OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les Vieilles Charrues, un bon festival “à l’ancienne” http://owni.fr/2011/07/21/les-vieilles-charrues-un-bon-festival-a-lancienne/ http://owni.fr/2011/07/21/les-vieilles-charrues-un-bon-festival-a-lancienne/#comments Thu, 21 Jul 2011 08:53:50 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=74294 Cet anniversaire devait tenir toutes ses promesses : celui d’un festival exubérant, gargantuesque et pourtant toujours aussi bon enfant et attaché à son territoire. Comme une immense fête de village où, d’année en année, les habitants auraient invité leurs amis, puis les amis des amis… Pour finir par se retrouver avec plus de 5.000 bénévoles et 240.000 entrées en 4 jours !

Certains imaginaient une programmation mythique pour cette édition anniversaire. On a entendu les noms de Daft PunkNeil Young ou même des Rolling Stones circuler ! Rien de tout ça finalement. Les Charrues sont restées fidèles à elles-mêmes : une programmation foutraque, ou en trois heures, on peut s’enchaîner ScorpionsSnoop Dogg et Mondkopf ! Une programmation concoctée à base de grosses têtes d’affiches françaises façon variet’ (Jean-Louis Aubert, Eddy Mitchell, Yannick Noah…) et quelques jolis coups (PJ Harvey, Lou Reed, Cypress Hill…). Derrière ces locomotives (on oublie volontairement Guetta), une centaine de groupes tout aussi divers dans leur style, leur nationalité et leur niveau de notoriété. C’est un peu comme à la fête foraine : il y en a pour tous les goûts, et à toute heure…

Cette prog’ des 20 ans a été critiquée. Et pourtant, en moins d’une journée, les 105.000 pass 3 ou 4 jours ont été vendus. Un commerce au noir a fleuri sur la toile, à tel point que le festival a dû mettre en place un système de bourse d’échange pour éviter les dérives (des pass proposés à 600 euros et un procès gagné contre un site anglais). Étonnant ? Pas tant que ça…

Les Vieilles Charrues, c’est le festival « à l’ancienne » par excellence. Celui qui jouit d’une côte d’amour irrationnelle et totalement déconnectée des aléas artistiques (et par la même de la surenchère des cachets). On y vient avant tout pour y retrouver une ambiance. Les bénévoles et les festivaliers font la force et l’attrait de ce festival. Les groupes, eux, se doivent de réaliser la bande-son pour cet étrange village de petits Gaulois bien décidés à faire la fête jusqu’à plus d’heure.

On pourrait penser qu’il s’agit d’une spécificité bretonne, voire des Charrues. Pourtant, une étude anglaise sur les festivaliers en Europe montre que le premier critère pour se décider à venir ou non sur un festival, ce n’est pas la programmation mais le nombre d’amis qui seront présents. La propreté des toilettes compte presqu’autant que la programmation…

Lives

Notre histoire avec les Bloody Beetroots a débuté il y a plus d’un an, à Panoramas. Ce jour d’avril 2010, les trois Italiens masqués retournaient littéralement la petite ville de Morlaix. On en avait alors profité pour capter un live démoniaque

De retour en terres bretonnes avec leur nouveau spectacle « Church Of Noise », les potes de Steve Aoki étaient attendus ce week-end aux Charrues. Quelques minutes en amont de leur live, nous les avons suivis pour immortaliser leur entrée en scène devant plusieurs dizaines de milliers de furieux, sur la scène Glenmor…

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Notre première rencontre avec les gais lurons québécois Misteur Valaire s’est faite il y a un an autour d’un jeu un peu bizarre. Depuis, on les a vus sur scène chez eux, au Québec, et on s’est dit que les Montréalais méritaient bien qu’on immortalise l’un de leurs concerts.

Sur la scène Grall, France, DRouin, Jules, To, Luis ont réveillé les corps humides, l’heure de l’apéro à peine passée. Voici Ave Mucho, hymne à la fête et à la bonne humeur :

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Dans le sillage d’une bien chouette soirée sur la scène Grall (Misteur Valaire, Tiga…), l’ovni Crystal Fighters a débarqué à Carhaix. Ce projet musical hors-cases mélange rock, électro, folklore basque et même quelques incursions dubstep. Le concert des anglo-espagnols restera une des révélations du festival. Il ne vous reste plus qu’à vous jeter sur ce live !

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Demander à un rappeur d’avoir un bon flow et des textes incisifs. Voilà, à priori, le b.a.-ba requis pour se présenter sur scène, quand on prétend taquiner la rime. Parfois, la réalité est toute autre. Mais quand Marc Nammour se présente à nous pour ouvrir la 20e édition des Vieilles Charrues, on se convainc vite qu’on a ici affaire à un garçon sérieux. Ce rap-là a des choses à dire. Cela peut paraitre prise de tête. C’est tout le contraire.

En face d’Olivia Ruiz, le son rock de La Canaille est une bonne mise en jambe, et surtout un bel éveil des sens et des consciences. Nous avons filmé Par temps de rage, morceau éponyme du second album du groupe, paru en ce début d’année.

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On ne vous a jamais raconté notre première rencontre (ratée) avec Goran Bregovic. C’était il  y a un an, au Foin de la Rue. On devait l’interviewer. La thématique de l’interview (l’enfance) ne lui avait pas plu, et il avait tourné les talons.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Goran Bregovic a posé le pied pour la première fois à Kerampuilh cette année. Pourtant, il était évident que la rencontre entre le public des Vieilles Charrues et le natif de Sarajevo serait un chouette moment. Tête d’affiche d’une soirée à Grall dédiée aux musiques de l’est, le gazier s’est dépassé. Et le public, comme bien souvent, ne s’est pas fait prier.

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Acoustique

Il y a des femmes qui transpirent le rock par tous les pores de la peau. Lisa Kekaula est de celles-là. Débarqués de Londres pour faire trembler la scène Glenmor, la chanteuse des Bellrays et ses trois musiciens ont prouvé que la flamme soul-rock est intacte.

Quelques minutes après leur concert, Lisa Kekaula et son guitariste ont débranché le courant et nous ont offert une petite session acoustique, dans leur loge.

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On pensait la trouver avec sa guitare en bandoulière, c’est finalement avec un synthé que Ladylike Lily nous a accueillis dans sa caravane. La jolie Rennaise, qui bénéficie du soutien actif des Vieilles Charrues, est venue passer quatre jours au festival, en voisine. Accompagnée de son ingé-son qui a dégainé un iPad pour l’occasion, Ladylike Lily nous a offert en avant-première l’un de ses nouveaux titres, Kissing Spell, qu’elle jouait pour la première fois. Une histoire de sirène qui ne voulait pas tuer les gens :

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Brèves de Charrues

À la belle étoile. A son origine, l’expression « faire campos » désignait la fin de l’école pour permettre aux enfants de retrouver leur campagne et se coltiner les travaux agricoles, au champ. Deux siècles plus tard, les temps ont bien changé, du côté de Carhaix. Ici, on remet les pendules à l’heure : le camping, c’est chouille, chouille et chouille.

Auto-proclamé meilleur camping de festival en France, ce champ est franchement surréaliste, par instants. Dormir, c’est tricher. L’heure où tout dérape ? L’apéro, bien entendu. C’est à ce moment-là qu’on est allés à la rencontre de ces festivaliers multi-récidivistes de délits carhaisiens. A la rencontre des habitués, pour nous narrer leurs souvenirs et meilleurs moments de ces vingt éditions.

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Après quoi courent-ils ? 13h47. Soit 17 minutes de retard pour une ouverture des portes très calme, même si les files d’attente avaient été doublées cette année. Pour la petite histoire, les premiers à fouler Kerampuilh sont deux quinquagénaires, prenant leurs jambes à leur cou et traçant leur route comme des ados. Pour Scorpions, on parie.

Tout change, rien ne change. Qu’y-a-t-il  de nouveau pour ces 20 ans ? A vrai dire, pas grand chose, et c’est tant mieux. Principal enseignement : le festival est toujours préservé des assauts de marques trop envahissantes. A Carhaix, on joue encore sur terrain neutre.

Girls power. Deux journalistes nous annoncent que 69% des festivaliers sont des filles. Majoritaires, peut-être. Mais nos confrères voient peut-être un peu double, quand même, lorsqu’il s’agit de la gent féminine.

Retour aux sources. En décembre, Olivia Ruiz sera à l’affiche de ‘Un jour, mon père viendra‘, comédie tournée lors de l’été 2010, et où elle donne la réplique à Gérard Jugnot et François Berléand. En conférence de presse, la belle insiste : rien de plus légitime pour celle qui a d’abord une formation de comédienne avant de pousser la chansonnette. Tiens, prend ça, Vanessa Paradis.

God saves Jarvis Cocker. Pulp a joué sur une scène Kerouac désertée par un public soucieux de se placer pour Scorpions. Les irréductibles n’ont pas été déçus du voyage un peu halluciné proposé par Jarvis Cocker, un animal capable de rester classe en faisant mine de montrer son pénis et en se mettant à quatre pattes. Ce mec est grand.

Mondkopf, taille patron. Ce petit génie de la musique électronique tient décidément une côte d’enfer. Initialement prévu sur la scène Grall, honnêtement plus conforme à son statut, l’auteur du somptueux ‘Rising Doom’ s’est vu proposer ensuite la clôture de la grande scène, à condition d’allonger son set de cinq petites minutes. Si ce n’est que ça, alors banco.

Que devient le Doggystyle ? Alors que les vrais gangstas se font plomber dans la rue, Snoop Dogg referait-il son cercle d’amis autour de David Guetta ? On préfère en tout cas le voir avec son spliff et le son west-coast qui le caractérise tant. Plutôt qu’appeler au jump, avec des sons dance machine. Le grand écart est là, et nous, on souffle le chaud et le froid.

Publié initialement sur le blog de Sourdoreille sous les titres Brèves de comptoir des Vieilles Charrues et les Vieilles Charrues, pays de Cocagne

Illustration: Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales StevenLeRoux

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Le festival Papillons de Nuit vu et entendu par Sourdoreille http://owni.fr/2011/06/22/le-festival-papillons-de-nuit-vu-et-entendu-par-sourdoreille/ http://owni.fr/2011/06/22/le-festival-papillons-de-nuit-vu-et-entendu-par-sourdoreille/#comments Wed, 22 Jun 2011 14:52:54 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=71245 Dès demain, une partie du collectif Sourdoreille débarque aux Papillons de nuit. Le festival, à la croisée des chemins normands et bretons, propose une programmation alléchante, devant près de 20 000 personnes par soir. Quand même.

Sans vous dévoiler dès maintenant le menu, nous y ramènerons neuf vidéo, entre lives, sessions acoustiques et interviews à la sauce Sourdoreille. En guise de premier repérage pour passer entre les gouttes de pluie (car à Saint-Laurent de Cuves, il ne pleut bien-sûr que sur les cons), quelques noms attirent notre attention et sonnent d’ores et déjà comme la promesse de beaux moments.

Le vendredi fera la part belle aux variations soul, funk et reggae avec la fine fleur Selah Sue, le majestueux Maceo Parker et la soul moderne d’Aloe Blacc. On pourra compter avec Zone Libre (photo), le projet hybride et militant de Serge Teyssot-Gay, Casey et B. James, pour acérer nos esprits. Pour conclure, il faudra zig zager entre l’armada Chinese man et les orfèvres reggae de Groundation.

Une programmation résolument plus rock et électro battra la mesure, samedi. S’il sera facile d’être aveuglé par les mastodontes The Hives, qui ne font jamais le déplacement pour rien, les papillons avertis pourront également (re)découvrir l’essence du rock avec Jon Spencer Blues Explosion, flâner avec le beau brin de voix avec Eliza Doolitle, se faire un avis sur le revival shoegaze de The Joy Formidable ou encore sur les régionaux de l’étape The Lanskies et Da Brasilians.

Point d’orgue très attendu : Digitalism, formidable machine danceflloor. Dimanche, une journée à la cool se profile, du moins pour commencer, avec la création d’ I Arkle and the Schoolyard children (avec des écoliers qui bossent d’arrache-pied depuis des semaines), King Charles, et Cocoon. Un dernier petit slalom rock avec les Vismets, avant de retrouver avec curiosité et qui sait peut être émotion la force tranquille du crooner des familles, Eddy Mitchell, et de rempiler sur l’efficacité d’un Beat Torrent pour les dernières heures du festival.

Chinese man – live

Chinese Man, marseillais aux beats orientaux, a réchauffé des festivaliers en quête d’électro léchée. Accompagné de Taïwan MC et de son ragga efficace, Chinese Man a narré l’histoire de Miss Chang, une icône asiatique, dans un esthétisme visuel et sonore, réellement ravageur.

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The Tellers – live

L’arrivée de The Tellers au milieu des années 2000 nous avait conquise. Quelques années plus tard, la pop des Belges a inauguré cette édition des Papillons de Nuit, accueilli par les premiers festivaliers, tout aussi généreux. Nos caméras étaient là pour lancer un festival qui allait s’annoncer boueux quelques heures après, mais heureux…On ne sait pas si ce sont les briques rouges ou l’amour de la bière qui les réunit, mais après l’Angleterre, la Belgique est décidément l’autre pays de la pop.

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Groundation – live

Les pontes du reggae du XXIe siècle sont de passage en France. Groundation vient de proposer un concert de reprises de Bob Marley. Le batteur du combo californien absent, cette bande de perfectionnistes a fait appel à l’ancien percussionniste du père du reggae. A l’occasion des trente ans de la mort du Jamaïcain, le live sonnait juste et le public a suivi Alors quand le concert termine sur ‘Could you be loved‘, forcément…

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Selah Sue – Raggamuffin acoustique

Voilà un an qu’on court après la jolie belge, qui a abandonné ses études en psychologie pour mieux marier ragga et soul. Avec comme modèle absolu une certaine Lauryn Hill, on mesure l’étendue de son chemin à parcourir.

Et avouons-le : son côté maniéré nous refroidit parfois.Mais ce petit bout de femme d’à peine 22 ballets, qui rêvait jeune fille d’être ballerine, a su convaincre son monde. Sous la tutelle de Nneka et Patrice, son premier album Raggamuffin explose les frontières et montre qu’elle en a sous la semelle. Rendez-vous était pris dans les loges du festival, pour une belle session acoustique.

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Eliza Doolittle – Pack up acoustique

Difficile de ne pas laisser trotter dans sa tête la mélodie d’Eliza Doolittle une fois « Pack up » ou le sensuel « Skinny Genes« entendus sur la bande FM. A seulement 22 ans, la jeune anglaise au physique avantageux utilise aussi bien sa plastique que sa voix suave.Son regard expressif donne envie d’écouter des chansons rappelant Lily Allen. Cette session acoustique ferait sortir un intello de son bureau pour aller bricoler dans le garage.

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Zone Libre, au futur et à l’imparfait

Il y a chez Serge Teyssot-Gay  moult points communs avec le père Bacri : bougon, exigeant, généreux et désenchanté. Un gars qui peut t’envoyer valser une question, mais répondre gentiment à la suivante.

Au sortir d’un concert avec Zone Libre franchement boudé par un public qui se foutait un peu de leur rock-rap en fusion, nous l’avons rencontré, lui et Cyril Bilbeaud, bassiste du groupe. A 3h, avant d’aller mettre les yeux à dormir, nous leur avons proposé un petit exercice de style : s’imaginer en 2025. Une interview où il sera question d’Américains et de Chinois qui bousillent l’Europe, de l’arrière-petit-fils d’Eminem et de notre future présidente noire et lesbienne.

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Blind test : The Lanskies vs Da Brasilians

Entre la pop énergique de The Lanskies et la formule aux accents Beach Boys de Da Brasilians, il réside un point en commun : les deux groupes soutenus par la salle de concerts de Saint-Lô, Le Normandy, sont copains comme cochons. L’angle de l’interview était tout trouvé : un blind-test de groupes normands.Le rencard était fixé dans le camion de la pizzeria Al Passetto, dans les rues de Saint-Laurent-de-Cuves. L’attachant chanteur de Liverpool de The Lanskies et son compère, que certains passants ont pris pour un BB Brunes, n’ont rien pu faire face à la rapidité de leurs potes.

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Article initialement publié sur : Sourdoreille

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Le SPOT Festival vu et entendu par Sourdoreille http://owni.fr/2011/06/08/le-spot-festival-vu-et-entendu-par-sourdoreille/ http://owni.fr/2011/06/08/le-spot-festival-vu-et-entendu-par-sourdoreille/#comments Wed, 08 Jun 2011 12:28:15 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=32121 Après avoir entendu Sami Battikh sur les projets estivaux de l’équipe de Sourdoreille, voici leur premier reportage de l’été. Il s’agit de vidéos prises lors du SPOT festival et les découvertes sonores sont plus excitantes les unes que les autres. Enjoy the trip powered by @sourdoreille !


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Århus ou Aarhus ? Depuis le 1er janvier, on dit Aarhus, sachez-le ! Si l’orthographe dans la deuxième ville danoise par la taille ne vous intéresse pas, sachez par contre qu’il s’y déroule un chouette festival qui permet de prendre la température scandinave et de fricoter un peu avec les tendances musicales du nord de l’Europe. Mise en bouche à quelques heures du Spot festival, où notre crew s’installe dès vendredi.

Posée entre la mer du Nord et la Baltique, Aarhus, deuxième ville du Danemark, héberge 20 % des Danois. La ville de transit maritime vers Göteborg (Suède) se distingue par ses baraques colorées en bordure de plages. Les 27 et 28 mai, elle fera parler d’elle pour une toute autre raison. Pendant deux jours, le Spot festival prend ses quartiers. Une espèce de petite soeur danoise des Transmusicales rennaises ou de l’Eurosonic hollandais – la dimension mondiale en moins. Elle passera en revue toute la scène émergente de l’Europe élargie. D’Islande aux îles Féroé en passant par la Norvège et la Finlande, le Spot propose plus d’une centaine de concerts dans toute la ville.

Ne pas s’attendre donc à croiser ici les Raveonettes ou The Hives : le seul nom vraiment connu s’appelle WhoMadeWho. Pour le reste, tous les styles ont droit de cité : du metal au jazz en passant par le hip-hop et les fanfares punk, le spot est un joli patchwork nordiste.

Facile donc d’attiser la curiosité, un peu moins d’établir son parcours musical dans ce labyrinthe musical où les professionnels (tourneurs, programmateurs, labels…) viennent faire leurs courses.

Lives :

Treefight For Sunlight

« Electro pop dépassée, pop pétillante, pop art, pop sombre ou encore pop rêveuse féerique. Le SPOT ouvre son sac et laisse s’échapper toute la pop qu’il contient ! ». Verbatim d’un festival qui ne ment pas sur sa marchandise. Sa plus belle pépite ? Peut-être Treefight For Sunlight.

Pour situer le niveau, le gang de Copenhague est quand même sous la coupe du précieux label Bella Union, à qui l’on doit les dons du ciel que sont Andrew Bird, Fleet Foxes, Midlake ou Explosions in the Sky.Hâtivement présentés comme les MGMT danois, Treefight for Sunlight est en réalité une machine pop qui s’est seulement mise en marche en ce début d’année, grâce à un premier disque « A Collection of Vibrations for Your Skull » qui a valu une belle surchauffe à la bande FM danoise. Sur scène, notre plaisir est immédiat. Ces mecs donnent le sourire et leurs éclaircies psyché vous chassent les nuages du soir.

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Budam – The Bicycle

Claquer des mains sans qu’elles ne se touchent. Préparer un masque sans jamais le porter. S’enfariner le visage, étonner et émouvoir un public. Le set de Budam est un jeu, de rôles, de gammes. Un jeu burlesque, entre eux, avec nous, contre les codes. Eux trois s’amusent de la matière, sonore et visuelle. On a vu 25 minutes, on devait partir. C’était trop peu pour ne pas être frustrés. Assez pour vous dire que ça nous a touchés.

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F.U.K.T.

Pour un festivalier égaré au Spot et faisant de l’urticaire devant les concerts de pop, il faut la jouer fine. Une des solutions de la première journée de vendredi était d’aller faire chauffer ses tympans devant F.U.K.T., dignes représentants de la scène électro-dub danoise.Les trois gars encapuchés récolteront au passage un compliment difficile à nous arracher : oui, il y a chez ce groupe formé en 2006 des airs d’Ez3kiel du début, époque « Handle With Care ».

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Sessions accoustiques :

Figurines – Good Old Friends

Si sa région du Groenland lui était rattachée, le Danemark serait le plus grand pays d’Europe. Ces rêves de grandeur oubliés, Figurines contribue à replacer, à défaut de mieux, le pays sur la mappemonde de l’indie-rock. C’est toujours ça de pris. « Skeleton », second album paru en 2005, avait alors chatouillé les oreilles d’esthètes de la pop qui auraient pour dieux The Kinks ou Brian Wilson. Un son simple, frontal, armé de voix haut-perchées, et s’installant immédiatement dans notre petit crâne.A domicile (ou presque), on leur a proposé une session acoustique à la sortie du centre des impôts de Aarhus, sous l’œil curieux de ses employés.

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Mugison – Murr Murr acoustique

Si vous ne connaissez pas Örn Elías Guðmundsson, vous avez peut-être déjà entendu parler de Mugison. Originaire d’Islande, ce barbu jovial possède un répertoire assez déroutant. Tout seul sur scène, à l’aise dans la peau d’un bluesman bourru ou dans celle d’un folkeux à fleur de peau, ce fils de chanteur de karaoke était attendu au Spot.En marge de son concert, on l’a emmené se promener avec sa guitare au bord de l’Århus Å, petite rivière à quelques pas du site du festival. Assis dans l’herbe, Mugison nous joue Murr Murr, titre qui l’a révélé à sa sortie, en 2004.

Hymns from Nineveh – So Mournful the elegy

Quand il a fallu se fader près d’une centaine de groupes à écouter pour n’en garder qu’une poignée qui illustrerait au mieux, selon nous, la scène danoise, on nous a soufflé le nom de Hymns from Nineveh.

On aurait bien eu tort de ne pas tendre l’oreille. Jonas Petersen est à la tête d’un groupe folk où violon et accordéon ont trouvé leur juste place. Leur superbe titre acoustique So Mournful the elegy, son comforting the hymn, joué sur un comptoir de bar délaissé, est une belle façon de clore notre séjour ici, à Aarhus. Après les Pays-Bas, la Norvège et l’Italie, on les attend désormais en France. Vite.

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10 (contre)-vérités pour un festival danois

- On commence par une mise en garde : si vous n’aimez pas la pop au Spot Festival, on vous promet une mort lente et douloureuse.

- Sur la foi de ce seul clip, on voulait intégrer Darkness Falls à notre web-TV. On les a même filmés… mais pas de mise en ligne. Dans la pléthore de groupes inconnus au bataillon, on tombe vite dans un guet-apens.

- La présence de canettes et autres bouteilles en verre ne pose aucun problème dans les salles.

- Dans nos cerveaux de français, le F.U.K.T 2011 fait joliment écho au EZ3KIEL 2001.- Ici, à Aarhus, les gens savent se tenir. Pas ou peu d’effluves éthyliques.

- Sur chacune des (douze!) scènes, on notera que le public est massivement présent.- La vodka est moins chère que la bière.

- Même en mai, on est en novembre. Il pleut, il fait froid et il y a du vent. L’année prochaine, on ira au Primavera.

- Les Danois et les Danoises sont beaux, mais il y a deux caps culturels à dépasser : 1) leur vision capillaire de la mèche. 2) ils ont un problème avec le sel.

- A 4h du mat, il fait jour.


A lire : l’interview de Sami Battikh

Articles initialement publiés sur : Sourdoreille

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Saul Williams : l’art du “do what you want” http://owni.fr/2011/02/28/saul-williams-lart-du-do-what-you-want/ http://owni.fr/2011/02/28/saul-williams-lart-du-do-what-you-want/#comments Mon, 28 Feb 2011 11:18:41 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=30503 Nous avons rencontré Saul Williams lors du Midem 2011, le marché international du disque et de l’édition musicale, alors que la sortie de son nouvel album Volcanic Sunlight est prévue pour le printemps 2011.

Saul Stacey Williams est poète, acteur, écrivain, chanteur, rappeur, artiste multi-instrumentiste…c’est un slammeur reconnu lorsqu’il est sollicité pour tenir le rôle principal du film de Marc Levin Slam en 1998. Il sort deux albums avant d’offrir The Inevitable Rise And Liberation Of Niggytardust, un album co-écrit et co-produit par Trent Reznor, le fameux leader du groupe NIN (Nine Inch Nails), en 2007 et en Pay What You Want (ou Prix Libre).

A Cannes, il n’a accepté qu’une seule interview, celle d’OWNImusic et après avoir annulé tous les concerts prévus en Europe, il a gardé la seule date du Midem Talent. Une première date face à un parterre de professionnels, qui montre à quel point cet artiste est un explorateur visionnaire, provocateur, dont le talent ne peut être ignoré puisque son succès a été maintes fois validé et que l’attente du prochain album semble interminable pour les fans.

Saul nous reçoit dans sa chambre d’hotel. Sa voix grave est apaisante, son discours aussi intègre que sa musique. Saul Williams est connu pour être un artiste “hors piste”, il est un concept à lui tout seul et cette rencontre nous a permis de comprendre la particularité de sa démarche.

Il nous explique sa perception des changements qui s’opèrent dans le monde et comment selon lui la musique et les arts en général peuvent en bénéficier. Saul a été l’un des premiers à être honnête avec son public en se réappropriant le choix qu’il avait déjà, celui de payer ou pas pour ses créations. Saul n’est pas un homme rebelle avec un esprit de contradiction systématique, mais il sait que la vie est une question d’équilibre et que chaque projet est à traiter au cas par cas.

Nous savons que cette vidéo ne pourra en aucun cas reconstituer ce que dégage le personnage, mais nous estimons que son discours est pertinent, même si les sujets abordés dans cette interview sont analysés chaque jour par des journalistes. Nous trouvons captivant que pour une fois, cette ère de mutations soit évoquée par un artiste et non un professionnel du secteur.

Ci dessous, l’interview réalisée par OWNImusic:

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Premier clip extrait de l’album “Volcanic Sunlight” : Explain My Heart

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Saul Williams a lancé la promotion de Volcanic Sunlight en Novembre avec une campagne QR code. En scannant ce code à l’aide d’un smartphone, vous pourrez télécharger gratuitement le premier extrait intitulé Explain My Heart en échange d’une adresse email:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Retrouvez l’interview intégrale, bientôt sur OWNImusic.


Montage vidéo : Romain saillet. Crédit musique : Artner

Illustrations CC FlickR: lavid

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Lady Gaga, The Strokes et la patience de l’internaute http://owni.fr/2011/02/16/lady-gaga-the-strokes-et-la-patience-de-linternaute/ http://owni.fr/2011/02/16/lady-gaga-the-strokes-et-la-patience-de-linternaute/#comments Wed, 16 Feb 2011 09:18:39 +0000 Louis Morales-Chanard http://owni.fr/?p=30330 Louis Morales-Chanard écrit sur le blog Pocket Zeitgeist, où il s’intéresse aux tendances artistiques, sociétales, économiques et technologique.

Il s’est passé quelque chose de bizarre la semaine dernière. Je m’explique :

• Mercredi 9, les Strokes ont sorti Under Cover of Darkness leur premier morceau en cinq ans, sans que rien n’ait filtré jusque là sur Internet, mis à part un extrait de quelques secondes uploadé “par erreur” quelques jours plus tôt. Les blogs musicaux les plus pointus ont salué ce “retour aux formes” et Under Cover of Darkness est toujours #1 du classement Hype Machine. D’après le label français du groupe, le single aurait été téléchargé 80 000 fois au niveau mondial un jour après sa mise en ligne. La France était le quatrième territoire en termes de volume de téléchargement.

• Vendredi 11, Lady Gaga a dévoilé Born This Way, premier single de son prochain album à paraître en mai. De même, aucun extrait n’avait circulé sur Internet, si ce n’est une version a cappella du refrain chantée lors des MTV VMAs, en septembre. En vente en téléchargement légal à partir de 15h, Born This Way est entré en tête des ventes iTunes dans 23 pays. Le titre s’est d’ailleurs écoulé à 60 000 exemplaires en 34 heures au Royaume-Uni, lui permettant de se classer directement numéro trois des charts, alors que le titre est maintenant premier des “midweeks”, le classement intermédiaire publié avant celui du dimanche. Sur le territoire américain, le titre est assuré d’obtenir la première place du Billboard avec près de 450 000 exemplaires écoulés en trois jours. Ces chiffres font de Born This Way le 4ème meilleur démarrage digital de tous les temps (avec bien moins d’une semaine de disponibilité). En France, où le marché digital est bien moins dynamique que chez nos voisins anglo-saxons, le single affichait dimanche soir 11950 ventes (date de cloture du classement de la semaine) et en cumulait 16 000 lundi soir. De quoi en faire un numéro 1, de loin.

Ça ne vous frappe pas? Deux événements musicaux majeurs qui, à deux jours d’intervalle, reposaient sur les mêmes principes de secret et d’attente. Deux événements qui semblent avoir réappris (temporairement) la patience aux twittersphère et blogosphère.

Je me souviens du battage que faisaient encore les radios il n’y a pas si longtemps, lorsque Madonna sortait un nouveau single. Pour American Life (lancé en avril 2003… j’étais en seconde aha), les animateurs d’Europe 2 avaient attendu, fébriles, minuit pile pour diffuser officiellement le morceau! Depuis quelques années, une telle situation est juste inimaginable. Les premiers extraits de disque fuitent plusieurs mois à l’avance pour se retrouver sur tous les bons blogs musicaux, et les albums complets sont téléchargeables en fichier .rar en excellente qualité avant même d’être sur iTunes!

A cet égard, les sorties en parallèle des singles des Strokes et de Lady Gaga apparaissent comme des anachronismes. Comment ces artistes ont-ils pu imposer un embargo sur leur musique? Et surtout, comment Internet, ce gamin turbulent, a-t-il pu jouer le jeu?

De manière intuitive, je dirais tout d’abord qu’il ne s’agit pas de n’importe quels artistes. Inutile de présenter Lady Gaga, apparition pop portée aux nues aussi bien par le grand public que les critiques les plus snobs, en passant par les stylistes et les marketeurs. Inutile, également, de présenter les Strokes, a.k.a «le groupe le plus cool du monde», grâce auquel (ou à cause duquel) nous sommes tous encore en train de porter des slims à ce jour. Ce sont des artistes qui ont un poids culturel rare, ce qui leur permet d’imposer leurs conditions à la communauté musicale en ligne.

Mais il ne suffit pas d’être auréolé de hype pour se faire respecter par les twittos, bien au au contraire. La hype se crée et s’entretient. C’est ce que s’est employé à faire Julian Casablancas sur son compte Twitter en révélant au compte-gouttes des détails sur un album sans cesse repoussé depuis trois ans… tout en prenant soin de brouiller les pistes en postant de fausses pochettes de disque aussi immondes que vraisemblables lorsqu’on connaît le goût des Strokes pour le kitsch (cf. la vraie pochette ci-dessus).

De son côté, Lady Gaga a passé les derniers mois à faire monter la sauce au sujet de son deuxième album, annoncé comme «le meilleur de la décennie» (tranquille). Par ailleurs, “Mother monster” maîtrise parfaitement les rouages du buzz sur Twitter en poussant la création de hashtags à sa gloire ou à celle de son single. Et surtout, elle a pris tout le monde de court en avançant la date de sortie du morceau, qui devait être révélé lors des Grammy Awards, de deux jours. Suffisant pour créer un sentiment d’urgence et exciter un peu plus Twitter et, a fortiori, n’importe quel amateur de pop culture.

On voit donc qu’imposer ses conditions au web n’est pas donné à tout le monde, et qu’il faut savoir s’y prendre… Mais on voit surtout qu’étonnamment, cela reste possible!

J’ai l’impression de me répéter mais c’est un fait : le web a achevé de changer notre rapport aux sources traditionnelles de légitimité. Les artistes, qu’ils soient musiciens, cinéastes, plasticiens, etc. ne maîtrisent plus la diffusion de leurs propres œuvres. Les marques peuvent à tout moment perdre le contrôle de leur image et faire l’objet de lynchages 2.0, comme BP (détournement de pub, de compte Twitter) ou Gap (parodie de logos). Les gouvernements eux-mêmes ne peuvent plus prétendre gérer à 100% leur communication avec la montée en puissance du modèle Wikileaks.

Et pourtant, l’exemple des Strokes et de Lady Gaga montre qu’une source traditionnelle de légitimité peut encore prendre la main sur le web, à condition que cela soit bien fait. De quoi redonner espoir à ceux qui se lamentent de l’effet parfois destructeur (je préfère dire “déconstructeur” mais bon) d’Internet sur la communication, et faire naître quelques craintes chez les tenants du “tout ouvert”. A moins qu’il ne s’agisse d’épiphénomènes, d’exceptions qui confirment la règle…

Qu’en pensez-vous?

PS : Dans le genre “je suis une mégamarque et je sais tenir tête aux réseaux sociaux”, cet exemple est aussi très intéressant.

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Enterre ta carrière en 5 leçons, par Christina A. http://owni.fr/2011/02/11/enterre-ta-carriere-en-5-lecons-par-christina-a/ http://owni.fr/2011/02/11/enterre-ta-carriere-en-5-lecons-par-christina-a/#comments Fri, 11 Feb 2011 16:21:03 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=30270 Grâce à Christina Aguilera, le Cowboys Stadium de Dallas (Texas) qui accueillait dimanche soir le 45ème Superbowl, a été le (gigantesque) théâtre de ce que l’on appelle communément une “Janet“. Une référence au fameux “nipple-gate” de 2004, ou Miss Jackson avait malencontreusement (ou pas) dévoilé un téton lors de sa performance à la mi-temps du match, en duo avec Justin Timberlake.

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Cet événement, qui a passablement ému l’Amérique puritaine, a mis un sérieux coup de frein à la carrière de la sœur de feu Michael et incarne encore aujourd’hui cette tendance typiquement américaine à clouer au pilori pour une petite incartade les artistes qu’elle adorait la veille encore.

Dimanche soir donc, Christina Aguilera avait été choisie pour interpréter l’hymne national devant près d’un milliard de téléspectateurs et 100 000 fans de football américains réunis sous le plus grand dôme du monde (les présentations d’avant-match étaient utiles !).

Si l’occasion était belle pour l’ex Dirrty Girl de se racheter après une année 2010 plus que difficile pour elle, sa prestation semble être le point culminant d’un sabotage de carrière semi-conscient. En se trompant dans les paroles de The Star-Spangled Banner, Xtina a provoqué un émoi certain et parfois démesuré dans un pays où l’on ne rigole pas avec le patriotisme.

Cet incident ô combien dommageable mais pas inédit (voir “les pires interprétations de l’hymne US“) n’est finalement que l’aboutissement d’une année de fails spectaculaires pour celle qui fut une actrice majeure de la pop contemporaine. L’occasion de prévenir les futurs grands des faux-pas à éviter pour rester au sommet.

1/ Choppe le mega-melon, prends-toi pour la créatrice ultime et copie le look de tes rivales

Christina Aguilera n’a jamais vraiment été un parangon de modestie. Au contraire. Elle ne se prive d’ailleurs jamais d’un petit coup d’ego-boosting, n’étant jamais mieux servie que par elle-même :

Je suis une chef d’entreprise, et quand on est à la tête de son propre empire et de sa création, il faut savoir être sûre de soi” (Rolling Stone, 2008)

Depuis son second album Stripped (2002), elle pense avoir atteint le sommet de la créativité pop, mélangeant (pas très discrètement) les genres, du R&Bitch Lil’Kimien au rythmes latinos, des ballades “habitées” (Beautiful) aux hymnes-de-toute-une-génération (Fighter, mouais), ou proposant des clips ultra-léchés (dans tous les sens du terme dans le cas du cochon Dirrty).

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Un troisième album stylé 40’s (le trop long Back To Basics) plus tard, il est temps de revenir avec un best of. Bizarre, la seule apparition promo (aux MTV VMA) révèle une Christina grimée en sosie de celle qui n’est alors qu’une nouvelle venue dans l’arène pop : Lady Gaga. Les observateurs ne manquent pas de remarquer le mimétisme entre les deux distinguées chanteuses, et au lieu d’opter pour un revirement stratégico-capillaire, Xtina, cette rebelle, affirme ne pas connaître la poker-faceuse en chef. Même ma mère la connaissait à l’époque.

Extrait d’un interview accordée au LA Times le 11/11/2008 :

Que répondez-vous à ceux qui sous-entendent que vous avez emprunté le look de Lady Gaga ?

Vous savez, ça me fait rire que vous fassiez allusion à ça. On a attiré mon attention sur cette personne il y a peu. Pour être honnête, je ne suis pas vraiment sûre de qui est cette personne. Je ne sais pas si c’est un homme ou une femme. Je n’arrive pas à être sûre. Je ne vais quasiment jamais sur internet, donc je suis un peu à l’ouest de ce côté là.

2/ Clame partout que tu as produit le nouveau Thriller (on sait jamais, les gens pourraient te croire).

L’annonce de la mise en chantier d’un nouvel album studio fait penser que Christina est de retour aux affaires. Elle évoque son ambition de créer un disque de pop ambitieux et s’entoure pour ce faire de noms à l’image indie-cool avérée (M.I.A., Santigold, Le Tigre, Ladytron, Peaches, Sia). Dès 2008, elle annonce déjà la couleur : “Ce disque, c’est le futur, et il pourra aller dans toutes les directions“.

L’album, Bionic, sort finalement en mai 2010 après quelques reports. Précédé par Not Myself Tonight, le single le moins original du monde, puisque pompant allègrement le son de Blackout, l’album de Britney Spears datant de 2007. Du R&B électro-sex pas vraiment classieux (mais efficace), qui n’a pas empêché le disque de se prendre les pieds dans le tapis.

Il faut dire qu’en guise d’originalité et d’avant-gardisme, Aguilera s’affiche avec un clip catastrophique, inutilement vulgaire et surtout farci d’emprunts à tout ce qui se fait en pop depuis 25 ans, soit la mise en orbite d’une certaine Madonna. Ajoutez à cela un look toujours plus Gagaesque, sachant l’explosion de cette dernière pendant que Xtina préparait son album, et vous comprendrez la tiédeur de l’accueil réservé à Bionic. Il est d’ailleurs dommage que la stupidité de la campagne de promotion, sans doute pensée par le gardien du parking du label, ait éclipsé le disque. Bien trop long il est vrai (18 titres en version standard, 24 pour l’édition deluxe), il propose quelques très bons titres pop intelligents et modernes, malheureusement englués dans d’autres franchement ridicules et datés. Réduit à douze titres, il aurait pu replacer son auteur dans les plus hautes sphères.

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Au contraire, l’album n’a pas mobilisé les foules avec à peine plus de 260 000 ventes aux USA à ce jour (pour rappel son précédent s’était vendu à 350 000 unités en première semaine) et le triste record du plus petit #1 au Royaume-Uni (avec seulement 24 000 ventes) et une chute vertigineuse de 29 étages la semaine suivante.

3/ Annonce que tu vas faire une tournée et puis en fait non.

The Bionic Tour devait permettre à l’album de prendre vie en live, mais les faibles ventes de celui-ci auront eu raison des projets de concerts de Christina. Cependant, l’honneur est sauf, l’annulation n’est due qu’à “un manque de temps pour les répétitions“. Pas du tout au fait que personne n’ait acheté de tickets. Pas du tout.

4/ La chanson ne marche plus ? Fais un film. Avec Cher.

Autre bonne idée souvent usitée par les chanteuses pop trop créatives pour se cantonner à bouger les lèvres devant un micro, le cinéma est une porte facile à ouvrir, rémunératrice et satisfaisante pour l’ego. On se souvient avec émotion des incursions ciné de Britney Spears (Crossroads, ce chef-d’œuvre incompris), à Mariah Carey (Glitter, même topo) ou encore les incartades régulières de Madonna sur grand écran.

Pour Christina, l’objet du délit s’appelle Burlesque. Elle y joue une pauvre provinciale montée à LA pour réussir dans le monde impitoyable du spectacle, et y donne la réplique à Cher, l’inventeur du Botox. Normalement ce pitch aurait du faire fuir tout producteur normalement constitué. Mais certains sont plus pervers que d’autres et le projet a pu être monté. Tant qu’à faire Christina chante la plupart des titres de la BO, laissant à son aînée sans âge la portion congrue. Dommage, c’est cette dernière qui a reçu un Golden Globe pour le titre You Haven’t Seen The Last Of Me. Aïe.

Bien évidemment, le film et sa blonde interprète étaient attendus au tournant. Moins désastreux qu’on aurait pu le craindre, le film a rapporté à ce jour près de 82 millions de dollars dans le monde pour un budget de 55. Pas de catastrophe économique certes, mais une source de lol immortelle pour tous les fans de navets.

5/ Fous-toi la honte au SuperBowl (personne ne regarde de toutes façons).

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Pauvre X-Tina, qui enchaîne les flops, a pris tout pleins de kilos et a même réussi à divorcer fin 2010. La vie n’est pas simple. Chanter l’hymne national devant la moitié de son pays avait de quoi lui remonter le moral. Sauf que toute cette pression, ce n’est pas bon pour la concentration. Le reste appartient désormais à l’Histoire (au moins) et l’on a hâte de savoir si les répercussions de ce gros raté médiatique seront durables pour la carrière de Christina Aguilera. L’industrie ne lui a pour l’instant pas encore tourné le dos, puisqu’elle participera à un medley hommage à Aretha Franklin sur la scène des Grammy Awards dimanche prochain. Espérons que quelqu’un pense à lui préparer un prompteur.

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Pauvres Victoires, victoires du pauvre http://owni.fr/2011/02/10/pauvres-victoires-victoires-du-pauvre/ http://owni.fr/2011/02/10/pauvres-victoires-victoires-du-pauvre/#comments Thu, 10 Feb 2011 12:05:14 +0000 Julien Mielcarek http://owni.fr/?p=30260 Julien Mielcarek est journaliste pour le site Puremedias.com (ex-Ozap). Il collabore également à BFM Business et NRJ12.

On efface tout et on recommence. Nouvelle équipe de direction, nouvelle production, nouveaux présentateurs, nouvelle cérémonie… On nous avait annoncé la révolution des Victoires de la musique et autant dire qu’on n’a pu être que déçu hier soir devant France 4. La chaîne diffusait le premier épisode des Victoires, une première soirée consacrée aux nouveaux talents et aux révélations.

Mais, pour sans doute nous donner l’impression que cette soirée n’était pas l’arrière-cuisine inintéressante de la « vraie » cérémonie du 1er mars (celle consacrée aux stars et diffusée sur France 2), on avait tout de même convié des artistes confirmés. De Christophe Maé à Bernard Lavilliers en passant par Youssou N’Dour, on se demandait parfois quelle était la promesse de cette soirée qui, au milieu de toutes les catégories moins grand public, a quand même remis le “prestigieux” prix de l’album de chansons de l’année (un prix remis à Bernard Lavilliers, une révélation donc).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mais s’il n’y avait que ça… Sans doute seul artiste « internationale » disponible ce soir-là à Lille, on s’interroge encore sur la présence d’Avril Lavigne, la tête d’affiche du soir, venue chanter péniblement son dernier single. Tout aussi pénible fut la – longue – performance de Bénabar et Hélèna Noguerra qui ont enchaîné plusieurs sketchs, laissant parfois penser qu’ils co-présentaient la soirée, avant de finalement quitter la scène… Car oui, on nous avait promis de la musique, de la vraie : « Cette nouvelle organisation est tout à l’avantage des artistes puisqu’on ne sacrifie pas de lives » expliquait en amont Stéphanie Renouvin à TV Mag. D’accord. Mais on se demande encore pourquoi certaines catégories ont vu tous les nommés chanter et d’autres non, ce privilège étant réservé au seul vainqueur qui faisait mine d’être surpris alors que ses musiciens étaient déjà en scène.

Malgré tout, Stéphanie Renouvin et Cyril Hanouna tentaient d’y croire, la première répétant à plusieurs reprises que la foule était en délire alors que les plans sur les spectateurs derrière elle traduisaient l’ennui (et parfois l’effroi) que nous éprouvions devant notre téléviseur. Un téléviseur qu’on pensait parfois mal réglé tant on est resté circonspect face à la déclinaison des couleurs primaires sur le décor ou à la multiplication des performances réalisées sans éclairer l’artiste. Un choix artistique audacieux qui passe néanmoins très mal en télé. Heureusement, ces ratés ne devraient pas avoir trop de retentissement, la cérémonie n’ayant rassemblé que 489 000 téléspectateurs pour seulement 2,3% de parts d’audience. « Une foule en délire » nous disait Stéphanie…

Article initialement publié sur Puremedias.com

Crédits photos : (c) Charlotte SCHOUSBOE/ France Télévisions

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Compte-rendu : #Midem French Vibes http://owni.fr/2011/01/24/compte-rendu-midem-french-vibes/ http://owni.fr/2011/01/24/compte-rendu-midem-french-vibes/#comments Mon, 24 Jan 2011 13:02:11 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=29854 Dimanche soir dans le cadre plus qu’agréable de l’hôtel Martinez de Cannes se déroulaient les concerts de la sélection French Vibes du Midem. Comme nous l’expliquait Luc Charles dans une interview en amont de l’événement, la France est à l’honneur cette année. Logique donc de proposer un plateau d’artistes plus ou moins confirmés, sensé montrer ce que la France fait de mieux.

Avec huit artistes et groupes (Aaron, BB Brunes, The Bewitched Hands, Cascadeur, The Chase, Medi, Revolver et Syd Matters) au programme, la sélection était chargée en testostérone. “Où sont les femmes ?” aurait pu s’insurger une gloire déchue des 70s. A croire que le paysage musical francophone ne propose pas d’artistes féminines crédibles capables de porter l’étendard de la scène nationale. On en doute évidemment fortement, et l’on s’étonne que les programmateurs de la soirée n’ait pas porté plus d’intérêt à ce “détail”.

Autre critique, l’uniformité décevante de la sélection. En misant sur un line-up rock et pop, French Vibes ne reflète pas vraiment la diversité musicale française. Quid des musiques urbaines, de l’électro ou encore de la chanson française ? On s’étonne d’ailleurs que la totalité des artistes ayant foulé les deux scènes de l’hôtel Martinez hier, à l’exception des BB Brunes, s’exprime dans la langue de Shakespeare. Ajoutée à cela la stratégie de miser sur 50% de valeurs sûres (Aaron, Syd Matters, Revolver et BB Brunes), au succès établi dans l’hexagone, et l’on perçoit la volonté sous-sous-jacente du Midem d’exposer ces groupes à l’export. Malin, puisque qu’une majorité des participants du salon est étrangère. Dommage pour l’exception culturelle !

Reste que les artistes ont assuré un spectacle de qualité, malgré le son souvent déplorable (notamment dans la grande salle) et prouvé, révélations comme artistes confirmés, que la scène française n’a pas à rougir de la concurrence internationale. Mention spéciale à Aaron, notre gros coup de coeur en live, qui a bénéficié d’un son meilleur que les autres artistes, et qui a su s’appuyer sur une setlist aussi qualitative que cohérente. Comme nous avons pu l’entendre ça et là à la fin de la soirée, “the French rock!“.

Crédits photos FlickR CC : kmeron

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Et l’award du LOL revient aux… NRJ Music Awards ! http://owni.fr/2011/01/23/et-laward-du-lol-revient-aux-nrj-music-awards/ http://owni.fr/2011/01/23/et-laward-du-lol-revient-aux-nrj-music-awards/#comments Sun, 23 Jan 2011 13:54:03 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=29826 L’award du LOL revient sans conteste à la cérémonie de remise de prix organisée par TF1 et NRJ, qui nous ont offert un spectacle plutôt déprimant. Vu de l’intérieur ceci dit, il y avait de quoi rire, ce dont on ne s’est pas privé. Petit récit d’une soirée placée sous le signe de la musique. Ou pas.

Réglons tout de suite leur cas aux remettants, qui se disputaient clairement la palme du ridicule, avec des interventions poussives, souvent vulgaires voire juste très embarrassantes pour les concernés. Saluons notamment Charlotte De Turckheim et Antoine Duléry, Patrick Timsit (OMFG), les débris de Secret Story couplés à René La Taupe, ou encore Eric et Ramzy qui ont prouvé à la salle souvent médusée par leurs prestations que plus c’est long, moins c’est bon.

Mais parlons musique, puisque nous sommes là pour ça. Avec les performances en playback de Grégoire, incapable d’aligner trois notes justes sur la reprise de Balavoine et -heureusement ?- muet lors de sa performance solo), Mylène Farmer, statique mais en direct malgré les rumeurs d’ampex initialement annoncées, Usher qui malgré un dispositif scénique conséquent s’est contenté de quelques “yeahs yeahs” par dessus la bande pré-enregistrée ou encore Yannick Noah qui nous a servi un medley abominable et mollasson enregistré plus tôt dans la journée, la musique n’était pas vraiment à la fête. Accordons cependant quelques mentions honorables : Jenifer pleine d’énergie, James Blunt et Enrique Iglesias réveillant la salle autant qu’ils le pouvaient, et surtout Shakira qui s’est facilement imposée, avec il est vrai deux titres interprétés.

La performance “jamais vue” des Black Eyed Peas, venus à deux pour l’occasion ? Assez risible. Un semi-playback pré-enregistré avec incrustation de Fergie et Taboo sous forme d’hologrammes. Sauf que personne n’ayant pris la peine d’expliquer le concept, on s’est retrouvés face à deux rappeurs s’agitant au côté de leurs acolytes présents sur un écran. Pas très impressionnant ! Et quand Will.I.Am précise à la fin du morceau que le procédé sera utilisée lors de leur tournée mondiale (qui débutera au Stade de France en juin), on en vient à espérer pour le public que le groupe se présentera au complet devant lui… Cela n’a pas empêché les meilleurs potes de David Guetta (à qui ils ont d’ailleurs remis un award “d’honneur” sic) de rafler deux récompenses : groupe et concert de l’année. Ouf, le déplacement à Cannes a été rentabilisé.

Lorsqu’on pense aux lauréats de la catégorie “artiste francophone de l’année” on se dit que les ventes de disques ne veulent décidément plus rien dire. Jenifer et M. Pokora ont semble-t-il des fan bases plus motivées pour voter sur internet que pour acheter leurs disques. Avec moins de 40 000 ventes pour le dernier album de l’ex Star-Academycienne et à peine plus pour l’ancien gagnant de Popstars (et bien moins pour son single pourtant consacré “chanson francophone de l’année), la perplexité est de mise. Des soupçons de manipulation des votes sont d’ailleurs évoqué depuis hier. Et pour continuer dans le LOL tendant au WTF, n’oublions pas la remise d’un disque d’or (50 000 exemplaires, pour rappel) à Line Renaud, qui a pourtant bien du mal à atteindre les 20 000 ventes… Ahh les chiffres de “mise en place” qui arrangent tout le monde…

Allez pour finir, quelques petites indiscrétions pas forcément vues à la télé :

- Les Black Eyed Peas plantés sur scène après la remise de leur premier NRJ Music Award de la soirée, au profit de Line Renaud, et se demandant clairement ce qu’ils devaient faire. Après quelques longues secondes d’attente, un assistant les a finalement escortés hors de scène. Sympa !

- Les Black Eyed Peas (ou “pisse” selon le toyboy mannequin et désormais chanteur über-lol Baptiste Giabiconi, escorté en Hummer par trois gardes du corps jusqu’à l’aftershow, ahahah), élégamment appelés “Wil.I.Am et… son pote” par le toujours hilarant Nikos (insérer rires).

- Nikos toujours, qui nous a régalés d’un très bon “Bravo Mylène, c’était magnifique, on se serait crus dans un clip” après la performance d’une Mylène Farmer décidément très à l’aise en statue, qui s’est contentée de reproduire le clip de “Oui…mais non” à l’identique ou presque. Pique perfide ou compliment maladroit, on ne sait que choisir.

- Justin Nozuka (qui ?) qui semblait avoir abusé d’une substance a effet planant indéterminée, et qui, après la remise de son prix s’est retrouvé à errer un long moment sur la scène, alors que les techniciens s’affairaient à installer le tableau suivant. Peace, man !

- Les remarques du chauffeur de salle pendant la dernière coupure pub, indiquant, désespéré, au public que « là c’est une catastrophe, heureusement on s’en fout tant qu’on est en pub ». Eh oui au bout de  trois heures dans la salle, même les plus fervents ont eu un coup de mou.

Dommage que les deux médias français les plus puissants dans leur domaine ne soient pas en mesure de proposer mieux qu’une cérémonie poussive, souffrant de vrais problèmes de rythme et parasitée par des intervention aussi inutiles que ridicules (le concept des “remettants” extérieurs au monde de la musique est clairement à revoir). Si l’on peut saluer le nombre élevé de prestations, dommage que certains se permettent encore de chanter en playback. Ou de chanter tout court, dans certains cas. Enfin, on aimerait penser que davantage de diversité musicale puisse avoir sa place, même si le formatage induit par NRJ et TF1 fait de cette remarque un espoir naïf voire idiot. Pourquoi ne pas s’inspirer un peu plus (et mieux) des Brit Awards anglais ou des Grammy américains, pros, carrés, efficaces et souvent plus audacieux, pour proposer un spectacle plus excitant que la kermesse à laquelle on a parfois l’impression d’assister.

Crédit photo : capture d’écran via Puremedias.com

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Tron ou l’auto éloge funèbre de Daft Punk http://owni.fr/2010/12/22/tron-ou-lauto-eloge-funebre-de-daft-punk/ http://owni.fr/2010/12/22/tron-ou-lauto-eloge-funebre-de-daft-punk/#comments Wed, 22 Dec 2010 10:27:26 +0000 cyril2real http://owni.fr/?p=28988 Ces choses que l’on pense si fort mais que l’on n’oserait dire soit même… Ciryl2real fait preuve d’intégrité avec une synthèse, pertinente et argumentée de la dernière oeuvre du légendaire Daft Punk.

C’est avec une immense tristesse que Brain vous fait part ce mardi du décès du groupe Daft Punk, qui n’aura finalement pas survécu à l’enregistrement de la monumentale B.O. de Tron. Hommage à ces visionnaires qui surent innover jusqu’au dernier souffle. Allant même jusqu’à inventer, avec cet ultime disque, un nouveau genre musical : l’auto-éloge funèbre.

En ce triste jour où la France, pays des sosies, vient de perdre celui de Kraftwerk, qu’il nous soit permis de rappeler ici l’ampleur de l’œuvre de Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. Chacun est familier bien sûr de leur première période géniale, qui avec Homework et Discovery, contribua à façonner le son de l’électro mondiale pour 1000 ans. Discovery, dont Kanye West disait déjà en 2008 : « J’achète ». Mais même si la douleur transperce aujourd’hui nos cœurs, il serait injuste de ne retenir de Daft Punk que sa période trop évidemment créative. Car en effet, depuis 10 ans, le groupe s’était engagé dans une période d’innovation, certes plus discrète aux yeux de certains esprits chagrins obsédés par l’idée floue de « qualité indépendante de la notoriété ou de l’opportunité d’avoir la couverture pour le mois de février », mais en réalité tout aussi audacieuse.

Citons rapidement l’invention de l’auto-fake avec Human After All, dont on sait aujourd’hui qu’il s’agissait d’un album apocryphe mais néanmoins reconnu volontairement par le groupe ; invention de l’auto-bootleg avec Alive 2007 et son megamix sur CD-R de deux heures + megashow son et lumière, qui ferait passer Jean-Michel Jarre pour lui-même. Citons enfin, dans Harder, Better, Faster, Stronger ou Robot Rock par exemple, l’invention de l’auto-sample, technique consistant à retrouver dans la musique du passé ce qui pourrait être de soi. Pas de contresens cependant : tout ce qui pourrait être trop rapidement interprété comme une repli cynique sur soi devait en fait être compris comme une période de réflexivité, de frugalité et d’introspection anthume typique des Sages qui affrontent l’arrivée de la mort avec dignité. C’est cette période qui culmine aujourd’hui avec ce qui restera hélas la dernière œuvre du duo : la bande originale du film pour enfants Tron.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cette œuvre testament est par bien des aspects déroutante et ne supporte assurément pas une écoute superficielle. Certes Daft Punk s’est contenté d’habiller de deux-trois nappes et effets éculés un score hollywoodien imposé tant par la production que par l’incapacité technique du duo à concevoir ce type d’orchestration. Certes l’ensemble est d’une parfaite banalité harmonique et sacrifie à la grille standard de La Ritournelle, dominante aujourd’hui dans l’Ecole Française du Bach pour les Nuls, de Air à Rob en passant par eux-mêmes. Certes composer des motifs répétitifs de cordes présente seulement l’avantage de permettre l’emploi de la phrase « à la Philip Glass » (disponible également : « à la Steve Reich »).

Certes utiliser des filtres lo-fi est efficace, mais seulement pour déclencher les métaphores des journalistes musicaux qui ne savent pas ce que c’est, ni que le monde entier les utilise, et mieux. Certes slicer/glitcher un beat sur Pro Tools ou Ableton Live a cessé d’être innovant depuis 10 ans, et le faire avec Effectrix depuis deux ans. Certes les arpégiateurs utilisés n’ont aucun intérêt depuis 1979 minimum. Certes l’ensemble semble relever de l’esprit de sérieux morbide et révérencieux typique des cuistres au contact de la Grande Musique, qui avec leur tropisme du piano programmé en MIDI (SebastiAn) ou des cordes-parce-que-ça-fait-musique-de-film (SebastiAn, Daft Punk), semblent à chaque instant s’écrier « les mystères de cette musique nous échappent, feignons d’en être les organisateurs » – variante : « je veux 90 musiciens et je veux enregistrer dans une chapelle ». Certes, sur le plan esthétique, l’attelage Tron-Daft Punk est aussi passionnant que si on demandait à Oasis de composer le score du biopic de Lennon.

Mais l’essentiel est ailleurs. Et à saisir dans la parole notoirement rare de Daft Punk, qui a refusé comme d’habitude quasiment toutes les interviews – tout en finançant quand même ça et là quelques publi-reportages, comme récemment dans Les Inrockuptibles, qui récitent avec enthousiasme le slogan/stickers de Disney : « Daft Punk réinvente la musique de film ».  Ecoutons donc plutôt les auteurs eux-mêmes dans l’interview précieuse qu’ils donnèrent au magazine Dazed & Confuzed : « [ce disque] était une manière de dire : ok, s’il n’y avait pas la technologie, voilà ce que nous aurions pu faire. C’est ce que Daft Punk aurait fait en 1750 ». Comment comprendre une telle affirmation ? S’agit-il de dire que les synthés existaient en 1750 ? On ne saurait leur attribuer un tel anachronisme. S’agit-il d’affirmer que Daft Punk aurait pu réussir le tour de force d’inventer la musique contemporaine néo-classique avant la musique classique ? On ne saurait imaginer telle fatuité, quand même.

Il n’y a qu’une chose, semble-t-il, à comprendre : ce qui fascinait Daft Punk dans ce travail, c’est tout ce qui n’était pas eux, tout ce qu’ils ne savaient et ne pouvaient pas faire : de la Grande Musique.

Ok, quelques synthés et effets pour décorer, mais surtout le grand orchestre pour être sûr, à la Fin des Fin, d’avoir été quelqu’un et de laisser un héritage, comme le suggère le titre du film. Deux ex-home studistes arrogants et géniaux qui rentrent dans le rang au seuil de la mort. Aidés par 90 musiciens, des arrangeurs et compositeurs, et une chapelle, Daft Punk a en fait tenté d’écrire son propre « tombeau » : c’est ainsi dans la tradition de la musique occidentale que l’on nomme une musique lente, répétitive, monumentale, composée en l’honneur d’un personnage illustre. En général on le compose pour vous, mais comme Daft Punk ne faisait rien comme tout le monde (sauf ce que tout le monde fait), c’est eux-mêmes qui s’en seront finalement chargé.

Article intialement publié sur: brain magazine sous le nom de “Tron: tombeau de Daft Punk”

Crédits photos CC flickr: davecobb; the Tm’s; ssoosay

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