OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le foot, miroir des mutations de la mobilité urbaine http://owni.fr/2011/05/28/le-foot-miroir-des-mutations-de-la-mobilite-urbaine/ http://owni.fr/2011/05/28/le-foot-miroir-des-mutations-de-la-mobilite-urbaine/#comments Sat, 28 May 2011 08:13:24 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=65026

Arsenal vs Liverpool ; Cesc Fabregas et Steven Gerrard.

Vous avez bien lu : le foot est un formidable témoin de notre rapport à la mobilité. Qui l’eût cru ? Ce faisant, le ballon rond devient un excellent outil pour comprendre (et surtout faire comprendre) le nouveau paradigme de « l’homo mobilis » dans lequel s’inscrivent aujourd’hui nos déplacements plurimodaux. Vous êtes sceptique ? Démonstration dans ce billet à vocation pédagogique qui s’adresse autant aux experts de la mobilité qu’à ceux du ballon rond ;-)

1970-2000 : l’essor de la valeur « mouvement »

La première similitude tient dans l’évolution remarquable des valeurs « positives » attachées tant au football qu’à la mobilité. Ainsi, si la valeur « vitesse » a longtemps tenu le haut du pavé, elle s’est vue progressivement supplantée par la valeur « mouvement » au cours des dernières décennies. Comme je l’écrivais dans une chronique OWNI,

Nos sociétés sont fondées sur l’idée que le mouvement – qu’il soit rapide ou non, soutenable ou non, vivable ou non – est nécessairement positif.

Cette valorisation du mouvement – dont je critique l’hégémonie, cf. paragraphe suivant – se vérifie dans nos mobilités (cf. la « saine mobilité » et « l’injonction au mouvement » de Scriptopolis), et plus généralement dans l’ensemble de notre société occidentale, de la flexibilité du travail au butinage amoureux. S’il est difficile de dater l’essor de la valeur « mouvement », on remarquera que celui-ci a accompagné l’essor du libéralisme dans la vieille Europe. Autrement dit, le « mouvement » règne depuis la fin des Trente Glorieuses suite à la crise de 1973, culminant dans les années 1990-2000 (pensez aux goldenboys toujours « dans le move »…)

Le football n’en est évidemment pas exclu. Comme l’écrivait le site de référence tactique Zonal Marking à propos du mouvement « sans ballon » [en], considéré comme une tendance majeure du football des années 2000 :

Le mouvement n’est pas une nouveauté dans le football ; comme l’a souligné Jonathan Wilson dans « Inverting The Pyramid » [sur l'évolution des tactiques footballistiques], la principale qualité de la légendaire équipe hongroise qui battit l’Angleterre 6-3 en 1953 reposait sur la tendance des joueurs hongrois à quitter leurs positions naturelles [dézoner] et à permuter avec leurs partenaires, de manière à embrouiller l’adversaire qui ne savait alors plus qui ils étaient supposés marquer.
Mais il semble y avoir une résurgence de la popularité et de l’importance du « bon mouvement » dans les années récentes [années 2000].

Ce rôle du « bon mouvement » est d’ailleurs l’héritier direct du « football total » flamand des années 1970, qui « proposait un jeu offensif basé sur le mouvement et la permutation des postes durant les matchs ». Et ce n’est pas un hasard si l’on  retrouve, quelques années plus tard, cette même valeur « mouvement »au coeur du jeu barcelonais, grâce à l’influence des entraîneurs Rinus Michels puis Johan Cruijff, respectivement « inventeur » et « inventé » du football total tout en mouvement… (voire notamment le point 4. Être en mouvement, et en particulier à partir de 5’48)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

2000 – 2010 : « le dogme du mouvement » et ses dérèglements

En mettant en action les joueurs « sans ballon » sur un terrain, l’essor de la valeur « mouvement » aura grandement contribué à accélérer le jeu balle au pied. Comme l’explique Une balle dans le pied :

Inversement, le football d’antan est dénigré sous l’angle de sa lenteur et de sa faible intensité : “Ça manque de rythme”, entend-on. En réalité, le rythme était autre : moins enlevé, certes, mais pas dépourvu de groove. La liberté de mouvement dont dispose alors le porteur du ballon est effectivement frappante : il a le temps et l’espace pour évoluer, et l’on s’étonne que les adversaires restent si passifs, au point de paraître rétrospectivement irresponsables dans leur absence de pressing et leur replacement aléatoire.

[...] Un style de jeu de passes a quasiment disparu : les milieux de terrain avaient jadis le loisir de lever la tête pour évaluer les différentes options, pour choisir entre différentes transmissions. [...] Avec le quadrillage du terrain désormais en vigueur, les joueurs sont plus enclins à chercher des solutions immédiates ou à courir avec le ballon : dans les quelques dixièmes de seconde impartis, il est difficile de concevoir une meilleure passe que la passe la plus évidente. Et la vision du jeu se rétrécit considérablement pour le porteur du ballon.

Conclusion : si le foot actuel est plus rythmé qu’auparavant, c’est au détriment des « numéros 10 » [en] à la Zidane et des passeurs à la Guardiola, comme il l’explique lui-même [en]. Que faut-il en conclure ? Que l’excès de mouvements (défensifs) aura paradoxalement contribué à tuer ce fameux « beau jeu », basé sur le mouvement général (offensif) et qui faisait le bonheur de nos papas (ou de vous, chers lecteurs plus âgés que moi ^^). Et l’évolution est encore une fois similaire dans l’univers des mobilités.

En football comme dans la vie, nos sociétés se caractérisent ainsi par  cette « injonction mobile » : « se tenir immobile dans notre société est considéré comme une remise en cause de la “norme sociale puissante” à l’heure de la mobilité permanente », témoigne le géographe Michel Lussaut (via). C’est ce que j’ai baptisé le « dogme du mouvement », afin de souligner les excès que provoquent cette culture de valorisation hégémonique de la mobilité.

N’est-il pourtant pas nécessaire de remettre en cause cette “mobilité” trop souvent incontestée, ou du moins d’en questionner la légitimité ? Car les maux décrits par Rosa ou Virilio [à propos de l'accélération de la société] ne sont pas tant ceux de la vitesse que ceux du mouvement en général [...]. En termes de déplacement physique, c’est bien les trajets subis qui sont en ligne de mire ; et peu importe qu’ils soient lents, rêveurs ou ludiques s’ils sont vecteurs de stress et de pression.

Et en football comme dans la vie, ce dogme du mouvement est au cœur de tous les problèmes. Face à ce constat, la question se pose : à quoi ressembleront le foot et la mobilité de demain ?

2010 : Le mythe de la lenteur à l’épreuve des réalités ?

À cette question, je répondrai par deux autres questions : d’abord que veut-on faire de nos mobilités, ; mais surtout, que peut-on en faire ? Encore une fois, les deux thématiques du jour se rejoignent dans leurs réponses. Ainsi, en foot comme en mobilités, certaines voix s’élèvent pour proposer comme alternative la réintroduction de la valeur « lenteur » pour résoudre les vices modernes de leurs domaines respectifs. En foot, ceux-là repensent voire militent avec nostalgie à ce foot à papa, « plus imaginatif et cérébral ». En termes de mobilités urbaines, il s’agira de promouvoir des modes plus doux et plus lents : tramway, marche, vélo… Mais il s’agit là d’un mythe qu’il me semble nécessaire de déconstruire, comme je l’avais expliqué :

À trop axer son discours sur la lenteur comme “remède miracle”, il me semble que l’on ne se pose pas les vrais questions. La lenteur, d’abord, souffre de la largesse de ses définitions. Certains évoquent ainsi, pêle-mêle, le tramway, le bus, le vélo ou la marche. Autant de modes aux vitesses sensiblement différentes. La vitesse urbaine moyenne étant aujourd’hui plafonnée à 25 km/h, peut-on vraiment parler de lenteur lorsque l’on est en bus ou en tramway, voire en vélo (les habitués dépassent les 20 km/h moyens) ?

Reste la marche, seule véritable “mode lent” ; [...] Jusqu’à ce qu’on se rappelle que la marche n’est pas forcément le mode poétique et contemplatif se dessinant entre les lignes de cette “lenteur salvatrice”. Car la marche peut aussi se faire dynamique et tonique lorsqu’elle est subie (ou simplement lorsque l’on n’envisage pas la marche comme un mode au ralenti : cf. la marche sous endorphines de Matthias Jambon-Puillet).

J’en appelle donc à votre fond réaliste : certes, la lenteur est séduisante ; mais est-ce une solution viable ? Je n’y crois malheureusement, de même que je ne crois pas véritablement au retour d’un football plus « apaisé ». Alors que faire ?

Demain, le mouvement perpétuel. L’anticipation comme valeur-pivot de la mobilité

Puisque l’on ne peut pas « lutter » contre la vague du mouvement (sauf à en sortir pleinement, comme je l’appelle de mes vœux, mais cela n’est pas l’heure qu’une utopie de plus), il faut apprendre à faire avec. C’est encore une fois le foot qui nous donne les pistes créatives pour ouvrir la réflexion, à travers les mots de l’excellent tactiblogueur « e-foot » dans une réflexion au titre évocateur : Le football devient-il plus rapide ?

La réponse [au constat évoqué plus haut de pressing permanent] ? Messi le dit au tout début de la vidéo d’Adidas : « prendre des décisions plus rapidement ». J’irai même plus loin en parlant d’anticipation.

Ça y est, le mot est lâché : « anticipation», qui vient parachever mon argumentaire. Concrètement, cela se traduit footballistiquement ainsi :

Le jeu en mouvement, « l’appel qui déclenche la passe » pour citer Denoueix, l’anticipation des mouvements des adversaires mais aussi de ses coéquipiers pour réagir en conséquence, voilà quelques clés pour accélérer le jeu de son équipe, le fluidifier. [...] Le joueur qui subit le pressing doit « prendre une décision plus rapidement » ; le joueur qui récupère le ballon doit « prendre une décision plus rapidement » pour lancer une action avant que l’adversaire n’ait le temps de se replacer (ou de le presser pour récupérer le ballon).

Vous remarquerez la proximité du champ lexical du tacticien avec celui qui nous concerne ici. Plutôt logique : la situation est exactement identique dans le domaine des mobilités urbaines.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ainsi, la valeur-clé permettant aux individus de « se dépêtrer » du dogme du mouvement permanent sans le quitter pour autant, consiste justement à « prendre des décisions plus rapidement », voire à « anticiper » : anticiper la congestion d’un réseau de métro grâce aux informations accessibles en mobilité via son smartphone, et décider de prendre un Vélib’ ou de marcher jusqu’au bus, par exemple. C’est à ça que ressemblent les hypermobilités d’aujourd’hui, et les mobilités de demain : opportunistes, fluides voire liquides grâce à une information ubiquitaire sur les modes qui nous entourent, de plus en plus nombreux et variés sur un même territoire dense…

Bienvenus dans le règne de l’instantanéité que je décrivais dans mon mémoire, et que j’explicitais il y a pile-poil un an et dix jours dans un commentaire sur e-foot. Comme quoi, je reste fidèle à mes analyses, la preuve ! :-)

Comme expliqué plus haut, la réponse [au pressing] tient en partie voire essentiellement dans la capacité du porteur du ballon à prendre plus vite des décisions. Cette faculté oblige le joueur à ralentir à l’extrême la perception qu’il a du mouvement qu’il entoure, afin d’anticiper les déplacements des joueurs (une sorte de Bullet-Time). Cette capacité « à lire le jeu » est évidemment à la base de tout sport, et ce depuis la nuit des temps. Mais c’est à mon avis son développement hors du sport, dans les mobilités quotidiennes urbaines, qui permet d’en assimiler l’essence dynamique :

[comme je l'écrivais dans la conclusion de mon mémoire] « L’instantanéité » exprime cette aptitude à rebondir sur l’instant [de décision] pour maîtriser un temps inédit et malléable. L’instantanéité est appelée à devenir la norme de nos déplacements et plus généralement de nos rapports au temps. Elle exprime une aptitude à s’adapter aux fluctuations, accélérations et ralentissements du cours temporel ; un propulseur de mobilités intuitives et adaptatives. »

Voilà donc le paradigme des mobilités à venir, tant sur les terrains de foot que dans les rues des mégalopoles. Il s’agit donc d’être en permanence informé des mouvements qui nous entourent (grâce aux technologies ou à une vision de jeu restreinte), puis d’être en permanence en capacité de rebondir (vers un autre mode ou un autre joueur). Conclusion paradoxale mais hautement jouissive : en foot comme en mobilités urbaines, pour vivre dans le mouvement sans le subir, il est donc nécessaire de vivre en mouvement perpétuel.  À l’image de Barcelone cette saison, et son jeu de passes instantanées leur permettant de conserver le ballon pour multiplier les choix, grâce aux mouvements de ses joueurs. Xavi serait donc le modèle de l’homo mobilis de demain ? :-)

Ce billet est dédicacé à mon ex-collègue Caroline, qui avait parié que je ne pourrais pas relier mes deux amours, tactique footballistique et prospective urbaine ! Je l’avais promis ici, et j’ai tenu parole… en espérant que l’exercice vous aura plu, que vous soyez urbanologue, footeux ou un peu des deux !

Billet initialement publié sur [pop-up] urbain

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification toksuede

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La géolocalisation est-elle soluble dans le livre numérique? http://owni.fr/2011/05/16/la-geolocalisation-est-elle-soluble-dans-le-livre-numerique-edition/ http://owni.fr/2011/05/16/la-geolocalisation-est-elle-soluble-dans-le-livre-numerique-edition/#comments Mon, 16 May 2011 08:33:48 +0000 nicolasnova http://owni.fr/?p=62209 Urban After All S01E17

En ce printemps de salons du livre multiples, les eBooks sont sur toutes les lèvres, on assiste à l’évolution progressive des projets de liseuses mais aussi des perspectives ouvertes par le numérique. Mais bien souvent c’est souvent la même rengaine que l’on entend. Or la géolocalisation, notamment dans un contexte urbain, est l’une de ces technologies qui ouvre la voie à d’autres usages.

Il s’agit au fond de prendre ces opportunités comme un moyen de dépasser le modèle actuel de “livre numérique” bien souvent compris comme banale transposition d’un contenu existant d’un support (papier) vers un autre (numérique).

Comment cela pourrait-il se traduire ? Que se passe-t-il lorsque l’on croise géolocalisation et lecture numérique ?

Géolocalisation et livre numérique WTF?!

Dans la panoplie des technologies qui font la “ville numérique” aujourd’hui, la géolocalisation tient une place de plus en plus prépondérante. L’utilisation principale de celle-ci tourne évidemment autour du guidage et du calcul d’itinéraire en voiture, en transports en commun ou à pied. Plus récemment les applications sur mobile ont débouchées sur des pratiques communautaires avec des fonctionnalités de notification de présence, de rencontre, de jeu type ARG ou encore de partage de messages attachés dans des lieux spécifiques.

Les services plus anciens et plus connus tels que Foursquare éclipsent évidemment la flopée de tentatives dans d’autres domaines. Et notamment chez les chercheurs, designers et entrepreneurs qui s’intéressent à la géolocalisation comme moyen de recombiner les possibilités d’édition de contenus. Cette perspective de livre numérique dite “homothétique” ne tire finalement guère parti des possibilités offertes par les technologies en question… et le géopositionnement est justement un moyen de proposer des expériences de lecture originales.

Au récent Salon du livre de Genève, lors d’une journée consacrée au
futur de la lecture, un des intervenants, Alessandro Catania a ainsi donné un tour d’horizon des nouvelles expériences de lecture et de mise en valeur de contenus en insistant sur les opportunités pour l’édition.

De la géolocalisation d’extraits littéraires au guide touristique

Sa présentation détaillait l’éventail des possibilités suivant l’intégration des moyens de géolocaliser le lecteur ou les contenus. Pour lui, le degré zéro de ce courant consiste à proposer des visualisations sous la forme de carte indiquant où les histoires racontées dans certains livres se déroulent. Des services permettent ainsi aux utilisateurs d’attacher une courte fiche de lecture à des villes dans lesquels l’histoire a lieu. L’idée est alors de proposer une forme de recherche nouvelle basée sur l’espace : la lectrice potentielle peut ainsi naviguer sur une carte et choisir quel roman aborder suivant l’endroit qui l’intéresse. Malheureusement, une telle approche est pauvre car le lien entre lecteur, contenu et lieu est très ténu comme le soulignait Catania dans son intervention.

Une approche plus dynamique car liée à la mobilité consiste à proposer des guides touristiques géolocalisés. Avec ce type de service, l’utilisateur-lecteur se déplace dans la ville et des contenus textuels ou visuels apparaissent au gré de ses pérégrinations. Anecdotes sur le lieu, fragment poétiques ou renvois historiques sont ainsi mis en avant. Une forme d’éditorialisation apparait ici puisqu’il est courant dans ces projets de proposer différents parcours urbains relevant de thématiques spécifiques et cohérentes. Malheureusement, le résultat est souvent limité et finalement il s’agit plus du pendant culturel des projets de marketing géolocalisé (publicités ou bons de réduction géolocalisé) que d’une expérience de lecture très originale.

Vers des expériences de lecture “situées”?

Pourtant, comme le rappelait Catania au Salon du Livre de Genève, nous avons tous des expériences de “lecture située” intéressantes. Se rendre compte que les douloureuses retrouvailles mentionnées dans le roman se déroulent dans le bar marseillais dans lequel on est assis ou découvrir un monument Romain décrit dans un livre pour mieux l’apprécier sont des exemples possibles. De même, des auteurs sont irrémédiablement liés à des environnements urbains spécifiques (James Joyce/Dublin, Allen Ginsberg/San Francisco, etc). Il devrait donc y avoir des scénarios d’usages pertinents et qui enrichissent réciproquement lecture et visite d’un lieu. Quelques pistes se dessinent.

Pensons par exemple à iBookmark. Dans ce projet de recherche, les auteurs créent des histoires pouvant varier selon la localisation du lecteur accédant au contenu sur une liseuse équipée d’un GPS. Le récit s’adapte alors aux parcours de la personne : les noms de lieux ou de monuments décrits dans l’ouvrage sont ainsi modifiés en fonction des endroits visités.

Dans un registre plus ludique, des jeux en réalité alternée ont été réalisées en partenariat avec des éditeurs de romans. Et cela, afin de renouveler l’expérience de lecture avec une composante “contextuelle” interactive. C’est le cas du projet wetellstories de Penguin Books :

Une histoire secrète est cachée quelque part sur l’internet, un compte mystérieux avec une fille qui vous est vaguement familière et qui a l’habitude de se perdre. Les lecteurs suivant son histoire vont découvrir des indices qui vont influencer son voyage et l’aider en cours de route. Ces indices vont apparaitre en ligne et dans le monde réel pour diriger les lecteur vers d’autres histoires.

Un nouveau gadget ou une interactivité pertinente ?

Les exemples décrits ici témoignent du caractère balbutiant des propositions. Dans plusieurs cas, la valeur ajoutée pour le lecteur reste faible mais ces approches doivent être considérées comme des tentatives d’explorer les possibles. Il y aurait bien plus à explorer en croisant cartes, romans, affiches, journaux dans des expériences oulipiennes géolocalisées !

A mon sens, ce qui se cache derrière ces premiers exemples, c’est une nouvelle manière de découvrir la ville en hybridant un espace physique (les lieux) et virtuels (des histoires, des fictions) pour produire ni plus ni moins que des “légendes urbaines”… On pourrait d’ailleurs imaginer un service qui permettrait de rédiger un texte automatique par son propre déplacement dans l’espace urbain. Une tel principe existe pour le cinéma avec le projet Walking the Edit qui serait potentiellement transposables aux contenus textuels…

Chaque lundi, Philippe Gargov (pop-up urbain) et Nicolas Nova (liftlab) vous embarquent dans le monde étrange des “urbanités” façonnant notre quotidien. Une chronique décalée et volontiers engagée, parce qu’on est humain avant tout, et urbain après tout ;-) Retrouvez-nous sur Facebook et Twitter (NicolasPhilippe) !

Photo FlickR CC : Shakerspearsmonkey.

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Le retour des dirigeables, un fantasme qui en dit long http://owni.fr/2011/04/04/le-retour-des-dirigeables-un-fantasme-qui-en-dit-long/ http://owni.fr/2011/04/04/le-retour-des-dirigeables-un-fantasme-qui-en-dit-long/#comments Mon, 04 Apr 2011 06:30:17 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=54771 Urban After All S01E11

Vous en avez peut-être entendu parler : du 12 au 20 mars, un dirigeable a survolé Paris pour en mesurer la radioactivité (peut-être le même que celui qui survolait les banlieues en 2005, qui sait ?). Un bon prétexte pour revenir, dans cette chronique, sur la possibilité de voir un jour les dirigeables retrouver leur lustre d’antan, et pourquoi pas remplacer les avions pollueurs et bruyants (et pas uniquement pour du fret [en], mais bel et bien pour du transport de voyageurs au long cours).

L’idée ne date pas d’hier. En 2004 déjà, l’expert Jacques Bouttes s’interrogeait sur le “renouveau des dirigeables”, rappelant au passage que le sujet fait “l’objet de discussions ayant le plus souvent un caractère plus affectif que rationnel” :

Le dirigeable est un engin qui fait rêver : le souvenir des Zeppelin et plus récemment la vue dans le ciel des dirigeables, porteurs de publicité, silencieux et majestueux, ont un impact médiatique considérable.

À l’instar du monorail dont nous parlait Nicolas il y a quelques semaines, le dirigeable jouit en effet d’une certaine aura “rétro” dans l’imaginaire collectif. Qu’est-ce que cela traduit quant à notre culture de la mobilité ?

Le charme discret d'un Graf Zeppelin de 1930.

Mythe ou réalité ?

Architectes et urbanistes sont les premiers à exploiter l’engin dans leurs visions prospectives. Le blog Transit-City répertorie d’ailleurs les exemples les plus emblématiques. Une “renaissance de vieilles utopies” (voire parfois du recyclage), allant des dystopies où le dirigeable sert de “témoin” [projet “London 2100” (2010), par Ángel Martínez García, qui imagine un Londres partiellement recouvert par la montée des eaux], à d’autres créations d’envergure où le dirigeable est au centre de la vision futuriste :

  • projet “Anemorphic Airship Docks” (2008) de l’étudiant Adam Holloway, encore pour Londres, et qui pose avec pertinence la question des infrastructures architecturales nécessaires à ce mode ;
  • projet “Airbia” proposé pour le concours ReBurbia [en]
  • d’autres exemples sur Transit-City…

Plus généralement, l’aura des dirigeables peut s’expliquer par sa forte présence dans la culture populaire. Les exemples sont nombreux, et pourraient couvrir une chronique entière (c’était d’ailleurs l’idée de départ, dans la lignée de mes activités sur pop-up urbain). Citons pèle-mêle (liste évidemment non exhaustive, n’hésitez pas à faire part de vos trouvailles en commentaires !) :

Mais c’est surtout Southland Tales (2006), film magistral de Richard Kelly, qui m’a inspiré cette chronique. Le film s’achève dans un scène d’anthologie, à bord d’un “Mega Zeppelin” survolant Los Angeles (attention, spoiler possible) :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Si ces projets sont pour la plupart des créations d’anticipation, dont la fonction première est donc de faire réfléchir (sur la raréfaction des énergies combustibles, notamment), il n’en est pas moins légitime de s’interroger sur les possibilités de voir les dirigeables revenir sur le devant de la scène aéronautique. En effet, ce “renouveau” médiatisé des dirigeables n’a pas franchement rencontré le succès escompté. Comment l’expliquer ?

Guerre et paix

Selon Jacques Bouttes, l’échec des récents projets de “gros” dirigeables dans les années 2000 (ou plutôt leur non-concrétisation, car il s’agit plus souvent d’effets d’annonce peu réalistes) s’explique avant tout par le manque d’envergure des moyens mis en œuvre :

De ce fait, l’avenir des grands dirigeables ne peut s’envisager que si des industriels majeurs de l’aéronautique s’intéressent à ces nouveaux produits. Il faut, pour cela, d’abord évaluer le marché solvable, connaître les opérateurs potentiels, et enfin mettre en place des équipes et des moyens technologiques adaptés, d’un niveau industriel comparable à celui de l’aéronautique moderne. Toutes ces conditions n’ayant pas été remplies, il ne faut pas s’étonner des échecs récemment constatés.

Jusque là, rien que de très logique. Mais quelques lignes plus loin, la conclusion de l’expert laisse songeur :

L’avenir des grands dirigeables pourrait s’éclairer si les applications militaires étaient suffisamment intéressantes pour que les investissements nécessaires soient mis en place.

Dans un texte relativement critique, l’écologiste George Monbiot confirme cette hypothèse, finalement plutôt logique quand on connait le passif “militaire” des grandes techniques de notre époque (dans l’aéronautique en particulier dans un texte assez sévère à l’égard des dirigeable)s. Plus étonnant, même la pop-culture semble venir appuyer l’idée. Ainsi, les dirigeables de Batman ont une fonction sécuritaire de surveillance urbaine, et le Mega Zeppelin de Southland Tales est utilisé par l’armée US comme arme pour la “Troisième Guerre mondiale” imaginée dans le film (et fortement inspirée par l’après 11 septembre).

L’imaginaire des dirigeables semble donc marqué par une certaine “violence”. Plutôt étonnant, puisque les dirigeables sont justement considérés comme des modes “doux” et “silencieux”. On retrouve ici un paradoxe proche de celui que j’observais autour de la “ville mobile”, et qu’il m’est assez difficile d’expliquer. Est-ce lié au passé militaire des dirigeables ? À leur caractère imposant et donc visuellement plus “marquant” ?  Ou bien faut-il chercher plus loin, dans la psychologie de nos imaginaires mobiles (la vitesse et le bruit des moteurs longtemps perçus comme des valeurs positives, auxquelles ne répond donc pas le dirigeable) ? La discussion est ouverte…

La croisière s’amuse… entre riches.

En effet, l’autre versant de l’imaginaire que l’on rattache traditionnellement aux dirigeables est celui d’un transport apaisé, silencieux et non polluant. Transit-City, s’interrogeant sur les “mutations de l’aérien”, faisait ainsi une pertinente analogie entre paquebots et dirigeables comme possible avenir du tourisme :

“Les gens en ont assez d’être stressés, et nombreux sont ceux qui aspirent à une certaine lenteur”, constate ainsi le journaliste et grand voyageur Claude Villers, qui fait même le pari que si une compagnie relançait les dirigeables, il y aurait une clientèle pour ce type de transport.

C’est là, à mon sens, ce que nous apprend de plus significatif ce retour des dirigeables sur le devant de la scène. En effet, l’engouement pour ce mode de transport traduit une perception nouvelle de la mobilité : après des années de domination de la valeur “vitesse”, la lenteur regagne du terrain dans l’inconscient collectif, et le dirigeable en est un excellent témoin. Éloge de la lenteur ? Sûrement, et l’idée de ce “temps-croisière” trouve d’ailleurs un écho dans les modes de transport plus classiques, tel que le train ou le métro et bien évidemment l’avion.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Comme l’explique Transports du futur :

Dans la course à la vitesse quotidienne, il est probable que le temps libre et donc finalement la lenteur soit, sous une certaine forme, un luxe.

De là à dire que les dirigeables seront réservés à certains, il n’y a qu’un pas… que l’on peut s’autoriser à franchir, au vu des différents projets “réalistes” qui s’annoncent (hôtels volants et croisières de luxe, images de réceptions guindées comme dans Southland Tales, etc.). Faut-il en conclure que l’avenir des mobilités ne peut s’envisager qu’en termes sécuritaires et/ou d’exclusion ? Triste fantasme, que l’on tentera de démêler en imaginant d’autres perspectives plus “subversives”. Pour paraphraser la conclusion de Nicolas à propos du monorail : “il est temps d’imaginer d’autres formes possibles ou d’aller puiser dans d’autres imaginaires des espoirs nouveaux…

Image CC Flickr AttributionNoncommercialNo Derivative Works postaletrice et AttributionNoncommercialShare Alike romainguy

Chaque lundi, Philippe Gargov (pop-up urbain) et Nicolas Nova (liftlab) vous embarquent dans le monde étrange des “urbanités” façonnant notre quotidien. Une chronique décalée et volontiers engagée, parce qu’on est humain avant tout, et urbain après tout ;-) Retrouvez-nous aussi sur Facebook et Twitter (Nicolas / Philippe) !

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L’avenir de la publicité est (totalement) numérique http://owni.fr/2011/03/21/l%e2%80%99avenir-de-la-publicite-est-totalement-digital/ http://owni.fr/2011/03/21/l%e2%80%99avenir-de-la-publicite-est-totalement-digital/#comments Mon, 21 Mar 2011 13:35:10 +0000 Sébastien Robin http://owni.fr/?p=52255 Vendredi 21 Janvier, dans un échange de mails avec Naro, celui-ci me demande si je ne veux pas faire un petit article ou un commentaire au sujet de la conférence à laquelle j’assistais ce matin là, IAB/TASC : les nouveaux leviers de l’achat display.

Sur le moment je fus surpris, d’une part Genaro est un très bon rédacteur, et il m’est difficile de faire aussi bien et aussi passionnant que ses articles et d’autre part je n’imaginais pas qu’il me demanderait de faire un article sur son blog. D’un autre côté, je n’ai pas hésité longtemps, voire pas du tout pour être honnête pour la simple raison que le sujet que je vais aborder me passionne, que Genaro connaît déjà ce sujet et s’il me demande d’en parler c’est qu’il partage mon opinion. D’autre part je lui dis souvent que rédiger des articles sur le marketing de facebook et twitter est plutôt facile, Genaro me lance donc un défi que je m’amuse (sérieusement) à relever.

Avant de me lancer je précise néanmoins je ne suis pas Maurice Levy, je n’ai pas de Rolex et je ne suis pas une personne habituée de la dernière de couv’ des pages saumon du Figaro. Je suis cependant un professionnel de la communication [digitale] depuis 12 ans, j’ai donc embrassé ce métier directement après mes études, je sais donc de quoi je parle (moi aussi).

J’affirme donc la chose suivante :

L’avenir de la publicité est numérique

et je vais m’appliquer à vous expliquer pourquoi.

La croissance des investissements en publicité numérique impose d’adapter l’organisation des agences

Mettons de côté les explications sur les faits suivants et considérons les comme des postulats :

  • Internet est devenu un média à part entière
  • les investissements en publicité sur internet sont en croissance soutenue depuis des années
  • les investissements en publicité sur internet ont dépassé les investissements en TV en Angleterre, et en France ils vont dépasser les investissements en radio sous peu

En conséquence de quoi on en déduit que le « numérique » est pris au sérieux. Les agences sortent d’ailleurs de beaux discours rassurants disant qu’elles “numérisent” leurs équipes, Genaro en parlait ici la semaine dernière.

Ce que je vais vous exposer ici, les patrons des agences médias, de pub etc.. l’ont compris :

  • ils doivent adapter leur savoir faire à l’évolution de la consommation des médias
  • de manière à garder ce savoir-faire qui leur fait gagner des clients et de la marge-brute.
  • Il est question de « numériser » l’expertise des personnes qui travaillent en agence sur les autres supports : papiers, affichage, radio , TV car ils se sentent perdus dans le monde numérique, ils ne savent plus répondre aux demandes de leurs clients qui en ont compris l’intérêt.

Je vous invite pour confirmer cela à lire l’article de Danielle Sacks intitulé « The Future of Advertising ».

L’avenir de la publicité est (totalement) Numérique

Explorons ensemble les fondements de la publicité numérique aujourd’hui.

Google, l’ogre de la publicité “search” / La communication dans l’instant

Google est une société qui dégage 99% de ses revenus de la publicité sur internet,  la principale mission de Google est d’apporter un service aux internautes qui soit un parfait réceptacle au… marketing des annonceurs.

Sur le marché de la publicité numérique, Google est un ogre, raflant en France environ 42% de tous les investissements effectués en publicité sur internet : environ 960 millions d’€ sur la France sur un total de 2.3 mds d’€ pour des publicités en liens sponsorisés. Les 58 % restant sont répartis entre les autres manières de communiquer online :

  • Display
  • Affiliation
  • Emailing
  • Mobile.

La « killer equation » de google repose sur un principe :

  • VOUS lui donnez vos termes de recherche
  • vous exprimez vos besoins du moment présent
  • et le moteur se charge de répondre immédiatement à vos besoins

8% des internautes cliquent sur les publicités display

La publicité graphique / display ne répond à aucun de vos besoins, elle est délivrée aléatoirement et sans rapport direct avec vos préoccupations, ces publicités sont vécues par les internautes comme une agression, un parasitage, une obligation dont ils se passeraient bien.

Des études Heatmap montrent d’ailleurs qu’au fur et à mesure les zones des bannières publicitaires sont évitées par les yeux, ce qui rend ces formats beaucoup moins performants pour les annonceurs. Surtout ceux qui communiquent en période de crise : aujourd’hui seuls 8% des internautes cliquent sur les bannières et génèrent 85% de tous les clics enregistrés (Etude comscore Natural Born Clickers).

La très courte période entre le moment où vous exprimez vos besoins et la réponse proposée est donc un des facteurs clés du succès de Google, et différence cruciale des liens sponsorisés par rapport aux autres formes de publicité sur internet qui garantit leur succès. Il est donc normal que les annonceurs aient ces dernières années augmenté leurs investissements sur les liens sponsorisés. (+9% encore en 2010).

Pourquoi ne pas communiquer 100 % en liens sponsorisés ?

Sur les liens sponsorisés, la communication pour une marque se résume à un bout de texte. Il lui est également nécessaire de travailler sur l’« image », une image de marque qu’il faut créer, entretenir ou renouveler. Sur le web cela s’effectue plus facilement avec du son et des images, les autres formes de publicités apportent sur internet une réponse à ce besoin des annonceurs, et ne disparaîtront donc pas.

Des études (Avenue A/Razorfish & yahoo) prouvent par ailleurs aux annonceurs qu’un mix de communication d’image et de liens sponsorisés est plus efficace que des liens sponsorisés seuls.

La publicité display connait sa révolution depuis 2 ans

Face à ces constats les professionnels de la publicité display ont imaginé de nouvelles solutions technologiques : les « adexchanges »

  • qui rendent l’achat/vente, la diffusion et le ciblage bien plus efficaces
  • augmentant par rebond les performances des campagnes display
  • et par conséquent l’intérêt des annonceurs (+12% croissance display 2010). Ce sont ces nouveaux leviers de l’achat display qui étaient évoqués jeudi dernier lors du colloque IAB.

Ces solutions technologiques apportent un vent de fraîcheur pour l’ensemble de la profession publicitaire numérique, dont les annonceurs, les agences mais aussi les éditeurs de sites qui tirent l’essentiel de leurs revenus de ces publicités display. Il y avait donc la foule des grands jours pour ce petit déjeuner professionnel (environ 120 personnes) où les principaux acteurs actuels du marché (Havas Digital, Orange AdMarket, Google Adexchange, Matiro, Rubicon Project, Mediamind) ont expliqué ce qu’étaient les Adexchanges et esquissé les changements à venir.

Les Adexchanges – La bourse de la publicité display

La principale information à retenir si l’on n’est pas versé dans ce milieu est la suivante : les adexchanges sont des plateformes automatisées d’achat / vente d’espace publicitaires. Pensez à la bourse (actions et obligations hein), remplacez les actions par des espaces publicitaires digitaux remplacez les banquiers par des éditeurs et des agences et vous obtenez les Adexchanges.

Les solutions qui se sont greffées autour - DSP/SSP/DMP… sont des satellites des solutions Adexchanges et proposent soit aux vendeurs, soit aux acheteurs, des outils permettant d’optimiser les performances ou les revenus des campagnes passant sur les adexchanges.

Il existe une 15aine de solutions Adexchanges présentes aux USA, seulement 3 en France actuellement mais pas des moindres  :

La publicité TV est appelée à utiliser les AdExchanges, en concurrence avec le web

Les adexchanges et solutions annexes modifient profondément la publicité online, que cela soit dans la manière d’acheter ou de vendre ses espaces publicitaires mais aussi dans la façon de préparer une campagne, dans la façon de se projeter les résultats futurs (côté annonceur) ou les revenus futurs (éditeurs.).

Cependant ces solutions n’ont pas que pour vocation d’être utilisées dans l’univers de la publicité numérique. En effet, si demain ce sont les TV et les radios qui seront numériques, les espaces publicitaires le seront donc également. C’est pour ces supports une véritable révolution que cela soit dans le métier mais aussi et surtout en terme de concurrence.

En effet les français ont beau avoir inventé le triple play et les box,depuis l’avènement de l’IP TV lors du CES 2010 les acteurs aux projets les plus ambitieux sont américains et s’appellent Google, Apple, Hulu etc.. Ces sociétés préparent ou ont lancé des projets de TV numériques (Google TV, Apple TV) qui seront demain disponibles au travers des box, au travers de l’accès internet et vous pourrez les regarder comme vous zappez aujourd’hui sur la TNT.

Le risque pour les TV est de perdre la main sur la mise à disposition de leur contenu et donc de voir leurs revenus publicitaires disparaître car ils ne maitriseront plus aucun levier de la chaîne : contenu, accès, outils et méthodes de ventes des espaces publicitaires.

On observe d’ores et déjà aux Usa l’éclosion de sociétés qui proposent d’acheter des espaces publicitaires sur des supports aussi variés qu’internet / le mobile / les billboards vidéos 4×3 ou plus, les chaînes de TV in store etc.. depuis son ordinateur personnel. Demain viendront s’ajouter à cela les supports TV et radios numériques.

Les médias sont tous numériques, les formats de publicité vont s’unifier

On pourrait penser que la presse sera épargnée ? Je n’en suis pas si sûr dans la mesure où les tablettes ipad & co comme mode de consommation des contenus sont en train de bouleverser la publicité des éditeurs qui sera demain entre les mains d’acteurs comme l’Appstore d’Apple qui ponctionne au passage 30% des revenus.

Je vous annonce donc que la publicité de demain sera totalement numérique et que cela aura un impact sur l’ensemble des métiers qui composent actuellement cet univers : les acheteurs / vendeurs, les créatifs. La révolution de la publicité sur le web et le mobile impactera demain les autres supports médias car tous ces supports se numérisent.

Article initialement publié par [Naro]Minded, propulsé par Genaro BARDY

Blog de l’auteurCompte Twitter de l’auteur

Crédit Photo Flickr CC : Marylise Doctrinal, Gilderic, Stéfan, Liloueve

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http://owni.fr/2011/03/21/l%e2%80%99avenir-de-la-publicite-est-totalement-digital/feed/ 9
Contre le mythe de la lenteur salvatrice, la “démobilité” ? http://owni.fr/2010/11/04/contre-le-mythe-de-la-lenteur-salvatrice-la-demobilite/ http://owni.fr/2010/11/04/contre-le-mythe-de-la-lenteur-salvatrice-la-demobilite/#comments Thu, 04 Nov 2010 13:01:03 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=34665

La vitesse, c’est le mal

“La vitesse physique de déplacement vous fige. On est inerte, délatéralisé. Oui, les œillères, c’est la vitesse”, prêche Paul Virilio dans un entretien fleuve accordée à VICE. “Au secours ! Tout va trop vite !”, titre de son côté Le Monde Magazine pour résumer un peu hâtivement (lol) une excellente interview du sociologue allemand Hartmut Rosa, auteur d’un essai sur “l’accélération” de nos sociétés (La Découverte). Le rappeur Oxmo Puccino, enfin, complète notre trio de Sages avec ces lyrics tirées de Demain peut-être (vers 3’10”) :

“On se dématérialise, devenons matérialistes

Et on ne réalise pas que tout va si vite

Mais la vitesse n’emmène pas loin,

A quoi bon s’élever pour

Tourner en rond ?”

Point commun de ce podium “vitessophobe” ? Vous l’aurez compris : la vitesse c’est le mal, et le progrès technique est sans surprise jugé coupable de cette accélération vertement critiquée (ils ne sont évidemment pas les seuls). Il serait difficile de leur donner tort, du moins sur le constat. À vrai dire, comment pourrait-on contredire Hartmut Rosa quand il rappelle que “le temps a anéanti l’espace. Avec l’accélération des transports, la consommation, la communication, je veux dire “l’accélération technique”, la planète semble se rétrécir tant sur le plan spatial que matériel. Des études ont montré que la Terre nous apparaît soixante fois plus petite qu’avant la révolution des transports. Le monde est à portée de main.” Thank you, Captain Obvious ! Car la critique de la vitesse fait rarement dans la subtilité, et nos sages enfoncent des portes grandes ouvertes.

Les remèdes à ce “mal de vitesse” tombent dans ce schéma sous le coup de l’évidence : tout va trop vite ? ralentissons ! “En ralentissant, vous redonnez du champ”, dit Virilio – et il a bien raison. Oui, car fustiger les détracteurs de la vitesse n’en fait pas de moi son défenseur, bien au contraire. La lenteur est vertueuse, et j’avais déjà fait part de mon opinion sur le sujet dans un texte écrit à l’époque pour le Groupe Chronos : “Prenez le temps d’aller lentement”. Mais alors, me direz-vous, pourquoi diable vous parlé-je de tout ça ? parce qu’il me semble que Virilio ou Rosa se trompent d’ennemis, en se focalisant sur la vitesse et l’accélération.

À marche stressée

À trop axer son discours sur la lenteur comme “remède miracle”, il me semble que l’on ne se pose pas les vrais questions. La lenteur, d’abord, souffre de la largesse de ses définitions. Qu’appelle-t-on “lenteur”, au juste ? Certains évoquent ainsi, pêle-mêle, le tramway, le bus, le vélo ou la marche. Autant de modes aux vitesses sensiblement différentes. La vitesse urbaine moyenne étant aujourd’hui plafonnée à 25 km/h, peut-on vraiment parler de lenteur lorsque l’on est en bus ou en tramway, voire en vélo (les habitués dépassent les 20 km/h moyens) ?

Reste la marche, seule véritable “mode lent” ; elle était justement l’invitée d’honneur d’un forum Chronos auquel j’ai pu assister hier matin (cf. mon compte-rendu : Walkability is in da place). Logiquement, la lenteur y tenait une place de choix. Jusqu’à ce Jean Grébert (Renault) rappelle depuis l’assistance que la marche n’était pas forcément le mode poétique et contemplatif se dessinant entre les lignes de cette “lenteur salvatrice”. Car la marche peut aussi se faire dynamique et tonique lorsqu’elle est subie (ou simplement lorsque l’on n’envisage pas la marche comme un mode au ralenti : cf. mon éloge du “slalom urbain” dans Eyeshield 21).

Hartmut Rosa reproche ainsi à la vitesse de limiter notre capacité à consommer l’espace traversé furtivement : “L’accélération technique s’accompagne très concrètement d’un anéantissement de l’espace en même temps que d’une accélération du rythme de vie. [...] Cette accélération des rythmes de vie génère beaucoup de stress et de frustration. Car nous sommes malgré tout confrontés à l’incapacité de trop accélérer la consommation elle-même. C’est là un des stress majeurs liés à l’accélération du rythme de vie : le monde entier nous est offert en une seconde ou à quelques heures d’avion, et nous n’avons jamais le temps d’en jouir. [...] Cette rapidité et cette proximité nous semblent extraordinaires, mais au même moment chaque décision prise dans le sens de l’accélération implique la réduction des options permettant la jouissance [de l’espace] traversé”. Mais le ralentissement du transit, par exemple par la “mise en marche”, garantira-t-il pour autant la possibilité de “consommer” le territoire ? Rien n’est moins sûr ; car même ralenti, le courant du mouvement emporte le passant vers ses obligations. Dans ces situations, les “œillères” de Virilio restent belles et bien présentes…

Or, et c’est là que le bât blesse, la marche subie est aujourd’hui majoritaire, puisque incluse dans chacun de nos déplacements quotidiens “sous pression” (courses, domicile-travail, rendez-vous, etc.). Que reste-t-il alors des vertus enchanteresses de la marche ? Du vent, mais du vent lent. Ça nous fait une belle jambe. Il faut donc changer de regard, c’est-à-dire d’ennemi dans le viseur.

“Rejoignez l’mouvement”, qu’ils disaient…

Et si le vrai problème n’était pas dans la vitesse/accélération du mouvement, mais dans le mouvement lui-même ? Nos sociétés sont fondées sur l’idée que le mouvement – qu’il soit rapide ou non, soutenable ou non, vivable ou non – est nécessairement positif. C’est palpable dans le discours sur la lenteur, qui ne remet jamais en cause le “pourquoi” du déplacement, en se focalisant sur le “comment”.

Il suffit de jeter un œil aux slogans publicitaires pour en prendre la mesure… au hasard, en se rendant sur le tumblr “Rejoignez le mouvement” qui recense toutes les marques usant et abusant de la formule, des plus attendus (le mouvement étant justement leur argument de vente : Peugeot, Playstation Move…) aux plus surprenants (le Mouvement des Chrétiens Retraités, SRSLY ?!). La formule n’est qu’un des nombreux avatars de ce “dogme du mouvement” (qui fait écho au “dogme du flux” de Bruno Marzloff). Il est loin d’être le seul, et les exemples pourraient remplir un autre tumblr.

Citons ainsi l’Institut pour la Ville en Mouvement, dont l’appellation résume tout des enjeux qui la sous-tendent ; ou le géographe Michel Lussaut qui rappelle que “se tenir immobile dans notre société est considéré comme une remise en cause de la ‘norme sociale puissante’ à l’heure de la mobilité permanente” (via) ; ou encore le philosophe Zigmunt Bauman lorsqu’il propose un angle d’attaque aussi simple que pertinent : la métaphore du “liquide” pour décrire le basculement de nos sociétés dans “l’ère du flux” qui ne connaît “qu’un seul interdit : s’arrêter, faire la pause, se retirer de la course à l’éphémère”. Hors du mouvement point de salut, en somme. Sauf si… ?

Le mouvement ? Faites-le taire !

N’est-il pourtant pas nécessaire de remettre en cause cette “mobilité” trop souvent incontestée, ou du moins d’en questionner la légitimité ? Car les maux décrits par Rosa ou Virilio ne sont pas tant ceux de la vitesse que ceux du mouvement en général, du “liquide” qui rend chaque seconde plus friables nos certitudes et perceptions du quotidien (stabilité de nos relations sociales et professionnelles, par exemple). En termes de déplacement physique, c’est bien les trajets subis qui sont en ligne de mire ; et peu importe qu’ils soient lents, rêveurs ou ludiques s’ils sont vecteurs de stress et de pression. Le remède est dès lors tout trouvé : si la mobilité est la cause, il ne reste qu’à s’en affranchir. C’est certes très binaire, mais ça a le mérite d’être moins largement diffusé.

Cette voie de sortie existe bel et bien ; on la baptisera “démobilité” (note : j’emprunte l’usage de la formule à Chronos). L’écho à la décroissance est volontaire : de même que l’on ne pourra continuer sur ce modèle de consommation bien longtemps [“Si nous continuons sur ce rythme de ‘croissance’, nous aurons besoin de deux planètes en 2030”, selon le Living Planet Report 2010 de WWF. Via.], nous ne pourrons soutenir encore longtemps l’inflation de mouvement qui caractérise nos quotidiens. La formule choisie est donc volontairement choc ; plutôt logique, puisqu’elle propose ni plus ni moins de limiter nos mouvements subis (la précision est ici nécessaire, afin de faire taire l’argument du “droit à la mobilité”), autrement dit de diminuer le nombre de raisons de se déplacer.

“L’organisation du travail est évidemment en arrière-plan car elle conditionne la mobilité, tant subie que choisie”, expliquait Chronos en ouverture d’un forum consacré au sujet (Mobilités et démobilités se conjuguent). Plus généralement, c’est toute l’organisation de notre quotidien qui est à revoir. Le mouvement est déjà lancé, avec le retour des commerces dits “de proximité” dans les centres-villes. De simples initiatives font parfois l’affaire : ainsi, un point de livraison Kiala ou Cityssimo limitera les contraintes temporelles qu’imposeraient autrement l’e-commerce au jeune urbain dynamique type.

Le télétravail, c'est la santé.

Le numérique, un levier essentiel

Logiquement, le numérique est un levier essentiel de ces “démobilités” : télétravail, e-commerce, e-administration etc., autant de pratiques permettant d’étouffer l’inflation des déplacements subis qui caractérise nos ‘vies mouvementées’. Mais elles ne feront pas le travail toutes seules, incapables de supplanter en un claquement de doigt des pratiques professionnelles ou de consommation bien ancrées dans nos routines. L’urbanisme est la clé. La responsabilité du modèle périurbain sur l’explosion de nos déplacements subis est désormais bien connue, et partagée par tous. Sans un meilleur maillage du territoire par les points de livraisons, les télécentres, etc., aucune de ces pratiques de”‘substitution numérique” n’aura de véritable effet. “La Datar estime que c’est le maillage du territoire qui devrait assurer le succès d’un réseau de télécentres”, selon Les Échos qui s’interrogent sur le faible développement du télétravail en France.

Une utopie réaliste, donc. Mais une utopie quand même, dirons certains. Car cela implique de rompre définitivement avec les modèles économiques qui font tourner le monde (“liquidité” des capitaux et des hommes). Comme l’explique l’architecte urbaniste André Lortie :

“Souhaite-t-on se donner les moyens de pouvoir continuer à étendre les grandes villes indéfiniment sur la base de faibles densités [...], ou vise-t-on une occupation du sol raisonnée qui soit plus respectueuse des équilibres entre urbain et non-urbain ? Si le second terme doit être réellement pris au sérieux, il importe de mesurer ce que cela signifie d’un point de vue économique, dans la mesure où la croissance est en partie déterminée par ce choix.

Circuits courts et concentration urbaine induisent une autre forme d’économie que celle de la production de biens manufacturés dont une partie permet de pallier l’appauvrissement urbain induit par une forme d’occupation du territoire expansive et sous-densifiée. La décision n’est pas économique, elle est politique.”

Mais est-on prêt à faire un tel choix ?

Images Marion Boucharlat pour OWNI, CC Flickr Andrew Tallon, maantas et Scumfrog

Une Marion Boucharlat pour OWNI

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http://owni.fr/2010/11/04/contre-le-mythe-de-la-lenteur-salvatrice-la-demobilite/feed/ 14
Culte de la mobilité urbaine : on ralentit quand ? http://owni.fr/2010/10/21/culte-de-la-mobilite-urbaine-on-ralentit-quand/ http://owni.fr/2010/10/21/culte-de-la-mobilite-urbaine-on-ralentit-quand/#comments Thu, 21 Oct 2010 08:38:22 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=28716 Cliquer ici pour voir la vidéo.

La campagne défile comme une chute d’eau rayée de routes de part et d’autre du cylindre métallique : « la vitesse est phénoménale, on est littéralement écrasé sur son fauteuil, crache la voix du journaliste hachée par la transmission téléphonique. On a l’impression d’être dans une fusée. » Le reporter n’a pas quitté le sol : il s’envole au-dessus des rails dans le vacarme du vent écarté par le TGV Est vers les 574,8 km/heure. Une vitesse tellement folle qu’on ne sait plus trop quoi en faire, sinon un direct télévisé, tout d’images tremblantes de cabines de train et de voitures poursuivies par un hélicoptère.

Las pour les amoureux des records, la ligne à grande vitesse Est ne circule pour le moment qu’à une moyenne de 193 km/h. Une vitesse suffisante pour sensiblement bousculer la carte de France : Strasbourg (399 km) est désormais 1h30 plus proche de Paris que Clermont-Ferrand (348 km). Grande victoire pour la société de la « mobilité », à laquelle le ministère du Développement durable consacre la semaine du 16 au 22 septembre, sous le slogan « bouger autrement ». « Bouger » pourquoi ? Personne ne saura vous le dire : la ville s’accélère, merci de suivre.

Les transports : la centrifugeuse de la ville

Car le tempo de la ville est désormais celui des transports en commun : chaque minute grapillée étend un peu plus la surface des agglomérations. Par l’extension des lignes de RER, l’accélération du TGV, toute ville à moins d’une heure de Paris s’est transformée en banlieue dortoir de la capitale : Dreux, Rouen, bientôt Troyes et Reims… A l’intérieur même de la région, les autoroutes ont façonné le territoire, l’habitat, modifié les prix des loyers. Fleuve autoroutier filant de La Défense vers la banlieue ouest de Paris, l’A14 (surnommée l’autoroute des cadres) a créé une « tentacule » urbaine de plusieurs kilomètres où chaque sortie a fabriqué un nouveau lotissement, bientôt boursouflé en petites villes remplies de jeunes couples avec enfants et chemises empesées de jeunes diplômés du secteur de la banque ou du marketing. Au bout de l’autoroute, la promesse de pavillons avec jardin à bas prix où élever ses enfants au grand air.

Ces « villes à l’américaine » ont été une découverte télévisuelle pour beaucoup quand fut importée la série Desperate Housewives : maisons standards alignées autour de rues tracées pour la bagnole et aller-retour constant à l’hypermarché aux allées fournies, seul lieu de socialisation. Rien de neuf pour moi, j’ai grandi dans une de ces villes. A moins de cinquante kilomètres de Paris, dans le sud de la Seine-et-Marne, avec quelques centaines de milliers d’autres « grands banlieusards ». Le projet des urbanistes des années 1970 qui ont bâti ces ensembles en banlieue parisienne mais aussi ailleurs (comme à Mourenx, dans les Pyrénées) : construire des pôles hors des grandes agglomérations, connectés par un réseau de transports ambitieux (l’époque était à la révolution du Réseau Express Régional, RER) mais disposant de leur propre autonomie économique en terme d’emploi, notamment.

Quelques décennies plus tard, en dehors de la demi réussite de Marne-la-Vallée, la plupart des villes nouvelles sont des échecs : les employeurs de l’industrie et des services ont plié bagage et les habitants ont profité des autoroutes et (dans une bien moindre mesure) du RER pour rejoindre Paris et engorger encore plus la capitale. Ces « banlieues nouvelles » sont devenues des nouvelles villes dortoirs.

Peut-on encore parler de « villes » les concernant ? Rédigée en 1933 par le Congrès international d’architecture moderne, la Charte d’Athènes définissait la ville selon quatre usages : la vie, le travail, les loisirs et les transports. Suivant cette typologie, la plupart des villes ont perdu leur rang : on y dort mais il faut la quitter pour se divertir, travailler, parfois même pour emmener ses enfants à l’école. Fragmentées, les villes déclinent parfois des mosaïques sociales improbables où, à quelques centaines de mètres, l’ambiance change totalement : dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, le quartier mal fréquenté de Cergy-le-Haut est à quelques minutes de marche du village propret de Courdimanche, golf voisin et voitures lustrées. Passées à la centrifugeuse des transports toujours plus rapides, les villes se déstructurent et, paradoxalement, deviennent plus dépendantes que jamais des centres.

Le langage sportif des vendeurs de kilomètres

L’aménagement du territoire devient ainsi otage des décisions accélératrices des collectivités territoriales. Pour les opérateurs de transports (et notamment les deux titans Veolia et Keolis qui s’accaparent plus de 75% du marché), l’engouement pour les transports doux, et notamment les tramways et bus en site propres, fut une bénédiction : selon le groupement des autorités régulatrices de transports, les collectivités territoriales prévoyaient en 2009 7 milliards d’euros d’investissement dans les transports de ce type (contre 41 milliards d’euros dépensés en achat de voiture individuelle en 2009). Et tout ça, rien qu’en installation : le fonctionnement est en sus.

Or, dans la novlangue des opérateurs de transports, les mots parlent plus que les chiffres. Plus question de parler de « transports » pour commencer : ici commence le royaume de la « mobilité ». Et dans ce lieu, ceux qui ne disposent pas de voiture pour des raisons économiques ou physiques (trop jeune, vieux pour conduire, handicap, etc.) sont nommés « captifs ». Les objectifs sont exprimés selon un indicateur étrange : le « voyageur-kilomètre ». En feuilletant les rapports nécessaires à la préparation d’un livre sur le sujet, j’ai d’abord eu du mal à comprendre ce concept. « Nous produisons du voyageur-kilomètre » m’expliquaient le plus naturellement du monde les moins pédagogues des techniciens. Cette unité de mesure correspond en fait au transport d’un voyageur sur une distance d’un kilomètre (là où le kilomètre simplement parcouru ne fait pas la différence entre un bus vide et un bus plein). En dehors des chiffres macroéconomiques, l’augmentation annuelle du nombre de « voyageur-kilomètre » devient le miroir des performances du transporteur. Keolis et Veolia se définissent donc comme des fabriquants de distance.

Le transport comme violence

Or, cette distance, les gens l’avalent, chaque jour, consciencieusement. Dès les années 1980, l’économiste israélien Yacov Zahavi énonçait une « conjecture » tendant à prouver que le « budget temps » de transport était constant au fil des années dans la même agglomération (il l’évaluait à une heure). Loin de s’accrocher au simple chiffre, la théorie de Zahavi se vérifie dans un principe : les transports sont une variable d’ajustement dans la vie quotidienne. Quitte à devenir une cause de souffrance et de malaise quotidienne.

Connu pour son travail sur les suicides à France Télécom, le cabinet de ressources humaines Technologia a mené une enquête sur les transports en Île-de-France aux résultats prévisibles mais édifiants : 64% des représentants du personnels interrogés reconnaissaient les transports comme une source de fatigue, contre 28% des responsables de ressources humaines. Issue du suivi de plusieurs franciliens travaillant dans la zone d’activité du plateau de Saclay (banlieue Sud de Paris), une étude du cabinet Chronos (spécialiste en mobilité) concluait que certains trajets d’une heure, par leurs multiples changement, sprint entre les quais, bousculades et moments de stress, représentaient une dépense énergétique équivalente à plus de 20 minutes de nage sportive !

Le cas des transports en commun illustre avec une violence et une population hors du commun la soumission des populations à l’impératif technique : au nom de la possibilité offerte de se déplacer « plus vite, plus loin », chacun consent à se laisser comprimer dans des rames bondées ou (plus généralement) dans un interminable légo de voitures embouteillées. La réflexion sur les transports ne répond en effet qu’à une réflexion technologique : elle ne porte que sur les « modes » de transports et quasiment jamais sur les « motifs ». Plutôt que de se « déplacer », on s’agite aussi vite et aussi systématiquement que possible sans jamais s’interroger sur la possibilité de réduire le mouvement.

Une vraie politique ambitieuse des transports ? Lutter contre « l’agitation »

« La quasi totalité des interlocuteurs que j’ai pu avoir me renvoyait à une idée du mouvement comme une injonction, un impératif catégorique : il faut bouger ! », m’expliquait Ludovic Bu, coauteur de l’excellent ouvrage Les transports, la planète et le citoyen. De fait, après un tour de France des solutions de transports de quatre mois, je n’ai déniché que deux idées, en tout et pour tout, relevant d’un « moins bouger », la règle partout ailleurs étant le « mieux bouger ». « Mieux bouger », c’est à dire « bouger quand même ».

La première idée est celle d’une « ceinture foncière » : à Rennes, la mairie a ainsi investi dans une « ceinture verte » autour de plusieurs villages anciens, freinant ainsi l’extension urbaine (une idée reprise par la Communauté urbaine de Bordeaux à l’échelle de toute l’agglomération). Ailleurs, les municipalités créent des « bureaux des temps » pour « reconcentrer » la ville dans ses usages.

Car, dans cette ville centrifugée, les lieux perdent leurs usages : les rues ne sont plus des lieux de socialisation, la vie associative, culturelle s’éteint peu à peu… La ville n’est plus un lieu de vie mais de « fonctionnalité » où la bagnole est une reine aux goûts de luxe : selon l’Insee, le coût annuel moyen par Français de l’automobile s’élève à 4273 €.

« Vu le coût d’extension d’une ligne de transports ou de modernisation d’une ligne de RER qui ne va faire qu’étendre la banlieue un peu plus loin, il serait souvent plus intelligent pour les pouvoirs publiques d’investir dans des logements sociaux pour créer des logements à bon marché proches des centres d’activités », proposait Panos Tzieropoulos, directeur de recherche au laboratoire de recherche sur les transports de polytechnique Lausanne (Litep).

Par rapport à l’entretien du mouvement perpétuel d’une ville en expansion, le coût de la reconstitution de ville humaine où le lien social renaît serait marginal. Seul souci : il freinerait la bonne marche d’une économie productiviste qui tente d’économiser chaque instant qui menace la rentabilité. Mais c’est à ce prix que la ville se reconstruira dans sa mixité et son dynamisme humain, plutôt que dans la seule logique capitaliste et mercantile. On ne ralentit pas sans bousculer quelques agités.

Crédit photos : futuratlas.com ; dalbera ; Thomas Claveirole.

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Entre guerre et paix: la ville mobile dans la culture populaire http://owni.fr/2010/07/09/entre-guerre-et-paix-la-ville-mobile-dans-la-culture-populaire/ http://owni.fr/2010/07/09/entre-guerre-et-paix-la-ville-mobile-dans-la-culture-populaire/#comments Fri, 09 Jul 2010 15:08:53 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=21647 La ville du futur sera-t-elle itinérante ? La question anime l’architecture autant que la science-fiction depuis des dizaines d’années, sans pour autant perdre de son originalité. Le projet Homeway, du collectif d’architecture durable Terreform, en est un excellent témoin, remettant au goût du jour le fantasme d’une ville en mouvement. A la différence de la Walking City d’Archigram ou de la cité sur rail du Monde inverti, présentées sur ce blog il y a quelques jours, Homeway n’est pas une superstructure zoomorphique déplaçant des dizaines de milliers d’habitants, mais un système logistique permettant le mouvement individuel et autonome des bâtiments de la ville eux-mêmes. Comme le décrivent les architectes:

“We propose to put our future American dwellings on wheels. These retrofitted houses will flock towards downtown city cores and back. We intended to reinforce our existing highways between cities with an intelligent renewable infrastructure. Therefore our homes will be enabled to flow continuously from urban core to core.”

Nous ne commenterons pas la vision proposée dans ces lignes – d’autres l’ont déjà fait -, mais plutôt les codes visuels utilisés pour représenter la “mobilité” des bâtiments. Ceux-ci soulèvent en effet bien des interrogations. Deux imaginaires se distinguent ainsi : les “pattes” insectoïdes se rapprochent de la vision métallique d’Archigram, tandis que les chenilles donnent aux pavillons des allures de tanks. On a vu plus réjouissant !

L’itinérance d’une ville est-elle nécessairement menaçante ? Cette observation pourrait n’être qu’anecdotique si elle n’était pas récurrente dans l’imaginaire des villes mobiles. Un bel exemple nous est donné dans la bande dessinée Little Nemo in Slumberland : le réveil des immeubles provoque celui du héros, littéralement chassé de son rêve urbain.

Autre exemple, la hutte de l’effrayante sorcière Baba Yaga est perchée sur des pattes de poulets. Cette figure centrale de la mythologie slave a d’ailleurs inspiré Hayao Miyazaki dans la création de son Château ambulant que l’on croirait tout droit sorti d’un cauchemar steampunk.

La présence de nombreux canons, dont certains font office d’yeux, renforce d’ailleurs l’aspect militaire et guerrier de la structure métallique. La ville mobile est une arme comme les autres, semblent dire le Château ambulant ou la Walking City d’Archigram. On remarquera au passage que la maquette du projet Homeway évoque fortement la structure d’un porte-avion. La présence de ces détails militaires est pourtant difficile à justifier. Ainsi, la vocation première du Château ambulant est justement de fuir les combats (une guerre évoquant 14-18) ; de même, la mobilité de Walking City peut être envisagée comme une réponse aux menaces de la Guerre Froide (et à ses conséquences en termes de diminution des ressources).

De même dans certains jeux vidéo récents. Dans Final Fantasy VI, le château de Figaro est capable de se déplacer en souterrain d’un continent à l’autre pour échapper à l’armée d’occupation. Dans Final Fantasy VIII, la superstructure universitaire qui abrite les héros prend littéralement son envol pour échapper à une salve de missiles, devenant du même le nouveau mode de transport principal du joueur.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’architecture épurée du bâtiment détone avec les exemples plus agressifs évoqués plus haut. Cela n’empêchera pas cette forteresse volante d’être impliquée dans une bataille mémorable avec l’une de ses “cousines”. Le caractère hostile de la ville mobile semble alors reprendre ses droits.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cette navigation sélective dans les méandres de la culture populaire soulève encore une fois plus d’interrogations qu’elle ne donne de réponses. Comment expliquer l’aspect hostile observé dans une majorité de ces exemples ? J’y vois pour ma part la traduction visuelle du caractère profondément sédentaire et propriétaire de nos modèles urbains. Dès lors, on peut se demander quel seraient les codes visuels d’une ville mobile qui tiendrait compte de la densification des flux qui caractérisent nos villes contemporaines. Comment traduire ce contexte inédit en utopies itinérantes ? Aux architectes, romanciers ou autres de tracer les contours de ces imaginaires futuristes.

Billet initialement publié sur Le laboratoire des villes invisibles, repéré sur le blog de son auteur pop-up urbain.

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http://owni.fr/2010/07/09/entre-guerre-et-paix-la-ville-mobile-dans-la-culture-populaire/feed/ 6
Information : un pas dans le futur http://owni.fr/2010/01/30/information-un-pas-dans-le-futur/ http://owni.fr/2010/01/30/information-un-pas-dans-le-futur/#comments Sat, 30 Jan 2010 09:42:16 +0000 Marc Mentré http://owni.fr/?p=7411 Le mercredi est le jour des enfants. Et ce mercredi 27 janvier 2010, l’austère conférence annoncée sur les “technologies innovantes” s’est transformée en Noël avant l’heure. Il ne manquait que Steve Jobs et son iPad… Cela se passait aux Mobile Video Days. L’occasion de passer en revue les technologies émergentes en se demandant quels usages peuvent en faire les journalistes et les médias, en notant que celles-ci facilitent le mode participatif.

1 – Voir de l’autre côté du mur

C’est un drone, mais un drone civil, ludique. Le Parrot AR.Drone, c’est son petit nom, est une sorte d’hélicoptère-jouet propulsé par quatre hélices (moteur électrique) et piloté par un… iPhone. On penche l’iPhone en arrière, le drone décolle, monte, on penche l’iPhone de côté, il vire, etc. Le pilotage semble parfaitement intiuitif.

La vidéo de démonstration du Parrot AR.Drone


Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le Pdg de Parrot, Henry Seydoux, prend un réel plaisir à présenter son jouet. C’est vrai que dans ce grand hangar [Les Mobile Video Days se passent Plaine Saint-Denis] convertit en salle de conférences les 2 drones évoluent avec aisance. C’est fascinant, mais à quoi cela peut-il servir? À des jeux bien sûr, et d’ailleurs le code est en open source pour les développeurs qui souhaitent créer des jeux en réalité augmentée, mais aussi pourquoi pas pour les journalistes, puisque voilà un outil d’exploration extrêmement pratique.

Une condition, s’ils l’utilisent, les journalistes devront être munis d’un solide code de déontologie, car ce drone passe-muraille est nativement équipée d’une caméra. S’il permet d’aller voir ce que l’on ne peut pas voir, en passant par dessus un mur, par exemple il constitue intrinséquement un risque pour la vie privée.

2 – Lire son journal en marchant

Des lunettes qui ressemblent à des lunettes de vue classiques, où plutôt à des lunettes de soleil. Pourtant ces lunettes n’ont rien de banal, ce sont des lunettes à réalité augmentée. Il faut ici imaginer, que vous êtes chez vous et que vous souhaitez regarder un film. Vous chaussez vos lunettes RA et vous voyez se matérialiser [si l'on peut dire] devant vous un écran virtuel, et cela sans que vous perdiez la vision de votre environnement. Un point très important explique Denis Cohen-Tannoudji, directeur Recherche et Développement chezEssilor, car cela évite lorsque l’on se déplace de perdre l’équilibre.

À partir de là tout est possible. En marchant dans la rue,  vous pouvez affichez devant vous les informations concernant telle ou telle boutique, tel ou tel restaurant ou… lire le journal en marchant; dans les réunions lire vos mails, vos twitters, etc. et cela bien sûr en toute discrétion.

Rêve futuriste ces lunettes? Non. Elles sont en test actuellement à l’Institut de la vision, car ce projet est développé en priorité pour les mal-voyants, qui pourront ainsi “reconstituer” grâce à la réalité augmentée, une vision normale. Les malades devraient pouvoir bénéficier de ces lunettes d’ici un an et demi à peu près, pour le grand public, il faudra sans doute attendre 4 à 5 ans, le temps de trouver le moyen d’abaisser le coût de fabrication. Juste le temps de réfléchir à leur utilisation.

3 – L’infographie en réalité augmentée ?

L’entreprise s’appelle Total Immersion. Elle est spécialisée dans la réalité augmentée et d’ailleurs a travaillé pour le film Avatar de James Cameron [voir ici la pub pour Coca Cola qui montre comment fonctionne la RA].

Dans ce livre, l'hélicoptère en réalité augmentée est piloté grâce au clavier de l'ordinateur

Dans ce livre, l’hélicoptère en réalité augmentée est piloté grâce au clavier de l’ordinateur

Si l’on voit bien comment la réalité augmentée peut-être utilisée au cinéma ou en vidéo, les applications semblent plus difficiles à trouver pour les journaux papier. Or, pour une fois, un éditeur français, Nathan, montre la voie du possible. Avec son livre [réalisé avec Total Immersion],Comprendre comment ça marche!, dans la collection Dokeo, paru en octobre 2009, il s’est emparé de cette nouvelle technologie et le résultat est extrêmement ludique mais aussi didactique.

Cela ouvre tout un champ de réflexion sur la construction d’une nouvelle forme d’infographie utilisant la réalité augmentée.

4 – Microsoft et la photo en mode participatif

À l’occasion de la prestation de serment de Barack Obama, CNN avait testé grandeur naturele procédé Photosynth. Le principe est simple: il s’agit de fusionner ensemble des milliers de photos prises par des amateurs et des professionnels, pour recréer un nouvelle image très proche de la 3D dans laquelle on peut se déplacer, zoomer, etc. Comme l’explique Nicolas Petit, Directeur de la division mobilité Europe chez Microsoft “cela donne une nouvelle profondeur à la photo”.

La nouveauté ne tient pas tant en la performance logicielle (c’est le logiciel qui amalgame les images sans soucis de format et de taille) que dans l’ouverture d’un site participatif,Photosynth, dans lequel, sur le principe de Flickr, tout le monde peut héberger ses photos. C’est à partir de cette photothèque, gigantesque base de données, que seront créées ces images profondes qui sont particulièrement riches en terme d’information.

5 – Les Japonais et la vidéo mobile

Le Japon conserve un longueur d’avance en terme de mobile. Les constructeurs propose déjà des écrans en 3D (visible sans porter de lunettes type Avatar), des écrans solides, qui ne se brisent pas au moindre impact (tout ceux qui ont déjà cassé l’écran de leur portable apprécieront) mais surtout, sont de grands consommateurs de la vidéo sur mobile. Philippe Le Fessant, de Jap’Presse InnovAsia Research, explique que dans ce pays, de 25 à 30 millions d’usagers regardent couramment des vidéos sur leur mobile et ces vidéos sont essentiellement des UGC (Users Generated Content), loin, en pourcentage, devant les clips vidéos et les short cuts (très courts métrages destinés au mobile).

6 – Ne plus dire “cross media”, mais “transmedia”

Pour définir le transmedia, Michel Reilhac, en charge du cinéma à Arte France, a une image: “Il s’agit de décliner les histoires comme des puzzles: un morceau est diffusé sur un support [télévision, par exemple], un autre sur un autre support [mobile], etc.” À l’internaute de reconstituer le puzzle. Bref, la manière de raconter n’est plus seulemnt en deux dimensions (une histoire racontée de manière linéaire et diffusée sur un média), mais en quatre dimensions, puisque le récit est délinéarisé et diffusé sur plusieurs supports.

Cette mutation s’accompagne de l’apparition de nouvelles notions comme le “rabbit hole”, allusion à Alice au Pays des Merveilles, qui offre la possibilité au spectateur de passer d’un univers narratif à un autre, et la transformation profonde de certains métiers comme l’auteur qui devient un “architecte narratif” qui contrôle un récit susceptible d’évoluer.

Michel Reilhac parle du cinéma, mais ne peut-on imaginer la transposition de ces évolutions dans le domaine de l’information? La multiplication des supports y est aussi devenu une réalité, le récit se fragmente, et il faut aussi réinventer un nouveau mode narratif —journalistique— qui tire profit de toutes les potentialités qu’offrent les nouvelles technologies.

Et que l’on ne dise que c’est irréaliste, car les internautes ne suivraient pas. La génération adolescente est déjà multiconsommatrice de médias et ce en simultané, comme l’a remarqué Romain Axel, lors de la diffusion d’un soap opera conçu pour Allways et destinée aux adolescentes, qui était diffusé simultanément à la télévision (NJR12) et sur Internet: “Les moments de diffusion à la télévision correspondaient à nos pics d’audience. Nous sommes face à une génération qui regarde plusieurs médias en même temps.” Déjà au États-Unis, les adolescent sont (multi)connectés en moyenne plus de 24 heures par jour!

  • Le site des Mobile Video Days, où l’on trouvera plus de détails sur la manifestation et en  particulier les lauréats des MVD Awards.

» Article initialement publié sur The Media Trend

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http://owni.fr/2010/01/30/information-un-pas-dans-le-futur/feed/ 4
50 ressources repérées par les aaaliens [best-of du web: nov & dec 2009] http://owni.fr/2010/01/03/50-ressources-media-politique-internet-aaaliens-best-of-du-web-nov-dec-2009/ http://owni.fr/2010/01/03/50-ressources-media-politique-internet-aaaliens-best-of-du-web-nov-dec-2009/#comments Sun, 03 Jan 2010 10:12:02 +0000 Nicolas Voisin http://owni.fr/?p=6662 Cela fait bien trop longtemps que l’on a pas réalisé de #Weeklybest. Le Weeklybest c’est quoi ? C’est le meilleur des liens sélectionnés sur le web par la centaine d’aaaliens, ici sur les 60 derniers jours !

Avant d’aller plus loin, voici deux recommandations “coup de coeur”, toutes chaudes, pour le week-end :

- Politique : “Finkielkraut-Badiou: le face-à-face
sur le Nouvel-obs, entretien intégral, de haute volée.

- Médias : “10 conseils de pro“,
par Cécile Dehesdin sur Slate.fr sans langue de bois et sans tabous ! Conseils que pourrait illustrer la courbe ci-après, repérée par Rue89 (source : business insider, la chute de l’emploi dans les journaux américains depuis 15 ans)

graphique-journalistes

Je vous propose de continuer ce billet selon les mêmes tags, politique & médias.

Bon surf à tous /-)

Politique (et société) :


Vertus démocratiques de l’Internet

Comment caractériser les formes politiques de la révolution Internet ? Dans cet essai, Dominique Cardon met en évidence les tensions qui traversent le réseau des réseaux, notamment l?égalité radicale des internautes, la visibilité extrême des subjectivités, la production de solidarités nouvelles, la construction de la légitimité.

La révolution numérique considérée comme une quatrième révolution

Patrick Peccatte traduit à nouveau un texte du philosophe Luciano Floridi. “La révolution numérique renouvelle notre point de vue de tous les jours sur nous-mêmes et sur la nature ultime de la réalité (…). Les objets et les processus sont de plus en plus considérés comme “dé-physicalisés”, dans le sens où ils ont tendance à être traités comme indépendants de leurs supports (…). Le critère d’existence – ce que cela signifie pour une chose d’exister – n’est plus effectivement immuable, ni potentiellement soumis à la perception, mais il est potentiellement soumis à l’interaction, même si celle-ci est impalpable. Être, c’est être sujet à interaction, même si l’interaction est seulement virtuelle. (…) Au lieu d’être perçus comme des individus, des entités uniques et irremplaçables, nous devenons des produits de masse, des entités anonymes parmi d’autres entités anonymes, exposées à des milliards d’autres en ligne. (…) L’infosphère absorbe progressivement tout autre espace.”

Réinventer la démocratie à l’heure des réseaux et de la transparence

Tom Steinberg, est le directeur de MySociety, une association britannique qui développe des sites web pour améliorer la vie démocratique. Parmis les nombreuses réalisation de MySociety, Tom présente longuement FixMyStreet, un site web permettant aux citoyens de faire part, très simplement, des problèmes locaux, dans leur rue, dans leur quartier qu?ils voudraient bien voir résoudre par leurs élus (véhicules abondonnés, nettoyage, lampadaires défectueux, graffitis?). Tous les signalements sont documentés et agrégés et chacun est adressé par mail, aux services de la municipalité correspondante par le service, libre à eux d?y répondre ou pas. Pour 6500 euros de développement, FixMyStreet a permi de signaler quelques 50 000 problèmes dont la moitié ont été traités et résolus.

E-Democracy vs. Open Democracy

Toujours sous l’angle de la distinction Cathédrale/bazar de Eric S. RAYMOND…notion, entre autres, de “démocratie sémiotique” : “depuis une décennie, le régime des médias de masse dominant depuis le xxe siècle a été durablement déstabilisé par des innovations techniques qui ne lui appartiennent pas (Internet, p2p?). Cette mutation a donné lieu à une mutation sociale irréversible, celle-là même dont parle Henry Jenkins, et dont le premier signe est l’échange des rôles culturels institués ; une réversibilité des rôles auteur/diffuseur/programmeur/spectateur.(…) la read/write culture [Cf. Lawrence Lessig "Remix Culture" ] (…) Dans une atmosphère de « démocratie sémiotique », telle que l’a métaphorisée John Fiske [24 Routledge, 1988 ] (…) le « pouvoir-dire » des praticiens d’Internet en cet âge expressiviste peut se documenter et se décliner suivant différents registres…”

Des partis de masse aux partis de réseaux

Derrière cet engouement pour les « SocNet » (social networks), se profile bien évidemment le précédent de My.BarackObama.com, la fameuse plate-forme au coeur de la campagne victorieuse d’Obama, systématiquement citée dans chaque article accompagnant le lancement d’un autre réseau partisan. La parallèle est évident mais trompeur : l’outil ne fait pas la communauté et le réseau ne fait pas le Président. Les différences entre My.BarackObama.com et les réseaux sociaux politiques français sont plus importantes que les points communs. C’est moins la technique que le contexte politique qu’il faut prendre en compte lorsque l’on s’essaie à ce type de comparaison.

Social media ‘could transform public services’

Social media could transform the NHS and other public services in the same way that file-sharing changed the music industry, a conference has heard. Growing use of tools, such as Facebook and Twitter, offered an opportunity to reinvent services, delegates heard. The MyPublicServices event debated ways to harness these conversations, many of which are critical, to make services better and more inclusive. If this was not done, many services would be undermined, speakers said.

10 projets pour aider les citoyens à être les chiens de garde de nos gouvernants

Kathie Donnelly dresse une liste des 10 projets parmi les plus intéressants permettant de surveiller nos surveillants.

Le multilinguisme est un humanisme

« La langue de l’Europe, a dit Umberto Eco, c’est la traduction ». Dans un essai aux résonances politiques, François Ost prend les armes pour la diversité des langues et leur irréductibilité. La traduction a lieu d’abord à l’intérieur d’une même langue, et doit s’affranchir du mythe de la langue unique.

“L’opinion du pair prime sur celle du père” (J. Marcadé, Chef de bureau au Ministère de la défense)

En réalité, l’opinion publique n’existe plus dans ses formes anciennes, figées par des sondages instantanés. Elle est en perpétuelle construction, comme une galaxie au sein de l’univers. Elle est devenue une opinion planétaire, une « opinion sans frontières », une opinion « nomade », à l’instar des nouvelles relations humaines et sociales.

Les 400 culs: Une pétition pour “décriminaliser” les putes

Nous vivons dans un pays où, officiellement, nous sommes libres de disposer de nos corps. Dans la réalité, c?est interdit. Les lois qui soi-disant protègent les prostitué(e)s ne font que rendre leur vie impossible. Le mois dernier, une escorte s?est fait arrêter. Son seul crime: elle possédait un site internet.

Économie non rivale et communautés d’information

“trois approches complémentaires, visant à cerner l’originalité des communautés qui se développent sur l’internet : une approche historique, afin de préciser les similitudes et les différences entre les communautés rurales et ouvrières des XVIIIe et XIXe siècles et les communautés virtuelles ; une approche économique, afin de mettre en lumière le rôle des communautés dans une économie non rivale, c’est-à-dire une économie où la valeur se situe majoritairement dans l’élaboration des formes plutôt que dans leur reproduction industrielle ; une approche ethnographique, enfin, pour analyser la nature du lien communautaire, qui ne repose ni sur le don, ni sur l’altruisme des participants mais, comme dans le cas du système des objets Kula, sur l’échange asynchrone, qui formate un type particulier de relation, durable mais étroitement limitée à l’entretien d’un patrimoine non rival circulant”

Education : De l’information à l’innovation | Generation Y 2.0

“Le monde éducatif doit aujourd’hui faire face à une véritable révolution.” L’école ennuie, l’entreprise fait peur. Peut être y a-t-il moyen de changer les choses dans cette culture du « chiant ». Plutôt que de baisser les bras en se considérant victime de « l’ère de la distraction », les enseignants inventent de nouvelles voies pour lutter contre l’inattention en adaptant le fond et la forme, et en multipliant les modes d’apprentissage, qu’ils soient online ou offline.

Patient trapped in a 23-year ‘coma’ was conscious all along

“He is never likely to leave hospital, but as well as his computer he now has a special device above his bed which lets him read books while lying down.” Mr Houben said: ‘I shall never forget the day when they discovered what was truly wrong with me – it was my second birth. ‘I want to read, talk with my friends via the computer and enjoy my life now that people know I am not dead.’

Réchauffement : des pirates mettent de l’huile sur le feu

En publiant des courriels volés dans un centre de recherche britannique sur le climat, une mystérieuse équipe provoque une polémique en prétendant montrer que les scientifiques trichent lorsqu’ils annoncent un réchauffement de la planète. Les données sont publiées sur un serveur russe, à deux semaines de la réunion de Copenhague et font les délices des climato-sceptiques.

Quand les objets passent du numérique au physique

Le “paradigme” des objets communicants fait un peu fuir les gens au quotidien: un nouvel imaginaire doit être invoqué pour “habiter” le monde de ces objets > quelques exemples (imprimante 3D…); un nouveau système de co-production d?objet (avec ses lieux >mouvement des Fabs Labs; ses collaborations > comme Thingiverse, Make Magazine, Ponoko, 3DVia) se met en place sous le règne du bidouillage. Exemple ARDUINO de Massimo Banzi >”Arduino est une petite carte semblable à un petit ordinateur de quelques euros, conçu pour être facile à programmer (…) Grâce à un langage accessible au plus grand nombre, de nombreuses personnes et notamment des artistes, utilisent Arduino dans leurs conceptions et installations (…) Alors que fait-on avec Arduino ? (…) :Makerbot, un kit pour construire sa mini RepRap (imprimante 3D) ; Not so White walls, un magnifique papier peint communicant imaginé en 2005 à Ivrea; un radio-réveil tactile piloté par un doudou imaginé en 2004 par Nicholas Zambetti …”

L’âge est neutre sur les usages technologiques

Les chercheurs de Motorola viennent de montrer que l’usage des technologies serait assez également réppartis dans la population quelque soit l’âge. L’âge dicterait de moins en moins l’usage…

Les nettoyeurs du Net

Yves Eudes revient sur ces sociétés de nettoyage du Net qui vous aident à rétablir votre réputation en ligne, comme Reputation Defender ou Reputation Squad… Revue de recours.

Le débats en jeu de rôle

Excellent article de présentation et de synthèse sur le débat sous la forme d’un jeu de rôle axé plus spécifiquement sur l’enseignement en géographie, mais transposable dans d’autres disciplines. En histoire, la phase suivant le jeu de rôle peut plus particulièrement consisté à une comparaison entre ce qui s’est passé dans le jeu de rôle et la situation historique à la base du jeu.

L’usage du web social améliore la maitrise de l’écrit chez les enfants

Selon une étude britannique portant sur les capacités à l’écrit de 3000 jeunes entre 9 et 16 ans, il y aurait une forte corrélation entre les enfant qui utilisent la technologie et leur capacité étendue à la maitrise de la lecture et de l?écriture. Dit autrement : ?Plus les enfants utilisent des modes de communication différents, plus ils renforcent leur capacités à maitriser l?écrit?… Plus vous pratiquez de modes culturels différents, plus vous maîtrisez l’écrit. Rien de surprenant en fait !

Que font les seniors en ligne ? Ils vont sur Facebook et Youtube bien sûr

On savait que la population de Facebook vieillissait. Selon une étude de Nielsen sur les usages des seniors, les Américains de +65 ans sont de plus en plus nombreux en ligne (17,5 millions en 2009 contre 11,3 million en 2004, soit désormais 55 ans de cette classe d’âge) et surfent quelques 58 heures par mois.

Sexting et suicides adolescents

La semaine dernière, le suicide de Hope est devenu le deuxième clairement lié au sexting [envoi par téléphone ou mail de photos à caractère sexuel] et à la persécution qui peut s?ensuivre. À la fin de sa cinquième au printemps dernier, Hope a envoyé une photo de ses seins à un garçon pour qui elle avait le béguin et cette image a fait le tour de l?école. «Des tonnes de gens parlent de moi derrière mon dos et je déteste ça parce qu?ils me traitent de pute!» a confié la jeune fille à son journal intime avant de se tuer. Jessie Logan, 18 ans, qui vivait près de Cincinnati, s?est pendue en juillet dernier après que des photos la montrant nue, qu?elle avait envoyées à son petit ami, avaient largement circulé auprès d?adolescents de sa connaissance. Comment expliquer cet enchaînement horrible débouchant sur une tragédie? S?agit-il de brimades ordinaires, mais avec de nouveaux outils, ou d?une sorte de harcèlement très différente? S?agit-il de cas isolés, ou bien le concert de protestations

Pour une “littératie” numérique, par Francis Pisani

Contrairement à une idée communément admise, les jeunes en savent souvent moins que leurs aînés ne l’imaginent. S’il est vrai qu’ils sont plus à l’aise, l’expression « digital natives », souvent traduite par « génération numérique », est trompeuse, voire dangereuse, dans la mesure où elle masque des disparités croissantes. D’où la nécessité d’envisager une formation spécifique à la dimension numérique. Selon la Commission européenne, « la digital literacy’ devient vite une des conditions de la créativité, de l’innovation et de l’esprit d’entreprise. Sans elle, les citoyens ne peuvent ni pleinement participer à la société, ni acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour vivre au xxi e siècle »

La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française (2009)

(La documentation française) En France, près de trois personnes sur quatre disposent d’un ordinateur à domicile, deux personnes sur trois disposent d’un accès à l’internet, mais un adulte sur deux “ne se sentirait pas compétent pour utiliser un ordinateur”…

Médias (et journalisme) :


Mes liens de prof

“Il y a quelques semaines, j’ai donné un cours aux étudiants de première année du CJF, sur l’écriture Web. Je ne suis pas prof, j’ai le talent pédagogique d’un misanthrope bègue et deux malheureux atouts – en plus de ma fausse modestie: ma conviction et ce que je sais de mon métier”, par Eric Mettout, rédacteur en chef de l’Express.fr

Journaliste et animateur de communauté : deux métiers en un ?

La profession connaitrait-elle une mutation ? A terme, tous les journalistes animeront leur propre communauté sans qu?il n?y ait plus de rédaction dédiée au community management. « Ils ne travaillent plus pour un support mais pour une marque. Mon rôle, c?est de développer cette marque dans des communautés externes, via les réseaux sociaux ». Antoine Daccord ( Figaro.fr )

Why is Gen Y Now Flocking to Twitter? (theories and speculations) So what gives? Why has Gen Y seemingly changed their minds about the social microblogging network that only months ago they avoided? A recent AP article offered up some ideas including the influx of celebrity tweeters, pressure from teachers or bosses, and it even hinted that Gen Y’ers entering the workplace have found value in the network for business-related purposes. That same sentiment was shared by Meredith Sires of Gen Y trend-watching site, YPulse. She theorizes that the rapid growth in the 18-24 demographic has to do more with the recent college graduates segment of that group finding ways to build entirely new online contact lists and create new identities more closely tied to information-sharing.

Que rapportent les applications iPhone aux sites d’information ?

Un papier bien documenté, de Rue89.

“Google vous connaît mieux que vous-même”

Ecrans a la bonne idée de nous proposer une interview de Viktor Mayer-Schönberger, auteur de Delete, les vertus de l’oubli à l’âge du numérique. “Si nous, nous oublions ce que nous avons pensé, dit ou fait dans notre passé mais que d?autres, comme Google, ne l?oublient pas, alors Google a un pouvoir potentiel sur nous.” “La mémoire numérique crée un panopticon temporel, dans lequel nous devons prendre en compte le fait que non seulement nous sommes observés, mais que les générations futures pourront observer ce que nous sommes en train de faire.” Et le scientifique de proposer des solutions humaines plus que techniques à ce problème majeur : “ces outils qui ont rendu l?oubli si coûteux et difficile peuvent aussi nous aider à rendre l?oubli plus aisé”.

Twitter Lists – New York Times

Repéré sur twitter via @misspress , le New York Times propose tout un travail éditorial autour des listes twitter. Où comment se placer au-dessus de la mêlée…

L’image partagée. Comment internet a changé l’économie des images

“Plus encore que leur production numérique, c’est la diffusion des photos ou des vidéos par l’intermédiaire des applications du web 2.0 qui a modifié en profondeur notre rapport à l’image. Analysant la transition d’une économie de la distribution contrôlée à une autogestion de l’abondance, cet article décrit les deux phases qui ont scandé l’histoire de l’installation des plates-formes visuelles. Après une période initiale placée sous le signe de la « révolution des amateurs », la perception du partage des contenus s’est focalisée sur une symptomatique de l’audience. Gouvernés par l’idée d’une concurrence des anciens et des nouveaux médias, ces deux modèles ne décrivent que très partiellement les mécanismes à l’oeuvre, qui relèvent plutôt d’une logique de complémentarité et d’interaction. L’observation des usages réels des plates-formes, comme celui de la consultation encyclopédique, suggère que la socialisation des contenus visuels a créé un nouvel état de l’image comme propriété…”

Peut-on tout confier à Google ?

“En dix ans d’existence, Google a tellement grandi qu’il a fini par se rendre incontournable. Notre courrier, notre mémoire, bientôt notre dossier médical? chaque jour, les serveurs de l’entreprise accumulent de nouveaux détails sur notre intimité. Mais comment le géant Google gère-t-il nos données personnelles ?”

2017 : La fracture numérique repose en paix

La fracture numérique (aux Etats-Unis) sera-t-elle morte d’ici 2017 ? C’est en tout cas ce que pense le rapport (pdf) de Kevin Hasset et Robert Shapiro, professeurs à l’université de Georgetown. Mais, au vu des 300 millions de dollars à investir d’ici 20 ans, elle se réduira plus vite si l’on change les scénarios de financement de l’internet. Si les prix des abonnements n’évoluent pas, il faudra attendre 2017 pour que quasiment tous les foyers américains soient raccordés à l’internet haut débit. Mais si les utilisateurs qui utilisent le plus le réseau payaient leur abonnement plus chers que les autres (les fameux 20 % des utilisateurs qui consomment 80 % des capacités du réseau), alors l’on pourrait atteindre ces objectifs plus vite. Reste à savoir si la tarification forfaitaire de l’internet peut-être remise en cause, alors qu’elle a été la condition essentielle du développement et de la liberté des usages.

Rengainez vos téléphones, la réalité augmentée est surfaite

Chris Dannen n’est pas tendre avec la réalité augmentée : celle-ci n’améliore pas l’expérience utilisateur, au contraire, elle l’a complique. Layar ne changera pas nos vies explique-t-il. On ne lit pas un magazine face à sa caméra d’ordinateur, on ne marchera pas dans la rue avec nos mobiles tendus sous nos yeux.

Mes nouveaux voisins sont sur Facebook

La nature des relations que nous entretenons sur fb ou sur d’autres réseaux sociaux s’apparente à des relations de voisinage

How Murdoch Can Really Hurt Google And Shift The Balance Of Power In Search

Mahalo CEO Jason Calacanis, who used to work for Murdoch?s Digital Chief Jonathan Miller when the two were at AOL, posted a video last week (embedded below) with a simple suggestion: Not only should Murdoch de-index from Google, but he should get Bing to pay him for the exclusive right to index it. TechCrunch Europe?s Mike Butcher has been sniffing down a similar trail.

Danah Boyd > “Streams of Content, Limited Attention: The Flow of Information through Social Media”

To be relevant today requires understanding context, popularity, and reputation. In a broadcast era, we assume that the disseminator organized information because they were a destination. In a networked era, there will be no destination, but rather a network of content and people. Topic won’t be a given. We’re already seeing this in streams-based media consumption. When consuming information through social media tools, people consume social gossip alongside productive content, news alongside status updates. Right now, it’s one big mess. But the key is not going to be to create distinct destinations organized around topics, but to find ways in which content can be surfaced in context, regardless of where it resides.

Philippe Couve, RFI : “j’essaie de faire rentrer du web dans la radio”

MD – Quelles sont alors les principales tendances que vous avez pu identifiées? PC – (490/660) La première concerne les producteurs. Ils doivent se faire un nom, dans la logique du « personnal branding ». Entre le média et le public, il y a un journaliste qui engage aussi sa crédibilité. Il est probable que certains médias deviennent des agrégations de marques personnelles, dans la logique du Huffingtonpost, par exemple. D’ailleurs, les sites média traditionnels ouvrent des blogs aux journalistes. Citons Rue89 ou le Figaro qui, en quelques mois, a mis en place une véritable plateforme de blogs de journalistes spécialisés. La seconde tendance que je perçois concerne l’organisation de la porosité des médias. Ce ne sont plus des boites fermées. Les blogueurs ont un rôle important à y jouer. Il va falloir organiser ces communautés, pour tenter de faire remonter les informations de qualité et, dans l’autre sens, les faire diffuser par le plus grand nombre.

Context is King !

Nous devons réinventer nos métiers dans un cadre radicalement nouveau. Et commencer par admettre la sévérité de la situation et l’ampleur des mutations dans la production, la diffusion et la consommation d’informations.

Un bilan essentiel, également diffusé sur Owni (ici) et PDF disponible là (pdf).

La guerre du web

Tim O’Reilly revient sur la guerre du web : entre Facebook qui ne transforme par les liens en hyperliens, Apple qui rejette certaines applications qui menacent leur coeur de métier… Tim O’reilly répète depuis longtemps qu’il y a deux modèles de systèmes d’exploitation de l’internet : celui de “l’anneau pour les gouverner tous” et celui des “petites pièces jointes de manières lâche”, le modèle Microsoft et le modèle Linux. Allons-nous vers le prolongement du modèle du web interopérable ? Ou nous dirigeons-nous vers une guerre pour le contrôle du web ? Une guerre des plateformes (Google, Apple, Facebook…) ? Il est temps pour les développeurs de prendre position : si l’on ne veut pas rejouer la guerre des PC ou celle des navigateurs, il faut prendre fait et cause maintenant pour les systèmes ouverts !

également publié ici :

La guerre du Web, par Tim O’Reilly – Framablog “Nous sommes à la veille d’une guerre pour le contrôle du Web. Au fond, c’est même plus que ça, c’est une guerre contre le Web en tant que plateforme interopérable. Nous nous dirigeons plutôt vers la plateforme Facebook, la plateforme Apple, la plateforme Google, la plateforme Amazon, les grandes entreprises s’étripant jusqu?à ce qu’il n’en reste plus qu’une. C’est maintenant au développeur de s’affirmer. Si vous ne voulez pas voir l’histoire se répéter comme pour les PC, pariez sur les systèmes ouverts. N’attendez pas qu’il soit trop tard. PS : Une prédiction : Microsoft sera le grand défenseur du Web ouvert, encourageant l’interopérabilité des services Web, tout comme IBM est devenu l’entreprise soutenant le plus Linux.”

et sur Owni, ici /-)

Le Monde va faire la grève des contenus pour LeMonde.fr

Les journalistes du quotidien Le Monde vont cesser, à partir du 1er décembre, d’alimenter le site LeMonde.fr en articles exclusifs pour le web, afin de faire pression sur leur direction pour renégocier l’organisation du travail entre les deux plateformes. Un signe de plus des tensions générées dans les groupes de presse par l’émergence d’Internet, et dans lequel on trouve l’impact indirect, inattendu, de la loi Hadopi.

L’utilisation de Google Analytics serait illégale en Allemagne

Des agences de protection des données personnelles allemandes estiment que l’utilisation de Google Analytics sur les sites web édités en Allemagne est contraire aux lois de protection de la vie privée Selon un avocat de Stuttgart, Carsten Ulbricht, l’utilisation de Google Analytics pourrait coûter une amende de 50.000 euros aux éditeurs récalcitrants, si les agences devaient entamer des procédures pour l’exemple. Mais selon une étude, 13 % des sites allemands utiliseraient le service de Google, y compris de grands journaux comme De Zeit

heuristiquement: Carte heuristique : “les repentis de Facebook”

mindmap des problèmes de 2009 liés à facebook, aux données personnelles

Le web-documentaire, nouvelle forme de récit journalistique

C’est sans doute un des formats journalistiques les plus prometteurs pour la presse en ligne de demain, et les plus excitants, en terme d’exercice journalistique, pour les journalistes. Le web-documentaire,qui mêle photo (sous forme de portfolio en ligne par exemple), son (audio), vidéo, et bien sûr écrit, voire accompagné d’un blog, est une forme de documentaire, donc de récit journalistique, qui exploite simultanément plusieurs ressources propres au web.

Eric Schmidt: How Google Can Help Newspapers

Video didn’t kill the radio star. It created a whole new additional industry.

Twitter, un réseau connu mais peu fréquenté

Une étude des usages du réseau de microblogging révèle que si 60% des internautes français le connaissent, ils ne sont que 9% à l’utiliser. [enquête faite auprès de qui ?]

Devenir influent ?

L’influence s’adapte à la loi du média : d’une stratégie du message standardisé, massif et persuasif à de multiples tactiques d’alliance, réseaux, reprise, réputation, adaptées aux configurations changeantes du nouveau Web.

La disparition du secrétariat d’État à l’Economie numérique est-elle programmée ?

Derrière la rumeur, un bilan intéressant, car contrasté, du passage de NKM à l’économie numérique.

(…)

Vous souhaitez proposer d’autres liens, rejoindre la soucoupe (Owni & les aaaliens), créer un blog ou vous inscrire sur le réseau social ?

> Vous êtes à un clic /-)

Geek année 2010 à tous !

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http://owni.fr/2010/01/03/50-ressources-media-politique-internet-aaaliens-best-of-du-web-nov-dec-2009/feed/ 4
Context is King http://owni.fr/2009/11/18/context-is-king/ http://owni.fr/2009/11/18/context-is-king/#comments Wed, 18 Nov 2009 10:56:23 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=5557

Contexte, éditorialisation, intelligence, enrichissement journalistique et technologique des contenus, nouvelles valeurs ajoutées, sont aujourd’hui les dernières conditions de survie des médias traditionnels face aux ruptures qui brutalement les secouent depuis la fin du 20ème siècle.

Chacun sait aujourd’hui qu’il n’est plus possible de faire comme avant. Chacun sait que demain, qui arrive plus vite que prévu, ne sera plus comme avant l’Internet, il y a 15 ans, le Web 2.0, il y a 5 ans, ou la crise économique, cette année.


Nous devons réinventer nos métiers dans un cadre radicalement nouveau. Et commencer par admettre la sévérité de la situation et l’ampleur des mutations dans la production, la diffusion et la consommation d’informations:


1. La valeur économique des médias traditionnels (journaux papier, magazines, chaînes de télédiffusion, …) s’effondre par rapport aux nouveaux usages et comportements d’une société en plein bouleversement. Les ruptures ne sont pas seulement technologiques, elles sont aussi sociétales. Le public n’est plus le même. Le monde a changé.


2. Ce n’est plus l’offre qui crée la demande. Les niches remplacent les paquets ficelés généralistes. La destruction de valeur se fait au pas de charge, les modèles d’affaires sont mis en cause ou même brisés, de nouveaux acteurs s’emparent de positions, mais la création d’utilité publique est réelle (connaissances, partage, éducation, multiples sources spécialisées …) et la créativité bien vivante.


3. Les adversaires de la presse sont le temps non disponible, la fragmentation des contenus, et la prolifération, tout au long de la journée, des choix et des nouvelles sollicitations.


4. Comme d’autres institutions, l’autorité et le pouvoir d’influence des journalistes de grands médias sont depuis longtemps contestés par une société, où la confiance rejoue un rôle déterminant. Pire : ils ne déterminent plus, seuls, l’agenda de l’information.


5. Les nouvelles technologies creusent le fossé générationnel. Dans ce nouveau monde, les ignorer se fait à ses risques et périls. L’innovation y est la seule assurance-vie.


6. La concurrence ne vient pas de ses pairs mais de nouveaux acteurs et de centaines de petites unités, souvent encore indécelables.


7. Médias, informatique et télécommunications sont en train de fusionner à grande vitesse.


8. Les logiques de contrôle ne marchent plus, même si le besoin de garde-fous juridiques s’accroît. Il faut probablement lâcher prise avec dignité, et embrayer, dans cette nouvelle économie de la contribution, sur des logiques de coopération, de complémentarité et d’interaction.


9. Le secteur des médias perd pied beaucoup plus vite que le reste de l’économie. Les suppressions d’emplois y sont trois fois plus nombreuses.


10.Enfin, les points d’équilibre du vieux monde disparaissent plus vite que n’apparaissent ceux du nouveau.


La Contre-Réforme


Les Etats, les gouvernements, l’Union Européenne, reconnaissent tous être dépassés par l’effondrement de l’écosystème média du monde d’hier, et l’apparition brutale des nouveaux usages de l’économie numérique.


Ils n’ont pas les capacités d’analyse à la hauteur des dizaines de lobbystes lancés par Google à Bruxelles et à Washington, ou des énormes ressources financières des grands opérateurs de télécommunication à la manoeuvre.


Confrontés à la fin des incroyables années des baby-boomers, la tentation est grande pour les patrons de presse, qui se croyaient immortels, de jurer que le « balancier finira bien par revenir », d’ériger des murs, de « faire rentrer le génie dans la bouteille », de reprendre la main.


La volonté de « Restauration » d’un ordre ancien, alimenté par un mouvement classique de « Contre-Réforme », fait son apparition. « Ca tiendra bien jusqu’à ma retraite », « courbons le dos et attendons le web3 », « informer, c’est un boulot de journalistes », « il n’y a pas de révolution numérique », « qui se souvient des radios libres ? », « a-t-on bien fait d’aller sur le web ? », entend-on aujourd’hui du haut en bas de la hiérarchie d’un média traditionnel.


Alors, face à une culture de l’écran qui s’étendait déjà rapidement, il semblait logique, voici peu, de voir les dirigeants des opérations web prendre rapidement le pouvoir dans la presse. Il n’en est encore rien. Ni aux Etats-Unis, ni en Europe.


La transition vers le numérique est laborieuse : le web, qui ne représente qu’un peu plus de 10% des revenus, n’est toujours pas au centre des stratégies, et reste souvent comme un additif ennuyeux qu’il faut avoir. Pire : il est souvent bridé : « laissez les adultes s’occuper de cela ! » et la récession a freiné les ardeurs et ressources dévolues à cette diversification. Il reste difficile d’admettre qu’Internet est un média différent, que « le monde numérique est autre univers », avec ses propres ressorts sociétaux et culturels. Malheureusement aujourd’hui, soit on nie cette réalité, soit on la met sous le tapis. Comme dans la musique hier, le cinéma aujourd’hui et le livre demain.


Mais la tradition ne constitue pas un modèle économique. Et la bataille pour les modèles d’affaires de demain ne fait que commencer.


Chacun, pris de vitesse par la cavalcade technologique et la révolution des usages d’une audience « über-connectée », sent bien aussi que le changement permanent devient la nouvelle norme dans ces nouveaux territoires inconnus.


Doit-on résister au courant ou tenter de l’accompagner ?


Internet et le numérique sont déjà devenus les systèmes fondamentaux de distribution de contenus. Dans quelques années, prédit Google, il n’y aura plus de distinction entre les canaux de distribution TV, radio et web. Et donc plus de différence, en ligne, entre ces médias, ni d’ailleurs avec les journaux et les magazines qui offrent tous de la vidéo. Déjà, les professionnels ne parlent plus « TV » mais « vidéo » !

Après la musique et la presse, avant le livre, c’est au tour de la télévision de vivre les ruptures. Et il n’y a plus aujourd’hui de rédactions dans Fleet Street, qui fut depuis 1500, l’artère mythique de la presse britannique à Londres.


La grande déflation


Quand 325 millions de personnes ont une page Facebook, plus de quatre milliards de photos ont été téléchargées sur Flickr et que Twitter vaut pratiquement un milliard de dollars, chacun sent bien que les médias sociaux ne sont pas qu’une mode.


Avec les écrans tactiles et les applications iPhone (et bientôt la tablette Apple), l’Internet n’est plus un endroit où on se rend mais un environnement tout le temps présent autour de nous.


Les effets de levier des nouvelles technologies, les faibles coûts de distribution, diminuent la taille critique des médias numériques. L’ubiquité et l’instantanéité du web ont fait chuter la valeur de l’information. Même les cours boursiers en temps réel, qui coûtaient une fortune il y a quelques années, sont gratuits aujourd’hui.


Faire plus et mieux avec beaucoup moins, est à l’image des réussites de petites organisations au succès mondial qui fonctionnent à moins de 30 personnes, comme Twitter ou Craigslist (qui a réduit le secteur des petites annonces américaines de plusieurs milliards de dollars à une centaine de millions).


Révolution marxiste !


Jusqu’à la fin du 20ème siècle, seuls quelques milliers de personnes avaient la parole. Ils sont aujourd’hui des dizaines de millions ! Chaque semaine sortent de nouveaux outils d’auto-édition : après Facebook, Twitter et FriendFeed, voici Tumblr, Posterous, identi.ca, Plurk …

Tout le monde s’est mis échanger et rapporter des nouvelles, à analyser, à prendre des photos, à les poster sur le web. Les vieux médias ne gagneront plus cette bataille. Ils sont « désintermédiés », court-circuités, par le public, les politiques, les grandes entreprises, les sportifs, les acteurs…

C’est l’essor généralisé de la bande passante qui a totalement changé la donne : le web s’est démocratisé et n’est plus l’apanage du clergé médiatique.


Il est passé d’un mode de publication de documents produits pour une audience passive par quelques riches professionnels (broadcast), à une plateforme de communication multimédia mondiale de tous (multicast), et à une distribution massive légale et illégale de contenus, qui bouleversent tous les modèles économiques de la fourniture d’informations.


Jamais les gens n’ont cherché et consommé autant d’informations, mais les professionnels n’ont plus le monopole de la parole. Le public est actif et contribue. Près de 20% du temps passé sur Internet l’est dans les blogs et les réseaux sociaux. Wikipédia est de loin le premier site de news aux Etats-Unis. YouTube, Facebook, Twitter, qui entend devenir le pouls de la planète, sont devenus des sources, tout comme des milliers d’autres blogs, sites et services. L’origine de l’information compte moins qu’avant. Les marques, en tous cas les anciennes, attirent moins et sont moins importantes aux yeux des jeunes audiences, qui ont les leurs. L’importance croissante des réseaux sociaux rend moins pertinents les sites de destination.


Les médias ont aussi perdu le monopole de l’agenda de l’information. Les recommandations de ses proches, amis, collègues, dans les réseaux sociaux, sont plus importantes, sur Internet, que les éditoriaux de Libération ou du New York Times. Rejet des anciens prescripteurs et volonté de diversité dominent. La demande d’informations est forte mais les vieilles plateformes sont en train de mourir. Les vieux monopoles ont disparu.


Des centaines de millions de médias !


Progressivement, chacun construit sa propre chaîne d’informations, sur Internet et mobiles, composés de fragments de médias traditionnels, désagrégés ou picorés ici et là, mélangés entre eux (journaux, radios, TV…), mais aussi combinés à des blogs et à de multiples autres sources.

Chaque jour qui passe voit les contenus d’informations s’atomiser davantage. Comme dans la musique, où le CD a perdu face à iTunes (nous ne sommes plus forcés d’acheter 11 morceaux en plus de celui que nous voulions), chacun peut, avec de bons outils, faciles, gratuits, obtenir directement les flux désirés. Jusqu’ici, les journaux nous obligeaient à acheter un ensemble dont nous ne souhaitions pas nécessairement tout. Dans les deux cas, notons que la dématérialisation est au rendez-vous, avec la disparition physique des supports.

La crise actuelle accélère la migration numérique, qui permet au public de contrôler le moment et le lieu de consommation de contenus. La consommation d’informations est aussi plus réfléchie.


De plus en plus de journalistes développent, de gré ou de force, de développer leur propre marque, de travailler sous leurs propres couleurs, seuls ou en petits groupes. Le journalisme de qualité n’est plus l’apanage de grands groupes de médias. De nouveaux acteurs inventent, avec facilité et jubilation, la grammaire des médias, des échanges, de la circulation de l’information de demain. Ils le font gratuitement, car le média est excitant et qu’il y a des places à prendre ! La révolution de l’information est terminée : chacun est devenu un média !


Les médias traditionnels se retrouvent donc coincés entre les concurrences de millions d’acteurs individuels, et des géants aux ressources mille fois plus importantes qu’eux, qui entendent bien profiter de l’appétit du public pour l’information : après Google, Microsoft, Yahoo, Orange, AOL veulent être des mass media sociaux. Médias, informatique et telcos convergent.

Et au lieu de travailler ensemble, ils restent « la tête dans le guidon », obsédés par l’urgence de leurs revenus à court terme, voire désormais, leur survie.


L’Internet aussi vital que l’eau ou le gaz !


Mais l’informatique et le numérique gagnent du terrain dans le monde physique.


Européens, Américains, Japonais ou Chinois ignorent d’ailleurs la crise pour leurs dépenses multimédias. L’information en mobilité domine désormais : les constructeurs vendent plus de « smartphones » ou de « laptops » que d’ordinateurs de bureaux. Des ordinateurs ultra low cost envahissent le marché. Demain, le tsunami de « l’ebook » et des tablettes va déferler.

Après les réseaux sociaux il y a deux ans, le « cloud computing » en 2008, l’heure est au web en temps réel et au « streaming », nouveau casse-tête des producteurs pour protéger leurs contenus. Avec le web, les informations étaient disponibles 24/7, désormais elles le sont quasiment en direct.


En passant, Twitter et consors donnent un sérieux coup de vieux à l’email qui n’est plus, et de loin, le seul outil en ligne de partage et de communication. Dans le même temps, les journaux deviennent des magazines. Et fort du succès de Hulu, tout le monde veut aller dans la vidéo sur le web !


« L’Internet est devenu aussi vital que l’eau ou le gaz », commentait en juin le Premier ministre britannique. La Finlande est devenue le 1er pays à faire de l’accès au « broadband » un droit.


De petites structures deviennent performantes. Le site d’enquêtes journalistiques ProPublica réalise des articles pour le New York Times, tout comme le site Spot.us. Après quatre ans d’existence, le blog américain d’informations Huffington Post a dépassé en audience le site du Washington Post. Toutes les semaines, de petites structures éditoriales se montent dans les grandes villes américaines : hier à Washington, aujourd’hui à Seattle ou au Texas.


Le vieux monde se délite beaucoup plus vite que ne se bâtit le nouveau


Pire que les banques ! Depuis l’an 2000, la destruction de valeur dans les grands groupes de médias américains atteint 200 milliards de dollars !


Les raisons principales en sont l’essor exponentiel de contenus sur Internet où tout le monde est concurrent, un marché publicitaire dévasté, en volume et en tarifs, pour plusieurs années, et des consommateurs qui changent radicalement leurs habitudes. La faute aussi au vieux confort des monopoles.


2009, année brutale, aura été la pire pour les médias traditionnels depuis des décennies : entre 1929 et 1933, aux USA, la publicité avait chuté de 13% et moitié moins après le 1er choc pétrolier des années 70.


En 2009, la dégringolade est de 25% en moyenne. La chute des médias est supérieure d’un tiers à celle des PIB. Dans les journaux US, la pub est revenue à son niveau de …1965, et les professionnels de la télévision, réalisent que la publicité ne paiera plus toutes les factures, et qu’il est suicidaire de ne dépendre que d’une source de revenus. 10 ans après les journaux, les télévisions derniers voient décliner aujourd’hui inexorablement leur coeur de métier. La notion de chaînes disparaît.


Dans la publicité, des signes de stabilisation, voire d’amélioration, apparaissaient ici et là fin 2009, mais chacun assure qu’elle ne retrouvera pas son niveau d’avant la crise, surtout pour les journaux, qui, tous en France, auront perdu de l’argent en 2009.

En ligne, où surgit d’ailleurs aussi le publicitaire-citoyen, elle continue de progresser : pour la première fois, elle aurait dépassé en Grande-Bretagne la télévision pour en devenir le 1er support. Mais la monétisation des audiences y reste problématique. Les professionnels en sont convaincus : les bannières et les CPM en ligne ne sauveront pas les médias traditionnels. La publicité ne va plus sur l’information mais sur « l’entertainment ». Est-ce le métier d’Adidas de financer une rédaction à Kaboul ?

L’idée de financer des sites d’informations par de la publicité est donc déjà de l’histoire ancienne.


En terme de trafic, les plus grands sites de journaux semblent être arrivés à un point de saturation, et commencent à voir grignoter leur position dominante. Pire : le temps passé sur les sites des journaux baisse dangereusement. La lecture des blogs de qualité est devenue « mainstream ».


D’ailleurs, les nouveaux « pure players » d’informations ont aussi du mal : l’un des meilleurs sites mondiaux, l’espagnol Soitu.es, a du fermer ses portes en octobre en raison de la crise, tout comme l’allemand NetZeitung. Et, pour l’instant, Twitter gagne toujours moins d’argent que les journaux !


Web payant ? Moment de vérité imminent


Nous approchons donc du moment de vérité pour voir si le retour du payant sur le web est possible. Des deux côtés les positions sont tranchées : « sans paiement, des médias mourront ». Et il est très possible de faire payer: regardez Canal Plus qui a fait payer la télévision, ou plus simplement, l’eau minérale en bouteille ! En face, la réponse est cinglante : « sur le web, si vous faites payer, vous accélérez votre disparition ! ».


En fait, il n’y a aujourd’hui aucune solution miracle. Pour l’instant tout le monde dit qu’il fera payer en 2010, et quasi personne ne le fait, ou très progressivement.


En cette fin 2009, de nombreux éditeurs commencent à flancher et à craindre de perdre leurs audiences en ligne. Même Murdoch n’est plus sûr de tenir son échéance de juin prochain. Les mouvements de menton visaient avant tout les agrégateurs et les parasites, car reconstruire des murs pose beaucoup de problèmes.


Il est très difficile de faire revenir en arrière les gens, désormais plus habitués à accorder de la valeur à des supports physiques qu’immatériels. Très difficile aussi d’aller contre le courant des nouvelles pratiques et usages de la révolution numérique (facilité d’accès, partage, collaboration, open source, interactions fréquentes…). Très difficile, enfin, de se battre contre la gratuité des concurrents, financés par la publicité (CNN) ou l’Etat (BBC).


De deux choses l’une : ou tout le monde le fait en même temps, ou celui qui pose des barbelés doit proposer des contenus à très forte valeur ajoutée qui ne sont pas gratuits ailleurs, des contenus « frais », exclusifs (même quelques heures).


Oui, la valeur est dans les barrières, mais pas dans des murs érigés contre son audience : le public n’est pas prêt à payer pour des contenus qu’il ne regardait même pas quand ils étaient gratuits. Elle est dans des barrières dressées à l’entrée de ses concurrents, dans des nouveaux contenus qui répondent aux nouvelles attentes, dans des services qui les intègrent, les agrègent, les enrichissent, les analysent, les distribuent autrement.


Mais même l’ajout de contenus premium payants ne sera pas suffisant. Il faudra davantage.

Davantage, ce seront des sources de revenus en dehors du coeur de métier, mais surtout des nouvelles valeurs ajoutées, des services uniques que le public sera prêt à payer. Des services liés aux nouvelles technologies, à la mobilité, à l’accès, à de nouvelles manières de montrer l’information.


Davantage, ce seront des contributions directes de l’audience au média, une contribution de fondations, des citoyens, voire même de l’Etat par des subventions, comme n’hésitent plus à le dire des responsables aux Etats-Unis, voire à le faire comme au New Hampshire, pour défendre l’Information, bien public consubstantiel de la démocratie.


L’information accessible en mobilité (smart phones, e-book) est à cet égard un des grands espoirs des éditeurs car le paiement y est plus naturel, voire indolore.


Context is King !


Le premier mythe à combattre dans une économie de l’abondance : le contenu est roi ! Non ! Aujourd’hui, plus encore qu’hier, c’est le contexte, l’éditorialisation, la contextualisation, l’intelligence, la valeur ajoutée, la spécialisation, l’explication, les liens, la réduction de la complexité et de « l’infobésité ». Un vrai travail de médiateur, de média pour relier les connaissances et transformer l’information en savoir.


Le prix des news tend vers zéro, mais l’enrichissement et le contexte peuvent encore être payant.


C’est le contexte éditorial (« connect the dots ») qui nous permettra de comprendre le sens de sujets de plus en plus complexes et de résoudre des problèmes. Il n’y pas d’instantanéité dans les informations-clés de nos sociétés, dans les grandes tendances, dans les signaux importants, mais masqués ou dans les angles morts.


C’est le contexte technologique, donc l’accès aux informations, qui sera aussi déterminant. Reuters et Bloomberg l’ont compris depuis longtemps. Apple en est le champion aujourd’hui. Il faudra chercher à profiter des avantages d’interactivité et de personnalisation des nouveaux médias, et des possibilités du web sémantique.

N’est ce pas aussi la pertinence des contenus qui fait défaut aujourd’hui? Et avec elle la preuve de leur valeur ajoutée. L’ubiquité des contenus actuels est-elle réellement réclamée par le public? En d’autres termes, le public ne veut-il pas davantage un meilleur journal que le même contenu sur un lecteur e-book ? Faut-il, pour réussir, tenter absolument de tout faire pour tout le monde? Même sur le web, le succès passe par des niches et des verticaux (politique, environnement, sport …)

La valeur est bien dans la rareté, l’accès, le confort d’usage, le tri, le filtrage, la présentation, la personnalisation, le contexte donné à un contenu, qui ne doit plus être un produit mais un service. C’est accompagner l’audience dans sa consommation d’informations, avec des réponses à ses questions, dans une relation plus partenariale. Les gens sont aussi prêts à payer avec leur temps et leur savoir. Les réseaux sociaux ne sont pas du contenu, mais des plateformes de communication, des supports de contenus.


On le comprend, faute de modèle économique pertinent sur le web, l’orientation générale, qui se dessine et qui ne fait que commencer, nous amène, à court terme, vers des modèles hybrides, combinant gratuit, publicité, services liés à l’engagement de l’audience autour de la marque, services premium, revenus tiers, contenus payants sur mobiles, contributions directes de l’audience, aide publiques.


Quel nouveau journalisme ?


Dans le même temps, les emplois de journalistes disparaissent, dans cette crise économique, trois fois plus vite que les autres. Les coupes claires dans les coûts et les effectifs (bizarre quand même de se séparer des actifs les plus précieux), et les demandes de produire toujours plus en moins de temps, ont dégradé la qualité du journalisme et banalisé les contenus, les rendant encore moins attrayant pour le public. Les secteurs les plus touchés sont l’international, l’enquête, les contenus originaux et exclusifs.

Les rédactions, dépossédées de leur magistère, confrontées à des injonctions paradoxales et aux réactions brutales de leurs audiences changeantes, vivent souvent mal l’essor d’Internet qui, les sortant de leur zone de confort, continue de semer la panique, alimentant chaque jour un peu plus les problèmes culturels, qui freinent les efforts d’adaptation des entreprises.

A tous les niveaux, chacun se bat avec les mêmes questions : comment concilier contenus payants et gratuits ? Comment améliorer les liens entre les services techniques et la rédaction, entre le print et le web ? Quelles stratégies choisir pour les mobiles et les e-book ? Comment engager davantage l’audience en ligne et créer des contenus pertinents ?

C’est “le sauve qui peut”, dit le directeur d’un grand journal parisien. Personne, ou presque, ne veut plus prendre de responsabilités.

Nombreuses sont les interrogations sur la manière dont vont évoluer les métiers du journalisme, qui demeure un mode de représentation du réel (comme la photographie, le cinéma, la littérature, la peinture, la sculpture, voire la philosophie ou la psychanalyse). C’est la rapidité et l’ampleur des changements qui ont touché le secteur dans un laps de temps très court, plus que leur nature, qui inquiète.


Les journalistes devront sans faire moins, mais très certainement, faire mieux. Ils vont aussi devoir abandonner un peu leur stylo pour de nouveaux outils. De plus en plus nombreux sont ceux qui se mettent à la vidéo légère.


Nombreux aussi sont ceux, qui vont travailler pour des fondations, des ONG, ou partent créer leur structure éditoriale sous leur propre marque.


En 2009, les journalistes, qui avaient tendance être de plus en plus déconnectés du public, « se prennent désormais leur audience dans la figure » et ont, en tout cas, commencé à réaliser l’importance d’inter agir avec elle.


Les médias sociaux font partie du quotidien des rédactions et effraient moins. Les journalistes savent que là se trouve une bonne partie de leur audience Internet. C’est là aussi que chaque « grosse histoire » est désormais commentée. Mais ils doivent aussi penser mobiles, Twitter, coopération avec le public, infographie animée et interactive, visualisation de données (transformer des statistiques en savoir) …Le marketing éditorial n’est pas loin.


Et puis, si tout le monde est devenu un média, le bon usage des outils de production et de diffusion peut devenir une matière obligatoire à l’école ! Ce qu’on appelle en anglais la « Media literacy » et où les professionnels ont un rôle à jouer.


Demain : la réalitée augmentée, les capteurs


Le buzz de fin 2009 est bien sûr autour de l’ebook, qui pourrait à terme offrir de belles opportunités. Gardons-nous, dans l’immédiat, d’y placer trop d’espoirs tant que le prix unitaire des liseuses ne baissera pas, tant que leur manipulation ne sera pas plus aisée, voire que la couleur et la vidéo n’apparaissent, et surtout qu’Amazon ou Apple ne desserrent leur étreinte sur les prix imposés. Apple, avec sa future tablette, pourrait mettre tout le monde d’accord, et surtout attirer les jeunes, car les liseuses électroniques ne semblent pour l’instant séduire que les … seniors.


Après le tactile, l’écran flexible pourrait aussi être disponible dans quelques mois. Les éditeurs se mettent petit à petit à faire des expérimentations avec des applications en réalité augmentée, surtout via les mobiles.


A moyen terme, la plus grande révolution sera probablement, « le Web au carré » : 5 ans après le web 2.0, le web commence à rencontrer le monde physique, grâce à une multitude de senseurs et de capteurs, sans intervention humaine explicite (géolocalisation, caméra sur téléphones, proximité, directions, réalité augmentée…) qui mettent en relations des informations de la vie quotidienne et des bases de données. A coup sûr, la multiplication des capteurs va modifier l’interaction de l’homme avec son environnement et aura un impact important sur la collecte d’information.


D’ici 5 ans, les accès « broadband » seront non seulement généralisés, mais aussi bien meilleurs, et les smart phones seront partout. La « killer app » des médias de demain sera comme toujours un grand contenu facile d’accès. Il faudra un peu de temps pour la trouver. Mais les périodes de crise sont les plus propices à la réflexion et à l’expérimentation. Après tout, pendant des années, Gutenberg n’a imprimé que la Bible.


Le papier sera-t-il alors devenu un refuge « rétro chic » pour bobos ?

»Article initialement publié sur AFP Mediawatch


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