OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les 50 millions de Kadhafi dans le Puy-de-Dôme http://owni.fr/2012/04/30/les-50-millions-de-kadhafi-dans-le-puy-de-dome/ http://owni.fr/2012/04/30/les-50-millions-de-kadhafi-dans-le-puy-de-dome/#comments Mon, 30 Apr 2012 17:53:20 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=108503 Mediapart, et accrédité par Ziad Takieddine, accuse Brice Hortefeux d'avoir assisté à une réunion, organisée par les services secrets libyens, destinée à financer la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, à hauteur de 50 millions d'euros. Ce jour-là, Hortefeux était en tout cas à Montpeyroux, petit village situé à 20 minutes de Clermont-Ferrand.]]>

Brice Hortefeux a-t-il assisté, le 6 octobre 2006, à une réunion avec des officiels libyens au sujet du financement, par Kadhafi, de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy, pour un montant d’une valeur de cinquante millions d’euros ? Mediapart l’affirme, s’appuyant sur un document présenté comme issu des archives des services secrets libyens. L’intéressé, lui, “oppose un démenti catégorique et vérifiable“. Nous avons donc reconstitué son emploi du temps lors de ces journées cruciales.

À l’époque, Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, et Brice Hortefeux son ministre délégué aux collectivités locales. Sur son agenda ministériel d’alors, encore consultable sur le site archive.org, on découvre que Brice Hortefeux assistait, le jeudi 5 octobre au matin, à la 15ème édition du Sommet de l’élevage à Cournon, ce que confirme un article du Figaro de l’époque, qui précise que “le bras droit de Nicolas Sarkozy a pu observer la grande forme de Chirac“.

Dans la foulée, Brice Hortefeux filait à Cancale où il présidait, à 14h30, les 10ème Assises des petites villes de France sur le thème “petites villes au coeur de la décentralisation“. Le 5 au soir, il effectuait une “visite éclair” à Saint Brieuc, comme l’atteste également le blog du député (UMP) Marc Le Fur, et la photo de Brice Hortefeux prise ce soir-là, horodatée au 5 octobre 2006 à 19H59.

Visite de Brice Hortefeux à Saint-Brieuc, le 05 octobre 2006

Ce fameux vendredi 6 octobre au matin, jour où Brice Hortefeux aurait assisté à la réunion avec les Libyens, la Correspondance économique annonce que Brice Hortefeux sera l’invité de l’émission “Face aux chrétiens“, diffusée à midi. Renseignement pris auprès du quotidien La Croix, qui garde la trace de toutes ces émissions, c’est en fait Jean-Pierre Raffarin qui, ce jour-là, remplaça le ministre délégué au pied levé : l’émission est généralement enregistrée la veille, ce que Brice Hortefeux ne pouvait donc matériellement pas faire entre ses rendez-vous à Cournon, Cancale et Saint Brieuc.

L’agenda de Brice Hortefeux précise que l’après-midi du 6, il devait remettre à 17h30 la Croix de chevalier de l’Ordre national du mérite à Marcel Astruc, Vice-président de l’Association des maires de France ruraux (AMFR), à Montpeyroux, un village de 358 habitants dans le Puy-de-Dôme, ce qu’atteste également le bulletin d’octobre 2006 de l’AMFR.

Contacté par OWNI, Marcel Astruc se souvient effectivement avoir été décoré par Brice Hortefeux vers 18h, 18h30. Le ministre était reparti vers 20h pour remettre une autre décoration, à Cournon. Le 7 au matin, Brice Hortefeux participait à l’assemblée générale de l’Union des maires et élus de l’Eure, à Evreux, où il prononçait un discours sur les finances locales et l’intercommunalité.

Remise de la médaille du mérite à Marcel Astruc, Montpeyroux, le vendredi 6 octobre 2006

En avion, il faut 3h15 pour aller de Paris à Tripoli, sans compter les temps de trajets vers ou à partir des aéroports. À supposer que Brice Hortefeux n’ait pas eu d’autres rendez-vous dans la matinée du 6, il est donc matériellement possible qu’il ait pu effectuer un aller-retour express entre le 5 et l’après-midi du 6, avant de revenir à Clermont-Ferrand, situé à 20 minutes du village de Montpeyroux. Contacté, le collaborateur de Brice Hortefeux à l’UMP n’a pas été en mesure de répondre à nos questions.

Moussa Koussa, le chef des services de renseignement libyen, a nié avoir signé le document que lui attribue Mediapart, et déclaré que “toutes ces histoires sont falsifiées (et) sans fondement“. Bacher Saleh, le trésorier de Kadhafi qui a depuis trouvé refuge à Paris -tout en étant recherché par Interpol-, a de son côté émis, par l’intermédiaire de Pierre Haïk, son avocat “les plus expresses réserves sur l’authenticité” du document. Interrogé par Mediapart, Ziad Takieddine, lui, semble donner crédit au document, ce qui est d’autant plus étonnant car, dans le même temps, il dément avoir assisté à cette réunion ce jour-là.

Le fichier qui recense ses nombreux voyages, et qu’OWNI a mis en ligne (soit le calendrier complet des déplacements de Takieddine de 2001 à 2008) à l’occasion de la parution du livre “Au pays de Candy” au sujet de l’affaire Amesys, montre que Ziad Takieddine était à Genève, le 6 octobre 2006. En revanche, si cet homme d’affaires libanais était bien à Tripoli avec Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, c’était le 6 octobre 2005… un an, jour pour jour, avant la date mentionnée dans le document.

Ziad Takieddine, qui avait été mis en examen pour faux témoignage en septembre 2011, et qui fustigeait jusqu’alors Mediapart, à l’origine de quelques révélations à son sujet, estime aujourd’hui que le document “reflète un accord signé par Moussa Koussa pour soutenir la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007“, et déclare à Mediapart que “Brice Hortefeux a été effectivement là-bas à cette date ainsi qu’à d’autres dates, ça, c’est sûr“.

Si Brice Hortefeux nie avoir rencontré Moussa Koussa et Bachir Saleh, il a cependant expliqué à Mediapart qu’il avait rencontré Abdallah Senoussi. Ce qui n’est pas sans poser quelques questions : Senoussi, l’autre chef des services de renseignement libyens mentionné dans le document, serait actuellement en Mauritanie, après avoir été condamné à la prison à perpétuité par la justice française pour son implication dans l’attentat du DC-10 d’UTA, le plus grave attentat terroriste qu’ait jamais connu la France (170 morts, dont 54 Français). Senoussi était aussi le contact privilégié de Ziad Takieddine en Libye, et c’est lui qui avait demandé à la société française Amesys de développer un système de surveillance massive de l’Internet…

Nicolas Sarkozy, de son côté, a porté plainte pour “faux (et) publication de fausses nouvelles“. Sur Amesys, en revanche, il n’a jamais réagi.


Portrait graff de Kadhafi par Abode of Chaos [CC-by]; Autres photographies via Marc Le Fur (Saint-Brieuc) et Marcel Astruc (Montpeyroux)

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Les médias en ligne à l’âge de raison http://owni.fr/2011/09/05/pure-players-rentree-mediapart-rue89-atlantico-slate/ http://owni.fr/2011/09/05/pure-players-rentree-mediapart-rue89-atlantico-slate/#comments Mon, 05 Sep 2011 17:00:43 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=78138 2012, scénario catastrophe pour les sites d’information en ligne non adossés à un titre papier, appelés pure players ? Ce n’est pas ce qui se profile à l’orée de la saison médiatique 2011-2012. Et l’arrivée de petits nouveaux – d’une version française du Huffington Post à un site hybride 100% Lagardère – semble confirmer qu’il y a encore de la place pour l’information en ligne.

Pour la présidentielle, les anciens capitalisent sur leurs acquis

Continuité, développement et innovation : tels sont les maîtres mots employés par les acteurs de l’information en ligne pour qualifier la saison qui s’annonce. Saison marquée par trois ou quatre élections présidentielles (France, Etats-Unis, Russie et Chine), comme le souligne Johan Hufnagel, rédacteur en chef de Slate.fr. Pour autant, pas question de modifier en profondeur les équipes et d’innover sauvagement pour couvrir les élections, françaises ou pas, contrairement à ce qui se prépare dans les rédactions dites “traditionnelles”.

En dehors de Rue89, dont la nouvelle maquette sortira courant octobre 2011, pas de grands changements à l’horizon pour l’information sur Internet. Développée par Upian , cette nouvelle mouture respecte “les valeurs de Rue89 tant graphiquement qu’éditorialement, pour en faire un site puissant et statutaire, pensé tant pour les éditeurs et les journalistes que pour les contributeurs” selon Alexandre Brachet, directeur de l’agence. Pascal Riché, rédacteur en chef, n’hésite pas quant à lui à la qualifier de “petite révolution”. Reste que dans le traitement de l’information, Rue89, que Claude Perdriel veut voir comme un laboratoire du Nouvel Observateur suite au rapprochement entre les deux médias, ne va pas modifier ses habitudes en profondeur.

La manne financière du patron du Nouvel Obs était notamment censée permettre le développement d’un pôle “datajournalisme“, aujourd’hui au point mort. La plateforme souhaite néanmoins renforcer sa présence sur les terminaux mobiles, comme nous le confie Laurent Mauriac, directeur général. Une première application Ipad, “Rue89 avec les doigts”, sortie fin mai, avait été proposée gratuitement comme numéro test. La deuxième sera payante et verra le jour d’ici la fin du mois de septembre.

Rue89 développe également une déclinaison Sports, “encore balbutiante”, selon Pascal Riché. Le premier des pure players français (tant en âge qu’en consultations) étoffera peut-être son effectif pour la période électorale, mais compte s’appuyer sur ses fondamentaux :

On va rester très participatif, non pas top-down mais plutôt bottom-up, avec le format “face aux riverains” notamment, et en insistant sur le fact-checking.

Le positionnement plus magazine du petit frère frenchy de Slate.com lui permet de prendre le temps, comme le souligne Johan Hufnagel : “On refuse le buzz, on ne fait pas de papier facile et à charge. On reste sur de l’analyse et du commentaire, contrairement à certains sites communautaires. C’est donc plus long, mais on pense que c’est plus sain.” Malgré une équipe restreinte composée de trois rédacteurs, d’un chef d’édition et d’un rédacteur en chef, l’objectif est de répondre présent pour ces élections.

Le constat est établi par l’ensemble de nos interlocuteurs : pour innover, il faut de l’argent. Et le nerf de la guerre fait défaut, quel que soit le modèle économique.

Slate.fr continue son développement sans accélération incontrôlée. Johan Hufnagel tient à nous préciser que le sombre tableau financier dépeint par le journaliste média de l’Express Emmanuel Paquette ne correspond pas à la réalité.

L’investissement réalisé pour lancer la déclinaison Afrique du site, savamment intitulée Slate Afrique, aurait grevé les comptes. Selon le rédacteur en chef et actionnaire du site : “On est toujours sur nos objectifs, liés à un plan de financement sur 5 ans. L’équilibre doit être atteint en 2012.” Pas d’investissements mirifiques à l’horizon, donc, mais un “travail de fond sur la plateforme. L’idée est de booster le SEO , mais nous n’avons pas prévu de refonte de la maquette, en dehors d’améliorations à la marge de l’ergonomie.”

Mediapart et ses 26 journalistes ne sont pas en reste. Pour François Bonnet, directeur éditorial du site :

Il faut qu’on ait un regard critique sur ce qu’on a fait en tant que journalistes sur les dernières campagnes présidentielles. En 1995 il y a eu la bulle Balladur, en 2002 personne n’a vu la montée du FN et en 2007, on a laissé de côté la question du couple Hollande-Royal. Il ne faut pas une fois de plus reproduire un plantage généralisé pour cette campagne. Pour nous l’enjeu est là : il faut qu’on se batte sur le terrain de l’info. Et ce dans une proposition éditoriale innovante qui est de bousculer la sphère médiatique : la différence en année présidentielle va se faire là-dessus.

Le dernier né des pure players français, Atlantico, pourrait quant à lui bénéficier de son positionnement à droite de l’échiquier politique. Selon Jean-Sébastien Ferjou, directeur de la publication, la présidentielle constitue un “booster naturel d’audience”. L’équipe du site, qui vient de perdre son rédacteur en chef, “travaille à des choses et réfléchit à des formats spéciaux dédiés à la campagne qui seront lancés à la fin du mois”.

Étonnamment, Mediapart et Atlantico sont sur la même ligne. Il ne s’agit pas d’innover à tour de bras, mais plutôt de renforcer pas à pas leur modèle respectif. Jean-Sébastien Ferjou souhaite “aller au-delà du milieu médiatico-politique parisien”, tandis que son confrère François Bonnet nous rappelle que “l’objectif de Mediapart est de casser l’agenda, de ne pas se laisser enfermer dans une bulle médiatico-sondagière”.

En trois ans d’existence, le site fondé par Edwy Plenel a réussi son pari : s’approcher de l’équilibre financier avec un modèle économique centré uniquement sur les abonnements. Les nombreuses révélations des journalistes d’investigation du média ont permis d’engranger de fidèles abonnés. Tant et si bien que le site dégage aujourd’hui 5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour la saison qui s’annonce, il s’agit de “consolider ce modèle et d’améliorer nos procédures”. Ici encore, les développements se feront à la marge, avec une application iPad et quelques projets “en cohérence avec le modèle économique de la structure”. La version anglaise du site, Mediapart English, est de ceux-là.

Lagardère et le Huffington Post débarquent dans l’Hexagone

Le relatif succès de ces médias nés en ligne attise les convoitises. Le groupe Lagardère développe depuis quelques mois un projet qu’il aime à qualifier de “pure player”. Reste que le site, dont le lancement public est prévu pour le mois d’octobre, s’appuiera sur les productions du groupe, qui comprend le JDD, Paris Match et Europe 1. L’équipe, composée de 5 journalistes, dont le rédacteur en chef Nicolas Moscovici, est d’ailleurs hébergée dans les locaux de la radio. A l’origine du projet, Laurent Guimier, tenancier motivé de l’émission “Des clics et des claques”, et Benoît Raphaël, ex-rédacteur en chef du Post.fr, et aujourd’hui consultant pour RevSquare. Selon lui, le site, dont le nom fait encore l’objet de discussions, sera “assez audacieux”, et il se murmure que la maquette fera la part belle au “journalisme de liens”. La positionnement éditorial 100% politique laisse à penser que le groupe Lagardère souhaite se doter d’un outil efficace dans la bataille médiatique de l’élection présidentielle.

Du côté de France Télévisions, on prépare également dans le plus grand secret le lancement de PI – pour Plateforme d’Informations – un site dont la vocation est de fournir la dernière information importante au moment où l’internaute en a besoin. Un objectif ambitieux doté d’un recrutement pléthorique : une quinzaine de personnes, dont beaucoup en provenance du Monde.fr. L’idée est de mettre en avant les contenus de France Télévisions en essayant de s’adapter au mieux aux usages en cours sur le web. Le lancement du site sera d’ailleurs l’occasion de faire la preuve de cette ambition : le site sera d’abord disponible sur mobile, puis sur les réseaux sociaux, et sera mis en ligne dans un troisième temps.

Offre pléthorique

La position particulière de la France, qui dispose d’une offre d’information en ligne pléthorique, a également aiguisé l’appétit de la sculpturale milliardaire américaine Arianna Huffington. Celle qui a construit le succès de son “Huffington Post” outre-Atlantique s’apprête à lancer une version française de son site, vraisemblablement en partenariat avec Le Post.fr, propriété du Monde Interactif (dont Lagardère est actionnaire). L’équipe du Post en avait bien besoin : aujourd’hui réduite au strict minimum, son avenir semblait plutôt compromis. Sa rencontre avec Louis Dreyfus a dû être déterminante. Courtisée par plusieurs patrons de presse, comme Pierre Haski, celle qui a récemment cédé son média au groupe AOL s’était bien entourée pour préparer son débarquement dans l’Hexagone. Sa visite avait en effet été chapeauté par Alain Minc et Bernard-Henri Lévy. L’information selon laquelle Le Post pourrait servir de rampe de lancement au “HuffPo” en France a été sortie par la Correspondance de la Presse et aurait filtrée au cours du dernier conseil de surveillance du groupe.

Plus modestement, de nouveaux projets souhaitent se faire une place dans le monde des pure players. En témoigne le prochain lancement de Quoi.info, un site de questions/réponses animé par une équipe de sept à huit personnes chapeautés par Frédéric Allary, ancien directeur général des Inrockuptibles, et Serge Faubert. Inspiré du site américain Politifacts, le site se propose de rééquilibrer la relation entre lecteurs et journalistes. Faisant la part belle au “factchecking”, l’expérimentation commencera à la mi-octobre, pour bénéficier du regain d’intérêt pour l’information en période d’élection présidentielle.

Gageons que l’ensemble de ces projets élargira les perspectives de la métarédaction du web français, et permettra à ce qu’on qualifie encore parfois avec dédain de journalisme web de gagner ses lettres de noblesse.


Et pour ceux que le développement d’OWNI intéresse, vous pouvez vous reporter à l’édito de maître Dasquié.


Crédits Photos CC FlikR SrgBlog, Bies, Larskflem

Crédits Illustration Une: © paylessimages & © pixbox77 – Fotolia.com

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[ITW] J-M Charon: “Les médias français n’ont pas de culture de recherche et développement” http://owni.fr/2011/05/03/itw-jean-marie-charon-medias-francais-innovation/ http://owni.fr/2011/05/03/itw-jean-marie-charon-medias-francais-innovation/#comments Tue, 03 May 2011 15:30:40 +0000 Céline Sawalski http://owni.fr/?p=60496 Le sociologue des médias Jean-Marie Charon a publié en mars La presse en ligne aux éditions La découverte. L’occasion pour OWNI de faire un état des lieux de l’évolution des sites de médias.

Vous critiquez l’approche trop “homogène” qu’avait Xavier Ternisien, journaliste spécialiste des médias au Monde, des rédactions web. Vous avez publié en mars une enquête sur la presse en ligne, quelles sont vos principales observations ?

Ma première enquête doit dater de 2009. J’en ai discuté avec Xavier Ternisien après son article. Sur le web, la typologie est plus riche en terme de formes éditoriales et de types de journalistes. Il n’y a pas seulement des journalistes de desk  mais aussi des journalistes qui font de l’information multimédia beaucoup plus évoluée et trouvent des nouveaux modes de traitement, comme Ternisien avait pu le décrire. Chez Rue89 et Mediapart, on retrouve aussi des fonctions journalistiques plus traditionnelles et intégrées dans l’univers du web, des enquêteurs, des éditorialistes, des intervieweurs, qui sont issus de la presse traditionnelle.

La presse régionale travaille très différemment. Les journalistes dédiés à de la production imprimée peuvent dans le même temps s’impliquer sur le web. Le journaliste devient un journaliste Shiva qui va sur le terrain et multiplie les compétences. Et enfin, les rédactions pure-players qui ne se sont pas positionnées sur le traitement de l’information chaude et qui ont plutôt recherché des lignes éditoriales complémentaires. Par exemple, Slate se présente comme un magazine et non comme un média d’info d’actualité.

Jean-Marie Charon

Les pure-players se multiplient. Atlantico.fr a été lancé le 28 février. Cette diversité vous semble t-elle viable étant donnée la difficulté des sites à trouver un modèle économique ?

Il faudra répondre au cas par cas. Ces sites ont une identité éditoriale forte et ne trouveront des ressources que s’ils ont un public suffisamment motivé pour participer soit sous forme d’abonnement (comme pour Mediapart), soit sous d’autres formes. Rue89 a travaillé sur le lancement d’une plateforme de don, J’aime l’info. Lorsque ces sites tentent de diversifier leurs activités en développant du service (e-commerce), il y a en face des concurrents très forts. Seule la motivation des lecteurs pour se rendre sur ces sites d’info participera de leur projet éditorial. Il faut qu’il y ait une motivation supplémentaire, c’est là que ça va se jouer.

On va voir apparaître des modèles moins présents dans la presse généraliste, avec des activités un peu hybrides.

Les rédactions se diversifient et développent des nouvelles activités: formation, organisation d’événements. C’est une pratique qui se fait beaucoup en presse professionnelle et technique où les chiffres d’affaires sont issus à 20, 30% d’activités annexes (salons, séminaires). C’est ce qu’indique le modèle développé par Rue89.

Pourquoi y a t-il autant de pure-players en France, ce qui n’est pas le cas du reste de l’Europe ?

Les sites d’actualité rattachés à des médias traditionnels ont été moins créatifs que des sites comme le Guardian ou le New York Times. Le Figaro.fr et Le Monde.fr ont des contenus qui se ressemblent et qui ne donnent pas l’image d’une recherche permanente d’innovation. Du coup, cela n’a-t-il pas créé des espaces de recherches d’innovation qui ont été couverts par des pure-players ? Autre facteur, la France a connu une énorme crise de l’emploi dans les médias, et en particulier dans la presse quotidienne. Des journalistes compétents, actifs, qui ont quitté leurs rédactions, ont tenté quelque chose.

Contrairement aux pays anglo-saxons où l’on débarque des dizaines de journalistes qui partent avec rien, en France, quelle que soit l’ancienneté, il est possible de partir avec des indemnités. Il va y avoir au Monde des nouvelles clauses de cession, je suis sûr que l’on va retrouver quelques-uns des journalistes dans les « pure-players », s’ils n’en créent pas eux-mêmes. Que ce soit Slate, Rue89, Mediapart ou Arrêt sur Images, dans les quatre cas ce sont des animateurs de projets issus de la presse écrite. Grâce à cette possibilité de partir avec beaucoup d’argent, certains se sont dit: profitons-en et créons des médias sur de nouveaux supports, c’est beaucoup moins cher.
Aussi, la presse magazine a montré qu’il était encore possible de créer des médias. Avec de petites équipes, des idées et quelques fonds, on peut encore lancer des projets. Ce n’est certainement pas un modèle évident en Allemagne ou en Grande-Bretagne, où la création de médias appelle des capitaux importants et des structures lourdes.

Deux pure-players ont échoué à l’étranger, même s’ils avaient des journalistes qualifiés, parce qu’ils n’avaient pas la possibilité de mettre des fonds personnels. Ils dépendaient uniquement de fonds d’investissement, et quand ceux-ci ont eu l’impression que l’info n’était peut-être pas ce qu’il y a de plus rentable sur le web, ils ont laissé tombé. Ça a été le cas pour soitu.es en Espagne et Netzeitung.de en Allemagne.

Le site espagnol Soitu.es n'est pas parvenu à s'imposer comme un pure-player.

Pourquoi les sites d’info adossés à des médias n’ont-ils pas pris le même chemin que leurs équivalents anglo-saxons ?

Cela doit beaucoup au problème de faiblesse structurelle de la presse française. Elle n’a pas les moyens financiers pour des développements de cette envergure. Il n’y a pas de culture de recherche et développement, les médias français ne sont pas assez habitués à travailler sur des maquettes, sur des pilotes, dans des laboratoires. C’est Nicolas Voisin qui dit que OWNI sert de laboratoire pour la profession.

On aurait tout à fait pu imaginer qu’un groupe comme Lagardère ou Le Monde Interactif crée un vrai laboratoire. Le Monde Interactif a essayé, avec Le Post.fr, mais ça a tourné court. Cela n’a pas été maîtrisé, ils ont été incapables de l’assumer et d’en faire quelque chose. Bruno Patino avait essayé de faire passer ses idées dans une période où il y avait certainement un problème de management.

Nous sommes à un moment charnière dans l’établissement des modèles économiques, les sites diversifient beaucoup leurs activités. Quel avenir voyez-vous pour ces modèles hyper-diversifiés ?

La particularité du web, c’est que c’est un média plus flexible et maniable. Je pense qu’on peut avoir une approche de niche. On va voir cohabiter des projets avec des médias financés par des sociétés de services, comme c’est le cas pour OWNI, des projets éditoriaux soutenus par des activités annexes ou par l’abonnement (Mediapart), mais cela ne nous dira rien de la capacité à équilibrer Le Monde.fr ou Le Figaro.fr. La répartition des ressources n’est pas encore connue entre les éditeurs et ceux qui sont les intermédiaires entre l’info et les lecteurs: les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les fournisseurs d’accès à Internet.

Jusqu’à présent tous ces acteurs considèrent qu’ils font leur business dans leur coin et que, bien sûr, c’est mieux d’avoir des fournisseurs de contenu qui attirent les internautes. Mais ce n’est pas leur problème. Cette situation n’est pas éternelle, CNN se dit que sur le web ils ne gagneront jamais d’argent. Si des médias aussi importants que CNN ou le New York Times ne trouvent pas de modèle économique, par l’abonnement ou d’autres moyens, les portails ne pourront pas laisser ces entreprises s’effondrer et perdre en qualité et en fréquence de contenu.

Petit à petit on va certainement voir une division de la relation entre ceux qui ont accès aux publics et ceux qui fournissent le contenu.

Cette question se pose avec l’iPad, entre un fournisseur de matériel et les éditeurs de contenus. D’emblée, avec la répartition 70/30%, l’opérateur abandonne la vision de Google et des FAI. Ces derniers obtiennent des revenus publicitaires et plombent le modèle économique du fournisseur de contenus. On peut imaginer que certains FAI ou Google envisagent un partage des revenus. Cela reste hypothétique.
La presse en ligne perd l’accès direct à son lecteur et dépend de plus en plus des intermédiaires. Il y a les moteurs de recherche, les fournisseurs d’accès, les agrégateurs et maintenant les réseaux sociaux. 50% du trafic de Rue89 vient par exemple de Google ou des recommandations via les réseaux sociaux, 70% arrivent via les agrégateurs chez L’Express.fr. Il y a une perte de cet atout : pouvoir identifier ceux qui viennent chez vous, qui ils sont. Des infos que collectent les fabricants de matériels, les agrégateurs. Cela engendre une perte d’une partie de la recette publicitaire. Si un site comme Rue89 reste en déséquilibre à la fin de l’année, cela deviendra inquiétant.

Les sites qui utilisent un mur payant, tel que celui que vient de lancer le New York Times s’en sortent-ils mieux que les autres ?

Le quotidien anglais Times, qui est passé au tout payant, a perdu 90% de son audience. Eux disent qu’en perdant ce lectorat, mais en gagnant de nouvelles recettes, ils ont atteint un meilleur équilibre qu’avec le modèle précédent. Il y a une contradiction que posent les sites payants, et que posaient moins les sites gratuits: vous ne pouvez pas rendre un site payant sans apporter un contenu à valeur ajoutée. Le Monde.fr ou le New York Times sont confrontés à ce problème: le modèle du papier c’est de ne fournir que de l’information à valeur ajoutée. Faire du contenu à peu près similaire sur le web et espérer que vous allez faire décoller le quotidien est paradoxal.

Il y a un an tout le monde croyait au micro-paiement. Aujourd’hui ce n’est qu’une feuille de plus sur un mille-feuille.

Alors que les modes de ressources des médias traditionnels étaient simples : la publicité, les recettes des ventes; aujourd’hui on va rentrer dans des systèmes où l’on va cumuler des feuilles les unes sur les autres. Certains lecteurs sont très sensibles à des sites qui renvoient vers des sites de e-commerce et perdent confiance en un site d’information. Les régies publicitaires qui s’occupent de sites d’info le disent : le display (les pubs sur le site) ce n’est pas intéressant, tout le monde en fait on ne progressera plus. Les autres moyens sont le financement aux clics et il y a le “sur-mesure” qui consiste, pour une marque, à proposer à un site d’info de faire une Une autour de sa marque. Si un site faisait ça, il perdrait complètement sa crédibilité en terme d’information.

Les initiatives de financement par les dons, le mécénat, sont nombreuses (Propublica, J’aimelinfo.fr, Glifpix). Pensez-vous que c’est un développement nécessaire ?

Le site Glifpix dont on a entendu parler au moment des Assises du journalisme à Strasbourg, propose ce service. Mais la plupart des projets d’articles ou de sites ne sont même pas financés au dixième, ça a l’air d’être un fiasco complet. Pour que ça ait du succès, il faut beaucoup en parler et avoir une communauté qui est motivée par l’info sur le web et sensible à ce média. Ce que je crains pour Jaimelinfo.fr, c’est que l’on n’ait pas du tout dans cette posture en France. Aux États-Unis, les financements par les fondations sont traditionnels pour de nombreux secteurs : les hôpitaux, les universités, les institutions. En France, cela reste cantonné aux ONG. Ça ne prendra pas l’ampleur que cela peut avoir aux États-Unis.

Il y a eu des fonds créés via un système de mécénat qui donne des avantages fiscaux si vous investissez dans des sociétés de financement pour la presse écrite. Cela ne mobilise pas beaucoup d’argent. Le SPEL [NDLR: fonds d’aide au développement des services de presse en ligne] ce ne sont pas des fonds pour équilibrer mais pour réaliser des investissements sur des projets. Mais si vous n’arrivez pas à développer des projets, il ne faudrait pas en arriver à la situation de la presse écrite qui est presque complètement dépendante des aides de l’État. 

L’élection présidentielle approche. On a vu cette année des affaires comme l’affaire Woerth, sorties d’abord sur le web. Pourquoi la classe politique a-t-elle été aussi virulente envers les sites d’infos ?

La classe politique est déphasée par rapport à une partie de la société. Quelques politiques s’y sont un peu mis, mais la classe politique reste vieille et a moins de familiarité avec ce média.

La pratique courante du cumul de mandats donne des emplois du temps assez encombrés. Et le web est un média chronophage. Si vous voulez suivre les réseaux sociaux, les sites d’info, comprendre comment fonctionne la logique éditoriale de Slate, Mediapart, Rue89, où les papiers sont plus longs et complexes, il faut du temps. Les politiques n’ont ni le temps, ni le goût, ni la compréhension, ils ne connaissent ce média qu’indirectement, par des tiers.

En plus, ces médias sont de plus en plus foisonnants, avec des formes plus anciennes du journalisme : l’investigation, l’édito, la satire, des formats beaucoup plus irrévérencieux. D’emblée il y a une très grande dégradation de l’image des journalistes. J’ai travaillé dans des cabinets ministériels et animé des réunions et de séminaires au Service d’Information du Gouvernement. C’est là que l’on entendait, à propos du web, les termes d’ “information poubelle”, d’”information caniveau”. Et personne ne s’est levé pour protester.

Photos Flickr CC-BY-NC-ND par matteopenzo et CC-BY-ND par kozumel.

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Atlantico, vraie face du modèle économique du web http://owni.fr/2011/03/08/atlantico-vraie-face-du-modele-economique-du-web/ http://owni.fr/2011/03/08/atlantico-vraie-face-du-modele-economique-du-web/#comments Tue, 08 Mar 2011 18:55:29 +0000 Vincent Glad http://owni.fr/?p=50440 Lancé lundi dernier, Atlantico.fr a bénéficié d’un bruit médiatique à la Benjamin Lancar. Tout le monde ou presque dans la sphère web a critiqué ce nouveau pure-player classé à droite mais l’équipe a encaissé sereinement les coups, sachant que tout bad buzz est avant tout un buzz: «Et voilà, #Atlantico est déjà dans les trending topics. Merci à tous ! (oui, à vous aussi, les haters)», écrivait le site sur son Twitter le jour du lancement.

Le débat autour d’Atlantico s’est polarisé autour de son ancrage à droite. «Atlantico, cap à tribord», titrait Owni, «Atlantico, le pure-player ni de gauche», titrait Libé tandis que Laurent Mauduit de Mediapart oubliait les politesses d’usage entre confrères en publiant une chronique tonitruante «Atlantico, la droite rance». De son côté, 20minutes.fr soulignait l’absence d’innovation du pure-player qui ne se distinguerait que par son positionnement politique: «Rien de révolutionnaire pourtant puisque des sites comme Slate, Owni et LePost mêlent justement production et agrégation. Atlantico n’a donc rien du chaînon manquant au paysage digital français mais son originalité réside ailleurs. Dans son positionnement libéral précisément.»

J’ai moi-même cédé à la tentation d’y voir simplement un Slate de droite, en publiant sur Twitter cette petite cartographie des pure-players.

Mais Atlantico n’est pas un Slate de droite, c’est à dire un site d’information magazine, plus centré sur l’analyse et le commentaires que sur la recherche de scoop. Après une semaine d’existence, Atlantico apparaît plutôt comme un Huffington Post français —voire un Morandini haut de gamme— c’est à dire une publication tendue vers l’audience à bas coûts, le libéralisme appliqué au journalisme web. Ce qui est une petite révolution dans la sphère des pure-players.

Atlantico s’est donné pour objectif d’atteindre les 600.000 visiteurs uniques d’ici un an, ce qui paraît tout à fait jouable. Quatre types de contenu devraient particulièrement cartonner en audience et ce, pour des coûts de production très faibles: les «exclusifs», les «pépites», «Atlantico light» et les chroniques polémiques.

Les «exclusifs»

En une semaine d’existence, Atlantico a multiplié les articles pastillés «exclusif»: Sarkozy aurait tenté d’attirer Jospin dans ses filets, les enfants de Hollande et Royal ont posé un ultimatum à leurs parents, les squatteurs de “Jeudi Noir” n’étaient pas des mal-logés et les éditeurs parisiens perquisitionnés par la Commission Européenne. Ces articles ont la particularité de n’être pas signés.

En ce qui concerne les deux premiers scoops politiques —dont le premier est au conditionnel— il s’agit d’une version web des indiscrets des magazines d’information comme L’Express ou Le Point, une pratique qu’évitent d’ordinaire les pure-players. La source n’est pas citée et on ne sait pas très bien si l’info a été recoupée. «[Ça me rassurerait] que la presse web ne reproduise pas le pire de la presse mag avec des “confis” non sourcés et survendus…», écrit le journaliste du Monde.fr Samuel Laurent à l’occasion d’un tweet-clash avec Jean-Baptiste Giraud, le réd chef d’Atlantico.

Cette valorisation de l’«exclusif» rappelle Morandini qui applique ce label à des informations dont l’importance n’est pas toujours capitale, et qu’on a parfois déjà vu ailleurs. L’«exclusif» sur la perquisition chez les éditeurs parisiens était d’ailleurs sorti quelques minutes plus tôt sur 01net, comme l’a relevé le journaliste David Doucet sur Twitter.

Il faut espérer qu’Atlantico n’aille pas aussi loin que lesindiscrets.com, le site lancé par un un ex-associé de Morandini et depuis racheté par Omar Harfouch, qui a sorti une longue série de scoops non sourcés et non signés au parfum de soufre, notamment un article “révélant” un scandale sexuel scabreux chez les Jeunes Populaires et plusieurs scuds contre Valérie Pécresse.

Malgré très peu de reprises média pour l’instant, à part sur des sites de buzz, ces articles ont l’air de bien marcher, en tête des stats affichées en Une d’Atlantico vendredi soir.

Les «pépites»

Pour sa rubrique «pépites», Atlantico s’est directement inspiré du Daily Beast, un des exemples les plus connus de journalisme de liens. Comparatif entre le Daily Beast à gauche et Atlantico à droite.

Ces «pépites» sont ambigües. Car derrière la bienveillante volonté de #partage des meilleurs liens avec son lectorat, la vocation de «facilitateur d’accès à l’information», les «pépites» sont surtout un piège à clics. Le seul vrai journalisme de liens est celui pratiqué par le Drudge Report, où les liens renvoient directement vers les sites producteurs de l’information. Le modèle du Daily Beast et d’Atlantico (que pratique aussi Slate) est en fait un braconnage d’audience: les liens renvoient vers un article maison qui résume à grand traits l’article d’origine. Le média producteur de l’information n’obtient que des clics marginaux et se voit concurrencé directement sur Google News (et donc dans les premiers résultats de Google) par des articles reprenant son contenu.

Ce format d’articles permet aussi à Atlantico d’être présent sur l’actu très chaude, en publiant parfois des articles de trois lignes paraphrasant un urgent AFP publié sur un autre média. Comme le veut l’usage sur Internet, le «trouveur» est bien cité mais on est bien loin de la philosophie du journalisme de liens.

(Article supprimé depuis, retrouvé dans le cache Google)

Atlantico Light

C’est l’héritage direct du Huffington Post. Le pure-player américain ne s’embarrasse pas de scrupules et finance ses articles sérieux par des infos people et des portfolios de filles à poil. Le blogueur Cédric Motte avait montré avec quelques stats que le succès du site d’Ariana Huffington «c’est le sexe, pas (que) l’information». Pour profiter de cette manne d’audience, Atlantico a lancé une rubrique «light» qui regroupe des sujets lifestyle à la Slate et des infos people.

Pour produire de l’actu people avec une équipe restreinte (une dizaine de journalistes), le modèle est le même que pour les «pépites», la reprise d’articles des médias français et surtout anglophones. Le problème de l’actu people est qu’elle nécessite de gros budgets photos, qu’Atlantico n’a pour l’instant pas l’air d’avoir. Ainsi, un article sur «la tenue très dénudée» de Madonna lors d’une after-party des Oscars est illustrée par une capture d’écran du site du Daily Mail, permettant de montrer les photos de Madonna à un coût zéro.

Les chroniques polémiques

C’est la liste des chroniqueurs d’Atlantico qui a fait le plus parler d’elle, avec notamment Gérard de Villiers, ancien de Rivarol et auteur de la série S.A.S., Chantal Delsol, historienne qui a consacré sa carrière à liquider l’héritage de mai 68 ou Gaspard Koenig, ancienne plume de Christine Lagarde et auteur du livre Les Discrètes Vertus de la corruption. Avec de telles signatures, il y aura forcément de la polémique et une manne d’audience assurée. Pour l’instant, pas encore de saillie retentissante, à part une chronique du souverainiste Paul-Marie Couteaux, DSK: Jacob a visé juste, où il taxe Dominique Strauss-Kahn de «candidat hors sol».

Le journalisme web sans ses gourous

La vraie différence d’Atlantico par rapport à ses concurrents pure-players vient du profil de ses journalistes. Les patrons du site, comme les petites mains, viennent tous de la télévision et de la radio, et non pas de la presse écrite et du web comme chez Rue89, Slate ou Médiapart.

Leur discours face à l’audience est ainsi beaucoup plus décomplexé: lors de la conférence de presse de présentation, les fondateurs ont insisté sur le fait qu’il fallait écrire court car «le temps de cerveau disponible» des internautes est très faible. Une référence à Patrick Le Lay que n’oseraient jamais Edwy Plenel ou Pierre Haski venus sur le web pour faire de l’info de meilleure qualité que sur le papier. En construisant un média qui ne cherche pas à prouver par son contenu que l’Internet peut faire mieux que les autres médias, Atlantico fait du journalisme web dépoussiéré de ses gourous et montre la vraie face du modèle économique financé par la publicité.

Et si j’étais de mauvaise foi, je rajouterais qu’être de droite, c’est aussi un moyen d’être plus pub-friendly que Rue89.

à noter, Vincent Glad est journaliste-pigiste à Slate

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[MAJ] Mediapart, 20 Minutes, WikiLeaks et les conditions de la fuite http://owni.fr/2011/02/09/mediapart-20-minutes-wikileaks-et-les-conditions-de-la-fuite/ http://owni.fr/2011/02/09/mediapart-20-minutes-wikileaks-et-les-conditions-de-la-fuite/#comments Wed, 09 Feb 2011 09:00:50 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=45808

Màj du 9 février, 17h: Au moment de la sélection, Mediapart était en ballotage avec Rue89, ce que confirme Pierre Haski, son cofondateur.

MàJ du 9 février, 16h: Selon une source proche de WikiLeaks, plusieurs dizaines de médias ont été sélectionnés – a priori un par pays – pour cette nouvelle salve de mémos. “Un journaliste péruvien vient par exemple de passer récupérer un module chiffré”, explique-t-elle. Par ailleurs, la même source signale que l’organisation n’a “pas de problème” avec l’existence d’un circuit parallèle, “tant que les journaux impliqués font le nécessaire pour rayer les informations dangereuses”.

Pour la première fois depuis la fin du mois de novembre, et le début de la publication des mémos diplomatiques, WikiLeaks s’est officiellement ouvert à un deuxième pool de médias. Le Guardian, Der Spiegel, El Pais, Le Monde et le New York Times n’ont donc plus le monopole des documents (même si dans le cas du dernier cité, les télégrammes ont été obtenus par ricochet). En effet, comme l’a annoncé lundi soir Edwy Plenel sur TV5 Monde:

Nous allons devenir un des nouveaux partenaires français de Wikileaks avec l’exploitation prochaine de documents.

Le week-end du 29 janvier, le fondateur de Mediapart et son directeur éditorial François Bonnet ont battu la campagne du Suffolk, pour aller rencontrer Julian Assange dans le manoir de Vaughan Smith, le mécène qui l’héberge depuis son arrestation et son assignation à résidence à la mi-décembre. Après quelques semaines de tractations (dont François Bonnet réserve la primeur aux lecteurs de Mediapart) favorisées par un tiers, Mediapart s’annonce donc comme le pendant tricolore de la fameuse “deuxième phase” évoquée en interne par l’organisation dès le début du grand déballage, et sortie du tiroir à la fin du mois de janvier. De source interne, le site a d’ores et déjà les documents en sa possession, alors même que le formulaire de contact promis par Sunshine Press – la représentation légale de WikiLeaks – n’a jamais pu être opérationnel, assommé par le nombre de requêtes.

Interrogé par Associated Press il y a quelques jours, Assange avait de nouveau évoqué son credo, “maximiser l”impact”, et énoncé les conditions de cette nouvelle collaboration, qui devrait rassembler pas moins de 60 titres (à la fin janvier, on en recensait 12, parmi lesquels deux médias australiens, des brésiliens, des britanniques, des japonais, ainsi qu’une radio danoise):

[Il] précise que les nouveaux médias recrutés doivent souscrire aux mêmes règles que celles définies au départ avec le New York Times et les autres. Les journaux sont priés de retirer les noms de personnes qui pourrait être inquiétées par la publication des mémos, les informations susceptibles de menacer des vies, puis de soumettre les versions expurgées à WikiLeaks. Enfin, [l’organisation] s’assure de publier les documents bruts aux même moment que les articles de la presse.

Pourtant, dans un chat vidéo avec des sympathisants le 6 février, le leader de WikiLeaks a livré un point de vue sensiblement différent, s’inquiétant des risques d’une transmission directe d’informations aux rédactions:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Si seulement les groupes de presse prêtaient attention à ce qu’ils font. Mais selon notre propre expérience, le Guardian et le New York Times ne se préoccupent pas de la protection des sources. En fait, pour le Cablegate, ces deux journaux ont communiqué par téléphone. Ils ont échangé des mémos par email. Le New York Times a contacté la Maison Blanche en amont de la publication de ses articles, et a fait campagne contre Bradley Manning, la source présumée de la fuite. Nous n’avons même aucune certitude qu’ils publient les informations qu’ils reçoivent. Le New York Times a escamoté une histoire sur la surveillance de la NSA, et CBS a fait l’impasse sur les tortures d’Abu Ghraib.

“Biffer, c’est préempter”

Dans ces conditions pour le moins floues, quel est l’intérêt pour Mediapart d’avoir accès à des documents qui ont déjà circulé entre les mains de plusieurs centaines de journalistes? Les esprits taquins commenceront par remarquer que les articles finiront derrière un paywall. Comme l’explique Vincent Truffy, journaliste pour le site, “il y a peu de chances qu’on trouve dans ces mémos des révélations fracassantes”, sans préciser à quelle échéance les premiers articles seront publiés. Pour l’heure, les équipes de Plenel souhaiteraient concentrer le tir sur le Proche-Orient, l’Afrique et bien sûr, la France. Les télégrammes laissés de côté par Le Monde ou une des autres rédactions de la première heure ont par exemple été réclamés.

En décidant d’ouvrir les vannes, WikiLeaks vient pourtant de changer sensiblement la donne. “Dans l’esprit de beaucoup de journalistes, biffer, c’est préempter”, précise Vincent Truffy, c’est à dire que la rédaction qui décide de mettre de côté une information confidentielle s’arroge de facto la priorité pour l’exploiter. Entre Noël et le Nouvel An, Le Monde avait du justifier une omission volontaire, celle d’un mémo qui évoquait les complaisances économiques entre le Gabon de feu Omar Bongo et la classe politique française, en particulier Chirac et Sarkozy (qui avait fini par émerger du côté d’El Pais).

Joint au téléphone par Owni, Rémy Ourdan, qui coordonne le dossier pour le quotidien du soir, avait tenu à rappeler “l’absence de source authentifée”, qui le rendait “impubliable en l’état”. En aparté, certains soutiennent que Le Monde était surtout gêné aux entournures par la démarche de WikiLeaks, préférant garder une bonne portion de mémos pour une publication ultérieure, dans le cadre d’enquêtes fouillées, qui ne seraient plus estampillées WikiLeaks. Avec l’arrivée de nouveaux acteurs, voilà le cycle accéléré, sinon brisé.

La filière norvégienne

Désormais, faut-il conclure que l’embargo a été rompu par la dissémination des documents, ou qu’il a seulement été élargi dans des conditions analogues (ce que prétend Assange)? C’est à ce moment précis qu’il convient de mentionner l’apparition de 20 Minutes dans la boucle française. Propriété du groupe Schibsted, le quotidien gratuit a pu consulter les documents par le biais du journal norvégien Aftenposten, qui appartient au même groupe de presse. A ce jour, on ne sait toujours pas comment les scandinaves ont récupéré les 251.287 mémos, une information que Ole Erik Almlid, le rédacteur en chef, refuse systématiquement de commenter. Interrogé par Slate fin décembre, il restait évasif:

Il nous est impossible de commenter la manière dont nous avons eu accès aux documents. Nous ne donnons jamais nos sources, même dans ce cas de figure.

Dans ce circuit parallèle de la fuite, 20 Minutes n’est pas le premier à croquer la pomme: Die Welt en Allemagne, Svenska Dagbladet en Suède, Politiken au Danemark et Die Standaard en Belgique ont déjà profité de ce deuxième lot. Gilles Wallon, le journaliste de 20 Minutes qui s’est rendu à Oslo début janvier, nous apprend que Schibsted a également proposé les mémos à une dizaine de ses titres, parmi lesquels les exemples précités la version espagnole de 20 Minutes. Wallon en profite pour revenir sur les conditions d’obtention des documents:

Une fois dans leurs locaux, on m’a prêté un ordinateur, sur lequel l’intégralité des mémos était stockée sur un système intranet. Comme l’Aftenposten avait imposé une consultation sur place, j’ai du sélectionner les mémos qui nous intéressaient, les copier dans un document Word, puis les transférer sur une clé USB que nous avons chiffré par la suite. Les Norvégiens avaient même préparé une sorte de guide de publication, avec des règles très claires sur l’utilisation des documents.

Sur son site, 20 Minutes invoque le “droit à l’information pour ses trois millions de lecteurs”, mais que doit-on attendre d’une publication dont l’analyse de documents confidentiels relatifs à la diplomatie ne constitue pas vraiment le coeur de métier? “J’ai surtout privilégié des informations relatives à la politique économique”, explique Gilles Wallon en mentionnant “Dassault et d’autres entreprises du CAC40”. En tout, le journaliste a récupéré environ 250 documents, et il annonce qu’une partie de ceux-ci sera publié au rythme “d’un par semaine pendant quelques semaines”, sans garantie que la majorité d’entre eux soit exploitable. “Nous pensions commencer par un article sur la façon dont Sarkozy voit le monde arabe, mais nous n’avions pas assez de matière”, soupire-t-il. Si, d’après un sondage TNS-Sofres, 24% de Français seulement s’intéressent à WikiLeaks, l’effet de loupe joue à plein: tous les médias veulent y toucher.

Retrouvez l’ensemble de notre travail éditorial et technologique sur WikiLeaks à cette adresse: http://wikileaks.owni.fr

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Crédits photo: Flickr CC Poster Boy NYC, alex-s

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Information: non aux ghettos culturels de riches ! http://owni.fr/2010/09/27/information-non-aux-ghettos-culturels-de-riches/ http://owni.fr/2010/09/27/information-non-aux-ghettos-culturels-de-riches/#comments Mon, 27 Sep 2010 06:30:20 +0000 Cyrille Frank http://owni.fr/?p=29600

Edwy Plenel se félicite du succès récent de Médiapart, consécutif aux révélations de l’affaire Woerth. Le site payant d’information a recruté plus de 5.000 nouveaux abonnés en quelques semaines, se rapprochant très vite du seuil de rentabilité. Belle victoire de la démocratie ? Oui et non…

Dans une interview donnée à FrenchWeb, Edwy Plenel revient sur l’origine de son choix de business fondé entièrement sur l’abonnement. Il arbore le sourire et la bonne humeur de celui qui a eu raison contre tous (“nous étions les seuls au monde”) en défendant un modèle de presse en ligne payant.

Au cours de l’interview, il s’exprime longuement sur ses “amis de Rue89” (à 9:18 mn dans la vidéo), qu’il amoche pourtant assez sérieusement sur le fond.

“Qu’est-ce qui fait la rentabilité de TF1, de RTL et Europe 1, c’est pas l’information, c’est le divertissement. Il peut y avoir de très bonnes rédactions, mais la rentabilité elle est venue de quoi ? La pub, c’est les Grosses Têtes, la pub, c’est la télé-réalité, la pub c’est la Star Academy, c’est pas l’info qui amène la pub.

Donc mon doute sur le pari de mes amis de Rue89, c’est que si ils veulent gagner leur pari qui est une logique d’audience, avec des recettes publicitaires fortes, cela aura une incidence sur leurs pratiques journalistiques. Il faudra qu’ils fassent des papiers plus people, plus superficiels, plus accrocheurs, plus de buzz. Nous on fait des papiers raides, longs, durables, forts, lourds. On ne fait pas que Karachi ou Béttencourt.”

Ce passage est tout à fait éclairant de la philosophie profonde d’Edwy Plenel sur l’information, mais sur la culture et l’éducation en général. Il se situe assez loin de ma manière de concevoir non seulement mon métier de journaliste, mais aussi mon devoir de citoyen.

Plenel a les mains propres mais il n’a pas de mains

J’ai envie de paraphraser Charles Péguy critiquant le rigorisme de l’impératif kantien pour émettre quelques objections au propos du grand Edwy Plenel. Je dis cela sans ironie, j’ai beaucoup d’admiration personnelle pour le journaliste, pour sa rigueur intellectuelle, ses qualités professionnelles, son engagement et son courage.

Péguy critiquait la raideur de Kant qui prétendait qu’un bon citoyen devait obéir coûte que coûte à la loi morale et notamment au principe supérieur de vérité. Ainsi, quand bien même un mensonge pourrait sauver un innocent, il faudrait s’en abstenir pour rester conforme à ce principe supérieur de vérité. D’où l’absence de mains de celui qui abandonne le malheureux à son sort. Discussion philosophique abstraite qui prendra une autre résonance avec la Seconde Guerre mondiale…

Quel rapport avec Plenel ? Ce même rigorisme par rapport au principe de vérité, dans le devoir d’information. Ce respect sacré des faits, du vrai au détriment du reste. Il y a du Kant chez Plenel : une construction mentale impeccable, un véritable système de pensée cohérent et implacable. Et en même temps un certain manque d’humanité, ou en tout cas de psychologie.

Les hommes sont pluriels, la presse aussi

Pour Edwy Plenel, qui est représentatif d’une certaine vision de l’information, le seul rôle de la presse semble être celui d’informer. Je conteste ce point de vue non seulement aujourd’hui mais aussi dans son rapport à l’Histoire que je n’ai pas enseignée mais étudiée avec un grand spécialiste.

Informer, divertir, servir, relier… voilà les quatre principaux besoins auxquels répond la presse depuis l’origine.

Informer avant tout bien sûr, former les opinions éclairées du citoyen votant, cœur de la légitimité démocratique de la presse. Mais s’arrêter à cela, c’est passer à côté de la psychologie humaine.

Le divertissement a toujours été un des motifs forts de lecture et d’achat de la presse. Depuis la relation des événements de la Cour au peuple via la Gazette de Théophraste Renaudot au 17e siècle qui l’amusait beaucoup, jusqu’aux faits divers sanglants qui ont fait le succès de La Presse d’Emile Girardin au 19es. En passant par les mots croisés, rébus, cartoons et autre friandises divertissantes du Monde.

D’ailleurs ce distinguo entre information et divertissement est très délicat. Quand finit l’information et quand commence le divertissement ? On le voit bien aujourd’hui avec une scénarisation de plus en plus forte de l’information politique qui tend à rapprocher la première du second, alors même que la thématique reste “noble”. Raphaëlle Bacqué, avec tout le talent d’écriture qui est le sien en est l’une des plus éminentes représentantes. Qui décide de l’information noble et sur quels critères ? On le sent en filigrane chez Edwy, le seul critère qui vaille est cette capacité à éclairer le choix politique, j’y reviendrai plus loin.

Rendre service : ce sont les informations pratiques, les heures d’ouverture de la crèche, les adresses des services publics, les informations concernant les travaux sur la rocade… Bref, ce qui constitue l’un des plus forts ciment de la presse régionale vis-à-vis de ses lecteurs.

Le lien social, c’est ce prétexte à discussion, cette occasion de débattre, échanger des idées, rencontrer l’altérité dans l’échange et la confrontation d’informations lues dans le canard. Les infos sont en ce sens une sorte de carburant social de premier ordre, remplacé depuis longtemps par la télévision, elle-même concurrencée aujourd’hui par Internet. D’ailleurs Edwy a pour le coup bien intégré cette dimension via sa plateforme communautaire de blogs de Mediapart.

La rentabilité des journaux n’est jamais venue de l’info

Ma conviction est que l’information citoyenne n’ a jamais justifié à elle seule ni la lecture, ni a fortiori l’achat d’un journal. C’est ce “mix produit” des quatre critères évoqués ci-dessus, comme on dit chez les marketeux, qui l’expliquait et l’explique toujours.

Il y a chez Edwy Plenel un biais égocentré dans sa conception de l’information et la culture. Il projette sur la majorité ses propres goûts, alors qu’elle ne représente qu’une conception élitiste. En réussissant à atteindre ses 60.000 abonnés, ce que je lui souhaite, Edwy aura réussi l’incroyable pari, encore plus impressionnant sous cet angle, d’attirer à lui lune bonne partie des élites intellectuelles de France. Je ne parle pas des cadres supérieurs ou chefs d’entreprise, mais plutôt des clercs : professeurs, universitaires, chercheurs, artistes, écrivains… la société de l’intelligence qui représente finalement pas mal de monde dans la mesure où elle englobe l’Éducation nationale, mais n’est qu’une portion minoritaire des Français.

La téléréalité pour la « masse bêlante »

Voilà la grande peur que j’ai avec Mediapart et autre Arrêt sur images : la constitution d’enclaves culturelles privées réservées à une élite sociale, celle ayant un certain niveau socio-culturel initial. À la « masse bêlante », les programmes plus ou moins abêtissants de la Star Ac ou de la télé-réalité décriés ci-dessus.

Non pas que j’en rende Edwy Plenel ou Daniel Schneidermann responsables, naturellement. Les deux défendent un projet de qualité avec passion et j’admire leur ténacité, leur abnégation, leur courage. Mais je m’interroge sur le résultat de pareilles fuites des cerveaux à échelle globale.  Non, le problème est d’ordre politique et économique. Avec un abandon progressif des missions de service publique en particulier l’école, sous l’effet conjugué d’une crise économique, d’une mondialisation dé-régulée et d’une politique nationale clientéliste et injuste.

Mais en se retirant des organes subventionnés par nous autres citoyens, Edwy et Daniel ne nous rendent pas un grand service. Ils augmentent en effet indirectement le prix de l’abonnement en l’absence des aides directes et indirectes (TVA réduite à 2.1%). Et ce n’est pas prêt de changer si j’en crois mon compagnon de tweets et ancien professeur d’économie et sociologie à l’Institut Français de Presse Jean-Marie Charron, compte tenu de la réglementation européenne.

Donc, en quittant le navire pour aller fonder leurs enclaves payantes privées, ils empêchent les petits, les moyennement lettrés ou éduqués de jamais s’y intéresser.

Du rôle pédagogique de la presse

Notre société se tourne de plus en plus vers le divertissement, vers le léger (dont le LOL est une incarnation), vers le plaisir. Pour plein de raisons éducatives, économiques, psychologiques que je détaillerai un autre jour. Mais de fait la société des jeunes lecteurs a changé et modifie de façon très forte le fameux “mix produit” nécessaire pour vendre.

Un peu plus de divertissement et de superficiel que de sens, par rapport à nos aînés, la génération d’Edwy. On peut le déplorer c’est vrai, je ne me réjouis pas de voir des émissions débilitantes envahir complètement nos vies, à commencer par les séries américaines au scénario industriel, programmes d’une pauvreté affligeante qui colonisent tout l’espace culturel de nos médias audiovisuels.

Mais si je suis sûr d’une chose, c’est que la création et le succès économique de Mediapart et Arrêt sur images n’y changera rien. Edwy Plenel semble vraiment croire à la contagion positive de son modèle : « en pariant sur une réussite qui serait chimiquement pure qui aiderait toute la profession, tous les producteurs d’information sur le Net, et qui aiderait profondément le journalisme dans un moment de crise, c’est de montrer qu’on peut arriver en trois ans, à faire un journal indépendant, sans publicité, avec plus d’une trentaine de salariés, qui arrivent à l’équilibre ».

C’est assez naïf. Quand les deux auront fait les fonds de tiroirs des élites intello, il ne restera plus grand nombre de lecteurs cultivés pour se payer la moindre feuille de chou. Et de toute façon le frein est puissant : c’est celui de l’éducation et de l’instruction scolaire.

Moi j’ai une autre méthode qui se résume à cette fameuse phrase : “il faut être dans l’avion pour le détourner”. C’est le principe de la pédagogie : s’adapter à son élève pour le faire progresser. Faut-il adapter Molière en verlan pour intéresser les banlieues ? Et bien soit ! Ce sera moins noble, moins beau, il y aura un peu de dégradation du message initial c’est vrai, mais au moins passera-t-il.

Cela marchera beaucoup mieux et au final le ROI culturel sera là. Je sais que deux écoles de pédagogie s’affrontent là, entre ceux qui ne veulent pas édulcorer le contenu pour maintenir une qualité et égalité des contenus et ceux comme moi, qui estiment qu’il est urgent de mettre en place des approches différenciées, pragmatiques.

Il en va beaucoup plus que de la survie de la presse. Il en va de la cohésion sociale, de l’harmonie démocratique. Pour éviter de creuser encore davantage ce fossé culturel et ce mépris perceptible de ceux qui savent, qui consomment la bonne information, la bonne culture vis-à-vis des millions de “beaufs”. Emballer le sens avec de la sauce plaisir, voilà mon pari à moi. Les lecteurs populaires ne viendront pas tout seuls, il va falloir les chercher. Mais le premier moteur de l’égalité républicaine reste l’institution publique, l’école en particulier. Il ne s’agit pas d’accuser les nouveaux médias qui veulent simplement faire bien leur travail. Juste de les inviter peut-être à tendre davantage l’oreille et la main en direction de ces nouveaux publics qui s’éloignent d’eux, sans comprendre qu’ils passent à côté d’une grande richesse.

Billet initialement publié sur Mediaculture

Image CC Flickr © Ahmed Amir et nicholasjon

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Woerth, Mediapart et le réalisme socialiste http://owni.fr/2010/07/13/woerth-mediapart-et-le-realisme-socialiste/ http://owni.fr/2010/07/13/woerth-mediapart-et-le-realisme-socialiste/#comments Tue, 13 Jul 2010 18:33:08 +0000 Croulants http://owni.fr/?p=21937 La France est en émoi. Aujourd’hui [Nb: 7 juillet], pour laver l’honneur d’Eric Woerth attaqué par le fan club de Ségolène Royal, Benjamin Lancar, président des Jeunes Populaires s’est lancé à son tour dans le journalisme d’investigation en divulguant un scoop fantastique : Mediapart est à la solde du communisme internationaliste.

L'étoffe dont sont faits les rêves.

Mais quel est donc ce “trotskiste” que dénonce Lancar ? Nos envoyés spéciaux en France se sont immédiatement penchés sur le sujet. Leur premier réflexe fut de se tourner vers Wikipedia pour trouver la liste de la catégorie des « Troskistes de France. » Celle-ci ne contenait qu’un seul nom : Alain Krivine. S’il y avait un troskiste, ça ne pouvait donc être que lui. CQFD.

L’information fut donc immédiatement transmise sur Twitter, le deuxième réflexe du journaliste d’investigation. C’est alors qu’un membre influent de la twittosphère, @zefede dément l’information. Selon lui, ça ne serait pas Alain Krivine qui dirigerait Mediapart, mais :

Un démenti cinglant!

Et là, tout s’éclaire. Edwy Plenel, c’est juste Frida Kahlo bien déguisée. Encore un complot troskiste déjoué grâce à Twitter. Qui osera dire, maintenant, que les Internets sont une poubelle ?

Les Experts: Photoshop.

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Billet originellement publié sur Croulants.

Crédit Photo Image CC Flickr : Dunechaser.

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“Mediapart”: une marque, la consécration du journalisme d’investigation numérique http://owni.fr/2010/07/13/mediapart-une-marque-la-consecration-du-journalisme-dinvestigation-numerique/ http://owni.fr/2010/07/13/mediapart-une-marque-la-consecration-du-journalisme-dinvestigation-numerique/#comments Tue, 13 Jul 2010 13:48:11 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=21841

La consécration. Depuis quelques semaines, dans le cadre de l’affaire Bettencourt, dont il a fait une affaire Woerth-Bettencourt, en publiant le 16 juin des enregistrements de conversations très perso de Liliane Bettencourt, Mediapart marque un nouveau tournant pour la presse en ligne. Et, en égrenant les scoops au fil des jours, se distingue de ses petits camarades “pure players du web”, Rue89, Bakchich

Augmentation des abonnements

Car au fil des jours, il a vu ses abonnements en ligne augmenter, chaque jour, grappillant jusque trois cents nouveaux abonnés par jour. Aux dernières nouvelles, il compterait près de trente mille abonnés à la version payante de son site (cinq mille nouveaux abonnés depuis le début de l’affaire), contre deux mille cinq cents début mai, comme me le précisait alors son rédac’ en chef François Bonnet.

Du coup, le site d’infos créé par Edwy Plenel s’est d’autant plus légitimé comme site de journalisme d’investigation à l’ère du numérique. Et s’est même imposé comme marque média (comme le soulignait Alain Joannès), étant relayé par les médias classiques (radios, télés, presse écrite). Avec des valeurs telles que l’indépendance vis-à-vis du pouvoir, l’enquête. Et du coup, est devenu connu du grand public.

Coup de projecteur sur les pure players du web

Un phénomène inédit, un événement politique, mais aussi un virage positif pour la presse en ligne. Alors que c’est la première “affaire” qui explose à un moment où Internet s’est imposé comme support pour de nouveaux médias, qui n’avait pas la même force de frappe lors des autres grandes affaires. Par définition, c’est un média de l’immédiateté, très réactif, où l’on peut publier l’info en temps réel. Pas besoin d’attendre l’édition du lendemain ou de la semaine, comme ce fut longtemps le cas pour la presse écrite…

Car par extension, au-delà du cas de Mediapart, cela a apporté un coup de projecteur médiatique sur les Bakchich, Arrêt sur images, Slate.fr, et autres Rue89, créés par des journalistes expérimentés venus de la presse papier, qui y ont importé leurs méthodes de travail – et d’investigation – et nourris par le travail de jeunes journalistes, qui prennent donc le relais pour ce travail d’investigation à l’heure du Net. Les relais précédents de telles actus ? C’étaient Le Canard Enchaîné, L’Express, ou Le Monde qui les révélaient.

Un phénomène dont ont aussi profité les sites web de titres de presse comme LePoint.fr, qui a lui aussi dopé ses audiences grâce aux écoutes téléphoniques qu’il a mises en ligne le même jour que Mediapart.

Modèle économique, nouveaux types de récit journalistique

Mediapart a aussi osé miser sur un modèle économique hybride, avec des contenus en bonne partie payants, et une édition papier. Le modèle payant étant rarissime dans la presse en ligne : dans un échange donnant-donnant, ils sollicitent une certaine forme de soutien – et de confiance – de leurs abonnés.

Comme d’autres, ils testent aussi des formats innovants, comme la “carte mentale” de l’affaire Woerth-Bettencourt, un format plutôt anglo-saxon, mais qui demeure rarissime en France. Un format proche du journalisme de données qui fait beaucoup débat en ce moment – OWNI résume aussi, à sa manière, l’affaire en une image – mais qui permet ici de résumer, d’un coup d’œil, un dossier complexe.

Certes, les journaux papier ou JT sont coutumiers de cet exercice journalistique, mais ici ils ne l’ont pas fait. Surtout, Mediapart l’utilise avec des ingrédients propres au web, pour en faire un document infiniment plus riche, plus interactif. Pour aboutir à une forme de carte interactive, un format qu’ont testé déjà il y a quelques années des start-ups visionnaires, comme le RTGI. En un clic, chaque point de la carte nous renvoie à un article, chaque image constitue la porte d’entrée à un article, un document complémentaire, ce qui permet à l’internaute d’avancer dans son enquête perso.

Billet initialement publié sur Miscellanées

Image CC Flickr Stéfan

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L’affaire Woerth-Bettencourt|| en une seule (belle) image http://owni.fr/2010/07/08/laffaire-woerth-bettencourt-en-une-seule-belle-image/ http://owni.fr/2010/07/08/laffaire-woerth-bettencourt-en-une-seule-belle-image/#comments Thu, 08 Jul 2010 14:56:25 +0000 Martin Untersinger http://owni.fr/?p=21531

Image par Florent Guerlain / Zukunft. Voir l’image seule.

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La complexité et la multitude de personnes impliquées, des liens les unissant et des déclarations des uns et des autres font de l’affaire Woerth-Bettencourt un cas idéal pour le mindmapping, cet exercice qui permet de schématiser des situations complexes.

On avait la mindmap (pas très jolie, mais interactive) de Mediapart.

On avait également celle du Monde (pas très jolie non plus, mais qui a le mérite d’être claire).

Il y avait également cette Google Maps de l’Île de Mme Bettencourt aux Seychelles qui résumait toute l’affaire.

Pour terminer ce rapide tour d’horizon, voici donc une carte graphiquement très réussie qui résume bien l’affaire qui secoue le paysage judicio-médiatico-politique depuis quelques jours (toute ressemblance avec une phrase d’une ministre en exercice ne serait évidemment que coïncidence fortuite).

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Vous pouvez retrouver notre traduction de l’article révélation de Mediapart ainsi qu’un retour sur l’attaque en règle de l’UMP contre Mediapart.

Image par Florent Guerlain.

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Mediapart sous le feu nourri de l’UMP http://owni.fr/2010/07/08/mediapart-sous-le-feu-nourri-de-l-ump/ http://owni.fr/2010/07/08/mediapart-sous-le-feu-nourri-de-l-ump/#comments Thu, 08 Jul 2010 07:54:09 +0000 Martin Untersinger http://owni.fr/?p=21454 C’est l’article publié lundi dernier par Mediapart (et traduit par OWNI), révélant un possible financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, qui a mis le feu aux poudres.

Depuis hier, tous les responsables politiques de la majorité ont fait de Mediapart et d’Internet, la cible de toutes leurs attaques. Même si elles relèvent certainement d’une tentative désespérée de discréditer la source de l’information, technique aussi veille que le journalisme, elles n’en sont pas moins inquiétantes et révélatrices.

"Nom d'un chien elle s'est pas foutue de ma gueule Liliane. Carla, viens voir tout ce qu'elle a mis dans l'enveloppe !"

Éléments de langage

Le ministre du Budget François Baroin (pourtant ancien journaliste politique à Europe 1) a ainsi qualifié Mediapart de “blog”. Xavier Bertrand, pour sa part, a attaqué sur RTL les méthodes fascistes” de Mediapart. Le ministre de l’industrie et maire de Nice Christian Estrosi a quant à lui fait joliment référence à “une certaine presse des années 30”. Mais la palme de la bêtise revient certainement au jeune Benjamin Lancar (président des jeunes UMP qui n’en est pas à son coup d’essai) qui est l’auteur d’une superbe fulgurance sur Twitter (vous savez, le lieu des ragots et des rumeurs) :

Du temps de Staline, il y avait les montages photo, en 2010, en France, il y a Mediapart, mené par… un trotskiste. CQFD.

Malheureusement, cet article ne sera jamais aussi complet et exhaustif que cet attendrissant livre d’or publié sur le site de l’UMP. Seul l’impayable Jean-Pierre Pernaut peut se targuer d’y arriver (attention, ça fait froid dans le dos) :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La revanche d’Internet

Jouant donc à plein sur l’idée encore tenace qu’une information publiée sur Internet est forcément sujette à caution (et comme si celles diffusées par les grands médias ne l’étaient pas), les cadres de l’UMP pourraient bien y laisser quelques plumes si l’histoire rapportée par Mediapart se vérifie de bout en bout. Et il sera alors extrêmement difficile à l’avenir de jouer la carte de la non-fiabilité d’Internet.

Ce qui est certain, comme le souligne Serge Faubert sur Electron Libre, c’est que la révélation de cette affaire par une publication en ligne “marque un tournant dans l’histoire médiatique de notre pays”. Car c’est un pure-player, né et vivant sur Internet qui (comme naguère Rue89 avec l’affaire du non-vote de Cécilia) fait son grand coming-out et impose son agenda aux grands médias généralistes. C’est d’autant plus rageant pour le camp UMP que les enregistrements divulgués par Mediapart avaient été proposés aux grand médias. Qui les avaient refusés. Peur des retombées politiques ? Auto-censure ?

En tout cas et heureusement, les médias anglo-saxons qui reprennent de plus en plus l’information, n’ont heureusement pas la défiance des pontes du parti présidentiel.

Le LA Times et CNN qualifient en effet Mediapart de “site d’investigation”, Vanity Fair de “site internet d’investigation” et le Telegraph d’un sobre “site d’information”. Le blog du World Editors Forum (sous-division de la très respectée Association Mondiale des Journaux) rappelle peut-être un peu exagérément que Mediapart est “bien connu pour ses investigations au coeur des scandales politiques français. Éléments de langage…

Au delà d’une affaire d’Etat qui prend chaque jour plus d’ampleur et qui met en lumière les relations plus qu’incestueuses entre la politique et le monde des affaires, deux éléments se dessinent en filigrane. D’une part, une faiblesse croissante des médias traditionnels, incapables de sortir l’affaire comme le voudrait la déontologie du métier, affaiblis par la crise et dont la collusion avec le pouvoir apparaît de plus en plus évidente. D’autre part, cette affaire consacre la montée en puissance des médias en ligne.

Xavier : "Eric, fais pas le con. Dis-moi où t'as caché ta p*tain d'enveloppe."

Vers le sacre des médias en ligne ?

Mediapart sort évidemment gagnant de cette affaire (+ 5000 abonnés en quelques semaines), de quoi rassurer les banquiers du site, dont la trésorerie ne lui permettait pas une marge de manoeuvre supérieure à quelques mois. De quoi également être serein quant à l’avenir du site à plus long terme, si l’on en croit les dires de Vincent Truffy, journaliste à Mediapart interrogé sur Electron Libre :

Quand on lit les messages qu’ils [les nouveux abonnés] nous envoient, on se rend compte que les lecteurs viennent grâce à ces affaires, mais ils restent aussi parce qu’ils découvrent l’ensemble de notre contenu, notre différence. Nous vivons une véritable construction de lectorat.

Il y a en outre fort à parier qu’à l’instar du Daily Telegraph lors du scandale des notes de frais des parlementaires britanniques, le site va continuer à distiller au compte-goutte l’intégralité de ses informations.

On espère en tout cas que cette affaire va aider les médias sur Internet à se débarrasser de cette réputation de colporteurs de “ragots” et à prouver que s’y trouve l’avenir du journalisme, quoiqu’en pensent les politiques chagrins. Ce n’est à l’évidence pas l’avis de Nadine Morano, dans le 19/20 de France 3 du 6 juillet, qui nous donne une sublime leçon de journalisme :

On est arrivé dans une nouvelle forme de journalisme qui ne repose plus sur de l’information vérifiée, qui ne repose plus sur des témoignages vérifiés, sur des preuves, mais qui font seulement l’objet de calomnies, de mensonges, de ragots.

Car oui, l’article publié lundi par Mediapart repose sur un seul et unique témoignage, non-vérifié. De plus, la situation financière fragile du site laissait quelque place au doute. On pouvait alors arguer, à sa décharge, que ces déclarations avaient été faites avant l’article publié dans Le Monde de cet après-midi, qui annonce la découverte des carnets évoqués par la comptable et confirme le fait que 50 000 euros ont bien été retirés, comme expliqué par Claire T dans son témoignage à Mediapart.

Pourtant, Nadine en a remis une couche cette après-midi dénonçant avec l’élégance qui la caractérise “la collusion politico–médiatico-trotskyste”.

Vous vous rendez compte dans quelle histoire on se trouve ?” demandait-elle dans Soir 3 mardi soir. Nous oui.. Elle ? J’en doute.

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Crédits Photo CC : Tragic Ending To A Beautiful StoryMinistère du TravailUK Parliament.

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