OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Balkany, le hacker et l’hébergeur diligent http://owni.fr/2012/06/08/balkany-le-hacker-et-lhebergeur-diligent/ http://owni.fr/2012/06/08/balkany-le-hacker-et-lhebergeur-diligent/#comments Fri, 08 Jun 2012 16:48:33 +0000 S.Blanc et G.Ledit http://owni.fr/?p=112903

Visuel du site voteinutile.fr. Balkany est présenté avec un bonnet d'âne, un clin d'oeil à son taux d'abentéisme record.

Patrick Balkany découvre l’open data. À ses dépens. Ce qui n’a pas l’air de lui plaire. Le député-maire de Levallois-Perret, candidat à sa réélection, vient de porter plainte pour diffamation contre Vincent, un électeur de la circonscription de l’élu UMP, auteur de Voteinutile.fr. Ce site mis en ligne le 19 mai utilise en effet les données de l’Assemblée nationale, mises en scène par Regards Citoyens, pour souligner avec humour l’absentéisme record du député sortant. Il est accompagné d’un guide pour “hacker la campagne de Patrick Balkany”.

L’Internet, c’est le mal

À côté d’un Patrick Balkany affublé du bonnet d’âne des mauvais élèves, on trouve cette citation du proche de Nicolas Sarkozy, tirée de l’une de ses rares interventions dans l’hémicycle :

Je trouve parfaitement inacceptable que nous soyons soumis à une évaluation comme si nous étions à l’école.

Interrogé par L’Express.fr, le député UMP a lancé l’habituelle diatribe anti-Internet :

Je n’accepte pas ce côté Internet où tout le monde peut dire n’importe quoi et s’essuyer les chaussures sur les hommes politiques.

La pression a d’abord été mise sur l’hébergeur du site, Gandi.net. Dans une lettre adressée à la direction de l’entreprise, le cabinet du maire, représentant Patrick Balkany, affirme : “l’hébergement et la mise à disposition des services précédemment cités doit immédiatement cesser dès lors qu’il est particulièrement clair que son existence même porte atteinte à mon honneur et à ma considération, ce qui rend évidemment son contenu illicite”. Avant de sommer l’hébergeur de “de faire le nécessaire pour mettre un terme sans délai à ces agissements”.

Nulle précision sur les éléments constitutifs de la diffamation n’est apportée. Au passage, Vincent n’a pas reçu de lettre avec accusé de réception, comme la procédure l’exige. Ce qui n’empêche pas l’hébergeur du site de réagir promptement.

Seul le juge peut juger

Le service juridique de Gandi adresse en effet rapidement une mise en demeure à Vincent. “Conformément aux textes en vigueur”, en l’occurrence la loi pour la confiance en l’économie numérique (LCEN) de 2004, l’hébergeur conseille à son client de “prendre promptement et sans délai, toutes mesures utiles afin de satisfaire pleinement aux demandes du plaignant de façon à ce que GANDI ne soit aucunement inquiétée du fait de vos agissements” :

Si nous étions contraints de nous substituer à vous faute pour vous d’intervenir dans les délias requis, sur demande expresse de Monsieur Patrick Balkany (…) notre intervention ne pourra, techniquement, s’effectuer qu’au niveau de votre serveur dans son intégralité (son accès pourrait être rendu impossible).

Sauf qu’en pratique, les hébergeurs relayent la notification reçue à leur client, sans pour autant prendre position sur la validité de la plainte, sauf si le délit est patent. En cas de diffamation, seul un juge est à même de pouvoir apporter une réponse à la question. Gandi a donc fait preuve de beaucoup de zèle.

Une diligence qui surprend d’autant plus que la culture d’entreprise de l’hébergeur français prône la défense de la liberté d’expression de ses clients, ainsi que l’honnêteté et la transparence. Un positionnement résumé en un slogan : “No Bullshit” (“pas de conneries”, Gandi affirmant “ne pas raconter n’importe quoi” à ses clients ). Interrogé par nos soins, le service juridique affirme n’avoir que “répercuté au propriétaire du serveur concerné les termes de cette mise en demeure pour qu’il puisse y donner la suite qu’il estimerait nécessaire”.

Patrick Streisand

Des suites, il y en aura. Mais pas forcément celles espérées par Gandi. L’éditeur du site a en effet décidé de ne pas céder aux pressions. Et a répondu à son hébergeur qu’il “assum[ait] la totale responsabilité des contenus”. Selon le bon vieux principe de l’arroseur arrosé, Vincent entend même aller plus loin, en se réservant la possibilité “d’attaquer Monsieur Patrick Balkany et les services de la ville de Levallois-Perret pour tentative d’atteinte à [sa] liberté d’expression”.

Une illustration franco-française de l’effet Streisand, selon lequel dès qu’un contenu fait l’objet d’une tentative de retrait ou de censure sur Internet, il est copié, et massivement diffusé. Depuis l’annonce de la plainte de Patrick Balkany, les articles de presse se sont multipliés et le nombre de “fans” de la page Facebook du site voteinutile.fr ne cesse d’augmenter.
Plus encore, Vincent étudie la possibilité de poursuivre Patrick Balkany pour l’avoir accusé à tort de diffamation,  comme l’article 6, I, 4° de la LCEN le permet. Ce qui pourrait coûter cher à l’élu :

Le fait, pour toute personne, de présenter aux[hébergeurs du site] un contenu ou une activité comme étant illicite dans le but d’en obtenir le retrait ou d’en faire cesser la diffusion, alors qu’elle sait cette information inexacte, est puni d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 15 000 EUR d’amende.

Les documents cités dans cet article sont consultables chez nos confrères de PC Inpact

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Testons les caméras de surveillance de Levallois-Perret http://owni.fr/2010/11/03/testons-les-cameras-de-surveillance-de-levallois-perret/ http://owni.fr/2010/11/03/testons-les-cameras-de-surveillance-de-levallois-perret/#comments Wed, 03 Nov 2010 16:50:27 +0000 StreetPress http://owni.fr/?p=34084 Titre original : On a testé les caméras de surveillance de Levallois-Perret

A Levallois-Perret 50 caméras scrutent en permanence la voie publique. Retrouveront-elles Samba et Géraldine déguisés en Pom-Pom girl ? « Ah ouais, ça devrait se voir ça ! » s’esclaffe un policier. Top chrono !

Bertrand Mayer, le Monsieur sécurité de Levallois

Jeudi 26 août – 17h32. Lunettes Ray-Ban très 60’s , costard sombre distingué et teint légèrement hâlé, Bertrand Mayer – adjoint au maire de Levallois-Perret – nous accueille au commissariat de police municipale à l’angle des rues Anatole France et Kléber. 10 jours plus tôt, le ministre de l’Industrie Christian Estrosi s’était fendu d’une sortie remarquée dans la presse où il remettait en question les maires qui n’avaient pas doté leur ville d’un système de vidéo-surveillance. A Levallois – champion du genre – StreetPress a voulu savoir qui se cachait derrière Big Bother … Et combien de temps il mettrait pour appréhender Samba et Géraldine en train de perturber la voix publique avec des poms-poms de cheerleader.

Des prouesses hi-tech dignes de 24h Chrono

« Au PC » – le petit nom du très officiel « Centre de Surveillance Urbain » – M. Carpentier et Gérard (les noms des deux policiers municipaux ont été modifiés à leur demande) ont remplacé Jack Bauer et Tony Almeida . La salle vidéo du commissariat de Levallois-Perret a un petit coté CAT , les mètres carrés en moins. Mais coté high-tech, pas grand chose à lui envier: Le mur d’écran affiche 12 vidéos en simultané, les policiers orientent à distance des caméras à 360 degrés et zooment en un clic pour repérer une crotte de chien étalée sur un trottoir.

Regardez ! Voyez comment l’image se floute dès que vous tentez de regarder au travers d’une fenêtre.

« Montrez-lui le ‘floutage’ M. Carpentier » ordonne fièrement l’adjoint de M. Balkany, Bertrand Mayer. « Regardez ! Voyez comment l’image se floute dès que vous tentez de regarder au travers d’une fenêtre. » L’effet est saisissant: Après avoir zoomé sur plus de 300 mètres, l’image sur l’écran de contrôle se crypte façon Canal +, au moment où l’on croit reconnaître le visage d’une jolie blonde installée dans son salon. On est rassuré: « Big Brother » Mayer ne peut pas nous voir tout nu sous la douche grâce à « ce système qui protège la vie privée ».

2 agents pour 50 caméras

M. Mayer est l’adjoint au maire Patrick Balkany mais aussi « le délégué à la Sécurité publique, à la Sécurité civile et aux questions de Défense » (sic). Un titre a rallonge révélateur de la fierté qu’accorde la mairie à son système de vidéo-surveillance. « C’est vrai que d’autres mairies viennent nous demander conseil » répond-il, visiblement ravi qu’on lui pose la question.

Dans Levallois-Perret, 50 caméras filment en permanence balayant plus de 90% de la ville. Deux policiers municipaux – parmi les 80 agents de la ville – sont affectés aléatoirement « au PC » qui centralise les images. Ils scrutent le mur d’écran pendant des permanences de 9h en alternant: l’un s’occupe du standard tandis que l’autre observe la ville. « Comme ça, moi j’appelle les collègues dès qu’on remarque quelque chose », explique l’agent Carpentier, tout en caressant sa moustache.

« Quand on n’a pas l’œil, ce n’est pas évident »

Que remarquent-ils ? « Des attroupements à la sortie du lycée », réfléchit l’agent Carpentier. Son collègue renchérit: « Quand il y a des manifestations étudiantes aussi. On essaie de cibler ». Et les gens qui urinent dans la rue ? « Personne n’urine dans la rue à Levallois » répondent-ils le plus sérieusement du monde. L’adjoint au maire M. Mayer se félicite lui, d’avoir pu suivre depuis « le PC » un voleur à la tire jusqu’au 17ème arrondissement de Paris. Il y a eu aussi « ces Roms qui dévalisaient les horodateurs ». M. Mayer reprend l’agent Carpentier: « On va éviter d’être polémique hein … Ce n’était pas des Roms ». Le policier se rattrape: « On va dire que c’était des étrangers alors ».

Mais de l’aveu même des agents municipaux: « Quand on n’a pas l’œil, ce n’est pas évident ». Difficile en effet de repérer un fait précis parmi le magma d’information, surtout qu’il n’existe pas de système d’alerte en cas de détection d’un incident. « Thalès développe un système qui puisse nous prévenir en cas d’augmentation du niveau sonore », révèle Mayer. En attendant, tout se fait à l’œil nu.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Partie de cache-cache avec Big Brother

18h11: Les policiers relèvent le défi quand on leur propose de chronométrer le temps qu’ils mettront à retrouver deux journalistes de StreetPress. Samba et Géraldine, aisément identifiables par les poms-poms jaunes de cheerleader qu’ils agitent, sont placés sur une avenue fréquentée de Levallois. « Allez on y va », s’enthousiasme Bertrand Mayer, sous le regard sceptique de son attachée de presse: « Vous êtes sur que nous avons les autorisations ?».

Les policiers Gérard et Carpentier jouent le jeu à fond. Les caméras pivotent, zooment, alternent pendant que les souris glissent sur les tapis. M. Mayer est à l’affut, les yeux rivés sur le mur d’écrans. « Comment sont vos amis ? », demande t-il. « C’est un jeune homme noir et une jolie blonde, avec des ustensiles de pom-pom girl » je réponds. M. Carpentier se marre: «  Ah ouais, ça devrait se voir ça ! ».

18h17: « Faut nous dire dans quelle zone ils se trouvent aussi ! » demande un des deux agents. Après 6 minutes, la partie de cache-cache commence à sentir la loose pour la police. La tension est palpable. Pour les aider, Samba et Géraldine nous apprennent par téléphone qu’ils sont à proximité d’un métro. « Ça ne peut être que ‘métro de Pont de Levallois’ ! », s’impatiente un des policiers. Mais autour du métro Pont de Levallois toujours rien. « Ils sont peut-être masqués par des feuillages », tente M. Mayer. « Et puis il y a trois caméras qui ne fonctionnent pas », ajoute Gérard, qui contredit involontairement l’adjoint au maire. Celui-ci affirmait quelques minutes plus tôt qu’aucune camera ne servait de leurre … Silence pesant.

Levallois: Géraline et Samba essaient d’attirer l’attention de la caméra de surveillance qui se trouve juste en face d’eux

13 minutes: le temps qu’il a fallu pour retrouver Samba et Géraldine

La police recherche deux individus suspects armés de poms-poms

18h23: Samba et Géraldine ont enfin été alpagués après que nous ayons informés les policiers qu’ils se trouvaient au métro Anatole France. « On va leur envoyer une équipe pour trouble à l’ordre public ! », vanne M. Mayer. M. Carpentier répond du tac-o-tac: « Pour la fille surtout ! Elle fait du racolage ! » L’atmosphère se détend: « Allez on envoie un scooter! », s’exclame Gérard, plutôt amusé par notre petit manège.

Les policiers jouent à la caméra-cachée en dépêchant un collègue non averti du stratagème sur les lieux du faux incident. Sauf que celui entre en trombe dans le PC: il ne trouve pas les clefs pour démarrer son scooter. La blague tombe à l’eau. Le jeune policier va quand même interpeller Samba et Géraldine: « Des gens se sont plaints que vous faisiez peur aux automobilistes » leur reproche t-il. « Quels gens ? » se défendent les deux journalistes.

Un gadget de riches

Géraldine prise en flag’ de cheerleading intempestif

De l’aveu même de M. Mayer, c’était comme « chercher une aiguille dans une botte de foin ». Le chef de la vidéo-surveillance à Levallois-Perret est formel: pour être efficace, il faut « cibler» les délits contre lesquels lutter. « A Orléans par exemple, ils ont installé une vingtaine de caméras pour protéger des bâtiments qui se faisaient couvrir de graffitis. L’année suivante, ils n’ont eut que 100.000 euros de dégâts. » (Lire aussi: L’efficacité de la vidéo-protection: un sujet polémique)

Mais à Levallois quelle est la cible des caméras de surveillance ? Hormis les attroupements à la sortie du lycée évoqués plus haut par les policiers, M. Mayer explique qu’il s’agit avant tout d’un outil « généraliste », pour prévenir par exemple de « la chute d’une vieille dame », « d’un incendie » ou « d’une voiture mal-garée qui bloque la circulation ». Apparemment rien de très ciblé … Et surtout, pas sûr que les caméras avertiraient les services de police plus rapidement qu’un bon vieux coup de fil.

« De toute façon on ne peut pas quantifier l’impact de la vidéo-surveillance isolée des autres moyens de la Police Municipale. Ce n’est qu’un outil », avance M. Mayer quand on lui demande d’évaluer la rentabilité du système. Un « gadget de riche » ? Il ne s’oppose pas à cette définition. « Mais c’est le travail du maire de faire le maximum pour garantir la sécurité dans sa ville. Et le verdict tombe tous les 7 ans ».

L’attaque à la voiture-bélier de mars 2010

Mais malgré toute sa technologie, le système de vidéo-surveillance de Levallois ne dissuade pas les malfrats: En mars 2010 un distributeur de la BNP a été attaqué à la voiture-bélier. L’instruction est en cours et selon l’adjoint au maire ce sont les images de vidéastes amateurs autant que les vidéos de la police, qui ont permis de constituer un dossier. Pour M. Mayer c’est la preuve que « la menace vidéo vient plus des gens qu’on ne contrôle pas que de la police, soumise à des règles de déontologie. » On pourrait répondre que cela montre aussi les limites de l’efficacité du système de vidéo-surveillance.

Article initialement publié sur StreetPress

Source: Robin D’Angelo avec Géraldine et Samba
Crédits photos: Mathieu pour StreetPress

Image de une : Elsa Secco pour OWNI

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