OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le vent (solaire) se lève http://owni.fr/2011/06/22/le-vent-solaire-se-leve/ http://owni.fr/2011/06/22/le-vent-solaire-se-leve/#comments Wed, 22 Jun 2011 15:19:49 +0000 Pierre Ropert http://owni.fr/?p=71126 21 décembre 2012. Le monde s’est éteint. A Paris, à New-York ou Bombay, le réseau électrique a cessé de fonctionner en moins de deux minutes. Le black-out total.

Et si l’on donnait du grain à moudre aux tenants des hypothèses apocalyptiques de 2012 ? Puisque les Mayas s’appuyaient sur les astres pour prédire leurs catastrophes, il serait logique que la fin du monde tel que nous le connaissons ait pour origine une étoile, en l’occurrence le soleil.

Si la prédiction des Mayas semble farfelue, celle du soleil comme origine de l’apocalypse est prise très au sérieux par la Nasa, comme en témoigne un rapport[en][pdf] publié en 2009. La faute à ces fameuses éruptions (ou éjections de masse coronale, de leur nom scientifique, CME en anglais), qui ont donné lieux à de superbes images le 7 juin dernier.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


La vidéo est diffusée en accélérée.

Du plasma ionisé s’élevant dans l’espace pour revenir s’écraser à la surface du soleil. Le spectacle est superbe, et s’il a été autant relayé par les médias, c’est avant tout parce qu’il a été photographié et filmé sous de nombreux angles.

L’éruption avant la tempête… magnétique

A l’échelle du Soleil, cette éruption est relativement insignifiante. Mais ces CME ne sont pas sans conséquences pour la Terre. Constitué d’ions et d’électrons, un flux de plasma, nommé vent solaire, est projeté à travers l’espace. Des quantités monstrueuses de particules électromagnétiques, dispersées à une vitesse de 100 à 2500 kilomètres secondes, parcourent la distance qui sépare le soleil de la planète bleue en 2 à 4 jours.

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Des boucles magnétiques en spirale, observées grâce à une lumière ultraviolette.

L’éruption du 7 juin dernier a envoyé son lot de particules électromagnétiques à travers le vide spatial. Ce nuage magnétique, en atteignant la terre, est absorbé par le bouclier magnétique terrestre. L’interaction entre la ionosphère, où circulent les ondes radio, et cet orage magnétique n’est pas sans effets : les services météorologiques chinois ont indiqué que les communications radios par ondes courtes avaient été perturbées dans le sud du pays. Rien de bien méchant donc. Au pire quelques satellites ont connu des problèmes mineurs.

La tempête de Carrington

Cette tempête géomagnétique a été classée G1 sur l’échelle de météorologie spatiale des tempêtes magnétiques [en], du National Oceanic and Atmospheric Administration [en] (NOAA), c’est-à-dire le plus faible niveau sur une échelle qui en comporte 5.

Au niveau 1, les répercussions sont relativement insignifiantes. Au cinquième échelon, elles sont en revanche bien plus dommageables. On compte ainsi deux exemples qui, par le passé, ont prouvé à quel point les tempêtes magnétiques pouvaient être à l’origine de terribles dégâts.

L'échelle de risques des tempêtes magnétiques de la NOAA.

Le premier de ces exemples est l’éruption solaire de Carrington, du nom de l’astronome qui a observé en 1859 à l’aide d’un télescope la plus grosse CME jamais enregistrée. Selon un article de la NASA [en], des habitants de Cuba ou d’Hawaï ont pu observer, probablement pour la première fois de leur vie, des aurores boréales. Elles étaient tellement intenses qu’il était possible, de nuit, de lire un journal. À l’époque, le réseau électrique était quasi inexistant mais les courants générés dans le sol ont surchargé les pylônes télégraphiques : les utilisateurs ont subi des décharges chargées d’étincelles, qui ont mis le feu au papier du télégraphe. Même le système débranché, il était toujours possible de transmettre des messages tant les lignes étaient chargées d’électricité.

À ce jour, il s’agit de la plus violente tempête géomagnétique jamais enregistrée. La raison est simple : elle s’est déroulée en deux temps. Une première éruption a envoyé un nuage électromagnétique qui a nettoyé le chemin entre le Soleil et la Terre, créant une véritable autoroute pour… la tempête électromagnétique causée par une seconde éruption. Cette dernière a atteint la Terre en 18 heures au lieu de 3 ou 4 jours. 5 % de l’ozone atmosphérique auraient été détruit lors de la tempête.

Le deuxième exemple est bien plus récent. Une seconde tempête, pourtant bien moins violente, a engendré des catastrophes qui témoignent de la fragilité des infrastructures face à ce type d’événements, à l’heure où les réseaux sont de plus en plus interdépendants (Internet, etc.). En mars 1989, une éruption solaire a créé un black-out quasi total au Québec. Les transformateurs d’Hydro-Québec, la compagnie en charge du réseau électrique, ont grillé suite à une surtension : en moins de 90 secondes, plus de 6 millions de personnes ont été plongées dans le noir. Dans le meilleur des cas, 9 heures ont été nécessaires pour que le courant soit rétabli.

A l’inverse, des orages magnétiques plus récents et classés G5, n’ont causé aucun dommage sur Terre.  En fait l’hypothèse d’un black-out total et mondial est relativement peu probable, pour plusieurs raisons :

- L’éruption solaire doit avoir lieu en direction de la terre, envoyant ainsi la majeure partie du nuage de particules magnétiques directement vers l’atmosphère terrestre

- L’incidence de la tempête magnétique dépend pour beaucoup de l’inclinaison de la terre. Habituellement ce sont les pôles qui sont les plus exposés, d’où les aurores polaires. C’est ce qui explique que seules certaines régions du monde soient touchées par des tempêtes magnétiques. La Terre est plus exposée lors des équinoxes (22 mars ou 22 septembre), lorsque son inclinaison par rapport au soleil la rend plus vulnérable à l’arrivée d’une tempête magnétique.

Le bouclier magnétique terrestre absorbe le nuage électromagnétique.

Scénario catastrophe

Dans le rapport financé par la NASA [en][pdf] publié en 2009 par l’Académie nationale américaine des sciences (NAS), des chercheurs s’interrogent sur les dangers d’une éruption solaire de la même ampleur que celle de Carrington.

Outre les troubles de communications, le dysfonctionnement des satellites et des GPS, c’est surtout l’interdépendance des réseaux qui inquiète le Comité sur l’impact sociétal et économique des événements météorologiques spatiaux extrêmes (Committee on the Societal and Economic Impacts of Severe Space Weather Events) :

L’énergie électrique est la clé de voûte de notre société moderne, dont dépendent presque toutes les infrastructures et services

Dès lors, le réseau est particulièrement vulnérable aux conditions météorologiques spatiales :

Une répétition de la tempête de Carrington causerait d’importantes perturbations sociales et économiques.

Si certains problèmes pourraient être réglés dès la fin de la tempête (les transmissions radios à nouveaux possibles par exemple), plusieurs semaines ou mois seraient nécessaires pour réparer les centaines -voire milliers- de transformateurs électriques endommagés en raison d’une surtension électrique… Les appareils électriques branchés au mauvais moment seraient tout simplement hors d’usage.

En l’absence d’électricité, la situation deviendrait vite ingérable : absence de chauffage ou de réfrigération, manque de nourriture (dû à des défaillance de distribution de l’alimentation), et surtout absence d’eau potable, qui, dans les grandes villes, ne sera plus acheminée en haut des immeubles.

Paradoxalement, les pays moins développés s’en sortiraient mieux que les pays développés, du fait d’une faible dépendance à ce genre d’équipements.

Ce scénario catastrophe n’a pas grand chose à envier aux films apocalyptiques régulièrement diffusés sur nos écrans. D’où ce rapport, dont l’objectif est d’inciter à la mise en place d’infrastructures capables de résister à ces éruptions solaires. Mais en l’absence d’une menace concrète et prévisible, il est difficile d’inciter à de nouveaux comportements.

Deux fois tous les mille ans

Car le risque reste faible. Des éruptions de la même intensité que celle qui a provoqué la tempête magnétique de Carrington en 1859 n’ont lieu que deux fois par millénaire, lors des cycles d’activité du soleil. Notre étoile fonctionne en effet sur des cycles d’activité d’une durée de 11 ans. C’est lors de ces phases qu’on observe les tâches et éruptions solaires les plus importantes. Actuellement, l’activité de notre étoile va aller croissante jusqu’en 2014, avec des CME plus importantes que celles du 7 juin dernier.

Pas de panique cependant, le soleil devrait entrer prochainement dans une période d’hibernation, avec à la clé une très faible activité. Au point que des scientifiques se questionnent sur son influence sur le climat terrestre (une légère baisse de température en perspective, mais pas de quoi non plus contrecarrer le réchauffement climatique), faisant craindre un nouveau “Minimum de Maunder“, une époque où le climat d’Europe et d’Amérique du Nord a valu à cette époque le surnom de petit âge glaciaire. Cette période correspondait justement à une diminution du nombre de tâches solaires.

La météorologie spatiale, et plus particulièrement le soleil, a une influence non négligeable sur la Terre. Reste que cette science n’est pas encore capable d’estimer avec précision les évènements solaires à venir. Mais pas de panique, même les prédictions Maya ont été réevaluées : la fin du monde n’aurait pas lieu en 2012 mais en 2116. Qu’il s’agisse d’une éruption solaire ou non, cela laisse un peu de temps.


Photos Flickr CC Paternité par NASA Goddard Photo and Video, PaternitéPas d'utilisation commerciale par -AX-, Wikimedia Commons Magnetosphere rendition

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Manuel de survie 2.0 en cas de catastrophe nucléaire http://owni.fr/2011/03/19/manuel-de-survie-2-0-en-cas-de-catastrophe-nucleaire/ http://owni.fr/2011/03/19/manuel-de-survie-2-0-en-cas-de-catastrophe-nucleaire/#comments Sat, 19 Mar 2011 08:55:48 +0000 Boumbox http://owni.fr/?p=52156 Bien sûr, on sait tous quoi faire en cas de catastrophe nucléaire grâce aux grandes campagnes de prévention sur le sujet financée par Areva, qui fait tout pour que nous soyons bien conscients des dangers. Donc quand l’alerte nucléaire retentira, nous saurons qu’il faut fermer les yeux et chanter Funkytown en pensant très fort à ce que nous serions sans le nucléaire : une population de paysans-esclaves à la merci de seigneurs barbares qui régneraient grâce à leur maîtrise de l’énergie éolienne et leurs chars à voile meurtriers.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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A supposer que vous ayez survécu aux premières déflagrations et tant que les radiations n’auront pas fait tomber tous vos doigts et yeux, il reste une chose à faire : aller sur Facebook et Twitter.

Repenser votre personal branding

Google Person Finder a permis de s’assurer de la position de milliers de Japonais ces derniers jours, à SXSW une conférence intitulé #911tweets parlait apparemment d’un service d’appel d’urgence via Twitter (c’est pas une blague) et tous les gens que je connais au Japon ont passé leur temps à nous rassurer sur leur mur Facebook. Les réseaux sociaux devraient donc vous permettre de retrouver votre femme, vos enfants, vos amis, ou même d’en trouver de nouveaux s’ils sont mort. La mort et la destruction créeront de nombreuses opportunités, remplissant les rues et les réseaux sociaux de célibataires émotionnellement vulnérables. L’apocalypse, ce sera un peu comme si c’était spring break toute l’année ! A l’inverse, ce sera aussi l’occasion parfaite pour vous de changer d’identité. Il vous suffira de ramasser un smartphone ou un laptop des mains raidies d’un cadavre pour usurper son identité, à supposer qu’il ne se soit pas déloggué de Facebook et Google en vue de l’apocalypse. Dans le chaos post-apocalyptique, mettez des photos de vous à la place des siennes sur son compte Facebook et les autorités débordées accepteront ça comme pièce d’identité à n’en pas douter.

Buzz atomique

Comme tout évènement, une catastrophe nucléaire est aussi une opportunité pour faire du buzz et travailler votre personal branding. Sortez de chez vous avec votre smartphone et prenez des photos : si vous avez un peu de chance, vous trouverez des images de destruction suffisamment frappantes pour être le contenu viral numéro 1 après le choléra. Surtout, essayez d’être le premier sur les lieux et d’utiliser les tags appropriés pour un max de visibilité. Evidement vous aurez de la concurrence sur ce créneau, alors n’hésitez pas à mettre un peu les choses en scène. Ajoutez un filtre chelou sur l’image pour le côté « radioactif ». Un cadavre de petite fille dans la rue ? Dites que c’est votre soeur. Si vous êtes loin des contrées les plus dévastées, il va falloir vous faire remarquer autrement. Mon conseil ? Pratiquez le LOL (c’est comme ça qu’on dit en français, parce que « le MDR » c’est ridicule, voyons). Le « LOL » est une forme d’humour particulièrement impactante sur les réseaux sociaux, qui se caractérise par un aspect « choc », déceptif puisque pas du tout segmentant dans la pratique. Personne ne rit vraiment, personne n’est vraiment offensé, mais tout le monde partage. Comme la probabilité que vous ET moi survivions tous les deux à la catastrophe, je vous offre en exclusivité quelques tweets ou statuts LOL. Garantis juste assez peu drôles et fausemment offensants pour vous valoir la gloire en faisant rire les uns et en « choquant » les autres :

Plein d’animaux radioactifs partout, j’espère me faire mordre par une araignée #nuclearcatastrophe #spiderman

J’espère qu’@JeanReno va bien parce que Godzilla arrive bientôt #nuclearcatastrophe #jamiroquai

Qui est le DRH qui a embauché Homer Simpson chez Areva ? #nuclearcatastrophe

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Bâtir une nouvelle civilisation

Une catastrophe nucléaire qui se respecte a au moins pour elle de ne pas faire de discrimination : elle tue les riches comme les pauvres, les noirs comme les blancs… elle a juste un petit faible pour les enfants, les personnes âgées et les fœtus. Une nouvelle classe dominante va naturellement s’élever et rebâtir le monde à son image. Dans nos société post-idéologiques, globalisées, post-raciales et post tout ce que tu veux, si la classe dominante capitaliste s’effondre, qui restera-t-il à part Google, Facebook et Anonymous, pour nous dire quoi faire ? Facebook a déjà créé sa propre monnaie, Anonymous a toutes les apparences d’une armée secrète, Apple a déjà tout d’une religion et Google est déjà un empire maléfique, non ? Qui d’autre pourrait prendre le contrôle ? La guerre va faire rage entre les barons du web, mais si vous voulez une bonne place dans le nouvel ordre mondial qui va émerger, ne choisissez pas de camp. Jouer sur tous les tableaux est votre meilleure chance. Partagez les vidéos YouTube d’Anonymous sur Facebook, créez vous des identités multiples pour être de chaque faction, accumulez les likes et les followers, dénoncez vos faux comptes aux hackers d’Anonymous, donnez pour héberger les soldats de WikiLeaks, vendez les mots de passes de vos faux comptes Google pour vous acheter des Facebook credits, échangez vos légumes de Farmville contre des vivres IRL. Dans cette nouvelle société, un bon community manager sera un chef de tribu, et un « influenceur » sera le shaman. Enfin, le pouvoir nous reviendra à nous, les bullshiters !

Article initialement publié sur Boumbox

Illustrations CC FlickR: Anders Ljungberg, Ian Myles

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Les oiseaux de l’Apocalypse ou comment expliquer la chute soudaine de volatiles http://owni.fr/2011/01/12/les-oiseaux-de-l%e2%80%99apocalypse-ou-comment-expliquer-la-chute-soudaine-de-volatiles/ http://owni.fr/2011/01/12/les-oiseaux-de-l%e2%80%99apocalypse-ou-comment-expliquer-la-chute-soudaine-de-volatiles/#comments Wed, 12 Jan 2011 07:30:55 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=41955 Titre original : Apocalypse birds: le ciel va-t-il nous tomber sur la tête?

Des nuées d’oiseaux tombant du ciel. Le prémisse idéal à tout film catastrophe qui se respecte se transforme depuis quelques jours en un scenario bien réel.

Depuis la nuit de la Saint-Sylvestre, trois phénomènes de mort massive de volatiles ont été signalés aux États-Unis, dans les états d’Arkansas et de Louisiane, et en Suède, dans une ville au sud-ouest du pays. Survenu dans la nuit du 4 janvier, ce dernier événement a été remarqué moins par son ampleur, une cinquantaine de spécimens aurait été touchés, que par sa survenance, étrangement rapprochée des chutes d’oiseaux américaines. Celles-ci sont en revanche beaucoup plus spectaculaires: 500 victimes en Louisiane ce même 4 janvier, dix fois plus en Arkansas dans la nuit du 31.

Morts de peur

A chaque fois, la trame est identique: des oiseaux de type diurnes sont retrouvés morts ou très affaiblis sur un périmètre limité, sans que les scientifiques ne comprennent bien pourquoi. Impossible par exemple de savoir s’ils se sont éteints en plein vol, ou suite à une chute fatale. En attendant les conclusions des examens en cours, une explication l’emporte cependant: l’idée selon laquelle les oiseaux seraient morts de peur, en raison notamment de feux d’artifice tirés au cours des nuits d’hécatombes.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les volatiles en question, des étourneaux et des carouges à épaulettes, ne sont pas des oiseaux de nuit: ils se déplacent de jour et en nuées atteignant parfois plusieurs milliers d’individus. Le bruit des feux d’artifice aurait troublé leur repos, créant un mouvement de panique forçant les oiseaux à voler bas pour fuir le ciel. Peu habitués à l’obscurité, ils auraient alors percuté les nombreux obstacles se présentant devant eux, maisons, arbres, ou auraient atterri dans l’urgence, se blessant ainsi mortellement.

“Un étourdissement en plein vol”

Pour Frédéric Jiguet, ornithologue au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, la seule explication envisageable serait un « étourdissement en vol », causé par « un grand bruit », comme le passage d’un avion de chasse. Moins convaincu par l’hypothèse des feux d’artifice, il écarte également d’autres causes: l’infection, qui n’aurait pas pu foudroyer simultanément des groupes d’une telle ampleur; le choc physique, qui aurait difficilement pu faire autant de victimes, ou bien encore la tempête, qui aurait éparpillé les oiseaux sur un territoire plus élargi.

Les premiers résultats d’analyses semblent confirmer la théorie du chercheur dans le cas de l’Arkansas, puisqu’aucune toxine n’a été retrouvée dans le corps des volatiles, qui présentent en revanche un grand nombre de blessures, à l’origine de la formation de caillots sanguins qui pourraient être à l’origine de la mort. Pour Frédéric Jiguet,

Ces observations vont dans le sens d’un étourdissement en plein vol.

Quant à débattre du caractère exceptionnel de ces trois hécatombes, si le scientifique reconnaît la singularité des conditions dans lesquelles elles se sont déroulées, il en relativise la portée et n’y voit pour le moment rien de plus qu’une coïncidence.

On observe des morts massives dans le cadre de très mauvaises conditions météorologiques, par exemple en mer ou en plein désert. Dans le cas présent, c’est étrange car les phénomènes se sont produits dans des zones habitées et dans des conditions relativement normales, le tout dans un temps rapproché. Il faut néanmoins relativiser, en France des millions de canards et de grives meurent chaque année, de causes non naturelles, et personne n’en parle alors que le phénomène est bien plus vaste.

D’autres en revanche sont bien plus enclins à faire le lien entre ces pluies morbides. Depuis la médiatisation du cas de l’Arkansas, les explications les plus farfelues fleurissent sur la toile, dont l’une, rien de moins que le début de la fin du monde, fait particulièrement recette.

Des Petits-Gris à la Fin du Temps

Iwanttobeieve_ovni_ufo_extraterrestresParmi les théories les plus en vue, on retrouve la traditionnelle rencontre du troisième type. Si certains approuvent la cause plus plausible d’un “Ovni d’origine terrestre”, autrement dit d’un choc physique avec un engin militaire non identifié, certains avancent que les oiseaux auraient été victimes d’une “technologie alien”.

Dans la famille des scénarii à la Chris Carter, l’implication du programme Haarp est tout aussi satisfaisante, bien que manquant de Petit-Gris. HAARP, ou “High Frequency Active Auroral Research Program”, est un projet scientifique et militaire bien réel, basé en Alaska. Il a pour objectif d’étudier l’impact d’une couche atmosphérique, la ionosphère, sur les communications longues distances. A ce titre, il arrive que les chercheurs en charge du projet “injectent une petite quantité d’énergie déterminée dans une couche spécifique de la ionosphère”. Altération dont les incidences sont non seulement disséquées du côté des sceptiques et des conspirationnistes, mais également du côté du Parlement Européen et d’Hugo Chavez. Le projet est soupçonné d’être à l’origine de changements climatiques temporaires graves, comme des tempêtes ou de tremblements de terre, et dans le cas qui nous intéresse, de la chute mortelle des oiseaux.

On reste dans la veine du complot militaire pour la traditionnelle expérimentation militaire qui aurait mal tournée, hypothèse ravivée par la présence d’une base, Little Rock Air Force Base, à proximité de la ville témoin de la pluie de volatiles. Certains sites racontent que le site détiendrait un stock d’armes chimiques rapatriées d’Irak, dans le but de les utiliser en Afghanistan. Le transport d’un gaz mortel en direction d’Extrême-Orient aurait mal tourné, ce qui expliquerait la mort des oiseaux. La machination ne s’arrête pas là, car les sites indiquent également que l’un des “experts en armes biologiques et chimiques” a été assassiné “après avoir menacé de révéler le test de gaz toxique de l’armée américaine qui a tué des centaines de milliers d’animaux dans l’Arkansas la semaine dernière”.

“Des centaines de milliers d’animaux”, car en marge de l’apocalypse aviaire, il faut savoir que l’état a également été le théâtre de l’extinction de plusieurs milliers de poissons et ce, dans un même week-end. Si la coïncidence est troublante elle ne signifie rien pour les autorités, qui affirment que ces deux incidents, espacés de 160 km, n’auraient rien à voir.

Qu’à cela ne tienne, il n’en fallait pas plus pour susciter l’émoi de toute une communauté sensible, avec plus ou moins de sérieux, aux sirènes millénaristes.

Nombreux sont les sites qui tentent ainsi de répondre à l’attente anxieuse d’internautes, en recherche d’un passage évoquant “la mort d’oiseaux noirs” -les carouges, principales victimes de l’hécatombe, étant de robe sombre- dans la Bible. Faut-il y voir un signe annonciateur de l’Apocalypse ? Malheureusement, le Livre ne répond pas à ces interrogations, mais fournit néanmoins suffisamment d’éléments pour combler certaines aspirations apocalyptiques.

De sorte que les poissons de la mer, et les volailles du ciel, et les bêtes du champ, et de tous choses de rampement qui rampent sur la terre, et tous hommes qui [soyez] sur le visage de la terre, secoueront à ma présence, et les montagnes seront jetées vers le bas, et les endroits raides tomberont, et à chaque mur tomberont à la terre.

Ezekiel 38:20

Animaux décimés par milliers, éclipse solaire, tremblements de Terre en Argentine et au Chili, mais aussi inondations en Australie: ne cherchez plus, la colère de Dieu s’abat sur l’humanité; 2012 se réalise plus tôt que prévu. C’est en tout cas ce qu’affirment de toute leur verve certains individus, certes assimilables à des illuminés puissance dix. Un aperçu édifiant ci-dessous, expliquant ces différents désastres par des causes tout aussi diverses, allant de Dieu bien sûr, à un sort lancé par des sorciers. On vous laisse apprécier -pour oreilles averties.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ovni, complot militaire, “On nous ment”, Dieu et les sorcières: ne manquait plus qu’à cette farandole d’autorités en la matière ce bon vieux Nostradamus qui, décidément, avait un avis sur tout. Sans grande surprise, l’opacité de ses prédictions est telle qu’elles pourraient donner lieu à toutes sortes d’explications, même les plus capillo-tractées. Démonstration:

Puanteur grande sortira de Lausanne, Qu’on ne s’aura l’origine du fait. Lon mettra hors tout la gent loingtaine Feu veu au ciel, peuple estranger deffait.

Où la “puanteur” renvoie à la décomposition des animaux, le “feu du ciel” à l’éclipse solaire et éventuellement aux feux d’artifice, et la “Lausanne” à une désignation ancienne ou biaisée de la Louisiane. Pour les amateurs anglophones, la démonstration complète vaut le détour.

Jean-Michel Planchadamus.

En marge de ces craintes hallucinées, toujours savoureuses – quoique flanquant les miquettes-, on retiendra l’humour des internautes, dont l’attrait assumé mais ironique pour ces histoires de fin du monde, doublé de la recherche intensive -et forcément absurde- des causes de l’apocalypse aviaire n’ont pas fini d’animer le réseau.

A la rédac, si certains valident l’hypothèse d’une future apocalypse zombie, on penche aussi pèle-mêle pour l’implication des Yes Men, de Twitter, de Lady Gaga, des gaz de schistes, voire même de Lady Ga-gaz de schistes. A vous de trancher.


Illustrations CC: materija folle – www.omarsartor.com, Alex—D , p373

Article initialement publié sur OWNIsciences

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Apocalypse birds: le ciel va-t-il nous tomber sur la tête? http://owni.fr/2011/01/06/apocalypse-birds-le-ciel-va-t-il-nous-tomber-sur-la-tete/ http://owni.fr/2011/01/06/apocalypse-birds-le-ciel-va-t-il-nous-tomber-sur-la-tete/#comments Thu, 06 Jan 2011 14:36:13 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=33802 Des nuées d’oiseaux tombant du ciel. Le prémisse idéal à tout film catastrophe qui se respecte se transforme depuis quelques jours en un scenario bien réel.

Depuis la nuit de la Saint-Sylvestre, trois phénomènes de mort massive de volatiles ont été signalés aux États-Unis, dans les états d’Arkansas et de Louisiane, et en Suède, dans une ville au sud-ouest du pays. Survenu dans la nuit du 4 janvier, ce dernier événement a été remarqué moins par son ampleur, une cinquantaine de spécimens aurait été touchés, que par sa survenance, étrangement rapprochée des chutes d’oiseaux américaines. Celles-ci sont en revanche beaucoup plus spectaculaires: 500 victimes en Louisiane ce même 4 janvier, dix fois plus en Arkansas dans la nuit du 31.

Morts de peur

A chaque fois, la trame est identique: des oiseaux de type diurnes sont retrouvés morts ou très affaiblis sur un périmètre limité, sans que les scientifiques ne comprennent bien pourquoi. Impossible par exemple de savoir s’ils se sont éteints en plein vol, ou suite à une chute fatale. En attendant les conclusions des examens en cours, une explication l’emporte cependant: l’idée selon laquelle les oiseaux seraient morts de peur, en raison notamment de feux d’artifice tirés au cours des nuits d’hécatombes.

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Les volatiles en question, des étourneaux et des carouges à épaulettes, ne sont pas des oiseaux de nuit: ils se déplacent de jour et en nuées atteignant parfois plusieurs milliers d’individus. Le bruit des feux d’artifice aurait troublé leur repos, créant un mouvement de panique forçant les oiseaux à voler bas pour fuir le ciel. Peu habitués à l’obscurité, ils auraient alors percuté les nombreux obstacles se présentant devant eux, maisons, arbres, ou auraient atterri dans l’urgence, se blessant ainsi mortellement.

“Un étourdissement en plein vol”

Pour Frédéric Jiguet, ornithologue au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, la seule explication envisageable serait un « étourdissement en vol », causé par « un grand bruit », comme le passage d’un avion de chasse. Moins convaincu par l’hypothèse des feux d’artifice, il écarte également d’autres causes: l’infection, qui n’aurait pas pu foudroyer simultanément des groupes d’une telle ampleur; le choc physique, qui aurait difficilement pu faire autant de victimes, ou bien encore la tempête, qui aurait éparpillé les oiseaux sur un territoire plus élargi.

Les premiers résultats d’analyses semblent confirmer la théorie du chercheur dans le cas de l’Arkansas, puisqu’aucune toxine n’a été retrouvée dans le corps des volatiles, qui présentent en revanche un grand nombre de blessures, à l’origine de la formation de caillots sanguins qui pourraient être à l’origine de la mort. Pour Frédéric Jiguet,

Ces observations vont dans le sens d’un étourdissement en plein vol.

Quant à débattre du caractère exceptionnel de ces trois hécatombes, si le scientifique reconnaît la singularité des conditions dans lesquelles elles se sont déroulées, il en relativise la portée et n’y voit pour le moment rien de plus qu’une coïncidence.

On observe des morts massives dans le cadre de très mauvaises conditions météorologiques, par exemple en mer ou en plein désert. Dans le cas présent, c’est étrange car les phénomènes se sont produits dans des zones habitées et dans des conditions relativement normales, le tout dans un temps rapproché. Il faut néanmoins relativiser, en France des millions de canards et de grives meurent chaque année, de causes non naturelles, et personne n’en parle alors que le phénomène est bien plus vaste.

D’autres en revanche sont bien plus enclins à faire le lien entre ces pluies morbides. Depuis la médiatisation du cas de l’Arkansas, les explications les plus farfelues fleurissent sur la toile, dont l’une, rien de moins que le début de la fin du monde, fait particulièrement recette.

Des Petits-Gris à la Fin du Temps

Iwanttobeieve_ovni_ufo_extraterrestresParmi les théories les plus en vue, on retrouve la traditionnelle rencontre du troisième type. Si certains approuvent la cause plus plausible d’un “Ovni d’origine terrestre”, autrement dit d’un choc physique avec un engin militaire non identifié, certains avancent que les oiseaux auraient été victimes d’une “technologie alien”.

Dans la famille des scénarii à la Chris Carter, l’implication du programme Haarp est tout aussi satisfaisante, bien que manquant de Petit-Gris. HAARP, ou “High Frequency Active Auroral Research Program”, est un projet scientifique et militaire bien réel, basé en Alaska. Il a pour objectif d’étudier l’impact d’une couche atmosphérique, la ionosphère, sur les communications longues distances. A ce titre, il arrive que les chercheurs en charge du projet “injectent une petite quantité d’énergie déterminée dans une couche spécifique de la ionosphère”. Altération dont les incidences sont non seulement disséquées du côté des sceptiques et des conspirationnistes, mais également du côté du Parlement Européen et d’Hugo Chavez. Le projet est soupçonné d’être à l’origine de changements climatiques temporaires graves, comme des tempêtes ou de tremblements de terre, et dans le cas qui nous intéresse, de la chute mortelle des oiseaux.

On reste dans la veine du complot militaire pour la traditionnelle expérimentation militaire qui aurait mal tournée, hypothèse ravivée par la présence d’une base, Little Rock Air Force Base, à proximité de la ville témoin de la pluie de volatiles. Certains sites racontent que le site détiendrait un stock d’armes chimiques rapatriées d’Irak, dans le but de les utiliser en Afghanistan. Le transport d’un gaz mortel en direction d’Extrême-Orient aurait mal tourné, ce qui expliquerait la mort des oiseaux. La machination ne s’arrête pas là, car les sites indiquent également que l’un des “experts en armes biologiques et chimiques” a été assassiné “après avoir menacé de révéler le test de gaz toxique de l’armée américaine qui a tué des centaines de milliers d’animaux dans l’Arkansas la semaine dernière”.

“Des centaines de milliers d’animaux”, car en marge de l’apocalypse aviaire, il faut savoir que l’état a également été le théâtre de l’extinction de plusieurs milliers de poissons et ce, dans un même week-end. Si la coïncidence est troublante elle ne signifie rien pour les autorités, qui affirment que ces deux incidents, espacés de 160 km, n’auraient rien à voir.

Qu’à cela ne tienne, il n’en fallait pas plus pour susciter l’émoi de toute une communauté sensible, avec plus ou moins de sérieux, aux sirènes millénaristes.

Nombreux sont les sites qui tentent ainsi de répondre à l’attente anxieuse d’internautes, en recherche d’un passage évoquant “la mort d’oiseaux noirs” -les carouges, principales victimes de l’hécatombe, étant de robe sombre- dans la Bible. Faut-il y voir un signe annonciateur de l’Apocalypse ? Malheureusement, le Livre ne répond pas à ces interrogations, mais fournit néanmoins suffisamment d’éléments pour combler certaines aspirations apocalyptiques.

De sorte que les poissons de la mer, et les volailles du ciel, et les bêtes du champ, et de tous choses de rampement qui rampent sur la terre, et tous hommes qui [soyez] sur le visage de la terre, secoueront à ma présence, et les montagnes seront jetées vers le bas, et les endroits raides tomberont, et à chaque mur tomberont à la terre.

Ezekiel 38:20

Animaux décimés par milliers, éclipse solaire, tremblements de Terre en Argentine et au Chili, mais aussi inondations en Australie: ne cherchez plus, la colère de Dieu s’abat sur l’humanité; 2012 se réalise plus tôt que prévu. C’est en tout cas ce qu’affirment de toute leur verve certains individus, certes assimilables à des illuminés puissance dix. Un aperçu édifiant ci-dessous, expliquant ces différents désastres par des causes tout aussi diverses, allant de Dieu bien sûr, à un sort lancé par des sorciers. On vous laisse apprécier -pour oreilles averties.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Ovni, complot militaire, “On nous ment”, Dieu et les sorcières: ne manquait plus qu’à cette farandole d’autorités en la matière ce bon vieux Nostradamus qui, décidément, avait un avis sur tout. Sans grande surprise, l’opacité de ses prédictions est telle qu’elles pourraient donner lieu à toutes sortes d’explications, même les plus capillo-tractées. Démonstration:

Puanteur grande sortira de Lausanne, Qu’on ne s’aura l’origine du fait. Lon mettra hors tout la gent loingtaine Feu veu au ciel, peuple estranger deffait.

Où la “puanteur” renvoie à la décomposition des animaux, le “feu du ciel” à l’éclipse solaire et éventuellement aux feux d’artifice, et la “Lausanne” à une désignation ancienne ou biaisée de la Louisiane. Pour les amateurs anglophones, la démonstration complète vaut le détour.

Jean-Michel Planchadamus.

En marge de ces craintes hallucinées, toujours savoureuses – quoique flanquant les miquettes-, on retiendra l’humour des internautes, dont l’attrait assumé mais ironique pour ces histoires de fin du monde, doublé de la recherche intensive -et forcément absurde- des causes de l’apocalypse aviaire n’ont pas fini d’animer le réseau.

A la rédac, si certains valident l’hypothèse d’une future apocalypse zombie, on penche aussi pèle-mêle pour l’implication des Yes Men, de Twitter, de Lady Gaga, des gaz de schistes, voire même de Lady Ga-gaz de schistes. A vous de trancher.


Illustrations CC: ZeroOne, Alex—D , p373,

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