OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Trafics d’audience http://owni.fr/2012/11/02/trafics-d-audience/ http://owni.fr/2012/11/02/trafics-d-audience/#comments Fri, 02 Nov 2012 17:13:52 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=124812

La nouvelle mesure de l’audience sur Internet, présentée le 30 octobre par Médiamétrie, met en évidence la fabrique de l’audience de plusieurs grands sites de presse qui ont pris l’habitude d’agréger des visiteurs uniques de manière un peu opaque.

Fierté

Répondant à l’appellation trompeuse de co-branding, la technique qu’ils utilisent consiste à gonfler artificiellement l’audience d’un site média en y additionnant, sans trop le dire, celles réalisée par des sites de jeux, de voyages ou de rencontres, entrés dans le giron de ce média – pour vendre davantage de publicité.

Une nouvelle mesure d’audience du web

Une nouvelle mesure d’audience du web

Ce mardi, Médiamétrie a dévoilé les mécanismes de son nouveau système de mesure de l'audience des sites. Le système ...

Ainsi, Le Figaro, Le Parisien ou L’Express et bien d’autres, pour voir grimper leur courbe dans les classements Médiamétrie n’hésitent pas à agréger des visiteurs uniques de sites qui n’ont rien à voir avec leur contenu éditorial.

Le Parisien récupère les visites de clubdeal.com, un site qui permet de profiter “des meilleures adresses afin de pimenter votre quotidien”, mais aussi celles de trucdegrandmere.fr, pubeco.fr, cartesfrances.fr, monsieur-biographie.com et d’autres. Yahoo! dans le classement Médiamétrie fait apparaitre les visiteurs du site assurland.com, ceux du Bondy Blog (associé de fait au site Yahoo! Actualités) et les visiteurs du célébrissime site de partage de photos en ligne Flickr. Le Figaro mise lui sur le site leconjugueur.com et sur le très fréquenté evene.fr.

Des astuces de récupération d’audience plutôt porteuses, même si la conjugaison n’a que peu de rapport avec l’information que proposent ces sites médias. Il est davantage question de recettes publicitaires que de fierté.

Quelques-uns ne succombent pas complètement à ces manières. C’est le cas du groupe Le Monde, qui fédère de manière transparente sur le site de son quotidien les autres titres de presse qu’il commercialise – le Huffington Post, Télérama ou Courrier International, tout en proposant son propre service de conjugaison.

La régie publicitaire du NouvelObs, elle, se targue de commercialiser l’audience de Rue89, de Challenges.fr, de Le Plus ou de Sciences & Avenir, mais son site vedette oublie de préciser qu’elle prend en compte également les internautes qui évitent des fautes de français grâce à laconjugaison.fr (grand concurrent de leconjugueur.com).

Source : classement Médiamétrie, annexes des sites et co-branding

Source : classement Médiamétrie, annexes des sites et co-branding

Le 30 octobre, Médiamétrie a présenté son classement des sites Internet français pour le mois d’août 2012. Les résultats obtenus par les groupes de presse se révèlent naturellement liées à ces diverses opérations d’agrégation.

Pour en mesurer plus précisément les effets, nous avons cherché à comparer l’audience de ce mois d’août dernier avec celle réalisée l’an passé à la même période. Aussi, nous avons voulu voir qui avait perdu ou gagné des places dans le classement en montrant qui avait acheté de l’audience. Le résultat ci-dessous montre les gains de place(s).

Parmi les gagnants, France Télévisions qui a acheté curiosphere.tv ; Le Figaro qui a acquis evene.fr et sport24 ; Le Nouvel Observateur qui s’est offert Rue89 et Le Parisien qui gère maintenant clubdeal.com, trucdegrandmere.fr, pubeco.fr, cartesfrances.fr et monsieur-biographie.com.

Ces résultats font apparaître deux perdants : TF1 et Doctissimo, qui tous deux n’ont aucun nouveau partenariat significatif par rapport au mois d’août de l’année 2011.

Loin de nous de tirer des conclusions hâtives, mais chez Médiamétrie, on confie que :

ça [le principe de "co-branding", ndlr] a pu jouer oui, logiquement ça apporte de l’audience…

Jeux

Mais Médiamétrie souhaite règlementer un peu plus ces systèmes de partenariats qui permettent de gonfler l’audience : dès le 1er septembre, de nouvelles règles sont entrées en vigueur. Au programme de ce changement, l’impossibilité pour les marques de faire entrer dans leurs statistiques plus de deux sites “partenaires“. De même confie une responsable de chez Médiamétrie :

Quand il n’y a pas de lien capitalistique, l’apport exclusif d’audience est passée à 30% contre 50% auparavant et limité à deux co-brandings par site. De même, il y a des règles graphiques à respecter, ne serait-ce que qu’on passe d’un site à l’autre. La barre de navigation doit être la même par exemple.

Questions jeux, leur part est à partir du 1er septembre limitée à 30 %. De nouvelles méthodes de calcul, l’entrée en vigueur de limites de ce principe, Médiamétrie semble mettre quelques barrières dans les comptes d’audience des médias. Jusqu’à ce que soient trouvées de nouvelles techniques pour améliorer son nombre de visiteurs uniques.


Illustrations par Pixel Fantasy [CC-byncsa] édition O.NOor pour Owni /-)
Infographie réalisée sur easel.ly

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Une nouvelle mesure d’audience du web http://owni.fr/2012/10/30/une-nouvelle-mesure-audience-du-web/ http://owni.fr/2012/10/30/une-nouvelle-mesure-audience-du-web/#comments Tue, 30 Oct 2012 17:33:00 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=124478

C’est aujourd’hui que Médiamétrie rendait publique sa première étude sur les nouvelles mesures d’audience de l’Internet français. Dite “mesure d’audience hybride de l’Internet fixe en France”, elle se base sur “le meilleur” de l’ensemble des mesures user-centric (panel) et site-centric (données de fréquentation). Du beau programme donc pour l’agence qui voudrait redorer son blason, quelque peu terni par des accusations de copinages au profit de certains médias.

Certification

En substance, le communiqué de presse en amont de la rencontre précisait :

Cette nouvelle mesure apporte davantage de précision et de représentativité à l’audience du web. Elle permet également d’avoir une mesure unique et cohérente de l’Internet fixe, répondant en cela à une attente forte du marché. Cet enrichissement de la mesure d’audience de référence – rendu possible par la capacité de Médiamétrie à traiter un grand volume de données – répond aux évolutions du web parmi lesquelles la fragmentation des usages et l’augmentation du volume de données.

Dans les différents “partenaires” de Médiamétrie figure notamment l’OJD ( anciennement Office de justification de la diffusion), caution du sérieux de la mesure hybride. Avec un système dépassé par le temps numérique et des mesures plus ou moins décriées, normal pour Médiamétrie de redorer quelque peu son blason. Interrogé par Owni Jean-Paul Dietsch, le directeur des nouveaux médias à l’OJD, nuance :

C’est pas par hasard qu’ils sont venus nous voir, nous certifions la presse depuis 90 ans et ils ont compris qu’il fallait qu’ils fassent appel à d’autres sources. Ce que nous savons c’est que nous fournissons les mesures pour 300 sites certifiés.

Quant à la certification des sites par l’OJD, elle obéit selon le directeur des nouveaux médias à un contrôle des statistiques sous mandat donné par l’éditeur. Même chose de l’autre côté pour les services de statistiques : un cahier des charges à respecter à la lettre pour le demandeur.

Vraies

Les voix des officiels sont unanimes : c’est un grand changement” qui se profile. Une naissance même dans un paysage d’Internet qui change et qui évolue vite. La nouvelle mesure s’inscrit donc dans un renouvellement complet des mesures précédentes. “Incomparable, c’est un nouveau point de départ”, précisera Estelle Duval, directrice de Médiamétrie//NetRatings.

Pour le côté technique, le principe tient dans l’enrichissement des panels grâce aux bases de données de l’OJD, vulgairement appelé dans le jargon une approche panel up – du panel augmenté donc : accompagnés par le Centre d’étude des supports de publicité (CESP), ils ont construit sur quelques mois une méthode “infaillible” permettant de calculer combien d’internautes visionnent une page pour établir (enfin) les vraies statistiques des sites web. De façon plus précises et plus cohérente avec les mesures user-centric et site-centric.

À partir du panel de Médiamétrie, 22 000 panélistes “représentatifs de la population de référence” pour 8 000 sites, la mesure – tout juste sortie pour les résultats d’août – est alors pondérée avec les 300 sites référencés par l’OJD. Infaillible donc, vraiment. Et à en croire Patrick Bartement, directeur général de l’OJD, les résultats sont à la hauteur de leurs espérances.

Paul et Mickey

Pourtant, la fin des polémiques ne semble pas être prévue pour demain. En avril dernier, pour Slate, Médiamétrie NetRatings était “pire que les agences de notation”. Le co-branding pratiqué pour faire gonfler les audiences – quand Le Figaro arrive 17e au classement de la nouvelle mesure hybride, c’est aussi parce qu’il agrège dans ses statistiques leconjugueur.com et sport24.com – est pour Estelle Duval en cours de discussion pour être “limité”.

Le processus continuant avec Le Figaro toujours et Evene, elle rassure :

La décision de limiter en cas de cession de trafic à 2 sites, dans le cadre de marques qui n’appartiennent pas à l’éditeur, a été prise le 5 juillet avec application au 1er septembre, il y a donc un décalage. Nous ne sommes pas non plus à la place de l’éditeur pour sa stratégie ou sa ligne éditoriale, surtout quand il possède un portefeuille de marques.

Pas d’inquiétude, la course au clic est toujours d’actualité.


Photo par Mandolux [CC-byncnd]

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Sites d’information régionale: ||un bilan en demi-teinte http://owni.fr/2011/03/03/sites-d%e2%80%99information-regionale-un-bilan-en-demi-teinte/ http://owni.fr/2011/03/03/sites-d%e2%80%99information-regionale-un-bilan-en-demi-teinte/#comments Thu, 03 Mar 2011 08:20:19 +0000 Marc Mentré http://owni.fr/?p=49421

Sur son blog, Cross Media Consulting, Erwann Gaucher publie régulièrement le Top 50 des sites d’information régionale, basé sur le classement réalisé par l’OJD. Plus exactement, il publie les 23 premiers de ce classement. Les résultats [il s'agit des chiffres de janvier 2011] sont déjà riches d’enseignements. Mais, il m’a semblé nécessaire de détailler ce bilan et d’en creuser certains aspects pour essayer de comprendre ce qui fait le succès (tout relatif) ou non de ces sites.

Le Parisien domine de la tête et des épaules ce classement, mais il faut relativiser, en terme de comparaison, sa bonne performance. Certes, il s’agit d’un site d’information régionale mais il est aussi perçu comme un site d’information nationale, en raison du couplage Le Parisien/Aujourd’hui. Il serait alors plus juste de le comparer aux sites des quotidiens d’information générale, comme lemonde.fr (51,3 millions de visites), lefigaro.fr (35,7 millions de visites) ou encore liberation.fr (18,5 millions de visites).

Si l’on s’en tient aux site régionaux « pur sucre », Ouest France est de loin en tête tant par le nombre de visites (8,7 millions) que par le nombre de pages vues (37,8 millions), puisqu’il compte le double de visites que ses deux suivants immédiats, Sud Ouest (4,4) et Le Télégramme (4,3). Mais ce bon résultat, si on le compare aux chiffres de la diffusion du journal papier, est relatif : la fréquentation du site d’Ouest France est le double de celle du Télégramme, alors que la diffusion du journal papier est le triple de celle de son concurrent breton.

Mais, un autre indicateur me semble intéressant en dépit de sa rusticité, il s’agit du ratio « pages vues/visites ». Il permet de voir —en première approche— si les internautes apprécient un site, reviennent, s’intéressent à plusieurs sujets… Bref, c’est un autre moyen de mesurer leur attractivité, en tout cas de la mesurer en terme comparatif. Ici, la hiérarchie est toute autre. Le site de La Nouvelle République est le champion, suivi de celui de La Montagne et du Dauphiné Libéré. Le site d’Ouest France n’est plus que dans une honnête moyenne, quant à celui du Télégramme, sa performance est très médiocre.

Sources CMC/Media Trend - * source OJD, 2010

Des stratégies pour les blogs extrêmement différenciées

Depuis quelques années, sur les sites, on assiste à une floraison de blogs. L’ensemble de ces blogs permettent en théorie de drainer une plus grande audience, et sans doute les centaines de blogs hébergés par les sites de La Voix du Nord et celui du Midi Libre participent au succès de ces sites. Concernant la presse régionale, j’en ai identifié quatre types :

1> les blogs de la rédaction [j'ai inclus dans cette catégorie les blogs des médiateurs], qui permettent à un journaliste —parfois plusieurs— de couvrir de manière très approfondie un champ précis de l’information : politique, cinéma, jardinage, cuisine, etc.
2> les blogs des « invités », lorsqu’ils sont identifiés comme tels ; ce sont en général des « experts » dans leur domaine. Par leur blog, ils enrichissent le contenu du site.
3> les blogs des correspondants, dont certains sites se sont faits une spécialité et qui constituent une stratégie pour mieux couvrir l’information locale, voire hyperlocale.
4> les blogs des internautes, sachant que certains sites sont devenus des plateformes de blog, et que l’on en compte plusieurs centaines [j'ai renoncé dans ce cas à en faire le décompte précis]. L’intérêt ici, est de permettre à tout un chacun —individu, comme association, syndicat, voire entreprise— de créer un espace d’information spécialisée, dès lors « qu’il a quelque chose à dire ». Il bénéficie ainsi du label du site hébergeur.

À l’analyse, on constate que la pratique des « blogs de site » est loin d’être généralisée, puisque la moitié des sites de ce panel (12 sur 23) n’abrite aucun blog. Pour les 11 sites qui utilisent les blogs, les stratégies différent fortement :

  • Le Parisien, Ouest France, les DNA et La République du Centre ont décidé de conserver les « clés », puisque les blogs sont tenus exclusivement par des membres de la rédaction. Ces sites demeurent dans une conception journalistique « traditionnelle », dans laquelle seuls les journalistes sont habilités à traiter l’information. Les blogs ne sont alors qu’un « habillage technique », mais il n’y a pas de modification du rapport avec les internautes, qui ne peuvent pas faire partager leur information.
  • Sud Ouest, L’Indépendant de Perpignan et La Charente Libre, ont choisi —politique de groupe cohérente oblige— de jouer  la carte de l’information hyperlocale, en développant les blogs de correspondant. Le résultat, à la lecture est spectaculaire, lorsque ceux-ci jouent le jeu, et le contenu d’ensemble du site est considérablement enrichi.
  • Le Télégramme, La Provence, mais surtout L’Yonne Républicaine, La Voix du Nord, Midi Libre, et à sa manière Nice Matin, ont choisi le foisonnement, en ouvrant leur plateforme à qui veut. Il y a certes à boire et à manger dans ces blogs d’une variété infinie, mais ce choix permet à chacun de pouvoir s’exprimer sur le site, qui (re)devient le lieu du débat et de la discussion.

* pas de blogs, mais une forte communauté, les "Azuronautes" - CC Media Trend

Avec les réseaux sociaux, « ce n’est pas gagné »

Les réseaux sociaux sont considérés comme des médias à part entière sur lesquels les sites d’information doivent [devraient ?] assurer leur présence. Ils permettent entre autres d’agréger des communautés autour du site, de rajeunir et de féminiser l’audience avec Facebook, d’assurer la présence du site [de la marque] dans le média d’information immédiate que constitue Twitter, etc. Les réseaux sociaux, s’ils sont bien utilisés, permettent aussi d’augmenter l’audience du « site mère ».

En première analyse, disons que « ce n’est pas gagné ».

1. Côté Facebook

La Manche Libre n’a  pas encore créé de page Facebook. En 2011 ! D’autres visiblement n’y investissent pas, comme Le Télégramme (400 amis/fans), Le Progrès (600 amis/fans), La République du Centre (200 amis/fans), ou encore Le Journal du Centre (700 amis/fans). La barre des 10.000 amis/fans n’est franchie que par 3 sites : Sud-Ouest (17.400), La Voix du Nord (25.600) et Le Parisien (69.600).

Le succès de La Voix du Nord s’explique pour une faible part par la multiplication des pages selon une logique thématique (emploi, sports, féminin, etc.) et locale (page Arras, Cambrai, etc.). Une faible part, car l’essentiel du succès de La Voix du Nord sur Facebook est assuré par la page du site qui compte à elle seule près de 19.000 amis/fans sur un total de 25.600. Cette stratégie de la « dispersion » sur Facebook, choisie aussi avec moins de succès par Ouest France, sera peut-être efficace sur le long terme, mais pour l’instant, il faut admettre que ces pages Facebook locales ou thématiques n’agrègent que de minuscules communautés.

2. Côté Twitter

Nous sommes au bord de la Bérézina : 7 sites [MÀJ du 18/02/2011] n’ont pas de compte Twitter (sur 23) en tout cas je ne les ai pas identifiés. La plupart ont un nombre de followers ridiculement faible, 1.200 pour Midi Libre, 1.800 pour les DNA, ou insatisfaisant : 5.800 pour Ouest France et Sud Ouest, c’est peu. Deux raisons expliquent cette mauvaise performance et en premier lieu la relativement faible pénétration de Twitter dans les régions. Mais la raison principale tient sans doute au fait que les fils Twitter de ces régionaux n’ont que peu d’intérêt, puisqu’ils ne font que reprendre les titres des articles au fur et à mesure de leur publication sur le site. Ce ne sont en fait que des flux RSS déguisés.

Tableau mis à jour le 18 février 2011 - *Les journalistes de La Nouvelle République ont des comptes personnels - CC Media Trend

Les rédactions n’accordent pas assez d’attention à la gestion des commentaires

Pour terminer, un mot sur les commentaires en fin d’articles. Cela mériterait un post à lui seul. Nous en sommes encore au Moyen Age. Certains sites comme celui d’Ouest France n’acceptent pas les commentaires, d’autres comme celui de La Montagne les ont ouverts mais sans succès, car les commentaires y sont aussi rares qu’un cheveu sur le crâne d’un chauve. D’autres ont plus de réussite, comme Le Parisien, Sud Ouest, La Provence… mais la rédaction se garde bien d’intervenir dans les discussions des internautes. Résultat l’article et les commentaires qui le suivent ne sont pas « liés », les réponses s’enchaînent sans autre logique que la réaction au(x) commentaire(s) qui précède(nt), etc. C’est d’autant plus dommage que la qualité d’un site tient autant aux informations qu’il produit qu’à la discussion qu’elles suscitent, et qu’une bonne qualité de « discussion » ne peut qu’améliorer la fréquentation d’un site. En n’accordant pas assez d’attention à la gestion des commentaires, les rédactions se tirent une balle dans le pied.

Billet initialement publié Media Trend

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commerciale Darwin Bell

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http://owni.fr/2011/03/03/sites-d%e2%80%99information-regionale-un-bilan-en-demi-teinte/feed/ 13
La pauvreté de l’information politique http://owni.fr/2011/02/07/la-pauvrete-de-linformation-politique/ http://owni.fr/2011/02/07/la-pauvrete-de-linformation-politique/#comments Mon, 07 Feb 2011 11:00:58 +0000 Cyrille Frank http://owni.fr/?p=45282 Pourquoi les journalistes politiques en télévision s’attachent-ils aux tactiques politiciennes plutôt qu’au fond ? C’est l’une des questions que soulève Narvic dans son dernier billet riche et passionnant. Voici quelques hypothèses…

Il faut simplifier

Le grand public est ignare, et le format télévisuel est trop court pour s’attacher au fond. Reste donc les questions de tactique, de petite politique : les attaques, les petites phrases, les ambitions… On a droit de façon systématique à cette question cul de sac : « serez-vous candidat à la prochaine élection? » Laquelle donne lieu à la traditionnelle réponse « langue de bois » : « je ne me préoccupe pas de cela pour le moment, ce sont les Français qui m’intéressent et ma mission actuelle blabla… »

Ce parti-pris s’appuie sur un mépris plus ou moins conscient du public : « ils ne peuvent pas comprendre ». Le monde est devenu tellement complexe, comment voulez-vous faire comprendre les différentes mesures fiscales, au cœur de la politique des partis, à madame Michu qui ne maîtrise pas les bases de l’économie ? Autant demander à un aveugle analphabète de lire Proust.

Il faut donner au public ce qu’il veut

Le lecteur se fiche littéralement du fond, contrairement à ce qu’il clame. Si l’on devait croire les déclarations des enquêtes lecteurs, tous liraient Le Monde ou le Courrier international, et aucun ne s’intéressait à Voici ou Closer. Sauf que les premiers ont un tirage bien moindre (sans parler du nombre de lecteurs beaucoup plus important en presse people, en raison de la forte duplication, chez le coiffeur notamment :) Ce qui séduit le lecteur c’est le léger, le divertissant le sordide… A quoi bon tenter de forcer sa nature ?

Il faut permettre aux médias de survivre

L'Express du 6 octobre 2010

D’autant que la contrainte économique est de plus en forte sur les médias. Si la course à l’audience devient un critère permanent sur les émissions d’information, comme le JT de 20h, il devient impossible de lutter contre les infos people, insolite, faits divers proposées par le concurrent. C’est comme proposer à ses enfants des lentilles, quand la belle-famille leur offrent des fraises Tagada. Le combat est inégal à la base et perdu d’avance, du moins sur le plan quantitatif.

D’où les contorsions où sont conduits les éditeurs de presse pour vendre leurs canards avec des couvertures accrocheuses, voire racoleuses. D’où leur propension à orienter les débats vers des questions polémiques qui plaisent, suscitent l’attention et font parler de soi (publicité gratuite).

C’est la prime aux polémiqueurs

Toute controverse susceptible de « buzzer » vaut à son auteur récompense et estime de sa direction ou des concurrents. C’est la capacité de Fogiel à rentrer dans le lard de ses invités, notamment politiques, qui l’a propulsé en télévision. Comme ce sont les prises de bec entêtées de Nicolas Demorand qui ont assurément fait monter sa cote au mercato médiatique et sans doute en partie valu sa nomination à Libération. La mesure, la discrétion, le travail patient de fourmi ne sont décidément pas des valeurs à la mode dans cette course à l’attention. Compétition dans laquelle les médias, comme les individus, doivent agiter bien fort les bras pour se faire remarquer.

C’est le prix de la polyvalence

Pour poser les bonnes questions, il faut avoir une idée des réponses possibles et donc une excellente culture spécialisée en politique. Or en télévision comme en presse, ceux qui tendent à prendre la parole sont de plus en plus des généralistes avec une bonne plume. Ce que Versac appelle le syndrôme Raphaëlle Bacqué. Quand ce ne sont pas purement des amuseurs, comme Michel Denisot choisi par le Président de la République pour l’interviewer (pratique en soi d’un autre âge) et dont les questions ont exclusivement porté sur des questions de tactique et jamais sur le fond. Le côté inoffensif de l’interviewer, n’est sans doute pas étranger à ce choix, comme l’incroyable longévité d’un Alain Duhamel, désespérément insipide, en dépit de ses grands airs inspirés.

En contrepoint, quelques préconisations

Pour améliorer la qualité des débats et des questions politiques en télévision, la première chose est de sortir cette thématique du champ concurrentiel. Plutôt que mettre fin à la publicité après 20h sur le service public, le Président eut été mieux inspiré de donner au service public la garantie de perdurer. Et ce, indépendamment de l’audimat, en particulier s’agissant des JT, lieu crucial de l’information politique pour la majorité des Français. Le JT de TF1 devant celui de France 2 ? Chouette, ma redevance sert à quelque chose.

Au risque de me répéter, s’il faut donner au public ce qu’il veut, il faut aussi lui proposer ce qu’il ne sait pas encore qu’il veut. C’est le fameux paradoxe de l’oeuf et la poule. Pourquoi voulez-vous que le public demande autre chose, si on ne lui propose jamais rien d’autre que ce qu’il aime et apprécie déjà ? C’est la frilosité des médias qui est en cause ici, qui préfèrent jouer les valeurs sûres de la petite politique ou du débat controversé, plutôt que le risque de la profondeur. C’est aussi le manque de créativité dans l’absence de formats qui pourraient concilier les deux. Il nous faudrait des vulgarisateurs politiques comme Michel Chevalet dans le domaine scientique, ou qui viennent nous expliquer, schémas, cartes ou modélisations à l’appui les enjeux du débat.

Il faut des dispositifs de traitement de l’information en temps réel qui permettent aux journalistes de corriger une mauvaise information ou un mensonge des politiques au moment où ce il est proféré. Et s’inspirer de sites comme Politifacts et son Truth-o-meter qui apporte un emballage attrayant aux questions de fond : quel est le degré de vérité de telle ou telle assertion ?

Le Truth-o-meter de Politifacts.com

Il faut croire en l’intelligence des gens et se remettre en question plutôt que d’accuser la bêtise des autres. Le sujet est bien souvent moins en cause que le format proposé. Ne rejetons pas systématiquement les sujets difficiles au motif qu’ils feront peu d’audience. Sur le long terme, les médias qui survivront seront ceux qui auront réussi à préserver le fond et la forme et satisfaire des besoins différents : de divertissement, de socialisation, mais aussi de sens.

Il faut un minimum de spécialisation des journalistes, les fameux « rubriquards » autrefois incollables dans leur domaine, aujourd’hui bien souvent retraités. Comme disait Henri Béraud,

Le journalisme est un métier où l’on passe une moitié de sa vie à parler de ce que l’on ne connaît pas et l’autre moitié à taire ce que l’on sait.

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Publié initialement sur le blog Mediaculture de Cyrille Frank aka Cyceron sous le titre : Pourquoi l’information politique est-elle si pauvre ?
Crédits photos : Nationaal Archief, [Domaine Public] via Flickr ; capture d’écran de la couverture de l’Express [06102010] ; Stuck in Customs CC-by-nc-sa via Flickr ; Capture d’écran du site Politifacts.com

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Le « story-telling » contre l’information http://owni.fr/2010/12/21/le-story-telling-contre-l%e2%80%99information/ http://owni.fr/2010/12/21/le-story-telling-contre-l%e2%80%99information/#comments Tue, 21 Dec 2010 17:52:57 +0000 Cyrille Frank http://owni.fr/?p=39814 Les faits sont mornes, banals, inintéressants ? Et bien, habillons-les d’un vernis narratif agréable, “vendeur” qui fera appel aux émotions : compassion, révolte, admiration. Tout plutôt que l’apathie et l’indifférence des évènements bruts.

L’enquête universitaire valide ou invalide un postulat en fonction des éléments trouvés. Les reportages d’information en particulier télévisuels, eux, sont construits en amont des preuves rassemblées. Le canevas du reportage est décidé en salle de rédaction et seuls sont collectés les images et témoignages confortant ce parti-pris, ce choix éditorial préalable.

Patrick Champagne dans “la vision médiatique” a montré comment les journalistes construisent parfois la réalité qu’ils prétendent décrire. Qu’il s’agisse du problème des banlieues ou des manifestations d’étudiants, ils vont chercher sur le terrain les éléments de réponse qu’ils ont élaboré dans leur bureau.

Story-telling, par souci de vitesse et de rentabilité

Primo, les journalistes télé n’ont guère le temps de procéder à une vraie enquête. L’actualité commande d’aller vite, “t’as une journée pour récupérer de l’image coco”. La contrainte d’organisation et derrière celle-ci la pression économique est forte.

Secondo, la course à l’audience, la concurrence pousse au spectaculaire et à la simplification.

Des émeutes à Vaux-en-Velin ? Pour en comprendre les raisons, il suffit de voir les immeubles délabrés, la tristesse des tours, l’insalubrité des lieux que l’on va filmer sous leur pire angle. Le chômage d’une poignée de jeunes qui zonent, la violence verbale des petits caïds désireux de gagner quelques galons de respectabilité en passant à la télé, suffiront à expliquer les motifs du “malaise”. Le message est simple : c’est le lieu de vie déprimant, ces “horizons bouchés” et l’oisiveté qui conduisent à la révolte, au délit.

Tant pis si les choses sont plus complexes, tant pis si la majorité des habitants de la cité est composée de travailleurs silencieux et dociles. Qu’importe si le tissu associatif est foisonnant et créatif, si tous les équipements sportifs et culturels fraîchement achetés disent le contraire du discours misérabiliste. Le journaliste ne sélectionnera que les éléments conformes à son schéma originel.

Il faut raconter cette histoire qui apportera du “sens” au téléspectateur. Mais s’il vous plaît une explication rapide, le sujet ne dure que 5 mn. Difficile d’aborder la complexité dans des formats si étroits, et pas de chance : notre monde se complexifie

Et puis l’intelligence n’est tout simplement pas rentable. Il est tellement plus vendeur d’angler un reportage de 20 mn sur la violence machiste des jeunes de banlieue. Du spectaculaire, du révoltant, de l’anxiogène coco…

L'émotion contre l'information

L’édulcoration du réel

Certains autres reportages vont procéder à l’inverse en valorisant les émotions et sentiments positifs. Le JT de 13h de Jean-Pierre Pernaud nous modèle une France idéale et irréelle de carte postale, celle de nos régions tellement riches, jolies et harmonieuses. Cette France de la tradition emplie de bon sens, de beauté, d’intelligence. Une vision conçue sur mesure pour sa cible : les retraités et femmes au foyer, majoritaires devant leur poste à cette heure de la journée.

Mais les champions toutes catégories du story-telling sont indéniablement les journalistes sportifs, en particulier en télévision. Stade2 version Chamoulaud/Holz ont poussé à son comble cette façon de faire du journalisme, par scénarisation de l’information.

Le domaine roi où s’exerce cette technique : les portraits qui sont construits à l’hollywoodienne, sur des canevas standardisés :

1- Un défi difficile, un but lointain et inaccessible (championnat, prix…)
2- Des difficultés, des épreuves, la souffrance, les injustices qui s’accumulent
3- Description des vertus du héros : gentil, persévérant, fidèle, aimant sa famille…
4- La victoire, enfin, l’apothéose, la récompense.
5- Epilogue : tout est bien qui finit bien, la morale est sauve, il n’y a pas de hasard, les justes sont récompensés. Vous pouvez dormir tranquilles, tout est bien dans le meilleur des mondes.

Dans ce vieux reportage de Stade2, le petit jeune dont on dresse le portrait, Zinedine Zidane est un gentil garçon. Et comme les mots pour le décrire ne viennent pas tout seuls à sa compagne, le journaliste n’hésite pas à les lui souffler : « il est gentil hein ? »… Construction préalable.

La vie est déjà assez dure, le sport conçu comme divertissement se rapproche de la fiction, pour servir l’émotion, y compris contre l’information.

D’où la mièvrerie de Gérard Holz qui dissimule gentiment les histoires de gros sous, la tricherie institutionnalisée du vélo ou de l’athlétisme, les vilaines batailles en coulisses. Qui idéalise les portraits des sportifs qui sont tous “sympas”, même quand tout le monde sait en coulisse qu’ils sont parfaitement antipathiques.

Dans ce monde de carton-pâte, kawaï et kitch, la télévision devient évasion, rêve, fiction sous les apparences d’une réalité objective. L’alibi derrière la guerre économique que se livrent chaînes de tv ou titres de presse est vite trouvé : donner du bonheur aux gens.

La télé réalité n’a pas été inventée par Endemol

Ce mélange de fiction et de réalité tellement dénoncé quant il s’agit du « Loft » ou de « Secret Story » ne date donc pas de ces émissions. Ce mélange emplit nos journaux télé, nos reportages, nos magazines depuis bien plus longtemps…

L’objectivité journalistique n’existe pas bien naturellement. On n’échappe pas à sa culture, son éducation, son environnement qui forgent des constructions mentales, des a-priori inconscients.

Mais s’il n’y a pas obligation de résultat en termes d’objectivité, il y a une obligation de moyens : l’honnêteté intellectuelle, la rigueur dans le recueil des données, la confrontation des points de vue, la prudence dans la présentation des informations… Autant de qualités qui font un bon journaliste (entre autres).

Aujourd’hui, la culture de l’émotion à tout prix déforme l’information. Et la compétition autour de l’attention par ultra-concurrence des messages et des émetteurs accentue le mouvement.

Sous prétexte d’apporter du sens au lecteur-téléspectateur, même si l’explication est fausse ou incomplète, sous prétexte de lui procurer du “bonheur”, on déforme la réalité. Ce qui n’est pas si grave quand on annonce clairement la couleur. Ce qui l’est davantage quand le mélange est effectué insidieusement, par la bande, sous un vernis de respectabilité.

Finalement, je préfère presque le “Loft” à “Envoyé Spécial”.
Presque.

>> Article initialement publié sur Médiaculture

>> Illustrations FlickR CC : Tayrawr Fortune, pshmell

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http://owni.fr/2010/12/21/le-story-telling-contre-l%e2%80%99information/feed/ 33
Le « journalisme augmenté » en 10 points http://owni.fr/2010/11/07/le-%c2%ab-journalisme-augmente-%c2%bb-en-10-points/ http://owni.fr/2010/11/07/le-%c2%ab-journalisme-augmente-%c2%bb-en-10-points/#comments Sun, 07 Nov 2010 19:34:40 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=33769 1 – Le journalisme augmenté de l’audience

Les insurgés ont pris la parole ! La prise de contrôle des moyens de production et de distribution des médias traditionnels par ceux qui en étaient privés (seule révolution marxiste réussie à ce jour !) entraîne la démocratisation de l’écriture et met fin au journalisme de surplomb, au journalisme de magistère. Elle permet aussi le « crowdsourcing » (collecte d’informations et témoignage sont partagés avec le public) et le « crowdfunding » (le financement aussi). Les médias parlent aux médias !

2 – Le journalisme augmenté de ses pairs

Lâcher prise sur ses contenus et laisser les contenus extérieurs entrer. Les rédactions, souvent conservatrices, ont de moins en moins une mentalité de bunker et s’ouvrent davantage au reste du monde, voire à leurs concurrents. Les collaborations entre médias se multiplient. Le journalisme en réseau et le journalisme mutualisé ont un bel avenir.

3 – Le journalisme augmenté des liens

Les métadonnées et l’hypertexte permettent le journalisme de liens, le journalisme de tri sélectif, le journalisme dépollueur, le news jockey ! Celui qui choisit, guide, réduit l’infobésité, trouve le signal dans le bruit.

4 – Le journalisme augmenté des autres corps de métiers

Visualisation de données, journalisme de données, journalisme visuel, web documentaires, web reportage, etc. Autant de nouvelles formes de narration qui associent le travail des designers, des développeurs et des journalistes. Ceux qui réussiront à faire travailler ensemble ces corps de métiers prendront de l’avance.

5 – Le journalisme augmenté d’innovation et de nouvelles technologies

Le journalisme web n’est pas la mise en ligne des contenus des journaux ou des télévisions. Une écriture différente est indispensable pour être en prise avec les nouveaux usages de la révolution de l’information. La chance est aussi d’y pouvoir profiter des nouveaux outils. Pour ce mode de représentation du réel, le digital storytelling de demain, le récit numérique, comprend déjà la géolocalisation, la cartographie animée, la réalité augmentée, la 3D, etc.

6 – Le journalisme augmenté de valeur ajoutée

Context is King ! Savoir relier les faits : face à la banalisation croissante de l’information, la valeur est dans la mise en perspective rapide des faits. Non seulement, collecter, éditer, hiérarchiser et distribuer ne suffit plus, mais il faut désormais aussi analyser les informations avec un degré de vitesse, jusqu’ici réservé aux seuls factuels. Les journalistes traditionnels font une erreur s’ils croient que leur capacité à collecter et à organiser les faits continuera à les rendre indispensables.

Pour rester pertinent, il ne suffit plus en outre de donner les informations de la veille ou du jour même, connus de tous, mais d’offrir du contexte, de la perspective, de l’analyse pour aider le public à saisir l’importance des événements, pour lui et la société, à regarder de l’avant, à anticiper la suite.

Il faut enrichir l’information, de manière éditoriale et technologique.

7 – Le journalisme augmenté du packaging

Les beaux médias ! La forme, c’est le fond qui remonte à la surface ! (Victor Hugo). C’est aussi la qualité de l’accès au contenu qui fera la différence.

Dans une économie de l’attention, où l’abondance des contenus a remplacé leur rareté, le temps de cerveau disponible sera de plus en plus dur à capter et à conserver ! Soigner le design de l’information devient crucial. D’autant que se multiplient aussi les nouveaux supports et plateformes de distribution (smartphones, tablettes, encre électronique …).

8 – Le journalisme augmenté de formations, de nouveaux métiers et d’entrepreneuriat

Pas facile d’apprendre à faire du vélo à 50 ans ! Mais il faut s’y mettre et se former. La révolution de l’information n’attend pas. D’autant que de nouveaux profils sont apparus ces dernières années dans les petites annonces : les journaux, magazines ou télévisions recherchent aussi désormais des éditeurs de métadonnées, des éditeurs spécialisés en moteur de recherche, des community managers, des journalistes visuels, des agrégateurs, des remixeurs, des facilitateurs, etc.

La facilité de créer une unité éditorial pour un coût initial presque nul (plus besoin d’imprimerie, de camions pour livrer les journaux ou de stations de TV) incite déjà ceux qui ont de bonnes idées à passer à l’acte et à monter leur média, seul ou en petit groupe.

9 – Le journalisme augmenté d’expérimentations

Difficile de faire désormais sans une cellule de R&D, un médialab, pour répondre à la vitesse des changements dans la profession et profiter des opportunités offertes par les nouvelles technologies. Restera à tester les nouvelles idées et à prendre des risques sans être tétanisé par la crainte de l’échec. Vive le bêta !

10 – Le journalisme augmenté de la confiance

C’est la mission la plus difficile, mais la plus importante dans une société où la défiance envers les corps constitués croît à toute vitesse.

Images CC Elsa Secco et Flickr Matthew Clark Photography & Design

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http://owni.fr/2010/11/07/le-%c2%ab-journalisme-augmente-%c2%bb-en-10-points/feed/ 28
[SPIIL] Journée de la presse en ligne http://owni.fr/2010/10/22/spiil-journee-de-la-presse-en-ligne/ http://owni.fr/2010/10/22/spiil-journee-de-la-presse-en-ligne/#comments Fri, 22 Oct 2010 07:26:39 +0000 [Enikao] http://owni.fr/?p=32854 A l’occasion de la première journée de la presse en ligne organisée par le SPIIL, Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne qui fête sa première année à la Maison des Métallos, la Soucoupe est venue assister aux débats qui animent la profession. Précision utile : Owni a rejoint le SPIIL depuis 48 heures.

Cet article a été mis à jour tout au long de la journée

Suivez la journée sur Twitter avec le hashtag #SPIIL.

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9:25 - Maurice Botbol introduit la journée et rappelle la raison d’être du SPIIL, créé peu après les Etats Généraux de la Presse : indépendance vis-à-vis des groupes de presse, information en ligne. Le SPIIL avait 10 membres au départ, il compte une soixantaine de membres aujourd’hui, avec un processus de choix selon des critères intangibles : modèle économique dès la création, au moins un journaliste ayant une carte de presse dans l’entreprise. Sites au contenu gratuit, payant, sites d’information locale, le SPIIL présente une vraie diversité aujourd’hui.

9:30 - Pierre Haski anime la première table ronde “Les enjeux professionnels de la presse en ligne : quels bouleversements pour demain ?”

Frédéric Filloux, Emmanuel Parody, Cyril Zimmermann, Francis Pisani.

Qu’y a-t-il d’excitant actuellement sur le net ?

9:45 – débats autour de Ruppert Murdoch, du modèle payant fermé qui freine la circulation virale.

Frédéric Filloux entrevoit des conteneurs Internet fermés, des environnements clos et des plateformes propriétaires (applications), au risque que l’Internet gratuit s’appauvrisse.

Francis Pisani pense qu’on n’est pas obligé d’envisager toutes les tendances comme inéluctables, l’innovation vient de la capacité générative des confrontations de techniques non contrôlées.

Cyril Zimmermann est fasciné par Murdoch, qui prend le risques de tester. S’autodistribuer est un véritable enjeux : conquérir ses abonnés, engendrer de l’adhésion à l’acte. Le problème vient en partie de l’offre, et de la frontière choisie entre ce qui doit être payant ou gratuit.

Emmanuel Parody rappelle qu’on a pris comme acquis que les contenus du web étaient ouverts parce que techniquement, le web est du lien. Il y a une tentation à mettre des liens en périphérie des articles, ce qui est une régression. Mais le débat gratuit/payant est trop binaire : la course à l’audience originelle (pages vues = pub, mais les rendements sont décroissants) s’est arrêtée car il y a moins de capitaux d’investissement, on est donc arrivé au revenu par utilisateur. Le payant ne veut pas dire que ce qui était gratuit de vient payant : il faut trouver des activités supplémentaires, complémentaires (mobilité, nouveaux contenus…).

10:00 – Pierre Haski rappelle qu’aujourd’hui on parle de l’affaiblissement et de la mort des marques dans l’industrie, et que ce discours arrive à peine pour les médias. La moitié du lectorat de Rue89 arrive par la recommandation. Le lectorat est diversifié : les fidèles, ceux qui arrivent par les réseaux sociaux, et ceux qui viennent de manière plus aléatoire par les moteurs de recherche. Leur implication n’est pas la même.

Internet a été présenté comme un chaos, mais la profusion de contenus justifie que les marques existent, comme point de repère.

Les médias sociaux permettent de rappeler à soi d’autres lecteurs qui ne viennent pas souvent.

Cyril Zimmermann pense qu’il y a eu un énorme marché de dupes entre les éditeurs de contenu, Google et les médias sociaux, parce qu’il y a eu une captation de la rente publicitaire. L’indexation gratuite contre du trafic a focalisé le sujet sur le nombre de vues, qui rapporte trop peu. C’est une spoliation avec l’assentiment fasciné des créateurs de contenus, Google le fait, Apple le tente et Facebook le fait déjà. Le déséquilibre économique vient d’un très beau marketing et du fait que l’enjeu de ce marché de dupes n’était pas directement monétaire (ce qui aurait réparti les revenus), mais simplement des clics.

Frédéric Filloux rappelle que tous les clics ne sont pas égaux. L’approche publicitaire est grossière, et indifférenciée. On est encore dans la religion du clic, que l’on obtient avec des manipulations minables comme des jeux. Mais quelle est la proportion de visiteurs à valeur, qui viennent avec une logique de marque ?

Emmanuel Parody : Facebook ne ramène pas des trafics, c’est vraiment infime, 1,25% à peine ! Facebook n’est pas la relève de Google, il est surévalué dans sa capacité de renvoi d’audience. C’est un lieu où s’organisent des échanges sociaux, c’est donc autre chose. La moitié des utilisateurs vient jouer en ligne sur Facebook, le webmail est un usage croissant, mais ce n’est pas un lieu de consultation d’information. Facebook crée du lien qualitatif, pas du clic en masse.

Francis Pisani suggère que l’on remettre en question l’article : la matrice d’un article est une matrice espace-temps. La distance virtuelle et le temps réel bouleversent ce when et ce where que l’on apprend dans les écoles de journalistes. Twitter, c’est du fragment qui vient de partout en temps réel. Les récits modulaires sont peut-être la vraie base de réflexion pour l’avenir de l’information : l’article viendra nous chercher sur les écrans que nous utilisons, le journalisme est un process et l’article n’est donc plus monolithique.

Frédéric Zimmermann rebondit sur la question du prix de l’article abordé par Francis Pisani : la vente à l’article va poser une question très gênante, celle de la rentabilité des journalistes car on verra clairement les articles qui marchent. Il faut donc s’en prémunir pour ne pas faire des journalistes salariés des pigistes chargés de tirer du trafic sans faire leur vrai métier (l’information) dans des conditions satisfaisantes.

10:30 - Les débats s’ouvrent dans le public sur Google : il n’y a pas de contrat, il est à la fois tacite et léonin. Il est possible de se désindexer mais puisqu’il n’y a pas d’accord. Le plateau s’anime et commence à débattre avec la salle.

Frédéric Filloux charge Huffington Post et ses 6 000 blogueurs non payés, qui n’est pas un modèle du tout. La spoliation est ailleurs : le Huff’Po draine à lui les commentaires et le trafic, en pillant ou en faisant piller les contenus créés ailleurs.

Emmanuel Parody : le modèle de la course à l’audience, c’est la revente ! Ariana Huffington l’a compris, c’est pour cela qu’elle ne parle pas de valeur de l’article. Entrer en bourse, faire la culbute, c’est quand même un classique, il faut assumer cette question de la bulle et regarder les chiffre en face.

Francis Pisani interroge Pierre Haski sur l’arrivée à la rentabilité de Rue89 : la crise a fait chuter les revenus publicitaires, la diversification est donc venue de la formation (aujourd’hui 30% des revenus) et la production de sites pour d’autres structures. L’accès reste gratuit car la moitié du trafic vient de la recommandation, la circulation virale reste donc importante car nous sommes un jeune média, et le modèle freemium n’est pas encore mature. Le mensuel papier (qui procède d’un reverse publishing) que nous avons lancé n’est pas encore pris en compte même s’il est rentable dès le premier numéro.

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11:00 – Atelier “Audience et trafic, les dernières évolutions”

Hélène Froment (Mediapart), Emmanuel Parody (BCS Interactive) et Franck Si-Hassen (Médiamétrie e-Stat)

Affinage de la mesure d’audience.

La mesure des vidéos a longtemps été limitée au compteur, qui ne prend en compte que le temps de chargement. Désormais Médiamétrie peut savoir quel est le temps de visionnage réel. Les marqueurs e-Stat de Médiamétrie prennent en compte depuis peu les applications mobiles iPhone, iPad, iPod Touch, Androïd, et bientôt Blackberry.

Le wi-fi compte pour environ 20 à 30% des applications : le téléphone a beau être mobile, il est parfois utilisé de manière fixe.

Alenty a développé une application pour calculer le temps de visionnage des publicités (emplacement), cette technologie est désormais intégrée pour l’analyse de visualisation des contenus d’une page, en particulier dans les homepage qui évoluent sur les médias en ligne.

Pour Mediapart, au-delà des 40 000 abonnés désormais atteints, la mesure de l’audience est un enjeu particulier : l’économie de moyens ne permet pas une mesure fine avec des outils coûteux. L’engagement de dépense se concentre sur les éléments classiques : nombre pages vues, durée des visites, mais aussi zones. La base abonnés permet de vérifier les Adwords qui fonctionnent, et donc calculer le coût d’acquisition des nouveaux abonnés : cela a débuté en juin avec l’affaire Bettencourt. Ces données guident les investissements dans les campagnes d’achats de mots clés.

La mesure de fidélisation se fait sur l’écart entre les consultations connectées et non connectées. L’aspect hybride du modèle est donc évalué avec l’entonnoir pour vérifier le taux de transformation, et les éléments qui sont rédhibitoires. Les applications iPad et iPhone de Mediapart arriveront cet automne.

Questions du public : quelle utilisation éditoriale des chiffres pour orienter les choix de contenus ? Quels sont les apporteurs de trafic (Google, Facebook, Dailymotion…) ? Pour Mediapart, il y a un mix à trouver pour rester un site d’information générale, il faut équilibrer les sujets pour ne pas devenir “le média Bettencourt”. Cet été, la notoriété de la marque Mediapart a tiré les abonnements, le travail de CRM par les relances e-mail, les Adwords et les offres proposées sur Facebook et Dailymotion viennent après.

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14:00 – Atelier “Formation : tout ce que les journalistes web doivent apprendre et que leurs collègues ignorent”

Table animée par Philippe Couve.

Philippe Couve, Soizic Bouju, Alice Antheaume, Marc Mentré, Eric Mettout

Alice Antheaume : l’enseignement au web en école de journalismes inclut plusieurs sujets larges. La vérification des sources, le fact checking accéléré sur les chiffres, mais aussi détecter un sujet rapidement pour prendre de vitesse l’AFP. En deuxième année, on passe au choix des outils de publication, on réfléchit aux formulations pour les demandes aux  développeurs, à comment optimiser son référencement Google. Les digital natives, c’est une forme de fantasme, il faut avoir des comptes sur les médias sociaux bien sûr, c’est même un prérequis, mais on apprend surtout à faire de l’info.

Eric Mettout : il faut aussi apprendre les relations avec la communauté et les lecteurs, le marketing, l’utilisation des outils disponibles comme les Google Maps, les nouvelles formes d’écriture, parce qu’aujourd’hui le journalisme web est un journalisme Shiva. La formation évolue désormais très vite.

Marc Mentré : il faut d’abord savoir ce qu’est le journalisme web : réseaux sociaux, mobilité ? Ce qui est sûr c’est qu’il ne peut y avoir une compétence unique centrée sur le web. Participer à la communauté est indispensable, et ça nécessite une spécialisation. On ne peut pas être un spécialiste des généralités. Les sites ne peuvent pas exploiter dans leurs médias respectifs certaines compétences comme les nouvelles formes de narration.

Soizic Bouju : la réactivité pour la profondeur, c’est là la ligne de partage. Il faut être formé à tout mais on ne peut pas tout faire. L’expertise a un sens car elle fait la différence.

Philippe Couve : la formation au dialogue entre journalistes et développeurs est indispensable, bien sûr les fonctions ne sont pas les mêmes mais il faut trouver les zones de contact.

14:30 – Questions du public  : le transmédia est devenu plus facile grâce aux outils matériel, mais cela ne change rien au fait que la pratique elle-même. Comment faire ?

Pour Marc Mentré, on va revenir aux équipes de journalistes, c’est d’ailleurs ce qu’on voit sur les projets de webdocumentaire. La diffusion des savoirs et des savoir-faire en interne est un vrai enjeu, il faut des passeurs de technique et des personnes capables de mener des projets en interne. L’éclatement de la bulle web au début des années 2000 a aussi freiné les demandes de formation web pendant des années.

Pour Soizic Bouju, il y a une phase de transition générationnelle, c’est sûr, mais ce n’est pas la ligne de partage et les résistances existent là où on ne les imagine pas : le management intermédiaire s’interroge encore beaucoup. Le projet doit être éditorial.

Marc Mentré : le web est horizontal, les rédactions sont verticales, ce qui crée des confrontations hiérarchiques. Il faut donc commencer par former la rédaction en chef, et la laisser réfléchir à l’organisation.

Les pigistes peuvent aussi bénéficier des formations web.

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15:00 – Atelier “Eclatement des supports de diffusion : réseaux sociaux, mobiles… papier !”

Benoît Raphaël (Le Post), Laurent Mauriac (Rue89), Walter Bouvais (Terra Eco)

Walter Bouvais : il faut se concentrer sur le contenu, les angles, le ton, la question des supports et des canaux doit venir après. Cela suppose qu’on ait des conférences de rédaction musclées, et uniques, print et web réunis. Cela signifie publier moins vitre et moins souvent mais viser une forme de qualité.

Laurent Mauriac : pour l’instant, le mobile est une déclinaison du web, mais des fonctionnalités complémentaires arrivent. Nous avons des visiteurs qui ne nous lisent que par ce qu’ils voient des médias sociaux. Sur le papier, on a une commodité du format, et on doit quand même attirer des gens pour les faire payer un contenu qu’ils pourraient trouver gratuitement en ligne. Il faut quand même adapter les contenus aux plateformes, car les plateformes sont liées directement à des modes de consommation des médias.

Benoît Raphaël : Internet a été présenté comme un nouveau réseau de distribution, mais les contenus changent de nature à partir du moment où les canaux deviennent interconnectés : mobile, Internet, réseaux comme Facebook, demain la télévision connectée. L’information est devenue liquide, donc en salle de rédaction il faut apprendre à être plus agile, mais le mode de production doit le devenir aussi. Les nouveaux outils permettent de gagner beaucoup de temps, c’est pourquoi il faut se poser la question de la production, pas seulement de sa distribution. Le journaliste peut s’appuyer sur les internautes et se décharger d’une partie de ses fonctions : angles, témoignages, récupération, veille.

Le Post a longtemps recyclé et retravaillé une information générale déjà disponible, même si l’angle et l’enrichissement peuvent différer d’un média à l’autre. Puis il a fallu agrandir les équipes pour coproduire avec les journalistes, et enfin aller vers l’enquête plus spécifique.

Laurent Mauriac : l’éclatement des commentaires sur les différents supports devient difficile à gérer, car il y a le site, Facebook, Twitter… La conversation est difficile à animer. Sur Rue89, on a un outil pour mettre en valeur les commentaires pertinents, et même on en édite certains dans le mensuel papier quand ils apportent quelque chose.

Benoît Raphaël : le commentaire anonyme génère énormément de parasites, le contenu est souvent mauvais et très agressif. Le travail de la communauté dans les commentaires, sur l’actualité courante, est souvent assez pauvre. Supprimer l’anonymat par un système de commentaires réservé aux abonnés allège un peu ces mauvaises participations. Être présent près du lecteur, sur Facebook ou Twitter, c’est simplement aller le chercher là où il est, c’est du bon sens. Quand l’information est produite nativement en digitale, on peut l’adapter.

Éclatement des supports et monétisation  : pour Laurent Mauriac, il ne faut pas regarder la rentabilité par mode de diffusion. Le mensuel a fait connaître la marque à de nouveaux publics et assuré un autre visibilité auprès de nouveaux publics et des régies publicitaires.

Question du public : quelle relation avec les internautes, quel rapport au droit d’auteur ?

Laurent Mauriac : ils sont des capteurs mais il ne sont pas journalistes et n’ont pas vocation à être rémunérés parce qu’ils ne produisent pas stricto sensu. Rue89 n’adhère pas à cette idée de journaliste citoyen. Les CGU prévoient que les commentaires peuvent être repris dans un article en ligne ou même dans le mensuel.

16:00 – “Les enjeux démocratiques de la presse en ligne : prêts pour la campagne de 2012 ?”

Débat animé par Ewy Plenel.

Benoît Thieulin, Dominique Cardon, Edwy Plenel, Antonio A. Casilli, Xavier Moisant

Dominique Cardon : on a élargi le nombre de personnes qui prennent la parole à davantage de profils, qui désormais peuvent être anonymes, et on a ajouté la conversation, ce qui est proprement démocratique même si on change de qualité en libérant les subjectivités, en ouvrant la parole en présupposant l’égalité de parole. L’espace public a changé, mais toute la hiérarchie d’information demeure : la hiérarchie est celle des agissants. Le contrôle ex post a par contre fait son entrée. L’espace public a donc changé, et on voit nettement des réseaux catégoriels se constituer autour d’intérêts. Mais au final, Internet a surtout joué un rôle important dans la liberté d’expression par la massification des usages, Internet a procédé à un décentrement de la société, les individus s’auto-organisent de manière incontrôlable. Internet ressemble peut-être un peu plus à la société qu’avant où le témoin de la rue devait être poli, présentable et représentatif à la fois.

Antonio Casilli : il faut préparer un internaute civilisé à un Internet civilisé. Sur Internet, on est dans une situation de contrôle, de surveillance de soi de manière paternaliste et infantilisante, on retrouve en quelque sorte le “surveiller et punir” de Michel Foucault. Le trolling, le vandalisme sur Wikipedia, montrent que l’enjeu est important, c’est un effet de stimulation qui nécessite une réaction, même si elle doit être mesurée, dans ses efforts et dans le temps. Sur Internet, les polarisation sont plus fortes : contre-culture américaine, mini comu nippons, gauche radicale en Europe, trolls républicains professionnels… Ce vandalisme et cette viralité ont un rôle dans la place publique.

Xavier Moisant : l’incompréhension et la non-compréhension des candidats politiques ne sont pas des histoires anciennes, surtout à l’échelle nationale. On en est parfois à faxer des e-mails ! Il y a plusieurs réactions possibles. Il y a eu le “débrouille-toi” en 2002, qui donnait une grande liberté. On est passé depuis 2007 à des sites de campagne qui servaient de purs relais. Avec les médias sociaux plus implantés, ça va changer : Nicolas Sarkozy a déjà plus de 300 000 fans sur Facebook, ce qui est une base de mobilisation militante.

Benoît Thieulin : Internet est perçu comme un nouvel outil de communication, pas comme la possibilité de changer de paradigme. Move On, Howard Dean ont été des avancées qui ont montré des capacités de mobilisation de la société civile et de libération de la parole qui auraient dû faire bouger les mentalités. Internet a été l’outil des mouvements et candidats les moins favorisés des médias. En France, aucun candidat n’est encore un praticien du web (c’est un effet générationnel) alors que ce n’est pas le cas en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. Notre classe politique, dans sa formation intellectuelle et dans sa carrière, qui passe souvent par de grandes administrations centrales, n’est pas formée au web. La société civile s’est réarmée par le web autour de logiques affinitaires, puis il y a eu un traitement médiatique, la politique est arrivée plus tard. Mais développer une stratégie complexe ne peut venir que de la pratique même, sinon on ne fait que décliner sur le web des stratégies préexistantes.

Dominique Cardon : Obama est un universitaire et il s’est inscrit dans les conversations, en sollicitant la participation, mais c’est aussi une bête de télévision. On est à la fois dans le participatif et dans la mise en avant d’une personnalité, sa victoire est le fuit d’une ambivalence.

Les réflexions sur les trolls sont nombreuses : modération, comment l’isoler, pourquoi troller est avant tout un verbe (on trolle) plutôt qu’un individu (tout le monde troll d ‘une manière ou d’une autre). La longue traine du web ouvre ces espaces dans la politique, mais elle permet aussi la communication directe pour des candidats moins connus. La discussion d’un élu qui a un capital politique élevé est plus rare et cette rareté risque d’avoir un effet déceptif.

D’autres compte-rendus :

Archives :

Illustration CC FlickR par Bill on Capitol Hill

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http://owni.fr/2010/10/22/spiil-journee-de-la-presse-en-ligne/feed/ 8
La SEO, alliée du journalisme de qualité http://owni.fr/2010/09/16/la-seo-alliee-du-journalisme-de-qualite/ http://owni.fr/2010/09/16/la-seo-alliee-du-journalisme-de-qualite/#comments Thu, 16 Sep 2010 06:12:13 +0000 Nikki Usher (Nieman Lab) http://owni.fr/?p=28223 Cet article a été rédigé par Nikki Usher, nouvelle contributrice du Nieman Lab. Thésarde à l’université USC Annenberg, elle était reporter au Philadelphia Inquirer, entre autres. Dans ce billet, elle s’attaque à la question de l’utilisation des statistiques dans le journalisme.

La semaine dernière, le New York Times a présenté le récit effrayant de ces journaux, dont le Washington Post et le Wall Street Journal qui sont en train (et c’est choquant!) de modifier leur couverture des événements après avoir utilisé les statistiques pour définir ce que veut leur lectorat . Et Gene Weingarten, dans une manipulation amusante de la SEO, a insinué plus tôt cet été qu’en mettant simplement Lady Gaga dans sa rubrique, il ferait plus de pages vues.

Jeremy W. Peters a écrit un autre article dans le Times sur le même sujet: les journalistes qui font “tout ce qui aura de l’effet sur l’algorithme de Google et attirera les lecteurs vers eux”, et l’effrayant “grand tableau” que Gawker affiche dans sa rédaction avec les dix billets de blog les plus populaires, en même temps que les pages vues heure par heure.

Cette crainte que le tracking de l’audience, l’écriture pour Google et la SEO interdisent aux médias de tenir les demandes de lecteurs à l’écart est déplacée. Se montrer plus attentif aux demandes des lecteurs est peut être la meilleure chose que les médias puissent faire pour rester des sources d’information pertinentes et essentielles.

Avec la monétisation liée au clics et le système de statistiques en temps réel Omniture présent dans de plus en plus de rédactions, il est facile de redouter que le public dicte la couverture de l’information. Mais qu’en est-il de l’argument opposé : que les journalistes, depuis trop longtemps, écrivent sur ce qu’ils pensent que leurs lecteurs devraient savoir, et pas assez sur ce que leurs lecteurs veulent savoir.

Le journalisme a toujours été dépendant de l’existence d’une audience pour consommer son travail et a passé une grande partie du siècle dernier à essayer de savoir avec précision ce que les lecteurs voulaient. Aujourd’hui, les journalistes disposent d’ outils plus performants que jamais pour dessiner avec exactitude le visage de leur lectorat, apprendre ce qu’ils veulent, et, en temps réel, repérer leurs comportements afin d’être plus réceptifs à leurs besoins. Ce n’est pas une mauvaise chose – cela détourne le journalisme d’une écriture élitiste pour soi-même et l’on revient à des articles écrits en fonction de ce que les gens recherchent vraiment.

Les journalistes vont-ils passer leur temps à écrire sur les animaux ou Lady Gaga ? La vérité, c’est que de nombreuses rédactions avec qui j’ai parlé sont plus intelligentes que ça : ils n’abandonnent pas les principes du journalisme ; ils voient les chiffres comme une façon de s’assurer que leur production sera lue.

La SEO au Christian Science Monitor

Dans le cadre de mon travail universitaire, j’ai suivi l’évolution du The Christian Science Monitor, alors qu’il passait d’un quotidien papier à un site avec une parution papier hebdomadaire. Durant cette évolution, j’ai vu la rédaction tracer l’audience d’une façon de plus en plus sophistiquée. Quand j’ai demandé à John Yemma son point de vue sur la SEO, il m’a répondu ceci dans un e-mail sur son impact dans la rédaction.

Les moteurs de recherche restent un outil puissant et privilégié par les lecteurs en ligne. Nous n’avons pas d’autre choix que de devenir adeptes de la SEO si cela nous aide à atteindre les lecteurs là où ils sont. Cela n’a rien de nouveau dans le business de l’information. Avant le web, les journaux refaisaient les maquettes et reformataient périodiquement. Les éditeurs conseillaient à leurs rédacteurs d’écrire plus court, d’utiliser une langue simple et directe: tout cela dans le but d’atteindre des lecteurs.

La SEO, dans son essence, porte sur la façon dont les éditeurs réfléchissent à la façon dont les lecteurs pensent quand ils cherchent de l’information. Au Monitor, comme dans quasiment presque chaque publication, nous travaillons à mettre en avant les mots-clés. Mais c’est juste un outil parmi la palette disponible dans la boîte à outils. Nous essayons de répondre rapidement quand un sujet que nous connaissons bien (l’international par exemple), est en train d’exploser. Cela nous donne l’opportunité d’offrir des liens relatifs qui invitent les lecteurs à plonger plus profond dans notre contenu. Si la SEO se concentre sur l’acquisition, les liens relatifs se focalisent sur la rétention. Ces dernières années, nous avons triplé notre trafic en ligne grâce à cette stratégie.

Est-ce que cela signifie que nous écrivons juste des gros titres en plain-vanilla ou que nous suivons simplement Google/Trends ? Non. Un titre intelligent peut toujours être un aimant puissant, en particulier sur notre homepage ou dans les médias sociaux. Et nous traitons toujours des sujets dont nous savons qu’ils sont importants même si nos lecteurs ne sont pas d’accord. Nous sommes tout de même beaucoup plus sensibles ces temps-ci à ce à quoi nos lecteurs vont réagir. Si nos contenus ne sont pas lus, notre travail n’est pas efficace.

Le suivi des tendances à TheStreet.com

TheStreet.com a embauché un chargé de la SEO à plein temps, John DeFeo, pour surveiller les tendances sur Omniture, observer les termes de recherche, et optimiser le contenu de TheStreet après qu’il a été écrit, afin qu’il puisse être retrouvé facilement sur les moteurs de recherche.

Résultat : le trafic a augmenté. Quand j’étais dans la rédaction de TheStreet pour mes recherches de terrain, j’ai vu DeFeo suggérer que quelqu’un ponde vite un article sur le rappel du médicament pour enfant Tylenol après avoir vu la tendance sur Yahoo. Devrions-nous considérer cela comme une réponse excessive à la demande de l’audience ? Ou faut-il voir cela comme une chance que TheStreet fournisse son analyse sur ce qu’un tel rappel signifie pour les actionnaires de Johnson & Johnson – et en même temps sache que l’article aura une chance d’atteindre un public parce que c’est dans les tendances ?

Glenn Hall, rédacteur en chef de TheStreet, défend le “journalisme SEO” comme le coeur des principes de base du journalisme lui-même. Il explique dans une interview :

Le bon journalisme n’est pas mutuellement exclusif de la SEO. Nous avons prouvé sans cesse que nos meilleurs contenus tendent à obtenir le plus de pages vues. La SEO est un outil pour s’assurer que les meilleurs articles sont remarqués… La SEO accroit la visibilité là où les gens regardent. Les gens consomment des contenus différemment qu’ils ne le faisaient avec un journal.

Hall explique à son équipe que la SEO cadre avec les bonnes pratiques journalistiques. Il pense que les phrases affirmatives simples, claires et qui vont droit au but, font sens à la fois pour le journalisme et la SEO. Et, comme il le note, la SEO n’a pas le dernier mot quant au succès ou à l’échec d’un article : “Une bonne SEO n’a pas d’importance si le contenu n’est pas bon.”

La nouvelle information est sociale

Nick Bilton, le bloggueur technologie du Times, a écrit dans son nouveau livre, I Live in the Future & Here’s How It Works sur le consumnivore” – un consommateur avide qui veut les dernières informations maintenant. Mais pour ce nouveau consommateur, l’information n’est pas juste une quête de l’information. C’est aussi une expérience sociale, partagée avec les gens sur Twitter, Facebook, par email, ou autre média social. En d’autres termes, si vous ne cherchez pas des infos, les infos vous trouveront. On trouvera toujours du journalisme de qualité, même sans la SEO survitaminée d’une rédaction -en raison du nouveau pouvoir de l’information comme expérience sociale.

Ce n’est pas un mythe. Lors de la cérémonie de remise du prix Pulitzer au New York Times le 12 avril dernier, le rédacteur en chef du magazine du New York Times Gerald Marzorati a noté ceci dans son discours de remerciement pour le prix, partagé avec le reportage d’investigation de Propublica pour un sujet sur un hôpital de la Nouvelle-Orléans durant Katrina :

“[le journalisme long-format est] est notre forme la plus vue et la plus partagée par mail. Cela compte pour les lecteurs. Cela permet au lecteur de s’arrêter. Cela ralentit le lecteur.”

Est-ce que “Memorial Medical Center”, l’hôpital du reportage, était un terme beaucoup recherché ? Probablement pas. Est-ce que 13.000 mots étaient susceptibles de produire des succès d’information rapides dont les consumnivores sont avides ? Non. Mais l’histoire a tout de même atteint un public substantiel, par bouche à oreille. Et quand elle a été lue par de plus en plus de gens, cela a probablement amélioré le classement sur Google pour les gens qui cherchaient des articles sur Katrina.

So, if used properly, SEO and audience tracking make newsrooms more accountable to their readers without dictating bad content decisions — and it can help newsrooms focus on reader needs. What is a story if it is never read? SEO won’t kill journalism; it will only enhance how we find and use news.

Donc, si elle est utilisée correctement, la SEO et le tracking de l’audience rendent les rédactions plus responsables devant leurs lecteurs sans dicter de mauvaises décisions éditoriales – et cela peut aider les rédactions à se focaliser sur les besoins du public. Qu’est-ce qu’un article s’il n’est pas lu ? La SEO ne tuera pas le journalisme ; cela améliorera la façon dont nous trouvons et consommons l’information.

Billet initialement publié sur The Nieman Lab ; traduction Sabine Blanc et Guillaume Ledit

Le contre-point de vue : “Squeezing humanity through a straw”: The long-term consequences of using metrics in journalism

Image CC Flickr sonicbloom

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http://owni.fr/2010/09/16/la-seo-alliee-du-journalisme-de-qualite/feed/ 8
Les méfaits d’une grande audience sur Twitter http://owni.fr/2010/08/18/les-mefaits-d%e2%80%99une-grande-audience-sur-twitter/ http://owni.fr/2010/08/18/les-mefaits-d%e2%80%99une-grande-audience-sur-twitter/#comments Wed, 18 Aug 2010 06:31:23 +0000 Valentin Pringuay http://owni.fr/?p=24979

Parfois, il y a des histoires qui sont tellement intéressantes qu’il faut juste les raconter. Mais écrire un blog, c’est souvent donner son avis. Je suis pourtant également de ceux qui aiment beaucoup écouter les gens parler et apprendre de leurs paroles. L’article qui suit n’est donc pas véritablement de moi. Il a été écrit par Clive Thompson sur Wired [EN] et j’avais juste envie de le traduire pour le partager avec une audience francophone. Bien évidemment, je l’ai enrichi et me suis approprié le sujet.
Et, une fois que vous l’aurez lu, j’espère pouvoir m’enrichir de vos paroles et juste vous écouter en commentaire.

Lorsque nous parlons de réseau social, plus c’est grand, mieux c’est. Du moins, c’est ce que de nombreuses personnes pensent. Plus le nombre de personnes qui vous suivent ou sont amis avec vous est grand, plus vous êtes important et génial. C’est pourquoi nous sommes parfois tellement en admiration devant des personnes qui ont plus d’un million de followers sur Twitter.
Mais avoir une énorme audience sur Twitter peut avoir des points négatifs.

Lorsque vous passez de quelques centaines de followers à une dizaine de millier, quelque chose d’inattendu se produit : le principe de réseau social vole en éclat.

Prenons le cas de l’Américaine Maureen Evans.
Cette jeune femme utilise Twitter depuis ses tout débuts en 2006, où elle arriva rapidement à une centaine de followers. Comme de nombreux utilisateurs, elle appréciait la nature des conversations que faisait naître ce medium : un follower répondait à l’un de ses messages et d’autres followers allaient venir immiscer dans la conversation pour faire naître une véritable conversation.
Puis, en 2007, elle commença un petit projet sur Twitter : publier des recettes, chacune condensées en 140 caractères. Elle amassa très vite 3000 followers, mais sa communauté en ligne ressemblait toujours à une petite ville : parmi ses habitués, les gens se connaissaient et discutaient entre eux.
Mais alors que son audience grandissait encore et encore, dépassant les 13.000, le sens de communauté s’évapora. Les personnes arrêtèrent de discuter ou de lui adresser la parole.

C’était devenu totalement silencieux

s’étonna-t-elle.
Pourquoi ? Parce que la socialisation ne pouvait plus suivre. Une fois qu’un groupe a atteint une certaine taille, chaque participant commence de nouveau à s’y sentir anonyme. Les personnes qui semblaient proches, presque comme des amis, semblent soudainement trop importantes, et donc distantes.
“Elles ont l’impression qu’elles ne peuvent plus être celles qui feront la contribution utile”, explique Maureen Evans : donc la conversation s’arrête.

Retour à une diffusion de type radio ou télévision

Mais Evans n’est pas la seule. Cette histoire semble se répéter chez de nombreuses personnes qui ont gagné en popularité sur Twitter. Avec quelques centaines ou milliers de followers, elles s’amusent – mais dès que l’on franchit une certaine limite, le réseau social s’effondre et les médias sociaux ne sont plus sociaux du tout.
Il ne s’agit plus vraiment de discuter et de partager
puisque nous retournons à quelque chose qui ressemble d’avantage à une diffusion dans le pur style radio ou télévision.
Une personne avec plusieurs dizaines de milliers de followers va diffuser de l’information sans que les interactions soient aussi riches qu’avec 1000 followers.
Les followers vont partager l’information, la “retweeter”, simplement parce qu’il s’agit de la seule chose à faire.
Donner son avis ? Pour quoi faire ? Quelqu’un comme Eric Dupin (@pressecitron) doit recevoir plus de trente réponses à la moindre question.
Est-ce que vous pensez qu’il est possible ensuite de remercier/discuter/débattre avec chacune d’elle sans que cela devienne un job à plein temps ?
Lorsque vous avez 1000 followers, vous avez tendance à répondre à toutes les personnes qui vous envoient un message, voire à remercier pour chaque retweet.
Lorsque vous avez atteint 40.000 followers, le choix des personnes à qui répondre se fait de la même façon que sur le standard d’une radio. Cet “auditeur” a des propos intéressants, répondons-lui, donnons-lui la parole… même si cela signifie laisser l’immense majorité des autres personnes dans le silence.

Un outil pour anticiper  un trop grand cercle social ?

Et si la conversation devient plus difficile lorsque le nombre de followers dépasse un certain seuil, ce n’est pas seulement à cause de cette audience qui se sent intimidée. S’il est plus difficile pour les personnes de ressentir la même proximité avec une personne qui a 50.000 followers qu’avec une personne qui en a 500, la personne en question a aussi tendance à s’auto-censurer.
En effet, les personnes qui se retrouvent avec une audience énorme ont tendance à écrire de manière plus prudente, un peu comme un homme politique.

Clive Thompson terminait son article en se faisant la réflexion que, peut-être, fallait-il créer des outils qui récompenseraient l’anonymat, qui encourageraient à rester dans l’ombre. Il pense aussi à un service qui préviendrait les utilisateurs lorsque le cercle social devient trop grand pour être viable.
Je ne suis pas totalement convaincu par cette approche qui ne fonctionnera pas auprès du grand public, mais il a raison sur un point : être connecté à moins de personnes a un avantage : nous discutons avec eux, contrairement au fait de communiquer vers eux.

Billet initialement publié sur Web Tribulation

Image CC Flickr Desmond Kavanagh

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Ne méprisez pas forcément les goûts de Madame Michu http://owni.fr/2010/07/20/journalistes-ne-meprisez-pas-forcement-les-gouts-de-madame-michu/ http://owni.fr/2010/07/20/journalistes-ne-meprisez-pas-forcement-les-gouts-de-madame-michu/#comments Tue, 20 Jul 2010 13:05:11 +0000 Laura McGann http://owni.fr/?p=22400 Est-ce que les médias doivent donner à leur audience ce qu’elle veut ?

Changez “médias” par “entreprise” et “audience” par “clients” et la question devient absurde. Mais les journalistes considèrent traditionnellement que les goûts de leur audience ne doivent pas déterminer leurs choix éditoriaux. Le traitement basé sur les clics tire-t-il vraiment l’information par le bas, ouvre-t-il vraiment la voie aux galeries photo des bras de Michelle Obama et aux frasques des people ?

1 – La semaine dernière, quand le New York Times a écrit sur The Upshot, le blog de Yahoo, le journaliste s’est concentré sur la façon dont ce dernier allait utiliser les données de recherche pour guider ses choix éditoriaux :

Le logiciel de Yahoo étudie automatiquement les noms communs, les phrases et les sujets qui sont populaires parmi les utilisateurs à travers tout le réseau. Pour aider à créer du contenu pour le blog, appelé The Upshot, une équipe va analyser ces schémas et les transmettre à l’équipe éditoriale de Yahoo, composée de deux éditeurs et six blogueurs. Cette dernière utilisera ensuite ces données de recherche pour créer des articles – si le procédé fonctionne comme prévu – et va leur permettre de s’adapter plus précisément à leurs lecteurs.

L’équipe de Yahoo était estomaquée par l’article, expliquant que l’outil de recherche n’était qu’une partie de leur processus éditorial. Michael Calderone : “Le NYT est obsédé par l’utilisation d’un outil de recherche, et passe sous silence les choses plus ennuyeuses et traditionnelles (l’actu chaude, les analyses, les conférence éditoriales… etc.).” Andrew Golis : “Sérieusement, le NYT a oublié une myriade d’analyses et de reportages brillants et traditionnels pour ne garder qu’un minuscule aperçu des recherches.

2 – Le médiateur du Washington Post Andrew Alexander écrit que le titre est en pleine contradiction, entre les journalistes qui veulent utiliser les données des internautes et les reporters papier qui eux se demandent : “Si le trafic finit par guider les choix éditoriaux, est-ce que le Post choisira de ne pas se consacrer à des reportages importants, parce qu’ils sont ‘ennuyeux’ ?” Alexander note ensuite que l’article de la rédaction le plus visité de l’année précédente portait sur… Les Crocs. “L’article sur les Crocs illustre une réalité cruelle du Washington Post. Souvent (pas toujours), les lecteurs viennent pour les infos décalées ou inhabituelles. Ils sont plus motivés par des vidéos d’animaux mignons ou des galeries photos de célébrités.” Ou par des chaussures en caoutchouc.

Et si parfois “ce que le public veut” était plus sérieux que ce que lui donne le média ?

3 – Une étude du Pew sortie mercredi révèle que, alors que l’intérêt des gens pour la marée noire du Golf du Mexique avait légèrement diminué – de 57 % affirmant suivre l’affaire de près à 43% – la couverture de la fuite de pétrole avait chuté significativement, passant de 44% des actualités à 15 %. Et la baisse de l’intérêt du public a suivi la chute de la couverture, pas l’inverse. Pendant ce temps, les gens étaient submergés par l’affaire de Lebron James et Lindsay Lohan (note : les données couvrent la période allant du 10 juin au 10 juillet, donc avant que BP n’annonce avoir stoppé la fuite).

4 – Pendant ce temps, le bi-mensuel américain Mother Jones a sorti ses chiffres de fréquentation pour le deuxième trimestre. Les visiteurs uniques augmentent de 125 % d’une année sur l’autre et leur revenu a augmenté de 61 %. Cette période correspond à peu près à la décision du site de doubler sa couverture de la fuite de pétrole, même si les autres sujets ont également leur part dans cette augmentation. Kate Sheppard, journaliste du magazine, ne couvre presque que la fuite, alimentant en direct un compte Twitter avec des liens vers son propre travail ou celui d’autres collègues. Cela peut expliquer une partie de l’augmentation de 676 % en un an du trafic venant des médias sociaux. Pew a également révélé que la fuite de pétrole avait lentement pénétré dans le monde des médias sociaux, a pris de la vitesse et a atteint un sommet le mois dernier en représentant quasiment un quart de tous les liens sur Twitter.

Donner aux lecteurs ce qu’ils veulent peut-il concilier le bon journalisme avec une ligne éditoriale plus exigente ? Les deux ne vont pas aller de pair tout le temps, mais il est utile de se rappeler que “ce que l’audience veut” ne s’accorde par toujours avec le stéréotype.

Billet initialement publié sur The Nieman Lab ; image CC Flickr striatic ; traduction Martin Untersinger

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