OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Un bouquet de bambous pour sauver des vies http://owni.fr/2012/11/30/un-bouquet-de-bambous-pour-sauver-des-vies/ http://owni.fr/2012/11/30/un-bouquet-de-bambous-pour-sauver-des-vies/#comments Fri, 30 Nov 2012 12:00:20 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=126887

Dans sa conférence TED, notre designer humoriste français Philippe Stark expliquait qu’à notre époque, être designer c’est être totalement inutile. Ce à quoi je répondrais qu’à notre époque et à l’avenir, être designer c’est choisir de se rendre utile et pourquoi pas indispensable.

Mine Kafon

Je vous présente aujourd’hui le fabuleux projet “Mine Kafon” créé par Massoud Hassani. Cet objet volumineux qui ressemble à la balle qu’un chat immense aurait perdu dans le désert est conçu pour être posé au sol et pour rouler à travers les champs de mines non défrichés… en faisant ainsi exploser les mines anti-personnelles oubliées. Une idée brillante, simple et percutante fabriquée à partir de matériaux légers comme le bambou, et qui vise à permettre aux populations locales de se réapproprier leurs terres afin de les utiliser en toute sécurité. Tout simplement pour cultiver, pour voyager, pour vivre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Vous l’aurez compris, cette balle immense n’explose pas quand la mine se déclenche mais elle absorbe le choc et continue à rouler jusqu’à la prochaine mine pour la faire exploser. Dans le détail, la balle est constituée de trois parties:

  • - le noyau sphérique
  • - 70 tiges de bambou qui sortent de celui-ci
  • - des embouts noirs et ronds pour les pieds de ces tiges de bambou.

Point particulièrement intéressant entre tous, Mine Kafon envoie et diffuse en permanence sa localisation, capturée par un GPS, traçant alors des chemins “libres” sans mine qu’il est possible de conserver.

Retour sur le principe d’une mine

En design, pour concevoir un objet pertinent, utile et dont la forme est à la hauteur de sa fonction, il faut bien comprendre le terrain dans lequel on agit, il faut même parfois devenir un spécialiste de son sujet. Ainsi, pour comprendre Mine Kafon, rappelons le principe d’une mine anti-personnelle. Cette mine est composée d’un dispositif de mise de feu qui se déclenche sous une action extérieure (le passage d’un véhicule, d’une personne ou d’un animal…) et émet une flamme qui aura pour effet de produire une petite explosion ; le rôle de cette petite explosion est déclencher la charge principale – la grosse explosion. La mine elle est également composée d’un dispositif de sécurité (goupille, bouton, fourchette, etc.). L’effet de souffle peut également endommager et projeter des fragments alentour.

Pour neutraliser l’engin, l’idée de Mine Kafon est, d’une part de déclencher la mise à feu (le poids de l’objet doit être suffisant) et, d’autre part, d’absorber le souffle pour éviter d’être projetée. Et éventuellement de limiter les éclats, les projectiles.

De plus, pour assez incroyable que cela puisse paraître, Mine Kafon est assez légère pour qu’une brise légère puisse simplement la pousser.

Le designer au service d’une cause.

Massoud Hassani a échappé à la guerre en Afghanistan alors qu’il avait 14 ans. C’est cette histoire qui l’a conduit à avoir une posture dans son métier. Son but était de trouver un moyen de faire disparaître ce fléau de sa ville natale, où sont encore présentes des milliers de vieilles mines soviétiques.

Quand nous étions jeunes, nous avons appris à faire nos propres jouets. Un de mes favoris était une petite éolienne roulante. Nous faisions des courses les uns contre les autres dans les champs autour de notre quartier. Il y avait toujours un fort vent s’agitant vers les montagnes. Alors que nous faisions la course, nos jouets ont roulé trop vite et trop loin et ont atterri dans des zones où nous ne pouvions pas aller les chercher en raison des mines. Je me souviens encore de ces jouets que j’avais fait et que je regardais aller au-delà de la zone où nous pouvions aller.

Détournement & matériaux

Construit en matière plastique biodégradable et en bambou avec un cœur informatique contenant un GPS, Mine Kafon s’inscrit dans la tendance du DIY. J’imagine très bien que Massoud Hassani puisse mettre en open source le code informatique qui analyse les données GPS mais également les plans de sa boule afin que chaque communauté concernée puisse recréer son propre démineur collectif.

Designers Bidouilleurs anti-guerre !

Hassan n’est pas le seul à se poser la question des armes, de la guerre et de ce que cela provoque. En effet, de nombreux designers, plasticiens, hacktivistes et artistes prennent des initiatives pour dénoncer et agir. Un exemple avec ce livre de coloriage qui dénonce les violences policières ou encore ce site intitulé “NukeMap” pour comprendre et visualiser l’impact des bombes nucléaires.

D’autres comme Mona Fawaz, Ahmad et Mona Harb Gharbieh se sont concentrés sur Beyrouth et ont cartographié les conflits armés pour en rendre compte à la population. Enfin, les bombes sont parfois détournées pour faire du bien à la planète.. et ça, parfois, ça me laisse rêveur.

Soutenir le projet

Pour finir ce “Vendredi c’est Graphism”, je vous invite à vous rendre sur la page du projet pour le soutenir. En effet, parfois, cet objet étrange perd un peu de ses jambes de bambou lorsqu’il explose et coûte au total une quarantaine d’euros. Une de ces “Mine Kafon” a été acquise par le MoMA et sera présentée en mars 2013.

Massoud Hassani est actuellement à la recherche de partenaires financiers et des collaborateurs pour apporter leurs idées dans la production.

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Dans cyberguerre, il y a guerre http://owni.fr/2012/11/29/dans-cyberguerre-il-y-a-guerre/ http://owni.fr/2012/11/29/dans-cyberguerre-il-y-a-guerre/#comments Thu, 29 Nov 2012 14:24:02 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=126699

Prononcez le mot cyberguerre. Attendez un peu. Un débat enflammé ne devrait pas tarder. La dernière couverture de L’Express (à l’iconographie soignée) n’a pas manqué de souffler sur les cybertisons, jamais vraiment éteints.

Révélant le modus operandi de l’attaque qui a touché l’Élysée en mai dernier, l’hebdomadaire surtitrait sa première page “CYBERGUERRE” en lettres capitales. L’Express affirme aussi que l’attaque a été menée par les États-Unis. Depuis les réactions ont fusé. Sur les faits décrits et sur le fond : est-ce là “le futur des conflits” comme l’affirme Christophe Barbier, le directeur du journal ?

Thomas Rid, chercheur au King’s College de Londres, a décortiqué tous les exemples de la prétendue cyberguerre. Aucun ne passe à l’examen des faits selon lui. D’autres adressent une critique structurelle au concept. Puisqu’elle est cyber, elle ne peut être guerre. Pour l’instant ou pour toujours.

Les observateurs sont pour le moins clivés, et la rédaction d’Owni n’échappe pas à la règle. Pour y voir plus clair, nous avons voulu laisser le “cyber” de côté pour se concentrer sur l’objet du litige : la “guerre”.

Cybermorts

Dans son édito vidéo, Christophe Barbier reconnaît le caractère spécifique de la cyberguerre : “une guerre qui fait peu ou pas de dégâts humains”. Un oxymore selon plusieurs politologues que nous avons interrogés.

Jean-Vincent Holeindre, maître de conférence en sciences politiques à Paris II, travaille sur la pensée militaire. Il rappelle que chez Clausewitz, la guerre est d’abord “un duel des volontés”. C’est la définition minimaliste. Deux piliers viennent l’enrichir : l’usage de la violence et le motif politique.

Régis Lanno, doctorant en sociologie à l’université de Strasbourg, précise :

Même s’il est difficile de définir de façon essentialiste la guerre, en raison des changements de moyens et d’outils dans l’histoire, des invariants demeurent. La guerre correspond à l’administration de la mort à l’extérieur d’un groupe (famille, communauté, clan et plus tard la Nation).

Point de guerre sans mort violente : deux volontés contradictoires s’opposent en mobilisant la violence armée. Mais l’administration de la mort doit répondre à une volonté politique. La criminalité, même violente, n’est pas la guerre. “La guerre consister à utiliser la violence ou la menace de la violence pour contraindre l’ennemi à se plier à sa volonté. Pour reprendre la définition de Clausewitz, la guerre est un acte de violence politique pour faire triompher sa volonté” ajoute Régis Lanno.

La définition restrictive utilisée en sciences sociales se distingue de l’emploi familier, de l’imaginaire collectif. Jean-Vincent Holeindre rappelle que “la perception de la guerre selon le sens commun est façonnée par la mémoire des guerres du XXe siècle, surtout les deux guerres mondiales.” Des guerres entre des États, entre des puissances industrielles, utilisant des armes sophistiquées. D’autres formes de guerre existent, nuance Jean-Vincent Holeindre. Les guerres asymétriques par exemple, qui opposent un groupe (des insurgés) à un pouvoir central.

Cyberconflit

“La guerre est le paroxysme du conflit” précise le chercheur. Le conflit comprend des gradations : de la dispute familiale à la grève de salariés. C’est plutôt quelque part dans ce panel que devrait figurer la cyberguerre, le cyberconflit donc.

Pour Régis Lanno, les victimes physiques sont cruciales pour employer le terme guerre : “En l’absence de mort dans le camp ennemi, la cyberguerre relève du conflit. L’objectif est plus de neutraliser l’ennemi que de l’anéantir physiquement.”

Du sabotage. Jean-Vincent Holeindre insiste :

Le sabotage est une stratégie militaire, un élément particulier d’un ensemble plus large qui relève du renseignement. Tout en se protégeant des attaques de l’adversaire, la partie au combat essaie de saboter l’arsenal ennemi pour le désorganiser et faciliter l’usage de la force.

Les exemples sont légions de cybersabotage et d’utilisations tactiques de cyberattaques : contre la Géorgie en 2008, la Russie a ciblé des sites internet officiels avant de mener sa campagne au sol. Stuxnet, le logiciel malveillant fabriqué par les États-Unis et Israël dans le cadre du programme “Olympic Games”, a permis de retarder le programme nucléaire iranien. Mais l’acte de sabotage ne suffit pas à lui seul pour qualifier l’acte de “cyberguerre”. Sauf si la cible de l’attaque s’estime victime d’une agression.

Cyber Lex, Sed Lex

On quitte alors l’univers théorique de la pensée politique pour entrer dans le domaine du droit. Yves Sandoz est professeur retraité de droit international humanitaire à Genève et Fribourg. Il rappelle “[qu']une définition a contrario de la guerre est posée dans la charte des Nations Unies adoptée en 1947″. La charte proscrit le recours à la violence pour régler des différends : fini les guerres d’agression (en principe), fini les déclarations de guerre en bonne et due forme.

À côté de l’évolution normative, Yves Sandoz note un changement de la nature des guerres aujourd’hui :

Les conflits internes de très haute intensité augmentent, comme au Mexique par exemple. Il s’agit d’un conflit criminel très violent. L’utilisation du terme “guerre” a aussi été dévoyée dans des expressions comme la “guerre contre la terreur” ou “la guerre contre la pauvreté”.

Juridiquement, une cyberattaque peut être considérée comme un acte d’hostilité, donc enclencher les mécanismes de légitime défense encadrés par la charte des Nations unies. “Mais il faut respecter le principe de proportionnalité” modère Yves Sandoz.

En somme, le piratage d’un site officiel peut difficilement entraîner un bombardement aérien en riposte… Les États-Unis l’ont annoncé l’année dernière : ils se réservent le droit de considérer une cyberattaque comme un acte de guerre, et d’y répondre par des moyens conventionnels.

Cyberrégulation

La cyberguerre froide

La cyberguerre froide

Les États-Unis gardent aujourd'hui la main sur certaines fonctions essentielles du Net. Au grand dam de quelques nations, ...

L’idée d’un traité sur la cyberguerre progresse. La Russie plaide depuis 1998 en faveur d’un traité international interdisant l’utilisation du cyberespace à des fins militaires. Mais obéissant à une logique de rapport de force. Moscou ne pense pas pouvoir rivaliser avec les autres États dans le cyberespace, dès lors mieux vaut que le cyberespace soit pacifié…

Champ de bataille, le cyberespace ne peut échapper aux garanties prévues par le droit. Caractériser une cyberattaque entraîne l’application du droit international humanitaire, plaide le Comité international de la Croix Rouge. La question n’est alors plus de savoir si la cyberguerre est possible, mais d’admettre qu’elle l’est pour éviter une zone grise non-codifiée, dans laquelle les belligérants pourraient nier l’existence de toutes règles et inventer un cyber-far-west.

Responsable des recherches sur les question cyber au CICR, Cordula Droege considère les cyberattaques comme “des moyens et des méthodes de guerre qui reposent sur les technologies de l’information et sont utilisées dans un contexte de conflit armé au sens du droit humanitaire”.

Cordula Droege émet des réserves sur la possibilité d’attribuer une cyberattaque et sur la nature des objectifs visés, qui ne doivent pas être civils conformément au droit international humanitaire. Ces nuances posées, elle écrit :

Si les moyens et les méthodes de la cyberguerre produisent les mêmes effets dans le monde réel que les armes conventionnelles (destruction, perturbation, dégâts/dommages, blessé, morts), ils doivent être gouvernés par les mêmes règles que les armes conventionnelles.


Photo par Leg0fenris [ccbyncnd]

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Vendredi c’est graphisme http://owni.fr/2012/01/27/vendredi-c-est-graphism-s03e04-graphisme-starck-typographie/ http://owni.fr/2012/01/27/vendredi-c-est-graphism-s03e04-graphisme-starck-typographie/#comments Fri, 27 Jan 2012 09:48:51 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=95933

Bonjour les ptits loups !

Aujourd’hui c’est vendredi et c’est graphism ! Je ne vous cache pas que la semaine a été chargée visuellement, émotionnellement et typographiquement. En ce moment ça remue dans tous les sens sur le web, les créatifs semblent commencer 2012 en pleine forme ! Pour commencer, je vous propose de faire un tour du côté de la typo avec le caractère Enriqueta à télécharger, on va également apprendre à faire un brief créatif ou encore à peindre sur des avions de guerre ! Côté actualités toujours, il paraît que Starck réalise le nouveau pass Navigo, que Peugeot se met au papier et que le CNAM nous présente ses vœux… On terminera la semaine sur un WTF très aérien à base de sushis !

Geoffrey

On commence la semaine avec des lettres, des mots ! En effet, cela faisait longtemps que je ne vous avais pas proposé une petite typographie à télécharger ! Dessinée et publiée récemment par Font Furor, cette typo serif élégante servira parfaitement pour vos titres et textes courts. On appréciera notamment ses chiffres elzéviriens proportionnels (des chiffres de hauteur et de largeur variables).

télécharger le Enriqueta

typo Lundi cest typographie avec le caractère Enriqueta!

source

Habitués de “Vendredi c’est Graphism”, vous savez que j’évoque parfois le métier de graphiste, de designer et aussi le méthodologie pour travailler ! Et souvent, dans le métier, on entend parler du “brief créatif” ! Ces deux mots qui sonnent bien ensemble sont pourtant parfois difficiles à corréler et à mettre en œuvre pour un designer. En effet, rédiger une approche, des idées, les informations pertinentes, les ressources de travail qui répondent le mieux aux attentes est parfois une affaire complexe. L’idée, lorsque l’on répond à un appel d’offre, à une compétition, serait donc d’avoir une méthodologie -et non une méthode- qui puisse nous guider quelque peu vers la rédaction d’un tel brief.

C’est dans cette optique que mon confrère Benoît Drouillat, des Designers Interactifs, a publié un document de travail intitulé “Comment formaliser un brief créatif”. Document que je vous partage ici.

brief Comment faire un brief créatif ?

source

Toujours cette semaine, j’ai eu l’occasion de découvrir un travail artistique grandeur nature et qui devrait faire rêver plus d’un petit garçon ! La question est la suivante : que faire des vieux avions de guerre ? Pas grand chose en apparence… Et pourtant, l’idée d’un projet artistique a germé au printemps 2010 lorsque Eric Firestone a décidé de relancer le “nose art”, popularisé à l’époque la Seconde Guerre mondiale.

Un petit point sur le Nose Art :

“Le Nose art, littéralement “art sur le nez (des avions)”, est constitué des peintures de guerre sur les avions militaires. Elles sont apparues lors de la Première Guerre mondiale mais ont connu leur apogée pendant la Seconde Guerre mondiale. [...] Pour s’occuper, les hommes cherchaient à trouver le meilleur nom ou motif pour leurs avions. Ces motifs étaient peints par l’équipage ou par un artiste officieusement reconnu par la hiérarchie militaire du fait de son talent et qui se retrouvait donc affecté officiellement aux cuisines mais qui ne passait que peu de temps aux casseroles. Enfin, les hommes pouvaient plus facilement identifier un avion par son surnom que par son numéro de série et ce caractère affectif permettait de mieux passer les moments difficiles (stress de la bataille ou mort d’un camarade).Elles étaient apposées le plus souvent sur le nez de l’appareil en dessous du poste de pilotage.”[wikipedia]

Firestone est donc parti sur cette réflexion pour évoluer vers un objectif plus large dans lequel différents artistes contemporains internationaux pouvaient réinventer l’intégralité de vieux avions militaires. Ces énormes avions hors services et stockés dans le désert ont donc commencé à prendre vie et couleur.

plane Quand les avions de guerre deviennent des œuvres dart !

source

Il y a quelques jours, on a appris le nom du designer qui allait créer la nouvelle carte “Navigo”. Cette carte de transport est une carte à puce sans contact, utilisant la technologie RFID et elle permet de prendre les transports en Île-de-France sur les réseaux RATP, SNCF et Optile. Cette carte au design simple, vraiment simple ne reflète pas le côté publicitaire ou marchand de ce qu’elle contient -comprenez un abonnement aux transports- mais elle semble refléter plutôt un objet à part entière.  On appréciera également le mélange de la couleur et du métal. Cependant, je suis très curieux de voir la version “définitive” que prendra cette carte ainsi que de l’avoir en main afin de découvrir si l’objet est agréable lui-aussi.

À noter que Philippe Starck dit avoir voulu faire “une carte fonctionnelle et élégante”, et il ajoute :

J’ai voulu anoblir cet objet si quotidien mais pas si banal, pour que les Franciliens soient fiers de leur carte et fiers du bien commun porté par les transports.

Peugeot a présenté cette semaine sa nouvelle publicité très graphique et tout en papier ! L’idée derrière cette vidéo est que lorsqu’on possède une voiture, la “paperasse” est vraiment une partie désagréable pour le conducteur. Ainsi, dans l’idée d’économiser du temps et du papier, Peugeot propose un forfait qui s’occupe “de tout”.  Cette vidéo stop-motion, réalisée par Joseph Mann de Blinkinkn et par le designer Kyle Bean aura demandé environ quatre semaines de travail minutieux. Le tout est filmé par EuroRSCG & Peugeot.

La vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le Making-of :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Toujours dans les créatifs qui savent encore nous réveiller un peu avec de la poésie, des images et des choses simples, voici la carte de vœux pour l’année 2012 du CNAP, le Centre National des Arts Plastiques. Le Cnap, est une institution culturelle française prenant la forme d’un établissement public à caractère administratif (EPA) placé sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. Et comme de rares établissements publics, le CNAP a fait appel à des designers, j’ai nommé Camille Baudelaire à l’image et Amaury Arboun au son. Le résultat, le voici :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour conclure notre semaine, je vous propose d’aller dans l’espace ! Oui, souvent, je m’étonne des efforts impressionnants de créativité mis en place par les humains pour réaliser… des choses absurdes ! Alors oui, envoyer des sushis dans l’espace est une idée totalement farfelue, filmer l’expérience et la diffuser sur internet l’est sûrement encore plus ! Et là on se demande “Mais pourquoooooi?!” ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Merci Tania

Après ce WTF, que pensez-vous de conclure sur un petit mot de la fin sur les autres évènements de la semaine ? Entre le logo de François Hollande, le bad-buzz design du Huffington Post, et le design de voiture aux Invalides, nous sommes servis.

Et si vous avez encore faim de design, vous pouvez jeter un œil aux “boîtes des bouquinistes” ou vous rendre à Stockholm début février.

Bonne fin de semaine et gardez bien l’œil ouvert !

Geoffrey

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Le jour où les avions se sont arrêtés http://owni.fr/2011/09/08/avions-arretes-11-septembre-2001-world-trade-center/ http://owni.fr/2011/09/08/avions-arretes-11-septembre-2001-world-trade-center/#comments Thu, 08 Sep 2011 17:02:08 +0000 Jean-Noël Lafargue http://owni.fr/?p=78563 Le 11 septembre, les vols d’avion sont bradés. Par superstition, sans doute, de nombreux voyageurs évitent cette date. Ils ne le font pas en souvenir du coup d’État du 11 septembre 1973 au Chili, mais à cause de l’attentat du World Trade Center à New York, le 11 septembre 2001.

Une date marquante, il est vrai, autant pour le fait historique lui-même, pour les images qu’il a produites que pour tout ce que cela a déclenché ou plutôt, autorisé : des guerres moyen-orientales, des lois réprimant les libertés publiques et le sentiment général, à tort ou à raison, d’un certain déclin des pratiques démocratiques dans les pays les plus développés.

Souviens-toi, souviens-toi du 11 septembre

Je me rappelle bien ce jour là. Ma fille aînée, qui avait alors onze ans, nous avait prévenus de ce qui était pour elle un évènement incroyable : toutes les chaînes diffusaient le même programme. À ce moment, personne ne savait ce qu’il se passait, on voyait de la fumée sortir d’une des tours qu’un avion venait de percuter. La thèse de l’accident a été abandonnée quand on a vu un second avion percuter l’autre bâtiment. On a vu les tours s’effondrer, en direct, l’une après l’autre. Je ne me souviens plus trop de l’enchaînement des évènements ensuite : on a parlé d’un avion s’écrasant sur la Maison Blanche (aussitôt oublié, il s’agissait vraisemblablement d’une erreur), d’un autre sur le Pentagone, d’un autre encore qui ne répondait plus et que l’on avait dû abattre, le climat était à la panique complète, les images étaient rediffusées en boucle, on revoyait de malheureux courtiers se jeter du haut des tours jumelles dans un geste désespéré dont le sens n’est toujours pas très clair.

J’aimerais bien revoir l’ensemble de ces images, disons les deux premiers jours, pour me rappeler dans quel ordre tout ça nous est parvenu, savoir à quel moment précis le coupable a été désigné, aussi. Je me rappelle enfin que pour quelques dizaines d’heures, tous les vols civils du monde ont été annulés, permettant aux météorologues et aux observateurs de la qualité de l’air de collecter des données complètement inédites sur l’impact écologique de l’aviation. On peut minimiser l’évènement, rappeler le nombre de fois où les États-Unis ont été la cause directe ou indirecte d’un grand nombre de morts, mais il n’empêche que dans les heures qui ont suivi l’effondrement des tours, le monde s’est arrêté, on ne parlait que de ça et on ne pensait qu’à ça. Quelque chose de nouveau s’était produit, un évènement sidérant, dont on a tout de suite été certains qu’il allait changer énormément de choses à la marche du monde — et ce fut le cas.

Les coupables désignés ont été les terroristes islamistes du groupe Al Qaeda, qui s’en étaient déjà pris au World Trade Center en 1993. Je ne me rappelle pas que l’attentat du 11 septembre ait été explicitement revendiqué par Al Qaeda, mais il n’a jamais été démenti non plus. Le président de l’époque, George Bush, élu récemment dans des conditions complexes (au terme d’un recomptage des votes), dont la seule particularité notable jusqu’ici était d’être le fils du prédécesseur de son prédécesseur, connaissait une baisse régulière de son taux de popularité. En allant sur les gravats de Ground Zéro un casque de pompier sur la tête et en promettant une guerre en Afghanistan, George Bush a vu sa cote de popularité passer en quelques jours de cinquante à quatre-vingt dix pour cent : l’effroi de tous les américains, fragilisés comme jamais dans leur histoire, avait eu cet effet inespéré.

La guerre oui, mais pas sur notre territoire

Il faut dire que depuis l’attaque de Pearl Harbour , le pays n’avait jamais été attaqué sur son sol. En fait, les États-Unis, qui sont pourtant en guerre permanente depuis qu’ils existent, ne sont pas du tout habitués à être pris pour cible de manière directe. Dans la foulée de cet enthousiasme bushiste, quatre-vingts pour cent des américains soutenaient encore leur président, le 26 octobre 2001, lorsque celui-ci a fait voter le Patriot Act, un arsenal juridique qui donnait des pouvoirs étendus aux services secrets et limitait nettement les libertés publiques : droit à la vie privée, droit d’expression, droits de la défense des accusés. Ne parlons pas de l’amalgame honteux qui associait à Al Qaeda l’Iran la Corée du Nord et surtout l’Irak, victime d’une guerre aux justifications vaseuses et mensongères.

Enfin, New York, siège des Nations Unies, symbole d’une Amérique cosmopolite liée à la vieille Europe, centre du XXe siècle, a momentanément semblé vaincue par ses propres valeurs d’ouverture au monde. Et ce n’est pas un petit symbole.

De manière opportuniste, le gouvernement fédéral venait d’obtenir de nombreuses choses qu’il aurait été difficile ou impossible à obtenir autrement, et ceci avec le consentement pleutre du parti Démocrate (qui a voté le Patriot Act et accepté la guerre en Irak) mais aussi de la plupart des alliés des États-Unis, à l’exception de la France dont la résistance reste le dernier “beau geste” historique à mon avis. Il faut dire que la menace était forte, le président de la première puissance militaire n’avait pas hésité à lâcher :

Vous êtes soit avec nous, soit contre nous

La théorie du complot dans l’air du temps

La théorie d’un “choc des civilisations” que Ben Laden ou George Bush ont tenté d’imposer à l’opinion internationale semblait pourtant motivée par une raison certes civilisationnelle mais pas spécialement religieuse, je veux parler du pétrole. La famille Bush et la famille Ben Laden étaient partenaires financiers dans le domaine, et Oussama Ben Laden, renégat de sa famille, avait quand à lui été soutenu par la CIA, qu’avait justement dirigé George Bush père, pendant la guerre entre l’URSS et l’Afghanistan. La proximité amicale, historique, financière et stratégique entre différents protagonistes et les conflits d’intérêts (il suffit de penser au fait que le vice-président Dick Cheney était l’ancien directeur de la société Halliburton, titulaire de milliards de dollars de contrats avec l’armée) ou les incohérences dans la traque d’Oussama Ben Laden (jusqu’à son incompréhensible assassinat) ont donné à certains l’idée folle que la chute des tours jumelles avait été décidée et exécutée par la CIA.

C’est la fameuse “théorie du complot”, qui a été décrédibilisée par ceux qui l’ont soutenue médiatiquement et ont tenté de la démontrer, expertises “indépendantes” farfelues à l’appui, mais qui n’a pourtant rien d’absurde : après tout, il est déjà arrivé que les États-Unis attaquent leur vassaux en se faisant passer pour leurs rivaux, comme dans le cas du spectaculaire attentat de la Gare de Bologne, en 1980, organisé par des “Brigades rouges” qui étaient en réalité des néo-nazis de la loge maçonnique . Propaganda due, fournis en explosifs par Gladio, c’est à dire la branche italienne de Stay Behind, un service secret de l’Otan chargé de diffuser en Europe la peur du socialisme.


Les complots existent. Les attentats destinés à accuser d’autres que ceux qui les ont perpétrés, y compris des attentats contre soi-même, ne sont pas rares dans l’histoire : qui veut noyer son chien l’accuse d’avoir la gale, n’est-ce pas. Mais pour moi, l’hypothèse du complot d’État reste peu vraisemblable, et ce pour des questions d’image.

Pour commencer, la raison d’État est une notion qu’une majorité de gens admet à des degrés divers, mais toujours à condition que celle-ci ait un lien direct avec ce qui est censé être protégé ou conquis. On peut prendre pour exemple la question des indiens d’Amérique. Malgré quelques films tardifs d’auto-flagellation (Little Big Man, etc.), les Américains vivent assez bien avec l’idée du génocide des indigènes. Certaines parties de leur histoire les mettent un peu plus mal à l’aise. Le film Heaven’s Gate (1980), de Michael Cimino, a par exemple provoqué à sa sortie un rejet général de la part de la critique et du public, car il affirmait que les grands propriétaires terriens qui ont fondé le pays l’ont fait en assassinant les immigrants pauvres qui étaient venus chercher la bonne fortune sur le nouveau continent, et dont la présence gênait : il y a ici une dissonance entre deux mythes, celui des immenses puissances financières telles que le pays sait en produire, et celui du pays où “tout est possible” et où chacun a les mêmes chances de réussir.

La construction d’un imaginaire national

Par ailleurs, si les États-Unis adorent s’inventer des ennemis et les monter en épingle, il est en revanche insoutenable pour eux de se voir en victimes d’une authentique défaite, et je doute qu’ils prennent sciemment le risque d’en subir.

Virtuellement, au cinéma ou dans les comics, les États-Unis ont été menacés par des saboteurs nazis, par des sous-mariniers japonais, par des arabes délirants (les Lybiens dans Retour vers le futur, par exemple), ou par d’autres aliens, venus de l’espace ou de pays exotiques. Mais ces défaites, toujours dues à la fourberie de l’ennemi, ne sont jamais que provisoires.

Le cas-limite est le film Pearl Harbour, par Michael Bay (2001), qui transforme une défaite historique traumatisante en quasi-victoire, puisque l’on y voit deux valeureux pilotes détruire à eux seuls la plupart des avions japonais puis, quelques mois plus tard, aller bombarder Tokyo : le film s’achève donc sur un succès, le martyr est exclu.

La politique extérieure américaine n’est justifiée, dans l’opinion publique du pays, que par le sentiment d’être du “bon côté”, d’être mondialement enviés (et donc d’avoir toutes les raisons de se défendre, y compris préventivement) et enfin, par un sentiment d’invincibilité, du moins d’invincibilité sur leur propre sol, car ailleurs il en va autrement : les guerres de Corée, du Viêt Nam, d’Irak ou d’Afghanistan sont loin de pouvoir être qualifiées de victoires. Si la défaite extérieure est gérée par diverses fictions et par des rites (le rapatriement des soldats tombés pour le drapeau, les cérémonies dans les cimetières militaires,…), la défaite intérieure n’a pas vraiment d’image, n’est pas imaginable. Quant à l’agression, elle est toujours de l’autre côté : en se fiant exclusivement aux films de fiction, on peut imaginer que les États-Unis sont constamment attaqués par d’autres pays et ne font que répliquer légitimement à ces assauts, tandis qu’en regardant l’Histoire, on constate l’exact opposé : des siècles de guerres”préventives”, “anticipatives”, c’est à dire des guerres déclenchées par les États-Unis.

Pour accepter sa situation très singulière — celle d’un empire martial bâti sur une terre spoliée qui assure le confort d’une partie de ses citoyens au détriment du reste du monde, si l’on doit résumer —, les États-Unis ont construit assez spontanément une mythologie séduisante en laquelle ils sont les premiers à croire, qui s’exprime avant tout dans les fictions populaires et qui propose au public mondial une vision symbolique cohérente de la marche du monde. La légitimité de la domination ; la supériorité de la décision sur l’analyse ; de l’action sur la réflexion ; du “bon sens” (c’est à dire des préjugés) sur l’intelligence ; l’héroïsme des conquêtes ; l’envie ou la jalousie qu’est censé susciter le modèle américain ; etc.

Cow-boys libres et aux pieds sur terre ; président fondamentalement honnête et courageux, protection divine (parfois si bête que les traducteurs français l’éludent des adaptations de séries ou de films), étrangers hostiles mais — et c’est une assez bonne raison — dont les pays sont traités comme une aire de jeu, … Notre imagination, l’imagination planétaire, est en partie limitée, bornée par l’efficacité des scénaristes hollywoodiens.

D’autres modes de pensée existent pourtant

En même temps, les États-uniens sont aussi les premiers producteurs du contre-poison aux œuvres qui relèvent de l’idéologie américaine. Il existe chez eux une grande tradition de résistance au patriotisme forcé, à la bigoterie, à l’impérialisme de leur pays, à la société de consommation, à l’organisation patriarcale et aux académismes esthétiques. On la trouve, à des degrés divers (du rejet total de la civilisation américaine contemporaine à des revendications plus ponctuelles), dans les contre-cultures qu’on a appelées beat, freak, hippie, etc. : William Burroughs, Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Gregory Corso, Robert Crumb, John Waters, Philip K. Dick, Bob Dylan et Joan Baez, Hakim Bey, Michael Moore. On la trouve aussi (et souvent en lien étroit avec les précédents cités), à l’université, avec des personnalités telles que Noam Chomsky, Donna Haraway, Angela Davis, Howard Zinn. On peut bien sûr remonter plus loin dans l’histoire avec des gens tels que Henry David Thoreau. Il existe aussi une forte contre-culture « de droite », parfois opposée à l’État fédéral : survivalistes et autres libertariens.

Mais tous ces mouvements plus ou moins underground souffrent d’une part de leur statut, qui fait d’eux, et parfois malgré eux, des cautions démocratiques, mais ils souffrent aussi de leur récupération médiatique : caricaturés, achetés, transformés en marques, en clichés, victimes d’hagiographies qui renvoient leur pensée et leur engagement à l’histoire ou la résument à des anecdotes,… Qu’on les ignore, qu’on fasse d’eux les épouvantails de leur propre engagement ou qu’on les affaiblisse en les célébrant ou même en continuant leur travail, ils sont toujours gérés et, finalement, à peu près inoffensifs.

Plus efficaces sont parfois les artistes qui jouent le jeu de l’entertainment et avancent en quelque sorte masqués, touchant un large public et parvenant à donner une publicité extraordinaire à des idées subversives. Bien sûr, leur attitude peut aussi être questionnée et elle est à double-tranchant : on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, certes, mais dans un message transmis sous forme de divertissement, c’est le divertissement qu’on retient le plus, et qui reçoit le consentement, pas l’éventuel message politique.

De plus, ces œuvres se perdent souvent dans la masse des films ou des séries de propagande patriotique qui, souvent, épousent le même forme et ont les mêmes qualités, et qui feignent même parfois la subversion (un président noir dans 24 heures chrono, par ex). Pourtant, j’admire beaucoup les figures de cette étonnante “contre-culture mainstream”, si on me permet cet oxymore, dans laquelle je range, à des niveaux de subversion, là encore, très divers, Matt Groening (Les Simpson, Futurama), Joss Whedon (Buffy, Angel, Firefly), Tim Burton (pour Beetlejuice, Edward Scissorhands et Mars Attack), Paul Verhoeven (pour Robocop et Starship Troopers) et même, je suis près à le défendre, James Cameron (Terminator, Aliens, Dark Angel, Avatar).

De nouvelles pistes sur l’après-11 septembre

Je voulais parler du 11 septembre 2001 et je me lance dans un discours anti-impérialiste anti-américaniste primaire qui conclut en affirmant que James Cameron est un cinéaste subversif. Parmi le déluge d’articles consacrés à cet anniversaire, je doute que quelqu’un arrive à faire plus fort que moi.

Alors le 11 septembre 2001, oui, c’est bien un évènement, parce qu’il y a beaucoup de choses derrière. Beaucoup de choses y ont mené, et beaucoup de choses en ont découlé : on n’a pas fini d’en entendre parler. Un travail que j’aimerais vraiment réaliser sur le sujet, ce serait de reprendre chaque série télévisée de l’époque, et voir comment l’attentat a modifié leur ligne politique, quel genre de situations ont été scénarisées (je pense, par exemple, aux épisodes de séries justifiant la torture par exemple), quels nouveaux personnages sont apparus, et bien sûr, quelles séries ont disparu et quelles séries sont nées à ce moment-là.

Quelques articles liés au sujet : Opérations extérieures, Mission: Impossible, L’herbe du voisin bleu du futur est toujours plus pourpre.

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Billet initialement publié sous le titre “Le jour où les avions se sont arrêtés” sur Le dernier des blogs

Illustrations: Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification Joshua Schwimmer /PaternitéPas d'utilisation commerciale Brendan Loy/PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification US Army Korea – IMCOM /PaternitéPas de modification How I See Life/PaternitéPas d'utilisation commerciale morizaPaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification Sister72

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Les zolis dessins de Kim Jong-Il http://owni.fr/2011/08/27/dessins-animes-coree-nord-propagande/ http://owni.fr/2011/08/27/dessins-animes-coree-nord-propagande/#comments Sat, 27 Aug 2011 13:30:34 +0000 Alexandre Marchand http://owni.fr/?p=77140 Traîtres à la tête enflée”, “chiens enragés”, “vile lie humaine”… Dans un récent article, le New York Times se penchait sur le langage peu châtié de KCNA, l’agence officielle de la Corée du Nord, dans ses communiqués au reste du monde.

En réalité, le régime de Pyongyang veille à imposer un lexique belliqueux à l’ensemble de la population. En témoignent les dessins animés officiels à destination des enfants. Petits bijoux de propagande brut de décoffrage, ces films d’animation justifient cinquante ans d’une autarcie organisée entre paranoïa et agressivité, abnégation guerrière et militarisme. Ou, pour reprendre KCNA:

[Les dessins animés] sont faits pour implanter dans l’esprit des enfants un patriotisme brûlant et canaliser la haine envers l’ennemi

L’ennemi tu combattras

Exemple: dans la clairière d’un bois, un ours brun esquisse quelques pas de danse classique coréenne. Au gré d’innocents chœurs enfantins, il pousse la chansonnette devant une bande d’écureuils admiratifs :

Quelle que soit la manière, j’utiliserai ma force

Jusqu’à ce que l’ennemi ne soit plus que poussière dans le vent

Faites-les sauter, faites-les sauter

Bienvenue dans la série “L’écureuil et le hérisson”. Le village des écureuils est sous la menace d’une armée de belettes féroces. Heureusement, le grand ours de la colline veille au grain pour protéger les vulnérables créatures. Mais, usant de la ruse, les ennemis parviennent à soûler l’ursidé et mettent les cabanes à feu et à sang. Seul un écureuil parvient à échapper à la rafle et court rejoindre ses amis hérissons à l’organisation martiale, rompus au combat. La grande guerre de reconquête peut alors commencer…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En Corée du Nord, les films d’animation servent un même objectif. Comme l’explique à OWNI la chercheuse Dafna Zur, spécialiste des éditions nord-coréennes pour les enfants, la représentation du combat contre un agresseur est essentielle:

La Corée du Nord a toujours fait face à de vrais défis économiques. Le rôle de la propagande est, notamment, de parvenir à mobiliser les Nord-Coréens en attisant une grande aversion de l’ennemi, quel qu’il soit.

Portraiturer l’ennemi sous des traits animaliers est une vieille tradition en Corée du Nord, remarque la chercheuse à l’université Keimyung (Corée du Sud). Dans les années 1950 déjà, Adong Munhak, le grand magazine pour enfants de l’époque, contenait inévitablement une parabole animalière sous forme de bande dessinée. Et les canons du genre n’ont guère évolué en l’espace de quelques décennies. En guise d’innocents Nord-Coréens, les animaux purs et intelligents de la forêt: le lion, l’ours, l’écureuil, le hérisson (véritable mascotte nationale)… À l’ennemi, la figure d’un animal sournois et détesté: la belette, le chacal… (faisant également référence aux surnoms donnés aux Américains).

La violence tu aduleras

Le “canon-crayon” est un grand classique qui tourne sur Internet depuis quelques années. Un garçon nord-coréen est assis à sa table de travail, à plancher sur son devoir de géométrie. Tombant de sommeil, il se laisse emporter dans un rêve.

Catastrophe, les tanks américains arrivent par la mer. Heureusement le héros et ses petits amis ont revêtu l’uniforme militaire et courent défendre les rivages du valeureux pays. Les engins américains (nez crochu, yeux vicieux) avancent, avancent. Le petit écolier et ses crayons-missiles sont le dernier espoir de la nation… “Tire, tire !” lui hurle un espèce de petit tyran. De guerre lasse: les projectiles ratent leur cible. Et l’ennemi qui approche…il sera bientôt là…il arrive…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Depuis la guerre de Corée (1950-1953), note Dafna Zur, l’une des principales caractéristiques des images à destination des enfants (affiches, bande dessinées ou films d’animation) est de jouer sur la synergie de la candeur et de la violence. L’enfant est représenté comme une figure éternellement innocente. Dans le “canon-crayon”, le héros est ainsi représenté sous les traits d’un petit garçon au teint diaphane, les traits purs et doux, sans la moindre ombre sur le visage, les cils recourbés…. Dénué d’humanité, l’enfant atteint le statut de symbole.

Et pourtant cette figure canonique se lance sans hésitation aucune dans la guerre (en l’occurrence bombarder les Américains de crayons-missiles). La violence ainsi esthétisée est présentée comme le simple jeu d’un enfant, un jeu naturel et désirable. Mais les dessins animés ne possèdent toutefois pas la crudité des bandes dessinées, où l’on voit les peaux déchirées, les corps déchiquetés, les armes ensanglantés. Si la violence est moins présente à l’écran, elle n’en est pas moins suggérée à tout bout de champ: uniformes, injonctions martiales, musique militaire récurrente… L’expérience semble même carthartique: en s’affrontant à un ennemi déshumanisé (belette, tank…), l’individu s’accomplit lui-même, il semble passer une étape salvatrice. Influencée par l’esthétique du Japon militarisé des années 1930, alors puissance colonisatrice de la Corée, cette apologie de la mort et de la violence joue sur son pouvoir mobilisateur, comme le remarque Dafna Zur:

La glorification de la violence est partie intégrante de l’identité nord-coréenne. Il y a quelque chose d’excitant dans la violence, dans le défi de l’ennemi. La brutalité est une émotion viscérale, une émotion forte qui unit le peuple

Pour la nation tu te sacrifieras

Pourquoi les écureuils ont-ils été défaits par les belettes ? Car ils n’étaient pas organisés militairement, trop confiants dans la protection du seul ours.

Pourquoi l’écolier n’arrive-t-il pas à repousser l’invasion des tanks américains? Car, n’ayant pas fait son devoir de géométrie, il se trompe dans l’angle du lancement de ses missiles

Dans chaque cas, la nation (ou sa représentation narrative) est mise en danger en raison d’une erreur. Le moindre faux pas d’un individu risque de compromettre la communauté toute entière. La morale est intangible : “sois irréprochable pour pouvoir défendre ton peuple”. Dans “L’écureuil et le hérisson”, tous les animaux s’allient ainsi ensemble pour créer une armée organisée et aller battre les belettes. Dans le “canon-crayon”, l’écolier se réveille en sursaut et retourne à son devoir de géométrie avant d’aller professer de lénifiantes leçons à ses camarades sur l’importance de l’apprentissage.

Parfois, la nation requiert même un véritable sacrifice. Un autre dessin animé, datant de 1993, met ainsi en scène un couple de jeunes épis de maïs assistant, héberlué, au combat héroïque d’un régiment de patates. À peine les nouvelles cultures mises en terre, voilà que des bactéries s’apprêtent à venir les dévorer. Heureusement, l’armée (de pommes de terre) est là pour défendre les futures récoltes. S’engage alors une lutte drolatique entre bactéries et patates, le tout sous le regard effrayé des deux épis de maïs. L’issue est favorable: les pommes de terre sortent victorieuses. À peine couronné de son succès, le régiment se jette dans une machine agricole pour en ressortir sous forme de paquets de chips ou de purée. Pour nourrir la nation, comprenez. Une nouvelle génération de pommes de terre, encore plus nombreuse, voit alors le jour grâce à l’abnégation de ses aînés.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Contrairement aux autres dessins animés, celui-ci ne donne pas (trop) dans la métaphore guerrière. L’accent est plutôt mis sur les sacrifices auxquels chaque individu doit consentir pour que la nation puisse connaître des lendemains ensoleillés où la nourriture foisonnera. Un message bien senti pour un film d’animation sorti au beau milieu des grandes famines des années 1990…

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http://owni.fr/2011/08/27/dessins-animes-coree-nord-propagande/feed/ 9
[ITW] « Internet, c’est la démocratie directe » http://owni.fr/2011/08/23/internet-democratie-paul-jorion-anonymous-wikileaks/ http://owni.fr/2011/08/23/internet-democratie-paul-jorion-anonymous-wikileaks/#comments Tue, 23 Aug 2011 06:15:33 +0000 Fabien Benoit http://owni.fr/?p=75831 Paul Jorion est anthropologue et blogueur sur les questions économiques et financières. En 2005, il avait été un des premiers à prévoir la crise des subprimes et la récession qui allait en résulter. Aujourd’hui, dans son nouvel ouvrage, La guerre civile numérique, paru chez Textuel, il revient sur l’épisode Wikileaks et les réactions politiques qui l’ont accompagnées. Il dépeint une situation d’extrême tension, une situation qu’il qualifie de «pré-révolutionnaire ».

Quel a été l’évènement déclencheur qui vous a poussé à écrire La guerre civile numérique ?

L’évènement déclencheur a été le refus de Paypal et Mastercard de transmettre à Wikileaks les donations qui lui avaient été faites. Du point de vue des règles du commerce, c’est incroyable. C’est une chose qui ne se fait pas, c’est tout simplement interdit par la loi. Là, il s’agissait clairement d’une interférence des pouvoirs publics, d’une décision du gouvernement américain pour sanctionner Wikileaks. Avec cet événement, on est sorti du cadre démocratique. C’est un événement très grave, vraiment très grave. Pour moi, cela équivalait à une déclaration de guerre.

Ce terme de « guerre civile numérique » est très fort, vous pensez vraiment qu’il s’agit là d’une guerre ?

Mon éditeur voulait intituler le livre « l’insurrection numérique ». Je n’étais pas d’accord car ce n’est pas d’une insurrection qu’il s’agit, ce n’est pas un mouvement qui vient d’en bas et qui s’élève contre les pouvoirs en place. C’est l’inverse, c’est une déclaration de guerre qui vient d’en haut, du gouvernement américain, contre un mouvement citoyen, en l’occurrence Wikileaks. C’est très surprenant car Barack Obama s’était engagé pendant sa campagne à renforcer les droits et la protection des sites whistleblowers – lanceurs d’alerte – et là il a fait tout le contraire en leur déclarant littéralement la guerre.

Ce qui est apparu par la suite comme une évidence, c’est la collusion profonde entre le gouvernement américain et les entreprises privées, pour faire la guerre à Wikileaks mais aussi à des journalistes et des éditorialistes qui défendaient le site de Julian Assange. On a ensuite aussi découvert que le gouvernement américain faisait appel à des officines privées de sécurité pour enquêter sur les Anonymous, ces activistes qui ont pris la défense de Wikileaks. Les Anonymous ont d’ailleurs infiltré une de ces sociétés, HBGary, et révélé ses liens avec le gouvernement américain.

Je le répète, il ne s’agit pas d’une insurrection, il s’agit de mesures anti-démocratiques prises par un gouvernement. Une guerre civile s’est ouverte et les gouvernements l’ont déjà perdue… C’est une évidence pour moi.

Comment comprenez-vous la réaction du gouvernement américain et des pouvoirs politiques dans le monde, face à Internet et aux nouvelles formes de mobilisation qui y naissent ?

Le gouvernement américain s’était déclaré favorable aux sites whistleblowers [lanceurs d'alerte]. Seulement quand c’est chez le voisin ça va, quand c’est chez soi c’est plus problématique. J’ai été invité sur la plateau de l’émission Ce soir ou jamais de Frédéric Taddéi. Hubert Védrine était là et expliquait que les gouvernements ne pouvaient fonctionner sur le mode de la transparence totale, qu’il fallait un niveau d’intervention officiel et un niveau officieux. En fait, les gouvernements n’arrivent pas à s’accommoder de la transparence. La démocratie n’est finalement qu’un discours de façade, une image.

Vous dites que les Etats-Unis ont déclaré une guerre et ont perdu la première bataille, expliquez-nous ça.

Avec les Anonymous – qui se sont attaqués aux sites de Visa, Mastercard, Paypal et Amazon, qui cessa d’héberger Wikileaks sur ses serveurs [NDLR] – on a vu apparaître une nouvelle forme de résistance. Le principe même de cette nouvelle forme d’activisme repose sur des individus isolés, des citoyens qui se mobilisent ponctuellement sur une action, de type action directe, comme le fait par exemple de bloquer un site web. La plupart du temps ces gens ne se connaissent pas. C’est un système finalement très cloisonné.

Le patron de la société de sécurité privée HBGary, Aaron Barr, avait annoncé : « On a trouvé les chefs des Anonymous ! On va les avoir, on les connaît ». En fait, c’est faux, personne ne sait qui compose ce mouvement et il n’y a certainement pas de chef. Les Anonymous, c’est un mouvement éclaté. Dès lors, il est difficile de gagner une guerre contre un mouvement aussi volatile. On peut arrêter quelqu’un qui a participé à une action mais dans le même temps de nouvelles personnes, dans des pays différents, peuvent se mobiliser et conduire d’autres actions du même type.

L’organisation d’Internet se prête parfaitement à cette nouvelle forme de résistance contre l’arbitraire des pouvoirs traditionnels. Pour ces pouvoirs, c’est incontestablement une guerre perdue d’avance. Ils pourront faire tous les Hadopi et autres mesures de contrôle qu’ils veulent, ils ne gagneront pas…

Vous évoquez les Anonymous, que représente ce mouvement ?

Moi ils me font penser aux nihilistes russes du 19e siècle. Ce sont des jeunes aux idées généreuses qui ont un goût pour l’action directe. Leur moteur c’est l’indignation, le rejet de décisions qu’ils considèrent comme injustes.

Pensez-vous qu’Internet porte en lui les germes d’une démocratie plus directe ?

Internet, c’est la démocratie directe. Il n’y a pas de hiérarchie et tout le monde peut s’y exprimer.

Cette guerre civile numérique que vous évoquez est-elle intimement liée aux tentatives de régulation d’Internet par les pouvoirs publics ?

Oui, je pense qu’à un certain niveau il y a là aussi une confusion des genres, qui n’existait pas avant, entre décideurs politiques et milieu des affaires. La régulation d’Internet de toute façon ne marchera pas. Déjà, le temps des lois n’est pas celui d’Internet. Une loi est votée et aussitôt elle est obsolète. L’idée de vouloir empêcher l’apparition d’une culture de la gratuité est par exemple totalement vaine. De fait, aujourd’hui, on télécharge sa musique gratuitement.

Au niveau du fonctionnement économique d’Internet, il y a deux éléments essentiels pour moi : la gratuité et la donation. Si quelqu’un apprécie ce que vous lui apportez gratuitement – je pense par exemple aux articles que je publie sur mon blog – il vous fait un cadeau, sous forme de don. Et chacun met ce qu’il veut. C’est l’avenir économique d’Internet, ce que les Anglais appellent le «crowdfunding ».

Je reviens sur l’idée de guerre civile numérique, vous dites dans votre livre « deux parties de la population sont en train de se dresser l’une contre l’autre », quels sont ces deux groupes qui s’opposent ?

Je pense que cela renvoie à deux types sociologiques. D’une côté, il y a une partie de la population qui est plutôt libertaire et une autre qui est effrayée par les perspectives qu’ouvre Internet. C’est un schéma somme toute assez classique, il y a toujours eu, au cours de l’histoire, des personnes tournées vers le futur, l’innovation, et d’autres qui au contraire avaient peur du changement. Ces derniers, les conservateurs, ont du mal à improviser face à la nouveauté. C’est la situation que nous vivons aujourd’hui. On a globalement les promoteurs d’un nouveau monde d’un côté et les défenseurs d’un ancien de l’autre…

Cette situation provoque toujours des tensions. Prenons un exemple historique. Lorsque le protestantisme est apparu en Europe, les gens qui étaient intéressés par les livres, par la nouveauté se sont tournés vers cette religion. C’est un bon exemple car dans ce cas-là cela a produit une guerre civile.

Tissez-vous des liens entre le cas de Wikileaks, des Anonymous et les printemps arabes ou, plus près de nous, un mouvement tel que celui des « Indignados » en Espagne ?

Oui, je pense qu’on assiste globalement à la naissance d’une contre-culture et Internet en fournit la structure, l’organisation.

Jusqu’où peut aller la guerre civile dont vous parlez ?

Je pense qu’il y pourrait y avoir des épisodes de guerre généralisée… Les pouvoirs nationaux ne pourront rien faire selon moi contre la résistance sur Internet. On aura beau prendre des mesures dans un pays, il sera toujours possible de les contourner en passant par un autre.


Illustrations Flickr CC PaternitéPartage selon les Conditions Initiales gaelx Paternité the cardinal de la ville, Wau Holland Foundation, Abode of Chaos

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http://owni.fr/2011/08/23/internet-democratie-paul-jorion-anonymous-wikileaks/feed/ 44
L’armée pakistanaise se paye sa série télé http://owni.fr/2011/07/22/larmee-pakistanaise-se-paye-sa-serie-tele/ http://owni.fr/2011/07/22/larmee-pakistanaise-se-paye-sa-serie-tele/#comments Fri, 22 Jul 2011 09:59:39 +0000 Alexandre Marchand http://owni.fr/?p=74463 Ralenti. Trois hommes en tenue d’aviateurs. Ils avancent sur le tarmac. Démarche grave. Mine sérieuse. Ray-Bans noires. Gants blancs. Armes apprêtées. Riffs acérés. Batterie énervée.

Non, vous ne regardez pas une rediffusion de Top Gun : vous êtes devant “Faseel-e-Jaan Se Aagay” (“Au-delà de l’appel du devoir”), la nouvelle série de l’armée pakistanaise ! Estampillé “histoire vraie”, le show décrit le combat (héroïque, bien sûr) des soldats contre les Talibans dans la vallée de Swat en 2009. Une saga qui fleure bon le nationalisme et le mélo. ““Esprits invincibles, âmes immortelles” proclame le sous-titre en toute humilité. Lancé en janvier, le feuilleton compte onze épisodes, divisés en deux “saisons”. PTV, la télévision d’État, en diffuse le deuxième volet depuis la mi-juin.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

De l’héroïsme bon marché

L’armée définit la trame de la série : le combat des soldats pakistanais, bravoure et idéaux en bandoulière, face aux Talibans autour de la ville de Mingora. Les militaires ont engagé une boîte de production pour réaliser les différents épisodes, tout en contrôlant strictement les scénarios et en se réservant le final cut.

Pas d’histoire linéaire au fil de la série, pas d’éternel héros invincible aux dents blanches, chaque épisode se concentre sur un nouveau fait d’armes glorieux. Que des évènements réels, paraît-il. Le premier épisode de la saison 2  met ainsi en scène deux soldats pakistanais s’emparant, en dépit des ordres, d’un canon anti-aérien détenu par les Talibans pour venger un de leurs camarades tombé au combat. “Une opération inouïe” s’enflamme le résumé rédigé par l’armée pakistanaise sur son compte Youtube. Tout d’abord réprimandés, les deux hommes se voient au final récompensés par un dîner en compagnie de leur commandant.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Propagande certes mais propagande à peu de frais. Chaque plan respire le manque de moyens. À peine 12.000$ de budget par épisode. Du coup on rogne où l’on peut : le casting par exemple. Plutôt que d’embaucher des comédiens, l’armée mobilise ses propres soldats. Nos deux héros précédemment cités sont par exemple joués… ô surprise… par eux-mêmes!

Je suis un soldat de cœur et d’esprit. J’ai seulement accepté de jouer ce rôle pour rendre hommage à mes confrères aviateurs et soldats

explique le major Zahid Bari, un de ces deux pilotes, interrogé par le Wall Street Journal.

Réhabiliter l’image de l’armée

C’est dans une grande opération de relations publiques que l’armée pakistanaise, véritable État dans l’État, a investi avec cette série. En diffusant son programme sur PTV, elle vise explicitement la masse de la population rurale, à peu près certaine d’obtenir ainsi des jolis chiffres d’audience. Malgré tout, l’enthousiasme est à pondérer.

Personne dans les grandes villes ne regarde PTV, ils ont beaucoup mieux avec les chaînes satellitaires. Il faut bien le dire : la télévision publique, c’est vraiment ennuyeux. Il n’y a que dans les campagnes que les gens regardent ça, ils n’ont juste rien d’autre.

confie Mariam Abou Zahab, spécialiste du Pakistan et de l’Afghanistan.

En regardant “Faseel-e-Jaan Se Aagay” et ses héros débordant de bons sentiments, de courage, d’intégrité, de patriotisme, de dévouement, de droiture, le spectateur crédule en oublierait presque à qui il a à faire. Et s’il conserve encore des doutes, la page Facebook du show intitulée “PakArmyZindabad” (“Vive l’armée pakistanaise”) devrait achever le bourrage de crâne…

La gentille armée contre les méchants Talibans

Dans le merveilleux monde manichéen de “Faseel-e-Jaan Se Aagay”, les “gentils soldats” sont opposés aux (très) “méchants islamistes”. Car le soap se veut bien une justification en prime time du retournement stratégique opéré par l’État pakistanais en l’espace de quelques années.

L’attitude du Pakistan envers les islamistes a toujours été teintée d’ambigüité. Malgré les troubles apportés par ces mouvements, certains s’avèrent bien utiles pour nuire à l’Inde, éternel ennemi,  très supérieur en termes démographiques et militaires. Les spectaculaires attentats de Bombay de 2009 avaient, par exemple, été perpétrés par un réseau basé sur le sol pakistanais, Lashkar-e-Taiba.

Mais la stratégie trouve ses limites lorsque ces militants se retournent contre l’État pakistanais et commettent des attentats sur le territoire national. Pressé par les États-Unis engagés dans leur “guerre contre la terreur”, le Pakistan s’est donc retourné contre certains mouvements en provenance de l’Afghanistan en lançant des opérations militaires au sein de la zone frontalière à partir de 2004.

Restait à justifier auprès de la population cette guerre souvent ressentie comme un conflit mené pour les bonnes faveurs des États-Unis. En transposant la victoire de Swat (considérée comme un tournant de la guerre) sur le petit écran, les militaires apportent leur part à cette campagne de communication. Profitant donc de l’occasion pour se payer une belle publicité cathodique.

À sa décharge, le Pakistan n’a pas la primeur des séries télés chantant les louanges de l’armée. Il y va juste avec la finesse d’un char d’assaut.

Illustrations: Affiches promotionnelles de la série

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De l’éthique du robot soldat au moment de tuer. Interview avec Ronald Arkin http://owni.fr/2011/05/07/la-guerre-et-ses-robots-interview-avec-ronald-arkin/ http://owni.fr/2011/05/07/la-guerre-et-ses-robots-interview-avec-ronald-arkin/#comments Sat, 07 May 2011 16:01:07 +0000 Sofia Karlsson http://owni.fr/?p=61405

Billet initialement publié sur OWNI.eu – liens en anglais

Les armes téléguidées sont la dernière nouveauté issue de la technologie militaire : des robots commandés à distance qui remplacent les soldats de chair lors des guerres. L’introduction des robots a changé les prémisses des conflits et redéfini entièrement la notion de ”partir en guerre” pour les soldats. Quand l’armée américaine s’est rendue en Irak en 2003, elle recourait seulement très peu aux avions robotisés, ce qu’on appelle des drones. Aujourd’hui, des milliers d’Unmanned Aerial Vehicles (UAV’s) (véhicules aériens sans pilote) et d’Unmanned Ground Vehicles (UGV’s) (véhicule au sol sans pilote) sont utilisés, principalement en Irak et en Afghanistan, mais aussi au Pakistan et, récemment, dans le cadre de l’intervention militaire en Libye.

La plupart des robots ne sont pas armés et sont utilisés pour surveiller, faire de la reconnaissance ou détruire des mines et autres engins explosifs. Cependant, ces dernières années, il y a eu un accroissement spectaculaire du recours aux robots armés dans les combats. Les nouvelles technologies permettent aux soldats de tuer sans se mettre en danger, augmentant davantage la distance avec le champ de batailles et les adversaires.

Le développement de systèmes sans pilote est une priorité de l’armée américaine. Les robots sauvent la vie des soldats. Ils ne demandent pas de soutien pour les soldats, ni de système de sécurité, ils sont donc aussi rentables. Selon la feuille de route 2009-2034 du département Ministère de la Défense américain, les robots armés s’installent dans chacun des secteurs au sein de l’armée. On projette les UGV pour mener des opérations offensives, de reconnaissance armée et des attaques. Les UAV du futur auront la capacité de mener des combats air-air, et la Navy développe des Unmanned Underwater Vehicles (UUV’s) (véhicule sous-marin sans pilote), particulièrement adaptés pour déposer et neutraliser des mines. Actuellement, si tous les robots opèrent sous contrôle humain, la feuille de route du ministère de la Défense indique que “les systèmes sans pilote progresseront davantage en terme d’autonomie.”

Le spécialiste reconnu de la robotique Ronald Arkin explique que les robots utilisés lors des guerres pourraient à la fois sauver des soldats et réduire en fin de compte les victimes civiles. Le stress émotionnel que la guerre provoque chez les soldats entraîne souvent des comportements, parfois violents, à l’encontre de l’éthique. Une étude sur les soldats menée par le US Army Surgeon General’s Office (le bureau général de la chirurgie de l’US army) en 2006 montrait que les soldats plein de haine avaient deux fois plus de chance de maltraiter les non-combattants que ceux qui l’étaient peu. Moins de la moitié approuvaient l’idée que les non-combattants devraient être traités avec dignité et respect et environ 10% admettaient qu’ils avaient endommagé ou détruit des biens, ou frappé un civil alors que ce n’était pas nécessaire. Arkin propose que les robots puissent être conçus avec de l’intelligence éthique, ce qui au final leur permettrait d’être plus efficaces que les humains dans des situations de guerre.

Arkin est professeur à la faculté d’informatique à l’Institut de technologie de Georgie. Il est consultant pour plusieurs entreprises importantes concevant des systèmes de robotique intelligente et s’adresse régulièrement aux militaires américains, au Pentagone, aux ONG et aux agences gouvernementales. Il évoque avec OWNI les nouvelles technologies de la robotique et les recherches pour créer des robots gouvernés par des principes éthiques.

Alors que les capacités des armes téléguidées progressent, nous aurons peut-être bientôt des systèmes complètement automatisés dans les batailles. À votre avis, combien de temps cela prendra-t-il pour que les machines soient capables d’agir et de tuer de leur propre gré ?

Je voudrais dire que cela existe déjà. Des systèmes simples comme les mines peuvent être définis comme des systèmes robotiques car ils détectent l’environnement et ils se mettent en marche, en l’occurrence en explosant. Des systèmes tels que le Missile Patriote, les Aegis Class Cruisers, et les mines marines Captor ont tous la capacité de viser et d’engager le combat sans intervention humaine supplémentaire après avoir été activés. Donc, dans une certaine mesure, ils existent déjà. La question est simplement de savoir dans quelle proportion ils seront introduits dans l’espace de bataille à court terme.

L’autonomie est une question insidieuse. D’une certaine façon, on s’en rapproche à pas de loup. Ce n’est pas quelque chose qu’on obtiendra du jour au lendemain. Si vous regardez les graphiques du service d’acquisition militaire, il y a une courbe douce continue avec plusieurs étapes, qui montre la progression des niveaux d’autonomie. L’idée, c’est que la prise de décision sera repoussée de plus en plus loin jusqu’à ce que nous appelons la “pointe de la lance” – vers la machine à proprement parler et de moins en moins du côté de l’humain pour prendre une décision immédiate de tuer.

Vous proposez que les robots puissent être conçus avec des logiciels éthiques, adhérant aux lois de la guerre, mais sans les émotions telles que l’angoisse et la peur. À quel point les machines peuvent-elle être rendues humaines ?

Les rendre humaines n’est pas un but en soi. Il s’agit de les faire adhérer à ce que les humains ont défini comme une façon éthique de mener la guerre, aussi oxymorique que cela puisse paraître. Si vous regardez les lois internationales de la guerre et les conventions de Genève, vous verrez ce sur quoi les hommes se sont accordés pour définir une façon éthique de se tuer dans le cadre de la guerre. Cela ne me réjouit pas mais si nous introduisons des systèmes robotiques dans ce type de domaine, nous devons nous assurer qu’ils adhèrent aux mêmes lois que des combattants humains.

Il est intéressant de constater que les gens ont réfléchi à ces questions sur les champs de bataille depuis des centaines d’années. Il y a des discussions internationales d’envergure et des accords sur ce qui est considéré comme acceptable ou pas. C’est assez bien délimité et pour un spécialiste de la robotique, essayer de créer un robot éthique est aisé, comparé à la complexité de comprendre comment faire un robot qui va se comporter de façon appropriée et morale avec votre grand-mère. Ces aspects ont été étudiés par des philosophes, des scientifiques de l’armée, des avocats, et sont codifiés et existent. C’est pourquoi cela a de la valeur.

Votre article “Le cas de l’autonomie éthique dans les systèmes sans pilote”, dans le Journal of Military Ethics (décembre 2010) évoque le problème de la conception de soldats humains qui combattent bien, même sans entrainement. Les soldats ne combattent peut-être pas bien car leur agressivité n’a pas été assez entretenue et qu’ils ne peuvent pas suivre certains ordres. D’un autre côté, les robots n’hésiteraient pas à tuer pour des raisons d’ordre émotionnel, et ils suivraient toujours un ordre. Certains craignent qu’on arrive à des guerres inhumaines. Comment les robots éthiques s’accommoderaient-ils de l’autorité ?

Ils ne suivraient pas toujours les ordres. Un robot peut refuser un ordre s’il estime que c’est contraire à l’éthique. C’est ça la question. L’idée de notion de gouvernance éthique consiste à produire un mécanisme d’évaluation qui observera l’action que le robot est sur le point d’entreprendre, de la mesurer à l’aune des accords internationaux et de décider s’il doit mener cette action.

Que pensez-vous de la possibilité de créer ce type d’intelligence aujourd’hui ? Est-ce que cela va être possible ?

L’argument vient de l’informaticien Noel Sharky, entre autres, qui fondamentalement ne voit pas comment cela est possible. Les mêmes arguments peuvent être utilisés à propos des hommes volants et de l’envoi d’un homme sur la Lune. L’ordinateur IBM Watson a mis en échec l’intelligence humaine sur l’exercice particulier du jeu Jeopardy. Les robots sont déjà plus intelligents et ils auront de meilleurs capteurs pour être capables de détecter le champ de bataille.

Ils seront capables de traiter l’information bien plus rapidement que n’importe quel humain. Dans le futur, je suis convaincu que nous pourrons en effet créer ces systèmes capables d’exécuter des tâches et de dépasser les humains d’un point de vue éthique. Il est important d’avoir à l’esprit que les systèmes ne seront pas parfaits, mais qu’ils peuvent faire mieux que les humains. Des vies humaines seront ainsi épargnées, ce qui est le but du travail dans lequel je m’implique.

Votre travail comporte-t-il des risques selon vous ? Serait-il possible de reprogrammer un robot éthique pour qu’il devienne non éthique ?

De la même façon que vous pouvez dire à un soldat d’agir de façon immorale, il est concevable de reprogrammer des robots pour qu’ils passent outre ou ignorent les règles de la guerre. Il est important qu’en concevant ces systèmes, nous nous assurions que si quelque chose de semblable se passe, cela soit attribuable à l’auteur de ces changements, quel qu’il soit, et faciliter ainsi les poursuites contre les individus qui ont œuvré pour commettre des crimes de guerre. Personne ne devrait pouvoir se cacher derrière un robot et le mettre en cause à sa place. Il y a toujours un humain qui agit sur cette chaine. Nous pouvons essayer de concevoir des garde-fous dans ces systèmes. Cela ne signifie pas qu’ils ne pourraient pas être contournés mais ce qui compte, c’est qu’il est beaucoup plus facile de fouiner à l’intérieur d’un ordinateur et de son système d’enregistrement que de chercher dans l’esprit d’un humain.

Ces robots éthiques pourraient-ils être déployés dans d’autres domaines ?

Oui ! Nous pourrions en avoir partout où les robots sont utilisés. C’est ce vers quoi l’on s’achemine. Comment comprenez-vous les systèmes dans lesquels chaque humain interagit avec des plate-formes spécifiques de façon à améliorer la société, et non la détériorer ? Quand vous commencez à croiser les cultures, les attentes sont différentes ainsi que les points de vue sur ce qui est éthiquement approprié. L’aspect positif du travail des militaires, c’est qu’il existe un accord international. En revanche, il n’en existe pas sur la façon dont il faut traiter votre grand-père.

Pourquoi vos recherches sont-elles importantes ?

J’ai souvent dit que les discussions que mon travail engendrent sont aussi importantes, sinon davantage, que les recherches en elles-mêmes. Nous essayons de susciter une prise de conscience sur ce qui va se passer avec ces systèmes et il extrêmement important de s’assurer que notre société comprenne entièrement ce que nous faisons en créant ces technologies. Même si cela mène à interdire l’usage de la force létale par ces systèmes autonomes, je n’y suis pas opposé. Je crois que nous pouvons faire mieux mais nous ne pouvons pas laisser les choses avancer sans une compréhension complète des conséquences d’une telle mise en œuvre.


Crédits photos : Flickr CC familymwr, Will Cyr, Walt Jabsco and RDECOM

Traduction Sabine Blanc

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Les 300 000 morts de la guerre contre le terrorisme http://owni.fr/2011/05/02/les-300-000-morts-de-la-guerre-contre-le-terrorisme/ http://owni.fr/2011/05/02/les-300-000-morts-de-la-guerre-contre-le-terrorisme/#comments Mon, 02 May 2011 17:08:29 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=60612

Les attentats du 11 septembre 2001 avaient fait 2 996 victimes, dont 343 sapeurs-pompiers, et 59 policiers, venus secourir les victimes enfermées dans les tours du World Trade Center. La guerre contre le terrorisme lancée par George W. Bush Jr a, elle, entraîné la mort d’au moins 227 000 personnes, ou plus de 300 000 selon d’autres estimations, dont 116 657 civils (51%), de 76 à 108 000 islamistes, insurgés ou talibans (34-36%), 25 297 soldats des forces loyalistes en Irak et en Afghanistan (11%), et 8 975 soldats américains, britanniques et autres nations de la coalition (3,9%).

Voir aussi la visualisation dont s’est inspirée Loguy, et le fichier contenant ces chiffres.

En se basant notamment sur les documents rendus publics par Wikileaks, le Guardian avait estimé, en octobre 2010, à 109 032 le nombre de civils et militaires tués en Irak entre 2004 et 2009, dont 66 081 civils, 23 984 ennemis, 15 196 soldats irakiens, et 3 771 soldats de la coalition.

Mais ces chiffres ne prenaient en compte que les seuls morts documentés dans les rapports de la coalition. icasualties.org a ainsi, de son côté, répertorié 4770 soldats de la coalition (dont 4452 Américains et 179 Britanniques) morts au combat, en Irak, depuis 2003, et 2441 (dont 1566 Américains, 364 Britanniques, et 56 Français) en Afghanistan, depuis 2001.

Il faut aussi y rajouter, pour l’Irak, 16 595 soldats des forces de sécurité irakiennes post-Saddam), 1764 contractants privés, 1002 Sahwa des Fils de l’Irak (force supplétive de l’armée irakienne), ainsi qu’entre 38 778 et 70 278 morts du côté soldats irakiens pro-Saddam et des insurgés.

Du côté de la guerre en Afghanistan on dénombre également plus de 7500 morts du côté des forces de sécurité afghanes, 200 au sein de l’Alliance du Nord, et plus de 38 000 talibans et insurgés.

100 000, ou 1,4 M de civils morts en Irak ?

Mais le plus grand nombre de décès est à chercher du côté des civils. Iraq Body Count a ainsi documenté entre 100 et 110 000 civils morts de façon violente, depuis 2003 (à quoi il conviendrait de rajouter 15 000 civils morts mentionnés dans les warlogs publiés par WikiLeaks).

Une étude publiée dans la revue médicale The Lancet, avait de son côté estimé à 654 965 le nombre de morts entre 2003 et 2006, soit 2,5% de la population irakienne, ce qui laisserait à penser que le chiffre serait aujourd’hui, mis à jour, de 1.455.590 morts Irakiens.

Just Foreign Policy - Morts irakiens dus a l'invasion U.S.Si les chiffres publiés dans The Lancet ont été controversés, les estimations portant sur le nombre de victimes de la guerre en Irak varient de 100 000 à plus d’un million.

En Afghanistan, le nombre de civils tués depuis 2006 ne serait “que” de 9759, dont 6269 tués par les forces anti-gouvernementales, et 2723 par la coalition ou les soldats de l’armée régulière, d’après l’ONU, à quoi il conviendrait de rajouter entre 6300 et 23 600 civils morts directement, ou indirectement, du fait de la guerre entre 2001 et 2003.

Voir, à ce sujet, cet extrait de Rethink Afghanistan documentaire de
Robert Greenwald, connu pour ses films sur Fox News ou l’administration Bush :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La guerre au terrorisme ? 1 283 Md$

Au total, la guerre au terrorisme aura coûté, depuis 2001, 1 283 milliards de dollars pour les trois programmes principaux de la guerre contre le terrorisme : l’opération Enduring Freedom en Afghanistan, l’opération Iraqi Freedom en Irak et l’opération Noble Eagle visant à renforcer la sécurité des bases militaires.

Ce dernier programme est surtout mené pendant les premières années de “la guerre contre la terreur“. Le coût de la guerre suit les grands dynamiques des deux conflits. Le désengagement irakien se répercute largement dans le budget alloué : il passe de 142,1 milliards à 95,5 milliards de dollars entre l’année fiscale 2008 à 2009 (aux États-Unis, une année fiscale correspond à la période entre octobre d’une année et septembre de l’année suivante). C’est aussi en 2010 que le budget alloué à la guerre en Afghanistan dépasse le budget pour l’Irak.

En cumulé depuis le début de chaque conflit, l’Irak a coûté 806 milliards de dollars, soit 63% du total, contre 444 milliards pour l’Afghanistan, 35% du total.

150 000 soldats US encore engagés

Dès le lendemain des attentats du 11 septembre 2001, Washington avait envahi l’Afghanistan, avec l’accord du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, qui créa la Force Internationale d’Assistance à la Sécurité en décembre 2001. Le nombre de soldats américains présents est en constante et légère augmentation jusqu’en 2007. L’Afghanistan n’est pas une priorité, notamment à partir de mars 2003 et le début de la guerre en Irak. 150 000 soldats sont alors mobilisés, 10 fois plus qu’en Afghanistan.

En 2007, Georges W. Bush lance le “surge“, augmentation massive des troupes pour mettre fin aux violences qui ensanglantent le pays. De 132 000 en janvier 2007, le chiffre atteint 170 000 en novembre suivant. Entre l’Irak et l’Afghanistan, les États-Unis mobilisent à cette date-là 195 000 personnes, un maximum qui ne sera uniquement atteint à nouveau en août 2009.

Promesse de sa campagne électorale, Barack Obama annonce le retrait des troupes d’Irak après son élection. Entre avril 2009 et septembre 2010, le nombre de troupes engagés passe de 39 000 à 98 000, soit 2,5 fois plus. En juin 2009, la situation s’inverse entre les deux pays : les troupes déployées en Afghanistan sont plus nombreuses que les troupes au sol en Irak, conséquence du “surge” afghan et du retrait irakien.

Ces chiffres ne reflètent pas toute la réalité. En novembre 2010, à l’occasion d’une une” sur la privatisation de la guerre, OWNI avait ainsi réalisé cette visualisation sur la montée en puissance des sociétés militaires privées engagées en Irak et en Afghanistan, dont les effectifs, respectivement de 112 092 et de 95 461 (soit 207 553) dépassaient ceux des troupes militaires présents dans ces pays-là : 79 100 et 95 900, soit 175 000 “soldats réguliers” :

Avec Pierre Alonso pour les chiffres sur les troupes, et les sommes engagées.


Retrouvez notre dossier :

L’image de Une en CC pour OWNI par Marion Boucharlat

Ben Laden dans les archives des services secrets par Guillaume Dasquié

Mort de Ben Laden : l’étrange communication de l’Élysée par Erwann Gaucher

L’ami caché d’Islamabad par David Servenay

Photoshop l’a tuer par André Gunthert

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Deux siècles de propagande en images http://owni.fr/2011/05/02/deux-siecles-de-propagande-en-images/ http://owni.fr/2011/05/02/deux-siecles-de-propagande-en-images/#comments Mon, 02 May 2011 08:00:14 +0000 david-c http://owni.fr/?p=59574 Petit dossier du jour, plein de poussières parce que retro au possible. Vous connaissez mon amour pour les pubs vintage et autres vieilleries publicitaires, présentes dans de nombreux articles, elles ont aujourd’hui le droit à un article entier.
Évidemment je vais pas m’éclater à faire un article : “Vieilles Pubs”, c’est inutile et pas très intéressant … Donc, après moultes réflexions, l’article d’aujourd’hui concerne tout un pan de l’histoire mondiale en deux siècles. Je cite : la propagande.

Le drapeau sublimé dans la propagande

En soit, ce n’est pas de la publicité pure et dure, mais ce fut de loin le modèle de communication le plus utilisé au XIXème siècle que ce soit en période de guerre comme de stabilité politique. Voici donc une petite rétrospective de la propagande comme vous ne l’avez jamais vu, pays par pays.

La gloire du communisme grâce à la propagande

La Corée du Nord : Bastion de la propagande actuelle

Dernière dictature communiste asiatique, la Corée du Nord est de loin le pays qui maîtrise le plus la propagande. Problématique : Comment faire croire à tout un peuple que ton pays est génial alors que même les rats tentent de fuir ?
Réponse : Mettez un petit bonhomme plein de style, embrigadez tout un peuple dans les mythes et prenez soin de votre communication via la propagande.

La Paysanne, heureuse dans ses champs

Les verts pâturages de la Corée du Nord (Actuellement en État de Famine)

Le sourire na-tu-rel

Évidemment, LE grand ennemi du communisme de type staliniste, c’est le capitalisme. Et qui est LE digne représentant du capitalisme ? Les États-Unis. La Corée du Nord élabore donc toute une propagande contre ses ennemis : les Américains. Et parfois c’est très violent.

Un pays ouvertement haineux envers l’Amérique


Au dessus : “Ne laissez pas les loups américains détruire vos vies”


Utilisation des symboles américains comme le Capitole …


… ou l’aigle, emblème du pays (Contre l’innocent bout de chou coréen)



Au dessus : “Rien n’arrêtera notre avancée !”

“Tous contre l’ennemi américain”

L’économie américaine symbolisée par le Capitole

Dans la même lignée, on a aussi toute une communication sur les avancées technologiques et matérielles du pays. Mais aussi sur les productions du pays qui seraient riches et suffisantes.

La Métallurgie performante du pays

Une technologie dernier cri, pour un pays compétent

Un système ferroviaire développé. Des mineurs héroïques

Même si ça fait très 70 – 80, ces affiches sont bien sorties durant les années 2000

La représentation de l’ennemi est très présente en Corée du Nord, tout comme ces capacités agricoles, techniques, mécaniques, productives, informatiques … Il reste cependant un élément qui est plus que mystifié : le parti (unique). C’est le fondement même de la société nord-coréenne.

Toutes les classes sont représentées pour la gloire du Parti

La gloire du communisme Nord-Coréen sans cesse célébré

Le Juche et le drapeau – Symboles du Pays – En haut”Le Brave Juche”

Le peuple Coréen, un peuple heureux

La Corée du Nord est l’un des derniers forts du communisme stalinien, connu pour sa propagande inimitable : joie des protagonistes, situations irréelles, mystification du pouvoir etc … Tout ça n’est pas sans rappeler l’un des principaux belligérants dans la guerre à la propagande : l’URSS.

L’URSS : La Propagande avec un grand P

Même si aujourd’hui elle n’existe plus, l’URSS a été LA grande puissance de la propagande. Des affiches par milliers, des représentations ultra-idéologiques, c’est en fait l’organisation qui a instauré les codes de la propagande moderne. Ancêtre des affiches Nord Coréennes, il y a tout de même la même structure partagée entre idéologie et embrigadement.

Les figures emblématiques du communisme de l’URSS : Lenine …

… et Staline”Comprenons le chef Staline, entrons dans le communisme”

Lenine mystifié

Contrairement à la Corée du Nord, on voit dans la propagande russe, la dominance du rouge et des symboles idéologiques avec une classe particulièrement représentées : les ouvriers. Représentation logique dans un contexte particulièrement tendu contre les États-Unis où l’apogée de l’URSS atteint des sommets.

La représentation de l’ouvrier et du prolétariat

Les paysans et paysannes, heureux.

La propagande de l’URSS est connue pour exposer ses capacités militaires et techniques, avec exhibitions d’armes et des transports. On chiffre, on veut faire peur, on veut rassurer le peuple. L’URSS est puissante et le montre.

L’importance de montrer des chiffres et du résultat, une spécialité propre à l’URSS

La compagnie nationale des chemins de fer

En haut : “Les ennemis sont au front, les Russes doivent résister aux ennemis de la révolution”

L’armée et la flotte aérienne

Ce type de propagande est aussi reconnaissable avec l’omniprésence des références au sang et à la guerre.

L’ennemi est capitaliste

“Défendons la ville de Lénine”

Tout le monde est réquisitionné, pour l’affrontement

Ce qui est propre à l’URSS c’est l’importance de la parole. Au fur et à mesure des années, il y a eu une évolution concernant la liberté d’expression, la propagande le révèle plutôt bien. De plus, la presse a son importance dans cette société, malgré sa large censure, elle est représentée, tout comme les livres et les diverses sources de savoir.

En bas : “Garde ta langue dans ta bouche”

“Rumeurs, mensonges, histoires, Parler”

L’appel aux connaissances – En bas : l’affiche revisitée par Franz Ferdinand (Second album)

Les dépêches russes, comme par exemple : la Pravda

L’affiche contre le Capitaliste (De préférence gros et bien habillé)

Célébration de la presse – 1926

Il est évident que comme la Corée du Nord, il y a une célébration inépuisable du parti et du communisme, fondement même de l’URSS (CCCP).

Au dessus : “10 ans de la révolution d’octobre”

Le Peuple armé prêt à défendre la CCCP (URSS)

Le Peuple armé prêt à défendre la CCCP (URSS)

En bas : “Tous, pour la victoire”

Ces différentes affiches, nous montre bien les différents codes présents dans la propagande russe et repris par la Corée du Nord. Ces codes sont utilisés par les deux puissances, mais une sous branche se détache et rend la propagande plus originale.

L’URSS Juive

En effet, avant la Seconde Guerre mondiale, l’URSS était l’un des principaux foyers de la population juive européenne. Aujourd’hui minoritaire, les juifs russes ont le plus souvent migré vers Israël ou les États-Unis. Cependant, on retrouve leurs traces culturelles dans la propagande avec de nombreux affichages tout en hébreu et ventant les mérites de l’URSS.

Le Prolétariat Russe Juif, représenté dans quelques affiches

Toujours les paysans juifs en URSS

Affiche qui montre la migration des Juifs Russes vers les États-Unis

Ces deux puissances communistes, nous montre bien l’importance de leurs codes dans leurs affiches : rouge, armée, pouvoir, prolétariat, réussite, ouvrier etc … Cependant, une troisième puissance communiste (Enfin aujourd’hui, communiste de marché, bonjour le paradoxe) se détache …

La Chine

Contrairement a ses consœurs, cette puissance a peu fait de propagande mais le peu qu’elle a fait diffère de l’URSS et de la Corée du Nord. On retrouve la majorité des codes MAIS représentée par des enfants, détail important qui permet à cette propagande d’être plus légère.

“Wrangly aime et respecte la maîtresse”

“Nous aimons les sciences”

“Paix et amitié”

Et évidemment, on retrouve tous les codes habituels du communisme, avec mystification du peuple, apogée du parti, drapeau et insignes …

Les insignes et symboles mais présentés de façon moins violente que l’URSS

L’honneur au drapeau et au labeur

La famille au premier plan

L’armée, moins de sang et plus d’armes

L’ouvrier et les paysans, dans des représentations plus “traditionnelles”

Le petit livre rouge – Propagande pro-Mao

On l’a vu avec ces trois pays que le communisme a été l’un des principaux acteurs du développement de la propagande. Faire oublier la réalité et se conforter dans l’image d’une puissance efficace qui fait peur devient désormais possible, grâce à la propagande.

Mais il ne faut pas oublier que les différentes guerres ont alimenté la propagande mondiale. Avec en tête : les États-Unis

Les États-Unis : L’armée au premier plan

La première puissance économique mondiale a bien utilisé la propagande. Entre les deux guerres mondiales, la guerre froide et les différentes crises géo-politique, le pays est devenu un acteur principal dans la propagande mondiale.

Le Mythique Oncle Sam qui vous pointe du doigt

Les valeurs : respect, honneur, patrie.

L’inimitable patriotisme américain

Avec les États-Unis, c’est simple : l’armée, les trois couleurs, les Marines et le drapeau. Rien en plus, rien en moins. Les Marines et la Navy sont particulièrement représentés.

Enlist in the Navy – Engagez-vous dans la marine

La Navy – Men & Young Men

Les couleurs américaines et le traditionnel uniforme – Navy

Le recrutement des Marines – “The Navy Needs you ! Don’t read American History, MAKE IT “

Tout en symboles : le drapeau, la statue de la liberté (Humanisée) et oncle Sam

Au delà de ces deux branches armées, on retrouve aussi l’armée de terre et l’armée aérienne, très présentes dans les conflits et fiertés des Etats-Unis. On les retrouve évidemment dans la propagande.

Army Air Force, typiquement masculine

Iwo Jima

She’s a WOW – La femme réquisitionnée

Les femmes au service du pays.

La propagande en pleine Seconde Guerre mondiale

Une production massive aux Etats-Unis

"Vole ! Pour sa liberté et la tienne"

La propagande américaine est donc essentiellement militaire et non pas idéologique (Bien qu’Oncle Sam en soit un bon vecteur). On retrouve cependant les fameux “Bonds” vendus lors de la Seconde Guerre mondiale pour financer le pays et le réarmement du Pays.

Oncle Sam, toujours là avec ses Bonds – Et en plus il pointe du doigt

“Repousser le barbare” grâce aux Bonds

Se battre ou acheter des Bonds

L'ennemi Japonais dans la propagande américaine

La propagande américaine reste donc 100% centrée sur l’armée et le combat sous toutes ses formes : via les bonds, les Marines, la Navy, les militaires, la flotte aérienne … L’ennemi n’a pas de forme précise à part celle des barbares. Ce type de propagande lui est propre car très patriotique (Voir là) et est totalement différente de la propagande européenne.

L’Europe

Cette dernière catégorie géographique concerne l’Europe. Bien moins important, voici un petit échantillonnage des différentes affiches de propagande sur deux siècles. On retrouve l’Espagne comme principal acteur de la propagande européenne, notamment à cause de la Guerre Civile.

France : Guerre Froide – Guerre d’Algérie

Allemagne – Hongrie

La propagande nazie : famille parfaite et ouvrier arien

Italie – Seconde Guerre Mondiale

Grande Bretagne – Caricature de Churchill – God Save The King

Portugal – Pays Basque

“Ayuda a la Evacuacion” : Aidez à l’évacuation

Le Socialisme forgera une nouvelle Espagne – L’implication des femmes pour la victoire

“L’unité de l’armée du peuple sera l’arme de la victoire”

Propagande des régions qui se veulent autonomes : Catalogne et Pays Basque

République Espagnole

Avec tout cet article, on peut voir que la propagande a été l’un des vecteurs des valeurs de chaque pays et idéologies au cours de ces deux siècles. En pleine apogée lors des différents conflits mondiaux ou internes, elle est aujourd’hui considérée comme une véritable forme de média pour l’époque. Cependant, une question subsiste : Reste t’il des traces de la propagande aujourd’hui ?

Et Maintenant ?

La propagande aujourd’hui est reconnaissable grâce à tous ses codes esthétiques, on en retrouve beaucoup dans certaines publicités. Résultat, l’art et la publicité réutilise les codes de la propagande.

L’utilisation par M&M’s des anciens codes soviétiques – L’art qui stylise Obama en propagande moderne

Juste pour le plaisir final, ce petit détournement très … actuel.

Un long article donc, qui nous montre que la propagande était une forme de communication comme une autre avec des codes et règles précises. Aujourd’hui on en retrouve des traces dans l’art mais aussi et surtout dans la publicité. Si vous avez des modèles, pas d’hésitation, proposez ;)


Publié initialement sur Advertisingtimes
Illustrations : via Advertisingtimes ; via Flickr par motobrowniano [cc-by-nc-sa]

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