, des contaminations par VHC exacerbées par des muqueuses malmenées, tout concourt à faciliter les portes d’entrées du VIH et de tous les autres petits germes et virus qu’il faut ensuite soigner.

Pourtant, l’article d’Aidsmap montre un effet nouveau. Les gays hollandais attrapent le VHC, sont dépistés, disposent d’un traitement lourd contre l’hépatite C. Parmi eux, certains ont de la chance : les nouveaux traitements puissants, mieux tolérés, fonctionnent, ils guérissent leur hépatite. Mais cela ne leur a pas servi de leçon et ils attrapent à nouveau le VHC, très contagieux, et en plus – surprise, avec des souches résistantes qu’ils contribuent à répandre. C’est la preuve flagrante que pour certains le fait d’attraper une gonorrhée, une syphilis ou une (rare) LGV n’est pas toujours un rappel à l’ordre de la prévention.

Ils reviennent à leurs pratiques à risques avec l’avantage d’avoir été dépistés à temps, bien soignés et dès leur convalescence terminée, ils chopent à nouveau l’infection dont ils viennent de se débarrasser. Si l’hépatite C ne fait plus peur aux gays, alors que faut-il leur montrer comme épouvantail ? C’est un des grands paradoxes de ce moment dans l’épidémie: les traitements marchent, même pas peur, on poursuit les mêmes risques, précisément parce que les médicaments sont là. Talk about santé publique.

À SF, le TaSP, le Prep et TIM…

San Francisco est à part. Là on est dans un Amsterdam +++. Non seulement la scène hard est institutionnalisée, des sex-clubs qui se targuent d’être les plus érudits avec des machines qu’on n’a pas ici, des sites Internet avec les plus beaux mecs du monde, une disponibilité sexuelle qui fait partie de l’identité de la municipalité. Et il a, bien sûr, l’effet d’entraînement de toute l’industrie porno gay qui est basée en ville avec l’influence déterminante de Treasure Island Media, le studio bareback le plus connu au monde.

La ville a toujours été le laboratoire d’idées pour le sexe pas safe, mais c’est aussi un laboratoire d’idées pour les campagnes de prévention, de testing, de dépistage rapide, de TasP et de PreP – même s’ils ont du travail à faire sur le traitement post-exposion, le TPE. On peut donc imaginer que les initiatives massives d’information parviennent à réduire l’augmentation des contaminations, malgré une sexualité encore plus hard qu’ailleurs.

Tout ceci devrait nous inciter à surveiller toujours plus davantage ce qui se passe dans nos pays voisins ou même éloignés. En France, le milieu associatif semble se mobiliser lors du Sidaction, mais surtout pour se plaindre de la baisse des crédits accordés par le gouvernement aux associations. Bien sûr, ils ont raison. Mais leur travail est si pathétique que l’on se demande s’ils ne prêtent pas eux-mêmes le flanc à de telles restrictions budgétaires.

Quelle est leur réussite sur la prévention ? À part le SNEG, qui affronte les vrais sujets ? A-t-on déjà oublié le scandale des finances de Aides ? Et surtout, qui fait du dépistage rapide de nos jours ? On nous fait croire que le dépistage rapide avance, mais il fait du surplace. À Marseille ou dans les villes de province, c’est pratiquement un secret. Est-ce que les gays sont au courant ? Et s’ils le sont, sont-ils vraiment poussés à recourir au dépistage rapide ? Est-ce que les rares adresses de dépistage rapide à Paris sont prises d’assaut par les gays ? Est-ce que l’on utilise cet outil fantastique pour dépister davantage dans les Antilles et en Guyane ?

Non à toutes les questions.

Dépistage en France ? Le plan galère

En Afrique, il est possible de se dépister soi-même, via son téléphone portable, ce qui permet de ne pas faire des kilomètres et des kilomètres pour atteindre un centre de dépistage. Et les africains le font, sans être obligés. Voilà des initiatives modernes via portable qui font avancer le schmilblic de la prévention bien mieux que le pilulier électronique à la mord-moi le nœud.

Le TasP, ou Traitement as Prevention, est un canard boiteux en France, avec une ministre de la santé si inefficace que tout le monde se désintéresse d’elle, attendant les prochaines échéances électorales. Résultat: encore une année de prévention perdue pour tous. Pour que le TasP soit efficace, il faut à la fois dépister en masse et offrir des traitements à toutes les personnes séropositives qui le veulent. Comme à San Francisco.

Mais ceux qui sont chargés du dépistage rapide en France font semblant de rejeter la faute sur Bachelot, alors qu’on sait bien qu’ils marchandent leurs offices pour recevoir de l’argent. « Mais il faut former tous ces volontaires pour le counseiling ! » disent-ils. « Il faut pérenniser l’action ! ». Comme s’il fallait une maîtrise en communication pour parler de gay à gay et leur donner le résultat d’un test en leur faisant tout le topo de prévention. On sait déjà tout ce qu’il faut dire. Pendant ce temps, une infime partie des gays ont recours au dépistage rapide. Même autour de moi, les gens sont tellement peu motivés qu’ils continuent à aller où ils allaient avant. Et chaque test au Chemin Vert coûte beaucoup plus cher qu’un simple piqûre au doigt, je vous assure.

Les associations se « mobilisent » pour le Sidaction avec toujours les mêmes jérémiades. On parle toujours et encore d’un vaccin qui n’arrivera JAMAIS et Sidaction cautionne ça au lieu de parler des sujets vraiment importants. Parler des gays à heure de grande écoute et dire que c’est le groupe qui nourrit la contamination en France ? Mais ce serait de la discrimination ! Comment voulez-vous envoyer de l’argent difficilement gagné de nos jours à une structure qui, année après année, reste si aseptisée qu’elle a du mal à prononcer le verdict le plus important de l’épidémie française ? C’est ça l’urgence, pas le vaccin qui n’intéresse que l’industrie pharmaceutique et qui détourne des millions d’euros qui devraient être dépensés ailleurs, sur le terrain, tout de suite !

Vous voulez dire que vous nous demandez de l’argent qu’on devrait donner au Japon ? Tout ça pour financer des associations que personne n’écoute et qui bénéficient des 35 heures et des appartements de fonctions pour leurs anciens présidents ? Mais ce mouvement associatif montre bien son visage, un an avant l’arrivée possible de la gauche à la présidentielle. Il est mou, incroyablement mou. On commémore trente années d’épidémie à travers le monde et que les chiffres et les mots deviennent vides de sens, comme les personnes qui les prononcent.


Article initialement publié sur Minorités

Photos flickr CC Stéfan Le Dû ; José Orsini

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Dans les coulisses d’Un Etrange Printemps http://owni.fr/2011/03/29/dans-les-coulisses-dun-etrange-printemps/ http://owni.fr/2011/03/29/dans-les-coulisses-dun-etrange-printemps/#comments Tue, 29 Mar 2011 09:50:21 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=31384 Matthieu Jaussaud est un acteur infatigable de la vie nocturne parisienne. Avec Plaqué Or, il organise depuis des années les soirées qui comptent dans la capitale. Parmi celles-ci, Un Etrange Printemps, qui aura lieu le 31 mars à la Machine au profit du Sidaction et en association avec Adam Love, Sauvequiprod et Technopol. Il nous explique son implication dans la mise en place de cette soirée par comme les autres.

Peux tu nous présenter ta structure, Plaqué Or, et son implication dans l’événement Un Etrange Printemps ?

Plaqué Or est depuis 9 ans un collectif d’artistes activistes. Le collectif est à l’origine de beaucoup d’évènements: After Boudoir @ Bains Douches, Minuit à la Maroquinerie, Kiss the Karpet @ Pulp, Noir @ Rex club, Rediscover @ Rex club, Electropet @ la Java, My House @ Batofar avec Jef K et Shade, After the Rain avec le label Pschent, Electro Park @ Villette Numérique (cité des sciences), les Nuits capitales et la pétition “Paris: Quand La Nuit Meurt en Silence” …. Plus de 600 artistes bookés et près de 400 événements organisés en font une association incontournable des nuits Parisiennes. Les Étranges soirées sont une idée originale de Plaqué Or qui a dès la première édition en 2003, proposé à son ami Adam Love de l’organiser avec lui, puis un an plus tard à son autre ami, Julien Ragnotti, qui rejoindra l’équipe en 2004. Plaqué Or a toujours eu comme objectif de fédérer les publics et les genres. C’est donc naturellement que cette idée de “Noël des dj’s au profit de la lutte contre le sida” nous est venue.

Quel est l’objectif de la soirée un Etrange Printemps pour Plaqué Or ?

L’objectif est de montrer que la scène électronique et ses clivages sont capables de se fédérer autour d’une problématique qui a touché le monde de la nuit depuis les années 80, qui correspondent à avènement du clubbing et de la house. Trop de grands noms de la musique nous ont quitté trop tôt (djs, promoteurs, journalistes), touchés par le Sida, qui dans les années 80, n’avait pas encore de traitement efficace.

Comment travaillez vous à l’organisation de la soirée (timing, booking, partenariats etc) ?

De nombreux bénévoles nous aident à l’organisation, qui est répartie par compétence… la production, l’artistique, la communication…. L’agence Sauvequiprod coordonne l’ensemble avec nous. Mais le format hors norme de cet évènement demande que tout le monde joue le jeu.

Les soutiens sont-ils nombreux ? Globalement est-il facile de sensibiliser les gens (public, institutions) à un tel événement ?

Il n’y a qu’à voir la partie “partenaires” pour comprendre que globalement l’ensemble des artistes, médias ou acteurs se mobilisent pour l’évènement. L’ensemble des organisateurs, régisseurs et artistes sont bénévoles, et les “petits plus” (décoration, visuels et projections, voitures pour les artistes) nous sont gracieusement offerts par nos partenaires ! Cet événement se prépare en général en 1 ou 2 mois, délai qui ne permet pas le soutien des institutionnels, qui ont malgré tout été invité à venir participer à l’événement.

Comment vous impliquez-vous au-delà de la soirée ? Quelles sont vos actions à plus long terme ?

La soirée peut permettre de financer un programme du Sidaction sur un an, ce qui est déjà beaucoup ! L’organisation d’ “Un Étrange Printemps” demande beaucoup d’investissement, car nous travaillons deux mois sur celui-ci… Au delà de la soirée je participe régulièrement à des conférences, forums ou manifestations, notamment via Act Up Paris, que nous avons souvent soutenu dans nos évènements caritatifs.

Retrouvez toutes les informations sur la soirée Un Etrange Printemps ici.

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“Un Etrange Printemps, ça va être un sacré patchwork” http://owni.fr/2011/03/28/un-etrange-printemps-ca-va-etre-un-sacre-patchwork/ http://owni.fr/2011/03/28/un-etrange-printemps-ca-va-etre-un-sacre-patchwork/#comments Mon, 28 Mar 2011 14:33:38 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=31371 Ainsi que vous avez pu le lire sur le site, OWNImusic est fier de s’associer à la soirée Un Etrange Printemps, qui aura lieu le 31 mars à La Machine du Moulin Rouge au profit du Sidaction.


A cette occasion, nous avons rencontré Stéphane Vatinel, figure de la nuit parisienne et entrepreneur du monde du spectacle qui évoque pour nous son riche parcours, ainsi que son engagement pour la cause du Sidaction, pour lequel il met sa salle à disposition le temps d’une nuit de clubbing qui s’annonce exceptionnel. Rendez-vous ce jeudi pour danser… et faire une bonne action !


Stéphane Vatinel, vous être le directeur de la Machine du Moulin Rouge. Quel est votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?

SV : Il y a 19 ans, j’ai monté un premier lieu qui s’appelle Glazart. La volonté était de créer de la mixité autour d’un projet culturel, dans lequel nous allions réunir différents types d’expressions artistiques, avec différents publics.
Nous ne voulions pas nous enfermer dans un discours : “Moi je suis une salle de concert, moi je suis une galerie, moi je suis un théâtre, moi je suis un lieu de formation”. Si l’on se replace dans le contexte des années 90, il n’y en avait pas, ou peu.

Aujourd’hui, ça a fait école puisqu’il y a beaucoup plus de lieux qui travaillent autour de la pluridisciplinarité.
Glazart existe toujours, mais je m’en suis séparé il y a 3 ans, 4 ans. Entre temps avec toute l’équipe de Glazart, nous avons monté une SAS. Mon idée était de monter une société pour racheter un autre lieux. Nous avons alors racheté le Divan du Monde, qui était en déliquescence en 2002 ou 2003. Nous l’avons rénové, retapé, nous avons remis une programmation, une communication. Le lieu a fonctionné très fort, puis nous l’avons revendu en 2008. Avec un certain nombre des salariés de Glazart et du Divan du Monde, nous avons remonté une structure qui s’appelle Sinny Ooko. C’est comme Glazart d’ailleurs. Glazart, signifie “regard sur l’art”, Sinny Ooko signifie “le cinéma et les oreilles”. Tout ça c’est sorti du langage d’Anthony Burgess d’Orange Mecanique, c’est un gimmick sur toutes les structures que nous créons.

Avec Sinny Ooko, nous nous sommes impliqué dans l’univers de la musique et du cinéma. Aujourd’hui avec cette structure, nous sommes programmateurs des concerts de musique de films au festival de Cannes, au festival d’Angoulême, sur les ciné party que l’on fait un peu partout, et en autre chose le Moulin Rouge, où l’on nous a demandé il y a un an et demi de reprendre la Machine, dans une formule, gestion-programmation-organisation de A à Z

Et justement quelle est l’histoire de la Machine ? Comment était ce lieu avant que vous le repreniez ?

SV : C’est un lieu fantastique, c’est la Loco, tout le monde connaît, elle est presque entrée dans le langage courant. Je ne sais même pas si “boite de nuit” ne trouve pas son synonyme dans la Loco. En tout cas ça a percé entre 80 et 82

Au début du siècle, c’était effectivement l’ancien dancing du Moulin Rouge. C’est ensuite devenu le cinéma du Moulin Rouge. Puis dans les années 80, la salle a été reprise par une bande de gars, pour en faire d’abord une salle de concert où il y a eut des artistes illustres comme David Bowie ou Mick Jagger.
Ils ont embrassé avec beaucoup d’intelligence la vague électro des années 85, 87. Laurent Garnier a fait ses premiers vrais sets ici, peut être plus qu’au Rex Club d’une certaine manière. Jusqu’à ce que ça tombe vraiment en désuétude complète dans les années 2010, entre dépôt de bilan et disparition des caisses, il n’y avait plus de programmation… Plus rien. Il y a donc eu un dépôt de bilan puis un rachat de la structure par le Moulin Rouge.

Parce que pendant toutes ces années, ça n’appartenait pas au Moulin Rouge, ni les murs, ni les fonds. Le Moulin Rouge s’en était séparé il y a très longtemps.
Les locaux appartenaient à la famille Dreyfus, qui était propriétaire de tout cet ensemble immobilier, mais les exploitants du Moulin Rouge n’étaient pas propriétaires des biens. Quand le Moulin Rouge a racheté ses murs, ils ont aussi racheté Loco, mais il y avait des exploitants, différents, comme le théâtre ouvert d’ailleurs.

Puisque l’affaire a été portée devant le tribunal, c’est le Moulin Rouge qui a racheté, pour recréer un espace beaucoup plus complexe, entre revue, dîner, lieu de nuit, lieu de concert, restaurant terrasse… donc ils ont voulu racheter ça, et ils m’ont demandé de voir si l’on pouvait s’inscrire dans la nuit parisienne d’aujourd’hui, être moins patrimonial que l’est le Moulin Rouge.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Quel est le lien avec Un Etrange Printemps, qu’est ce qui vous a poussé à vous investir dans ces soirées ?

SV : Matthieu Jaussaud est quelqu’un que je connais depuis longtemps, parce que Julien Ragnotti est venu ici il y a un an pour commencer à produire un certain nombre de spectacles. Il nous a partagé son souhait de faire une soirée spéciale pour défendre des causes comme le Sidaction. Il nous a demandé si nous pouvions mettre à disposition la salle, et ça tombe sous le sens, il y a un lien fort entre cette cause, ce milieu, les gens qui travaillent là-dedans. On a tous conscience que c’est important de pouvoir amener notre contribution en récoltant de l’argent et en continuant à générer une veille sur l’existence du Sida

C’est une belle opération pour vous, mais c’est risqué financièrement ?

SV : Non. Nous donnons la salle, et rémunérons le personnel qui travaille sur l’évènement. Les premiers deniers que nous récupérerons au bar viendront financer le personnel, le reste ira dans les caisses du Sidaction. Les entrées vont elles directement au Sidaction. C’est une vraie notion intelligente de reversement des bénéfices. De vous à moi, il devrait y avoir entre 1000 et 2500 personnes. La salle peut accueillir 1200 personnes et 2000 personnes en turn Over.

Si l’on perd 3000, 4000 voire 5000 euros dans la soirée, ça ne va pas mettre en péril l’existence de la Machine.

Nous n’avons pas pour vocation d’être un lieu qui se met à disposition gracieusement. C’est la première fois que nous le faisons.

Je ne veux pas faire croire que l’on prend des risques inconsidérés. On fait ça dans l’ordre des choses. Le patron du Moulin Rouge était volontaire pour que l’on s’associe à cette opération. C’est comme les artistes qui vont venir, c’est très appréciable de dire : “Aujourd’hui je vais jouer gratuitement, je ne vais pas prendre de cachet”. Tout compte fait on nous propose à tous de venir faire une belle fête ensemble et ça ne nous coûte pas grand chose. Finalement des évènements comme celui là, on devrait en faire bien plus.

Là où c’est beaucoup de travail en revanche, c’est ce que font Plaqué Or, Julien Ragnotti et d’autres qui organisent cette soirée. Ils travaillent beaucoup depuis deux mois sur ce projet. Ils s’impliquent vraiment, alors que nous en tant que salle, nous savons recevoir facilement ce genre d’évènement.

Pour ce qui est de la programmation, on voit le listing des invités s’allonger. Je trouve ça intéressant de voir tout ces gens venir, monter sur scène avec un disque. C’est par contre moins facile de trouver une cohérence artistique sur cet ensemble d’artistes, mais ça va être un sacré patchwork.

Interview réalisée par Loïc Dumoulin-Richet / Retranscription : Romain Saillet

Photos : La Machine

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Evénement: OWNImusic s’associe à Un Etrange Printemps http://owni.fr/2011/03/14/evenement-ownimusic-sassocie-a-letrange-printemps/ http://owni.fr/2011/03/14/evenement-ownimusic-sassocie-a-letrange-printemps/#comments Mon, 14 Mar 2011 11:57:30 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=30753 OWNImusic a le plaisir de s’associer à l’événement électro de ce mois de mars, la soirée “Un étrange Printemps”, le 31 mars à la Machine du Moulin Rouge à Paris. Nous espérons vous y retrouver nombreux. Ce article sera enrichi jusqu’à l’événement avec des interviews des différents protagonistes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

RETROUVEZ NOTRE INTERVIEW DE STEPHANE VATINEL, DIRECTEUR DE LA MACHINE, ICI !

RETROUVEZ NOTRE INTERVIEW DE MATTHIEU JAUSSAUD DE PLAQUE OR ET CO-ORGANISATEUR D’UN ETRANGE PRINTEMPS ICI !

De Bob Sinclar à Manu le Malin, en passant par Jennifer Cardini, Benjamin Diamond, Patrick Vidal, Jef K, Radium… ce sont plus de 50 artistes (DJ, performers, VJ…) engagés dans la lutte contre le Sida, que le public pourra retrouver dans les trois salles de la Machine du Moulin Rouge.

A la veille du Sidaction 2011, et dans le cadre des événements de collecte des dons au profit de l’association, une Etrange Soirée est de retour… Né en 2003, cet événement est décliné au gré des saisons ; les précédentes éditions se nommaient ainsi « une Etrange St-Valentin », « un Etrange Noël »… Cette année, c’est un Etrange Printemps ! Organisée par Plaqué Or, Adam Love, Sauvequiprod et produite par l’association Technopol, un Etrange Printemps réunira plus de cinquante artistes issus des musiques électroniques. La Direction de la Machine du Moulin Rouge s’investit également dans la cause en mettant l’ensemble du lieu à disposition et en reversant la totalité des bénéfices qui seront générés aux bars.

Le QR code crée pour l'occasion, et présent sur les supports de communication de l'événement

De la House au Hardcore…

Electro pop-rock, minimale, techno, tech-house, progressive, rave… C’est toute la scène électro qui se donne la main ce soir-là, pour lutter ensemble contre le sida.

Cette édition sera dédiée à Henri Maurel, parti trop tôt le 16 févier dernier

Henri Maurel était le co-président de l’association Technopol (organisatrice de la Techno parade) et fondateur de Radio FG. C’était par ailleurs un activiste hors pair de la liberté d’expression et de la défense des droits de chacun, partisan de « l’utopie » et frondeur passionné pour toutes les causes humanistes dont celle de la lutte contre le Sida.

Le prix d’entrée est une donation obligatoire de 12 € *

Les bénéfices seront reversés à Sidaction, pour financer le projet d’une association africaine ou asiatique, prochainement sélectionné. Les organisateurs des Etranges Soirées assurent la traçabilité de l’attribution des dons, ce qui permet aux donateurs de suivre les avancements et la réalisation du projet.

A propos des Etranges Soirées

“Les Etranges Soirées” est une initiative de Matthieu Jaussaud (Plaqué Or), d’Adam Love et de Julien Ragnotti (Sauvequiprod) qui a vu le jour il y a 8 ans. A ce jour, ce sont déjà plus de 30 000 € de dons immédiats récoltés et reversés à des associations de lutte contre le Sida telles qu’Act Up ou Blue Diamond (via Sidaction). Ces dons ont par exemple, servi à construire un centre de dépistage au Népal sur les seules recettes d’une précédente soirée.

Renseignements et programmation complète : http://www.facebook.com/une.etrange.soiree
La Machine du Moulin Rouge : 90 bd de Clichy, 75018 Paris – Métro : Blanche (ligne 2)
* Tarif prévente

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