OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Gagnez en efficacité sur Twitter http://owni.fr/2011/05/23/gagnez-en-efficacite-sur-twitter/ http://owni.fr/2011/05/23/gagnez-en-efficacite-sur-twitter/#comments Mon, 23 May 2011 14:14:20 +0000 Culture Conseil http://owni.fr/?p=31978 Culture Conseil est une agence spécialisée en stratégies de communication sur Internet et en web-marketing culturel. Nicolas Bariteau (@cultureconseil), après avoir participé à des projets pure-player d’envergure (Evene.fr – Groupe Le FigaroRue89.com, ou Mk2 Multimédia) en tant que responsable web marketing, business development et directeur de la publicité online, choisit de se mettre au service des acteurs culturels et collectivités publiques souhaitant disposer d’une expertise en la matière.

Shane Steele, directrice commerciale et marketing de Twitter s’est récemment exprimée sur le système publicitaire de Twitter, autrement dit principalement les “Promoted Accounts”, “Promoted Trends” et “Promoted Tweets” et les bonnes pratiques de rédaction des tweets pour plus d’efficacité. Bien entendu, les caractéristiques d’efficacité des “promoted tweets” s’appliquent également aux tweets communs (ces propos ont été résumés en 8 points par John Bell dans son billet traduit sur le blog Choblab et repris ci-dessous).

Selon Shane Steele, la qualité des tweets les plus engageants pour les followers repose sur 8 critères :

Lien : 98 % incluent des liens
Hashtag : 72 % utilisent des hashtags
Temps réel : 70 % sont relatifs à du contenu frais
Call to action : 40 % incitent à passer à l’action (cliquer ici !)
Exclamation : 40 % utilisent le mode exclamatif (nouveau !)
Nouveau produit : 38 % annoncent le lancement d’un nouveau produit
Question : 24 % posent une question
Ludique : 22 % sont liés à un jeu ou un concours

Un tweet efficace pourrait donc présenter la forme suivante : « Téléchargez l’application iPhone du musée et gagnez 50 places pour l’exposition #Rembrandt qui vient d’ouvrir ! » ou « Envie de voir l’exposition #Rembrandt ? Gagnez des places en répondant à 3 questions sur notre site www.site.com. Faites vite ! Nombre de places limité ».

5 principes fondamentaux pour gagner des abonnés qualifiés sur Twitter

La course aux abonnés sur Twitter n’est pas une fin en soi, tout comme la course à l’audience pour un site Internet. Combien de personnes ont cherché à augmenter le trafic vers leur site grâce à un jeu concours puis à y fidéliser les joueurs ? Beaucoup. Mais pour quel résultats ? Toujours le même constat : une hausse de trafic aussi importante que passagère. Rappelons que la mise en place de jeux sert à récolter des adresses e-mail dans le cadre d’une stratégie relationnelle, soit constituer un fichier de prospects ou publics potentiels. En aucun cas, vous n’arriverez à les fidéliser.

Donc, si vouloir à tout prix développer le nombre de ses abonnés ne peut être une fin en soi, il n’en demeure pas moins qu’augmenter le nombre de followers s’avère nécessaire pour donner plus de visibilité au propriétaire du compte et favoriser la propagation des informations. Que vous soyez une institution culturelle, musées ou théâtre, un artiste musicien ou peintre, une association, une galerie d’art, le succès de votre communication sur Twitter passe nécessairement par le développement du nombre d’abonnés, mais de qualité bien entendu. Comme toujours, votre stratégie doit mêler quantitatif et qualitatif pour atteindre vos objectifs de communication de fréquentation ou de billetterie. Afin de formaliser quelques méthodes avérées pour avoir plus d’abonnés sur Twitter, Dan Zarella a réalisé une infographie (merci encore au blog Choblab.com pour l’info).

1. Dites et montrez qui vous êtes

Lorsque vous créez votre compte Twitter, ou celui de votre institution ou entreprise, Twitter vous demande de fournir 3 types d’informations personnelles : une description rapide de vous-même ou de la structure, un lien vers la page d’accueil de votre site, et enfin une image, votre portrait ou un logo. Ne négligez pas ces éléments, ils sont votre carte d’identité et vous caractérisent plus rapidement que la lecture de vos tweets ne peuvent parfois le faire. En navigant sur Twitter, vous pourrez vous rendre compte que nombreux sont ceux qui ne prennent pas le temps de le faire. L’absence d’image, photo ou création, remplacée par un avatar est pire que tout . Vous constaterez d’ailleurs que ces comptes ont généralement peu d’abonnés. Elle transmet le message suivant : « J’aime et je veux savoir ce que vous avez à dire, mais surtout ne cherchez pas à en savoir plus sur moi ». Bref l’antithèse de ce qu’est et permet Twitter.

2. Ne parlez pas que de vous

C’est là une évidence corroborée par les statistiques : les comptes Twitter qui ont le plus d’abonnés sont ceux qui s’ouvrent aux autres plutôt que de ne parler que d’eux-mêmes. Imaginez, comme aime à le dire Dan Zarella sur son blog, que vous rencontrez quelqu’un dans une soirée qui ne parle que de lui. Aurez-vous envie de prolonger ce monologue ? Je ne pense pas. Alors si vous voulez plus d’abonnés, parlez pour échanger et évitez un monologue.

3. Échangez et diffusez plutôt que de chercher à dialoguer

Quand vous comparez le taux de réponses des comptes Twitter avec plus de 1 000 abonnés et celui des comptes avec moins de 1 000 abonnés, vous vous rendrez compte que ceux qui possèdent le plus d’abonnés sont ceux qui répondent le moins. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Et pourtant il s’agit d’une constante, que vous ayez 1000 abonnés ou 1 million. Twitter est moins un lieu et un outil de discussion qu’un espace d’échange et de partage d’informations. Vous pouvez bien entendu poser des questions ou rédiger vos tweets de manière à susciter des réactions ou une participation comme nous l’avons vu au début de ce billet, mais n’envisagez pas Twitter comme une messagerie. Utilisez plutôt Facebook pour cet usage là. Sur Facebook, on rejoint une communauté pour discuter, alors que sur Twitter, on suit des éditeurs et sources d’informations pour partager les plus pertinentes.

4. Affirmez-vous mais soyez réaliste

L’expertise proclamée est-elle un critère d’influence qui justifierait un nombre d’abonnés au-dessus de la moyenne ? Les chiffres parlent : non ! Les comptes Twitter qui utilisent des termes tel « guru » ou « expert » pour se présenter ou parler d’eux ont en moyenne moins d’abonnés que les comptes officiels. Vous n’êtes pas ce que vous dites, ce que vous dites et faites parle pour vous.
Attention donc, lorsque vous souhaitez vous abonner à un autre compte Twitter, regardez ce que l’auteur du compte publie plus que la manière dont il se présente. Comment identifier un relai d’influence ou un expert si vous en cherchez un ? Consultez la liste des abonnés des comptes à qui vous apportez du crédit, et de ceux à qui ils sont abonnés. Il s’agit finalement d’un outil de recommandation indirecte assez efficace.

5. Soyez critique, acceptez-la, mais sans dénégation ni agression

Les commentaires ou réactions négatives, voire agressives, feront plus fuir vos abonnés qu’elles n’en attireront. Si l’on vous attaque directement ou si l’on propage des informations erronées voire mensongère à votre propos, ne répondez pas sous le coup de l’émotion. Répondez en restant factuel et non agressif mais ne faites pas l’autruche. Si vous avez une critique à émettre, ayez la même approche.

Article initialement publié sur : culture-conseil

Crédits photos CC Flickr : erin-m; crobj; joelaz

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[webdoc] A la recherche du Jarring Effects http://owni.fr/2011/05/03/webdoc-a-la-recherche-du-jarring-effects/ http://owni.fr/2011/05/03/webdoc-a-la-recherche-du-jarring-effects/#comments Tue, 03 May 2011 17:28:18 +0000 sami-battikh http://owni.fr/?p=31695 L’entité Jarring Effects ne vous est pas inconnue ? Le dynamisme artistique et l’activisme de ce label lyonnais désormais incontournable en est sûrement la cause. A l’occasion d’une journée de soutien organisée pour soutenir la structure en crise financière mais toujours pleine de vitalité, Sourdoreille a investit et nous offre un webdoc, témoin de cette journée.

Il y a des labels, comme ça, qu’on suivra toujours à la trace, quoiqu’il arrive. Pour leur musique, on peut citer Infiné, Ninja Tune, Anticon, Quannum Records, B-Pitch Control. Il y en a d’autres qu’on suit, au-delà de leurs sorties, presque dans leur quotidien.C’est le cas aujourd’hui avec Jarring Effects.

Une poignée d’activistes lyonnais indépendants, accrochés à leur Croix-Rousse, soutenant corps et âmes un catalogue d’artistes excitants et exigeants. D’Ez3kiel à Sibot, de Scorn à Broadway, d’High Tone à Monsieur Orange ou encore Interlope, « JFX » est connu et reconnu bien au-delà des réseaux que ses artistes explorent. En ce début d’année, Jarring n’a pas la grande forme. Crise du marché du disque, soutien d’artistes à forte identité mais peu « rentables », Jarring Effects ne se porte pas aussi bien qu’il y a dix ou quinze ans, à l’époque où les disques d’High Tone et Ez3kiel se vendaient comme des petits pains.

Aujourd’hui, on écoute toujours autant les artistes made in Jarring, mais les nouveaux modes de consommation de musique – notamment le streaming – ne font pas les beaux jours du label. Face à ce chamboulement, d’autres initiatives ont été imaginées par les Jarring et leur entourage proche, comme la plateforme CD1D par exemple.Pour mieux cerner ce sujet, voici un webdocu de douze minutes, tourné par notre équipe à l’occasion d’une récente soirée de soutien à Bordeaux. Lives, interviews, et soutiens, donc, nous vous livrons quelques éléments pour (re)découvrir une aventure lancée il y a maintenant 16 ans.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Article initialement publié sur : Sourdoreille

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Radiohead: les fans sont aussi clipeurs http://owni.fr/2011/04/15/radiohead-les-fans-sont-aussi-clipeurs/ http://owni.fr/2011/04/15/radiohead-les-fans-sont-aussi-clipeurs/#comments Fri, 15 Apr 2011 16:15:06 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=57098 Leur dernière trouvaille: publier un journal parallèlement à la sortie de leur album The King of Limbs. Les Britanniques emmenés par Thom Yorke sont spécialistes quand il s’agit de réinventer de nouvelles manières de faire de la musique. Et du business. Pour leur précédant album In Rainbows, ils décidaient de laisser les fans libres de choisir le prix à payer. Une générosité qui leur a été rendue, avec créativité et en vidéo, par des fans des quatre coins du monde.

6 passionnés + 60 cameramen = un live gratuit

Grâce à six passionnés et une soixantaine de cameramen d’un soir, le concert donné à Prague le 23 août 2009 a été filmé sous une multitude d’angles et est aujourd’hui proposé en téléchargement gratuit sur le site du projet.

Quid de la qualité audio ? Les vidéos de concerts réalisées par le public pêchent en effet souvent par un son médiocre. Pas ici, puisque Thom Yorke et sa bande, bluffés par le travail des fans à la vue d’un premier teaser et d’une chanson entièrement montée, leur ont fourni gratuitement les masters du show. “La confiance qu’ils nous ont témoignée en [les] partageant nous a flattés et honorés” s’enthousiasme Nataly, qui a bien voulu répondre à nos questions par mail.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Celle-ci, admiratrice française du groupe depuis quinze ans, a rassemblé une équipe de six personnes pour la post-production, l’un venant de République Tchèque, les autres de New York ou encore du Royaume-Uni, tous animés par la même ferveur pour Radiohead. Techniquement, les choses se sont mises en place très simplement, même si diriger une telle équipe de tournage peut s’avérer délicat, comme nous l’explique la jeune femme :

J’avais l’espoir de pouvoir trouver des volontaires qui accepteraient de se placer à des endroits précis pour avoir des angles bien définis, mais c’est beaucoup demander car les fans ont en général envie d’être au plus près de la scène et au milieu, face à Thom !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le pay what you want enchante les fans (et le groupe)

Lorsque l’on interroge les fans sur l’option de pay what you want choisie par le quintette anglais en octobre 2007, ils affirment avoir été “enchantés de pouvoir se procurer le dernier album de leur groupe préféré à petit prix”. Pour rappel, et selon les données annoncées par Comscore, 62% des 1,2 millions d’internautes ayant téléchargé l’album l’ont fait sans contrepartie financière. Ceux qui ont choisi de rétribuer les artistes l’ont fait à hauteur de 6$ en moyenne. Une belle opération au final, puisqu’en choisissant de se passer d’intermédiaires, le groupe a empoché l’intégralité des revenus générés par In Rainbows.


Mais ici l’aspect financier est vite balayé par ces fans uniquement animés par l’envie de faire partager à toute leur communauté un live inédit et de qualité, puisque selon Nataly “le projet a entièrement été réalisé bénévolement et il n’y aura aucune retombée financière” ni pour le collectif, et encore moins pour le groupe. Même si celui-ci bénéficie maintenant d’un beau support live de sa dernière tournée. Cette expérience, déjà tentée dans une moindre mesure par les fans du groupe Nine Inch Nails serait-elle une nouvelle manière d’envisager la relation fan-artiste ? C’est en tous cas un pas de plus vers la prise en compte par les artistes de la créativité de leur fans.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Article initialement publié sur OWNImusic

Illustration CC FlickR par matthewb

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Grandcrew: le live à tout prix http://owni.fr/2011/04/15/grandcrew-le-live-a-tout-prix/ http://owni.fr/2011/04/15/grandcrew-le-live-a-tout-prix/#comments Fri, 15 Apr 2011 15:35:05 +0000 eddie-williamson http://owni.fr/?p=57101

De Fabchannel à Grandcrew

Connaissez-vous Fabchannel ? De 2000 à 2009, ce site néerlandais enregistrait et diffusait des concerts en direct à ses visiteurs. Ces concerts étaient filmés au Paradiso à Amsterdam, et étaient ensuite visionnables en différé ce qui constituait, pour les artistes qui en avaient besoin, un outil de promotion formidable.

Christopher Esclapez s’est inspiré de l’idée originale de Fabchannel pour créer Grandcrew. Franco-américain, DJ, il est revenu en France pour continuer ses études d’ingénieur au cours d’un MBA à l’INSEAD (école de management ultra-cotée). Son projet de fin d’année, c’est tout simplement l’embryon de Grandcrew. Il a obtenu un précieux soutien financier de la part de ScientiPôle (un fonds d’amorçage pour les entreprises) et de quelque business angels, qui ont permis de mettre le projet en orbite.

L’idée était de faire comme Fabchannel, la différence étant que ce dernier ne filmait que dans une seule salle. À Paris sont organisés chaque semaine des dizaines de concerts, autant d’opportunités pour Grandcrew de mettre en place des partenariats et de dépêcher sur place son équipe. Le site ambitionne aujourd’hui d’être présent dans toutes les capitales culturelles européennes, ainsi que dans les meilleurs festivals européens (des contacts sont pris avec les organisateurs du festival de Dour, de Sziget, des Eurockéennes, de la Route du Rock…).

Fabchannel n’avait pas réussi à développer un modèle économique viable. Grandcrew tente à son tour de relever le défi. Je peux vous dire que c’est couillu. Dans mon esprit, « start-up + internet », ça va super bien ensemble, mais dès que vous rajoutez « musique » dans le mix… Entre les majors du disque restés au 20ème siècle, l’absolue nécessité de générer un flux financier nécessaire à la rémunération de tous les acteurs de la « chaîne du live », en y ajoutant la sangsue SACEM, le tout en proposant quelque chose de qualité… À part confier la tâche à Ethan Hunt, Jack White (il peut tout faire) et Jack Bauer réunis, ça me paraît mission impossible. Heureusement chez Grandcrew, ils pensent différemment !

Le live pour tous

Commençons par la troisième problématique: proposer du contenu de qualité. Grandcrew filme et diffuse ses concerts en haute qualité, que ce soit au niveau de l’image et du son. La HQ, c’est le mantra-maison. Les concerts sont filmés de manière assez classique: on a l’impression d’être devant un DVD live, sans recherche artistique aussi poussée que chez Vincent Moon ou Ray Concepcion. Mais quand vous filmez Monotonix aux Eurockéennes, forcément il faut s’attendre à tout sauf à quelque chose de classique. Lors de la Route du Rock, Grandcrew a également réalisé des à-côtés en forme de sessions acoustiques (la jolie St. Vincent par exemple).

Stan Bertin est en charge de la ligne artistique et Anousonne Savanchomkeo des partenariats et de la communication (et de répondre aux questions des blogueuses curieuses). L’équipe est très branchée artistes indépendants: Grandcrew soutient la création musicale et ne filme et met en avant que les artistes ayant une vraie valeur artistique. Ce concept de valeur artistique peut être débattu,  jugez plutôt : Beach House, De La Soul, Black Lips, Crystal Antlers, Ratatat, Roots Manuva, Gush, Svinkels, Baden Baden, Vetiver, Vandaveer, HEALTH, The Heavy, The Asteroids Galaxy Tour … Notez que ces choix ressemblent beaucoup aux miens, je ne suis donc pas très objective. À vous de juger si ces groupes ont une vraie valeur artistique!

La question de la rémunération

La seconde problématique : rémunérer tous les acteurs de la chaîne du live, c’est-à-dire le label, le producteur (le tourneur ou la salle directement), la salle et la SACEM.

Aaaah, la SACEM. Elle collecte et gère les droits d’auteurs des œuvres musicales de ses adhérents. Notez que la SACEM relève du droit privé, bien qu’elle soit chargée d’une mission de service public, ce qui fait qu’elle n’est pas soumise aux organismes publics de contrôle comme la Cour des Comptes. Notez aussi que la SACEM refuse à ses adhérents de diffuser sous des licences ouvertes comme la licence Creative Commons. Elle interdit aussi à ses adhérents de diffuser gratuitement leurs œuvres sur Internet, sauf sur leur propre site officiel (en écoute, mais pas en téléchargement), alors qu’ils en sont eux-mêmes les créateurs. Aaaah, la SACEM.

Mais il faut faire avec. Et Grandcrew met un point d’honneur à vouloir rémunérer tous ceux qui font que les concerts qu’ils filment soient possibles. Ainsi que la SACEM.

Jusqu’à présent, tout le contenu de Grandcrew était accessible gratuitement. Il fallait que le site se fasse un nom sur la Toile et prouve qu’il existe une demande pour ce qu’il propose. Convaincue que c’est le cas, et soutenue par les salles partenaires, ses investisseurs privés, la blogosphère musicale et surtout ses utilisateurs, l’équipe de Grandcrew passe maintenant à l’étape suivante: mettre en place un modèle économique viable et équitable.

Car pour le moment, les fins de mois sont difficiles. Filmer et diffuser un concert coûte cher. Dans cette affaire, il n’y a que Grandcrew qui prend des risques : le label et la salle récoltent sans rien payer les fruits promotionnels que sont les concerts diffusés sur le site. Payer la SACEM, l’équipe, l’enregistrement du concert, le montage, le site, le serveur, la communication… Grandcrew peine à garder la tête hors de l’eau. Il est temps pour eux de rentabiliser au maximum leur contenu, sans dévier de leur ligne éditoriale et artistique exigeante.

En clair, il est temps pour nous, internautes, d’accepter le fait que si on veut du contenu exclusif et de haute qualité, débourser quelques euros est nécessaire. Comme on peut le lire sur la page d’accueil en forme de pierre tombale de Fabchannel :

the mantra stays the same: no money, no content.

Contrairement à la radio ou à la télé, Internet n’est toujours pas perçu par l’industrie musicale comme un partenaire. On se situe toujours dans la phase de cohabitation où chacun se jette des assiettes à la gueule. Sur Grandcrew, donc, il y aura toujours des concerts gratuits, et toujours un titre gratuit par concert. Pour le contenu payant, concrètement, ça donnera ça :

- Streaming : 1,99 ou 2,99€ par concert selon l’artiste et la taille de la production

- Téléchargement : 9,99€ pour la vidéo (format mp4), 8,99€ pour l’audio (séquencé et proposé au format mp3 et format lossless – « sans perte de qualité »). Comptez 14,99€ pour le package vidéo + audio.
Ils réfléchissent également à une formule d’abonnement qui donnerait accès à tous les concerts. L’équipe de Fabchannel y avait réfléchi également, mais s’était rendue compte qu’ils n’avaient pas assez de contenu à proposer à leurs abonnés pour justifier le prix de l’abonnement. Grandcrew ne devra pas donc pas ménager ses efforts et filmer un maximum de concerts intéressants ! L’objectif est de se positionner comme un véritable média, avec des news, des interviews, des chroniques de disques, et tutti quanti.

De plus, pour ceux et celles qui viennent physiquement au concert, Grandcrew vendra une carte de téléchargement au prix de 10€ qui leur permettra de télécharger le package vidéo + audio. Cette dernière offre est particulièrement intéressante je trouve. Imaginez: vous venez d’assister à un concert qui vous a mis sur le cul et vous voyez le stand Grandcrew qui vous propose de revivre le concert quand vous voulez, ou de le faire vivre à vos amis. Et quand Grandcrew se mettra à la 3D, je ne vous raconte même pas le délire.

De belles potentialités futures

Avant d’en arriver là, il y a du chemin. Le récent partenariat avec le Bataclan montre que les salles sont de plus en plus intéressées par l’offre de Grandcrew. Les majors, comme d’habitude, sont en retard, très en retard. Un exemple : si Grandcrew veut filmer un artiste signé chez Universal, il y a d’abord géolocalisation du contenu (vous ne pourrez pas voir le concert si vous habitez autre part qu’en France, par exemple), et de plus la major n’autorise qu’un mois de diffusion.

Les majors mettent en place de grosses limitations sur l’exploitation de leur catalogue, comme la géolocalisation ou l’exploitation très limitée dans le temps. Rappelons que dans l’histoire, la major n’a strictement rien eu à faire (si ce n’est, comme on me le rappelle en commentaire, faire connaître l’artiste). Vous avez dit « délirant » ? Leurs patrons semblent toujours penser qu’Internet est en train de tuer l’industrie musicale. Internet ne fait que changer les règles du jeu et redonne à la création le premier rôle. Quand les majors auront compris ça, elles pourront peut-être cesser d’avancer à reculons.

Grandcrew.com est un site créateur de valeur ajoutée de très haute qualité, un outil promotionnel exceptionnel pour les artistes et les salles de concerts. L’offre est excellente, l’inconnue est la demande. Les internautes aficionados de concerts seront-ils prêts à payer ? Les labels, salles de concerts et festivals vont-elles finir par se rendre compte du potentiel rémunérateur du service proposé par Grandcrew ?

Créations de DVD, ventes de concerts à des chaînes de télévision, publicité sur le site… Toutes les manières de rentabiliser le contenu sont envisagées. Comptez sur Grandcrew pour ne pas se retrouver à la botte des annonceurs ou des labels, ou pour changer leur ligne artistique et se retrouver à filmer Lady Gaga. Croître en notoriété sans perdre de vue son « éthique » est un sacré défi.

Et puis comme me le souffle Anousonne : « faire un White Stripes chez Beggars ce serait le rêve ». Tu m’étonnes. En attendant Jack White, Grandcrew travaille actuellement sur d’autres grands artistes. Du très lourd. Stay tuned !


Article initialement publié sur le blog ” Le Choix de Mlle Eddie

Crédits photos : FlickR CC parttimemusic ; joostnuijten ; drakelelane ; haniamir

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Artistes, vous êtes votre meilleur outil marketing http://owni.fr/2011/04/08/artistes-vous-etes-votre-meilleur-outil-marketing/ http://owni.fr/2011/04/08/artistes-vous-etes-votre-meilleur-outil-marketing/#comments Fri, 08 Apr 2011 15:58:46 +0000 Robin Davey http://owni.fr/?p=31504 Robin Davey est un musicien, réalisateur de films et producteur né au Royaume-Uni et vivant actuellement à Los Angeles. Avec son groupe The Hoax, il a eu les honneurs du British Blues Hall Of Fame à l’age de 23 ans. Son groupe actuel, The Bastard Fairies, a été le premier groupe à proposer son album en téléchargement libre sur internet en 2006. Cet album s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires.

Alors que les artistes rêvent que la musique avec un grand M occupe une place centrale dans l’industrie, dans la réalité, beaucoup d’éléments sont à mettre en place afin de pouvoir lancer une carrière.

Les dirigeants des maisons de disques et certains attachés de presse aimeraient vous faire croire que le grand M c’est pour le marketing. Ils adorent que tout le monde sache que c’est grâce à eux et leur stratégie qu’un artiste a émergé. En réalité, la raison pour laquelle un projet connait le succès, ça n’est ni grâce au grand M de marketing, ni au grand M de musique mais au grand M de “marketabilité” et cette qualité-là est entre les mains de l’artiste lui-même. Les artistes qui rencontrent le plus de succès, qu’ils soient mainstream ou qu’ils opèrent dans un genre de niche, sont ceux qui savent qu’il s’agit là de la clé pour grandir et vivre de son art.

Trop d’artistes échouent parce qu’ils mettent tous leurs oeufs dans le même panier. Ils négligent certains ingrédients qui, s’ils ne font pas clairement partie de l’équation, conduisent inévitablement à manquer des opportunités et à rater sa carrière.

La sphère dans laquelle vous pouvez faire connaître votre musique est plus large que jamais. Cela peut aller d’une couverture de magazine, à inciter un fan à partager votre dernière vidéo. Un magazine peut toucher des milliers de gens, ainsi inciter un millier de lecteurs à partager votre vidéo sur leurs profils, et le potentiel de la viralité exacerbe la portée de la publication physique.

Les stratégies aussi sont plus ouvertes. Etre un artiste des moins “marketables” peut bizarrement se trouver être un très bon outil de marketing, à condition que cette qualité soit utilisée à bon escient. Quoiqu’il en soit, ce sont les artistes qui doivent se montrer malins en étant conscients de ce qu’ils font et de la manière dont ils se présentent. Il n’existe rien de pire pour freiner une campagne qu’un artiste qui n’est pas à l’aise avec la façon dont on le présente.

3 éléments essentiels

Peu importe qui vous aide à marketer votre musique, il existe quelques éléments qui vous aiderons à être suffisamment marketable pour apparaitre en une de tel ou tel magazine, ou pour que des milliers de fans partagent vos liens sur leurs profils.

1. Vos compétences musicales :

Il existe une raison pour laquelle les footballeurs s’entrainent tout le temps; leur jeu doit rester à la pointe et leur forme demeurer olympique. Si vous souhaitez être un musicien pro, vous devrez adopter la même attitude. Votre esprit, votre voix et vos doigts devront être entretenus et devenir de plus en plus performants. Si vous pensez que votre talent inné suffira à faire votre notoriété, prenez l’habitude de n’être une star que pour vos amis et votre famille.

Quand quelqu’un parle d’une personne pour qui la musique coule de source, il ne fait pas référence à un être plus extraordinaire qu’un autre mais bien à quelqu’un qui a travaillé dur afin d’optimiser son talent, sans jamais baisser les bras. Le résultat de ce travail acharné, c’est que son aptitude à jouer devient naturelle. Nous pouvons tous marcher et parler, parce que nous le faisons constamment, tous les jours. C’est la même lorsque vous jouez d’un instrument ou chantez, vous devez vous plonger dedans dès que vous avez une seconde de libre.

Quand on monte dans un avion, on aime savoir que le pilote a effectué ses heures de formation. Quand vous êtes sur scène, vous êtes le pilote de votre public, et plus vous contrôlez le bon déroulé de leur soirée, plus ils seront receptifs.

2. Vos compositions

Une bonne composition est un excellent outil de marketing. Quoiqu’il en soit, n’avoir qu’une seule composition géniale, sans en avoir d’autres pour la soutenir, c’est se promettre une brillante carrière dans le karaoke plutôt qu’un succès aux VMA’s (MTV Video Music Awards, la grande cérémonie musicale de la chaîne aux Etats-Unis, ndt).

Tout comme l’apprentissage de la musique, la composition prend du temps afin de trouver le bon équilibre. Si par hasard il vous arrivait d’écrire et de sortir une chanson efficace trop tôt, elle pourrait condamner votre carrière à jamais. Plus vous écrirez, plus votre musique deviendra sincère et vos compositions meilleures. Trop d’artistes ne dépassent jamais le stade de l’imitation. Ils s’arrêtent de travailler pensant qu’ils ont découvert une formule qui leur permet de rencontrer leur public. Quand cette formule ressemble indéniablement à celle de quelqu’un d’autre, on peut trop souvent croire à tort qu’elle est marketable. Ce n’est pas le cas, car les gens sont capables d’entendre la différence. Même s’ils ne réussissent pas à vous le dire avec des mots, ils vous le feront comprendre en n’investissant pas à long terme sur vous et votre art.

Vous devez vous forger votre identité propre, sans quoi la comparaison avec Bob Dylan deviendra vite “il n’est qu’un Dylan de seconde main” et ça n’est pas bon pour votre carrière. Etre comparé à d’autres, c’est bien, mais si tout ce que vous pouvez faire c’est d’être comparé, vous ne tiendrez pas longtemps.

Ecrire vos propres chanson et être capable d’en écrire pour d’autres augmente considérablement votre marketabilité. Les collaborations sont très utiles quand il s’agit de séduire les fans des autres. Pas besoin de vous fixer tout de suite l’ambition d’écrire pour Lady Gaga; ça peut être pour un groupe local. Toute collaboration augmentera votre visibilité et votre merketabilitée.

3. Votre image

Comprendre ce qui vous va et vous met en valeur demande beaucoup d’implication de votre part. Il est très important que vous travailliez sur ce point. Ce n’est pas parce que vous réussirez à vous faire habiller par un super styliste pour une séance photo que vous n’aurez pas l’air de rien le reste du temps. Si vous savez ce qui vous va, vous pourrez tirer le meilleur de votre collaborateur sur ce point.

Pas la peine d’en faire des tonnes, pas la peine de vouloir choquer à tout prix, mais soyez d’être honnête et convainquant. Nirvana portait des jeans et des t-shirts déchirés, et les ados adoraient ça parce que ça leur semblait “vrai” et en cohérence avec leur style musical. Madonna a repoussé les limites de son époque avec succès parce qu’elle le faisait sans s’excuser. Tom Waits continue à jouer sur le personnage qu’il s’est crée, ce qui renforce son côté “authentique”.

Il n’y a pas de règle établie, mais si vous êtes un diplômé d’université orginaire des Hamptons (lieu de villégiature très uppé et prisé de la côte est des Etats-Unis, ndt), et que vous essayez d’incarner un vagabond californien, peut-être vous faut-il réviser votre stratégie. La meilleure façon d’être crédible est, comme je l’ai dit auparavant, d’être honnête. Si vous aimez faire semblant d’être quelqu’un d’autre, je vous conseille de devenir acteur. Au cas où vous ne seriez pas au courant, l’industrie de la musique ne paie pas très bien ces temps-ci, et la concurrence est féroce.

Le temps nous dira si le défilé de mode permanent de Lady Gaga donnera quelque chose sur sa carrière à long terme. Peut être que dans dix ans, en voyant un best of des années 2010 à la télé, on se dira “ah oui je me souviens d’elle, je crois qu’elle tient un karaoke dans le Texas, maintenant”. L’image de Gaga est clairement “marketable”. Est-elle durable pour autant ? C’est une toute autre question…

Pour conclure

L’honnêteté et le talent seront toujours les grands vainqueurs. Bien sûr, certains ont réussi dans le business de la musique et eu un minimum de succès pour de mauvaises raisons, mais il est de plus en plus rare que ce soit le cas. Vous voulez être célèbre ? Faites de la télé réalité, vos quinze minutes de gloire n’attendent que vous.

Vous voulez devenir un musicien à succès ? Dans ce cas, il faut vous accrocher. Comprendre qui vous êtes, pourquoi vous êtes comme ça, comment véhiculer tout cela au mieux etc. Cela demande du temps, de l’acharnement et, oh oui, une put*** de dose de boulot !

Article initialement publié sur Music Think Tank sous le titre “3 elements of music marketability” et traduit par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet

Crédit photos : Jinx!, Skip The Filler, agirregabiria

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OWNI x SXSW : un petit air de country http://owni.fr/2011/03/14/owni-x-sxsw-un-petit-air-de-country/ http://owni.fr/2011/03/14/owni-x-sxsw-un-petit-air-de-country/#comments Mon, 14 Mar 2011 15:39:01 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=31089 Cette semaine se tient le grand rassemblement international SXSW (South by SouthWest). Entre musique, cinéma et nouvelles technologies, l’évènement a su conquérir les acteurs et amoureux de ces univers. Son site internet ainsi que de nombreux articles sont déjà revenus sur ses 25 premières années d’existence. Fort de cette longévité, SXSW est désormais un événement incontournable. Lors de sa première édition en 1987 alors consacrée à la musique, ses instigateurs accueillirent 700 participants au lieu des cent initialement prévus, démontrant dès lors son intérêt.

Afin de célébrer à notre manière les vingt-cinq ans d’un des plus grands festivals au monde, nous avons décidé de revenir sur le contexte culturel dans lequel il a vu le jour.

Ce texte est largement inspiré d’un livre : Mainstream de Frederic Martel, dans lequel l’auteur fait le tour du monde pour essayer de comprendre ce qui devient mainstream et pourquoi. Au cours de son chapitre consacré à “l’invention de la pop music”, Fréderic Martel fait alors un passage à Nashville : centre stratégique incontournable pour l’industrie de la musique aux Etats-Unis, avec New York et Los Angeles.

Si Nashville est incontournable pour les Américains (le marché de la country est estimé à 10% des ventes de disques et de numérique aux Etat-Unis), elle reste plus ou moins inconnue par le reste de la planète. La musique historiquement légendaire qui est produite dans la région centrale Sud des Etats-Unis, s’exporte mal et reste le fruit d’une tradition locale. Définie par certains comme la poésie des Etats-Unis, il semblerait que la nature populaire et traditionnelle de ces musiques peine à se faire adopter par le monde comme le R’N’B, le rock ou la pop l’ont été.

Nashville, un centre névralgique pour l’industrie musicale aux Etats-Unis

Depuis les années 1960, Nashville représente le deuxième point stratégique et incontournable pour l’industrie de la musique après New York. De grands labels y ont installé des bureaux même si les tâches administratives et juridiques sont traitées aux sièges situés à Los Angeles et New York.

Nashville est considéré comme le berceau de la musique country. Situé entre le Kansas, l’Arkansa et le Mississippi, le “delta” est une zone inondable qui facilite la culture de coton. Les esclaves et les immigrés anglo-irlandais s’y installent et une culture originale naît de cette nouvelle mixité. Le blues (Musique noire) et la country (Musique blanche) se fréquentent et se chamaillent. Ces musiques, défendues par des musiciens de cultures différentes, ne cessent de se croiser.

L’âge de l’enregistreur et de la radiodiffusion métamorphose la vie des musiciens à la fin du XIXème siècle. La Country Music va alors connaître un extraordinaire rayonnement. L’industrie du disque recherche de nouveaux genres musicaux dans le sud, où il existe déjà un foisonnement musical. Il fallait un berceau à la Country Music, ce sera Nashville, surnommée plus tard la “Music City“.

Cette ville devient alors un véritable point de ralliement pour tous les musiciens américains proches de cette culture. Elvis Presley y a enregistré de la musique en studio. Johnny Cash, le célèbre chanteur en noir, emblème de la musique country, originaire de Kingsland, Arkansas meurt le 12 septembre 2003 à Nashville, Tennessee. Bob Dylan y enregistre plusieurs albums, accompagné par des musiciens locaux, dont le mythique Blonde On Blonde ou encore Nashville Skyline.

A l’intérieur de Nashville, un quartier va devenir le centre de toutes les préoccupations. Music Row est situé entre la 16ème et la 17ème avenue. Ce quartier est baptisé le Music Square East et c’est “l’adresse où il faut aller à Nashville pour trouver les sièges des majors, les studios d’enregistrement et les bureaux des télévisions musicales.” (Mainstream)

Né au début du XXe siècle, la country est d’abord la musique du monde rural blanc des États-Unis. Ce courant va subir diverses influences, parmi lesquelles le blues, et donner lieux à différents styles : le country-blues, le bluegrass, le country-western ou encore le country-rock.

Blues vs. Country

Le blues, c’est la musique des classes populaires noires, comme la country est la musique des classes populaires blanches. (Shelley Ritter – directrice du Delta Blues Museum, pour Mainstream)

Clacksdale est une petite ville du Nord-Ouest du Mississippi. Cette ville a été très importante pour le blues et de nombreux musiciens tels Sam Cooke, Junior Parker, Bukka White, Son House, John Lee Hooker, Jackie Brenston, Ike Turner, Eddie BoydWillie Brown et Johnny B. Moore y sont nés. Mais l’histoire de la musique blues y a plus ou moins été effacée à l’exception du petit musée touristique, le Delta Blues Museum. A l’époque, le blues n’est pas vraiment considéré, sûrement à cause du racisme ambiant propre à cette période. Il n’en reste pas moins une influence importante pour les musique interprétées par les blancs.

Blues et Country Music, naissent, grandissent et prospèrent sur le même terreau : le spleen et l’engagement. Au fil des ans, ces deux sœurs ne cesseront d’échanger leurs bons procédés et leurs meilleurs champions : Ray Charles le “countryse” d’un coté, et Willie Nelson le “jazze” de l’autre.

Quand le blues se joue dans des “juke joints”, la country, elle, se joue dans des “Honky tonks”. Toutes deux sont des musiques faites par et pour les classes populaires. La country-music a débuté comme une musique partagée par des musiciens noirs et blancs. Ces deux genres constituaient des musiques partageant des valeurs sociales semblables, parmi lesquelles le courage et la solidarité.

Malgré une structure harmonique bien définie, le blues est une chronique autobiographique et poétique, plus focalisé sur les paroles que la musique. Elle décrit la complaintes des esclaves, exploités par les émigrés/colons européens, toujours entre humour et mélancolie.

La country, elle, prend ses origines dans les Apalaches. Débarqués aux Etats-Unis en 1734, les premiers émigrants irlandais, anglais, gallois, écossais et espagnols on pour but de conquérir le nouveau monde et refaire leur vie. Le violon irlandais, le dulcimer allemand, la mandoline italienne, la guitare espagnole et le banjo africain sont les instruments les plus communs. Les interactions entre les musiciens issus de groupes ethniques différents feront naître ce genre unique qu’est la country.

La country est au centre de toute une économie. Embrassé par l’industrie de la musique, ce genre musical sera copié, modifié et verra même naître un grand nombre de dérivés nommés par les gourous du marketing. Du blues country en passant par le Hill Billy, le psychobilly, le rockabilly, la soul country ou encore le bluegrass, la country s’inspire et inspire, mais reste le représentant d’une culture locale et rurale qui pour la plupart d’entre nous reste une musique de “cowboy”.

Le blues et la country sont donc toutes deux décrites comme étant la poésie des Etats-Unis. L’une bénéficiant des stratégies de l’industrie musicale, l’autre restant une source d’inspiration importante pour la première. Pour Brenn Beck, pillier du groupe Left Lane Cruiser (que vous pouvez écouter sur OWNImusic), quand on lui demande quelle est selon lui la différence entre ces deux genres, il nous répond qu’ils ont toujours évolué côte à côte. Le whisky et les travaux physiques éprouvés par les deux communautés ont toujours inspiré ces genres. Par conséquent, la seule chose qui différencie l’un de l’autre est la couleur de peau de ses instigateurs.

Une autre chose qui contribue à relier ces deux style est la source très rurale de ces musiques. A contrario, le jazz est intrinsèquement une musique plus urbaine. C’est ainsi que la soul et le R’N’B produits dans le Tennessee dans les années 1950 ont vu leurs labels s’installer à New York et Los Angeles dès les années 1970.

La country est une musique très enracinée dans la vie locale. On l’écoute à la radio, mais on la joue aussi dans les “honky tonks”, les petits bars traditionnels blancs, un peu comme on fait le blues dans les “juke joints”, les petits bars du Sud Américain rural et noir. C’est pour ça qu’elle s’exporte mal, elle est trop locale [...] On ne vend pas de country à Londres, par exemple, c’est trop urbain. (Luke Lewis, PDG d’Universal music à Nashville pour Mainstream)

Gospel vs. Christian music

Fortement imprégnée par des musiques populaires, cette région du sud des Etats-Unis voit pourtant émerger deux styles musicaux très différents : le Gospel et la Christian Music (Gospel pour les blanc, souvent surnommé le “Southern Gospel”).

Au fond, nous faisons partie de la musique gospel. On pense souvent que le gospel est une musique noire, mais c’est d’abord une musique chrétienne. Et nous, nous faisons de la musique chrétienne qui est simplement blanche. (Dwayne Walker, Directeur du département artistique de Light Records, label spécialisé dans la musique Christian pour Mainstream)

Quand nous demandons à Benn Beck de nous expliquer la différence entre les deux genres, il nous répond que la différence majeure c’est que le gospel a une âme alors que la musique chrétienne émane d’une intention commerciale. La musique blanche est moins sujette à polémique que la musique noire et c’est en ce sens que l’industrie jette son dévolu sur le country et invente la christian music. Le Gospel reste à 99% noir quand la musique chrétienne reste à 99% blanche même si, à Nashville, la Gospel Music Association est le lobby officiel à la fois pour le gospel noir et la musique chrétienne.

A l’instar de la country, la “Christian music” se subdivise en de nombreux courants : Christian rock, southern gospel, jesus rock, god rock, gospel rock, christian rap et même rock “inspirationnel”. Nashville est connue pour être l’une des villes Américaines comptant le plus d’églises au kilomètre/carré. Au point même que l’on appelle cette région la “bible belt”, la région de la bible.

Encore une fois, la différence majeure entre le gospel et la musique chrétienne reste une histoire de couleur mais l’une et l’autre sont intrinséquement liées, l’une étant exploitée officiellement, et l’autre inspiratrice des musiques à destination commerciales.

En explorant tous les paramètres des musiques du sud des Etats-Unis, nous essayons toujours de comprendre pourquoi SXSW s’est installé à Austin plutôt qu’à Nashville et nous devons admettre que la raison de cette délocalisation reste assez mystérieuse à nos yeux même si quelques éléments pourraient expliquer ce phénomène.

Pourquoi SXSW est-il à Austin?

L’industrie de la musique ayant choisi comme centre Nashville, on se demande pourquoi Louis Black, Roland Swenson et Louis Meyers ont décidé de monter le fameux festival à Austin.

Un des éléments a priori des plus pertinents reste que Nashville est une ville de compositeurs, LA ville de la musique enregistrée, alors que SXSW est surtout un festival de “musique vivante”. Les mécanismes de l’industrie, à l’instar de ceux de la Motown, ont été adoptés à Nashville. Des éditeurs trouvent des compositeurs et des maisons de disques alors que des labels font interpréter les compositions et exploitent les versions enregistrées. Nashville a toujours fonctionné de cette manière et reste à priori une ville de compositeurs et de musiques enregistrées.

“L’éditeur est l’élément central de l’industrie à Nashville et les maisons de disque possèdent d’abord, et avant tout, le répertoire.” (Eddie de Garno, le PD-G d’EMI-Christian group Music Group pour Mainstream).

Quand nous posons la question à Frederic Martel, auteur de De la Culture en Amérique et Mainstream, il répond : “Nashville c’est vraiment la musique enregistrée chrétienne et country ; pas trop les concerts. Austin c’est beaucoup plus les concerts et aussi plus le rock et le blues, bref autre chose.”

Nous pensons cependant que la réunion de plusieurs paramètres indispensables au succès d’un tel festival contribuent à ce que cet évènement soit situé à Austin plus qu’à Nashville.

On the top of the list, Austin, en plus d’être la ville d’origine de nombreux musiciens tel Willie Nelson ou Janis Joplin, est aussi un berceau de la haute technologie. On surnomme même cette région la “Silicon Hill”. Parmis les plus gros employeurs d’Austin, on peut citer 3M, Apple, Hewlett-Packard, Google, AMD,Applied Materials, Cirrus Logic, Cisco Systems, eBay/PayPal, Hoover’s, Intel Corporation, National Instruments, Samsung Group, Silicon Laboratories, Sun Microsystems ou encore United Devices, ce qui, justifie largement la mise en place de SXSW interactive, au sein de ce même festival originellement destiné à la musique. Des milliers de diplômés en informatique ou en ingénierie sortent chaque année de l’université du Texas à Austin et constituent une source stable d’employés pour la ville. Perturbés par la sphère Internet dans les années 90, les fondateurs de SXSW avaient-ils déjà préssenti le rapprochement inévitable qui devait avoir lieu entre les nouvelles technologies et les industries culturelles ?

Les quelques 4000 universités des États-Unis forment les publics de demain, irriguent artistiquement des régions entières avec leurs 700 musées, 110 maisons d’édition et 3500 bibliothèques, dont 65 possèdent plus de 2,5 millions d’oeuvres chacune et 2300 Performing Arts Centers.

Ceci peut aussi expliquer cela. Austin, largement peuplée d’étudiants fait de cette capitale une ville propice au développement culturel et en particulier au développement du live et…explique une certaine passion pour le rock, plus contemporain, la musique du chaos où toutes les influences sont permises.

Autre élément, la ville a toujours été réputée pour ses clubs et bars squattés par les Généraux pendant la guerre civile dès le 19ème siècle. Aujourd’hui, gouvernement général des Etats-Unis, est l’un des plus gros employeurs d’Austin, connue pour être une ville cosmopolite et fêtarde où le mélange des genres est ainsi permis et le lourd passé de l’appartheid s’y trouve obsolète.

Austin, ville des Etats-Unis, où le ministère de la culture est nulle part mais la vie culturelle partout, montre encore une fois ce que l’industrie peut apporter à la culture. Alors que le secteur musical en France fait sans cesse appel au gouvernement pour régler ses tracas internes. Un système où la loi du commerce régit les cultures, on n’en voudrait pour rien au monde. Pourtant, alors que le monde est en crise, SXSW bat son plein et le dynamisme des secteurs culturels et de l’innovation est certain. Things to think about.

Sur la même thématique et dans le cadre du focus sur le folklore Américain, vous pouvez lire les articles suivants sur OWNImusic :

- Découvrez Cheyenne by Left Lane Cruiser

- Découvrez I Don’t Wanna by Eric Bling

- Le blues vu de l’hexagone

Crédits photos CC flickr : elfike; bluestuff1966; Peat Bakke; pixajen; eric veland

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Faites croître votre fan base sur Facebook ! http://owni.fr/2011/03/11/faites-croitre-votre-fan-base-sur-facebook/ http://owni.fr/2011/03/11/faites-croitre-votre-fan-base-sur-facebook/#comments Fri, 11 Mar 2011 13:08:13 +0000 Robin Davey http://owni.fr/?p=30843 Robin Davey est un musicien, réalisateur de films et producteur né au Royaume-Uni et vivant actuellement à Los Angeles. Avec son groupe The Hoax, il a eu les honneurs du British Blues Hall Of Fame à l’age de 23 ans. Son groupe actuel, The Bastard Fairies, a été le premier groupe à proposer son album en téléchargement libre sur internet en 2006. Cet album s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires.

Robin publie sur le site américain Music Think Tank, ainsi que sur son blog personnel.

S’agissant de votre musique, les gens ont une préoccupation principale : ce qu’elle signifie pour eux et non pas ce qu’elle signifie pour vous. Ceci est une des leçons les plus importantes qu’un musicien puisse recevoir.

La naissance des réseaux sociaux a donné aux fans un aperçu des aspects les plus terre-à-terre de la célébrité. Le résultat, c’est une nouvelle “dynamique de la normalité”. Cependant, maintenant que tout le monde est sur Twitter, du batteur des Black Keys à l’Etat de Corée du Nord, le fait de distiller des informations au compte-goutte appartient au passé. Le courant s’est inversé.

Maintenant, il est temps que l’artiste utilise les réseaux sociaux pour apprendre à connaître ses fans. Facebook s’avère être l’endroit parfait pour obtenir des informations vitales sur ce qui fait réagir votre fan base. Voyez-le comme un questionnaire de satisfaction client accessible du bout des doigts !

4 manières de faire gonfler votre fan base

1. Allez chercher vos fans

Le fait de vous “liker” sur Facebook ne fait pas instantanément de la personne un fan. Cela ne veut pas dire grand chose tant que vous ne les avez pas fait pénétrer plus loin dans votre monde. Lorsque vous postez quelque chose sur votre wall, ceux qui vous suivent ont le choix entre “liker” votre contenu ou aller plus loin en commentant. Les raisons pour lesquelles ils sont devenus “fans” de vous sur Facebook peuvent être multiples, et votre musique ne figure peut-être pas si haut que vous le croyez sur la liste.

Peut-être ont-ils trouvé votre photo sympa, que le nom de votre groupe est cool, ou alors ils pensent que vous êtres le groupe qu’ils ont entendu à la radio. Si vous aimez une chanson ou un autre artiste, postez un lien sur votre page, et dites à quel point vous les aimez. Si vos “fans” apprécient aussi, vous êtes sur la bonne voie pour les amener à se connecter à votre musique.

2. Comprenez la fonction “like”

Lorsqu’un de vos posts est “liké”, il faut prendre un peu de recul. Ne vous prenez pas trop au sérieux parce que vous avez dit quelque chose qui a entraîné un clic sur le bouton “like”. Au contraire, dites-vous que si ces personnes ont cliqué, c’est qu’elles ont pensé que ce que vous avez posté les définissait d’une manière ou d’une autre. En faisant apparaître leur nom dans les commentaires, ils vous approuvent. Si vous obtenez un nombre de “like” supérieur à la moyenne, ce n’est pas juste que vous avez dit quelque chose d’intelligent, c’est que vos fans ont répondu à un élément dont ils se sentent proches. Essayez d’y trouver un modèle que vous pourrez affiner au fur et à mesure.

Avez-vous écrit quelque chose d’amusant, de profond ou de provocant ?
C’est un élément important, parce qu’il s’agit de faire revenir vos fans sur votre page. Vous pouvez les attirer avec des choses qui les intéressent, et une fois que vous les avez captés, il faudra leur en donner plus. Pourquoi pas leur proposer de télécharger un titre, ou d’aller encore plus loin en passant à l’achat.
Par exemple si vous avez été choqué par le résultats des débats autour de la Prop 8 ou si vous avez vu un sketch marrant à la télé, vous pouvez parier qu’il en va de même pour votre fan base. Si vous êtes passionné, les gens vont se sentir concernés et interagir.

3. Faites appel à leurs émotions

Un post qui les fait rire, réfléchir ou qui provoque une quelconque émotion a beaucoup de chances de les amener à jeter un oeil à ce que vous pouvez proposer musicalement. Les posts qui ne font que promouvoir votre musique, ou qui font la promotion d’un concert en permanence feront plaisir à votre noyau dur de fans, mais ceux-là ont normalement déjà été captés et sont inscrits à votre mailing list. Le “cliqueur” occasionnel sur Facebook n’est pas encore aussi engagé. Les annonces génériques et ennuyeuses ressembleront vite à du spam à côté de ceux qui partagent des éléments qui les passionnent.

4. Amenez vos fans plus loin

Tout le monde a peur des mêmes choses, il s’agit là de thèmes universels. Les gens sont à la recherche d’un endroit où se sentir bien et en sécurité, un endroit rassurant où ils savent que tout va bien se passer.

D’une certaine manière, il faut qu’à travers votre musique et vos interactions avec vos fans, vous inspiriez des sentiments positifs. Etre positif, c’est leur montrer qu’il y a d’autres individus comme eux, qui partagent leurs opinions, ou qui comprennent les moments difficiles qu’ils traversent. Etre positif, c’est aussi les faire rire, ou parce qu’ils cherchent quelque chose de spirituel que vous leur apportez d’une manière ou d’une autre. Ou au contraire, peut-être en ont-ils marre de la religion et sont à la recherche de pensées athées auxquelles les réflexions que vous proposez correspondent.

Pour revenir sur le premier point évoqué dans cet article, Facebook est l’endroit où vous devez savoir ce que votre musique signifie pour les autres, et pas seulement pour vous. Ne vous inquiétez pas si les gens réagissent mal à ce que vous dites, cela signifie juste qu’ils n’avaient pas vraiment compris votre musique au départ. Vous n’en auriez jamais fait des fans. Mais pour toute personne qui vous quitte parce qu’elle ne se sentait rien de commun avec vous, vous en trouverez dix autres qui auront été convaincues parce qu’elles aiment ce que vous représentez.

Quelques réflexions, pour finir.

Votre musique est une extension de vous-même, et la meilleure musique se transmet parce qu’elle se change en conversation avec le fan. Plus ils comprennent et se sentent proches de ce que vous pensez et ressentez en dehors de la musique, plus leur “conversation” avec votre musique sera profonde.
Réfléchissez bien à ce que vous choisissez de dire et ne bombardez pas les gens de posts disant “achetez notre album !” Mettez-les à l’aise avec des éléments intellectuellement stimulants. Si vous réussissez à faire ça, vous êtes sur la bonne voie, celle qui fera croire à vos fans que vous “aimer”, c’est être intrinsèquement plus cool. Plus important encore, vous aurez mis en place avec succès l’un des outils marketing les plus puissants : le bouche à oreille.?

A faire / A ne pas faire

A ne pas faire : submerger vos fans de messages concernant votre dernière sortie (single, album…). Ils passeront pour du spam.

A faire : partager des infos qui peuvent intéresser votre fan base, mais qui ne concerne pas forcément votre musique. Par exemple, une actualité par laquelle vous vous sentez concerné. Proposez un commentaire concis. Les fans aiment se sentir liés à ce que vous aimez, d’autant plus s’il apprécient les mêmes choses.

A ne pas faire : laisser votre manager poster sur votre page. Il faut que le ton soit cohérent si vous postez vous-même.

A faire : demander à vos fans leur avis sur telle ou telle chose. Créez le débat, et n’ayez pas peur d’insérer un réponse ici ou là, sans trop en faire cependant. L’idée ce n’est pas, sur 23 commentaires, d’en avoir 20 de vous !

A ne pas faire : parler de vous sans arrêt, du fait que le monde va bientôt réaliser à quel point vous êtes génial, et à quel point il est dur de ne pas être reconnu pour votre art. Tout le monde s’en fiche, à part votre maman peut être (Quoique. Elle en a sûrement marre d’entendre ça !).

A faire : donnez votre avis. Si vous avez une opinion tranchée sur un sujet, donnez-la. Cependant, relisez bien votre post et assurez-vous que votre pensée est bien structurée. Et si vous êtes alcoolisé au moment de la rédaction, peut être vaut-il mieux attendre le lendemain matin avant de poster !

Article initialement publié sur : Music Think Tank et traduit par Loïc Dumoulin-Richet

Retrouvez le blog de Robin Davey

Crédits photos CC flickr : escapedtowisconsin; Andrea Costa Photography, vincos

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Artistes: pourquoi vous n’avez pas (encore) signé http://owni.fr/2011/03/10/artistes-pourquoi-vous-navez-pas-encore-signe/ http://owni.fr/2011/03/10/artistes-pourquoi-vous-navez-pas-encore-signe/#comments Thu, 10 Mar 2011 17:30:47 +0000 Martin Frascogna http://owni.fr/?p=30823 Nous apprécions particulièrement le point de vue d’avocat de l’Américain Martin Frascogna, que l’on ne rencontre pas souvent en France et pour cause : il existe peu d’avocats spécialisés dans les domaines de la culture et l’entertainement. Nous avons des avocats spécialisés en droit de la propriété intellectuelle mais peu qui gèrent les affaires de nos artistes. Le texte qui suit ne peut donc pas s’appliquer totalement au schéma français mais les conseils sont bons à prendre et peut-être trouverez-vous un acteur assez efficace pour faire office d’avocat à l’Américaine ;)

En tant qu’avocat de l’entertainement, mon travail est simple : aider les musiciens. Le fait d’aider signifie parfois qu’il faille révéler des vérités plutôt amères. Certains groupes mesurent leur succès selon s’ils sont signés sur un label ou non. Ceci est iréaliste. Etre signé ou pas ne signifie pas grand chose en réalité, malheureusement, beaucoup d’artistes pensent que leur échec est du à l’absence de soutien de leur label.

Au lieu de ressasser sans cesse leur mécontentement, les groupes doivent comprendre la dure réalité des choses : si un label ne le signe pas, c’est qu’il a de bonnes raisons. Ce sont ces raisons que les artistes doivent comprendre, analyser et appliquer afin de faire évoluer leur carrière. La pire des choses à faire (et pourtant la plus répandue), c’est de rendre responsable son entourage professionnel. “Si seulement mon manager avait fait ci….si seulement notre tourneur nous avait trouvé des dates plus importantes, ect…” C’est faux.

Ecoutez ce que les dirigeants de label ont à vous dire. Aimez-les ou detestez-les, que vous ayez été signé ou rejeté, ils font du conseil gratuit quand ils parlent. Ce sont des businessmen, ils comprennent le marché, et qu’importe si vous souhaitez avancer en tant qu’indé ou avec un label, vous resterez toujours votre propre “business”. Les sociétés doivent générer des revenus afin de survivre. Acceptez la critique. Pour les musiciens qui n’ont pas eu à faire à des dirigeants de labels, pas de soucis, soyez attentif. Voici cinq raisons pour lesquelles vous n’êtes pas signés. Utilisez ces conseils afin de faire progresser votre carrière ou même contourner les labels.

1. Votre groupe n’a rien d’extraordinaire

Aujourd’hui, tout le monde sait que la musique seule ne suffit pas pour être signé. La musique est en fait le point qui compte le moins pour être signé. Les labels sont à la recherche du point l’accroche unique, une accroche qui servira la mise en valeur du groupe. Plus encore, les labels recherchent des choses qu’ils n’ont pas déjà. Les groupes ont besoin de démontrer qu’ils ont percé dans une niche du marché à laquelle les labels n’ont pas encore accès. Montrez que vous avez séduit une niche et les labels sauront reconnaître que vous êtes celui qui leur en ouvrira ses portes. Si vous ne représentez pas une communauté, vous faites partie de la même catégorie que les milliers de groupes qui font la queue devant les portes des labels et qui attendent que vous sortiez du rang.

2. Vous n’avez pas la bonne attitude

Ne sous-estimez pas les conséquences qu’une bonne attitude peut avoir . Les labels s’impliquent dans une relation de business avec les artistes et la dernière chose dont ils ont envie c’est de faire des affaires avec un groupe pour qui être signé va de soi et qui plus est est arrogant. Vous ne trouverez jamais une industrie qui veuille faire des affaires avec un emmerdeur. Souvent, les groupes entrent en phase de négociation avec l’attitude suivante : “qu’est que vous allez bien pouvoir faire pour moi”. Faux. Afin de se défendre, ces mêmes artistes prétendent que c’est ainsi que les affaires se font. A la place, laissez votre avocat (ou représentant) négocier pour vous. C’est leur travail, ils ont des tactiques subtiles de négociation et savent sur quel point faire pression.

3. L’argent ne coule pas à flot

Contrairement à ce qui se dit, les labels n’ont pas d’argent. Il n’y a qu’un pourcentage très faible d’entre eux qui est en position de signer de nouveau projets. En plus de cette information déprimante, il y a encore moins de labels de qualité dont la légitimité est confirmée. Les artistes ne devraient signer qu’avec des labels (a) ayant une légitimité, (b) qui ont de l’argent pour le développement, (c) et qui ont un système de distribution établi.

4. L’importance du timing

Certains groupes ne sont tout simplement pas signés pour une histoire de timing. Vous avez beau avoir une offre en place, un bon système de livraison, une musique unique, et une niche solide sur laquelle vous pouvez compter, mais le label vous dit “non” quand même. Si ce label vous dit que ce n’est pas le bon moment, ils vous dit la vérité. Les cycles de l’industrie de la musique constituent un point important pour vendre et faire émerger un artiste. Si vous ne tombez pas au bon moment en termes de demande et de succès d’un genre, soyez patient, la tendance va tourner et tournera surement en votre faveur. A ce moment là, restez au top, soyez attentifs et approchez le label quand le timing est adéquat.

5. Trouvez-vous un bon VRP

Les groupes sont rarement signés et pour ce qui est de la direction artistique, elle est morte ou du moins, elle n’a plus d’influence. A moins qu’un label vous approche, ce qui est très rare, les labels entendent parler de musiciens via les avocats (ou intermédiaires). Les avocats de l’entertainement savent comment élaborer des propositions et plus encore, ils savent travailler avec les dirigeants de labels au quotidien. Ils savent quels labels ont de l’argent, lesquels signent, et qui ils sont susceptibles de signer. Votre avocat devrait être celui qui vous représente à chaque étape et à tous les niveaux, en indé ou en major. Mettez-les en avant et utilisez les afin qu’ils évoluent à vos côtés tout au long de votre carrière.

Article initialement publié sur Music Globalization et traduit par Lara Beswick.

Crédits photos : CC FlickR Scott Ableman, carolina naftali, leafar

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David Hyman, PDG de MOG: YouTube, la gratuité et le reste… http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/ http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/#comments Sat, 26 Feb 2011 15:28:20 +0000 Kyle Bylin http://owni.fr/?p=48615 Kyle Bylin est à l’origine du site américain Hypebot.com, qui se fait l’écho des évolutions de l’industre de la musique. Vous pouvez le retrouver sur Twitter (@hypebot, @kbylin)

Cet article est une réponse à l’article : “Youtube : un modèle gratuit qui paye?

J’ai eu l’occasion d’échanger avec David Hyman, le fondateur et PDG de MOG, un service musical basé sur le “cloud”. Au cours de cet entretien, David et moi-même abordons l’impact de YouTube sur la musique et pourquoi les périodes d’essai gratuites sur les services de musique par abonnement doivent être allongées.

Ce qui suit est une version éditée de notre conversation.

Hypebot : Bonjour Dave, merci de m’accorder un peu de votre temps.

David Hyman : Bonjour !

Commençons doucement, nous passerons progressivement à d’autres sujets. Eliot Van Buskirk, du site Evolver.fm, a récemment publié un article à lire absolument. Il y disait des choses intéressantes sur YouTube. Globalement, ce service a beaucoup apporté à la musique, mais paradoxalement, il lui fait sans doute aussi du tort. Pensez-vous que YouTube, avec toute sa musique en accès libre et le fait que chacun puisse y partager ce qu’il veut, soit néfaste pour MOG ?

Je ne pense pas que nous perdions des abonnés au profit de YouTube. Cette expérience (YT) concerne plutôt les tubes. On ne peut pas y écouter une succession de chansons. Il n’y a pas de programmation passive. Pas de playlists. Pas d’albums. Le principe est plutôt : “un titre à la fois”. Avant 1985 on ne faisait pas de clips vidéo, et pourtant il y a eu beaucoup de BONNE MUSIQUE avant 1985 ! Après cette date, la video a été cantonnée à quelques chansons par album au mieux. Si vous voulez entendre les tubes, écoutez la radio ou allez sur YouTube. Je ne crois pas que nos abonnés soient ce type de consommateurs.

D’accord. L’autre point soulevé par Buskirk dans son papier concerne le fait que la plateforme pousse de nombreux développeurs à intégrer l’API de YouTube, au lieu d’essayer de monter des partenariats avec des services existants comme MOG. Le fait que l’API de YouTube soit disponible porte-t-il préjudice à MOG du point de vue de l’innovation et de l’intégration ?

Je n’ai aucun site séduisant utilisant l’API YouTube pour offrir une expérience d’écoute satisfaisante qui me vienne à l’esprit. Nommez-en un ! Vous voyez, YouTube ne nous rend pas service. Mais il ne nous fait pas vraiment de mal, voire pas du tout. Ca me fait juste un peu mal au coeur. Mais je n’en suis pas non plus à perdre le sommeil en m’inquiétant des projections de MOG par rapport à YouTube !

Et SoundHound alors ? Plutôt que de recommender des streams de 30 secondes depuis MOG, leur app envoit les gens vers Youtube.

C’est vrai. Mais Soundhound veut aussi inclure MOG ! Ce sera bientôt le cas. On peut payer à Soundhound des frais d’affiliation. Qu’est ce que Youtube paie à Soundhound ?

Bien vu. Passons ! Un des sujets qui m’interpellent le plus concerne les périodes d’essais gratuits. Pensez vous qu’elles soient trop courtes ?

Bonne question ! Je ne pense pas qu’on ait suffisamment de données pour le moment. Je dirais que Netflix se débrouille très bien pour ce qui est de proposer des prestations satisfaisantes dans le cadre d’une période d’essai de durée comparable.

Et pour les films, est-ce différent ?

Peut être ! Je crois qu’on va en arriver là. Pour fournir davantage que ce que l’on fournit déjà, cela coûterait davantage aux labels. Et quand bien même, ils restreindront toujours la quantité de contenu gratuit que l’on peut proposer. Les frais associés à la mise à disposition de contenu gratuit au delà de la période d’essai gratuit que nous proposons sont prohibitifs. Les labels exigent des taux plutôt élevés sur la base du “par titre/par stream”. La modélisation qu’on a faite nous apprend qu’on ne pourrait pas compenser les coûts par la conversion et la publicité. Est-il possible qu’on ait tort ? Oui. Les taux sont très élevés, croyez-moi. Si je pouvais donner davantage et faire fonctionner le modèle, je le ferais. Nous passons une bonne partie de notre temps chaque jour à plancher sur ce sujet.

C’est aussi comme ça que je vois les choses. Les coûts sont beaucoup trop élevés, quoi qu’on en dise.

Nous essayons de trouver des solutions pour donner gratuitement de manière restreinte et ce de mieux en mieux et avec succès ! Ma seule inquiétude, c’est qu’une fois qu’on passe de “gratuit” à “gratuit restreint”, cela devient un “essai gratuit” et donc on perd l’intérêt de la vraie gratuité. Avec les coûts auxquels on fait face, on ne peut pas fournir du vrai gratuit.

J’imagine que le “gratuit restreint” au final ce serait une fonction “radio” ou du streaming limité. Pour moi, le bon côté d’un tel arrangement est que cela donne aux amateurs de musique le temps de se construire leur bibliothèque musicale. Plus ils aiment de chansons (chacune étant stockée dans leur bibliothèque), plus il est facile pour eux de devenir “propriétaires” de ces titres et de voir la valeur qu’a le fait de payer pour y accéder.

Je suis d’accord.

De mon point de vue, le cas des films est bien différent de celui de la musique. Je dirais que les gens ne se considèrent pas propriétaires des films qu’ils regardent en streaming sur Netflix parce qu’ils ne sont pas sensés l’être. La musique, ce n’est pas comme le cinéma. C’est plus comme le canapé que vous louez. Une fois qu’il est chez vous, vous avez du mal à voir comment vous allez en faire “votre” canapé. Une fois la période d’essai passée, vous n’aurez plus envie de vous en séparer. En vrai, vous pensiez que vous l’aviez loué, mais en fait, vous l’avez dors et déjà acheté.

Bien vu. Je dirai ceci : ne prenez pas ce qui suit pour argent comptant, ce n’est qu’une question de données… On a testé deux options : barrière de péage contre accès gratuit. Demander aux gens de payer avant d’utiliser l’essai gratuit s’est révélé meilleur en termes de conversion, au même niveau que le revenu net. On a tendance à penser que les choses dépendent davantage de comment le visiteur est arrivé sur site. Dans certains cas, ce serait mieux sans paywall. Et cela dépend aussi de la plateforme utilisée : smartphone, web etc…

Je crois que vous avez raison. Là tout de suite je ne me souviens pas des études faites à ce sujet. Mais globalement, nous échouons à prendre en compte la variable “origine” dans la prise de décision. Alors, comment se séparer du fardeau de la “propriété” sans pour autant enlever les avantages cognitifs ?

Les gens doivent pouvoir accéder à la musique de partout : depuis leur voiture, leur télé, leur téléphone, et leur console de jeu. Partout. Je pense que les bénéfices de la propriété sont déjà morts. Le problème, c’est principalement un manque d’éducation.

Tout à fait. Autre chose : quand on dit (et par “on” je veux dire “je” !) qu’il faut que les utilisateurs assument la propriété de leur musique, ça ne veut pas dire grand chose. Une génération entière de fans n’a absolument aucune idée de ce que signifie “posséder de la musique”, sous quelque forme que ce soit. Cette génération n’a d’ailleurs jamais eu à faire d’effort non plus pour la trouver.

Oui, comme ma fille de 7 ans. Elle a MOG sur un iPod dans une station d’accueil Altec Lansing dans sa chambre. Elle est accro. Elle ne sait pas faire la différence entre le téléchargement et le streaming. Allez, je dois me sauver !

Pas de problème, merci d’avoir pris le temps de discuter !

Cet article est une réponse à l’article : “Youtube : un modèle gratuit qui paye?

Article initialement publié sur Hypebot.com

Illustrations CC FlickR: william couch, orange_beard, samantha celera

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http://owni.fr/2011/02/26/david-hyman-pdg-de-mog-youtube-la-gratuite-et-le-reste/feed/ 3
YouTube: un modèle gratuit qui paye? http://owni.fr/2011/02/26/youtube-un-modele-gratuit-qui-paye/ http://owni.fr/2011/02/26/youtube-un-modele-gratuit-qui-paye/#comments Sat, 26 Feb 2011 14:15:41 +0000 Eliot Van Buskirk http://owni.fr/?p=48183

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Article initialement publié surEvolver.fm, traduit par Audrey Malmenayde et repéré par OWNImusic.com.

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Eliot Van Buskirk écrit pour le site Evolver.fm et s’interroge sur les problématiques liées à l’évolution des business models de la musique.

Baby, de Justin Bieber, la vidéo la plus vue sur YouTube

Alors que les maisons de disques et les sites de musique en ligne se battent pour convaincre les fans de musique de continuer à payer la musique, YouTube, lui-même un acteur majeur du secteur de la musique enregistrée, affirme que la distribuer gratuitement est aussi rentable pour les ayant-droit que de la faire payer, le tout étant inextricablement lié aux services de musique en ligne freemium comme Spotify et le très attendu Google Music.

Dans un entretien accordé à Evolver.fm au début du mois, les dirigeants de YouTube confirment que le site peut rapporter aux labels autant que des services payants et mettent en avant l’augmentation oscillant entre 200 et 300% de recettes que le site a générées auprès des titulaires de droits d’auteur l’année passée. Ils incombent cette forte croissance à l’augmentation générale du trafic notamment sur les téléphones mobiles, à des formats de publicité optimisés et plus rentables, à l’intégration d’AdWords dans le contenu vidéo (à travers lequel les annonceurs proposent des publicités que l’internaute « choisit » de regarder), à une nouvelle génération de curateurs qui partagent les vidéos sur les blogs et les réseaux sociaux multipliant ainsi leur audience, à des équipes commerciales plus efficaces particulièrement au sein de Vevo (une joint-venture associant Google, les principales maisons de disques et Abu Dhabi) ainsi qu’au système d’identification de contenu de YouTube qui permet aux détenteurs de droits d’auteur de gagner de l’argent même dans le cas d’une utilisation frauduleuse de leurs chansons.

« Nos plus gros partenaires musicaux gagnent plusieurs millions de dollars par mois » confie Chris Maxcy, le directeur des partenariats liés aux contenus sur YouTube. « Ce qui est également très impressionnant, c’est le niveau de croissance. Les niveaux de monétisation ont été multipliés par 2 voire 3 et ce seulement sur l’année passée…Nos labels partenaires sont ravis et nous misons sur une poursuite de la tendance. J’espère que d’ici un an nous pourrons annoncer de nouveau une multiplication des recettes par 2 ou 3 ».

Selon YouTube, la musique gratuite est aussi rentable que la musique payante. Et cela pourrait inspirer Google…

« Nous ne sommes pas attachés à un unique modèle payant en soi » explique Phil Farhi, un chef de produit au sein de l’équipe responsable des solutions de monétisation pour YouTube chez Google. « Nous nous sommes jusque là beaucoup concentrés sur la publicité, mais si certains utilisateurs dépensent de l’argent pour du contenu, d’autres dépensent du temps et de l’attention. Nous nous sommes penchés sur cette seconde catégorie. Et nous voyons qu’en optimisant vraiment tout, nous pouvons rapporter aux labels autant que les autres. »

Certains ne considèrent pas la valeur de la musique gratuite car ils demeurent trop concentrés sur son prix.

« C’est un piège connu : les gens se concentrent uniquement sur le prix des services intégrant la publicité en opposition au prix des plateformes d’abonnement ou de téléchargement », précise Phil Farhi. « Il ne faut pas seulement s’intéresser au prix mais aux niveaux d’audience et de visionnages atteints. »

La gratuité d’un produit en augmente la consommation. C’est une règle microéconomique avérée et une tendance prévisible. En effet qui ne voudrait pas d’un repas gratuit ? Ce qui est plus surprenant c’est que YouTube affirme pouvoir générer autant de recettes que des services payants à l’instar d’iTunes.

« Si on se penche sur les chiffres de Lady Gaga et que l’on compare le nombre de visionnages d’une vidéo sur YouTube et le nombre de téléchargements sur iTunes, il est évident qu’elle gagnera plus d’argent au travers d’un téléchargement payant que d’un visionnage sur YouTube » explique Phil Farhi. « En revanche si l’on raisonne en termes de trafic (c’est à dire le nombre de personnes qui regardent plusieurs fois ses vidéos, qui les regardent avant même de télécharger la chanson ou même découvrent l’artiste sur YouTube) il est aisé de comprendre comment ce système gratuit peut rivaliser avec un service payant. »

Le dilemme entre musique gratuite et musique payante a d’autant plus d’écho que la musique est aujourd’hui de plus en plus distribuée via des applications installées sur les téléphones mobiles, ordinateurs et à terme télévisions ou même autoradios. Les petits développeurs ne pouvant négocier des licences en propre auprès des labels mais désirant intégrer la lecture de morceaux complets à leur offre font face à un choix difficile. Ils peuvent soit intégrer gratuitement les vidéos YouTube à leur application (via Discovr) soit développer un abonnement limitant le temps d’écoute à 30 secondes pour les non-inscrits (MusicMapper).

Il y a quelques semaines, nous avons interrogé YouTube sur les risques que font peser sur l’industrie musicale une offre de musique gratuite et à la demande devenant une alternative à des services tels que MOG, Rdio, Rhapsody ou Spotify auprès des utilisateurs et des développeurs.

« Vous soulevez des questions intéressantes au sujet de certaines de ces applications » nous a répondu le directeur des partenariats liés aux contenus  Chris Maxcy. « Notre philosophie est la suivante : nous souhaitons rendre notre contenu le plus accessible possible. Nous voulons être la plus grande plateforme de divertissement, et nous pensons l’être déjà. Nous voulons nous assurer que les internautes ont accès aux vidéos par différents moyens…Tout cela est positif mais le risque avec ce principe et le système attenant, c’est que quelques personnes dans le monde abuseront de votre bonté et de l’accessibilité du contenu. Avec nos APIs, la grande majorité des développeurs respecte nos conditions d’utilisation. »

Sur les 10 vidéos les plus populaires sur YouTube, sept sont musicales

Les conditions d’utilisation de l’API YouTube précisent que les développeurs qui veulent intégrer des morceaux entiers à leur application peuvent le faire seulement s’il s’agit d’applications non commerciales (NB : cette information a été livrée par Farhi lors de l’entretien mais apparemment YouTube autorise l’utilisation de son interface dans une optique commerciale), si les vidéos complètes sont présentées et non seulement la musique qui en est extraite, et si les publicités de YouTube sont prises en compte.

Songza, Muziic et d’autres services n’ont pas respecté ces règles il y a quelques années, suite à quoi YouTube leur a interdit l’accès à son API ou menacé d’interdiction.

« Je pense que les applications intégrant la musique sont une excellente idée et nombre de services sont sérieux. Il est plus intelligent pour un développeur de s’assurer de respecter les conditions d’utilisation que de penser pouvoir les contourner pour accéder à notre plateforme » précise Phil Farhi. « Ils seront obligés de cesser leur activité et l’expérience du consommateur sera mauvaise car il ne pourra plus regarder les vidéos YouTube ».

Il est donc clair que si les développeurs d’applications poussent trop loin leur intégration de YouTube, ils en seront empêchés et YouTube a prouvé par le passé être capable de telles mesures. En revanche le constat que la musique gratuite est aussi rentable que la musique payante prouve que les développeurs devraient inclure les deux options : des vidéos YouTube pour les fans qui ne veulent pas payer pour écouter de la musique et un service d’abonnement tel que Rdio pour ceux qui désirent le faire.

A terme, le véritable bénéficiaire du postulat « la musique gratuite et la musique payante génèrent autant de recettes » pourrait être Spotify, ou même Google.

Phil Farhi constate le succès de Spotify sur la plateforme Facebook en Europe, car les internautes intègrent les liens Spotify à leur fil d’actualité (la version gratuite offre jusqu’à 20 heures de musique par mois). De plus, Spotify s’intègre directement à Facebook comme un réseau de partage musical. En revanche aux Etats-Unis les utilisateurs de Facebook préfèrent largement intégrer la musique via YouTube, comme chaque fan de musique américaine sur Facebook a pu le constater.

L’atout de Spotify réside dans sa capacité d’une part à rentabiliser l’écoute gratuite au travers de la publicité, d’autre part à permettre aux utilisateurs prêts à payer des services supplémentaires (application mobile, lecture hors ligne, meilleure qualité de son, absence de publicité) de ne pas changer de service et risquer de perdre leurs playlists, notes et contacts.

La leçon à tirer du débat entre YouTube et les services de musique payants est que Spotify, ou un type de service équivalent tirant profit à la fois de la musique gratuite et payante, est capable de générer des recettes au sein d’une industrie en proie à une profonde crise.

Lire la réaction de David Hyman, PDG de MOG au sujet de cet article.

Illustrations CC FlickR: webtreats & captures d’écran.

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