OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La veille comme art de vivre du futur http://owni.fr/2011/07/26/la-veille-comme-art-de-vivre-du-futur/ http://owni.fr/2011/07/26/la-veille-comme-art-de-vivre-du-futur/#comments Tue, 26 Jul 2011 06:29:36 +0000 Cyroul http://owni.fr/?p=74635 LEGO chasseVoici un article qui a été publié dans l’excellent ebook : Regards croisés sur la veille (sur le blog du modérateur), qui fait intervenir plein de spécialistes pros du digital (et moi-même). Un article prospectif qui m’a donné l’occasion de poser toutes les idées concernant l’évolution de la veille digitale. Vous excuserez la longueur, cet article est fait pour être lu sur papier ou tablette.
« Touff de la tribu des Görzg grimpa sur une colline. Trois jours que sa tribu et lui n’avaient rien mangé. Tous les matins, les chasseurs partaient explorer la région avec de grands cris mais revenaient bredouilles chaque soir sous les lamentations des femmes et les pleurs des enfants. Mais Touff avait décidé de changer de stratégie. Assis en haut de son promontoire, il observait l’horizon. Soudain il vit les cercles aériens décrits par les vautours fauves. En courant, il  se dirigea vers l’origine de cette agitation aérienne : un cadavre de jeune gazelle encore frais. Il effraya les vautours à grands cris et mouvements de lance, puis récupéra l’animal mort. Ce soir la tribu ne mourra pas de faim. »
– Histoire naturelle des peuples Zhürg, tome 4 –
L’humain possède une curiosité extraordinaire ainsi qu’une faculté d’adaptation formidable. Plus que les autres animaux, ce sont ces deux qualités (et ses pouces opposables) qui lui ont permis de survivre et de se développer sur la planète. La curiosité lui a permis de se mettre debout pour voir plus loin. En voyant plus loin, il a a pu repérer les prédateurs et ses proies. Cette leçon s’est gravée dans ses gènes :

Information = survie

Et cette leçon primordiale a accompagné l’être humain pendant des millénaires. Les grandes civilisations faisant circuler l’information et le savoir, pendant que les dictatures et autocraties essaient de les contenir. L’information est devenue encore plus porteuse de notions de richesse. Information = pouvoir. Information = liberté.

Et puis, la civilisation s’est confrontée à des territoires d’un genre nouveau : les territoires digitaux. L’être humain a dû muter pour s’adapter à Internet. Il est encore en pleine transformation. Et ce n’est pas terminé.

L’homme veille sans le savoir, une question d’adaptation

L’homme s’est transformé en même temps qu’internet envahissait sa vie. Il s’est en effet retrouvé petit à petit noyé dans de l’information brute ou transformée. Car sur Internet, tout y est information ou données, que ce soient les textes, les images, les vidéos, ou les agrégats protéiformes que ces différents éléments peuvent composer.

L’homme a donc petit à petit créé des stratégies opérationnelles pour « survivre » dans l’environnement informationnel digital. Ses stratégies pouvant aller de la sélection fine de sa page de démarrage de navigateur jusqu’à l’ajout d’un filtre anti-spam pour ses e-mails en passant par une gestion plus ou moins fine de ses bookmarks. Une adaptation progressive qui s’est accompagnée par la construction de stratégies mentales souvent inconscientes.

Cette nécessité de veiller (c’est-à-dire l’action de recherche active ou passive d’informations sur Internet) fait ainsi partie de ces nouveaux comportements produits par l’immersion dans les territoires digitaux.

Et aujourd’hui tout le monde veille sur Internet. Que vous utilisiez LinkedIn, Facebook ou Foursquare, que vous regardiez les statuts ou la localisation de vos amis, vous faites de la veille. Googler est devenu un acte naturel et l’on n’y associe même plus la notion d’égocentrisme que ce comportement sous-tend car c’est de la veille, et donc une adaptation normale à l’environnement digital.

La veille s’est donc immiscée dans notre quotidien mais jusqu’où ?

L’entreprise initiatrice de ce comportement

Les entreprises ont été les premières à comprendre (au début des années 2000 pour les plus prévoyantes) qu’il était indispensable de faire de la veille permanente sur Internet. Ce terme « veille » (e-veille, veille digitale, data-monitoring, etc.) a en effet commencé à être utilisé au début des années 2000 pour surveiller les sociétés et les marques implantées sur Internet. Au début, elles ne faisaient que de la veille sectorielle, technologique et éventuellement concurrentielle (intelligence économique), mais petit à petit, elles ont associé cette veille à leur gestion de crise, et depuis peu à leur communication et marketing.

Dix ans après, la veille est devenue une obligation pour les entreprises et les marques qui veulent se développer, quelle que soit leur taille, du boulanger à la multinationale. Ces entreprises comprennent d’ailleurs aujourd’hui  que la veille n’est plus forcément un poste à externaliser mais qu’il peut être plus qu’économique de l’internaliser et de créer un nouveau poste dédié au sein de l’entreprise. La veille étant reconnue comme l’un des axes de développement de l’entreprise (amélioration des produits et services, SAV, e-reputation, ressort d’innovation).

Pour les entreprises et les individus la veille est donc aujourd’hui un comportement acquis qui ne va pas s’arrêter de sitôt.

Un futur de données partout, tout le temps et une adaptation physique inéluctable

Que ce soit pour les entreprises ou les individus, cette e-veille permanente n’est donc que notre adaptation à cette nouvelle ère : l’ère de l’information. Car même si l’on n’en parle pas à la TV, nous sommes définitivement entrés dans ce que certains appellent « la 3ème révolution industrielle » (ou encore « révolution informationnelle ») qui décrit le passage actuel d’une société à dominante commerciale et industrielle à une société de vente, d’échange et de partage d’informations.

L’information devient donc la valeur dominante sur Internet. Mais en dehors de notre adaptation comportementale, nous allons également nous adapter physiquement à cette ère de l’information.

Ainsi, nous utilisons dès aujourd’hui couramment des extensions cybernétiques pour accéder ou échanger des informations. Non, n’imaginez pas forcément des implants cybernétiques branchés à votre cortex cérébrale mais plutôt un smartphone, ou encore un GPS de voiture (lisez donc « Nous sommes tous des cyborgs »). Voilà des outils, des extensions physiques existantes qui nous permettent de transformer des informations virtuelles en données physiques. De véritables senseurs de données indispensables pour traiter le flot de données qui va bientôt nous envahir.

Veiller quoi ? La nouvelle typologie des datas

Dans quelques années, il y aura des informations partout et tout le temps.

Une prévision facile à anticiper, quand les initiatives open data et link data auront montré leur utilité (grâce à des gens comme Tim Berners Lee [en]), quand Internet sera devenu sémantique (via XML, la norme RDF (Ressources Description Framework) qui qualifie les métadonnées ou le langage OWL (Web Ontology Language).

Ces données seront omniprésentes (pour les aspects dangereux, lisez « Data marketing contre l’humanité »). Mais on peut dès à présent les organiser en fonction de leur proximité avec soi-même :

  • Les données concernant notre intimité : qui rentre dans notre sphère privée ? Qui parle de nous ? Qui nous recherche ? Quelles sont nos informations visibles sur les territoires digitaux ? Notre image renvoyée sur Internet est-elle satisfaisante ? Certains services nous permettront de récupérer tous les avis sur soi (les paranoïaques vont se régaler avec www.whatiswrongwith.me [en] un service permettant de récupérer les avis anonymes sur vous).
  • Les données concernant notre cercle de relations intimes ou passionnelles : famille et amis proches. Mais aussi les gens que l’on peut détester – oui vous irez bientôt le plus naturellement du monde stalker vos haters (si vous ne le faites pas déjà). Ces données pouvant aller de la localisation géographique, à leurs statuts, leurs anniversaires, les évènements auxquels ils participent, ou encore leurs situations personnelles et professionnelles.
  • Les données concernant nos centres d’intérêts, nos passions (sport, jeux, musique, média, etc.) ou croyances (politiques, sociales, religieuses, etc.). Qui a gagné le championnat de France de football ? Qu’a dit quel politicien aujourd’hui ? Quelles sont les dates de concert de mon chanteur préféré ?
  • Notre environnement physique proche : la météo, les horaires d’un spectacle, les lieux géographiques intéressants, des aides à la consommation immédiate qui nous sont proposées (BR, offres spéciales), etc.
  • Mais aussi les lieux fréquentés par soi ou sa famille (lycée, collège, ville, région,… ) ou encore les gens que l’on connaît (amis de classe, dirigeants, …), les informations sur les cercles que l’on croise ou auxquels on appartient (associations, clubs, syndicats,… ).
  • Et enfin l’environnement plus lointain : se passe-t-il quelque chose d’important dans le monde ? Dans tel domaine de la science ?

Conclusion : 2012, prélude à l’homo-digitalus

Pour gérer toute cette information, réactualisée en permanence, il va être nécessaire d’inventer de nouvelles interfaces, des extensions cybernétiques indispensables pour manipuler, traiter, échanger ces données en temps réel.

La veille va devenir vitale pour l’être humain, car sans ces données, point de salut. Vous ne pourrez pas vous intégrer dans une société ultra-connectée. L’homo-digitalus, the wired man sera connecté ou désocialisé. Il ne s’agira plus de se demander pourquoi veiller, mais comment veiller le plus efficacement possible, comment s’y retrouver dans ce déferlement d’informations en tout genre, comment avoir l’information la plus juste, la plus fraîche.

Autour de ces nouveaux enjeux, la société va changer. Elle a déjà entamé sa transformation. Le fameux FOMO (Fear of Missing Out), aujourd’hui réservé aux ultra-connectés ou ultra-sociaux,  va devenir une crainte « grand public ». Certains ultra-connectés (jeunes ou pas) ne peuvent déjà plus quitter leur téléphone mobile sans se retrouver perdus, sans vie sociale (lire à ce propos l’étude Express InfoLab : Without information are we nothing ? [en]). Quant aux entreprises, ce sont celles qui recherchent, gèrent et font transiter les informations qui sont déjà les plus puissantes de la planète (Google, Microsoft, Apple et Facebook).

Donc l’être humain va changer et muter, qu’il le veuille ou non. Il deviendra détecteur, filtre ou créateur d’information permanente.

Autant s’y mettre tout de suite non ?

(en attendant, vous pouvez récupérer gratuitement l’ebook Regards croisés sur la veille ici).

Billet initialement publié sur le blog de Cyroul sous le titre « Demain tous veilleurs : la veille comme art de vivre du futur »

Image CC Flickr PaternitéPartage selon les Conditions Initiales sntgmdmPaternité floodllama, PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales M i x y, Cyroul et ConversationAgent

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Carto des déserts médicaux http://owni.fr/2011/04/17/carto-des-deserts-medicaux/ http://owni.fr/2011/04/17/carto-des-deserts-medicaux/#comments Sun, 17 Apr 2011 08:30:30 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=56429 Billet initialement publié sur le datablog d’OWNI

On connaissait déjà l’existence des déserts médicaux français, les régions “sinistrées”. Ces dernières années le Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) estime que l’offre de soins s’est dégradée en quantité. 2 médecins généralistes s’installent quand 25 partent en retraite selon Patrick Romestaing, président de la section Santé Publique du CNOM.

Certaines régions ont vu la moitié de leurs cabinets fermer, notamment en région Nord-Pas-de-Calais. MGFrance, le premier syndicat de généralistes, explique dans un communiqué que si les conditions d’installation ne sont pas modifiées :

à l’horizon 2025 il y aura moins de 23 000 généralistes en cabinet contre 56 000 aujourd’hui.

Il s’avère que l’Atlas national du Conseil de l’Ordre des Médecins montre qu’il existe un ratio médecins entrants-médecins sortants de 0,24 (soit 1,8 médecins – toutes spécialités confondues – entrants pour 6,6 sortants). Le problème : l’activité libérale ne semble pas assez sexy pour les étudiants en médecine. 8,6% des nouveaux inscrits à l’Ordre entre janvier et décembre 2009 a choisi ce mode d’installation. Une étude du CNOM précise que :

Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la recherche d’une rémunération conséquente ni celle de temps libre qui prime dans le refus de l’installation, mais bien les problèmes d’organisation du travail et le poids des charges administratives. Les médecins retraités remplaçants jouent un rôle important en matière de continuité des soins. Ils attirent cependant l’attention sur le niveau de leurs charges sociales.

L’hypothèse la plus répandue

Les généralistes fuient-ils les zones plutôt pauvres et accourent-ils vers les départements les plus riches ?
En se focalisant sur la médecine générale, les déserts médicaux corrélés avec la population, se retrouvent sur cette carte. Et il suffit de se balader sur la France en dessous (clic + scroll + clic) pour découvrir les coins abandonnés :

La Manche, l’Eure, l’Eure et Loir, la Haute Marne et la Corrèze sont les départements les plus désertés. Par exemple, l’Eure compte un médecin pour 2.728 patients contre un médecin pour 869 patients dans le Rhône. La moyenne nationale étant de 1.322 patients par médecin. Patrick Romestaing explique que :

Les zones où la densité médicale est basse, l’âge des médecins est généralement élevé et le nombre de femmes inférieur à la moyenne nationale. Mais l’augmentation de la densité ne veut pas forcément dire diminution de l’activité. En général, les personnes âgées sollicitent plus leur médecin.

Si l’on croise la population de généralistes avec le nombre de personnes âgées, les déserts sont-ils les mêmes ? Pas tout à fait puisqu’on retrouve la Manche, l’Eure, l’Eure et Loir, la Haute Marne et la Corrèze auxquels il faut ajouter la Nièvre, la Creuse et la Lozère.

Maintenant en regardant le revenu médian par département, la carte suivante montre que la corrélation “les médecins vont vers les zones riches” peut se vérifier pour certains départements :

Il faut alors croiser les différentes cartes pour constater que :

- La corrélation pauvreté et désert médical se vérifie pour la Manche, la Haute Marne et la Corrèze
- Celle entre la pauvreté relative des départements et la densité forte de généralistes se localise dans le Pas de Calais, la Somme et l’Hérault
- Et enfin le lien entre département plutôt riches et densité médicale importante est vérifié pour Paris et région parisienne, la Gironde, les Pyrénées Atlantiques et le Doubs

Le cas de l’Eure et celui de l’Eure et Loir est un mystère non élucidé à ce jour : deux départements plutôt aisés mais en pénurie de médecins. Toute explication est la bienvenue !

En mode méthodo …

- Trois tableaux Excel ont été construits à partir de trois sources différentes : les données INSEE de la démographie par département en 2009, celles sur le revenu fiscal médian et les chiffres du CNOM et de son atlas 2010 de la démographie médicale.

- La conversion de l’atlas en format PDF a été réalisée grâce à Abbyy Fine Reader pour récupérer les données en format Excel. Il a fallu corriger certains résultats (notamment en créant une colonne supplémentaire entre “hommes”, “femmes” et “total” pour vérifier si le total de la transcription PDF correspondait à la formule créée dans la colonne ajoutée = hommes + femmes).

- Les cartes ont ensuite été “fabriquées” par TargetMap en uploadant les tableaux excel. La première est simple : une colonne département et une autre revenu médian. La deuxième est construite à partir du nombre de généralistes de l’atlas du CNOM croisé avec la population par département pour obtenir un ratio nombre de patients par médecin (et deux colonnes : les départements et la densité de généralistes). Et enfin la dernière carte est réalisée sur le même principe, en remplaçant la population totale par la population des plus de 60 ans fournie par l’INSEE.

- L’erreur fatale (à ne pas faire donc) : mélanger deux types de données. En reprenant l’atlas médical du CNOM, j’avais un nombre de médecins pour 100.000 habitants et par région. Pour obtenir le “un médecin pour X habitants et par département”, un petit produit en croix suffit. Stupeur, ce que la carte dit et le résultat du produit en croix ne tenait pas. Après vérification, sur l’atlas du CNOM, l’analyse par région correspond aux médecins généralistes ET spécialistes. Et donc ne pouvait absolument pas correspondre.

Sinon, on peut croiser tout un tas de choses !


Illustration Flickr CC Zigazou76
Illustration de Une : Marion Boucharlat

Retrouvez les articles du dossier : Grossier clin d’oeil de l’UMP aux médecins et Où trouver l’hôpital le plus proche?

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http://owni.fr/2011/04/17/carto-des-deserts-medicaux/feed/ 11
Le «journalisme artificiel» est en ligne http://owni.fr/2010/11/14/le-%c2%abjournalisme-artificiel%c2%bb-est-en-ligne/ http://owni.fr/2010/11/14/le-%c2%abjournalisme-artificiel%c2%bb-est-en-ligne/#comments Sun, 14 Nov 2010 11:32:21 +0000 Marc Mentré http://owni.fr/?p=35642 C’était annoncé, c’est désormais chose faite. Les premiers articles entièrement rédigés par des « robots » sont en ligne sur le site de StatSheet. Pour l’instant, ces « journalistes artificiels » ne couvrent que le sport, mais Robbie Allen, le fondateur de cette startup américaine estime que cette technologie pourrait être utilisée à l’avenir dans d’autres domaines.

Dans un article publié par Le Monde en mars 2009, Yves Eudes décrivait Stats Monkey, un programme d’intelligence artificielle développé par un laboratoire d’intelligence artificielle (infolab), rattaché à l’université de Northwestern, à Chicago:

Il [Stats Monkey] travaille automatiquement de A à Z. Il commence par télécharger les tableaux chiffrés publiés par les sites Web des ligues de base-ball, et collecte les données brutes : score minute par minute, actions individuelles, stratégies collectives, incidents… Puis il classe cette masse d’informations et reconstruit le déroulé du match en langage informatique. Ensuite, il va puiser son vocabulaire dans une base de données contenant une liste de phrases, d’expressions toutes faites, de figures de style et de mots-clés revenant fréquemment dans la presse sportive. Il va alors rédiger un article, sans fautes de grammaire ni d’orthographe.Il peut fournir plusieurs versions, rédigées dans un style plus ou moins imagé.

À l’époque, l’article avait suscité une certaine émotion. Pourtant, depuis déjà longtemps, dans l’information financière notamment, les premiers jalons de ce type de synthèse sont posés. C’est le cas à Bloomberg, comme l’expliquait déjà 1999 son fondateur Michael Bloomberg:

Pour certains sujets, nous ne faisons appel ni à des journalistes, ni à des rédacteurs humains. Quand nous décrivons la valeur d’un marché à un moment donné (et non les raisons qui l’ont amené à cette situation), les deux seules choses qui comptent sont la vitesse et la précision — or ce ne sont pas les qualités essentielles de la plupart des gens. (…) Nous avons donc programmé nos ordinateurs pour qu’ils « écrivent » périodiquement une série d’articles informant nos lecteurs de l’état actuel du marché. Par exemple, la machine prend le début de la phrase « L’indice industriel Dow Jones est » et y ajoute « en hause » ou « en baisse » en fonction du résultats de calculs portant sur les mouvements de 30 valeurs entre la veille et la micro seconde où le texte s’écrit. Elle y ajoute ensuite le chiffre adéquat, par exemple de 1 point, 2 points, 3 points, etc. Puis elle imprime: « les titres les plus actifs sont » et à partir du suivi en continu du volume des échanges, elle traduit automatiquement les symboles des téléscripteurs en noms d’entreprises (Procter & Gamble, General Electric, Walt Disney, etc.) et les ajoute à la phrase.

[in Bloomberg par Bloomberg, Village Mondial, 1999, pages 87-88]

Le bot-style

Avec StatSheet, en tout cas, le pas est franchi [le site semble encore instable]. Le « journalisme artificiel » sort du laboratoire et les premiers articles rédigés par des algorithmes sont en ligne, depuis août.

Schématiquement, le procédé est le suivant, explique Allan Maurer de TechJournal South: StatSheet a stocké quelque 500 millions de statistiques, 10.000 données significatives et 4.000 phrases clé. « Les articles [de vingt types différents] sont entièrement auto-générés, explique Robbie Allen, son fondateur. la seule implication humaine est la création de l’algorithme qui permet de générer les articles ». [cité par TechChrunch]

Le résultat est surprenant. Le style est rugueux, direct et les articles bourrés de chiffres et de statistiques. « 70% du contenu sportif est basé sur des statistiques, explique Allen. Notre technologie passe par les stats, permet de faire une tonne d’analyses, et de les injecter dans des articles que l’on peut publier [Allen dit "split" - "cracher"] rapidement ». Voici un exemple:

Michigan State basket ouvrira la saison 2010-2011 contre Eastern Michigan le 12 novembre à East Lansing. Les attentes sont élevées pour les Spartans qui ont réalisé une excellente performance la saison dernière. Ils ont conservé 72% de leurs joueurs de la saison dernière. Ils ont complété [leurs effectifs] avec 3 recrues parmi les 100 meilleures et un étudiant de première année… [lire la version originale ici]

Le site ne se réduit pas à cette seule innovation technologique. Il offre un contenu que ne peut pas couvrir un média traditionnel, puisqu’il s’agit en fait d’un portail qui assure la couverture de l’actualité de 345 équipes de basketball américaines, de 1ère division ou universitaires. Chacune d’elle bénéficie aussi d’un compte Twitter, d’une page Facebook et d’une application mobile, offrant aux supporters une couverture complète [au moins en matière de statistiques] de leur équipe favorite.

Il est probable que le « journalisme artificiel », dont on voit bien avec l’exemple de StatSheet les limites, ne se substitue pas au « journalisme traditionnel », mais qu’il le complète, en le libérant des tâches mécaniques comme la compilation de statistiques, et l’enrichisse. Sur ce point, on ne peut que reprendre l’affirmation de Michael Bloomberg : « Dès le début, nos journalistes ont été trop précieux pour se voir confier des tâches mécaniques ».

Crédit photos cc FlickR : Don Solo, Gastev.

Article initialement publié sur Media Trend.

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