OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Google inscrit les données aux Beaux-Arts http://owni.fr/2012/08/30/google-inscrit-les-donnees-aux-beaux-arts/ http://owni.fr/2012/08/30/google-inscrit-les-donnees-aux-beaux-arts/#comments Thu, 30 Aug 2012 12:32:17 +0000 Camille Gicquel http://owni.fr/?p=118989

Des données chiffrées utilisées comme matériel artistique. Ça s’appelle du Data-Art. Une démarche innovante poussée par Google pour soigner sa com’ et flatter l’efficacité de ses produits. Ainsi, cet été, Google adaptait neuf expérimentations artistiques de ce type aux navigateurs de smartphone. Pour mettre en valeur les possibilités offertes par une navigation sur tablette notamment la sienne, la nouvelle Nexus 7, qui sera mise en vente en France le 3 septembre prochain.

Au-delà de ces effets d’annonce, Google fait du Data-Art un de ses principaux sujets de R&D, comme le raconte son service presse :

Le Creative Lab est une équipe de designers, de rédacteurs, de technologues créatifs, de producteurs, de directeurs créatifs et de directeurs marketing dont la mission est de travailler sur des projets créatifs très divers qui font vivre l’image de Google.

Outre la réalisation de projets comme le YouTube Symphony Orchestra, le laboratoire cherche à mettre en valeur toutes les possibilités offertes par JavaScript, et ceci en fédérant différentes initiatives : les désormais institués “Chrome Experiments” sont une série de projets artistiques sur le web, la plupart étant réalisés par les internautes eux-mêmes. Ces projets intronisent les “artistes de données” et veulent faire de Chrome le navigateur internet du partage et de la création artistique. Parmi les artistes de l’équipe l’on retrouve REAS, Mr Doob, Ryan Alexander, Josh Nimoy, Toxi et surtout, Aaron Koblin, directeur de la création, qui explique sur le blog Data Visions :

Les analyses et les visualisations de données sont devenus des outils indispensables en science et dans le business, mais dans les mains d’une nouvelle génération d’artistes digitaux, la data subit une métamorphose, d’une unité d’information vers un moyen d’expression fascinant, beau et expressif.

Not your mother’s JavaScript

La Google Data Arts Team est à la pointe de la technologie et repousse les barrières de l’utilisation de JavaScript, d’où leur devise “Pas le JavaScript de ta mère”. Elle a recours à différents outils notamment le HTML5 Canvas, SVG et WebGL, mais cherche surtout à faire de l’un des navigateurs les plus avancés une vitrine pour ses projets.

L’open source comme credo, le Creative Lab donne la possibilité aux internautes de récupérer les codes en ligne afin de se les réapproprier et de contribuer aux Chrome Experiments. Les internautes-artistes peuvent d’ailleurs commenter les projets et faire part des difficultés qu’ils rencontrent. Le Creative Lab relaie ensuite une sélection des créations JavaScript les plus réussies.

Expérimental et avant-gardiste. Certes. Mais l’entreprise californienne ne s’est pas lancée sur cette voie par hasard. Alors que Microsoft se positionne sur le marché de l’éducation, Google a donc placé une partie de ses pions dans un domaine encore négligé par ses concurrents : le Data Art.

Stratégie marketing

L’entreprise de San Francisco soigne l’aspect marketing, et met en valeur ses plus gros projets par des partenariats prestigieux. Outre les musées new-Yorkais ou londoniens avec lesquels elle coopère, elle fait une sélection stricte des chansons qui accompagnent ses travaux.

La musique, autant que l’internaute et les partenaires culturels, joue en effet un rôle primordial dans ses expérimentations. On y retrouve des grands noms comme Arcade Fire, Norah Jones, Danger Mouse, ou Daniele Luppi. Mais il n’est pas étonnant de voir une telle stratégie se mettre en place.

Le service de presse de Google France rappelle que ces projets ne rapportent financièrement que très peu à la compagnie : “Nous ne nous faisons pas d’argent là dessus“. Le mode de rétribution principal reste donc la visibilité, d’où la participation d’artistes reconnus, en espérant que les téléchargements de Google Chrome suiveront.

Si ces derniers sont gratuits, ils représentent un aspect économique important de la compagnie. Plus les internautes utiliseront Chrome, plus Google aura de publics cibles à revendre aux entreprises publicitaires. Sans remettre en cause la haute qualité des expérimentations, Google semble avoir fait d’une pierre deux coups : se vendre comme une entreprise innovante dans le domaine de l’art et conquérir de nouveaux marchés de publicitaires.

Collaboratif

L’équipe avisée de professionnels du secteur cherchent donc à surfer sur les tendances de demain et valorisent certaines pratiques plébiscitées, notamment le crowdsourcing.

Aaron Koblin, directeur de la création, artiste geek diplômé de l’Université de Californie de Los Angeles (UCLA), n’en était pas à son premier essai en intégrant le Creative Lab. Il s’était déjà fait remarquer lors de la réalisation du clip 3D de Radiohead “House of Cards” en 2008. De même, ses réalisations The Sheep Market et The Single Lane Superhighway, deux projets collaboratifs invitant les internautes à dessiner un mouton et une voiture, avaient été salués pour leur aspect innovant.

Dans ses premiers projets comme dans ceux réalisés au sein du Creative Lab, Koblin s’est donc attaché à placer l’internaute au cœur des expériences en lui offrant une palette d’outils. Partout dans le monde, derrière son écran, chacun peut donc contribuer à ces projets collaboratifs. Quoi de mieux que de valoriser la participation des internautes, les impliquer dans un projet précurseur et attractif pour les attirer et les fidéliser à un produit, Chrome.

Le temps du rêve

Si tous les projets présents sur Chrome Experiments révèlent les capacités saisissantes du navigateur et de JavaScript, “3 dreams of Black” est certainement le plus abouti. À mi-chemin entre le jeu vidéo et le clip musical, le Creative Lab reste fidèle à son ambition de placer l’internaute au cœur de ses projets et en fait l’acteur principal de cette vidéo interactive.

Plongé dans trois rêves différents, il découvre les mondes imaginés par la Google Data Arts Team et peut les explorer, le tout au son de la chanson Black tirée de l’album “Rome” de Danger Mouse, Daniele Luppi et Norah Jones. Le projet se fait remarquer par l’esthétisme de son travail graphique, tout autant que sa programmation.

Savez-vous planter les arbres, à la mode, à la mode…

Même chose dans “This Exquisite Forest” mis en ligne le 19 juillet dernier, et dont vous pouvez voir la vidéo d’introduction ci-dessous. Le projet réutilise un concept développé par les surréalistes français dans les années vingt : le cadavre exquis. Les internautes collaborent donc autour d’un même projet (ou autour d’un même arbre dans le cas présent), qu’ils peuvent eux-mêmes créer, sans tenir compte de ce que font les autres. Ils peuvent interagir autour du même arbre au même moment “d’un même début vers plusieurs fins différentes”. Tous les outils sont mis à la disposition de l’internaute : les consignes concernant le thème de l’arbre, le choix des couleurs, les effets etc. (pour les moins aguerris, les deux/trois heures passées sur Paint il y a quelques années devraient vous aider).

Mais le projet ne s’arrête pas là. Google s’est associé au Tate Modern de Londres dans lequel les visiteurs pouvaient également participer via des tablettes numériques, et découvrir le travail des internautes. Comme l’explique Jane Burton, directrice de la création du musée :

Il s’agit d’une collaboration créative entre des artistes, les visiteurs du Tate et une large communauté en ligne.

On retrouve aujourd’hui une véritable forêt aux sujets variés : “le feu”, “briser un mur”, “la ligne”, “l’histoire du savon” ou encore “d’une goutte d’eau…”

Cinq applications dans un labo

Tout aussi impressionnant, nous retiendrons le Web Lab réalisé en partenariat avec le musée des sciences de Londres. Le projet permet aux utilisateurs de collaborer autour de cinq expérimentations de Chrome : l’orchestre universel qui permet de jouer de la musique avec toute la communauté en ligne ainsi que les visiteurs du musée. Le téléporteur offre lui une visite en direct de certains lieux de la planète, et permet de prendre des photos pour ensuite les partager.

L’application sketchbot de son côté vous tire le portrait, ce qui permettra à un robot de reproduire votre visage en direct dans le musée de la capitale britannique. De plus, une recherche par mot-clé vous permet de tracer des données, et de découvrir où sont stockées les images issues de votre exploration. L’application permet d’appréhender l’étendu du réseau internet. Enfin, l’explorateur LabTag ouvre la voie vers les créations des autres visiteurs.

Flashback

Retour en enfance et plongée au cœur de sa ville natale dans “The Wilderness Downtown“, projet pour lequel la Data Arts Team a remporté le Grand Prix Interactif de Cannes en 2011. Après avoir entré le nom de la ville de son enfance, le navigateur offre une véritable chorégraphie de fenêtres pop-up, chacune dévoilant de nouvelles vidéos au rythme de “We used to wait” du groupe anglais Arcade Fire. L’équipe mobilise ici toutes les facultés de Chrome ainsi que Google Earth.

L’on peut voir un enfant courir dans une rue pendant qu’une autre fenêtre survole la ville, et qu’une troisième laisse voir des oiseaux se déplaçant en groupe. Une dernière fenêtre propose un mode street view pour une immersion totale.

L’expérience a ensuite donné lieu à une exposition au Musée d’Art Moderne de New-York. Si le projet demeure impressionnant, le bruit du ventilateur de votre ordinateur portable risque de masquer le son de la musique. Et si, comme moi, vous êtes originaire d’une petite ville (pour ne pas dire une ville “paumée” comme on me l’a soufflé à l’oreille) la qualité de Google Earth peut laisser à désirer.

Petit bémol, ces réalisations transforment souvent votre petit ordinateur portable en chauffage d’appoint, et vous font monopoliser toutes les bandes passantes de votre réseau.


À lire aussi : Google Art Project : Tout n’est pas rose
Illustration : capture d’écran issue du film ROME réalisé par Aaron Koblin

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Spéléologie urbaine à Brooklyn http://owni.fr/2011/05/08/speleologie-urbaine-ville-newyork-brooklyn-art/ http://owni.fr/2011/05/08/speleologie-urbaine-ville-newyork-brooklyn-art/#comments Sun, 08 May 2011 14:45:47 +0000 Louis Imbert http://owni.fr/?p=61253 MAJ le 9 mai : Quatre explorateurs urbains ont été arrêtés hier et sont poursuivis pour être entrés illégalement dans les tunnels du métro new-yorkais. Ils avaient avec eux bougies, feux d’artifice et appareils photos. Les risques du métier.

Un groupe d’une vingtaine de personnes, jeunes pour la plupart et élégantes en chaussures de ville, à barbes fournies, traverse un mur de béton effondré, débouchant du canal de Gowanus, à Brooklyn, sous les murs de brique rouge d’une centrale électrique désaffectée. Elles se rassemblent sur le parvis jonché de branches d’arbres épaisses, débitées il y a quelques années et laissées là, blanchies.

Ils observent les quatre étages de l’usine, l’immense tag blanc qui court sur son fronton – “OPEN YOUR EYE GIRL” – les fenêtres alternativement bordées de fer et ouvertes au vent. Derrière, sur le canal, du linge sèche entre les deux fenêtres d’une maison flottante, accrochée à la rive du cours d’eau le plus pollué de New York.

On se demande ce que ces visiteurs font ici, puis on se retourne la question : nous sommes à l’intérieur de l’usine abandonnée, allongés sur le sol du quatrième étage.

Nous les observons dans l’ombre, en silence, aux côtés de Shane Perez, 28 ans, un “explorateur urbain” qui depuis dix ans parcourt les friches de New York : des stations de métro désaffectées, des hôpitaux psychiatriques à l’abandon, des usines, des tunnels d’égouts, des collecteurs d’eau… Tout ce qui rouille et paraît inaccessible au citadin moyen; les structures secrètes de la ville.

Soudain, Perez se lève et se met à courir d’un bout à l’autre de l’étage, passant devant trois arcades ouvertes. Les visiteurs ont aperçu une ombre, ils se taisent, ils hésitent.

L’important, dit Perez, c’est qu’ils doutent. C’est le mystère.

Quelques minutes plus tard, nous sommes de nouveau seuls.

Un petite communauté secrète

Perez et son petit monde d’explorateurs, appelés aussi “historiens-urbanistes-guérilleros” ou “spéléologues urbains” – les noms et les pratiques varient d’un groupe à l’autre – forment une communauté semi-secrète, pas très légale et extrêmement active à New York. Ils se sont organisés à la traîne des mouvements de graffeurs apparus dans les années 1970.

La plupart se baladent appareils photo en mains, photographiant les tags croisés au fil de leurs explorations. “Les graffeurs sont toujours passés avant toi, quoi que tu fasses”, dit Shane Perez. Ils sont nombreux à alimenter des blogs qui croisent d’autres scènes à Boston, Chicago, Los Angeles, Paris, Rome et Berlin…

Ils ont en commun une envie enfantine d’aller voir derrière les panneaux “No Trespassing”, de comprendre comment la ville marche en prenant de-ci, de-là, une décharge d’adrénaline.

J’aime voir comment les choses reviennent à leur état naturel quand nous les abandonnons ; comment elles se délabrent, disait Perez en février dernier, alors que nous visitions une station de la ligne ferroviaire qui reliait Long Island City à Manhattan Beach jusqu’en 1924. Des arbres avaient poussé au milieu de la plateforme. Avec le temps, tout ça sera effacé, disait-il.

Notre usine au bord du canal de Gowanus transformait du courant alternatif en courant continu pour alimenter les lignes d’une compagnie de métro privée absorbée par l’État de New York en 1968. Les machines ont disparu. Restent quatre immenses étages couverts de graffitis, squattés jusqu’il y a deux ans environ par un groupe de punks.

On y croise un petit chien de faïence en équilibre dans l’escalier. Deux pendules accrochés au plafond du deuxième étage se balancent dans les bourrasques de ce dimanche d’avril, lumière vacillante : une carcasse de vélo d’enfant liée à six jantes et une peluche du diable de Tasmanie des Looney Tunes ; sa bouche crevée largement ouverte laisse filer des petites balles de polystyrène dans le vent. Il y a encore des chambres inhabitées dans les sales adjacentes aux hangars, tristes, avec du matériel de peinture, du verre brisé collé aux murs, des autocollants de la série télévisée Jackass à têtes de mort et béquilles croisées, cette inscription à cheval sur deux cloisons :

Runaway train, runaway train never going back.

Depuis le toit branlant de l’usine, la vue sur les maisons de briques de Brooklyn, qui s’étalent jusqu’aux buildings de Manhattan, déjà illuminées, est saisissante.

Le fond de ce genre d’expérience, dit Steve Duncan, 32 ans, un pilier du petit milieu des explorateurs new-yorkais, c’est de faire un pas dans le noir et de se retrouver seul là-dedans, parfois en escaladant, en se faisant peur avec l’altitude. L’intensité [de l'expérience] permet d’ancrer ces lieux dans vos souvenirs.

New York est un terrain de jeu

Combien y-a-t-il d’explorateurs urbains à New York? Un journaliste du New York Times citait récemment Bob Dylan à ce propos, à qui l’on demandait en 1965 combien de chanteurs contestataires l’Amérique comptait. Réponse sarcastique de Dylan: “Uh, combien? A peu près 136, je pense.” Quoi qu’il en soit, pour le petit jeu des explorateurs, New York offre un terrain hors norme.

D’abord parce que la ville affiche un vaste réservoir de bâtiments abandonnés, bien que diminuant à vue d’œil. Personne ne les compte ici, mais on peut se faire une idée du nombre en évaluant le délabrement du parc immobilier actif : en 1999, près de 20% des habitations de New York souffraient de sévères violations des normes de salubrité, essentiellement dans le Bronx et à Brooklyn. En 2010, le taux était tombé à 5,5%, selon le Centre Furman pour les politiques immobilières et urbaines, à l’Université de New York.

Brooklyn, ancien poumon industriel de cette ville essentiellement portuaire et commerçante, compte encore quelques beaux restes d’usines. “Ces deux dernières années, la moitié de mes visites d’usines, je les ai faites juste avant qu’ils ne commencent des travaux de démolition”, dit Joe Anastasio de ltvsquad.com, 37 ans, l’un des plus anciens explorateurs de New York, qui garde toujours un œil ouvert sur les panneaux annonçant l’ouverture d’un chantier.

Anastasio est l’un des meilleurs connaisseurs du métro new-yorkais, l’un des terrains favoris des explorateurs locaux. Trois compagnies privées ont développé ce réseau tentaculaire à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, chacune avec des normes différentes : les rails et les wagons ne correspondent pas, rien n’a été unifié depuis.

Le réseau fonctionne 24 heures sur 24, il mêle lignes express et locales et affiche un nombre incalculable de stations abandonnées, de caves et recoins avalés par des constructions postérieures, comme cette étrange cave à vin, propriété d’une compagnie dissoute au début du 20ème siècle, qui domine en haut d’une crête, une station où les trains ne s’arrêtent plus. “C’est calme là-bas” dit Anastasio, “étrangement relaxant.”

Balades illégales dans le ventre de la ville

Steve Duncan, un grand type au visage osseux, aux cheveux blonds filasses, facilement lyrique quand on le branche sur son sujet, a commencé ses explorations en étudiant à l’université de Columbia en 1996 : il s’intéresse au projet Manhattan, qui donnera naissance à la bombe atomique en 1945. Des expériences avaient été menées à Columbia à la fin des années 1930.

Je cherchais des tunnels secrets dont les étudiants parlaient, dit Duncan. Je ne les ai pas trouvés mais descendre là-bas, c’était excitant, c’étaient des couches d’histoire qui se révélaient peu à peu, des vestiges.

Depuis, Duncan a continué sous terre. Il a tenté de creuser une voie d’accès sous le tunnel du train Amtrack, qui court le long de la Hudson river, sans savoir qu’une entrée plus facile était et reste ouverte au nord. Le tunnel permet de descendre quelques 55 rues de New York en ligne droite, le sifflement des trains y est assommant.

Selon Duncan, et une dizaine d’explorateurs rencontrés pour cet article, il est impossible de marcher plus de trois kilomètres dans une structure abandonnée à New York – la plus longue marche possible semble passer par une série de stations abandonnées dans le Sud de Manhattan, reliées par une autre en activité. Nombre d’explorateurs citent les catacombes de Paris en modèle pour passer plusieurs jours de rang sous terre. Duncan cite également les carrières qui trouent le sous-sol d’Odessa, en Ukraine et celles de Naples – un monde de huit millions de mètres-cubes.

A New York, les lieux sont cloisonnés, dit Duncan, “à chaque fois c’est un monde fermé.

À moins bien sûr de passer par les tunnels de métro actifs, à vos risques et périls. Cette année, entre le 1er janvier et le 12 avril, 28 personnes y ont été heurtées par des trains et 16 sont mortes, selon une porte-parole de la MTA, la compagnie qui gère le métro new-yorkais. Impossible de savoir combien de ces cas représentent des suicides. Aucun explorateur rencontré pour cet article ne se souvient d’un accident majeur impliquant l’un des leurs.

Les randonnées de Duncan et de ses camarades impliquent bien souvent d’ignorer les lois de la propriété privée. Mais elles ne mènent pas bien loin : 50 à 150 dollars d’amende, une nuit en prison et au pire, une citation à comparaître. La sentence sera plus lourde pour qui se promène avec une bombe de peinture dans son sac.

Si vous vous baladez en coupant les serrures et en enfonçant les portes, quelqu’un finira par s’énerver, dit Shane Perez. Moi je prends simplement des photos, je laisse tout en l’état.

Documenter la ville abandonnée

En février dernier, Shane Perez nous emmenait dans un tunnel de fret désaffecté dans le quartier d’East New York, à Brooklyn. Pendant une petite heure, nous avancions dans le noir entre les rails, éclairés seulement par nos lampes frontales ; puis longeant un train de marchandises infini, nous trébuchions sur le ballast, dans un espace juste assez large pour y passer deux épaules, le dos collé alternativement aux parois du tunnel et aux wagons.

La ballade avait quelque chose d’hypnotique, on attendait le bout du tunnel, on espérait que le soleil ne serait pas couché à la sortie mais impossible de savoir. A l’arrivée, on débouchait sur d’autres trains qui semblaient immobilisés depuis un bail, tagués frais de la veille – une bombe rose était renversée sur la neige, la peinture avait giclé autour… Et pas grand-chose d’autre. Au final, ce n’était qu’un tunnel sale et il était difficile de ne pas se sentir frustré, de ne pas regretter un résultat plus tangible pour l’effort accompli.

“On ne cherche pas des trésors”, dit SeungJun Kim, 37 ans, exploratrice depuis trois ans et ancienne archéologue – elle a fouillé quatre ans sur un site grec de Sicile, à Selinunte.

Comme en archéologie, une large part du jeu, ce n’est pas de trouver de beaux objets mais de saisir un peu du contexte des lieux : de déterrer une strate d’histoire après l’autre. Elle ajoute une dimension tactile : L’important, c’est d’aller se placer physiquement dans cet espace.

SeungJun Kim, qui enseigne l’histoire de l’art à Columbia, parle de maisons abandonnées à proportions humaines – de l’impression physique que l’on ressent devant un sol écroulé au milieu d’une pièce, face à une série d’escaliers devenue inaccessible. Elle parle de dessins d’enfants – ce que représente une maison, un foyer – et de proportions architecturales classiques, calquées sur la nature et le corps humains, ou inhumaines, comme celles de nos usines et tunnels. Elle parle aussi du plaisir un peu idiot d’escalader le pont de Brooklyn, pour aller voir Manhattan de là-haut.

“De nombreuses infrastructures de New York ont été bâties pour être admirées comme des monuments publics”dit Stanley Greenberg, un photographe qui a publié deux livres sur le système d’alimentation en eau et les infrastructures secrètes de New York. Au début du 20ème siècle, “les gens partaient en excursion le week-end pour aller voir ces lieux, c’étaient des endroits magnifiques”. Les new-yorkais allaient pique-niquer sous le vieil aqueduc de Croton, au nord de Manhattan. “Plus tard, dit Greenberg, nous avons construit des structures plus secrètes, des architectures en phase avec la période de guerre froide. »

Traîner dans ces égouts et ces caves, cela demande une passion un peu maniaque, un groupe pour vous motiver ou une imagination enfantine relativement intacte, celle des maisons hantées du Queens que Joe Anastasio a commencé à explorer vers ses 13 ans, pour continuer pendant 24 ans un peu partout à New York.

Dans les tunnels, il n’y a plus que vous et votre cerveau, dit-il, et si vous ne savez pas vous tenir compagnie, alors vous ne devriez pas être là-bas tout seul.


Retrouvez notre Une sur les explorateurs urbains (illustration CC Loguy)
- Une galerie Street Art dans le ventre de New York
- Miru Kim: la ville, nue

Vidéo UNDERCITY par Andrew Wonder sur Vimeo

Crédits photos : Steve Duncan, Undercity et Rebecca Perdue © tous droits réservés

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Jeunes artistes : laissez-les chanter http://owni.fr/2011/04/29/festivals-les-jeunes-a-la-remorque-festivals-musique/ http://owni.fr/2011/04/29/festivals-les-jeunes-a-la-remorque-festivals-musique/#comments Fri, 29 Apr 2011 16:13:09 +0000 Claire Berthelemy http://owni.fr/?p=60049 Shaka Ponk, Yodelice, Lavilliers, Louis Chedid, Catherine Ringer, Keren Ann, Archive, BB Brune, AaRON, Katerine… tous vont se partager les scènes des différents festivals cette année. Leur notoriété semble plus importante que la découverte de jeunes pousses. Pourtant, les faire jouer coûte cher. Plus cher que de nouveaux talents.
Les tourneurs, qui organisent les tournées de ces artistes, expliquent cet état de fait par la notoriété du chanteur ou du groupe, qui permet le plus souvent aux programmateurs de rentrer dans leurs frais.

Aux Francofolies de la Rochelle, le ratio découverte/tête d’affiche est sensiblement le même chaque année: 15 pour 40. Les Premières Scènes Franco sont des scènes découvertes. Au nombre de douze environ cette année, ce sont des jeunes qui sortent du Chantier des Francos, inconnus du grand public. Du côté du festival, on affirme que :

Certains débutent dans le milieu et d’autres un peu moins mais, en général, il faut être curieux pour déjà les connaître ou les avoir entendus.

Entre la norme et la réalité parfois, il y a comme un grand écart. Au programme de cette édition 2011 des Francofolies, les Twin-Twin, qui bénéficient d’une certaine exposition, sont par exemple classés “découverte”. Mais aussi Mélanie Laurent, Zaz ou Ours, les deux derniers étant pour les programmateurs de “jeunes talents”, découverts l’an dernier au cours du festival. Le pari de lancer quelques jeunes talents semble dans ce cas réussi.

Et les retours sur investissement largement supérieurs à ceux escomptés. Sur les 130 concerts cette année, les artistes de la grande scène – ceux qui remplissent les salles le restant de l’année – vont jouer sur cinq scènes différentes par soir pendant quatre soirées. Pour le 14 juillet, ces privilégiés seront au nombre de six. Soit environ 26 chanteurs et/ou groupes mis en concurrence avec ces jeunes inconnus “à connaître”. Sans compter quelques artistes déjà plutôt médiatisés sur les quatre autres scènes. La programmation compte en effet plus de 40 chanteurs ou groupes dont la renommée est déjà faite et une quinzaine de véritables découvertes.

Money Money Money, must be funny

Parmi les artistes confirmés, les plateaux (salaires, cachet de l’artiste et les frais de route entre autres) sont élevés, sans que les artistes gagnent forcément des sommes pharamineuses. Un tourneur explique qu’avec un plateau évalué à 15.000 euros, il revient en moyenne 2.000 euros à l’artiste. Rien à voir avec le cachet que touche un débutant. Les prix de plateaux demandés par les tourneurs aux programmateurs de festivals sont “gonflés”. Sur l’ensemble des personnes contactées par OWNI, aucune ne donnera de montant précis: point de transparence pour les “grands” artistes.

Izia aux Solidays 2010

La raison principalement invoquée repose avant tout sur l’argument selon lequel“personne ne sait combien l’artiste touche pour un concert de tournée classique”. La négociation se joue alors sur le nombre de spectateurs potentiels. En effet, l’artiste se produisant en festival devant plusieurs milliers de personnes demandera à toucher plus qu’au cours des concerts du reste de l’année, ayant lieu le plus souvent dans des salles pouvant contenir beaucoup moins de spectateurs.

Come on, die young

Pour un jeune talent, le festival d’été est souvent le meilleur moyen de toucher beaucoup de monde d’un seul coup et, parfois, de lancer ainsi sa carrière. Le parcours des festivaliers en goguette permet souvent d’attirer l’attention de certains vers la scène découverte. Quitte ou double pour l’artiste en question. Son tourneur négocie sa présence le plus souvent en démarchant et en présentant son poulain. En amont des festivals, c’est lui qui invite les organisateurs aux dates de son artiste, qui envoie des mails et serre des mains lors des soirées, et ce bien longtemps avant la date d’ouverture des festivals. Parce qu’il y croit, il n’a pas forcément à l’esprit la rentabilité. Un booker – terme anglais désignant un tourneur – explique qu’il est “obligé de prendre 15 % mais que sa marge n’est pas vraiment très élevée”.

Prenant l’exemple d’un artiste – qu’il ne souhaite pas citer -, il estime qu’il “coûte” 2.500 euros au total. Pour une date de quatre musiciens dont un chanteur, et deux techniciens (un ingénieur du son et un régisseur), il propose à l’organisateur du festival un prix de plateau. Dans ce prix de plateau sont compris les salaires, le cachet de l’artiste et les frais annexes. Le tourneur explique que :

Parfois, tu es au delà de ce que tu vas pouvoir récupérer sur la date en elle-même puisque tu vas peut-être dépenser plus que ce que ça va te rapporter. C’est juste une indication pour l’organisateur du festival.

Ces 2.500 euros tiennent compte des 170 euros brut du cachet de l’artiste (environ 80 euros net). Un technicien lui “coûte” 100 euros net soit environ 210 en incluant les charges salariales. On arrive selon lui à près de 1.000 euros de masse salariale. Si on ajoute l’ensemble des frais liés à la logistique (location du camion, péage, nourriture), le pari de la jeune découverte l’endette – à court terme – de 2.000 euros.

Un pari risqué, donc. Se tourner vers les artistes côtés et reconnus représente l’assurance de ne pas perdre trop pour le tourneur et les programmateurs. S’investir pour faire découvrir un artiste se joue en amont du festival et implique un plan marketing visiblement plus complexe que pour une tête d’affiche. Il s’agit d’insister, de procéder avec méthode en partant du petit concert du coin au festival régional et enfin, à la gloire. Les festivals sont toujours vus comme des tremplins, l’idée étant pour les promoteurs de gérer le développement de leur artiste sur le long terme, pas de rentrer dans leurs frais dès le départ.

Mais entre les dépenses engendrées et l’assurance de pouvoir placer un artiste dont on sait qu’il va remplir l’espace ou le carré d’herbe devant la scène, le choix est fait. Celui de faire venir la foule. Et ce même si l’artiste plébiscité peut coûter cinq à dix fois plus cher que la jeune pousse enthousiaste.

> Illustrations Flickr CC J0k, Shugga

> Retrouver nos articles dans le dossier Festival : C’était mieux avant ?et Festivals cherchent finances

Image de Une Mick ㋡rlosky

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Artistes, vous êtes votre meilleur outil marketing http://owni.fr/2011/04/08/artistes-vous-etes-votre-meilleur-outil-marketing/ http://owni.fr/2011/04/08/artistes-vous-etes-votre-meilleur-outil-marketing/#comments Fri, 08 Apr 2011 15:58:46 +0000 Robin Davey http://owni.fr/?p=31504 Robin Davey est un musicien, réalisateur de films et producteur né au Royaume-Uni et vivant actuellement à Los Angeles. Avec son groupe The Hoax, il a eu les honneurs du British Blues Hall Of Fame à l’age de 23 ans. Son groupe actuel, The Bastard Fairies, a été le premier groupe à proposer son album en téléchargement libre sur internet en 2006. Cet album s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires.

Alors que les artistes rêvent que la musique avec un grand M occupe une place centrale dans l’industrie, dans la réalité, beaucoup d’éléments sont à mettre en place afin de pouvoir lancer une carrière.

Les dirigeants des maisons de disques et certains attachés de presse aimeraient vous faire croire que le grand M c’est pour le marketing. Ils adorent que tout le monde sache que c’est grâce à eux et leur stratégie qu’un artiste a émergé. En réalité, la raison pour laquelle un projet connait le succès, ça n’est ni grâce au grand M de marketing, ni au grand M de musique mais au grand M de “marketabilité” et cette qualité-là est entre les mains de l’artiste lui-même. Les artistes qui rencontrent le plus de succès, qu’ils soient mainstream ou qu’ils opèrent dans un genre de niche, sont ceux qui savent qu’il s’agit là de la clé pour grandir et vivre de son art.

Trop d’artistes échouent parce qu’ils mettent tous leurs oeufs dans le même panier. Ils négligent certains ingrédients qui, s’ils ne font pas clairement partie de l’équation, conduisent inévitablement à manquer des opportunités et à rater sa carrière.

La sphère dans laquelle vous pouvez faire connaître votre musique est plus large que jamais. Cela peut aller d’une couverture de magazine, à inciter un fan à partager votre dernière vidéo. Un magazine peut toucher des milliers de gens, ainsi inciter un millier de lecteurs à partager votre vidéo sur leurs profils, et le potentiel de la viralité exacerbe la portée de la publication physique.

Les stratégies aussi sont plus ouvertes. Etre un artiste des moins “marketables” peut bizarrement se trouver être un très bon outil de marketing, à condition que cette qualité soit utilisée à bon escient. Quoiqu’il en soit, ce sont les artistes qui doivent se montrer malins en étant conscients de ce qu’ils font et de la manière dont ils se présentent. Il n’existe rien de pire pour freiner une campagne qu’un artiste qui n’est pas à l’aise avec la façon dont on le présente.

3 éléments essentiels

Peu importe qui vous aide à marketer votre musique, il existe quelques éléments qui vous aiderons à être suffisamment marketable pour apparaitre en une de tel ou tel magazine, ou pour que des milliers de fans partagent vos liens sur leurs profils.

1. Vos compétences musicales :

Il existe une raison pour laquelle les footballeurs s’entrainent tout le temps; leur jeu doit rester à la pointe et leur forme demeurer olympique. Si vous souhaitez être un musicien pro, vous devrez adopter la même attitude. Votre esprit, votre voix et vos doigts devront être entretenus et devenir de plus en plus performants. Si vous pensez que votre talent inné suffira à faire votre notoriété, prenez l’habitude de n’être une star que pour vos amis et votre famille.

Quand quelqu’un parle d’une personne pour qui la musique coule de source, il ne fait pas référence à un être plus extraordinaire qu’un autre mais bien à quelqu’un qui a travaillé dur afin d’optimiser son talent, sans jamais baisser les bras. Le résultat de ce travail acharné, c’est que son aptitude à jouer devient naturelle. Nous pouvons tous marcher et parler, parce que nous le faisons constamment, tous les jours. C’est la même lorsque vous jouez d’un instrument ou chantez, vous devez vous plonger dedans dès que vous avez une seconde de libre.

Quand on monte dans un avion, on aime savoir que le pilote a effectué ses heures de formation. Quand vous êtes sur scène, vous êtes le pilote de votre public, et plus vous contrôlez le bon déroulé de leur soirée, plus ils seront receptifs.

2. Vos compositions

Une bonne composition est un excellent outil de marketing. Quoiqu’il en soit, n’avoir qu’une seule composition géniale, sans en avoir d’autres pour la soutenir, c’est se promettre une brillante carrière dans le karaoke plutôt qu’un succès aux VMA’s (MTV Video Music Awards, la grande cérémonie musicale de la chaîne aux Etats-Unis, ndt).

Tout comme l’apprentissage de la musique, la composition prend du temps afin de trouver le bon équilibre. Si par hasard il vous arrivait d’écrire et de sortir une chanson efficace trop tôt, elle pourrait condamner votre carrière à jamais. Plus vous écrirez, plus votre musique deviendra sincère et vos compositions meilleures. Trop d’artistes ne dépassent jamais le stade de l’imitation. Ils s’arrêtent de travailler pensant qu’ils ont découvert une formule qui leur permet de rencontrer leur public. Quand cette formule ressemble indéniablement à celle de quelqu’un d’autre, on peut trop souvent croire à tort qu’elle est marketable. Ce n’est pas le cas, car les gens sont capables d’entendre la différence. Même s’ils ne réussissent pas à vous le dire avec des mots, ils vous le feront comprendre en n’investissant pas à long terme sur vous et votre art.

Vous devez vous forger votre identité propre, sans quoi la comparaison avec Bob Dylan deviendra vite “il n’est qu’un Dylan de seconde main” et ça n’est pas bon pour votre carrière. Etre comparé à d’autres, c’est bien, mais si tout ce que vous pouvez faire c’est d’être comparé, vous ne tiendrez pas longtemps.

Ecrire vos propres chanson et être capable d’en écrire pour d’autres augmente considérablement votre marketabilité. Les collaborations sont très utiles quand il s’agit de séduire les fans des autres. Pas besoin de vous fixer tout de suite l’ambition d’écrire pour Lady Gaga; ça peut être pour un groupe local. Toute collaboration augmentera votre visibilité et votre merketabilitée.

3. Votre image

Comprendre ce qui vous va et vous met en valeur demande beaucoup d’implication de votre part. Il est très important que vous travailliez sur ce point. Ce n’est pas parce que vous réussirez à vous faire habiller par un super styliste pour une séance photo que vous n’aurez pas l’air de rien le reste du temps. Si vous savez ce qui vous va, vous pourrez tirer le meilleur de votre collaborateur sur ce point.

Pas la peine d’en faire des tonnes, pas la peine de vouloir choquer à tout prix, mais soyez d’être honnête et convainquant. Nirvana portait des jeans et des t-shirts déchirés, et les ados adoraient ça parce que ça leur semblait “vrai” et en cohérence avec leur style musical. Madonna a repoussé les limites de son époque avec succès parce qu’elle le faisait sans s’excuser. Tom Waits continue à jouer sur le personnage qu’il s’est crée, ce qui renforce son côté “authentique”.

Il n’y a pas de règle établie, mais si vous êtes un diplômé d’université orginaire des Hamptons (lieu de villégiature très uppé et prisé de la côte est des Etats-Unis, ndt), et que vous essayez d’incarner un vagabond californien, peut-être vous faut-il réviser votre stratégie. La meilleure façon d’être crédible est, comme je l’ai dit auparavant, d’être honnête. Si vous aimez faire semblant d’être quelqu’un d’autre, je vous conseille de devenir acteur. Au cas où vous ne seriez pas au courant, l’industrie de la musique ne paie pas très bien ces temps-ci, et la concurrence est féroce.

Le temps nous dira si le défilé de mode permanent de Lady Gaga donnera quelque chose sur sa carrière à long terme. Peut être que dans dix ans, en voyant un best of des années 2010 à la télé, on se dira “ah oui je me souviens d’elle, je crois qu’elle tient un karaoke dans le Texas, maintenant”. L’image de Gaga est clairement “marketable”. Est-elle durable pour autant ? C’est une toute autre question…

Pour conclure

L’honnêteté et le talent seront toujours les grands vainqueurs. Bien sûr, certains ont réussi dans le business de la musique et eu un minimum de succès pour de mauvaises raisons, mais il est de plus en plus rare que ce soit le cas. Vous voulez être célèbre ? Faites de la télé réalité, vos quinze minutes de gloire n’attendent que vous.

Vous voulez devenir un musicien à succès ? Dans ce cas, il faut vous accrocher. Comprendre qui vous êtes, pourquoi vous êtes comme ça, comment véhiculer tout cela au mieux etc. Cela demande du temps, de l’acharnement et, oh oui, une put*** de dose de boulot !

Article initialement publié sur Music Think Tank sous le titre “3 elements of music marketability” et traduit par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet

Crédit photos : Jinx!, Skip The Filler, agirregabiria

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MON-DIA-LI-SEZ VOUS ! http://owni.fr/2011/03/08/mon-dia-li-sez-vous/ http://owni.fr/2011/03/08/mon-dia-li-sez-vous/#comments Tue, 08 Mar 2011 13:40:25 +0000 Martin Frascogna http://owni.fr/?p=30782 Martin F. Frascogna est un avocat spécialisé dans les questions liées au domaine de l’entertainment. Il intervient auprès de différents labels, tant sur le territoire américain qu’à l’international, afin de les aider à développer leurs catalogues et les opportunités de partenariats à l’échelle mondiale. Il collabore majoritairement avec des artistes indépendants au budget serré. Il tient un blog intitulé Music Globalization sur lequel il détaille ses observations professionnelles.

Dans ce billet, il se sert de son expérience pour attirer notre attention sur une question cruciale pour l’industrie de la musique aujourd’hui : la mondialisation, ses effets et ses bienfaits pour les artistes.

Mon blog traite rarement d’histoires personnelles. Ce billet requiert pourtant que l’on enfreigne cette règle et que je partage cette histoire vécue, qui va essentiellement définir le sujet de cet article.

Avant de devenir avocat dans le secteur de l’entertainment, je me plaisais à partager mon temps entre des jobs liés à l’industrie et la fac. En ayant un pied dans la réalité professionnelle et un pied dans la théorie, j’ai vraiment apprécié le fait de pouvoir analyser les parallèles entre ce qui était enseigné aux professionnels et ce qui se faisait réellement dans l’industrie. Le deux réussissent rarement à cohabiter, voire jamais. Ensuite est arrivée l’université DePaul.

DePaul dispensait un master en marketing international, et comme je venais de valider un master en communication internationale je me suis dit que je pourrais transférer quelques crédits et m’en sortir avec un diplôme de plus. Faux. DePaul m’as challengé. L’université a insisté pour que je me constitue un programme selon mes expériences passées, présentes et futures dans l’industrie et que j’adapte mon programme afin de mieux comprendre le “marketing musical international”. Bien sur, pourquoi pas – ça sonne plutôt bien. L’université a aussitôt ouvert son “alumni rolodex”, m’ont mis en relation avec des groupes, des labels, et plusieurs personnalités de l’industrie des environs de Chicago pour voir si je pouvais assister ces structures dans l’exportation de leur business hors des Etats-Unis, et plus encore, créer des opportunités au travers des tendances marketing spécifiques à chaque pays. Je n’oublierai jamais le premier groupe avec lequel j’ai travaillé (et la plupart des groupes avec qui j’ai travaillé après). Ils répétaient tous la même chose : “ça marche pas mal pour nous ici, mais nous avons vraiment besoin d’accroître notre base de fans pour survivre. Nous avons décidé de tourner en Europe et de voir ce qui se passe.” Comme je m’y attendais, il n’y avait aucun sens à cette réplique qui voulait littéralement dire, “on va se pointer là-bas, voir si notre musique colle à leur mentalité” ( = un déficit financier). Achevez moi.

Mon rôle était simple et complexe à la fois. J’ai tout d’abord commencé à analyser mon sujet, le genre, les marchés locaux, les sponsors potentiels, la relations des labels… et j’ai comparé tout ça à certains marchés internationaux. C’était difficile de constater qu’il n’existait aucune recherche pour évaluer ces marchés. Je me suis vite aperçu que chaque pays avait sa propre culture, ses niches, ses fans, ses habitudes de consommation, ses attentes au niveau des concerts, ses tendances marketing et la liste est encore longue. Ajoutez cela aux douanes, permis de travail, frais d’envois, les matériaux d’impression, la location de matériel et de possibles complications avec les services d’immigration – “on va tenter le marché Européen” était une déclaration pour le moins irréaliste pour un groupe qui ne bénéficiait pas du soutien d’une major ou d’accords avec des avocats qui s’y connaissent vraiment en droit international en plus d’être efficaces en droits des affaires culturelles. En effectuant des recherches (d’une manière que je ne divulguerai pas), j’ai été capable d’élaborer des plans de développement pour plusieurs groupes. Ces plans ne faisaient pas que décrire les étapes 1, 2, 3 en termes de cible, mais ils donnaient également une analyse détaillée de la façon dont il fallait assurer la promotion sur chaque territoire.

Après avoir fait aboutir plusieurs de ces projets, j’ai senti que mon travail était accompli – au cours suivant s’il vous plaît. Faux à nouveau. Etrangement (pour moi du moins), plusieurs labels ont commencé à me solliciter afin que je les assiste dans la tâche de s’exporter sur de nouveaux marchés. J’étais attéré, non pas que les labels m’appellent mais qu’ils ne sachent pas le faire eux-même. Les uns après les autres, la même demande, “aide-nous à nous exporter outre-Atlantique”. Ensuite, ce sont les labels internationaux qui sont venus vers moi avec la même demande. J’ai perçu qu’il y avait une vraie place à prendre sur le marché. Puis (à cette époque), la mère de toutes nos patries, Universal (dans un lieu que je ne citerai pas en Europe), m’a demandé de l’aider à exporter un de ses artistes des plus vendeurs aux Etats-Unis. Quoi ??! Je me suis dit, “vous êtes Universal, je vous en supplie dites-moi que vous savez développer des artistes sur de nouveaux marchés?” Non.

C’est alors devenu évident pour moi. Malgré le chaos dans l’industrie du au téléchargement illégal, les deals 360°, les licenciements aucune évolution n’avait eu lieu depuis l’industrie traditionnelle. Les gens n’avaient toujours pas appris de leurs erreurs et n’évoluaient pas par rapport aux schémas traditionnels de l’industrie.
Par exemple: les DA trouvent des artistes, les labels signent les-dits artistes, ils créent du buzz en attirant l’attention des radios, et plus tard, la distribution physique s’active dans des lieux tels que les magasins de disques, Target, Bestbuy… afin de vendre cette musique et que tous puisse rentrer dans leurs frais. Ce modèle est désormais obsolète.

Alors qu’est-ce que toute cette histoire a à voir avec la mondialisation de la musique ? Tout. C’est le modèle anti-globalisation, cette approche traditionnelle que les professionnels de l’industrie ont, à notre grand malheur.

Il y a dix ans, les charts Billboard identifiaient ne comptaient que très rarement d’artistes internationaux. Statistiquement, environ 2% des artistes présents dans le top étaient étrangers. Désormais, plus de 30% des artistes sont internationaux. Les musiciens internationaux ont de nos jours une forte présence sur la scène Américaine, et les musiciens et labels Américains doivent repousser leurs limites (à savoir tourner hors du marché US). Ceci ne s’applique pas simplement aux groupes US, le développement international prend place partout, dans tous les pays et plus que jamais. Les opportunités de synchronisation internationale batte son plein, les opérations de sponsoring intercontinentales sont en plein essor, le placement de titres dans les jeux vidéos, produits en édition limitée, les applications, et les festivals de musiques internationaux sont désormais dominants. Pourquoi penseriez-vous localement quand le monde vous offre plus d’opportunités que vous n’auriez jamais pu rêver?

Ce n’est pas en appliquant simplement les discours stratégiques (c’est à dire une réflexion mondialisée) que vous réussirez pas raviver l’industrie. La mondialisation de la musique signifie que vous devez exploiter toutes les possibilités, et plus précisément, vous devrez établir de nouvelles manières de distribuer votre musique via les nouvelles grandes avenues mondiales qui sont la plupart du temps trop importantes pour un artiste DIY. Vous devez investir dans une assistance. Posséder un compte iTunes accessible depuis l’Espagne, ou un compte CDbaby par lequel quelqu’un en Grèce pourra se procurer votre album ne signifie pas que vous êtes un artiste international. Cela veut simplement dire que vous avez mis en place un véhicule de communication au travers duquel des fans potentiels pourraient acheter votre musique, maintenant, vous devez être aux commandes de ce véhicule et l’installer là où les fans achèteront la musique.

Nombre d’entre vous liront cet article et se diront : “hum ok, c’est une info futile !” Je suis d’accord, mais je vois rarement les gens appliquer effectivement ces techniques. Les appliquer, naviguer en terrain international et explorer de nouveaux marchés n’est pas chose aisée. C’est un processus qui prend du temps, bien plus que de s’attaquer uniquement au marché local, et de plus, les questions légales qui y sont liées rendent les choses d’autant plus difficiles. Traverser les frontières avec des contenus créatifs, des copyrights, des sponsors etc, induit des coûts supplémentaires (avocats spécialisés dans l’entertainment, boites de management internationales, attachés de presse internationaux, etc.), mais en raison de l’émergence rapide de ce modèle globalisé, cette spécialité n’est pas bien maîtrisée par les avocats. D’autres, à la lecture de ce billet, pourront croire que je fais de la pub pour mes services d’avocat spécialisé dans l’entertainment qui se concentre sur le développement à l’international

Certes, je comprends les enjeux de l’internationalisation parce que c’est ma niche, mais là encore, vous avez tort. Vous n’avez pas idée du nombre de personnes à qui je dirais très explicitement “non, je ne peux pas vous représenter”, d’autant plus si cela ne colle pas sur le plan créatif. De plus, concentrer son activité sur la mondialisation de la musique signifie qu’il faut offrir à ses clients son point de vue, sa créativité, ses contacts et ses connaissances juridiques, et on ne peut pas le faire avec un nombre infini de clients.

Que vous soyez avocat, manager, agent, musicien, label, artiste ou assistant de production, je vous pose cette seule et unique question: “que pensez-vous faire dans 5 ans si vous ne parvenez pas à acquérir des compétences internationales ?” Franchement ? Vous pouvez être d’accord ou non avec ce que je dis, mais les frontières s’estompent un peu plus chaque jour, nous sommes de plus en plus connectés, et nous sommes influencés par des cultures différentes à chaque minute. En plus de la mondialisation généralisée qui touche toutes les industries, des télécoms à l’ingénierie, observez le morcellement que subit notre industrie. De nouveaux styles prennent vie chaque nuit, des groupes plus ou moins inconnus peuvent générer des millions de hits sur YouTube en une heure et chaque minute des découvertes musicales sont faites via Twitter. Ces actions ont-elles des conséquences à un niveau local ou mondial ?

Article initialement publié sur Music Globalization, le blog de Martin F. Frascogna et traduit par Lara Beswick.

Retrouvez Martin sur Twitter

Crédits photos : FlickR CC futurealtlas.com, jah~, duke.roul

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#MIDEM11 : J Sider fondateur et PDG de Root Music http://owni.fr/2011/02/25/midem11-j-sider-fondateur-et-pdg-de-root-music/ http://owni.fr/2011/02/25/midem11-j-sider-fondateur-et-pdg-de-root-music/#comments Fri, 25 Feb 2011 16:07:13 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=30553 Présent au MIDEM 2011 pour y défendre Root Music, lors de la finale des start-ups B2B, son fondateur et PDG J Sider nous a accordé un entretient dans lequel il expose les perspectives d’avenir de l’application musicale Facebook numéro 1. Un avenir qui s’annonce prometteur.

En effet Root Music venait, quelques jours avant notre entretien, de clôturer une levée de fonds de 2,3 millions de dollars, qui devrait permettre à la start-up de s’étendre considérablement dans les mois à venir. Retour donc sur un concept simple et abordable pour tous les musiciens désireux de faire de leur page Facebook un endroit bien à eux et au service de leurs fans.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Interview réalisée par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet

Montage : Romain Saillet. Crédit musique : Artner.

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#MIDEM11 Mobile Roadie : l’app musicale à portée de tous http://owni.fr/2011/02/24/midem11-mobile-roadie-lapp-musicale-a-portee-de-tous/ http://owni.fr/2011/02/24/midem11-mobile-roadie-lapp-musicale-a-portee-de-tous/#comments Thu, 24 Feb 2011 13:02:23 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=30504 Le MIDEM est l’occasion parfaite de faire se croiser entrepreneurs, professionnels de la musique, artistes et représentants de médias. L’édition 2011 n’y a pas fait exception, et la manifestation cannoise, même si elle a vu sa fréquentation baisser par rapport aux années précédentes, s’est encore fait le carrefour des initiatives innovantes et réflexions sur le futur d’une industrie qui peine parfois à savoir de quoi il sera fait.

Parmi les entreprises présentes au Palais des Festivals en cette fin janvier, l’américaine Mobile Roadie. La start-up est née en 2009 au célébrissime festival/rendez-vous mondial des start-ups innovantes South By South West ou SXSW (pour lequel OWNI concourt d’ailleurs au titre de “News Related Technology”).

Son co-fondateur, Michael Schneider, est ce que l’on peut appeler un entrepreneur précoce… et un “workaholic”.
Fondateur dès son quinzième anniversaire de “Video Game Central”, une solution pour vendre des jeux vidéo neufs et d’occasion, puis l’agence interactive Fluidesign deux ans plus tard. En 2007, Michael Schneider crée Nesting.com, un portail à destination des mères de famille avant de lancer Mobile Roadie en 2009.

Il nous parle des perspectives de son entreprise dans le contexte de l’industrie de la musique, et nous apporte sa vision des opportunités de celle-ci pour l’année 2011.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Son interview est à compléter avec celle de Matthieu Gazier, le représentant français de Mobile Roadie. Celui-ci nous apporte une vision locale complémentaire de celle, globale, de Michael Schneider. Il évoque le marché français de la musique et sa réactivité quant aux applications mobiles.

Il est également fondateur d’Ekler’o’shock, un label électro parisien.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Retrouvez Michael Schneider sur Twitter et sur son blog personnel.

Interviews réalisées par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet – Montage : Romain Saillet – Crédit musique : Artner.

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Pourquoi les réseaux sociaux sont vitaux pour les artistes http://owni.fr/2011/02/23/pourquoi-les-reseaux-sociaux-sont-vitaux-pour-les-artistes/ http://owni.fr/2011/02/23/pourquoi-les-reseaux-sociaux-sont-vitaux-pour-les-artistes/#comments Wed, 23 Feb 2011 07:30:51 +0000 Ariel Hyatt http://owni.fr/?p=48038 Cet article a été initialement publié en anglais sur Music Think Thank et repéré par OWNImusic.


Ariel Hyatt a fondé Ariel Publicity et Cyber PR, une agence de communication en ligne basée à New York, qui met en relation les artistes avec l’ensemble des médias en ligne. Depuis quatorze ans, elle a travaillé avec plus de 1500 artistes.

Ça s’est passé il y a quelques semaines en Australie. J’étais au cocktail d’inauguration du Song Summit Music Conference de l’APRA (Australian Prudential Regulation Authority), sur les hauteurs du Darling Harbor à Sydney, et je discutais avec un parfait inconnu (qui s’avéra être un chanteur australien connu, auteur de bon nombre de tubes).

Remarquant mon accent étranger, il me demande : “qu’est ce qui vous amène ici ?”. “J’enseigne le marketing en ligne et les média sociaux aux artistes”, lui réponds-je un peu embarrassée, sachant que ce genre d’information ne déclenche pas toujours un enthousiasme débordant.

Lui : Vraiment ?

Moi : Oui.

Lui : Vous savez ce que j’ai remarqué à propos du marketing en ligne et des média sociaux ?

Moi : Quoi donc ?

Lui : J’ai remarqué qu’on n’avait pas vraiment besoin d’être un grand artiste ou d’être respecté par ses pairs musiciens pour avoir du succès de nos jours. Si vous êtes doué pour le marketing, vous aurez plus de succès que vous n’en auriez eu par le passé.

Bon, je ne dis pas que son point de vue est valable, mais il dit ce que pensent 99% des musiciens: “ce mec fait de la musique de m… mais en étant bien insistant, voire lourd sur Facebook, il réussit à fait venir plus de monde que moi à ses concerts, et à vendre plus que moi aussi”.

Vraiment ? C’est ce que vous pensez ?

Mon avis : on s’en fout que vous le trouviez nul. Le truc, c’est que cet artiste a réussi à identifier et a créer un lien avec suffisamment de gens qui pensent que sa musique est géniale. Ses fans récompensent donc ses efforts.

Arrêtez de juger les autres et demandez-vous plutôt comment faire pour vous démarquer. Pourquoi ?

Parce qu’il y a 500 millions de personnes sur Facebook avec qui entrer en contact.

N’importe qui peut être connecté à plusieurs centaines de personnes, créer des relations solides et ensuite vendre sa musique à ces fans qui la veulent et l’apprécient. C’est simple.

Ce qui n’est PAS simple, c’est de passer outre ses avis sur soi-même et sur les autres et de s’y mettre.

Donc voilà, je suis là pour démonter quelques unes (hum) de vos réticences. Celle que je viens de citer est la première sur la liste des…

7 raisons pour lesquelles les artistes sont très réticents aux médias sociaux.

Toi aussi tu as peur ?

#1 Je ne veux pas emmerder les gens et être hype à tout prix comme tous ces artistes que je déteste (ou: “je déteste sa façon de vendre sa musique, et je ne veux pas faire pareil!”)

OK. Parler de soi, ça donne l’impression d’être dans un ego-trip. Mais faire aimer sa musique aux autres, c’est génial.

Donc mon conseil : quand vous utilisez les médias sociaux, ne braquez pas les projecteurs sur vous, mais plutôt sur les autres (les membres de votre communauté / vos fans / vos amis / les artistes que vous respectez).

Partagez les éléments qui vous paraissent banals. Ne songez même pas à vous vendre ou à vendre votre musique avant de bien tout piger. Quand c’est le cas, utilisez tout ça pour amener les gens à s’inscrire à votre newsletter, à visiter votre site web… Ça vous aidera, avec un avantage certain: un super référencement sur Google.

Gardez-ça en tête : 78% des gens font confiance à l’avis de leurs amis (c’est-à-dire le bouton “Like” (J’aime) sur Facebook) pour des produits et des services qu’ils achètent. Seulement 14% d’entre eux font confiance à la télé, la radio et la pub dans la presse. (Source : Socialnomics).

Donc en gros, vous devez devenir un des artistes que les gens recommandent.

#2 Promouvoir ma musique sur les médias sociaux ne va rien me rapporter. J’ai essayé, et la seule chose que j’ai gagné, c’est davantage de travail.

La vérité?

Les médias sociaux ne vont probablement rien vous rapporter directement à court terme. Mais utilisés au côté d’un marketing traditionnel et dans le cadre d’une vraie stratégie, ils peuvent vous permettre de renforcer votre relation avec vos fans, ce qui au final les incitera à acheter.

Récemment, pendant une formation Top Spin, j’ai appris que le référencement Google et la newsletter sont les deux éléments les plus importants pour espérer gagner de l’argent, et les médias sociaux peuvent vous aider à les renforcer.

#3 Les médias sociaux et le marketing prennent trop de temps.

Je veux juste être un artiste, qui répète et qui joue.

Bon, je n’ai jamais dit que tout ça était juste. Le succès a toujours demandé et demande toujours beaucoup de travail. Il y a des questions à se poser :

Quelle est votre définition du succès? Combien de temps voulez-vous consacrer à l’acquisition de nouvelles compétences et à la maîtrise de nouveaux outils ?

Si votre réponse est “aucun, je veux juste faire de la musique”, pas de problème.

Derek Sivers a récemment publié un article émouvant sur ce sujet et les commentaires sont très parlants (faire de la musique pour gagner de l’argent n’est peut être pas fait pour vous!)

Arrêtez d’espérer avoir une valeur aux yeux des autres. Considérez ça comme un bien personnel et précieux pour vous seul. Faites en sorte de gagner de l’argent autrement.

On continue ? Bien, allons-y.

Je me souviens d’un séminaire auquel j’ai participé, “The World’s Greatest Marketing Seminar” (Le meilleur séminaire de marketing du monde), dont le but était d’aider les entrepreneurs à lancer leur entreprise. L’un de ces entrepreneurs est monté sur scène et nous a tenu un discours atroce :

Pour avoir du succès, 70% de votre temps doit être consacré à votre marketing et à l’aspect commercial, les 30% restant à travailler sur votre entreprise.

A ce moment précis, le public a suffoqué en choeur.

(Oui, cela signifie qu’en tant qu’artiste vous devez toujours consacrer du temps à la création, mais que vous avez intérêt à en consacrer beaucoup plus à l’aspect marketing des choses).

#4 Les médias “sociaux” ne sont pas de “vrais” médias, ou Les médias sociaux n’ont pas d’impact réel sur le monde “réel”.

Les journalistes citoyens (blogueurs, podcasteurs, radios en ligne et individus à la tête de grandes communautés de “followers”) sont les nouveaux influenceurs. Soyez attentifs aux médias traditionnels: les chaines de télé vous renvoient en permanence à leur compte Twitter ou leur page Facebook. Certaines d’entre elles font constamment apparaître leur flux Twitter à l’écran (CNN et Fox par exemple).

Les “vrais” médias incitent constamment les téléspectateurs à aller vers les médias sociaux et à y jouer un rôle actif. Et juste comme ça : il existe plus de 200 millions de blogs. Peut être qu’un ou deux d’entre eux voudront bien écrire quelque chose sur vous.

#5 Les médias sociaux, c’est pour les jeunes. Je ne fais pas partie de cette génération là.

Révisez votre jugement : l’âge moyen d’un utilisateur de Twitter est de 39 ans. La classe d’âge qui croît le plus sur Facebook est celle des femmes de 55 à 65 ans. Pourquoi ? Parce que Mamie s’est inscrite pour regarder les photos de son petit-fils, qu’elle s’est rendu compte que ses amis et sa famille étaient actifs sur le réseau, et que… c’est marrant !

#6 Les mises à jour de statuts sur Facebook et Twitter sont débiles. Qui peut bien avoir envie de savoir ce que font les gens en permanence ?

Beaucoup d’artistes ont l’impression que les réseaux sociaux sont faits pour faire de la promo.

C’était le cas à l’époque de MySpace, le premier résau social qui a tant excité les internautes. Le but principal c’était : de la hype, de la hype de la hype ! Faire de la promo. Ajouter frénétiquement autant d’amis que possible. Et faire péter les compteurs par tous les moyens. Sinon, pas la peine d’espérer intéresser tel boite ou se faire signer par tel label.

Ceci dit il n’y avait pas encore ces histoires de “mise à jour de statuts”.

Du coup, beaucoup d’artistes ont une peur bleue des statuts Twitter et Facebook, parce qu’ils pensent que les gens n’ont rien à faire de ce qui leur passe par la tête.

Comme Twitter contrebalance tout ça et sert plus à se bâtir une communauté qu’à faire sa propre promo, il ne savent pas trop qu’en faire ni ce qu’ils doivent y raconter.

Faites particper tous les membres de votre groupe ! Si ça se trouve, l’un d’eux maîtrise bien Twitter mais ne comprend rien à Facebook. Laissez-les alors mettre toute leur énergie dans ce site en particulier. Vous verrez : quelqu’un qui s’implique sur un site qu’il maîtrise, c’est un gros retour sur investissement garanti.

#7 Je ne suis pas “sociable”. En d’autres termes : Je ne veux pas que mes fans connaissent ma vie privée.

Si vous n’êtes pas quelqu’un de sociable, les médias sociaux sont fait pour vous parce que vous êtes derrière un écran, et pas devant d’autres personnes !

C’est vous qui décidez quand et comment répondre à untel, vous avez le temps de réfléchir à ce que vous allez dire, à qui vous allez le dire, sans le stress d’avoir quelqu’un en face de vous qui attend une réponse immédiate.

Ne montrez que ce que vous avez envie de montrer (tout n’est pas personnel !) : les films que vous aimez, les livres que vous lisez, et pourquoi pas les artistes qui vous plaisent ? Vous avez de quoi faire pour commencer.

Vous pouvez retrouver les autres articles associés: Facebook, keep it simple et Medias sociaux : objectif thune
Image de Une: Copyright Fotolia
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Crédits CC flickr Jenn and Tony Bot,

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http://owni.fr/2011/02/23/pourquoi-les-reseaux-sociaux-sont-vitaux-pour-les-artistes/feed/ 22
Le modèle Beezik décortiqué http://owni.fr/2011/02/14/le-modele-beezik-decortique/ http://owni.fr/2011/02/14/le-modele-beezik-decortique/#comments Mon, 14 Feb 2011 11:00:07 +0000 Caroline J. http://owni.fr/?p=30268 Caroline J. vit au Québec et écrit sur le blog EntertainD

Aujourd’hui, je vous présente un petit bijou d’Internet que j’ai découvert et qui, selon moi, représente une véritable révolution dans le monde de la musique: Beezik . Enfin un concept qui ravit tout le monde : une plateforme de téléchargement de musique gratuite ET légale !

L’entreprise naît en 2009 d’un constat très simple : depuis 10 ans, les internautes rechignent à payer pour l’achat de musique. Beaucoup de sites d’écoute de musique apparaissent, mais cela oblige toujours les utilisateurs à rester connectés devant leurs ordinateurs. Ainsi, pour se démarquer, les fondateurs de Beezik ont choisi de miser sur la portabilité des morceaux en créant le premier site de téléchargement de musique entièrement gratuit et légal. Mais comment rentabiliser le site sans faire payer l’utilisateur?

Publicité : oui, mais pas n’importe comment !

Toujours la même recette : la publicité. Mais avec modernité et originalité !
1) une première publicité audiovisuelle apparaît pendant le téléchargement, mais pas n’importe laquelle : celle que vous aurez choisie auparavant parmi les 4 marques qui vous auront été proposées (et il y en a pour tous les goûts!) ;
2) une fois sur votre ordinateur, une publicité fixe de la marque choisie est accolée à l’image du titre extrait ;
3) cette même publicité apparaît sur tous les supports d’écoute où le morceau est exporté (dont la nouvelle application pour iPhone et iPod), car les fondateurs ont optimisé le téléchargement pour proposer des titres sans DRM.
4) et comme si cela ne suffisait pas, à la fin de la procédure, vous êtes récompensé de 0,30€ à dépenser chez les sites transactionnels partenaires.`

Le revers de la médaille

La majorité des revenus du site vient des publicités visualisées pendant le téléchargement. Ainsi, pour survivre, le site doit s’assurer de nombreux annonceurs et donc proposer un concept avantageux à ces marques. C’est là que Beezik devient innovant : en plus de choisir votre publicité, le site ne vous laisse que quelques secondes pour confirmer votre téléchargement. Les fondateurs assurent ainsi à leurs clients annonceurs une grande visibilité : la promesse de visionnage complet de la publicité par les internautes incite les marques à signer.

Mais ça ne s’arrête pas là, la visibilité de la marque est renforcée par sa présence en dessous du titre sur chaque support utilisé. Et, bien sûr, comme c’est l’utilisateur qui a choisi la marque publicisée, l’annonceur est certain de rejoindre un public intéressé. C’est grâce à ce concept intelligent que Beezik a déjà réuni plus de 40 marques et non des moindres : Nike, EMI, Mc Donald, Blackberry…
Et ça rapporte gros! A 25 centimes le clic (pour l’annonceur) et avec plus d’un million de membres, il est certain que la jeune start-up Beezik est vouée à devenir une grande entreprise (Source : Techcrunch).
Enfin, la récompense de 0,30€ par téléchargement est aussi, selon moi, une publicité détournée. Après avoir téléchargé plusieurs morceaux (et donc avoir amassé quelques euros), l’internaute est tenté de dépenser la somme acquise chez les sites partenaires. Et Beezik reçoit certainement un pourcentage des ventes pour la redirection des internautes vers ses partenaires, ce qui assure encore une fois la rentabilité du site.

Et les artistes ???

Bien sûr, une partie des revenus est reversée aux artistes et autres ayant-droits (maisons de production…). Mais les spécialistes du domaine restent partagés : les revenus de ce type de commerce ne sont pas aussi importants que ceux de la vente de disques, ou même de la vente de titres numériques. Et les maisons de production commencent à s’interroger sur l’avenir de la musique face au commerce électronique musical de plus en plus populaire.
Les artistes ont déjà envahi le web pour leur promotion : ils sont maintenant présents sur les réseaux sociaux, créent leur propre site, et profitent des nouvelles chaînes musicales sur internet. De leur côté, bien qu’ils aient accepté cette évolution dans la promotion des artistes et de leurs disques, les producteurs ne sont pas encore prêts à transposer cette révolution dans la distribution de leur musique sur la toile.

Beezik pose la question de la viabilité du modèle de téléchargement sponsorisé par la publicité (après le streaming, avec Spotify et Deezer notamment) mais semble pour le moment être une alternative satisfaisante aux plateformes classiques. Il sera intéressant d’observer l’évolution de ce business model dans les mois à venir.

Article initialement publié sur le blog EntertainD.

Crédits photos : FlickR CC allthatimprobableblue

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Pauvres Victoires, victoires du pauvre http://owni.fr/2011/02/10/pauvres-victoires-victoires-du-pauvre/ http://owni.fr/2011/02/10/pauvres-victoires-victoires-du-pauvre/#comments Thu, 10 Feb 2011 12:05:14 +0000 Julien Mielcarek http://owni.fr/?p=30260 Julien Mielcarek est journaliste pour le site Puremedias.com (ex-Ozap). Il collabore également à BFM Business et NRJ12.

On efface tout et on recommence. Nouvelle équipe de direction, nouvelle production, nouveaux présentateurs, nouvelle cérémonie… On nous avait annoncé la révolution des Victoires de la musique et autant dire qu’on n’a pu être que déçu hier soir devant France 4. La chaîne diffusait le premier épisode des Victoires, une première soirée consacrée aux nouveaux talents et aux révélations.

Mais, pour sans doute nous donner l’impression que cette soirée n’était pas l’arrière-cuisine inintéressante de la « vraie » cérémonie du 1er mars (celle consacrée aux stars et diffusée sur France 2), on avait tout de même convié des artistes confirmés. De Christophe Maé à Bernard Lavilliers en passant par Youssou N’Dour, on se demandait parfois quelle était la promesse de cette soirée qui, au milieu de toutes les catégories moins grand public, a quand même remis le “prestigieux” prix de l’album de chansons de l’année (un prix remis à Bernard Lavilliers, une révélation donc).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mais s’il n’y avait que ça… Sans doute seul artiste « internationale » disponible ce soir-là à Lille, on s’interroge encore sur la présence d’Avril Lavigne, la tête d’affiche du soir, venue chanter péniblement son dernier single. Tout aussi pénible fut la – longue – performance de Bénabar et Hélèna Noguerra qui ont enchaîné plusieurs sketchs, laissant parfois penser qu’ils co-présentaient la soirée, avant de finalement quitter la scène… Car oui, on nous avait promis de la musique, de la vraie : « Cette nouvelle organisation est tout à l’avantage des artistes puisqu’on ne sacrifie pas de lives » expliquait en amont Stéphanie Renouvin à TV Mag. D’accord. Mais on se demande encore pourquoi certaines catégories ont vu tous les nommés chanter et d’autres non, ce privilège étant réservé au seul vainqueur qui faisait mine d’être surpris alors que ses musiciens étaient déjà en scène.

Malgré tout, Stéphanie Renouvin et Cyril Hanouna tentaient d’y croire, la première répétant à plusieurs reprises que la foule était en délire alors que les plans sur les spectateurs derrière elle traduisaient l’ennui (et parfois l’effroi) que nous éprouvions devant notre téléviseur. Un téléviseur qu’on pensait parfois mal réglé tant on est resté circonspect face à la déclinaison des couleurs primaires sur le décor ou à la multiplication des performances réalisées sans éclairer l’artiste. Un choix artistique audacieux qui passe néanmoins très mal en télé. Heureusement, ces ratés ne devraient pas avoir trop de retentissement, la cérémonie n’ayant rassemblé que 489 000 téléspectateurs pour seulement 2,3% de parts d’audience. « Une foule en délire » nous disait Stéphanie…

Article initialement publié sur Puremedias.com

Crédits photos : (c) Charlotte SCHOUSBOE/ France Télévisions

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