OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [entretien] Google, “une des plus grandes puissances géopolitiques du monde” http://owni.fr/2011/03/20/google-democratie-entretien-google-une-des-plus-grandes-puissances-geopolitiques-du-monde/ http://owni.fr/2011/03/20/google-democratie-entretien-google-une-des-plus-grandes-puissances-geopolitiques-du-monde/#comments Sun, 20 Mar 2011 20:06:38 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=52403 A la lecture de la présentation hallucinée faite par JC Féraud de Google Démocratie, on a voulu aller plus loin. Et quoi de mieux qu’une rencontre avec les auteurs pour prolonger le plaisir de la lecture de ce “techno-thriller” et approfondir certaines des questions évoquées dans l’ouvrage. Rencontre avec Laurent Alexandre,  généticien, énarque et fondateur de Doctissimo et David Angevin, journaliste et écrivain, auteur notamment de Dans la peau de Nicolas.

Du fait que Sergey Brin (renommé Brain dans le livre) soit porteur du gène de la maladie de Parkinson aux fulgurants développements des technologies NBIC (nano-bio-info-cogno), entretien à bâtons rompus.

On n’a pas l’habitude d’un roman écrit à quatre mains. Comment vous êtes-vous rencontrés?

David Angevin: On s’est rencontré il y a trois ans. On est devenu copains, Laurent avait lu mes livres, je connaissais Doctissimo. En discutant, on s’est dit que c’était…

Laurent Alexandre: … rigolo de faire un truc entre transhumanité, intelligence artificielle (IA) et puis génétique. De faire la NBIC, la totale, en un seul roman. Et de faire le lien entre la passion des gens de Google pour l’intelligence artificielle et le fait que Serguey Brin va faire un Parkinson; il a le gène LRRK2 muté, comme annoncé sur son blog en 2008.

David Angevin: Ca a d’ailleurs fait la couverture de Wired

Laurent Alexandre: Il s’est fait fait tester par la filiale de Google qui fait de la génétique qui est 23andMe, et qui est dirigée par sa femme.

Il y a un vrai pont entre la génomique et Google, ce n’est pas un hasard. Il y a le pont par la maladie et par la diversification sur le plan économique avec la création de 23andMe. 23, parce qu’on a 23 paires de  chromosomes. Et moi. Confier son ADN à Google laisse présager de choses assez sympathiques.

D’où vient l’acronyme NBIC?

Laurent Alexandre: Nano-Bio-Info-Cogno, ce n’est pas de nous. C’est vraiment un terme utilisé dans le cercle des gens qui bossent sur ces questions. En plus, c’est un acronyme facile à retenir. Les gens ont un peu de mal sur la cogno [les sciences cognitives] parce qu’en fait la cognitique, c’est à dire les sciences du cerveau et de l’IA, c’est un truc que les gens connaissent en fait très peu: au mieux les gens connaissent l’informatique bien sûr, et les nanos, qu’on commence à connaître. On a fait ce pont là. Et on s’est intéressés à l’émergence des groupes transhumanistes aux Etats-Unis: Kurzweil, ses opposants, les réactionnaires comme Kass.

David Angevin: On s’est échangé des milliers d’e-mails, d’articles… Tous les matins j’ouvrais ma boîte mail et Laurent m’avait envoyé cinquante liens. Je n’y connaissais pas grand chose à l’origine et en tant que romancier ça a fini par faire tilt, je me suis dit que c’était quand même plus intéressant que de raconter des histoires de bobos parisiens et journalistes, comme j’ai pu le faire avant. C’est un champ énorme qui s’est ouvert.

D’autant que le spectre est assez large: de la géopolitique aux évolutions technologiques en passant par l’anticipation…

David Angevin: Oui. On s’est dit que tant qu’à faire, autant dresser un paysage complet.

Laurent Alexandre: Il se passe quelque chose avec Google, et c’est forcément un peu vaste. On n’est pas une des plus grandes puissances géopolitiques du monde, ce qu’est Google de notre point de vue aujourd’hui, sans que ça remue beaucoup d’éléments.

Vous situez l’action du roman en 2018, pourquoi?

Laurent Alexandre: Parce que ça sensibilise plus les gens que 2174. Et que ça situe l’action dans un contexte géopolitique, économique, social, que les gens vivent.

David Angevin: Notre idée est de faire une série de livres sur le sujet. C’est intéressant parce que ce n’est ni de la science-fiction (SF), ni de l’anticipation: 2018 c’est demain matin. Alors évidemment, on exagère un peu: ce qu’on raconte adviendra peut-être en 2025. La date n’est pas importante finalement. La SF, ça ne nous intéresse pas. JC Feraud parlait de technoythriller: un divertissement qui tente de poser des questions.

Laurent Alexandre: La bataille pour le contrôle de Google me paraît envisageable à cette échéance. On peut imaginer que des acteurs veuillent prendre le contrôle de Google et que les Etats se posent des questions. Si Google continue à vouloir être un cerveau planétaire et à vendre une forme d’IA, la propriété de Google sera un problème d’envergure internationale.

“On est des déclinistes, on ne croit pas que l’Europe va se réveiller demain matin”

A cet égard, votre vision de la géopolotique me paraît un peu pessimiste. Ce que vous décrivez autour de la crispation de l’Europe sur les questions bioéthiques et le tableau sombre que vous dressez de l’état économique de la zone euro est quasiment apocalyptique. Google est pourtant censé ne pas faire de mal et apporter des solutions. Qu’est-ce qui vous arrive?

Laurent Alexandre: Toutes ces histoires se construisent loin de chez nous. On peut pas dire que la Silicon Valley et la génomique se construisent sur les bords de la Seine ou sur les bords du Tage. On est quand même assez largement en dehors de cette histoire qui se construit entre Shenzhen, San Diego et la Silicon Valley, qui est l’épicentre des technologies NBIC.

Et pour vous, on va le rester?

Laurent Alexandre: Le “Google franco-allemand”, Quaero, ne me paraît pas très sérieux ni très crédible. On est des déclinistes, on ne croit pas que l’Europe va se réveiller demain matin.

David Angevin: Laurent me disait que l’Iran investit plus que nous dans les nanotechnologies.

Laurent Alexandre: Quand on voit la liste des pays qui auront plus de 150 millions d’habitants en 2050, c’est à dire demain matin, on a le Congo et l’Ethiopie (170 millions)… Ce ne sont pas de grandes puissances industrielles et technologiques, nous sommes d’accord. Mais les équilibres géostratégiques bougent beaucoup, et rapidement. L’Iran, le Viet-Nam et l’Egypte ont dépassé les 125 millions d’habitants. Quand j’étais en 6ème, l’Egypte était au programme, il y avait 27 millions d’habitants. Le basculement est très rapide.

David Angevin: On parlait de pessimisme sur l’aspect économique. C’est une possibilité. C’est un roman, donc on peut s’amuser mais c’est tout de même fondé sur un terreau qui tend à nous faire penser qu’on peut aller par là.

Vous vous faites effectivement plaisir et ça se ressent à la lecture, notamment dans l’inspiration qui semble provenir des Etats-Unis. Comment vous êtes-vous répartis la tâche en terme de rédaction?

David Angevin: On a travaillé, on a mis deux ans à écrire ce livre. Je ne trouve pas particulièrement de plaisir à lire des polars français ou, encore pire, les polars nordiques que je trouve insupportables mais qui se vendent commes des petits pains. On est plutôt fans de littérature américaine effectivement. Ce qui m’a donné le rythme en revanche, n’a rien à voir: je me suis retapé les six saisons des Sopranos !

Concernant les évolutions de la génétique et de la thérapie génique que vous décrivez, 2018 vous paraît être un horizon crédible?

Laurent Alexandre: C’est en train d’exploser. Le coût du séquençage ADN baisse de 50% tous les cinq mois.


David Angevin: Le premier a eu lieu en 2003.

Laurent Alexandre: En 2003, une personne a pu séquencer son ADN, Craig Venter. 2007 c’était Watson, inventeur de l’ADN. En 2009, on arrive à 100, et en 2010, 4500. On parle de 2 millions de personnes en 2013. Le coût d’un séquençage baisse drastiquement en parallèle. 3 milliards de dollars pour Craig Venter. En 2013, on sera à 1000 dollars et à 100 dollars en 2018. Après, il y a la thérapie génique. Cela obéit à une loi de Moore au cube. La loi de Moore, ça baisse de 50% tous les 18 mois, là, on en est à une baisse de 50% tous les cinq mois. Il y a un véritable génotsunami en cours. Donc, pour répondre à votre question, la partie génétique paraît probable. La partie intelligence artificielle interviendra sans doute un peu plus tard, mais il est claire que la thérapigénique va exploser assez rapidement.

“Nous ne sommes qu’au milliardième de ce qu’on aura dans trente ans”

Donc l’enjeu se situe au point de rencontre entre thérapie génique et noosphère?

Laurent Alexandre: Il avait décrit Google en fait,en évoquant la mise en commun de tous les cerveaux de la planète, mais sous une forme religieuse. Il ne pensait pas évidemment aux microprocesseurs. Mais Google est quand même une forme de noosphère.

David Angevin: D’ailleurs, le test de Türing en 2018, ce n’est pas complètement impossible…

Laurent Alexandre: La preuve par Waston. Moi je pensais qu’il allait perdre. Pour ce jeu télévisé [voir vidéo en anglais] qui est quelque chose de compliqué se rapprochant d’un test de Türing, j’étais persuadé qu’on était 5 ans trop tôt pour qu’un ordinateur l’emporte.

David Angevin: En plus, il n’a pas gagné contre des nazes. J’ai pas répondu à une question.

Laurent Alexandre: Il a fait une ou deux erreurs logiques, mais c’était impressionnant. On peut penser que le test de Türing sera gagné avant 2020, mais ce n’est pas le test de l’intelligence.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au delà de l’intelligence artificielle, le mouvement transhumain (en particulier Kurzweil) met en avant la volonté d’aller vers une forme d’immortalité.

Laurent Alexandre: L’immortalité, c’est plutôt le post-humain. Parce que le transhumain ne télécharge pas son cerveau. Le vrai immortel, c’est plutôt le post-humain. Ce genre d’idéologie va attirer pas mal de gens étranges: des gourous NBIC autant que des kamikazes bioluddites. On peut imaginer toutes les dérives dans cet univers, comme dans toutes mutations technologiques.

Vous partez d’ailleurs du principe que les religions vont rentrer en résistance par rapport à cette mutation.

David Angevin: Ca va aller tellement vite qu’ils vont flipper. Ils sont déjà relativement crispés sur ces questions. On peut imaginer que des extrêmistes religieux se mobiliseront contre ces évolutions. D’ailleurs, dans notre livre, Larry Page se fait descendre par un kamikaze bioluddite.

Laurent Alexandre: Si le pouvoir de l’homme croît exponentiellement, si l’espérance de vie augmente et si on manipule à l’envi notre ADN et notre cerveau, on pose bien sûr question aux religions. Et surtout si on créé de la vie tabula rasa. On est dans une phase de création de la vie en éprouvette, déjà. On a créé une cellule artificielle en juillet dernier, ce qui n’est pas anodin vis à vis des religions. Dans le puzzle NBIC, c’est une pièce importante, comme d’autres se mettent en place depuis quelques années. Et elles s’assemblent: le séquencage ADN, la thérapie génique à notre porte, la vie artificielle qui se créée, des progrès extraordinaires dans la compréhension du cerveau et en IA.

Ce qui est fascinant, c’est que quand on prend la loi de Moore, l’évolution est proprement ahurissante. En réalité, nous ne sommes qu’au milliardième de ce qu’on aura dans trente ans.

“On n’a jamais renoncé à un progrès scientifique”

Vous parlez des bioluddites, ces gens refusant le progrès et luttant contre ses applications. On vous sent un peu amers par rapport aux écologistes et aux décroissants.

David Angevin: On n’a jamais, dans toutes l’histoire de l’humanité, renoncé à une découverte, à un progrès scientifique. J’ai plutôt de la tendresse pour ces gens. J’ai un profond respect pour les gens qui se retirent de la société. Mais il y a aussi un côté un peu pathétique, parce que ce n’est pas ce vers quoi le monde va. Je suis assez frappé qu’on arrive avec ce bouquin et qu’il n’y ait pas déjà eu un million de livres sur le sujet! C’est grave. Le manque de curiosité des journalistes ou des responsables politiques sur ces sujets, c’est dément!

Vous pensez que ces questions devraient être beaucoup plus présentes dans le débat public?

David Angevin: Bien sûr.

Laurent Alexandre: Les politiques ne veulent pas en entendre parler. Je suis énarque, j’en connais des politiques. La technologie leur fait peur. En réalité, la biopolitique et les NBIC ne rentrent pas dans le clivage droite/gauche.

Madelin est ultra proNBIC, il y a des gens pro NBIC à gauche, les écologistes sont antiNBIC, comme les cathos versaillais de droite. La biopolitique, ce n’est pas gauche/droite, et donc c’est un peu compliqué.
David Angevin: Il y a aussi des associations contre-nature dans le livre, comme entre extrêmistes islamistes et cathos de droite.

La théorie du livre c’est que la clivage droite/gauche va disparaître au profit du clivage bioconservateurs/transhumanistes.

“Le cyborg est une figure qui nécessite quelques décennies pour s’épanouir”

Votre livre a-t-il pour objet de vulgariser ces thématiques?

David Angevin: Au départ, on voulait faire ça sous forme d’essai, mais on s’est vite rendu compte que c’était trop froid: c’était plus malin d’en faire une “politique-fiction”: un bon moment à passer qui pose les bonnes questions.

Laurent Alexandre: Et puis Sergey Brin est un personnage de roman: si puissant, et si jeune. Et ils ont des comportements de gamins avec leur ballons et leurs bureaux à la con. Ce sont de grands enfants. En plus, Brin matérialise deux des facettes NBIC: la génétique et l’IA.

C’est le rapprochement entre ces deux champs qui apparaît central dans le livre. Pouvez-vous en donner des exemples?

Laurent Alexandre: L’analyse d’un génome nécessite beaucoup d’algorithmes. L’affinement des technologies d’analyse du génome passera par des algoritmes qui vont de plus en plus tendre vers l’IA. Quand on traite des milliards et des milliards de données, on est déjà dans de l’IA, aves des moteurs de recherche, des moteurs d’inférence… C’est une tendance. Ce qu’on fait en biologie va également être de plus en plus irrigué par de l’IA. Mais il n’y aura pas de seuil. On ne va pas du jour au lendemain découvrir l’IA: ce n’est pas un bouton on/off. C’est comme un enfant qui grandit, c’est un processus vivant qui se créé. L’an 0 de l’IA, c’est la victoire contre Kasparov aux échecs en 1997, ce que tout le monde considérait comme impossible. Pourtant, il y a encore des champs dans lesquels l’ordinateur ne peut battre l’homme: le jeu de Go par exemple.

En revanche, vous n’êtes pas très “androïdes”. Vous parlez de post-humains mais il n’apparaît pas tel quel dans votre livre.

David Angevin: C’est 2018, encore une fois. Il va y avoir une suite.

Laurent Alexandre: Le cyborg est une figure qui nécessite quelques décennies pour s’épanouir…

Et, pour revenir à Google, vous pensez que ses dirigeants sont dans cette logique…

David Angevin: Oui, et ils ne s’en cachent pas!

Laurent Alexandre: Sur l’IA, ils ont fait plusieurs déclarations dans lesquelles ils présentaient leur objectif: que Google soit un moteur d’IA.

David Angevin: On n’a pas inventé grand chose.

Dans votre livre, deux milliards d’individus se connectent à Google chaque jour. Google amasse déjà énormément de données, et on peut décemment se poser la question de savoir ce qu’ils vont en faire.

David Angevin: Dans le bouquin, Google se contente de s’en servir pour tenir tout le monde par les couilles, ils s’en servent comme d’une arme.

Laurent Alexandre: Notre conviction, c’est que si on avait de vrais moteurs d’IA, on s’en servirait à des fins médicales. Parce que finalement la seule obsession partagée par tout le monde sur Terre est de vivre plus longtemps. Ce serait l’utilisation première.

Pourtant, dans Google Démocratie ça tire dans tous les sens. Il y a des rapports de force, des flingues, des mafieux, des agents plus ou moins secrets…

David Angevin: On est en 2018, encore une fois. Et c’est tôt, ils n’ont pas encore fait le boulot, ni gagné la partie. Il y a forcément des barbouzes qui gravitent autour. Et puis, c’était pour le côté fun.

Laurent Alexandre: Tout cela reste très humain.


Illustrations CC FlickR: MJ/TR, Tangi BertinJoamm Tall

Images de Une par Marion Boucharlat pour OWNI

Retrouvez tous nos articles sur Google et le transhumanisme.

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L’humain, à la vie, à la mort http://owni.fr/2011/02/07/lhumain-a-la-vie-a-la-mort/ http://owni.fr/2011/02/07/lhumain-a-la-vie-a-la-mort/#comments Mon, 07 Feb 2011 16:26:48 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=45549 Une ère sans vieillissement, sans maladie, voire même sans timidité, ni angoisse; une ère qui viendrait augmenter les capacités cérébrales de traitement de l’information, désespérement humaines, trop humaines. Telle est l’avenir prédit par le transhumanisme, mouvement enraciné dans la croyance d’une évolution nécessairement positive de l’humanité, sous l’effet des technologies. Pour Ray Kurzweil, prolifique inventeur, mécène de la Singularity University et pape mégalo du mouvement, nous pourrons très bientôt “transcender les limites de nos corps et cerveaux biologiques”.

Si l’immortalité est la partie visible de l’iceberg, les rêves transhumanistes affectent d’abord notre condition d’être vivant, en proclamant pour tout individu, le droit de compléter, enfin, son état “limité”. Une conception libérale qui vient questionner la définition même de l’humain, et de notre appartenance à l’espèce: peut-on faire ce que l’on veut avec ce qui nous fait Homme ou doit-on accepter d’être encadré au nom de la préservation d’un noyau dur d’humanité ?

Espérance de vie ? 1000 ans

Dans son livre The Singularity is Near (traduit en français sous le titre L’humanité 2.0), Ray Kurzweil explique que “nous gagnons rapidement la connaissance et les outils pour maintenir et étendre le ‘foyer’ que chacun d’entre nous appelle corps et cerveau”, reprenant ainsi à son compte une métaphore d’un autre gourou du mouvement, Aubrey De Grey. L’expansion des technologies suivant un rythme de croissance toujours plus fulgurant, son impact sur l’Homme, poursuit-il, devrait très rapidement se faire sentir et ce de façon irrémédiable, présidant à une nouvelle ère humaine. Ce basculement, c’est la Singularité.

L’espérance de vie croit elle-même progressivement et ce rythme accélérera rapidement, maintenant que nous sommes dans les premiers pas de l’ingénierie des processus d’information qui sous-tendent la vie et les maladies.

Robert Freitas estime qu’en éliminant une liste précise comprenant 50% des conditions médicalement évitables, on étendrait l’espérance de vie au-delà de 150 ans. En évitant 90 % de ces problèmes médicaux, elle dépasserait les 500 ans. A 99%, nous serions au-delà des 1000 ans.

Présentée comme une “maladie”, la mort doit disparaître du champ humain et l’espérance de vie tendre vers l’infini. L’objectif est fondamental, il se place dans le trio de tête des “to do” transhumanistes, précise Rémy Sussan, journaliste à InternetActu.net et auteur d’un livre consacré aux Utopies posthumaines.

Certains vont même plus loin, cherchant non seulement à abattre l’ultime mur de notre condition d’être fini, mais aussi à en renverser les effets. Anecdote familière à tous ceux qui se sont penchés sur son cas, Ray Kurzweil cherche à faire revenir son père, mort d’une crise cardiaque à 58 ans, parmi les vivants. Des cartons rassemblant des éléments de la vie paternelle constituent en grande partie l’information qui servira de base à “l’intelligence artificielle” qui, espère Kurzweil, “[lui] ressemblera beaucoup” (Extrait du documentaire Transcendent Man de Ray Kurzweil adapté de son livre sur la singularité) . Plus qu’un dépassement de la finitude, un véritable nananère à l’adresse de la Faucheuse.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le sens de l’Homme

Le transvasement d’un être perdu dans une intelligence artificielle ne fait néanmoins pas l’unanimité. Croyant en la possibilité de faire “un back-up de son cerveau”, Rand Hindi, spécialiste de bioinformatique passé par la Singularity University, pense en revanche que ranimer un individu dans son intégralité n’est pas envisageable:

Ressusciter un intellect sans ressusciter le corps est impossible: la plupart de l’information qui nous définit passe par notre corps, par l’interaction avec l’environnement. En ne prenant que la partie malléable du cerveau, oui, on pourrait transmettre une part d’informations dans un ordinateur.

Mais il n’aurait ni émotions, ni capacité de s’émerveiller sur le monde. Il n’aurait jamais la sensation de faim, ni ne serait énervé parce qu’il aurait mal dormi. Il ne comprendrait pas ce qu’est être humain, parce qu’il n’aurait pas cette interaction nécessaire avec l’environnement.

Le sens de l’humain, précisément : au-delà du dépassement de la mort, le Grand Oeuvre transhumaniste, qui déborde largement les limites de ce seul mouvement, interroge d’abord notre condition d’être vivant en lui conférant un sens bien particulier. Sans nécessairement se réclamer des hypothèses kurzweiliennes, ceux qui croient en un basculement prochain de l’Homme dans une évolution technologique, succédant à l’évolution biologique qui sous-tend l’espèce depuis son apparition, mobilisent une même notion : l’imperfection, en l’état, de l’Homme. Sa condition est qualifiée de “limitée” et de “non assistée”, tant au niveau de ses capacités intellectuelles que dans l’expression de ces émotions. Et ce sont les technologies qui vont venir combler cette incomplétude qui n’a que trop duré.

Dès lors, en “transcendant ses limites”, en “s’augmentant”, l’individu se promet non seulement à une vie sans destination finale, mais aussi et avant tout sans enveloppe contraignante, sans vecteur pour l’enfermer dans une expression étranglée de ses capacités. Au-delà du baroque de l’histoire, peu importent finalement les délires post-mortem d’un Kurzweil : s’il promet l’abolissement de la mort en fin de course, le transhumanisme prône d’abord le droit à une vie réparée et -forcément- meilleure. Ainsi la Déclaration Transhumaniste affirme vouloir favoriser “un large choix personnel aux individus sur la façon dont ils veulent favoriser leurs vies”.

Hisser cette liberté individuelle au rang d’impératif pose néanmoins plusieurs questions : le sens de cette “amélioration” de la vie humaine bien sûr, mais aussi celui de l’impact que pourraient avoir des altérations profondes, relevant du seul choix des individus, sur la définition déjà trouble de l’humain. Si des technologies le permettent, une fois les seuils biologiques franchis, pourquoi ne pas imaginer une humanité atomisée, multiple, défiant à l’envi sa sempiternelle symétrie, jouant les mécanos avec ses propres organes, enroulant son torse dans un châle d’entrailles, dont la tournure aurait pris, dans l’élan technologique, une allure esthétique ?

“On ne peut pas faire n’importe quoi avec l’humain”

Si l’on patauge en pleine anticipation barrée, envisager les conséquences d’un tel scénario ne semble cependant pas absurde à de nombreux comités éthiques européens. L’Irish Council for Bioethics a par exemple publié un livret très complet (.pdf) présentant en neuf questions les problématiques posées par “l’augmentation de l’humanité”.

Contactée par OWNI, Laurence Lwoff, chef de la Division de la Bioéthique et Secrétaire du Comité directeur pour la Bioéthique au Conseil de l’Europe, précise pour sa part que si le transhumanisme n’est pas à l’ordre du jour, dans la mesure où les comités réfléchissent au “développement scientifique” réel et non à des intentions, les questions que pose le mouvement se retrouvent dans des préoccupations qui n’ont rien de fictionnelles, notamment “dans la génétique, les neurosciences, le diagnostic pré-implantatoire.”

Si l’idéologie transhumaniste venait à s’actualiser, le Conseil de l’Europe devrait néanmoins s’en emparer, en particulier sur le volet d’un “droit à s’augmenter“. Bien trop lacunaire dans sa définition, il rentrerait alors en collusion avec les valeurs de dignité et d’intégrité humaines dont l’institution s’est faite gardienne :

L’idée véhiculée par les porteurs de cet accroissement des capacités est qu’on ne peut pas l’interdire à un individu, que cet acte doit être un droit. C’est par exemple le discours de Julian Savulescu, directeur de l’Oxford Uehiro Centre for Practical Ethics, qui en gros affirme que tout le monde aimerait voir le QI de sa population plus élevé. Ces affirmations seraient contradictoires avec les valeurs du Conseil de l’Europe, qui chercherait  à protéger la dignité et l’intégrite de l’humain face aux riques qu’une telle volonté implique : que veut dire s’augmenter ? Et où placer les limites de l’humain ?

Laurence Lwoff ajoute par ailleurs que si une innovation technologique venait déstabiliser la définition de l’humanité, il y aurait fort à parier que le Conseil de l’Europe s’en saisisse avec une rapidité surprenante, au vu de la lourdeur d’une telle institution. Preuve en est le précédent Dolly, du nom de la brebis clonée en 1996, qui a ébranlé toute la communauté scientifique:

C’est tout un dogme qui est tombé, tout un pan d’une certaine approche du développement humain qui a dû être remis en cause. Il y a eu un certain affolement, une inquiétude sur l’instrumentalisation possible de ces méthodes; le clonage reproductif n’est pas le seul enjeu sur la table. En six mois, un texte a été adopté, c’est au-delà du stupéfiant dans le cas du Conseil de l’Europe. C’est une urgence qui a fait consensus : il était important d’affirmer un ensemble de valeurs.

Au niveau étatique, indique encore Vincent Berger, jurisconsulte de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui protège et délimite les libertés fondamentales marquées dans la Convention Européenne des droits de l’homme, il est fort probable que les gouvernements “tentent d’une manière ou d’une autre d’intervenir”, et ce “même si les individus sont consentants”. “On ne peut pas faire n’importe quoi avec l’humain”, ajoute le magistrat.

Une assertion qui reste lettre morte face aux plus convaincus qui, s’ils reconnaissent et tentent de déconstruire les critiques – auxquelles Kurzweil consacre tout un chapitre dans son dernier livre-, “ne cherchent pas la confrontation”. “Ils sont sûrs que ce qu’ils prédisent arrivera”, souligne justement Xavier de la Porte. A leurs yeux, la contradiction ne se justifie que par une incompréhension fondamentale de ce basculement vers une nouvelle ère, prophétie auto-réalisatrice, qui doit se produire et s’appliquer à tous. L’approbation de l’humain n’y changeant rien.


A lire aussi:
- Autopsie de l’immortalité
- La mort vous web si bien

Illustrations CC:  Marion Kotlarski, joamm tall

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Autopsie de l’immortalité http://owni.fr/2011/02/06/autopsie-de-l%e2%80%99immortalite/ http://owni.fr/2011/02/06/autopsie-de-l%e2%80%99immortalite/#comments Sun, 06 Feb 2011 16:00:04 +0000 Richard Grandmorin http://owni.fr/?p=45216

Cet article a été publié initialement sur Silicon Maniacs.

Owni.fr, l’Atelier des médias et Silicon Maniacs organisent une soirée ludique #jesuismort avec débats, réflexions et expériences autour de l’immortalité à l’ère numérique le 9 février 2011 à La Cantine (Paris).

#jesuismort est un événement multicanal et exploratoire de nouvelles formes médiatiques mêlant web, radio, vidéo, flux, automations, applications webs et réseaux sociaux. Il est organisé dans le cadre de la Social Media Week.

Les pistes pour une potentielle immortalité sont nombreuses : allongement de la vie, clonage, mind uploading ou encore mobilisation des archives personnelles sont autant de techniques possibles. Selon les prédictions les plus optimistes, les immortalités biologiques et numériques devraient toutes nous être accessibles dans le courant du siècle. Au sein de cette concomitance, la plus rapidement démocratisée sera sûrement l’immortalité Facebook.

Immortalité biologique versus numérique

L’immortalité n’est rien d’autre que la continuité de nos informations et de nos fonctionnalités dans le temps. Cet objectif peut être assuré par 2 stratégies : le maintien du substrat ou le transfert vers un nouveau. Les espoirs du premier cas reposent sur la médecine et les prophéties d’Aubrey de Grey selon qui nous pourrions être les premières générations à atteindre l’âge de 1000 ans.

Dans le cas des transferts de substrats, l’immortalité est dégradée (perte d’information et/ou perte de fonctionnalité) :

  • l’immortalité numérique ne retranscrira pas avant longtemps la complexité de notre cerveau ni notre interaction avec le monde
  • le clonage ne transmet que l’information génétique (l’intérêt est donc relativement limité).

Certes le transfert nous fait perdre en définition, mais on gagne en robustesse notamment grâce à la possibilité de faire des sauvegardes. Même si la médecine nous garantissait un allongement éternel de la vie, nous ne serions pas à l’abri d’un simple accident de voiture. L’immortalité biologique et numérique sont donc des opérations complémentaires.

Le mind uploading

Le mouvement transhumaniste s’est très vite emparé de l’ idée de télécharger une personnalité dans un substrat non-biologique (mind uploading). L’ordinateur reconstituerait l’esprit d’un individu par la simulation de son fonctionnement. Les avancées dans les domaines des neurosciences, de l’informatique et le flair de Ray Kurzweil laissent présager l’existence de systèmes d’intelligence artificielle capables de modéliser le fonctionnement du cerveau dans une quinzaine d’années.

Sébastien Seung déclare que, par analogie avec le génome, le connectome est une carte de la structure du réseau neuronal d’un cerveau. L’ensemble de ses connexions synaptiques y sont retranscrites. Le mind uploading repose sur le postulat du connectome comme support de l’information : nos souvenirs, expériences, pensée seraient codés uniquement par la structure du réseau neuronale. Autrement dit, la disposition et le poids des connexions entre neurones serait responsable du codage de l’information. Pour reproduire une conscience humaine et donc accéder à l’immortalité, il suffit de cartographier le réseau neuronal et de le modéliser sur un ordinateur.

Les limites techniques

L’immortalisation doit donc passer par un recensement complet des connexions synaptiques du cerveau. Pour l’heure, la cartographie des neurones est un facteur techniquement limitant. Les techniques de scanning ont des résolutions de l’ordre du neurone (0,1 mm), or il faut descendre jusqu’aux synapses (0,001 mm).

La deuxième limite est informatique : modéliser 100 milliards de neurones et 1014 connexions demande des capacités de calcul énormes. Mais en extrapolant la loi de Moore on prédit la fin de la contrainte informatique pour 2018. En 2007, le Blue Gene (l’un des plus puissants ordinateurs du monde) modélisa 1 seconde d’activité de 10 000 neurones (et 108 connexions) avec 10 secondes de calculs.

Faisabilité

Les premiers résultats seront forcément dégradés car il ne prendront pas en compte l’ensemble des interactions ioniques ou hormonales qui peuvent influencer le cerveau. Mais l’absence de ces interactions permettrait peut être d’obtenir un cerveau plus raisonnable.

Le mind uploading (et l’immortalité qui va avec) bénéficie des enjeux économiques et scientifiques de la simulation informatique du cerveau humain dont les applications sont nombreuses :

  • modélisation de l’activité d’un médicament ;
  • modélisation du développement des maladies neuro-dégéneratives
  • modélisation des maladies mentales (dépressions, psychoses, etc… )
  • connaissance du cerveau

Les financements publics et privés sont donc conséquents, ce qui laisse présager un développement technologique rapide.

La mobilisation des archives personnelles

Puisqu’il est difficile de cartographier la chaîne cognitive et ses 1014 connexions, une des solutions serait de la reconstituer par apprentissage. Au lieu de recréer exactement le réseau neuronal d’un individu on va plutôt essayer de créer la chaîne logique en se basant sur la lecture d’archives. Il en résultera un avatar aux réactions identiques. On estime que la vie entière d’un individu (ce qu’il voit et entend, ce qu’il lit, ce qu’il dit) ne devrait pas passer 1 TerraByte de stockage (selon Microsoft Research), ce qui est techniquement envisageable. On pourrait toutefois commencer plus humblement en compilant nos activités sur les réseaux sociaux et notre boîte email.

L’immortalité : une application Facebook

Imaginez votre compte Facebook après 40 ans d’activité : toutes vos blagues, commentaires, messages, articles partagés, etc.. représenteront une masse de données descriptives considérables sur vos goûts, votre façon de penser, votre logique, vos intérêts, votre histoire, vos valeurs, etc.. Après une formalisation et une analyse sémantiques de ces contenus, on obtient votre portrait.

La formation de la chaîne logique résultera probablement de l’apprentissage d’un réseau de neurones artificiels ou d’un dérivé plus puissant. On retrouve leurs applications depuis plus de 10 ans dans de nombreuses disciplines (sciences économiques, biologie, environnement, etc..) comme outil de prédiction ou de reconnaissance. Les réseaux de neurones artificiels ont la propriété de s’organiser automatiquement pour répondre au mieux à la tâche demandée. En 2007, je fus amené à collaborer à la réalisation d’un réseau des neurones pour la modélisation des effets d’un barrage contre les inondations. L’apprentissage consiste à établir des valeurs pour chacune des connexions entre neurones en confrontant les entrées avec les sorties. Dans le cas du barrage, les entrées étaient le débit en amont, la réserve du barrage, et la hauteur de la retenue. Les données de sortie étaient le débit en aval.

En faisant passer des entrées/sorties dans réseau de neurones, on obtenait progressivement une simulation quasi parfaite du débit aval. Au bout de 1000 valeurs, l’apprentissage donnait des résultats très convenables : les courbes des valeurs simulées et réelles se confondaient, les connexions entre neurones étaient correctement pondérées. Pour affiner le réseau, nous avions poussé l’apprentissage jusqu’à 7000 valeurs.

Simuler un esprit humain est évidemment bien plus complexe et nécessite un réseau de neurones beaucoup plus conséquent, mais le concept reste le même: pondérer chaque connexion en confrontant des valeurs entrées et sorties. A la place des débits de rivières, nous utiliserons des données sémantiques.
pour résumer :

semantic analysis + social internet use + Artificial Intelligence = immortality

Certes le pan sémantique reste un facteur limitant, mais l’immortalité Facebook sera toutefois la plus rapidement abordable et démocratisée car :

  • les réseaux sociaux pourrait facilement constituer une bonne base d’archives car ils sont très répandus au sein des populations et reflètent notre comportement social
  • la sémantique fait d’énormes progrès (car les enjeux économiques sont énormes avec la publicité contextualisée) ;
  • l’intelligence artificielle se développe rapidement
  • cette technique ne repose sur aucune contrainte biologique puisque la reconstruction du réseau neuronal se fait progressivement par apprentissage des archives
  • les besoins en puissance informatique sont moins importantes que le mind uploading et sa reproduction complète du connectome

En attendant, National Science Foundation a récompensé d’une bourse de 500 000 $ les universités de Central Florida à Orlando et de l’ Illinois à Chicago pour « l’exploration et l’utilisation de l’intelligence artificielle, de l’archivage et de l’imagerie numérique afin de créer des copies digitales de personnes réelles comme première étape à l’immortalité virtuelle« .

Les applications de l’immortalité Facebook

L’immortalité Facebook sera pour longtemps une continuité fortement dégradée d’un individu. Le mind uploading est beaucoup plus prometteur en termes de qualité avec la restitution de la conscience (comme son nom le laisse entendre). Quelle qu’elle soit, la technologie risque de poser des problèmes éthiques. Il est évident que les premières applications d’immortalité Facebook ne porteront pas leur nom pour des raisons marketing : elles seront utilisées uniquement du vivant de leurs utilisateurs pour des raisons psychologiques (travail de deuil pour les proches). On parlera d’Archives Actives, de second life+ , de MyLife… et puis (bien après) d’immortalité.
De ce fait, il est intéressant de se pencher sur les applications proches (et détournées) de l’immortalité Facebook:

  • Le Alain Minc search
    Des sociétés en conseils pourront créer de moteurs de recherches pour répondre à des questions stratégiques en s’appuyant sur des archives de sages ou d’intellectuels.
  • Le mappage politique individuel
    Des sociétés en conseils pourront créer de moteurs de recherches pour répondre à des questions stratégiques en s’appuyant sur des archives de sages ou d’intellectuels. Des applications permettront d’analyser la proximité des programmes politiques des partis avec votre profil numérique et ainsi vous conseiller pour un vote.
  • Le mappage politique collectif
    Les adhérents d’un parti politique pourraient partager leur profil numérique, ce qui permettrait de définir une ligne directrice au parti en sommant automatiquement l’ensemble des valeurs de ses membres.
  • La modélisation de la démocratie
    En généralisant le mappage collectif à l’ensemble de l’électorat d’un pays on peut modéliser l’acceptabilité de reformes ou propositions de loi.
  • L’aide à la prise de décision : qu’aurais je fait?
    Sur le même principe que le Alain Minc search, mais avec ses propres archives.
  • Les Love comparateurs
    sites de rencontres basés sur l’analyse de la compatibilité amoureuse entre profils numériques
  • Lady Gaga en Tamagotchi
    S’occuper d’un ami numérique possédant la personnalité d’une célébrité.
  • Le paradis numérique (immortalité)
    Un site du genre Second Life permettrait de laisser évoluer des profils numériques de personnes décédées. La famille et les proches pourraient se loguer afin de converser avec le défunt.

Pour aller plus loin :

Retrouvez tous les articles du dossier #jesuismort de Silicon Maniacs :

>> Illustration FlickR CC : minifig

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La soucoupe TED débarque sur Owni. http://owni.fr/2009/04/22/la-soucoupe-ted-debarque-sur-owni/ http://owni.fr/2009/04/22/la-soucoupe-ted-debarque-sur-owni/#comments Wed, 22 Apr 2009 10:32:28 +0000 Raphaël Labbé http://owni.fr/?p=411 Régulièrement je me plonge dans un visionnage des conférences TED. La dernière plongée en date a été déclenché par le lancement de leur application pour l’iphone. TED est un haut lieu de la réflexion et de l’innovation, j’en parle souvent comme d’un Davos de l’intelligence.

TEd logo

J’ai donc décidé de contribuer à Owni en réalisant des chroniques à partir de la diffusion d’une ou plusieurs conférences TED. Il n’y pas meilleur moyen pour montrer nos errances que d’éclairer l’avenir.

Je vous propose donc pour entamer cette série une petite métaphore sur l’inévitable avec la conférence de Ray Kurzweil.

Ray Kurzweil est informaticien, pionnier de la reconnaissance vocale qui s’est intéressé aux “trends” technologiques. Il a écrit en 2005, un livre aujourd’hui culte intitulé la “The singularity is near” (très mal traduit en français par Humanité 2.0, La bible du changement) . Ce qui ressort de son analyse c’est une compréhension à long terme des progrès de l’évolution qu’elle soit biologique ou technologique.

La métaphore de l’inévitable se retrouve à la minute 10 ou il montre que le progrès scientifique, qui se fait dans un chaos (tellement humain) économique de guerre des prix, fusions, faillites, produit une évolution d’une incroyable régularité. Invitation à se concentrer sur ce qui va changer à moyen long terme et non sur les affres d’une réalité chaotique. Je vous laisse découvrir ce qui nous attend dans cette vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le prochain passage de la soucoupe prolongera cette approche en sautant de la crise financière actuelle pour ouvrir sur les champs de croissance immense que représente la singularité (en tout cas les progrès qui les soutendent) en attendant vous pouvez toujours lire le livre de Ray Kurzweil qui vaut vraiment le détour et qui est disponible gratuitement (est ce aussi inévitable ?) sur google book.

A très vite pour une autre conf venu du futur.

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