OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Frédéric Lefebvre économiste américain http://owni.fr/2012/06/02/leconomie-americaine-de-frederic-lefebvre/ http://owni.fr/2012/06/02/leconomie-americaine-de-frederic-lefebvre/#comments Sat, 02 Jun 2012 09:41:36 +0000 Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=112329

Portrait de Frédéric Lefebvvre à Bercy en janvier 2011 par © Jean-Michel Sicot/Fedephoto

Une campagne financée par le secteur privé. C’est celle de Frédéric Lefebvre – qui n’a pas été en mesure de répondre à nos questions. L’ancien secrétaire d’État est candidat de l’UMP pour les législatives en Amérique du Nord. Pour cette élection inédite – pour la première fois les Français résidant à l’étranger élisent leurs députés – ce proche de Nicolas Sarkozy a joué avec le feu en matière de comptabilité. Il risque aujourd’hui de voir son compte de campagne contesté.

Au cours de ses deux mois de campagne, Frédéric Lefebvre n’aura pas tenu beaucoup de meetings ouverts au public. Chacune de ses réunions réclamait un carton d’invitation. Confronté à de multiples dissidences et à de vives critiques au sein même de l’UMP d’Amérique du Nord, le candidat a peut-être voulu éviter les débordements comme celui qui l’a poussé à exclure une militante, lors du lancement de sa campagne à Boston. Selon les informations que nous avons recueillies, le ténor de l’UMP a choisi de dépenser le moins possible pour sa campagne, en faisant appel, notamment, à la générosité des entreprises. Une pratique en principe illégale.

Encans

Lundi 2 avril, rue du Couvent à Montréal. Quelques dizaines de militants UMP se réunissent à l’Hôtel des Encans, une ancienne église reconvertie en une somptueuse salle de vente aux enchères. Ils sont venus assister au lancement de la campagne de l’unique candidat investi par l’UMP pour cette circonscription des Français de l’étranger, Frédéric Lefebvre.

L’ancienne église appartient au richissime commissaire-priseur Iegor de Saint-Hippolyte, également gérant de la société Iegor Auctions. L’homme est un proche de la section UMP du Québec – à laquelle il avait offert l’hospitalité pour une réunion, en février 2011 – et de quelques-uns de ses membres éminents. Le premier s’appelle Thibault Duval, président des Jeunes Populaires du Québec – la section 16-30 ans de l’UMP – également l’un des employés de Iegor Auctions, où il officie en tant que directeur du département “Art asiatique”.

L’autre figure locale de l’UMP proche de Iegor de Saint-Hippolyte n’est autre que Jeanine de Feydeau, la directrice de campagne de Frédéric Lefebvre pour le Canada. Elle est justement l’organisatrice de la soirée du 2 avril.

Contactée par Owni sur ces divers liens, Jeanine de Feydeau a préféré laisser répondre le directeur adjoint de la campagne au Canada, Stéphane Minson. Lequel nous a expliqué, lors d’un entretien téléphonique d’une vingtaine de minutes, comment Iegor Auctions avait offert son hospitalité à l’occasion du “meeting des Encans” :

Je peux vous garantir que la salle a été fournie à titre personnel et gratuit. Elle n’a coûté absolument rien au candidat.

De bonnes intentions qui pourraient entrer en contradiction avec les textes. Selon l’article L52-8 du Code électoral, la fourniture de services par une société comme le prêt d’une salle de meeting est prohibée :

Les personnes morales [terme juridique pour qualifier les sociétés, NDLR] (…) ne peuvent participer au financement de la campagne électorale d’un candidat ni en lui consentant des dons sous quelque forme que ce soit, ni en lui fournissant des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituellement pratiqués.

Relais

Avec une petite subtilité, néanmoins. En effet, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), l’organisme chargé de vérifier les dépenses de campagne des candidats, accorde une qualification “électorale” aux réunions de militants où figure un “relais d’opinion”, comme l’indique son site Internet. Si aucun relais d’opinion ne se présente, les dépenses effectuées lors d’une réunion de militants ne doivent pas, dès lors, figurer au compte de campagne du candidat.

Mais pour le “meeting des Encans”, le journaliste du bureau de Montréal de l’Agence France presse (AFP) a confirmé sa présence à Owni. La réunion revêt donc un caractère électoral, et la non-retranscription dans le compte de campagne des frais de location de la salle des Encans devrait entraîner une contestation. Le carton d’invitation évoque une réunion entre amis. Mais quand il parle du “meeting des Encans” sur son blog de campagne, dans un billet du 13 mai dernier, Frédéric Lefebvre la qualifie lui-même de réunion publique :

De la même façon, lors de ma grande réunion publique au magnifique Hôtel des Encans il y a quelques mois, avec tant de compatriotes et tant de jeunes autour de Thibault Duval. Quelle émotion dans cette salle mythique.

Tontons Flingueurs

Des réunions sur invitation comme celle de l’Hôtel des Encans, Frédéric Lefebvre en a tenu plusieurs. L’entretien avec le directeur adjoint de sa campagne pour le Canada, Stéphane Minson, en a révélé d’autres :

Notre objectif est de faire ce qu’on pourrait appeler de la ‘politique non-spectacle”. On ne se retrouve qu’entre amis. Chacun paie sa part et a plaisir à le faire. Ce qu’on souhaite, c’est obtenir un budget égal à zéro : zéro dépenses.

Encore une fois, l’absence de mention de ces dépenses sur le compte de campagne n’est contraire à la loi que si un relais d’opinion est présent parmi les militants. Owni a retrouvé la trace d’au moins deux réunions sur invitation qui se sont tenues dans des restaurants montréalais et en présence de la presse québécoise.

Le premier de ces meetings privés a lieu le 2 avril dernier, le même jour que celui de l’Hôtel des Encans, un peu plus tôt dans la journée. Une douzaine de militants UMP sont alors conviés à un repas dans la crêperie Les Tontons Flingueurs (ça ne s’invente pas), aux côtés du journaliste de Radio-Canada Franck Desoer, qui les interroge pour un reportage consacré, entre autres, aux élections législatives au Québec.

Mais ce jour-là, c’est le gérant des Tontons Flingueurs qui paie son repas ou plutôt, selon le droit électoral, la personne morale du restaurant. Comme pour Iegor Auctions, cette aide en nature est à même d’être déclarée illégale par la Commission nationale des comptes de campagne. Interrogée par Owni, l’une de ses porte-parole confirme, tout en précisant qu’il ne s’agit pas d’une “décision” mais d’une “réponse a priori, que cette invitation peut être considérée comme le “concours d’une personne morale à la campagne d’un candidat”.

Parce qu’il n’y a pas de petits profits, chacun des militants est également sommé de payer sa part ce midi du 2 avril. Pour cela, cependant, “rien ne devrait être considéré comme illégal”, selon l’interlocutrice de la Commission nationale des comptes de campagne que nous avons jointe.

Très récemment, cette situation s’est répétée à l’identique dans un autre restaurant de Montréal. Le 23 mai dernier, un dîner militant est organisé au Plein-Sud, toujours en présence de la presse, comme le confirment deux images présentes sur la page Facebook officielle de Frédéric Lefebvre – la première représente une interview avec la télévision de Radio-Canada tandis que deux caméras de télévision sont visibles sur la seconde.

Le carton d’invitation pour cette soirée obtenu par Owni annonce encore une fois la couleur, en indiquant aux militants que le menu “entrée, plat, dessert” leur en coûtera 30 dollars :

Recadrage

Les mêmes doutes que précédemment subsistent. Frédéric Lefebvre a jusqu’au 14 septembre prochain – voire jusqu’au 28 septembre s’il passe le premier tour – pour déposer son compte de campagne définitif auprès de la Commission qui devra l’examiner. Il lui reste donc plus de trois mois pour demander à ces généreuses entreprises de produire les factures qu’elles ont réglées à sa place et qui manquent à son relevé de dépenses.

S’il y parvient, le ténor de l’UMP n’aura donc sans doute rien à craindre de la loi. Un recadrage de ses proches s’imposera sûrement, en revanche. Toujours convaincu de la légalité de sa démarche, Stéphane Minson termine son entretien sur ces mots :

Vous savez, c’est pas facile de trouver une salle gratuite à Montréal. Je garde la surprise, mais pour un autre grand déplacement lors du deuxième tour, on s’est arrangé pour ça ne coûte rien au candidat.


Photographie de Jean-Michel Sicot ©/Fedephoto. Portrait de Frédéric Lefebvre à Bercy en janvier 2011 pour les voeux à la presse. Edition par Ophelia Noor pour Owni /-)

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Les bébés cachés des 35 heures http://owni.fr/2011/09/04/gateau-de-lemploi-35-heures/ http://owni.fr/2011/09/04/gateau-de-lemploi-35-heures/#comments Sun, 04 Sep 2011 08:11:13 +0000 Sans rationalité et sans finalité http://owni.fr/?p=78081 Une déclaration du Secrétaire d’État Frédéric Lefebvre est passée inaperçue : le sarkoziste canal historique a fait sienne la mesure politique que honnit pourtant son camp. Lefebvre a déclaré qu’il fallait revenir aux 35 heures pour faire baisser le chômage en France !

En réalité pas vraiment, mais presque : il a plutôt affirmé que nous avions un taux de chômage élevé car :

Il faut dire la réalité : parce qu’on a un taux de natalité beaucoup plus important que beaucoup d’autres pays.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

J’aime beaucoup le « il faut dire la réalité » de notre Secrétaire d’État.

Je l’aime d’autant plus que cela revient à faire des 35 heures une réalité tout aussi substantielle. En effet, l’affirmation du Secrétaire d’État se fonde sur la même « théorie » économique : celle qui voit le nombre d’emplois comme un gros gâteau dont la taille est intangible et qu’il est donc d’autant plus difficile – voire impossible – à partager qu’il y a de convives. Ce que nous dit le Secrétaire d’État est, en effet, que nous avons des chômeurs parce que le nombre de convives (d’actifs) augmente dans notre pays en raison des naissances nombreuses alors qu’ailleurs, il stagne (un ailleurs qui se réduit à la seule Allemagne décidément le seul point de comparaison dont disposent les hommes politiques de droite). Et comme le gâteau (le nombre d’emplois) reste le même, cela fait autant de chômeurs.

Pourquoi les chômeurs français sont-ils privés de gâteau?

C’est très exactement un raisonnement de ce type qui a justifié, du moins pour les plus économiquement naïfs des socialistes, l’adoption des 35 heures, à la fin des années 1990. Car, au moins, les socialistes avaient la vertu d’aller au bout de leur raisonnement : si le problème est que le gâteau (le nombre d’emplois) est fixe, et que le nombre de convives augmente, alors il n’y a qu’une seule solution : diminuer la taille de la part de gâteau de chacun (baisser le nombre d’heures travaillées) pour que tous puissent manger (qu’il n’y ait plus de chômeurs).

Au contraire, le gouvernement auquel appartient Frédéric Lefebvre a adopté tout une série de mesures qui, d’une part, augmentent le nombre de convives et qui, d’autre part, accroissent la part de gâteau de ceux qui ont la chance d’en avoir une. La réforme des retraites conduit, en effet, à ce que les plus de 60 ans ne partent pas à la retraite, augmentant d’autant le nombre d’actifs. Le maintien de la défiscalisation des heures supplémentaires (au-delà des emplois bénéficiant de réduction de charges) conduit les actifs en emploi à travailler des heures qui auraient pu être effectuées par des chômeurs.

Et ceci est d’autant plus cruel qu’en effet, le Secrétaire d’État a raison à court terme : lors d’une crise de demande massive, comme celle que traverse notre économie, le nombre d’emploi ressemble à un gros gâteau qui n’augmente pas -la demande étant insuffisante pour inciter les entreprises à accroître leur production, et à embaucher pour cela.

Mais ce raisonnement ne vaut que dans des circonstances exceptionnelles et à court terme. Sur le long terme, le nombre d’emplois s’ajuste globalement au nombre d’actifs. Il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement : tout actif est par définition capable de travailler et, pour autant que le marché assume sa fonction coordinatrice, il n’y a aucune raison qu’il ne puisse échanger sa production, ou ses capacités productives, avec d’autres acteurs. Plus le nombre d’actifs grandit, plus la production s’accroît. C’est pour cela que le taux de croissance potentielle d’une économie ne dépend que de deux choses : ses gains de productivité et la croissance de sa population active. Le gâteau ne possède pas une taille intangible : il grossit avec le nombre de convives – pour la simple raison que chaque convive en produit sa part.

Nombre d'emplois rapportés à la population active en France de 1968 à 2005.

Et c’est bien ce qui s’est passé en France jusqu’à la crise de 1975. Le problème de la France est le fait que son économie n’a jamais été capable de récupérer, par la suite, durant les phases de croissance rapide, par des créations d’emplois plus importantes que celle de l’augmentation de la population active, les conséquences des périodes de croissance faible ou négative, qui entraînent une croissance du nombre d’emplois plus faible que la population -voire même des destructions d’emplois. Les créations d’emploi soutenues entre 1985-1990 et 1997-2001 n’ont pas compensé les périodes de destruction (1975 ; 1984-1985 ; 1991-1993) ou de faible croissance.

C’est cela qui caractérise en propre l’économie française (et, dans une moindre mesure, les économies européennes), notamment en comparaison avec les États-Unis, où ce phénomène ne s’est pas produit. L’économie américaine a même inséré des dizaines de millions de travailleurs immigrés.

Article publié initialement sur le blog Sans rationalité et sans finalité sous le titre Exclusif : Frédéric Lefebvre est favorable aux 35 heures.

Photos FlickR PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales fablibre ; Paternité nerissa’s ring.

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Joyeux anniversaire l’interouèèèbe ! http://owni.fr/2011/08/10/joyeux-anniversaire-linteroueeebe/ http://owni.fr/2011/08/10/joyeux-anniversaire-linteroueeebe/#comments Wed, 10 Aug 2011 06:25:20 +0000 la redaction http://owni.fr/?p=75786 Cher interouèbe,

Assumant le pas de côté et la périodicité de magazine, OWNI te fête un TRÈS JOYEUX ANNIVERSAIRE. Avec quatre jours de retard. Mais quand même! Sache que ce délai n’enlève rien à la grande affection que nous te portons. Si. Si.

Bon, d’accord, on a oublié. Pardon.

Mais tu n’es pas sans savoir que ta date de naissance est sujette à caution. Des doutes sur le père demeurent, ainsi que le rappelait Cyroul en janvier dernier. De ce fait, c’est un peu ton anniversaire tous les jours. D’ailleurs, le peuple qui est le tien te le rappelle sans arrêt, en te célébrant quotidiennement, à sa façon.

OWNI se joint à l’élan commun en t’offrant très solennellement ce magnifique gâteau d’anniversaire, agrémenté comme il se doit de bougies, de crème, de vidéos, d’articles et de photos.

Ta généalogie, tes protégés comme tes ennemis: on s’est permis d’en mettre quelques bouts, histoire de se rappeler les bons moments passés ensemble.

On dit que 20 ans, c’est le plus bel âge. C’est aussi celui des bêtises. On peut dire que tu cumules déjà un peu les deux. Et on te fait confiance pour continuer à grandir, à t’épanouir, à être cette chose merveilleuse que tu es déjà.

Avec tout notre amour,

Survolez la photo pour faire apparaître les liens.


Illustration CC FlickR: thewazir

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Frédéric Lefebvre dissimule ses intérêts http://owni.fr/2011/05/10/frederic-lefebvre-dissimule-ses-interets/ http://owni.fr/2011/05/10/frederic-lefebvre-dissimule-ses-interets/#comments Tue, 10 May 2011 13:34:56 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=62102 Chaque semaine, OWNI vérifie les déclarations d’intérêts des membres de l’exécutif. On commence avec Frédéric Lefebvre.

Le chef du gouvernement François Fillon a demandé le 16 mars dernier que ses ministres et secrétaires d’État se montrent exemplaires sur ce point. Une volonté traduite par la mise en ligne le 21 avril de documents supposés présenter tous les intérêts financiers et professionnels des membres du gouvernement.

Au total 30 fichiers PDF, de trois à quatre pages chacun, accessibles sur le portail du gouvernement, mais laissant pour la plupart d’entre eux de nombreux espaces blancs. Premier à passer l’examen de vérification, Frédéric Lefebvre, ancien assistant parlementaire de Nicolas Sarkozy, Secrétaire d’État chargé du commerce, de l’artisanat, des PME, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation. Selon un procès-verbal du 24 janvier 2011, la société de lobbying et de communications PIC Conseil a octroyé 220.000 euros au Secrétaire d’État Frédéric Lefebvre, en contrepartie des parts sociales qu’il détenait jusqu’alors dans cette société.

Au cours des trois dernières années, cette structure juridique, PIC Conseil, a principalement servi d’organe de direction d’un important cabinet de lobbying, Domaines Publics, qui propose aux entreprises, moyennant prestations financières, d’influencer les décideurs publics. Un cabinet également dirigé par Jean-Michel Arnaud, qui cumule – étrangement – cette fonction à la tête de Domaines Publics avec celle de patron de Métro France (la société de journaux gratuits, également détenue par TF1). Or ces liens récents de Frédéric Lefebvre avec l’industrie du lobbying, au croisement de la presse grand public, ne figurent pas dans sa déclaration d’intérêt.

Un oubli d’autant plus étonnant qu’au mois de novembre dernier, Le Monde révélait que le zèle de PIC Conseil avait permis à Frédéric Lefebvre de recevoir 99.800 euros de dividendes au titre de l’année 2009.

Dans le document qu’il a signé, Frédéric Lefebvre a ainsi rempli de manière déloyale la rubrique n° 5, intitulée Responsabilités et activités antérieures du membre du Gouvernement durant les trois dernières années précédant la nomination dans les fonctions ministérielles actuelles. Cette rubrique doit notamment faire apparaître les activités professionnelles et les autres responsabilités (secteur associatif ; participation aux organes dirigeants d’un organisme public ou privé ou d’une société…). Au titre de l’année 2008, Frédéric Lefebvre se contente d’indiquer:

- Conseiller régional Ile-de-France
- Député des Hauts-de-Seine

Cette année-là en réalité Frédéric Lefebvre détenait encore 50 % des parts de PIC Conseil, jusqu’au 28 avril, avant que sa participation ne passe à 49,9 % après une opération financière avec son principal associé, Steven Zunz. Un homme d’affaires également à la tête du cabinet Domaines Publics. Pour s’expliquer sur ses liens avec PIC Conseil, Frédéric Lefebvre avait autrefois déclaré sur LePost.fr:

Il ne faut pas confondre les revenus de placement avec les revenus d’activité (…) Je n’ai jamais envisagé de reprendre une quelconque activité dans l’entreprise que j’ai créée.

Certes, mais si Frédéric Lefebvre a conservé jusqu’à 24 janvier 2011 des parts en nombre aussi élevé dans la société PIC Conseil (jamais moins de 49 %), veillant elle-même au développement du cabinet de lobbying Domaines Publics, c’est que l’actuel secrétaire d’État y trouvait un intérêt. Et ce dernier devrait figurer en bonne place dans la déclaration du même nom.D’autant plus que la cession de part validée à 220 000 euros le 24 janvier dépassera largement ses revenus de secrétaire d’État pour l’année 2011; preuve que depuis 2008 les activités de lobbying de ses entreprises ont prospéré parallèlement à son ascension politique.


Crédits photo: Flickr CC Horia Varlan

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Frédéric Lefebvre fait commerce de la vie privée http://owni.fr/2011/01/10/frederic-lefebvre-fait-commerce-de-la-vie-privee/ http://owni.fr/2011/01/10/frederic-lefebvre-fait-commerce-de-la-vie-privee/#comments Mon, 10 Jan 2011 16:02:16 +0000 Jean Marc Manach http://owni.fr/?p=41465 Secrétaire d’État à la Consommation, Frédéric Lefebvre vient de déclarer que “la protection des données individuelles est l’un des enjeux majeurs de la régulation d’Internet” :

C’est une question essentielle et non-négociable de liberté individuelle. Je milite depuis longtemps en faveur de la protection des individus sur Internet.

Des propos qui ne cadrent pas vraiment avec l’image d’ennemi public n°1 de l’Internet qu’il avait acquise l’an passé après avoir notamment assimilé, à l’Assemblée nationale, l’Internet à un nid de “psychopathes, violeurs, racistes et voleurs“, appelant à la création d’un “G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde.”

Lors de son discours à l’Assemblée, il avait proposé de labelliser les sites web, et de faire réguler le Net par le CSA, tout en reconnaissant que sa proposition risquait d’être interprétée comme un “retour de Big Brother“, liberticide et inapplicable. À l’époque, il défendait le mécanisme de l’Hadopi, et donc pour le filtrage, la censure et la surveillance des internautes (voir Rions un peu avec l’Hadopi).

Le retour du Minitel 2.0

Devenu secrétaire d’État à la Consommation, Frédéric Lefebvre veut toujours réguler l’Internet. Mais pas forcément pour les mêmes raisons. Lors de son discours, à l’occasion de la signature d’un accord qui permettra aux cyber-enquêteurs de la DGCCRF de dénoncer à la CNIL le non-respect de la loi informatique et libertés par les sites de commerce électronique, Frédéric Lefebvre vient donc de déclarer :

La protection des données individuelles est une des préoccupations principales du consommateur en ligne et l’un des enjeux majeurs de la régulation d’Internet.

Aujourd’hui, l’efficacité de la protection des données et de la vie privée doit être absolument garantie. C’est une question essentielle et non-négociable de liberté individuelle.

Je milite depuis longtemps en faveur de la protection des individus sur Internet. Vous le savez.

Sauf que dans les faits, il ne s’agit pas tant de respect les libertés des citoyens que de lutter contre “la défiance que suscite le e-commerce chez certains consommateurs“, afin de favoriser le développement du commerce électronique. En introduction de son discours , il se félicitait ainsi de la croissance annuelle de 25% de la vente à distance par Internet; et de son chiffre d’affaires de 31 milliards d’euros pour 2010 :

Pour bénéficier de ces avancées, le consommateur doit communiquer de plus en plus d’informations personnelles. Mais que deviennent-elles ensuite ?

Cette inquiétude, elle se diffuse. Elle grandit. Elle va de pair avec le sentiment, en partie justifié, que le développement des nouvelles technologies intenterait à la vie privée.

Ce pour quoi Frédéric Lefevbre propose de “rendre le Net plus responsable” :

Il est temps que les responsables internationaux construisent ensemble une régulation globale d’Internet. De la même façon que la régulation financière doit être conçue et mise en œuvre à l’échelle mondiale, la protection de l’individu sur Internet doit être conçue et mise en œuvre par la communauté internationale.

On ne peut que se réjouir que la France soit en pointe dans la mise en place d’une régulation. Je me félicite que ce sujet soit à l’ordre du jour de la présidence française du G8. Cela pourrait être l’occasion d’aborder certains thèmes, notamment la lutte contre la cybercriminalité.

On ne peut que se féliciter de voir que le secrétaire d’État à la Consommation veuille ainsi réglementer l’e-commerce, afin de lutter contre les “pratiques trompeuses pour le consommateurs et déloyales pour les autres acteurs du commerce“, et qu’il puisse ainsi déclarer que “nous refusons que les consommateurs soient profilés à leur insu“.

On ne peut, par contre, que déplorer qu’il ne perçoive le commerce électronique que du côté du commerçant.

Ainsi, il n’est pas anodin de constater que le ministre a demandé mardi dernier à la Fevad, le principal lobby du commerce électronique de “lui faire part d’un état des difficultés qu’elle pourrait constater et qui nécessiterait d’accroître les contrôles ou de modifier la régulation du secteur de la vente en ligne“.

Comme le remarque Guillaume Champeau sur Numérama :

Au moins, on ne pourra pas accuser Frédéric Lefebvre de masquer l’influence des lobbys (qu’il connaît très bien) sur son ministère…

En attendant que Frédéric Lefebvre demande également à Google ou Facebook de lui faire part de ses propositions pour améliorer la protection de la vie privée sur le Net, on constatera qu’il n’en a donc pas profité pour solliciter les internautes, pas plus que les associations de défense des consommateurs… Un oubli qui a tout du lapsus.

Dans les années 90, France Télécom a raté le virage de l’Internet, parce qu’il voulait défendre le modèle économique du Minitel. Avec Frédéric Lefebvre, c’est le retour, ou la consécration, du “Minitel 2.0” (voir, à ce titre, la passionnante conférence de Benjamin Bayard), de cet “Internet civilisé“, pour reprendre l’expression si chère à Nicolas Sarkozy, qui voudrait ne faire du cyberespace qu’un vaste supermarché.

Pour reprendre les mots-clefs du discours de Frédéric Lefebvre, la protection des données, la vie privée, la protection des individus sur Internet et la liberté individuelle ne sont pas solubles dans le commerce électronique. Sauf à considérer que, l’Internet étant un nid de “psychopathes, violeurs, racistes et voleurs“, seuls les marchands de données sont des interlocuteurs respectables.

Un peu comme si le secrétaire d’État à l’Écologie et au développement durable proposait aux chasseurs de lui “faire part d’un état des difficultés qu’ils pourraient constater et qui nécessiterait d’accroître les contrôles ou de modifier la régulation” de la chasse à courre…

Mieux vaut en rire, etc, et ce que l’on vous propose pour finir avec ces deux best of des dérapages et dénégations de ce grand amoureux du Net qu’est l’ancien porte-parole (ou plutôt troll) de l’UMP, honoré d’un “bâton merdeux” aux Big Brother Awards 2009.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Majorité échange débat contrarié contre pédagogie de la réforme http://owni.fr/2010/10/18/majorite-echange-debat-contrarie-contre-pedagogie-de-la-reforme/ http://owni.fr/2010/10/18/majorite-echange-debat-contrarie-contre-pedagogie-de-la-reforme/#comments Mon, 18 Oct 2010 18:08:45 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=32059 Depuis quelques jours, le gouvernement est face à un dilemme : résolu à ne pas modifier sa réforme des retraites, il se trouve incapable de changer les Français. Malgré mille stratégies de communication pour faire passer la pilule (qu’elles aient vanté la « justice sociale » ou le caractère « indispensable » de la réforme), l’opinion rechigne à accepter la réforme et la majorité se trouve incapable d’empêcher les manifestations d’être reconduites d’une semaine sur l’autre. Pour sauver la face, Frédéric Lefebvre (lobbyiste de formation) a donc dégainé un refrain un peu usé du sarkozysme : le besoin de « pédagogie » de la réforme.

Idée 1 : si vous êtes contre la réforme des retraites, c’est que vous ne l’avez pas comprise !

Derrière le mot « pédagogie », deux notions assez peu glorieuses se cachent : d’une part, une infantilisation de l’opinion publique, suivant l’idée que « ils s’opposent à cette réforme car ils ne l’ont pas compris ». Dès le lendemain de la manifestation du 7 septembre, François Fillon avait été envoyé pour « faire de la pédagogie ». Le 23 septembre, au soir de la seconde grande manifestation, c’était au tour du président du Sénat, Gérard Larcher, hôte du deuxième vote parlementaire sur la réforme des retraites, de plaider pour la pédagogie. Et, au cas où certains journalistes auraient eu l’idée saugrenue de critiquer le gouvernement, Nicolas Sarkozy lui-même s’était collé à « faire de la pédagogie » en juin dernier auprès des médias.

Idée 2 : noyer le débat sous un déluge de nouveaux mots

Passée cette idée selon laquelle il faut vraiment être abruti ou mal informé pour ne pas adhérer aux réformes proposées par le gouvernement, une méthode est là comme deuxième sous entendu de ce mot pédagogie : le « wording ». Début 2008, l’UMP avait édité un fascicule relié intitulé : « abécédaire des 9 premiers mois d’action de Nicolas Sarkozy (de François Fillon et du gouvernement ».

Malheureusement retiré du nouveau site de l’UMP (mais toujours disponible sur Marianne2), ce petit bijou de langue de bois compilait des dizaines de sujets-clés assortis d’argumentaires-types, étiquetés « à retenir » (voir ci-dessus) à destination des militants de droite pressés par leurs amis de gauche de justifier telle ou telle réforme. Soit la méthode exacte de communication du gouvernement qui, à chaque évènement politique majeur (à commencer par les élections) déploie tous ses éléments pour couvrir le champ médiatique d’arguments standardisés. Ce à quoi nous allons avoir droit sur la réforme des retraites : une poignée de formules calibrées répétée à l’infinie par les ministres et les membres de la majorité.

Or, ce matraquage n’est là que pour se substituer à la discussion que demandent les syndicats et au débat qu’exige le Parti socialiste. La « pédagogie » de Frédéric Lefebvre n’est qu’une énième tentative de noyer à grands mots les réfutations et critiques de l’opposition, sans rien changer à la lettre de la loi. Une démarche d’autant plus paradoxale que, à entendre François Fillon, la loi sera votée dès mercredi. A moins que le gouvernement ne soit pas si sûr de son fait et veule finalement plus se bercer lui-même que d’endormir les manifestants.

Photo FlickR CC Lucas Maystre et extrait de l’Abécédaire des 9 premiers mois d’action de Nicolas Sarkozy (de François Fillon et du gouvernement.

Retrouvez le dossier intégral d’OWNI sur les mobilisations de ces dernier jours

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Discours d’investiture de Frédéric Lefebvre http://owni.fr/2010/07/14/discours-dinvestiture-de-frederic-lefebvre/ http://owni.fr/2010/07/14/discours-dinvestiture-de-frederic-lefebvre/#comments Wed, 14 Jul 2010 09:33:11 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=21976 Si les journalistes de Mediapart n’avaient pas jeté l’anathème sur Eric Woerth, le gouvernement aurait été remanié. Les grandes lignes en étaient connues. Eric Woerth prenait la place de François Fillon, Patrick Devedjian quittait la relance pour prendre en main les retraites dans un Ministère spécialement créé pour l’occasion. Nathalie Kosciusko-Morizet remplaçait Roselyne Bachelot au Ministère de la Santé et des Sports. Et un petit nouveau faisait enfin son apparition, sans démériter. Frédéric Mitterand était remplacé par un autre Frédéric.

Frédéric Lefebvre serait donc devenu Ministre de la Communication et du Numérique, preuve de l’attachement de Nicolas Sarkozy au monde digital, comme il l’a rappelé lors de son interview sur France 2. Frédéric Lefebvre avait d’ailleurs commencé à mettre à jour son discours d’investiture, préparé à l’occasion du remaniement prévu l’an dernier, dans lequel il devait prendre le poste de Secrétaire d’État à la Communication et au Numérique. Il en profite d’ailleurs pour se féliciter du lancement du portail France.fr (qui ne se féliciterait pas ?). Nous avons réussi à le récupérer et nous vous le proposons en exclusivité.

Mes chers concitoyens, mes chères concitoyennes,

C’est avec beaucoup d’honneur aujourd’hui que je viens d’accepter la proposition de François Fillon, Premier Ministre, et de Nicolas Sarkozy, notre Président de la République. Je suis aujourd’hui Ministre de la Communication et du Numérique. Ce poste, je l’accepte avec grande joie car la Communication et le Numérique sont au cœur de ma vie de tous les jours. Issu d’une Majorité qui prend tous les risques pour réussir à réformer notre pays, je veux surtout être un Ministre qui défend les attentes de tous les Français. Faisant fi des commentateurs, j’ai prouvé depuis longtemps que je savais agir.

Mon premier agissement, d’ailleurs, a lieu aujourd’hui avec le lancement du portail France.fr. France.fr est le portail de la France sur Internet. Comme je le disais à ma secrétaire, la seule à utiliser un ordinateur [comme le sénateur Masson, NDLR] ce site pourrait être le seul site à visiter en France. Il est innovant et simple et présente même la météo !

Internet est une vitrine très importante pour notre pays. Ne sommes nous d’ailleurs pas le pays inventeur du Minitel, en avance de 30 ans ? Mis en place en 1980, par un gouvernement de droite, il permettait à n’importe qui de se connecter au monde. Ne venez pas nous dire ensuite que nous ne défendons pas la télématique ! Nos récentes rencontres dans le cadre du Club Parlementaire sur l’Avenir de l’Audiovisuel et des médias, dont je reste président d’honneur avec Frédéric Mitterand, Alain Minc, Claude Perdriel, Christine Albanel, Jacques Séguéla ou encore Jacques Attali me permettent aujourd’hui d’avoir une vision assez innovante et claire de l’Internet que nous souhaitons.

Cependant, et les récentes affaires l’ont prouvé, Internet reste un endroit dangereux, loin du rêve du Minitel, où l’on pouvait se connecter sans crainte. En 2008, je vous alertais [lors du débat sur le Servic Public audiovisuel, NDLR] sur les problèmes que posait l’Internet.

Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ?
Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ?
Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ?
Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ?
Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs oeuvres ?

Ce dont je peux vous assurer aujourd’hui, c’est que j’ai des réponses à ces questions. Il y a eu au moins une femme violée à cause de Facebook, 1 européen sur 5 achète des faux médicaments, de nombreuses jeunes filles sont manipulées sur des chats, trop de bombes ont explosé par accident. Quant aux créateurs ruinés, je ne prendrai pour exemple qu’un seul créateur, le plus grand. Johnny Hallyday qui fut obligé de quitter notre pays tant l’Internet l’a ruiné.
Et Internet ne s’arrête plus dans son comportement destructeur. Il corrompt la presse et notre jeunesse. Il était temps qu’un Ministère lui soit entièrement dédié. Il est temps que le Président de la République dispose, de la même manière que Barack Obama, d’un bouton pour déconnecter l’Internet. Il est temps de sortir la communication sur les réseaux de la boue dans laquelle la traîne à longueur de journée des petits malins.

Ce 14 juillet est une date importante pour l’Internet français. Pour moi. Et donc pour vous.

(discours prononcé le 14 juillet 2010 par Frédéric Lefebvre, Ministre de la Communication et du Numérique)

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Crédit Photo CC Flickr : Nicolas Nova.

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Youpi! Ils ont gagné? http://owni.fr/2010/03/22/youpi-ils-ont-gagne/ http://owni.fr/2010/03/22/youpi-ils-ont-gagne/#comments Mon, 22 Mar 2010 16:13:22 +0000 Emgenius http://owni.fr/?p=10632

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Un discours de triomphe modeste, mais un discours de triomphe quand même.

Ainsi donc, comme en 2004, la plupart des régions sont restées colorées de rouge. Et depuis hier les ténors avec ou sans twitter, de nous marteler qu’il s’agit d’un vote sanction de la politique du gouvernement à la tête de la république française.

Je n’ai pas voté pour la région île de France où je réside. Je ne peux pas. Je ne suis pas Français (un choix de fainéant, depuis que mon pays de racines, la Belgique a autorisé il y a six mois la double nationalité à ses ressortissants). J’ai entendu les arguments balancés par les futurs votants et les abstentionnistes dans #lafrancedutrain qui m’emmène chaque matin de Seine et Marne à Paris. On y parlait de la personnalité bonhomme de Huchon et du sourire coquin de Valérie Pécresse. Ou alors on parlait des résultats désastreux de Paris en championnat ou on ne parlait pas.

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J’ai reçu des tracts de Jean Paul Huchon à ma gare d’extrême Seine et Marne. J’ai vu aussi des poubelles pleines des mêmes tracts quelques mètres plus bas, dans le couloir qui mène au train. J’ai lu les batailles à coup de Ali Soumaré, les déclarations facebook de Frédéric Lefèbvre, j’ai entendu le triomphalisme de gauche demander la tête de François Fillon entre les lignes. Et si c’était Jean-Marie Le Pen qui avait eu la seule bonne analyse du scrutin en version 2010 « Le Pen, c’est une bonne marque, en laquelle les gens ont confiance ».

Et si le vote sanction, le vote épidermique qui permet d’excuser sinon d’expliquer les revirements complets de l’opinion publique n’étaient en fait que le reflet du monde contemporain ?

Combien sont-ils, les petites gens à mon image ? Ceux qui luttent autant pour le pouvoir d’achat au quotidien que pour l’écran plat ? Ceux qui ne noieraient pas leur prochain dans l’eau d’un bain de merde, mais seraient prêts à gueuler si les voisins se mettent à marcher sur les plates bandes ? Combien sommes-nous à conchier  les extrêmes de tout bord sans pour autant soutenir d’idéal ni de droite ni de gauche. Combien sommes-nous à voter, ou ne pas voter, par habitude ?

Parce que les préoccupations politiciennes nous semblent à ce point éloignées de nos quotidiens que nous avons l’étrange impression qu’un système vaut bien l’autre. Qu’on ne sera jamais tous frères unis sous le drapeau rouge, mais pas dupes non plus de lois votées au profit de certains, sous le couvert de la réponse à un fait divers, une préoccupation sociale. Et je me souviens à 17 ans, de ce gros couillon qui fustigeait ses camarades de classe donnant leur vote à la pensée paternelle sans réfléchir à l’idéologie, au monde qu’ils désiraient pour plus tard. Je suis pire qu’eux. J’ai abdiqué. Je survis. J’envie. Je possède et constate.

L’économie quotidienne. La tambouille dans la gamelle de tous les jours et l’hédonisme capitaliste ont depuis longtemps remplacé notre préoccupation politique.

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On veut tous plus. On veut tous mieux. Et tant pis si parfois on doit faire taire l’internationale socialiste qui chante au fond de nos cœurs. Les vacances aux Maldives valent bien quelques grammes de C02, et on ne se priverait pas du café à la machine parce qu’il est servi dans un gobelet plastique. On veut bien être un peu justes, mais pas jusqu’au point de partager nos appart’s avec tous les miséreux du monde. On veut bien accueillir les réfugiés politiques, mais à la seule condition qu’ils n’habitent pas à 15 dans la maison mitoyenne, qu’ils évitent les ablutions matinales sonores et les odeurs de friture insupportables. On veut bien être socialistes, mais pas au point de nourrir tous les tire au flanc, que parfois on envie, le soir quand on est crevé par la journée de boulot, la grève SNCF ou le trafic à la sortie de la méga-ville.

La politique n’est plus au mieux, qu’un outil de notre développement personnel. Au pire une habitude ou un sujet de conversation. Nous sommes volatiles, changeants, inconsistants. Nous sommes capables de sacrifier un idéal au gré de notre ambition personnelle. Nous sommes près à tous les compromis parce qu’ils servent notre cause propre ou perpétuent notre consensus mou.

Nous pensons la politique en terme de phrases assassines, de discours grand guignolesques ou de spiritualité sur Twitter.

Un casse-toi pauvre con et nous sommes capables de causer six heures avec nos collègues. Un désir d’avenir et notre journée numérique est enjouée à coup de retweet.

Nous avons la vague impression que quelque chose ne va pas. Nous voudrions que l’île de sacs plastiques au milieu de l’Atlantique soit nettoyée, mais ne serions pas prêts à être taxé pour le nettoyage à sec. Nous votons pour les chaussures de Nadine Morano, la petite marche de Nicolas Sarkozy, la serpillère flasque de Van Rompuy ou le nœud papillon d’Elio di Rupo.

Notre conscience politique se construit autour d’un clip « pour ceux qui veulent changer le monde » et d’un bon mot des guignols. Notre idéologie se développe pour Stéphane Guillon ou contre lui. Nous nous en foutons royalement (sans jeu de mot), tant que rien n’empêche les courses chez H&M, le caddie chez Intermarché et les vacances au mois d’Août.

Nous avons la conscience diffuse que quelque chose ne va pas, ne va plus, n’a jamais été. Cohn Bendit représente la génération de l’échec des idéaux, mais nous n’avons pas d’idéaux. Besson ou Strauss Kahn la preuve qu’on peut être de gauche sans finir professeur d’histoire à collier de barbe. Saint Sega priez pour nous. Et priez, priez que tous nous veuille absoudre.

On aimerait changer le monde, mais notre temps de cerveau disponible est restreint, une fois achevée la lutte pour notre propre survivance et le visionnage de la saison 6 de Docteur House. On aimerait que quelqu’un le change à notre place, par baguette magique et qu’on puisse tous en profiter, y faire des profits. Boire le café à la machine le matin et continuer à respirer correctement, parce qu’on est les pères de nos enfants. On aimerait donner notre destin à un guide, un despote éclairé. Mais on n’a pas confiance en les icônes politiques, qui tournent au vent des électeurs comme des girouettes.

On a l’impression de devoir prendre le destin du monde en main, mais on a déjà du mal à se saisir du nôtre. Et on a peur d’être roulés dans la farine alors on évite de se commettre à adorer une icône politico médiatique qui sera balayée plus tard par une affaire, un revirement ou un mauvais mot glosé par les humoristes.

Nous sommes défiants

C’est là notre seule conscience politique. On sait qu’on ne se fera plus avoir par le politique. Alors on se fait avoir par l’économique. Saint Sega priez pour nous . Et soumets-nous à la tentation. On se rassure en écoutant les radios qu’on imagine colorées à peu près à notre goût et les trublions de bon ton. Nous oublierons. Nous serons prêts à contourner les lois, défier les dogmes si seulement l’économie nous offre une drogue légale. Here we are now, Entertain us, comme disait l’autre.

Parce que quand on se met à penser on pleure. Parce que devant l’ampleur des tâches on se rend compte de nos différends, de nos différences, et de ce qu’on n’aura pas assez d’une vie pour que tout change à notre rythme mollasson.

Nous votons par habitude, ou nous ne votons pas. Ou pire nous votons pour la marque électoraliste qui nous tente le plus. Le Pen a raison (dit comme ça ça fait peur… toi qui pratique la culture de l’extrait remonte plus haut je t’en supplie). Nous choisissons notre préférence électorale plus en fonction des idées, mais en fonction du catalogue, de la vitrine que propose le candidat. Une poitrine avenante, un regard mutin peuvent amener plus de voix qu’un vrai programme dûment calibré. Je vous jure avoir entendu peu avant l’élection de 2007 dans #lafrancedutrain « sarko il gagnera pas, il est trop petit pour faire un président». Quelques bons mots sur Twitter et @benoithamon m’enthousiasme plus que Martine Aubry.

Un site internet pourri ou le rappel opportun d’une opposition ancienne avec le Club Dorothée et c’est une élue de Poitou Charentes qui fait les frais de notre courroux. Un Yann Arthus Bertrand par hasard programmé la veille du scrutin et c’est le monde qui devient écologiste d’un soir. Un policier abattu dans l’exercice de ses fonctions et nous sommes tous profondément convaincus que le monde ne tourne plus rond et qu’il faut resserrer les boulons.

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Quand la victoire est une question de plus’ produit

Nous sommes citoyens d’une méga-ville planétaire. Qu’une explosion se passe sur le pont d’à côté, et nous ne croirons à sa véracité que si le présentateur vedette nous le confirme. Qu’on pense révolution et on se pique de regarder exactement sur quel point de détail du discours de l’UMP on peut porter un estoc parce que sur le fond, on n’est pas si différents. Qu’on soit de gauche et il faut en porter la coquarde : « libé-Guillon-FranceInter » ou de droite « costard, cheveu beatles et microentreprise.

On ne vote plus sur foi d’idées ou de concepts, parce qu’on a la diffuse impression que les concepts ne changent plus le monde et qu’un concept sera toujours moins puissant que l’économie. Et que de l’économie dépend Saint Sega. On vote sur catalogue. On choisit sa marque électorale comme on choisirait un Jean dans un catalogue de La Redoute. Parce qu’il est pas cher, parce qu’il fait le cul rond ou que l’air du mannequin donne envie de lui mettre une cartouche. On applique à notre philosophie, à nos actes, des mécaniques économiques marketing/envie/acte d’achat sensibles aux saisons, à l’ADN de la marque et à la publicité. Notre culture, notre conviction politique est un catalogue France Loisir.

On y picore ce qui nous est bien présenté. Et on s’engage à bien lire chaque mois un morceau de la culture qu’on nous ressemble, que quelqu’un un jour a formaté pour qu’il nous ressemble…. L’économie a non seulement remplacé l’idéal politique, mais il y plaque aujourd’hui ses mécaniques.

Donner des leçons c’est bien…

Mais je n’ai ni le courage ni l’envie de me lancer dans une croisade pour un retour de la prise en main de nos réflexions politiques, pour le retour de la conviction philosophique avant le glamour du glissement du bulletin dans l’urne. Je n’ai pas le temps.

Comme tout le monde je galère d’abord avec l’envie de me payer un resto par mois en famille et des vacances à la côté cet été. Comme tout le monde je m’émeus du ministère de l’identité nationale et m’amuse des spots de campagne blafards du PS. Comme tout le monde si j’allais voter, je choisirais mon candidat sur catalogue (je le fais déjà pour les élus belges que je dois choisir à distance).

Avant j’imaginais que pour éviter que le titanic se mange l’iceberg, il fallait que je grimpe à bord et que je convainque le capitaine. Aujourd’hui je suis plus enclin à rester sur la rive tirer dessus au bazooka, et préparer les chaloupes pour sauver qui pourra. Sauf que… être belliqueux c’est pas classe, et je me vois pas négocier en loucedé l’achat et le montage de mon bazooka. Pas le temps pour ces conneries, y’a Breaking Bad S03E01.

Vivent les régions à gauche ?

> Article initalement publié sur le coin d’Emgenius dans la soucoupe

> Illustrations by mainblanche et par alainalele

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Frédéric Lefebvre n’aime pas les gens méchants http://owni.fr/2010/03/12/frederic-lefebvre-n%e2%80%99aime-pas-les-gens-mechants/ http://owni.fr/2010/03/12/frederic-lefebvre-n%e2%80%99aime-pas-les-gens-mechants/#comments Fri, 12 Mar 2010 08:23:53 +0000 Goldfish http://owni.fr/?p=9897

L’équipe de Goldfish, blog consacré à l’utilisation des TIC en politique, a interviewé le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefevbre. Prêt pour un festival de perles ?

Propos recueillis par Émilie Musset et Faustine de Lassus Saint-Geniès.

« Je ne réponds pas quand on m’insulte »

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Frédéric Lefebvre est actif sur Twitter, il twitte parfois lui-même mais refuse de répondre aux insultes.

« Frédéric Lefebvre n’aime pas les méchants »

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Frédéric Lefebvre a de l’humour, mais seulement si l’humoriste est gentil…

Moi, mon blog et moi

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le porte-parole de l’UMP revient sur son blog et sur la polémique des droits d’auteurs. Un beau moment d’auto-promotion.

Billet initialement publié sur le blog Goldfish

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Jacques Toubon, la mission Zelnik c’est lui http://owni.fr/2010/02/04/jacques-toubon-la-mission-zelnik-c%e2%80%99est-lui/ http://owni.fr/2010/02/04/jacques-toubon-la-mission-zelnik-c%e2%80%99est-lui/#comments Thu, 04 Feb 2010 16:58:28 +0000 Emmanuel Torregano (électron libre) http://owni.fr/?p=7669 Hier soir se tenait une réunion du club parlementaire audiovisuel. Les invités de cette session très attendue étaient Jacques Toubon et Patrick Zelnik, pour discuter du rapport remis il y a quelques semaines maintenant au ministre de la Culture et de la Communication Frédéric Mitterrand. Parmi les invités, beaucoup de producteurs, des représentants de la radio, des opérateurs internet et Google France. Le débat promettait d’être chaud, ce fut brûlant.

Depuis que le rapport de la mission dite Zelnik a proposé d’instaurer une gestion collective pour la musique sur l’internet, le monde de la culture est en ébullition. À peine les préconisations exposées, le syndicat des majors de la musique, le SNEP, avait attaqué bille en tête, accusant Patrick Zelnik, producteur et fondateur du label Naïve, d’instrumentaliser cette mission pour des raisons personnelles. L’attaque n’était pas très fair-play mais elle a touché. Et depuis, Patrick Zelnik s’évertue à calmer les esprits en expliquant, dès qu’il en a l’occasion, que la gestion collective n’est pas une obligation, à condition de trouver une solution d’ici là – le rapport donne un an pour trouver un accord.
Bref, c’est dans ce contexte où pleuvent en coulisse les noms d’oiseau, que le club parlementaire de l’audiovisuel se réunissait à l’initiative de ses créateurs, Emmanuel Hamelin, Frédéric Lefebvre et le nouveau venu Franck Riester. Patrick Zelnik est à l’heure. Mais alors que les convives et les journalistes trouvent une place dans la salle du dernier étage de l’immeuble Jacques-Chaban-Delmas, ses acolytes ne sont pas encore arrivés ; Guillaume Cerutti ne viendra pas, et comme à son habitude, Jacques Toubon est en retard. C’est à Frédéric Lefebvre que revient le privilège d’ouvrir les débats. Le porte parole de l’UMP se contente de répéter l’importance du sujet : le financement de la création. Enfin, Jacques Toubon fait son entrée, alors que l’ex-député des Hauts-de-Seine finit son allocution en évoquant la gestion collective, et sa volonté de trouver un financement durable pour la culture.

Tribun

Patrick Zelnik hérite du micro. « On m’avait promis une soirée chaude », lance t-il, et embraye sur Hadopi. La loi sur la riposte graduée est qualifiée de « médecine douce », car la « gratuité sur internet, c’est très dévastateur ». On se demande bien alors où est passé celui qui au tout début des années 2000, alors que la vague Napster déferlait, s’était levé, seul face aux majors de l’IFPI (Fédération internationale de l’industrie musicale), pour dénoncer les carences de la production et dédouaner le piratage naissant… Après cette mise en bouche, Patrick Zelnik entame ce refrain déjà entendu sur la gestion collective : « la gestion collective est l’un des moyens et pas le seul. Il y en a d’autres. Et des plus efficaces ». Reste donc à les trouver.
Dans la salle, on opine du chef, sûr d’avoir mis en échec cette mesure si controversée – sont présents les pros du lobbying au regard d’aigle. Peine perdue, voilà que Jacques Toubon rentre dans l’arène, et le show peut enfin commencer. Le tribun est toujours en vie. Vivace même, prêt à dégainer et interpeller les pleutres et les planqués ! Le ton est donné d’emblée : « On ne peut régler les problèmes qui se posent que par et avec le marché ». Voilà qui est clair, le plus libéral des deux c’est bien Jacques Toubon, l’ancien ministre de la Culture, et ex-député européen ; Guillaume Cerutti n’est pas présent, mais cela ne change rien, Jacques Toubon est dans la place ! Son intervention s’articule autour d’un axe fort : « Changer la grille de lecture du marché », comprenez le point de vue des producteurs et créateurs n’est plus l’alpha et l’omega de l’action politique. Les aigles se changent en faucons…
Le temps suivant fut celui de l’intermède. Marie-Françoise Marais, juge à la Cour de cassation, et nouvellement promue présidente de l’Hadopi prit la parole. Avec un vrai talent et pas mal d’humour, celle qui devient la nouvelle tête de turc des internautes a souligné qu’elle garderait sa porte ouverte. « Nous ne ferons pas le monde de l’internet sans vous », dit-elle. On ne sait pas si elle voulait ainsi s’adresser aux futurs récidivistes du piratage ou bien aux ayants-droit réunis en ce lieu. Et comme c’est le jour des piques, Marie-Françoise Marais s’est permis d’en glisser une sur le fauteuil vide du ministre, car les décrets d’application de la loi “création et internet” font toujours défaut. En attendant leur publication, Hadopi n’existe pas.

Pipeaux

Et puisque le temps tournait à l’orage pour le gouvernement, Jacques Toubon, que l’on ne peut alors soupçonner d’avoir un agenda caché personnel, s’en est également pris aux pouvoirs publics en des termes crus : « Je ne sais pas ce que fout le gouvernement », a t-il lancé, à propos de la saisine à l’encontre de Google et plus largement du marché de la publicité sur l’internet – à ce propos, il serait bon de répéter que la première régie qui aura à payer sa dîme sera celle d’Orange. Le député a bien fait savoir que les textes rédigés par la commission dont il a fait partie sont prêts. Qu’ils sont suffisamment argumentés pour que l’action du gouvernement soit rapide, ajoutant : « Je suis absolument ébahi que Bercy n’ait pas fait son travail » sur ce dossier.
Comme il est pratique d’avoir un ennemi commun, qui plus est lorsqu’il a le bon goût d’être américain, avec une filiale basée en Irlande, un pays où les joueurs de pipeaux font carrière. Google, puisqu’il s’agit de lui, est d’ailleurs dans la salle. Courageusement, le directeur juridique va expliquer, la langue lourde d’échardes remâchées de longue date, qu’il ne faut pas entraver le marché , « que ce serait mettre en péril les relations entre les opérateurs du Net et les ayants-droit » ; bref, artistes circulez, y a rien à prendre ! Voilà qui n’est pas fait pour calmer Jacques Toubon. Alors que personne ne le lui a demandé, le voilà qui défend la fameuse taxe Google. Selon lui, rien ne s’y oppose dans la loi européenne.
On l’a souvent connu dans le rôle du pyromane, le voici pompier. Frédéric Lefebvre a cela de surprenant que les caméras de télévision absentes, plus de raison de provoquer. Le co-fondateur du Club explique donc qu’il serait fondé de réfléchir à « des modes de répartition des recettes publicitaires ». Le monde de la création aurait tout à y gagner, et les opérateurs internet aussi. Un secteur artistique en pleine santé, c’est la garantie d’avoir un contenu de qualité, et une appétence des internautes.
Cette histoire se joue en trois actes, et le second est tout entier consacré à la gestion collective. La commission Zelnik a repris là une proposition faite par l’Adami, l’une des sociétés de perception et de répartition des droits du monde de la culture. Pour lancer le débat que tout le monde attend, c’est à Emmanuel Hoog, président de l’Ina et tout juste désigné médiateur, que l’on tend le micro. La patate est suffisamment brûlante pour que l’intéressé précise aussitôt que, bien que l’on lui ait octroyé un an pour réussir, il souhaiterait en finir au plus vite, « sinon avec le temps on va tomber dans la répétition, nécessairement ». Voilà pour la forme. Et sur le fond, on n’en apprendra pas beaucoup plus. De toute façon, il n’a pas été retenu dans le casting du duel à la fin.

Carcan

Patrick Zelnik non plus, mais il prend tout de même le temps de préciser sa pensée. La gestion collective ne mérite pas que l’on « cristallise » le débat, car « c’est une solution faute d’en trouver d’autres » – depuis le Midem, le patron de Naïve n’en finit pas de se dédouaner dans cette affaire. Ce n’est pas le cas de Jacques Toubon, dont la conviction sur le sujet dépasse largement la portée du rapport. Osons le dire, Jacques Toubon sait. Les autres non. Jacques Toubon a vu. Les autres sont restés aveugles, planqués derrières les frontières de leur marché national. Jacques Toubon a vu les anglo-saxons faire. Petit à petit, ils ont grignoté le droit d’auteur pour, sans trop le dire, chercher à imposer le copyright sur le Vieux Continent. Heureusement, Beaumarchais s’est trouvé son porte-parole, comme Diotime soufflant les mots de Socrate…
« Je ne suis pas idiot. Je sais bien ce que ça peut représenter pour les producteurs, la gestion collective », s’écrie l’ancien député européen PPE. « Il est faux de dire qu’elle représente un carcan », souligne t-il aussi, faisant ainsi référence aux évolutions modernes de ce modèle de redistribution des droits. Car, pour lui, la gestion collective est le meilleur terreau de l’innovation, celui qui garantit que les droits seront payés, pour tous, mais aussi que les projets avant-gardistes pourront se bâtir sur des modèles économiques sains. Enfin, aux producteurs présents dans la salle, il assène cette vérité : « On ne peut pas, du jour au lendemain, raconter que le marché se porte bien, parce qu’une proposition ne va pas dans le sens de votre intérêt ».
Cette soirée n’aurait pas été complète sans un dernier coup d’éclat. Il est venu de Vivendi. Le groupe français avait été évoqué précédemment. Comparé à Google, il serait une PME, avait-on entendu, ce qui avait déclenché l’hilarité générale. Sylvie Forbin prend la parole et interpelle les membres de la commission. Ce qu’elle leur reproche est simple : ne pas avoir donné toute la place qu’elles méritent aux propositions du groupe. Que n’avait-elle dit ! Piqué au vif, ou bien vieux roublard de la joute, Jacques Toubon réplique : « Vous venez de vous discréditer ! C’est justement parce que nous ne voulions pas travailler sous l’influence des lobbies, et votre attitude le démontre parfaitement ». Le coup est rude, mais Sylvie Forbin, lobbyiste en chef de Vivendi en a vu d’autres, et pas démontée pour un sous, elle continue sa démonstration. L’idée maîtresse de son intervention tient dans la mise en place d’une plateforme regroupant l’ensemble des producteurs pour répondre à la demande des distributeurs de musique en ligne. En sortant, Patrick Zelnik lui a glissé à l’oreille que bien sûr, ils prendraient le temps d’en reparler…


Le rideau tombe sur une dernière intervention. Celle de Nicolas Seydou, le président de Gaumont, qui pose la bonne question : « Que faisons nous pour innover ? ». Les esprits sont déjà fatigués. Il est temps de fermer.

» Article initialement publié sur Electron Libre

» Illustration de Une par _ambrown sur Flickr

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