OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La vie secrète des adolescents dans les réseaux sociaux http://owni.fr/2011/05/13/la-vie-secrete-des-adolescents-dans-les-reseaux-sociaux/ http://owni.fr/2011/05/13/la-vie-secrete-des-adolescents-dans-les-reseaux-sociaux/#comments Fri, 13 May 2011 13:59:50 +0000 Yann Leroux http://owni.fr/?p=62528 Les adolescents se soucient peu de leur vie privée. Ils auraient la fâcheuse tendance à partager n’importe quel contenu avec n’importe qui. Ils ne prendraient pas suffisamment en compte que ce qui est écrit aujourd’hui peut être retrouvé demain, et ils auraient même la légèreté d’ignorer que 10 ans plus tard, des contenus en ligne pourraient leur coûter un emploi.

Un texte de danah boyd et Alice Marwick – La vie privée dans les réseaux sociaux, les attitudes, pratiques et stratégies des adolescents [PDF] – fait le point sur les pratiques adolescentes en ligne. Il montre que les pratiques adolescents en ligne sont conditionnées par le sens que les adolescents donnent à la situation et qu’ils sont toujours soucieux de leur vie privée.

La vie privée est d’abord une histoire d’espace. C’est l’espace dans lequel il est possible d’être seul. C’est l’espace dans lequel chacun a la maitrise de l’ouverture et de la fermeture à l’autre. Cet espace peut être un objet – un coffre, par exemple. Il peut être un espace d’inscriptions – c’est le journal intime. Il peut encore être l’espace dans lequel sont contenues des conduites ou des relations qui doivent être masquées des autres. La maison, telle que nous l’expérimentons depuis la Seconde Guerre mondiale, en est le modèle parfait.

L’espace privé n’est pas nécessairement un espace physique. Il peut s’agir d’un espace psychologique : c’est alors le secret des pensées que l’on se dit qu’à soi-même. L’espace privé se superpose alors à ce qui n’est pas dit ou exprimé.

De la même façon que l’épaisseur des murs et leur agencement masquent plus ou moins la maison aux regard extérieurs, dans le cyberespace, les dispositifs sont plus ou moins ouverts sur l’espace public. Ainsi, Facebook a de plus en plus ouvert les comptes sur l’espace public. Le flux d’actualité qui avait suscité beaucoup de résistance lors de sa mise en place est parfaitement accepté par tous. Mais il ne s’agit pas seulement de code. Celui-ci ne fait pas la loi, contrairement à ce que Lawrence Lessig pouvait affirmer. Des pratiques sociales se greffent sur ces dispositifs, et les amendent fortement. Par exemple, Blizzard a dû reculer devant la levée des boucliers lors de la mise en place de la fonctionnalité Nom Réel. Google a dû aussi largement modifier Google Buzz devant les plaintes des utilisateurs, et la fonctionnalité annoncée comme une révolution qui allait  culbuter Facebook végète aujourd’hui dans un coin du cyberespace.

Double discours

danah boyd et Alice Marwick mettent le doigt sur une certaine hypocrisie : on reproche souvent aux adolescents de ne pas être suffisamment précautionneux en ligne sans tenir compte du fait que ceux qui ont pouvoir sur eux, c’est-à-dire les parents, rompent régulièrement les barrières de leur vie privée sous des prétextes fallacieux. Un double langage se met alors en place. Les adultes se plaignent du manque de retenue des adolescents en ligne et ils se comportent dans l’espace physique comme s’ils n’avaient pas droit à un espace privé.

Elles donnent un exemple qui est d’autant plus parlant que le procédé est souvent utilisé par les formateurs. Lors d’une session de formation auprès d’adolescents, des adultes font un diaporama de toutes les images qu’ils ont trouvées sur les comptes des adolescents. Le diaporama provoque une bronca des adolescents et l’incompréhension des adultes. Pour ces derniers, les images sont publiques, puisque trouvées sur Facebook. Pour les adolescents, il s’agit d’une trahison. danah boyd et Alice Marwick interprètent la situation en termes de pouvoir : ce n’est pas que les adolescents ne prennent pas en compte la question de la vie privée sur Facebook mais plutôt les autres qui ne la respectent pas.

En somme, les adolescents se comportent en ligne comme au supermarché. Tout le monde voit le contenu du caddy du voisin à la caisse, mais personne ne fait de commentaire,  Qui, ici est à blâmer ? Est-ce les adolescents ou les adultes qui non seulement font preuve d’une curiosité déplacée, mais s’en servent pour faire honte et culpabiliser des adolescents ?

danah boyd et Alice Marwick montrent que pour les adolescents, l’espace privé est d’abord un espace vide de la présence des parents. Pour certains adolescents, l’espace privé est un espace collectif. Il est séparé de l’espace public, mais à l’intérieur de cet espace, les adolescents ne bénéficient pas d’un espace qui leur appartienne en propre.

Les adolescents ont construit des pratiques sociales qui font de l’Internet un espace qui leur appartienne en propre. Observés de toutes parts, évalués de façon continuelle par les adultes, ils construisent dans les espaces publics des niches sociales. La cage d’escalier, le centre commercial étaient préférentiellement investis par les adolescents des générations précédentes.

Pour danah boyd et Alice Marwick, il s’agit avant tout d’une histoire de pouvoir. Les adolescents sont un groupe d’individus dominés, et ils créent des “contre-espace” dans lesquels ils vont pouvoir re-formuler leurs identités, leurs besoins, leurs intérêts. Comme les espaces physiques de socialisation ont disparu ou ont été considérablement réduits, les adolescents ont massivement investi le cyberespace comme espace de rassemblement. La notion de “contre-espace subalterne” qu’elles empruntent à Nancy Frazer n’est pas sans faire penser aux espaces hétérotopiques dont parle Michel Foucault.

Context is king

La pratique de l’Internet des adolescents se fait selon un” travail des frontières” qui définit sans cesse ce qui est privé et ce qui est public. Le contexte est ici la clé. On ne commente pas le contenu du caddy d’un étranger, mais on se sentira libre de le faire avec un ami. Cette règle fonctionne également en ligne. Elle est d’autant plus importante que différents mondes et types de relations s’y rencontrent régulièrement. L’effondrement des barrières qui maintenaient des acteurs dans des espaces sociaux différents produit des effets de convergence qui sont parfois malvenus.

danah boyd et Alice Marwick donnent quelques exemples de la manière dont se fait ce travail des frontières. Elles différencient des stratégies structurelles et des stratégies sociales.

1. Les stratégies structurelles

Le Top 8 de MySpace, les listes de Facebook permettent de composer des cercles de proches. Le Top 8 fonctionne comme signe : si vous n’êtes pas sur la liste, alors vous devez y penser à deux fois avant de poster un commentaire. Il  est une ceinture rassurante : au-delà, c’est l’inconnu et en deçà c’est l’espace rassurant des relations privées. Les adolescents peuvent également utiliser différents dispositifs pour différentes audiences : la famille sur Facebook, les amis sur MSN. Chaque dispositif a des qualités qui le font ressentir plus ou moins public.

Sur Facebook, la désactivation du compte ou l’effacement des commentaires et des updates est aussi une façon de protéger sa vie privée.

2. Les  stratégies sociales

Le travail ses frontières se fait également autour de stratégies relationnelles et de langage. Des private jokes, des allusions, des expressions argotiques permettent de rassembler des audiences et délimitent des espaces privés et des espaces publics.  Par exemple, les paroles de “Always look on the bright side of life” peuvent être comprises comme un signe de bonne humeur ou de désespoir total. Les messages peuvent être encryptés dans des éléments de la culture populaire, ce qui les rend opaques aux adultes, et perméables à ceux qui ont la bonne référence. Une autre façon de procéder est de diminuer au maximum tout effet de contextualisation. Celui-ci n’est pas contenu dans le message, mais dans des interactions qui ont eu lieu ailleurs, ce qui empêche toute personne qui n’a pas le contexte de comprendre ce dont il s’agit.

Savoir coder les labyrinthes de sens nécessaires à la protection

« La plupart des ados ont réalisé que limiter l’accès au sens peut être un moyen bien plus efficace que d’essayer de limiter l’accès au contenu lui-même », écrivent danah boyd et Alice Marwick. Cette limitation se fait grâce à des figures langagières qui permettent à des individus et des groupe de s’entretenir en privé en public.

On en arrive toujours à la même chose. Ceux qui ont un rapport facilité à la langue sauront créer les labyrinthes de sens nécessaires à leur protection. Ils sauront encoder et décoder les contenus de l’Internet comme différentes figures transtextuelles (Genette, Ph. 1982). Ils sauront reconnaitre à l’intérieur d’un texte la présence d’un autre texte et qui lui donne tout son sens. Il sauront reconnaitre la citation, l’allusion ou le plagiat. Ils sauront décoder les signaux qui entourent un texte. Bref, ils sauront interpréter ce que l’Internet leur apporte.

Au final, la vie privée des adolescents en ligne est caractérisée par :

  • des paniques morales orchestrées par les adultes autour de la figure de l’étranger.
  • une méconnaissance des pratiques réelle des adolescents en ligne de la part des adultes.
  • des pratiques de discours qui permettent de s’entretenir en privé en public.
  • une utilisation efficace et créative des dispositifs techniques.

Billet initialement publié sur Psy et geek ;-)

Images CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification Annie in Beziers et PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification paul peracchia

]]>
http://owni.fr/2011/05/13/la-vie-secrete-des-adolescents-dans-les-reseaux-sociaux/feed/ 32
Rencontre avec danah boyd http://owni.fr/2010/08/30/rencontre-avec-danah-boyd/ http://owni.fr/2010/08/30/rencontre-avec-danah-boyd/#comments Mon, 30 Aug 2010 08:13:03 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=25753 danah boyd travaille depuis maintenant un an et demi au Microsoft Research New England et s’est auparavant  fait connaître grâce à ses études sur Friendster puis MySpace. Elle se spécialise sur la question des pratiques et usages des adolescents sur les réseaux sociaux et sur les questions liées à la confidentialité. Ses analyses ont déjà été régulièrement reprises sur OWNI. Je suis allé la rencontrer à Boston.

Le bâtiment de Microsoft Research est posé juste à côté du MIT et propose une vue assez impressionnante sur les voiliers traversant la rivière Charles. Arrivé au douzième étage, je demande danah boyd. Un premier chercheur ne voit pas de qui je veux parler. Un second me dit que le nom lui dit bien quelque chose, mais qu’il ne peut pas m’en dire plus. Finalement, une autre personne m’amène jusqu’à une salle de réunion assez simple. Assise sur un canapé anis, une couverture verte sur les genoux, danah boyd me reçoit.

L'envers du décor

Généralement, quand on lui demande ce qu’elle fait, elle répond qu’elle est chercheur en “social media”. Elle m’explique que pour elle, ce terme n’a pas de signification précise mais qu’il a le mérite de dire quelque chose à tout le monde. Son métier consiste à analyser les interactions sociales entre les humains. Dans le cadre des médias sociaux, il s’agit surtout de comprendre comment la technologie permet de favoriser ou d’influencer ces interactions.

Adolescents et réseaux sociaux

Premier sujet de notre échange : les adolescents. À partir de 8 ans, les enfants commencent à comprendre le monde qui les entoure et leur place dans celui-ci. À présent, ils doivent également comprendre comment s’insérer dans les réseaux sociaux. La plupart a déjà compris que l’information était un pouvoir. Si je sais quelque chose sur quelqu’un, cela me donne un pouvoir, et cela fonctionne également dans l’autre sens : si quelqu’un sait quelque chose sur moi, j’ai un pouvoir sur lui.

Dans une société traditionnelle, les informations personnelles s’échangent dans les deux sens la plupart du temps, à moins d’entrer dans des relations parasociales. Les relations parasociales sont celles par exemple qui lient une personnalité à ses fans, où ils en savent beaucoup, mais la personnalité n’a pas besoin de savoir quoi que ce soit sur eux. Ce genre d’interaction est beaucoup plus courante sur Internet, avec des gens suivant d’autres personnes ou ayant accès à leurs informations.

La relation parasociale sur Internet peut rendre les gens vulnérables. Et particulièrement les jeunes, qui arrivent dans le monde à cet âge, n’ayant aucune indication sur la façon dont il fonctionne. Ils ne doivent pas seulement découvrir le monde, mais également les technologies. Et c’est ce qui rend passionnant l’étude des enfants pour danah boyd.

Face au flux de l’information, nous sommes tous effrayés de pouvoir manquer quelque chose, mais nous savons qu’il est impossible de tout consommer. Les jeunes nagent également dans ces flots d’informations, mais ça a plus d’importance pour eux. Ils vivent avec tous les jours. Et en sortir est un choix difficile à faire.

La génération Y n’existe pas

Concernant l’existence d’une “Génération Y” dont on nous parle si souvent, elle est assez claire : c’est de la bouillie marketing. Il existe sans aucun doute des périodes dans la vie où des tranches d’âge partagent les mêmes découvertes et une actualité commune. En revanche, il ne s’agit pas d’une génération au sens où les gens l’entendent : on généralise beaucoup trop. La question de la classe sociale compte beaucoup. La “Génération Y” n’est en fait qu’une petite partie des jeunes actuels, celle que les spécialistes du marketing doivent atteindre.

Attention, hackers

Nous revenons ensuite sur les “attention hackers”. Ces jeunes qui ont décidé de s’amuser avec l’économie de l’attention, mettant en lumière la malléabilité de l’information. La nouvelle pédagogie proposait il y a quelques années que les élèves s’intègrent dans les livres, racontant comment il pourraient sauver tel personnage ou aider tel autre, pour s’investir. Aujourd’hui, l’investissement personnel est sorti des considérations éducatives pour s’étendre bien au-delà. Les jeunes sont passés de la pure consommation au cycle consommer et produire.

L’exemple typique de produit culturel qui entre dans ce schéma est Lost, série qui n’est pas faite que pour être regardée mais qui pousse ses spectateurs à produire des théories, des réflexions… Les artefacts culturels qui entourent un fait d’actualité ou un bien culturel lui donnent un intérêt et investissent le spectateur/lecteur/producteur. danah me parle ensuite des tags vidéo où des jeunes Philippins expliquent ce qui les fait philippins et qui proposent à plusieurs de leurs amis de réaliser à leur tour une vidéo.

danah meets Morano

C’est le moment que je choisis pour lui montrer la publicité du secrétariat d’État à la famille. Plus la vidéo avance et plus elle sourit. En voyant le vieux monsieur proposer à la petit fille de lui montrer son lapin, elle s’esclaffe “Il ne manquait que lui !” Je lui expose rapidement les projets de filtrage de notre gouvernement.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Elle redevient alors sérieuse. Ses exemples et études sont principalement américaines et britannique : elle ne s’avance pas à l’appliquer à la France. Pourtant, l’étude EU Kids Online de Sonia Livingstone, encore en cours, semble confirmer les chiffres observés en Angleterre et aux États-Unis. S’ensuit une suite d’arguments dont je sens qu’elle a l’habitude.

Les problèmes que peuvent rencontrer les individus en ligne sont des problèmes qui ne sont que révélés sur Internet et qui arriverait sans le réseau. Des brimades ? Des jeunes qui s’invitent chez un camarade de classe pour y faire la fête ? Cela existait avant. Ce qu’apporte Internet, c’est une preuve tangible, un enregistrement de ces problèmes.

danah prend alors pour exemple le site des pro-ana, dont elle sait qu’une sénatrice française, Patricia Schillinger, a tenté de les interdire, initiative qui lui semble dérisoire. Elle avait suivi toutes les discussions autour de ce thème et ce qui la surprend c’est qu’on veuille interdire des sites où des jeunes se présentent dans des états de maigreur morbide, et partagent leur maladie alors que selon elle, la première des choses à faire serait plutôt d’aider ces jeunes filles qui sont dans une situation visiblement merdique [visible deep shit].

Les blogs où les jeunes organisent leurs suicides qui permettent à la presse de titrer “Internet les a poussés au suicide” constituent également un bon exemple. Encore une fois, si on remonte un peu dans les archives de ces blogs, on aperçoit de nombreux appels à l’aide, auquel il s’agirait plutôt de répondre plutôt que de blâmer la technologie.

Face à tous ces problèmes, plutôt que l’outil législatif, danah boyd préconise des services sociaux. Prenant pour exemple les “Street Outreach Service”, structures dans lesquels des jeunes aidaient d’autres jeunes ayant des problèmes dans la rue, elle imagine des patrouilles virtuelles qui trouveraient ces contenus et tenteraient d’aider ces jeunes.

Pédophilie et pédopornographie

La pédophilie est également évoquée. Elle me rappelle que la plupart des agressions sexuelles sont perpétrées par un membre de la famille ou un proche et donne cet exemple des violeurs qui vont statistiquement plus souvent se rapprocher de mères célibataires.

La plupart du temps les informations personnelles que les enfants diffusent à propos d’eux-mêmes ne leur occasionnent pas de problème. Les risques potentiels existent uniquement quand la conversation tourne autour du sexe. Et dans ce cas, ce sont les enfants qui mentent sur leur âge et ils savent très bien ce qu’ils font, et ils le font pour le sexe. Il a été prouvé que ces enfants ont des problèmes dans leur famille ou des désordres psycho-sociaux. Encore une fois, il s’agit plutôt d’aider les enfants que de traquer des pervers.

Concernant la pédopornographie, il s’agit de quelque chose de beaucoup plus grave selon elle. Il s’agit de la production d’enregistrements de crime contre des enfants. La diffusion de ces images continue de nuire aux enfants. Et plus une personne collectionne sur son ordinateur des contenus pédopornographiques, plus la probabilité qu’il passe à l’acte lui-même est importante. Le taux de conversion de la consommation à la production de telles images est énorme. Il s’agit donc d’empêcher les gens d’en collectionner.

Et de bien faire la différence avec des vidéos impliquant des enfants pré-pubères ou les pratiques de sexting entre adolescents, ce que ne fait pas encore la loi. Un outil législatif puissant contre la pédo-pornographie est donc nécessaire pour empêcher les consommateurs de devenir producteurs.

Alors, faut-il tout de même donner des cours aux jeunes pour leur expliquer la confidentialité et Internet ? La réponse est claire, il faut avant tout les éduquer. Tout simplement. Quand on regarde l’interview de la soldate israelienne dont le nom sera à jamais attaché à ces photos, on se rend surtout compte qu’elle n’est pas très intelligente et que sa réputation est à jamais entachée. Les jeunes doivent tous les jours faire avec leur réputation. Et ça ne change pas avec Internet.

Pour finir, elle parle des quatre leviers de Lawrence Lessig pour que les choses changent : le marché, la loi, les normes sociales et la technologie. Il faut jouer avec ces quatre leviers pour faire évoluer la société. Pour ces différents problèmes, le marché et la technologie sont trop dispersés. Il faut donc faire évoluer nos normes sociales et se baser sur la loi, qui a le désavantage de ne pas être très rapide, pour résoudre les plus grands problèmes.

L’heure accordée à notre entretien est bientôt terminée, danah espère que l’annonce de Places par Mark Zuckerberg ne va pas l’obliger à lire toutes la soirées les nouvelles normes de confidentialités de Facebook et les brèches que cette nouvelle fonctionnalité va ouvrir. D’ailleurs, elle en est convaincue, le futur se jouera sur le mobile et la localisation. Est-ce que Facebook fera partie de ce futur ? On n’a pas la réponse. Il y a dix ans, on pensait que Yahoo serait le plus gros. La question est donc de savoir jusqu’à quel point Facebook va se mettre ses utilisateurs à dos. Et à quel moment le coût social d’utilisation d’un tel réseau social sera plus important que les bénéfices qu’on en tire.

En me relevant, je regarde une dernière fois les voiliers sur la rivière Charles et elle me raconte la beauté de la rivière en hiver quand celle-ci est gelée et que les gens patinent dessus. Où l’amusement qu’elle peut avoir à regarder les jeunes marins tomber pendant leurs cours de voilier.

Patiner, tomber, se relever. La vie tout simplement. En ligne ou hors ligne.

Illustrations CC FlickR par Ewan McIntosh, Peter the Repeater

]]>
http://owni.fr/2010/08/30/rencontre-avec-danah-boyd/feed/ 21