OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Sarkozy brasse de l’éolien http://owni.fr/2012/04/16/sarkozy-brasse-de-leolien/ http://owni.fr/2012/04/16/sarkozy-brasse-de-leolien/#comments Mon, 16 Apr 2012 16:35:51 +0000 Pierre Leibovici et Grégoire Normand http://owni.fr/?p=106250 OWNI, le président-candidat a confondu le chantier éolien en France et en Europe... Au classement OWNI-i>Télé de la crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy tombe à la dernière place, à égalité avec Marine Le Pen.]]>

A défaut de se croiser, les courbes se sont égalisées dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Avec 44,4% de crédibilité, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ferment la marche de concert, tout près de François Bayrou (44,8%). Jean-Luc Mélenchon fait toujours la course en tête, son taux de crédibilité s’affichant à 62,7%.

Durant ces dernières 72 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 46 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Nicolas Sarkozy ne manque pas d’air

32. C’est le nombre de “propositions pour une France forte” déclinées par Nicolas Sarkozy dans son programme. Parmi elles, une seule est en lien avec la protection de l’environnement : la [poursuite du] développement des énergies renouvelables”. Une situation sur laquelle le président-candidat a été interpellé lors d’une conférence de presse, le 5 avril dernier, par le journaliste de l’agence Reuters, Emmanuel Jarry :

Emmanuel Jarry : – Qu’en est-il du développement d’une énergie verte (…) ? Je n’en vois pas trace dans votre projet actuel (…).
Nicolas Sarkozy : – Vous dites qu’on a bien du mal à affecter le chantier éolien. Ah bon ? Le chantier éolien c’est 12 milliards d’euros.

Dans un article publié le même jour, le journal Le Figaro a compris par ces mots que Nicolas Sarkozy entendait parler de l’investissement éolien en France :

Nicolas Sarkozy a vanté son bilan en matière d’énergies renouvelables. Il a évoqué un “chantier éolien” à 12 milliards d’euros (…).

Comme n’importe qui aurait pu le comprendre. Sauf que le candidat UMP s’est plutôt attribué les investissements annuels du “chantier éolien”… de tous les pays de l’Union européenne.

Le ministère de l’Écologie et du Développement durable indique ainsi que le marché de l’éolien en Europe représente “12 milliards d’euros d’investissement par an, soit 1,2 million d’euros par MW installé”. Depuis, le chiffre a été révisé par l’European wind energy association à 13 milliards d’euros pour l’année 2010.

D’après la même European wind energy association, les capacités de production électrique du parc éolien français représentaient 5 970 mégawatts (MW) en décembre 2010. Si l’on s’en tient donc à l’estimation de “1,2 million d’euros [d’investissement] par MW installé” du ministère de l’Écologie, les investissements de la France dans l’éolien n’auraient de toute façon représenté que 7,164 milliards d’euros depuis la première éolienne – installée en juillet 1991 – jusqu’en 2010.

Très loin des “12 milliards d’euros” que Nicolas Sarkozy n’a eu aucun “mal à affecter” au “chantier éolien” français.

Eva Joly débranche trop vite

L’Allemagne laisse rêveurs la plupart des candidats à l’élection présidentielle. Et Eva Joly n’échappe à la règle. Dans l’émission Des paroles et des actes du mercredi 11 avril dernier, elle a ainsi vanté les mérites de la diminution de la consommation électrique outre-Rhin :

[Les Allemands] ont diminué leur consommation de 6%.

Trop beau pour être vrai. Le démenti provient du groupe de travail AG-Energiebilanzen, qui publie chaque année un tableau de bord sur les différents types de consommation énergétique en Allemagne. D’après sa dernière édition, la consommation brute d’électricité en Allemagne est passée de 610,4 TéraWatts-heure (TWh) en 2010 à 608,5 TWh en 2011. Soit une diminution de 0,3%.

Le modèle allemand n’apparaît donc pas si exemplaire pour sa quantité d’électricité consommée. Il en va autrement pour la nature de l’électricité produite en Allemagne en 2011 et qu’aurait pu évoquer la candidate écologiste. Car, comme le note l’Institut du développement durable et des relations internationales dans une étude parue le 5 mars dernier, le pays a produit davantage d’électricité de sources renouvelables (19,9% du total de l’électricité produite) que d’origine nucléaire (17,6%) en 2011.

François Bayrou reste en voiture

L’automobile sied décidément bien à François Bayrou, qui s’est une fois de plus exprimé à son sujet lors de l’émission Des paroles et des actes du jeudi 12 avril dernier. Habitué aux comparaisons internationales sur la production de véhicules, le candidat du Mouvement Démocrate (MoDem) s’est cette fois-ci replié en France :

90 000 voitures de fonction dans l’Etat.

Correct, si l’on se fie au Conseil de modernisation des politiques publiques. D’après un document d’orientation publié en juin 2010, l’Etat compte 72 000 véhicules auxquels il faut ajouter 17 000 véhicules des opérateurs de l’Etat, c’est-à-dire des établissements publics, des groupements d’intérêt public et des associations, entre autres.

Au total, donc, l’Etat compte 89 000 véhicules, 1,1% de moins que le chiffre évoqué par François Bayrou.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI
Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)

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Et si on construisait des parcs éoliens coopératifs ? http://owni.fr/2011/06/05/et-si-on-construisait-des-parcs-eoliens-cooperatifs/ http://owni.fr/2011/06/05/et-si-on-construisait-des-parcs-eoliens-cooperatifs/#comments Sun, 05 Jun 2011 12:42:49 +0000 Nolwenne Weiler (Bastamag) http://owni.fr/?p=60498 Au départ, il y a Michel Leclercq, prof de dessin retraité, et Éric et Laure Vaillant, maraîchers dans le pays de Redon (Bretagne et Pays-de-Loire). Écolos, tous les trois, ils veulent installer une éolienne sur leur terrain, pour produire de l’énergie propre. « Cela s’est avéré compliqué et très fastidieux », se souvient Michel. « Et si on montait plutôt un parc éolien collectif ? », se sont-ils demandé. Cela s’est avéré encore plus compliqué. Mais la plus-value, c’est une aventure collective hors normes. Avec un projet ancré dans un territoire, et maîtrisé de bout en bout par la population locale. « Nous avions envie de réunir les gens autour d’un projet constructif, raconte Michel. Nous voulions nous battre pour quelque chose, alors que nous sommes plutôt habitués à nous battre contre… »

La réflexion collective commence en septembre 2002. Avec une trentaine de personnes. « Dès l’accord de la mairie sur le principe d’un parc éolien coopératif, nous faisons une réunion publique » précise Michel. « Nous tenions à ce que les riverains pilotent le projet et aient leur mot à dire, qu’ils participent au financement. Pour qu’il y ait des revenus locaux, car l’impact principal d’un parc éolien est local. » Deux zones sont identifiées pour implanter des éoliennes : Sévérac-Guenrouët en Loire-Atlantique et Béganne, dans le Morbihan. Pour encadrer les récoltes de fonds et le financement des études de faisabilité, l’association Éoliennes en pays de Vilaine (EPV) est créée. Nous sommes en mai 2003.

Une entreprise pas comme les autres

Arrive ensuite le temps des études pour l’obtention de permis de construire. Une entreprise sous statut SARL, Site à Watts, voit le jour. « Cette structure était plus adaptée aux financements de ces études qu’une association, » précise Michel. Le capital de cette SARL pas comme les autres regroupe des adhérents d’EPV, mais aussi trois CIGALES (Clubs d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaire) réunissant 60 personnes. Le Conseil général de Loire Atlantique est également entré au capital de la SARL par l’intermédiaire d’une Société d’économie mixte (SEM).

Parmi les « cigaliers », Christophe Baron, agriculteur. « Intégrer ce projet, c’était logique pour moi. J’ai un rapport fort à l’environnement », explique ce producteur de lait bio à Allaire, dans le Morbihan. Il y a trois ans, il a posé des panneaux photovoltaïques sur les toits de sa ferme. Et possède un « échangeur à plaques » dans sa salle de traite, qui lui permet de produire de l’eau chaude, en récupérant la chaleur du lait. Convaincu des projets collectifs, il fait partie d’un Groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) depuis toujours. « Je me suis rendu compte, avec EPV et Site à Watts, que c’est une chance d’avoir ce statut juridique, pour qui veut jouer collectif en agriculture. » Pour l’éolien, c’est largement plus compliqué ! Il faut inventer un statut pour un projet collectif jamais pratiqué jusque-là.

D’énormes difficultés administratives

Aux savoir techniques de cette filière industrielle qu’il faut acquérir, les passionnés d’EPV ont dû ajouter l’apprentissage des outils financiers et juridiques, pour d’encadrer leur projet hors normes. Et quand on leur demande de récapituler les difficultés de ce vaste chantier, qui dure depuis 8 ans, salariés et bénévoles répondent comme un seul homme : « elles sont administratives ! » Charlène Suire, embauchée en mai 2010 par EPV, vient du secteur éolien privé, où elle a travaillé pendant deux ans. « Dans le secteur éolien, tout est long, explique-t-elle. Les études de faisabilité, les négociations avec les propriétaires, l’obtention des permis de construire. Sans compter que les textes de loi évoluent constamment. Mais quand on veut en plus faire participer une centaine de particuliers à l’exploitation d’un parc éolien, les contraintes juridiques sont encore pire ! »

Le Grenelle II, qui impose un minimum de cinq éoliennes par parc, favorise la centralisation et les grands projets plus difficiles à faire accepter par le voisinage. Il n’est pas favorable à l’éolien coopératif. Rien à voir avec nos voisins allemands ou danois. Chez eux, l’éolien s’est lancé sur ce modèle coopératif. C’est le point de départ de la filière. Les outils financiers sont donc au point depuis longtemps. « Au Danemark, 20% du parc doit être en participation citoyenne, explique Pierre Jourdain, salarié de Site à Watts. Il y a une obligation légale. En Ontario, au Canada, il y a des tarifs de rachat pour entreprises préviées et pour projets citoyens. Chez nous, il y a un frein culturel évident. Les projets participatifs ne sont pas habituels en France, d’autant moins en production d’énergie, pour laquelle on a l’habitude de tout déléguer à EDF. » Cela permet pourtant une réflexion collective et une appropriation par les citoyens des questions énergétiques. Sans être expert pour autant.

Une troisième structure pour la gestion des parcs

Les investisseurs (privés et publics) et riverains ont insisté pour financer un parc de leur territoire. Une troisième structure a dû être montée, pour la construction et l’exploitation des éoliennes. « La création de deux Sociétés par actions simplifiée (SAS) permet de relocaliser les projets. Cela permet en plus à Site à watts de garder sa compétence en développement de parcs éoliens », note Pierre Jourdain. A Béganne, la SAS s’appellera Bégawatts⋅

Pour que tout cela voit le jour, il a fallu une motivation quotidienne ! Aux conseils de l’Union régionale des sociétés coopératives de production (SCOP) se sont ajoutés une persévérance quasi sans faille de l’équipe et un vrai soutien de la population. Qui a toujours été tenue informée. Des bonnes et moins bonnes nouvelles. « Des réunions publiques sont organisées très régulièrement, explique Charlène Suire. Même quand le projet patine. Pour que les gens sachent pourquoi. » Le Zeff, un bulletin d’information, est édité régulièrement. Au printemps dernier, un autre rouage est venu compléter ces allers-retours entre porteurs de projet et population : le comité de suivi. Composé d’une petite dizaine de riverains et animé par Charlène Suire, ce comité est chargé d’assurer une information de proximité aux riverains inquiets, ou non, du lancement des travaux.

« Gouvernance industrielle coopérative »

L’équipe d’EPV, Site à Watts et Bégawatts est maintenant lancée dans le dernier et plus grand défi de cette aventure : la gouvernance d’un projet de type industriel à plusieurs, particuliers, Cigales, collectivités locales, Caisse des dépôts,… Sachant que le budget est de 12 millions d’euros, dont 25% de fonds propres. Le reste est emprunté, à une banque assez visionnaire et confiante pour accepter. Ni EPV, ni Site à Watts, ni Bagawatts ne peuvent faire d’appel public à épargne. Un outil participatif et financier a donc été créé : Énergie partagée.

Cette « plate-forme de l’éolien citoyen » est une structure nationale qui va récolter l’investissement citoyen sur des projets d’énergies renouvelables. Le site de Béganne pourra, entre autres, en bénéficier. Mais pour associer plus de 99 personnes à une société (ce qui est le cas du projet de parc éolien coopératif), il faut un visa de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Énergie partagée attend ce visa pour pouvoir se lancer son appel à épargne populaire. L’objectif ? Que cette façon de produire de l’énergie « démocratique et écologique » se diffuse. Et que la France, champion mondial de l’énergie nucléaire, se mette enfin à imaginer un autre modèle énergétique.


Article initialement publié sur Bastamag

Photo flickr cccc Brent Danley ; cccccc ixavier

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Les lobbys éoliens à l’assaut de Bruxelles http://owni.fr/2010/06/16/les-lobbys-eoliens-a-lassaut-de-bruxelles/ http://owni.fr/2010/06/16/les-lobbys-eoliens-a-lassaut-de-bruxelles/#comments Wed, 16 Jun 2010 09:23:41 +0000 Christine Treguier http://owni.fr/?p=18577 Le 15 juin, la European Wind Energy Association (EWEA) et le Global Wind Energy Council (GWEC) ont célébré le Global Wind Day 2010. En prévision de cette troisième journée d’auto-célébration de l’industrie éolienne, EWEA est allé planter une pale de 29 mètres au beau milieu du rond-point Schuman, à quelques centaines de mètres des locaux de la Commission et du Conseil européens. Histoire, dit-elle, de “promouvoir notre message et notre nouvelle campagne “Donnons à l’Europe un souffle d’air frais“.

Une manière fort habile de rappeler à la Commission la déclaration conjointe que lui ont transmis EURELECTRIC et EWEA le 9 juin. Les deux lobbyistes y réclamaient “une approche du grid planning (de la répartition ?) véritablement européenne, couplée  à l’intégration des marchés de gros de l’énergie “ indispensable au développement à grande échelle des énergies renouvelables (ENR) , et en particulier de l’éolien. Le tout pour assurer la sécurité énergétique et sauver la planète. L’idée est de convaincre les états membres européens de faire coller leurs feuilles de route pour les ENR au Plan de Développement Réseau sur 10 ans mis au point par les opérateurs de réseaux. Et une lame de 29 mètres c’est convaincant !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

A moins que ce ne soit un signe explicite du GWEC pour rappeler son dernier communiqué. Celui-ci expliquait que le secteur privé des ENR avait un urgent besoin d’investissement et attendait un signal fort des Ministres siègeant à l’ONU pour les nouvelles négociations climatiques de Cancun en fin d’année.

Les industriels déplorent que les investissements onusiens 2009 dans le Clean Development Mechanism aient chuté de 50% et exigent des états qu’ils inversent la tendance. Autrement dit ils prêchent une augmentation des subsides de 200%. Là encore 29 mètres d’acier sous la gorge des ministres du Conseil de l’Europe c’est convaincant !

Histoire de participer à notre manière à ce Global Wind Day, nous leur offrons ce petit voyage au pays des moulins à vent.

Photo: Des ouvriers s’activent autour d’une pale près de Vancouver, Canada. CC grousemountainresort.

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Vendeurs de vent http://owni.fr/2010/06/16/economie-de-leolien/ http://owni.fr/2010/06/16/economie-de-leolien/#comments Wed, 16 Jun 2010 09:17:37 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=16083 Pourquoi y a-t-il 10 fois plus d’éoliennes en Lorraine qu’en PACA, alors que la Fédération française de cerf-volant y compte 4 fois moins de licenciés ?

Prêt à tout pour répondre à cette question existentielle, nous avons posé la soucoupe au fonds des abysses de la filière éolienne. Et nous avons la réponse.

Pour les politiques, un cheval de bataille sexy

Les maires et les Conseils Généraux et se battent pour faire naître des tramways, gouffres financiers mais succès politiques. Les députés et les ministres ont les éoliennes. C’est visible, c’est élégant, c’est moderne… Qui n’a pas envie de se faire photographier devant un de ces somptueux mats?

Il est vrai que pour réduire les émissions de CO2, il existe d’autres moyens, beaucoup plus abordables. Mais on imagine mal un ministre poser devant des panneaux d’isolation thermiques (100 fois moins cher que l’éolien par tonne de CO2 évitée), des chaudières à condensation (7 fois moins chères) ou des pompes géothermales (2 fois moins chères).

En dépit de l’efficacité de ces autres technologies, le gouvernement a quand même décidé d’offrir aux exploitants d’éoliennes la garantie que leur production leur serait achetée à un prix fixe, bien supérieur au prix du marché (même s’il est loin d’être le plus élevé d’Europe). Ce qui fait dire à la Commission de Régulation de l’Energie, l’un des organismes les plus indépendants en la matière, qu’au prix actuel de 86€/MWh le surcoût pour le consommateur tournera autour de 2 milliards d’euros par an en 2015 (voir le rapport). Presque de quoi construire un porte-avion par an !

CC Sebastiano Pitruzzello

Peu d’effets sur le marché de l’électricité

Du côté des activistes pro-éoliens, on fait valoir que l’énergie du vent fait baisser le prix des factures d’électricité, si bien que le bilan net serait positif pour les consommateurs. Il est vrai qu’une fois l’éolienne construite, les coûts de production sont quasi-nuls. Pas comme pour une centrale au gaz, par exemple, où il faut acheter sans cesse du combustible à brûler.

En toute logique, le producteur d’énergie éolienne à toujours intérêt à vendre, même à un prix très bas. C’est ce qui a fait que les jours de grand vent, les prix sur le marché spot scandinave (transaction effectuées d’une heure pour la suivante) descendent parfois aux environs de 2€/MWh au lieu de 40€, l’ensemble de la demande étant couverte par l’éolien.

Ce raisonnement montre que plus on construit d’éoliennes, plus les prix diminuent. Certains avancent une diminution de 12%, après avoir mesuré les prix les jours avec vents et les jours sans vent. D’autres ont montré qu’une production annuelle de 10 TWh faisait baisser les prix du marché de 2€/MWh. En France, avec une production de 7,8 TWh en 2009, on aurait du constater une diminution du prix de 1,56€/MWh. Sur un prix de marché à 47€, ça fait quand même 3% de réduc.

Manque de bol, toutes ces études ont été faites au Danemark, où la situation n’a rien à voir avec la France. Paris reste assez froid vis-à-vis de l’économie de marché, si bien que seule 20% de la production se négocie sur le marché, contre plus de 70% en Scandinavie. En France, l’électricité vient surtout du nucléaire, dont la production se prévoit sur un mois plutôt que sur une heure. Elle ne se négocie que très partiellement sur le marché spot, l’essentiel étant contracté de gré-à-gré. Ce qui signifie que les variations induites par les éoliennes n’ont que très peu d’impact.

CC Bob Cox Photography

Au niveau local, une manne

Pour un maire, une ZDE représente avant tout des retombées fiscales. D’après les chiffres de la région Languedoc-Roussillon, environ 3% de l’investissement total se retrouve sous forme de taxe professionnelle (ou du machin qui va la remplacer). Imaginez-vous au conseil municipal de Fruges, dans le Pas-de-Calais, décidant du sort de vos 1500 administrés et de leur 14% de chômage (chiffres INSEE 2006). Votre budget s’élève à 2,3 million d’euros par an. Arrive Ostwind avec ses 70 éoliennes et ses 1,7 millions de retombées fiscales (partagées entre plusieurs communes, quand même). Quelle décision prenez-vous ?

Pour un propriétaire de terrain, une éolienne représente un loyer de plusieurs milliers d’euros par an. Un agriculteur engrange moins de 23 000€ par an et par travailleur. Si vous êtes exploitant avec votre époux, un loyer de 5 000€ c’est un 13e mois gratuit. Vous hésitez longtemps ?

Bien sûr, si vous êtes propriétaire du champ juste à côté de la ZDE et que votre commune ne bénéficie pas de la taxe professionnelle supplémentaire, c’est une autre affaire. Ce qui pousse parfois les riverains à allumer des feux de broussaille sur le parc du voisin.

De toute façon, le seul avis qui compte reste celui du préfet. Et lorsque ce dernier ‘oublie’ de regarder le dossier, ce dernier est considéré tacitement accepté, sans consultation locale. Et, oui, c’est déjà arrivé.

En dehors du préfet, tous ceux qui entourent la décision d’installer une ZDE ont un intérêt financier énorme à démarrer le projet. Est-ce un hasard si certains champions de l’éolien sont aussi les régions les plus pauvres? La Picardie et la Lorraine, qui totalisent à elles deux 25% de la production, sont aussi les 3e et 5e régions les plus pauvres de France métropolitaine en PIB par habitant, respectivement.

Les régions peu industrialisées et peu peuplées, comme la Champagne-Ardenne, sont aussi concernées. Riche en implantations nucléaires et en activités agro-alimentaires la région va souffrir de la perte prochaine des revenus de la PAC. Elle se place au 19e rang des régions métropolitaines françaises pour le revenu disponible brut par habitant, d’où peut-être une baisse démographique marquée. Et moins il y a de monde, plus les édiles locaux ont de chance d’éviter les associations d’anti-éoliens attachés à leurs paysages.

Comme le souligne un ingénieur d’une grosse boîte du secteur, les éoliennes s’installent « là où les habitants ont plus besoin de revenus que de paysages. »

CC Changhua Coast Conservation Action

Pour les opérateurs, des projets peu risqués

Avec un prix assuré quelle que soit la production, les investisseurs se sont rués sur l’éolien. Imaginez ce cas de figure dans une autre industrie. Un boulanger assuré d’écouler tous ses croissants à 2€ pièce, par exemple, va faire tout ce qu’il peut pour augmenter sa production tant que durera l’aubaine.

Ce mécanisme de prix garantis est responsable de la multiplication des parcs éoliens ces 20 dernières années. Que ce soit au Danemark, en Allemagne ou en Espagne, la mise en place de ces prix feed-in a été suivie par un boom de l’éolien.

Pour tenter de modéliser l’importance de ce prix, nous avons construit l’application ci-dessus vous permettant d’estimer les effets d’une variation du tarif feed-in. Faites glisser le curseur pour fixer le prix entre le prix du marché et le prix actuel et observez les conséquences. Si vous déplacez l’icône ‘mon éolienne’, vous pouvez également constater la rentabilité d’une ZDE dans une région donnée en fonction du nombre et de la puissance des aérogénérateurs que vous installez.

L’application est une hypersimplification d’un modèle qui suppose que seul le prix feed-in détermine la rentabilité, sans prendre en compte les risques liés au vent ni le montage financier. Les sources des données sont indiquées sur la feuille de calcul que nous avons utilisé. Lorsque la source n’est pas citée, les données proviennent du rapport du CRE cité plus haut.

Les coûts d’un parc éolien sont basés sur un épluchage en règle de la presse régionale, qui a permis de faire un modèle pas trop mauvais estimant le coût en fonction du nombre de mâts et de leur puissance. Les sources sont dans le Google Doc.

Le vent tourne (quel bon calembour)

Ce qui ressemble à une gabegie, et qui a mené à bien des excès (voir l’article du New-York Times au titre transparent, With Wind Energy, Opportunity for Corruption), semble bien terminé.

Les revers subis par l’industrie éolienne ces dernières semaines ne sont qu’un exemple parmi d’autres. En faisant l’hypothèse que les marchés sont, quand même, parfois rationnels, nous avons compilé un indice des compagnies éoliennes européennes côtées en bourse (Vestas, Danemark ; Gamesa et Iberdrola Renovables, Espagne ; Nordex et REpower, Allemagne ; Theolia, France).

Vous pouvez jouer avec sur Google Finance ou observer le graph ci-dessus, mais la conclusion reste la même : les investisseurs se dégagent de l’éolien. Nos 6 titres accusent une performance de 40 points inférieure à celle de l’Eurostoxx, qui regroupe 50 valeurs européennes. Seul REpower sort du lot.

Comme le soulignait Eco89, industriels et investisseurs sont lassés de l’éolien. Si le business model semble alléchant, les risques commencent à peser sur les porteurs de projets. Comme l’explique notre ingénieur,

Le gros problème n’est en effet pas le prix de rachat mais les incertitudes sur les différents projets, les recours, les délais, les obligations de bridage s’il y a perturbation de bruit effective (ou mort de chauve-souris), la fiabilité des machines supposées vivre 20 ans et les coûts de maintenance et d’exploitation, le vent (données statistique non certaine d’une année sur l’autre), les provisions pour démantèlement (assez faibles [qui viennent d'être inaugurées en France par la loi Grenelle 2]), les coûts du foncier et leur incertitude, les zones d’interdiction autour des radars météo et militaires qui vient de s’agrandir à 30km (bientôt officiel) et font annuler des projets, les taxes (locales ou non) qui changent relativement souvent et sont assez conséquentes et les impôts, heureusement plus stables.

C’est sûr que quand on investi 30 millions sur un parc de 10 éoliennes sans avoir l’assurance que les conditions actuelles resterons stables, on y réfléchit à deux fois. Les prix sont garantis sur 10 ans, à partir du moment où le dossier est complété. Pas à partir du moment où l’investisseur se met à plancher sur le projet, qui dure en tout entre 5 et 10 ans.

Résultat, la France n’est plus attractive pour l’éolien industriel et les objectifs du Grenelle de l’environnement n’ont aucune chance d’être atteints. Est-ce un mal ? Si on connaissait les coûts de l’énergie nucléaire, on pourrait peut-être en juger. Mais tant que le coût du démantèlement des centrales n’est pas évalué correctement (voir le rapport de la Cour des Comptes), la réponse sera dictée par l’idéologie plus que par les faits.

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http://owni.fr/2010/06/16/economie-de-leolien/feed/ 14
A qui pwofite le vent des Antilles ? http://owni.fr/2010/06/16/a-qui-pwofite-le-vent-des-antilles/ http://owni.fr/2010/06/16/a-qui-pwofite-le-vent-des-antilles/#comments Wed, 16 Jun 2010 09:08:00 +0000 Christine Treguier http://owni.fr/?p=18552 Comme l’explique le site Guadeloupe Informations :

Le handicap de la Guadeloupe est de dépendre de l’extérieur pour l’approvisionnement en énergie (la SARA, Société anonyme de raffinerie des Antilles, importe 700 000 tonnes de pétrole par an, dont 1/3 destiné à l’électricité) ; c’est ce handicap qui, justement l’a poussée à chercher d’autre sources d’approvisionnement et de devenir ainsi un exemple pour toute la région caraïbe. En 2006, 25% de l’énergie seront produits à partir d’énergies renouvelables.

Un argument qui devrait séduire les iliens et le syndicat UGTG (Union générale des travailleurs gaudeloupéens). Mais les syndicalistes ne sont pas totalement convaincus, et pour cause. Les premières éoliennes ont été installées en 1992. A l’époque c’était de petits mats (60 à 80 mètres) et des machines bruyantes comme plus personne n’en supporterait en métropole. Une fois de plus les Doms ont servi de cobayes. Depuis deux bonnes centaines de moulins à vent ont poussé sur les rivages de la Guadeloupe et de ses îlets satellites. Les abords d’un des sites les plus  touristiques, à la pointe Nord-Ouest de l’île en sont constellés. Et les protestations des riverains, gênés par les nuisances sonores et visuelles, n’y ont rien changé.

Les autorités locales et EDF Services Archipel Guadeloupe évoquent une « politique volontariste de maîtrise de l’énergie, un accroissement du pouvoir d’achat du citoyen par une diminution de sa facture énergétique, un accroissement de la compétitivité des entreprises, une réduction de la pollution, et une contribution à l’indépendance énergétique de la Guadeloupe et donc à une économie de devises ». Le blabla commercial habituel.

Les chiffres communiqués par The Wind Power sont pourtant moins glorieux : Au total 204 éoliennes (26,5 MW) dont 62 à Petit Canal (sur les quelques dizaines de kilomètres carrés d’un des fiefs indépendantistes), 40 à la Désirade et presque autant à Marie-Galante (deux paradis touristiques rattachés à la Guadeloupe), 200 emplois seulement créés en 15 ans, et des retombées minimes pour les collectivités locales qui vont très prochainement être dépouillées des recettes de la taxe professionnelle. « Attention à la folie des grandeurs », écrivait Cap 21 Antilles en 2009. Avec une puissance annuelle de 30 GWh produite par l’archipel guadeloupéen, on ne couvre que la consommation de 10 000 ménages. Il en faudrait 50 fois plus pour alimenter toute la population !

Guadeloupe: En attendant les éoliennes... CC Polar lights

Cette indépendance énergétique embryonnaire obtenue par l’exploitation d’un bien commun, le vent, ne rapporte finalement qu’aux opérateurs, essentiellement français, protectionisme oblige, qui colonisent ce bien. Certes, en cas de crise économique ou politique aigue, les guadeloupéens bénéfiecieront d’une certaine autonomie énergétique. A condition toutefois d’avoir un peu de pétrole pour parer à la maintenance, et de pouvoir gérer le réseau de distribution d’EDF/RTE) selon leurs besoins.

Cette hypothèse vaut-elle les nuisances subies ? Pas sur. En quinze ans d’exploitation (durée de vie moyenne d’une éolienne) ces parcs envahissants ont généré moultes déchets. Et comme les opérateurs n’avaient pas, jusqu’à la loi Grenelle II qui vient d’être votée,  à charge la gestion et le financement de leur démantèlement, ce sont maintenant de petites sociétés (comme Aerowatt et Vergnet constructeur français) et leurs sous-traitants, qui vont faire leur beurre sur l’évacuation des déchets. Au final c’est encore et toujours la pwofitation !

Photo: Un parc sur les îles de l’Asenscion, dans l’Atlantique Sud. CC Lance Cheung.

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