OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Découvrez “Unbeatable” by GaBLé http://owni.fr/2011/06/28/decouvrez-unbeatable-by-gable/ http://owni.fr/2011/06/28/decouvrez-unbeatable-by-gable/#comments Tue, 28 Jun 2011 20:44:40 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=72053 GaBLé est adepte du fait main et fait maison. Leurs trois premiers albums autoproduits aux jolis artworks artisanaux, sont passés de main en main jusqu’à échouer entre celles de l’audacieux label britannique Loaf. En 2010, dans le bric à brac de leur maison d’enregistrement, home sweet home de la bidouille, Gaëlle, Mathieu et Thomas ont expérimenté pour fignoler et enregistrer leur nouvel album CuTe HoRSe CuT. Le tout paarmi un bestiaire fabuleux d’instruments, tous aussi bancals que géniaux: toy piano, accordéon, banjo, guitare, orgue Bontempi, synthé Farfisa, timbales…

Pop expérimentale

Le troisième album des normands est sorti le 22 mars 2011. Cute horse Cut connaît déjà un certain succès auprès des médias. S’ils peinent à cerner et classer ce projet, ils adhèrent à la science et au jeu que proposent ses auteurs. Adeptes du bricolage et de l’absurde, les “deux batteurs qui décident de jouer de la guitare” et la “fille qui a appris à jouer du clavier en collant des gommettes de couleur sur les touches”, comme ils se décrivent eux-mêmes, nous offrent un savant mélange de sons “faits maisons” organisés de manière ludique. Entrer dans l’univers GaBLé, c’est un peu comme entrer dans une cour de récré : le jeu et la curiosité en sont les maîtres mots. Surprenant mais non moins amusant, expérimental mais agréable à l’oreille, le monde de GaBLé, bien léché, reste néanmoins libre de tout format conventionnel.

The Drone :

Si le son est plus clean qu’aux débuts, GaBLé fait toujours dans le bizarre faussement naïf et véritablement érudit.

Distance des conventions qui s’expriment par différents biais, et notamment sur scène, où la présence massive des deux garçons est joliment contrebalancée par la fausse fragilité de Gaëlle.

Folklore x Punk

On perçoit également chez les membres de GaBLé un touchant attachement aux cultures locales. L’influence des traditions musicales nordiques ou celtiques est palpable dans cette musique aux consonances parfois psychédéliques. Si les membres du groupe ne sont pas dotés d’une maîtrise en musicologie, chant, chorale, brassband et riffs celtiques sont régulièrement appelés à la rescousse pour équilibrer  les énergies punk et foutraques dans lesquelles semblent s’accomplir le leader.

Pour l’histoire, les premiers Brass Bands sont créés dans les villes de tradition minière du nord de l’Angleterre dans les années 1850. La culture chorale, qui a plus ou moins été disparue pendant la révolution française, est restée une spécificité britannique qui a continué à influencer le nord de la France et dont s’imprègne vraisemblablement GaBLé, en adoptant une vision plus proche de Locke le rationnel que de Beaumarchais le romantique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les sessions chœurs et les reprises de folklore sont souvent introduites par un fameux bordel dans l’œuvre de GaBLé. En proposant des titres d’une minute trente, ils se foutent des conventions et du format radio de trois minutes. Punk inside, le groupe aux sonorités un peu “bizarres” a signé avec le label anglais Loaf, maison d’hôte de Extra Life, Ben Butler & Mousepad ou encore Seeland.

Un groupe résolument français mais dont la musique a dû s’expatrier avant d’être reconnue et dont l’essor et le succès reviendra encore une fois aux… Anglais.

GaBLé en tournée

Retrouvez GaBLé sur : facebook; myspace; site officiel

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Storytell your music http://owni.fr/2011/05/19/storytell-your-music/ http://owni.fr/2011/05/19/storytell-your-music/#comments Thu, 19 May 2011 15:42:04 +0000 ANA VASILE ET OLIVIER GODEST http://owni.fr/?p=31913 Olivier GODEST est responsable de la communication et des formations pour le Transmedia Lab. Il rejoint le groupe Orange et l’équipe du Transmedia Lab en 2009 et y développe une expertise sur le développement de projets transmedia (multi-supports) en s’appuyant notamment sur les nouvelles opportunités entre les producteurs de contenus et les marques. Ana Vasile a travaillé au département création d’une agence de publicité avant de devenir assistante du responsable de la communication et des formations pour le Transmedia Lab. Elle rejoint l’équipe du Transmedia Lab en 2011 et participe plus particulièrement au développement d’une nouvelle politique éditoriale et à la rédaction d’articles pour le blog.

Face aux évolutions d’usages et aux nouvelles habitudes de consommation media, l’industrie de la musique rencontre des problèmes similaires à ceux recensés dans l’audiovisuel : des audiences instables, une concurrence croissante des contenus et le piratage. Pourtant, de nouveaux modèles économiques et des projets multiplateformes émergent: Jay Z, Gorillaz ou encore Nine Inch Nails par exemple, renforcent leurs relations avec le public à travers le storytelling.

Les nouveaux modèles de distribution

Les auteurs et les maisons de disque se confrontent aujourd’hui principalement à un problème : la baisse des ventes des supports physiques (CD, DVD) directement liée à l’explosion du numérique.

Même si souvent invoquée comme principale crainte par les producteurs, la musique ne représente que 2,9 % des téléchargements illégaux, comme le démontre l’étude publiée par Ars Technica. Pendant que la plupart des grands producteurs concentrent leurs efforts pour combattre la piraterie au travers d’entités comme la BPI au Royaume Uni, la loi Hadopi en France ou la RIAA aux Etats-Unis, de nouveaux acteurs développent des nouveaux modèles économiques autour de la musique et changent ainsi le terrain de jeu.

Par exemple, Spotify est un fournisseur d’accès gratuit à la musique qui comptait l’année dernière 10.000.000 d’utilisateurs pour son service financé par la publicité. Depuis le 1er mai, la politique de Spotify a évolué sous la pression des maisons de disque.

Les nouveaux utilisateurs de Spotify continueront de profiter du service gratuit, tel qu’il est actuellement proposé, pendant encore 6 mois. Ensuite, tous les utilisateurs du service gratuit pourront écouter un titre 5 fois maximum. Après cette limite l’utilisateur devra acheter le titre.

De plus, le nombre d’heures d’écoute sera limité à 10 heures par mois, une réduction de 50 % du temps d’écoute par rapport à l’année dernière. Spotify a été amené à changer sa politique de gratuité sous la pression des producteurs de musique qui dénonçaient un modèle économique à perte pour eux. Par exemple, Lemonde.fr

critiquait les modèles basés sur le streaming en analysant la distribution d’argent qui en découle et en soulignant que les artistes et les labels indépendants peuvent être désavantagés.

De l’autre côté de la barrière, un million d’abonnés paient déjà chaque mois 9,99 euros pour le service premium, sans publicité et disponible sur les mobiles. De la même manière Last.fm, iTunes ou encore Amazon surfent depuis des années sur la vague de la musique digitale. Apple occupe à travers son application iTunes une position de leader des plateformes de diffusion de musique.

Ces exemples montrent que face à l’explosion du digital, le monde de la musique est confronté à une nécessité de faire évoluer ses plates-formes de distribution et donc ses modèles économiques. L’évolution du contexte global, demande aussi un changement dans la manière de « vendre » la musique. Les opérations marketing autour des artistes évoluent donc en parallèle, s’appuyant sur des éléments de storytelling amenant une valeur ajoutée à l’offre culturelle.

« A reason to buy » : Une raison pour acheter

Gerd Leonhard, consultant en communication et media, comparait la musique avec l’eau en bouteille. L’eau est disponible quasi-gratuitement au robinet, mais le marché de l’eau – embouteillé – vend chaque année plus de 89 milliards de litres d’eau dans le monde. Leonhard souligne l’omniprésence de la musique. Les internautes peuvent l’obtenir gratuitement et de plus en plus de maisons de disques cherchent à attirer l’attention limitée du consommateur.

Le monopole économique détenu pendant des années par les producteurs et distributeurs classiques est rompu, notamment en raison de nouveaux business models basés sur l’accès numérique. Voici la question que Leonhard se pose : pourquoi payer pour une bouteille d’eau quand celle-ci est disponible gratuitement au robinet ? La solution suggérée par l’auteur est l’engagement, la conversation, l’attractivité et la communauté. Ne vendons pas simplement de la musique, mais une expérience…

Robert Pratten, fondateur de « Transmedia Storyteller » et consultant transmedia, abordait le même sujet lors de sa présentation sur l’application des concepts transmedia au monde de la musique. Le storytelling pourrait-il donner un motif d’achat supplémentaire aux internautes, aux générations qui, peut-être, n’ont jamais acheté un CD ?

Pratten compare l’industrie de la musique à celle du parfum :

On ne vend pas de l’eau parfumé, mais des rêves.

Selon lui, l’industrie de la musique doit s’inventer une valeur ajoutée pour retrouver une valeur économique.

Une solution envisageable serait donc de « mettre l’artiste dans une position de catalyseur social, d’être en connexion directe avec les communautés et de leur donner un motif pour dépenser leur argent ». Instinctivement, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à Lady Gaga qui a su créer un véritable univers autour de son personnage… « Le succès demande plus qu’une grande communauté, mais aussi de la crédibilité et de l’authenticité, une relation avec l’artiste » concluait Pratten. Il nous conseille de construire un univers narratif pour l’intégralité de la carrière d’un artiste et une arche narrative pour chaque album et chaque chanson.

Cela peut paraître évident, mais les fans seront susceptibles de vouloir prolonger une expérience qui les a fait vibrer. L’univers musical dans lequel ils sont immergés consolide le sentiment d’appartenance à une communauté qui partage les mêmes valeurs qu’eux. Une idée exploitée par le web-documentaire « Ma tribu, c’est ma vie » qui donne la parole à huit internautes expliquant pourquoi la musique et Internet transforment leurs relations interpersonnelles et contribuent à forger leur identité.

La création d’un univers narratif global construit notamment autour de la personnalité d’un artiste, ou d’un groupe, peut dès lors être un moyen de renforcer l’engagement d’un public déjà plus ou moins acquis à sa cause. Les passionnés seront récompensés en gagnant des éléments d’affinités plus forts avec les artistes qu’ils apprécient, en leur fournissant les outils adéquats, ils pourront même devenir de fidèles ambassadeurs. Les passifs apprécieront une mise en scène globale et cohérente qui fournira des éléments de repères importants, sur lesquels pourront également s’appuyer les néophytes pour rentrer dans l’univers. C’est ce qu’ont déjà commencé à faire certains artistes comme le groupe Gorillaz, le rappeur Jay-Z ou encore le groupe de rock Nine Inch Nails…

Les pionniers de la musique transmedia

Les univers inspirés par leur musique, leurs vies ou leurs personnages, sont des éléments de valeur ajoutée pour les produits qu’ils mettent en vente : un nouvel album, des places de concert ou encore un livre…

Les alter egos de Gorillaz : des personnages qui vivent en multiplateforme

Gorillaz est un groupe de musique anglais, virtuel, dont les deux créateurs principaux sont Damon Albarn (le chanteur de Blur et de The Good, the Bad and the Queen) et Jamie Hewlett (le dessinateur de Tank Girl). Les membres de Gorillaz sont représentés comme des personnages de bande dessinée.

Ils construisent ainsi pour chaque clip vidéo une histoire autour de leurs personnages rapidement identifiables, chacun représente un membre du groupe.

« Journey to Plastic Beach » est un dessin animé de 15 minutes qui présente le voyage de Murdoc (le grand tout à droite) vers l’ile de Plastique, là où le personnage aurait conçu le dernier album de Gorillaz : « Plastic Beach ». L’histoire continue en racontant ses efforts pour retrouver tous les alter egos des membres du groupe et ses péripéties abracadabrantes pour retrouver l’esprit des Gorillaz.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour faire la promo de leur tournée mondiale, une chasse au trésor a été organisée sur Internet, l’objectif : retrouver sur la toile, les 12 personnages de l’univers Gorillaz. Ceux qui finissaient la quête gagnaient un mix exclusif et participaient automatiquement à un tirage au sort pour gagner une planche de surf désignée par Jamie, l’un des membres du groupe.

Sur Internet, il existe deux sites officiels : le .fr qui est le site promo marketing classique et le .com qui est un site sur lequel on peut voyager dans l’univers Gorillaz (notamment sur Plastic Beach actuellement) sous la forme d’un jeu de rôles interactif.

Sur ce site dédié à l’univers Gorillaz on peut également jouer à une douzaine de mini-jeux , regarder des vidéos, écouter une « radio pirate », avoir accès à l’ensemble des albums du groupe. Accessoirement, la page fan Facebook regroupe actuellement environ 3,5 millions de fans.

Decoded by Jay-Z

En 2010, l’artiste Jay-Z publiait son mémoire, un conglomérat d’histoires personnelles, de musiques et de références à sa culture. Pour promouvoir ce lancement, l’agence New-Yorkaise Droga5 mettait en place une campagne multiplateforme et une chasse au trésor sur Internet et dans le monde réel.

Spiegel & Grau, l’éditeur de Jay-Z, a fait un partenariat avec le moteur de recherche Bing. La page dédié, crée par le moteur de recherche, devenait le point de départ de l’ARG (Alternate Reality Game). Les internautes étaient alors invités à retrouver les 320 pages du mémoire de Jay-Z, cachées à Las Vegas, à New York, à Hollywood ou même en Royaume-Uni.

Chaque cachette était référencée dans son livre comme un endroit clef de la vie de l’artiste. Aidés par des cartes Bing et des indices fournis par Jay Z sur son Twitter et sur sa page Facebook, les internautes se sont embarqués dans cette chasse au trésor.

Ceux qui ont réussi à déchiffrer tous les indices ont été sélectionnés pour un tirage au sort. Le prix pour le gagnant était un accès à vie à tous les concerts de Jay Z.

Pour augmenter l’intérêt des joueurs, les organisateurs ont joué sur l’ego des internautes : le premier à trouver la cachette d’une page pouvait « annoncer » sa découverte sur le site de la campagne et y associer son nom. De cette façon les autres joueurs pouvaient voir le nom de ceux qui avaient découvert chaque page.

Les pages étaient cachées sur des panneaux publicitaires, dans l’emballage d’un hamburger, sur le fond d’une piscine, dans des magasins de musique ou de bijoux, dans son bar préféré, sur le sac de frappe de sa salle de gymnastique ou encore sur le dos des T-shirts des serveurs dans un café.

En quatre semaines, les joueurs ont réussi à trouver toutes les pages ; en récompense ils ont reçu des livres dédicacés par Jay-Z ou par tirage au sort un autre grand prix : un voyage à Las Vegas pour le concert du Nouvel An de Jay-Z et Coldplay.

La campagne de promotion a été financée par Bing et non par l’éditeur. Le Directeur Marketing de Bing, refusait de divulguer le budget de la campagne mais affirmait pour le New York Times que « des coûts importants sont associés à ce projet ».

Cependant, les résultats ont été positifs ! Bing a eu en novembre 2010, sur la période de la campagne, la plus importante part de marché du trafic américain de son existence : 11.8 %

Nine Inch Nails : une relation longue durée

L’ARG “Year Zero”

En 2007, le groupe de musique Nine Inch Nails (NIN) met en place un ARG à l’occasion de la sortie de son nouvel album « Year Zero », avec l’aide de l’agence 42 Entertainment.

Dans cette chasse au trésor en réalité alternée, les indices étaient fournis à travers des indices textuels sur des T-shirts NIN et des singles du nouveau album laissés sur des clefs USB. Le tout caché dans des toilettes sur les lieux de leurs concerts, sur des sites Internet ou via des numéros de téléphone. Tous ces éléments aidaient les joueurs à avancer dans l’histoire sombre de Year Zero : un monde rongé par une guerre infinie et une catastrophe environnementale.

Le but de ce projet était de faire vivre aux fans une expérience en lien avec l’univers de l’album.

Le leader du groupe, Trent Reznor, qualifiait cette expérience comme « une nouvelle forme de divertissement ». Selon lui, l’effet combiné du divertissement, du bouche à oreille et de l’engagement du public fait de cet ARG un parfait outil pour promouvoir son album. Pour plus d’informations sur leur expérience transmedia, voici l’étude de cas par l’agence 42 Entertainment.

L’application iPhone de NIN

Pour rester en contact avec son public et pour récompenser leur fidélité, NIN a fait en 2008 un partenariat avec Tap Tap Revenge, un jeu pour iPhone qui teste le rythme des joueurs à la façon des « Guitar Hero » like.

Le groupe avait crée sa propre version du jeu, pour le prix de 4.99$ chacun pouvaient tester son rythme sur 13 chansons de NIN. De plus, ceux qui arrivaient à dépasser un certain score pouvaient gagner des places aux concerts de NIN et le grand prix « une guitare Les Paul signée par Trent Reznor »

La course aux tickets

Toujours en 2008, Nine Inch Nails a trouvé une autre façon de fédérer sa communauté.

Pour ceux qui habitaient à Los Angeles, Trent Reznor avait caché des places de concert dans des parcs, sous des pierres, dans des fossés… Chaque cachette était annoncée sur le feed Google Earth du groupe. Vous pouvez lire ici le post d’un blogueur qui raconte sa course aux tickets.

Conclusion

Ces exemples montrent que le storytelling peut aider les artistes à proposer des expériences parallèles ancrées dans leurs univers musicaux. Nine Inch Nails et Jay-Z ont réussi à engager leurs communautés de manière sincère avec une communication ininterrompue, comme le conseillait Pratten.

Ces deux opérations sont similaires dans la mécanique de jeu mais avec des approches différentes. Pendant que Jay-Z construisait un univers narratif multiplateforme autour de sa vie et de son personnage (notamment au travers de son autobiographie et de son ARG) le groupe rock NIN construisait son univers narratif autour de sa musique, forte d’une ambiance particulière. Gorillaz aborde une autre technique en développant des personnages virtuels et en faisant évoluer leur univers à chaque nouvel album.

Si l’industrie de la musique peut apprendre de l’audiovisuel et construire des univers narratifs autour de ses produits pour mieux engager ses fans, l’audiovisuel pourrait également apprendre de l’industrie musicale à construire des événements autour de ses contenus « classiques ».

Nous n’avons pris ici que trois exemples mais la liste des artistes ayant développé un univers de storytelling transmedia est bien plus longue, on peut penser à Michael Jackson ou encore aux Daft Punk. Si vous aussi vous avez des exemples d’artistes qui méritent une place dans la liste des pionniers de la musique transmedia, n’hésitez pas à nous les faire partager dans les commentaires ou sur la page Facebook du Transmedia Lab.

Article initialement publié sur : transmedialab

Crédits photos CC Flickr : labyrinth et Gigijin

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Les mondes parallèles des Beastie Boys http://owni.fr/2011/05/12/les-mondes-paralleles-des-beastie-boys/ http://owni.fr/2011/05/12/les-mondes-paralleles-des-beastie-boys/#comments Thu, 12 May 2011 15:09:56 +0000 Gwen Boul http://owni.fr/?p=31817 Hier, Gwen de Centrifugue nous emmenait dans la galaxie des Beastie Boys pour en explorer tous ses recoins. Mais à force de grossir, cette galaxie voit parfois la réalité se déchirer, révélant des mondes parallèles, quand ce ne sont pas des zones entières qui se métamorphosent suite aux assauts des remixeurs. Tentative de cartographie d’un espace à multiples dimensions.

Les « side projects »

The Young Aborigine

Passons vite fait sur ce groupe qui fut un premier jet avant le changement de nom en Beastie Boys. Créé en 1981, le groupe sera le premier projet d’Adam Yauch et Michael Diamond, pour le meilleur… Et pour le meilleur.

Quasar

Pour résumer, Quasar c’est un peu “Dark Side of the Beastie”. Après le succès d’Ill Communication en 1994, qui se classe directement N°1 au classement Billboard, et leur participation au festival Lollapalooza, le groupe décide de faire un break niveau célébrité.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Vous pouvez vous regarder également un concert à Coney Island, en 1995, par ici.

Sous le nom de Quasar, le trio se lance avec Amery « Awol » Smith (premier batteur de Suicidal Tendancies, qui travaillera ensuite pour The Mars Volta et Queen of the Stone Age) dans une tournée où ils interprètent leur répertoire punk-hardcore (à retrouver sur l’album Aglio e Olio). Les Beastie vont ainsi écumer les scènes dans l’anonymat. Juste pour le plaisir de rejouer comme au bon vieux temps.

The Young and the Useless

Retour brutal en arrière, tel un Mix Master Mike éméché, avec The Young and the Useless. Un nom pour deux groupes.

Le premier, en 1982, a accueilli Adam Horowitz, alias Adrock, avant qu’il ne bascule définitivement vers les Beastie Boys avec le succès de Cooky Puss. Ce départ mettra rapidement un terme à The Young and the Useless deux ans plus tard. Grâce à la magie du net vous pouvez cependant écouter leur seul et unique album, l’EP Real Men Don’t Floss. Du bon petit punk-hardcore rapide et abrasif.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au passage, la mort par overdose de Dave Scilken, en 1991 l’un des membres de The Young and the Useless, marqua beaucoup les Beastie. Check Your Head, un album qui lui est dédié, marquera un tournant pour le groupe, mettant un terme aux excès qui avaient caractérisé leur début de carrière.

L’autre Young and Useless fut formé en 1984, avec Dave Scilken, Adam Horovitz (Adrock), Adam Yauch (MCA) et Kate Schellenbach. Cette dernière n’est autre que la première batteuse des Beastie Boys (déjà là à l’époque de The Young Aborigine).

Mais avec l’arrivée de Rick Rubin aux commandes, les frictions sont nombreuses car il ne veut pas d’une nana dans son groupe (les joies du machisme…). Les Beastie Boys se séparent alors de leur batteuse pour partir vers le hip hop, mais ils continuent à jouer en parallèle avec elle leurs morceaux hardcore. A nouveau, le succès et la tournée avec Madonna l’année suivante mettront un terme au groupe.

BS 2000

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Projet d’Adrock avec le batteur Awol Smith, BS 2000 a sorti deux albums (Un éponyme et Simply Mortified) à l’ambiance décalée. Les morceaux sont courts, minimalistes et enlevés. Flirtant parfois avec la jungle (With The Flow) ou l’electro-hip hop de Criminal Minds (Shock), la musique de BS 2000 fait également écho aux expérimentations d’Hello Nasty ou aux compositions de Money Mark. Une curiosité à redécouvrir. Pour plus d’infos sur le groupe, je vous renvoie à cet article de Beastiemania. Edit : On retrouve d’ailleurs dans le nouveau album, Hot Sauce Comitee, de nombreux clins d’oeil sonores à BS 2000.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Country Mike

La preuve que la barrière entre folie et génie est fine (Et ce n’est pas moi qui vous dirais le contraire !). Comme l’explique MCA dans le livret de la compilation The Sound of Science, Mike D fut victime d’un accident durant l’enregistrement d’Hello Nasty . Un mauvais coup sur la tête le rendant amnésique. Revenu à lui, le malheureux s’est pris pour Country Mike, un chanteur de country. Suite à l’avis des psychologues, ses collègues ont tout fait pour ne pas le contrarier et l’on laissé enregistrer des morceaux.

Plus sérieusement, on retrouvera d’abord deux morceaux sur la compilation The Sound of Science mais un album de 13 titres sera réalisé par la suite comme cadeau de Noël par les Beastie et distribué en 1998 à leur famille et proches amis. Introuvable en magasin, nous pouvons heureusement compter sur l’esprit partageur des Internettes pour nous permettre de savourer ces morceaux (et ca se passe par ici)

The Flophaus Society Orchestra

Encore un projet du pas très stable Mike D qui s’attaque en 1986 au jazz. Peu d’infos sur le groupe si ce n’est deux morceaux écoutables sur le site SuperSoulSound. Vous pouvez toutefois lire l’article posté sur le blog Nicky Fingaz Reality Tunnel suite au décès de Dave “Bosco” Danford, l’un des membres du groupe.

Brooklyn

Groupe éphémère d’Adam Yauch, Brooklyn s’est formé fin 87-début 88. Il délivre dans sa seule démo (qui se déniche ici) un rock sympa, même si l’on sent que Yauch n’est pas des plus à l’aise au chant. L’expérience Brooklyn ne sera toutefois pas vaine car l’intro à la basse de I Don’t Know sera réutilisée dans le célèbre morceau des Beastie Boys Gratitude. Enfin, au risque de paraitre encore une fois obnibulé, on soulignera que le bassiste de Brooklyn n’est autre que Daryl Jennifer, membre de Bad Brains (son interview à lire sur Beastiemania).

Three Bad Jewish Brothers

Nous terminerons cette liste hétéroclite par le projet le plus étrange, mais aussi le plus mystérieux. Avec l’aide du photographe Josh Cheuse et Kio Turner, les Beastie Boys montent en 1985 un sketch parodiant Run DMC, dont les membres deviennent Funky Ismael ou Grand Master Jew. Malheureusement il ne reste, à ma connaissance, aucun document sur cette blague. Tout juste puis je vous conseiller de regarder ce petit documentaire sur le travail de Josh Cheuse ou de lire cet article publié sur Living Proof Magazine.

Les remixes ou le Big Bang permanent

Non content d’être farcie d’univers parallèles, la galaxie Beastie Boys est également sujette à la recréation perpétuelle. Qu’elle soit du fait des Beastie eux-mêmes ou de quelqu’autre démiurge.

Remixes internes

Je passe vite fait sur la première catégorie, en vous conseillant de vous procurez leur album Root Down, pas dégueu du tout. Quant à ceux qui ne possèdent aucun album des Beastie Boys, c’est le moment de vous les procurer : de nouvelles éditions, avec remixes et morceaux rares, sont en effet disponibles actuellement sur leur site officiel.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Remixes externes

Attaquons nous donc plutôt aux remixes d’élements extérieurs avec, pour commencer, Night of The Leaving Beastie. Le projet est né du site Beastie Mixes suite à un concours special Halloween. Le mélange entre la musique des Beastie et le film de Romero, Night of The Living Dead (alias La Nuit des Morts-vivants dans nos contrées ) est vraiment réussi, certains remixes arrivant à égaler les originaux. En particulier Crawlspace de DJ Fatty Ratty ou celui de Bassdriver qui suit :

Et j’oubliais, la compilation se télécharge ici.

Continuons avec l’album Still Ill, remixes et raretés (dont un super morceau, Spam, avec Adrock, Mike D et Milk Dee) compilés par Dr Numbers (qui a réalisé le même travail sur Eminemmais bon courage pour vous le procurer légalement). Du très bon là aussi et, si mon amour des zombies ne me troublait pas mon jugement, cette compilation aurait figuré en première place sur la liste.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’album s’avère assez difficile à trouver mais vous pouvez vous le procurez en mp3 sur le site Soundbox pour moins de 4 dollars. C’est donné.

Autre curiosité, la rencontre des Beatles et des Beastie sous la conduite de DJ BC. Deux albums, Let it Beast et DJ BC presents The Beastles, ont été réalisés mais ne semblent pas commercialisés. Vous pouvez malgré tout en écouter quelques morceaux sur Youtube. Cela reste du mashup (combinaison de deux morceaux) assez simple, qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est toujours amusant de voir deux univers se percuter .

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et pour conclure sur les remixes, l’un des derniers albums de remixes (téléchargeable gratuitement) que je viens de trouver : Doublecheck Your Head de Max Tannone. Ce dernier a également réalisé d’autres remixes (Jay-Z combiné à Radiohead ou Mos Def à la sauce dub). Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter en entier celui des Beastie mais les premiers morceaux étaient prometteurs.

Les Beastie Boys et les arts

Réduire les Beastie Boys à la musique serait incorrect, tant les ponts vers les autres arts sont nombreux. Tour d’horizon rapide.

Art graphique

J’ai assez parlé de la photo via Friedman mais allez quand même faire un tour sur la page de Life qui consacre un diaporama aux Beastie Boys. Je vous conseillerai donc d’aller plutôt faire un tour, histoire de changer, sur le site Beastiemania qui propose une collection énorme de stickers et flyers ainsi que des affiches de concerts.

Je souhaitais également vous parler d’une exposition qui a été consacrée aux Beastie Boys par la Galerie 1988 en Californie, mais il ne reste malheureusement quasiment plus aucune image visible de l’exposition (quelques unes ici quand même). J’en ai qui trainent dans ma collection d’images, j’essaierai de vous retrouver ca bientôt. Edit : J’ai retrouvé un article qui présente la collection de Galerie 1988 et vous pouvez également retrouver d’autres photos sur ma galerie Flickr.

Cinéma

Ceux qui ont réussi à survivre aux trois derniers épisodes de ce guide ont déja pu constater le gout des Beastie Boys pour le cinéma, notamment dans les clips. Du polar 70’s (Sabotage), du Kaiju eiga (Intergalactic), de l’hommage au Danger : Diabolik ! de Mario Bava (Body Movin), il y en a pour tous les goûts.

Cette passion du cinématographe est particulièrement le cas d’Adam Yauch. Je vous renvoie à ce propos au reportage de Tracks de 2009 cité plus haut pour le détail mais, actualité oblige, mentionnons le documentaire Radiant Child consacré au peintre Jean-Michel Basquiat, produit par Adam Yauch et réalisé par Tamra Davis, l’épouse de Mike D.

Enfin, comment pourrais terminer cette partie consacrée au septième art sans parler de l’utilisation du morceau No Sleep Till Brooklyn dans Out for Justice (Justice Sauvage par chez nous) de John Flynn !

Ecouter du Beastie tout en regardant Steven “Saumon Agile” Seagal (alors au top de sa forme) casser des bras et poursuivre William Forsythe en mode berzerk : une certaine idée du bonheur.

Le rire

Une partie qui aurait pu figurer dès le début du guide, à savoir l’influence des humoristes chez les Beastie Boys. Tout le monde connait désormais leur coté irrévérencieux et absurde mais on le comprend mieux quand on s’attarde sur leurs comiques préférés (et à ce titre je remercie encore Casio Hardcore pour son travail qui m’a bien aidé). Edit : Une inspiration que l’on retrouve dans le clip Fight for Your Right Revisited, avec la présence de Jack Black, Elijah Wood, Seth Rogen, Will Ferrell ou John C. Reilly

On retrouve en effet à plusieurs reprises des extraits de sketches dans les morceaux des Beastie Boys, en particulier Cheech and Chong, Steve Martin ou Richard Pryor. Des noms pas forcement connus dans nos contrées et c’est bien dommage.

Pur film de stoners, Up in Smoke/Faut trouver le joint est loin d’être une grande comédie mais les personnages de losers enfumés interpretés par Cheech Marin et Tommy Chong nous offrent des moments hilarants et devenus cultes dans la jeunesse américaine. On retrouve d’ailleurs des clins d’oeil au duo chez Cypress Hill ou, plus récemment, dans Machete, de Robert Rodriguez, avec l’apparition de Cheech Marin dans le rôle d’un curé .

Autre comique relativement peu connu en France avec Steve Martin, mais la c’est plus regrettable. Enquillant depuis les années 90 des films oubliables (comme les remakes de la Panthère Rose) ,  Steve Martin est peut-être ce qui se fait du plus proche de l’esprit Beastie Boys. A savoir du décalage, de l’improvisation et une folie en continu.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Attention, le son n’est pas génial

Et pour l’apprécier à sa juste mesure, trois films à voir absolument (en VO) : Un vrai schnock (The Jerk) et L’Homme aux deux cerveaux (The Man with Two Brains) de Carl Reiner et Le plus escroc des deux (Dirty Rotten Scoundrels) de Frank Oz avec Michael Caine.

Concluons sur LE comique noir américain : Richard Pryor. Une tchatche de dingue et une inspiration essentielle pour des types comme Eddie Murphy, Chris Rock, David Chapelle ou Robin Williams. Si sa carrière au cinéma avait bien débuté (collaborations avec Mel Brooks et Gene Wilder, comme sur Le Shériff est en prison), ses propos qui n’épargnent personne (à l’image d’un autre grand comique, Lenny Bruce) lui fermeront beaucoup de portes.

Ceci, conjugué à des problèmes de drogue, l’éclipsera de l’affiche au profit d’Eddie Murphy. Je vous conseille malgré tout de regarder Comment claquer un million de dollars par jour qui, bien qu’inoffensif par rapport à ce qu’il faisait sur scène, reste un film amusant et à l’idée de base originale. A voir également, un documentaire qui vous éclairera sur l’importance de Richard Pryor et des autres humoristes afro-américains : Why we laugh, Black Comedians on Black Comedy.

Pour aller plus loin

Articles et reportages

Commençons par les ressources disponibles en français qui sont, somme toute, relativement peu nombreuses au regard du succès du groupe. Si vous vous êtes perdus dans mon guide galactique et accessoirement bordélique, vous pouvez lire, en dehors de l’habituelle fiche Wikipedia, un article de Vincent sur le site Musity ou celui de MC23 sur Hip Hop Core. Deux articles sous forme chronologique sans fioritures et bien écrits.
Je vous conseille sinon l’article de RabbitInYourHeadlights sur Indie Rock Mag qui aborde le groupe sous un angle original, celui du mash-up.

Heureusement qu’Arte est là sinon, avec un article de Paul Rambali dispo sur arte.tv, adaptation internet du reportage diffusé en 2009 sur la très bonne émission Tracks. Et toujours pour parler de Tracks, l’émission avait également diffusé un reportage en 2007, à l’occasion de ses 10 ans, visible (et un grand merci au passage à Unofficial Website Tracks qui a archivé une partie des reportages) juste en dessous :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour les articles en anglais, j’avoue avoir un peu la flemme de vous faire un listing, surtout que nous y reviendrons un peu plus bas. A noter quand même un article de Noel Dix sur Exclaim, chronologique et exhaustif,  et un papier de Jonah Weiner qui liste une série d’anecdotes sur les Beastie.

Ressources

Je ne vous ferai pas l’affront de vous mentionner le site officiel des Beastie Boys… Enfin si après tout, mais juste pour vous conseiller de suivre les petites vidéos et commentaires d’Adrock et Mike D et d’aller faire un tour sur leur forum.

Fuyez Beastieboysremixes qui semble avoir rendu l’âme mais ruez vous sur deux sites indispensables : Beastiemania et Beastiemixes. Le premier est juste impressionnant en terme d’informations et me fut d’une grande aide pour réaliser ce guide. Le deuxième met quant à lui l’accent sur l’un des grands atouts des Beastie : la facilité avec laquelle il est permis de remixer, récréer à partir de leurs morceaux.

A ce propos, la section bootleg mérite à elle seule le détour. Outre des albums spéciaux et des raretés, vous pourrez y trouver les compilations, réalisées par Casio Hardcore ( son blog ici), avec l’ensemble des samples utilisés par les Beastie Boys sur chacun de leurs albums.

Un travail d’une patience incroyable qui prouve deux choses. La première c’est que l’on trouve toujours quelqu’un de plus barré que soi dans une passion. Et la deuxième c’est l’immense culture musicale des Beastie. Outre leur définitif Paul’s Boutique (plus d’une centaine de morceaux samplés – pour le détail c’est ici), le groupe est capable d’utiliser tout ce qui leur passe sous la main, de Black Sabbath à Grand Funk Railroad, ou de Johnny Cash à Africaa Bambaatta.

Bref, si vous voulez découvrir ou rédécouvrir la musique, ces compilations sont indispensables.

Pour l’actualité du groupe, vous pouvez bien entendu suivre le site officiel mais ajoutez à vos lectures Mic to Mic. Le rythme de parution est assez calme mais c’est toujours intéressant. A signaler de plus la galerie photo du site qui contient des pépites, dont pas mal de photos de Glen Friedman.

Enfin terminons par deux sites originaux : Beastie Boys Annoted qui nous éclaire sur les paroles de quelques chansons et ce FAQ qui répondra à vos principales interrogations sur le groupe.


Photomontage à partir des images : AttributionShare Alike stallio et AttributionNoncommercial ewitch

Article initialement publié en 2 parties sur Centrifugue

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Balade dans la galaxie Beastie Boys http://owni.fr/2011/05/11/balade-dans-la-galaxie-beastie-boys/ http://owni.fr/2011/05/11/balade-dans-la-galaxie-beastie-boys/#comments Wed, 11 May 2011 17:26:52 +0000 Gwen Boul http://owni.fr/?p=31778 Hot Sauce Committee part 2, le nouvel album des Beastie Boys, est enfin sorti. Le groupe avait plusieurs fois reporté la sortie de l’album. Après une sortie déjà décalée en 2009 pour cause de Crabe qui s’invitait dans la gorge d’Adam Yauch, alias MCA, le groupe refaisait le coup en 2010. « Pas avant 2011 les amis ! ». Promesse finalement tenue avec un disque qui réjouit les fans. C’est l’occasion pour OWNImusic de republier la petite balade dans la galaxie Beastie Boys, balade guidée par Gwen de Centrifugue. Un univers gigantesque, aux astres multiples et empli d’univers parallèles. Décollage.

Les grands champs gravitationnels

Débutons notre périple cosmique par ceux qui ont modelé cette galaxie : les inspirateurs et les producteurs.

Lee Scratch Perry

Le producteur incontournable dans l’histoire du reagge et du dub. Celui-ci fit une apparition remarquée sur Hello Nasty avec le morceau Dr Lee PhD. Une association débutée lors d’une première partie des Beastie assurée par Lee Perry, à l’occasion d’une tournée au Japon en 1996. Mais l’influence est plus ancienne et remonte à l’EP Cooky Puss en 1983, qui comportait les morceaux dub-reggae Beastie Revolution et Bonus Batter Edit : et l’on retrouve également un sample de Dub Revolution sur Ill Communication. Une référence évidente aux B-sides, ces reprises instrumentales créées par Lee Perry et qui donneront naissance au dub.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Rick Rubin

« Le plus grand producteur de ces 20 dernières années » pour Corey Moss sur le site de MTV. Lister le nombre de groupes qui ont travaillé avec lui est une gageure (On citera rapidement Slayer, Metallica, LL Cool J et Public Enemy pour la forme). Mais son influence sur les Beastie est indéniable. C’est en effet rien moins que le producteur et le coauteur de Licensed to Ill en 1986.

Licensed to Ill. Premier album (LP) des Beastie Boys. Premier album de rap à entrer dans le classement Billboard 200. Vendu à plus de 9 millions d’exemplaires. Décollage immédiat vers la célébrité.

Si l’album nous balance des bombes hip-hop, le fan de metal qu’est Rick Rubin donne aux Beastie Boys l’occasion de nous délivrer Fight for Your Right to Party et No sleep till Brooklyn, avec le solo furieux de Kerry King, guitariste de Slayer. Deux morceaux de rap-metal qui n’ont pas pris une ride après plus de 20 ans.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les Dust Brothers

En 1988, la rupture avec Dej Jam, le label créé par Rick Rubin , est consommée. En cause des problèmes de royalties mais également de tempérament. Car la lourdeur musicale du bonhomme déteint un peu sur son caractère. Et les Beastie, passés maitres en conneries diverses et variées, n’ont pas l’intention de devenir juste cons.

Direction donc Los Angeles où ils rencontrent les Dust Brothers. Pas forcement connus du grand public, ils ont pourtant lancé la carrière de Beck (L’album Odelay et son single Loser, c’est eux) et ont composé la BO de Fight Club. Mais dans le coin de galaxie qui nous intéresse, ils sont à l’origine d’un des chefs-d’oeuvre des Beastie (et même pour le fan transi que je suis, le mot n’est pas usurpé) : Paul’s Boutique.

Les samples incalculables qui composent l’album étaient destinés à l’origine à leur usage personnel. Mais les Dust Brothers ont eut le bon goût de laisser les Beastie poser leur voix et leurs instruments dessus (Et problablement divers produits au passage…). Grand bien leur en a pris.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La scène hardcore

Cela va finir par devenir une antienne sur ce blog mais il est toujours bon de rappeler que nos trois rappeurs de New York ont commencé par du punk-hardcore bien énervé. Comme nous l’avions vu ailleurs, les rastas furieux de Bad Brains, virés en 79 de Washington DC, y ont changé la face de la scène hardcore naissante.

Et celle du bassiste Adam Yauch, futur tiers des Beastie Boys, qui ira les voir jouer plus de 50 fois, comme il le confiait en 1994 dans le magazine Guitar World. Et outre les initiales communes du groupe en guise d’hommage, cette influence s’est manifestée à plusieurs reprises. Brouillés, les membres de Bad Brains se reformeront ainsi en 1995, à l’occasion d’une tournée des Beastie Boys . Et Yauch produira Build a Nation en 2007, leur dernier album en date. Edit : Rajoutons enfin l’utilisation par les Beastie de samples de The Big Take Over et Supertouch / Shift It sur, respectivement, Pass The Mic et The Maestro.
Deux autres groupes à citer également : Black Flag (vu ici ou ), autre grosse influence d’Adam Yauch, et Reagan Youth , groupe new yorkais ayant débuté en même temps qu’eux.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les étoiles filantes

Des passages souvent fugaces. Mais ils ont tous permis à la galaxie Beastie d’entrer en expansion.

Madonna

Ca fait un peu étrange de voir ce nom écrit par ici. Moi même je m’en étonne. Pourtant en 1985, le groupe enregistre le single She’s on it avec le tout jeune Rick Rubin. Un carton qui les amène sur la tournée Like a Virgin. Si l’on en garde peu de choses à part une photo (voir plus haut), la légende voudrait qu’un des Beastie y soit passé avec la Madonne dans un placard… Ah, la jeunesse.

Kim Gordon

Restons chez les filles avec la bassiste de Sonic Youth. Outre le fait que Mike D lui ait donné un coup de pouce pour lancer un magasin de vêtements (X large), celle-ci fera une apparition pour un morceau lors de la tournée Tibetan Freedom. De quoi faire lever le sourcil des fans de scène indé.

Spike Jonze

Canonball des Breeders, Electrolite de REM, Da Funk de Daft Punk, c’est lui. Un sympathique CV. Et de la même manière que Rick Rubin, il va offrir parmi les meilleurs clips des Beastie. Sabotage en tête bien sûr, mais n’oublions pas Sure shot (Le morceau qui a fait découvrir le groupe à votre serviteur).
Beastie Boys – Sure Shot

Fatboy Slim

1998. Sortie d’Hello Nasty. Une incroyable variété de styles musicaux s’y entremêlent. Reggae, ballade, easy listening, electro et hip hop. De quoi en décontenancer certains. C’est la même année que sort You’ve Come a Long Way Baby, l’album qui va lancer la carrière de Fatboy Slim auprès du grand public. Les deux entités se rencontrent et accouchent d’un remix de Body Movin, si apprécié par le trio qu’il remplacera l’original pour le clip vidéo

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Q-Tip

On terminera cette section par une autre collaboration unique. Celle de Q Tip du groupe Tribe Called Quest sur le morceau Get it Together, en 1994. Outre la qualité évidente de la chanson, elle permet aux Beastie de rester, malgré leurs succès, profondement ancrés dans la culture hip hop.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les satellites

Adam Yauch, Mike D et Adrock, ces trois planètes massives ne doivent pas occulter les satellites, d’apparence certes plus réduite, mais tout aussi majestueux.

Eric Bobo

Sans Eric Bobo, pas de percus sur Ill Communication et Hello Nasty. Ca sonnerait tout de suite moins bien. Il faut dire qu’avec un père à l’origine du latin jazz et pote à Tito Puente, cela aide pour apprendre la musique. Pour plus d’infos je vous conseille d’allez faire un tour sur le site Latin Rapper pour y lire une interview du monsieur.

Après avoir gravité autour des Beastie, Eric Bobo changera d’orbite dans les années 90 pour se rejoindre Cypress Hill. Sympathique coin de l’univers au demeurant.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Alfredo Ortiz

Remplaçant Eric Bobo aux percus, Alfredo Ortiz est du genre astre itinérant. Pour avoir un aperçu de ses déplacements, direction l’article publié sur l’excellent site Mic to Mic. On rajoutera pour l’anecdote que le sieur Ortiz offre ses talents de percussionniste à Tenacious D (autre plus grand groupe du monde, mais dans la catégorie rock) sur leur album éponyme.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mario Caldato Jr

Si Paul’s Boutique est si génial c’est, comme nous l’avons vu dans le post précédent, grâce aux Dust Brothers. Mais également à cet homme, qui opéra en tant qu’ingénieur du son.

En plus de jouer du clavier et des percus dans les groupes Soul Stick, Wake, Phaze et Phaze II, de produire ou d’offrir ses oreilles aiguisées à moults artistes, le bonhomme aura également le temps de produire l’album Hello Nasty et de s’assurer de la qualité du son lors des tournées des Beastie. La légende urbaine voudrait que cet homme trouve le temps de dormir. Peu crédible.

Deux liens à conseiller : une interview (format PDF) en provenance du site Make Shift Studio et une autre lisible sur le site Sound and Colours.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Money Mark

Le satellite qui se retrouve là un peu par hasard. Money Mark, alias Mark Ramos Nishita, fut en effet répéré par ses dons de charpentier, alors que les Beastie Boys résidaient au G-Spot, leur QG à Los Angeles. Aussi doué avec le bois qu’avec les touches de piano, et accessoirement ami de Mario Caldato, il collaborera aux albums Check Your Head et Ill Communication.

Assez discret, vous le connaissez certainement pour un autre morceau :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et oui, le clavier au début, c’est lui.

Money Mark, en plus de jouer dans le Omar Rodriguez Lopez Quintet (projet du guitariste de Mars Volta) et dans Banyan (groupe de Stephen Perkins – Jane’s Addiction, Porno for Pyros-), nous pond de temps à autres des albums en solo. Ambiances naïves et confortables au programme, mais aussi morceaux délicieusement groovy. Votre serviteur n’a point eu le temps d’écouter l’ensemble de son oeuvre, mais l’album Change is Coming est hautement recommandable.

mmandable.

- Biz Markie

Biz Markie

Un astre resté un peu trop dans l’ombre. Débutant dans les années 80 comme beatboxer (à voir à ce propos un extrait avec Roxanne Chanté en 1986), Biz Markie, doté d’un humour ravageur, va collaborer à plusieurs reprises avec les Beastie Boys (sur les albums Check Your Head, Ill Communication et Hello Nasty) et même se fendre d’une reprise anthologique de Benny and the Jets d’Elton John (disponible sur la compilation The Sounds of Science) :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Repéré en 1989 grâce à son tube Just a Friend, sa carrière solo ne décollera pourtant pas. Biz Markie s’est en effet retrouvé au coeur d’un des grands procès qui a modifié la scène hip-hop, celui des samples. Lors de la sortie en 1991 chez Warner de son album I Need a Haircut, le musicien folk Gilbert O’Sullivan décide de poursuivre le label pour avoir utilisé sans autorisation un sample de sa chanson Alone Again (Naturally).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Suite à ce procès, l’album de Biz Markie sera retiré de la vente. Et les maisons de production devront clarifier légalement, auprès de leurs créateurs originaux, l’utilisation de chaque sample. Ce que fera avec humour Biz Markie avec son album suivant, All samples cleared !. Mais sa carrière musicale en solo est définitivement amochée.

Heureusement celui-ci continue sa route, notamment à la télévision dans l’émission In Living Color des frères Wayans (où Jim Carrey fit ses premiers pas télévisuels). On le retrouvera également en animateur d’une radio hip-hop dans le jeu GTA San Andreas, et il se fendra même d’un morceau avec DJ Yoda sur l’album The Amazing Adventures of DJ Yoda, Breakfast Cereal.

Edit : le morceau n’est plus dispo sur Youtube mais vous pouvez l’écouter sur Deezer

Les anneaux en vinyle

Que seraient trois MC sans leur DJ ? Ou plutot leurs DJs. Premier en date, le producteur Rick Rubin qui officiera sur la tournée avec Madonna. Il sera suivi de Dr Dre (à ne pas confondre avec le fondateur de Death Row Records et acolyte entre autres d’Eminem) Edit : Vous pouvez trouver des mixtapes de Dr Dre (au vu des morceaux, je pense qu’il s’agit du MC des Beastie) sur le blog Tha Original Mixtapes & Dj’s. Peu connu du public, Dr Dre sera pourtant, via son émission consacrée au rap sur MTV, pour beaucoup dans la reconnaissance des Beastie Boys.

Deux DJs sortent malgré tout du lot : DJ Hurricane et Mix Master Mike. Le premier a débuté dans le sillage de Run DMC. Et c’est lors d’une tournée commune en 1986, le Raising Hell, que DJ Hurricane rejoint les Beastie Boys, en remplacement de Dr Dre, lassé de la vie sur la route.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Hurricane travaillera avec les Beastie jusqu’en 1997 et la venue du seul et unique : Mix Master Mike. Trustant les titres de champions du monde des DJ avec son comparse Qbert, tout amateur des Beastie connait désormais la drolatique intro du clip Three MC and one DJ. Et une seule conclusion possible : ce mec est brillant. Et innovateur (En plus d’avoir Will Ferrell pour faire son intro… Y en a qui cumulent, j’vous dis).

Pour ceux qui en douteraient, réécoutez Hello Nasty (cf l’intro à la pédale wa wa sur la version album de Three MC ’s and one DJ) et To the 5 Boroughs. Mais je vous conseille également de vous pencher sur son travail solo, en particulier l’EP Eye of the Cyklops.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et pour tous les amoureux des DJs, un documentaire à voir : Scratch (Edit : ou vous pouvez regardez quelques vidéos ici )

Glen Friedman, l’astronome

Nous en avions parlé vite fait ici, aussi je serai bref. Juste pour rappeler que la collaboration entre Friedman et les Beastie remonte aux tous premiers albums publiés chez Def Jam et qu’il est à l’origine d’un paquet de photos mythiques du groupe, dont la plus connue est peut-être celle de Check Your Head, et son noir et blanc classieux.

Run DMC, la planète jumelle

Si l’on se doit de citer Public Enemy dans ce papier (via Party for Your Right to Fight, leur clin d’oeil à Fight for Your Right to Party des Beastie), les liaisons les plus fortes demeurent celles avec Run DMC. Nous les avions déja croisés dans le post précédent, mais comme une piqûre de rappel fait toujours du bien :
Run DMC – It’s Tricky

Run DMC sera souvent cité comme pendant afro-américain des Beastie. Quitte à parfois s’en servir pour rabaisser les Beastie Boys, qualifiés à leurs débuts de pâle copie. La question ne se posait pourtant pas pour les deux groupes. Tournée commune, même DJ, même croisement entre metal et rap (avec le célèbre Walk this Way en duo avec Aerosmith). La chanson Slow and Low de Beastie était de plus à l’origine un morceau de Run DMC. Et pour achever de vous convaincre, autant regarder ces extraits :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Allez, remuez bien votre popotin avec tout ca. Et rendez-vous demain, direction les mondes parallèles !


Article publié initialement sur Centrifugue en 2 parties

Photo montage à partir des photos FlickR CC : PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales MrDevlar et PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales jaygoldman et Loguy

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Explication de clip: “La Banane” de Katerine http://owni.fr/2011/05/06/explication-de-clip-la-banane-de-katerine/ http://owni.fr/2011/05/06/explication-de-clip-la-banane-de-katerine/#comments Fri, 06 May 2011 13:34:51 +0000 Chroniclip http://owni.fr/?p=31744 Clara Beaudoux et Delphine Osmont, de Chronoclip, proposent au réalisateur d’un clip d’expliquer son travail. Voix off sur le clip, il explique ses choix, raconte les dessous de certaines scènes et donne des précisions sur le budget ou le matos. Sorte de making-of augmenté, OWNIMusic se devait de vous présenter le dernier opus de la série, et vous invite à retrouver les anciens épisodes.

Gaetan Chataigner est réalisateur et musicien. Il est originaire, comme Katerine, de Vendée. Tous deux se sont connus à la fac d’arts plastiques de Rennes, et travaillent ensemble depuis longtemps.

Ce clip de “La banane” a été tourné en juin 2010 en Bretagne. Il fait partie des 12 clips tournés en 2010 pour l’album intitulé “Philippe Katerine”, sorti en septembre 2010.

Mais pourquoi seulement 12 alors que l’album compte 24 titres ? “Autant aller jusqu’au bout” se sont-ils finalement dit, et ressortent donc 12 autres clips en 2011.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Crédit Photo FlickR by-sa Stéfan

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Henri-Jean Debon, l’homme qui faisait des (beaux) clips pour 1000 euros http://owni.fr/2011/04/14/henri-jean-debon-lhomme-qui-faisait-des-beaux-clips-pour-1000e/ http://owni.fr/2011/04/14/henri-jean-debon-lhomme-qui-faisait-des-beaux-clips-pour-1000e/#comments Thu, 14 Apr 2011 14:49:11 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=31551 Nous avons déjà eu l’occasion de parler de Henri-Jean Debon sur OWNImusic. Réalisateur quasi “attitré” de Noir Désir, Chroniclip lui avait demandé de décrire le clip “Lost” de ce groupe. Il a notamment travaillé pour les grands comme les Thugs, Dionysos, Dominique A, Louise Attaque, etc…
Aujourd’hui, c’est à lui de prendre la parole pour nous en dire plus sur le projet LCD Videostystem, la division “low cost” de son travail qu’il a initié il y a deux ans déjà. Une vingtaine de clips a déjà été réalisée pour ce projet qui consiste en la réalisation d’un clip pour 1000€.

C’est à l’occasion d’une soirée organisée à la Péniche, le vendredi 15 Avril que nous avons souhaité en savoir plus. Dix clips de l’an 2 seront projetés et suivis des concerts de CYRZ, petit protégé des Dionysos, auteur-compositeur intimiste, et tragi-comique, LEGS, groupe parisien très Pavement et les RANDY MANDYS, de Pau, vainqueurs 2010 de l’Eurodemo (Santander), dont le nouvel album “The way we are” vient de sortir, en vinyle avec une belle pochette 3D, oui oui), que nous vous avons présenté sur OWNImusic a fait parti de ce projet et “The Wholling stoppelizzy stroke back, in your face, dammit !” en est le résultat.

LCD Videosystem est une division « low cost » de mon travail, consacrée à des groupes non signés”. Pourquoi une telle initiative au delà d’une certaine passion pour la musique et un challenge ? Est-ce un bon outil marketing pour votre carrière ?

Ma carrière ?? Hmm… J’ai réalisé par le passé des clips assez chers, certains trop chers (à titre d’exemple, “Lost” pour Noir Désir a couté 200 000 euros). Donc là, en fait de tremplin ou de progression, c’est plutôt un retour en arrière, aux tous premiers court-métrages réalisés à 14/15 ans. Je suis en période totalement régressive donc. Et puis pour ce qui de l’outil marketing, on peut difficilement imaginer pire. Pour les maisons de disque, et les maisons de productions de clips, le LCD, ça accumule toutes les tares. Déjà, c’est pauvre, ça commence mal, ils se disent “il n’a donc pas besoin de plus” et aussi “il n’a plus besoin de nous, on n’a plus besoin de lui.” Au mieux c’est suicidaire.

Ensuite, quand vous parlez de passion, je ne sais pas, mais… Ce qui est sûr, c’est que pour les réalisateurs, en général, le clip, comme la pub, c’est alimentaire. Moi, même si ça m’a nourri jusque là, je ne l’ai jamais fait comme ça. Je n’ai jamais vu ça comme un job qui nourrit jusqu’au “prochain vrai travail sérieux”. J’ai toujours trouvé ça super sérieux en fait. Les atomes crochus et les points d’achoppement entre la musique et l’image, et le récit, les rapports de fiction et de frictions entre les deux, c’est un domaine où énorme reste à faire, alors… Là, c’est peut-être aller au bout de ce raisonnement-là : l’aspect non-alimentaire de ce travail-là. Faudrait que j’en parle en ces termes à ma banque, ils seraient sûrement très émus.

J’imagine que les artistes doivent souvent avoir des envies de clips à plus de 5000€. Comment procédez vous pour conceptualiser un scénario à 1000€ et leur faire accepter ? Ou le fait d’avoir une telle contrainte budgétaire vous autorise à travailler en totale carte blanche ?

1000, 5000, 10000… Ça n’est pas là que se joue vraiment ce qu’on voit à l’image. À 100 000, oui, on pourrait commencer à voir autre chose, mais à 100 000 tout passe dans les salaires, et du coup on ne voit plus rien. L’une des idées de base du LCD c’était de se rappeler (si nécessaire) que 1000 euros, c’est beaucoup d’argent. Voilà. Pour le reste, on fait comme les autres. Il n’y a pas de carte blanche. Il y a de la confiance, et de l’envie, ce qui est différent. Je propose une idée, et si elle plaît, je tourne, je monte. Mais il n’y pas d’intervenants extérieurs aux groupes, pas de management, pas de maisons de disque, donc pas de chefs de produit ou de ce qu’on appelle les “directeurs artistiques”. On ne travaille pas non plus avec les critères de diffusion, qui changent tous les six mois. On est concentrés sur la chanson, sur ce qu’on peut en tirer. J’aurais maintenant du mal à revenir en arrière sur ce fonctionnement-là. Le mieux serait d’arriver à l’instituer, d’en avoir les moyens. Le rêve serait de faire un clip pour Britney à 1000 euros. Qu’elle vienne avec son million et qu’on lui dise “non chérie désolé nous c’est 1000 ou rien”.

Combien de temps environ acceptez-vous d’investir pour la réalisation d’un tel clip ?

Il n’y a aucune limite. J’ai passé 4 mois sur “Hollywood Babylon” pour le groupe Mad River (en faisant d’autres choses à côté, mais quand même…) Si un projet demandait un an de travail, je ne serai pas contre. D’autres clips de la série m’ont pris un jour ou deux.

Est-ce que vous travaillez seul (mise à part le groupe bien sûr) ou vous travaillez avec une petite équipe de production ?

Je travaille seul, ou avec mon amie Charlotte, qui m’assiste. Une ou deux fois, quand nous n’avions pas le choix (grosse figuration à gérer par exemple), nous nous sommes retrouvés avec une vraie grosse équipe LCD : quatre personnes. Dont nous deux bien sûr.

D’où sont tirées les images d’un clip comme celui effectué pour Danielson Family ?

De ma caméra. Nous avons gravi l’Etna, le Vulcano, le Stromboli. C’était le premier clip de la série, et pour mon groupe préféré en plus, alors il fallait payer de sa personne.

Vous est-il déjà arrivé qu’un groupe refuse le résultat final ?

C’est arrivé une fois, oui. Une fois sur les vingt premiers clips. Ça me paraît normal en même temps, on me donne beaucoup de liberté, on m’accorde beaucoup de confiance, alors… Je pourrais être étonné qu’il n’y ait pas plus de refus, mais est ce qu’on peut refuser un clip à 1000 euros ?

Comment les groupes utilisent-ils vos réalisations en général (diffusion télévisée, internet, vente…) ?

Les groupes utilisent les clips comme ils peuvent. Je veux dire : avec leurs moyens. Pour l’instant, seuls deux des clips du LCD ont été présenté aux chaînes de tv, et les deux sont passés. Ça me pousse à encourager les autres à faire pareil, mais je travaille avec des groupes qui souvent n’ont même pas de management, ni d’asso. Et les chaînes se débrouillent très bien pour décourager les petits. Présenter (je dis bien juste présenter) un clip aux chaînes, c’est un parcours du combattant, en termes de contrats, d’autorisations, de visas, de paperasse diverses… Donc peu y vont, c’est bien dommage.

Est-ce des vidéos virales deluxe que vous proposez ?

Non… Moi je préfèrerais voir tous ces clips à la télé.

Comment sélectionnez-vous les artistes pour qui vous travaillerez, si séléction il y a ?

La seule sélection, si sélection il y a, peut avoir lieu quand je rencontre le groupe. La question est de savoir si on va s’entendre, se comprendre. J’ai compris (un peu tard) que mon travail ne consistait pas à aimer un morceau, ni même à le juger. Je suis plus avocat que juge, et dans le meilleur des cas je suis un peu docteur aussi. Je suis là pour bien écouter mon patient (la chanson), pour l’ausculter avec le plus d’attention possible. Ensuite, je propose des choses, des traitements, des soins.

On sort de l’esthétique habituelle d’un plan de groupe filmé ? Est-ce une pour des raisons économiques ou esthétiques ?

Des plans de groupes filmés ? Vous parlez des scopitones ? J’aime bien ça, je trouve qu’on devrait y revenir un peu plus d’ailleurs, mais… Je ne connais aucun clip un peu “célèbre” (et même très peu parmi les autres) qui soit “un plan de groupe filmé”. Encore une fois c’est peut etre dommage d’ailleurs.

Pas de réelle différence en tout cas avec un clip à 100 000.” C’est assez provocateur comme déclaration, comment la justifiez-vous ?

Elle est justifiée dès la phrase suivante : il faut trouver quelque chose pour la chanson. Ça, ça ne change pas. Pour le reste… Encore une fois, le gros d’un budget de clip (et de film, etc…), c’est la masse salariale. Là y’en a pas Et des problèmes d’argent… On n’en a pas non plus. On n’a pas eu de limites de ce côté là… Quand on regarde les vingt premiers clips, on pourrait comparer théoriquement avec une série de clips mainstream sur M6 : nous aussi on a des bombasses autour d’une piscine dans une belle villa, nous aussi on a des dizaines de figurants, des explosions dans tous les sens, des tournages à l’étranger, des guest stars, des chorégraphies chiadées (souvent plus que les leurs d’ailleurs). Voilà, tout va bien, vraiment, on n’a pas envie de se plaindre à personne.

LCD sur Facebookhttp://hjdworkshop.free.frhttp://www.lcdvideosystem.com

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La scène suédoise sous l’oeil de Julien Bourgeois http://owni.fr/2011/03/24/la-scene-suedoise-sous-loeil-de-julien-bourgeois/ http://owni.fr/2011/03/24/la-scene-suedoise-sous-loeil-de-julien-bourgeois/#comments Thu, 24 Mar 2011 14:34:29 +0000 Martin Untersinger http://owni.fr/?p=31282 Julien Bourgeois a 30 ans. Photographe depuis 2004 il est tombé amoureux de la Suède et de ses musiciens. Fasciné par la variété et le nombre d’artistes passionnants venus de ce pays Scandinave, il a décidé d’aller rencontrer ces artistes dans leur pays natal, et de les photographier dans un lieu qui leur était cher, dans lequel s’inscrivait leur démarche artistique. Un projet un peu fou…

Mais voilà, tout autant fasciné que lui par la vivacité et la qualité de la scène suédoise, j’ai moi aussi décidé d’aller rencontrer, en plein milieu du rude hiver suédois, ces artistes qui donnent à la pop contemporaines quelques unes de ses lettres de noblesse. Avant de pouvoir lire ce reportage sur OWNImusic, il était normal d’aller poser à Julien quelques questions…

Peter, Björn & John (c) Julien Bourgeois

Est-ce que vous pouvez vous présenter, vous et votre parcours ?

J’ai commencé par faire de la peinture, j’ai fait deux ans de beaux arts après mon bac à Dunkerque. Très vite l’enseignement de l’art assez figuratif m’a frustré. Je n’ai pas trouvé la technique que j’aurais aimé qu’on m’enseigne. Mais j’y ai découvert la photo : j’ai préparé les concours pour aller à l’école nationale de photo à Arles. J’y ai passé trois ans, j’ai terminé en 2004 et depuis je vis à Paris. J’ai commencé presque directement à faire du portrait, j’ai contacté quelques musiciens…

Vous avez tout de suite été attiré par la musique ?

Oui j’ai toujours été fasciné par la musique. J’achète des disques et je pouvais passer des heures à écouter de la musique, mais toujours en regardant les pochettes.

Il y avait déjà ce lien entre le visuel et la musique ?

Oui il y avait vraiment ça. J’étais très mauvais musicien. Quand j’étais ado j’avais un groupe, mais c’était juste pour s’amuser, j’ai jamais eu vraiment l’envie ni la capacité d’écrire des mélodies, je vois plus des images que des sons.

Comment en êtes-vous arrivé à travailler sur la Suède ?

C’est arrivé depuis mon diplôme jusqu’à maintenant. En travaillant avec pas mal de musiciens j’en ai rencontré quelques uns qui étaient suédois. L’institut suédois, à l’époque le centre culture suédois, faisait beaucoup de concerts, beaucoup de musiciens y jouaient. J’ai commencé à avoir des liens avec eux parce qu’ils me voyaient souvent dans les parages et je travaillais souvent avec des musiciens qu’ils défendaient.

Ça s’est passé comment, comment ce projet a-t-il commencé ?

Je discutais avec un ami journaliste qui me disait « j’aimerais faire un livre avec tes photos ». Je suis trop jeune pour faire une rétrospective (rires), mais l’idée du livre c’est un espace qui m’intéresse beaucoup, bien plus que l’exposition par exemple. Je me suis dit que ce serait intéressant et j’ai commencé à faire des listes d’artistes qui m’intéressaient. Je me suis rendu compte qu’il y avait peut-être 50 % de suédois. Ce qui était très mystérieux. Ce livre est parti de là, je voulais comprendre pourquoi il y avait autant de suédois qui m’intéressaient alors que je connaissais pas grand chose de ce pays. Ça restait un peu mystérieux, un pays enneigé et vague et c’est tout. Le projet est parti de là.

Vous avez contacté l’Institut Suédois et vous leur avez dit : je veux faire ce projet ?

Même pas. J’ai décidé que je ferai ce projet, j’avais économisé un peu pour le faire, je suis parti une semaine, j’ai pris quelques contacts avec des musiciens là-bas. Je suis parti 5 jours en mars dernier et le projet a été super bien reçu, les musiciens étaient d’accord pour participer. Je connais les gens de l’Institut Suédois de Paris à qui j’en avais parlé quelques jours avant de partir. C’est de là que tout est parti. Le livre je suis à la moitié du boulot porur l’instant.

En deux mot, ça va consister en quoi ?

Des images et des textes mais plus images, ce sera avant tout un livre de photos. Je demande aux musiciens de me montrer un endroit qui les inspire, qu’ils aiment, qu’ils ont envie de me montrer, de partager, pour essayer de comprendre le lien qu’il y a entre la Suède et puis tous ces musiciens. Pourquoi autant de musiciens, pourquoi est-ce qu’il y a de la musique parfois aussi pointue, mais qui s’exporte aussi bien… C’est assez curieux et très intriguant.

Avant de partir en Suède en mars, vous n’y aviez jamais été ?

Pas du tout. Je connaissais pas grand chose de la Suède, à part ce que Peter avait pu me raconter. En plus, il a un rapport assez particulier avec son pays, puisqu’il n’y habite plus depuis plus de 10 ans. Ce qu’il m’en racontait, c’était quelque chose d’exotique même pour lui.

Qu’est-ce qui ressort principalement de votre travail ? Est-ce que vous avez déjà un début de réponse pour expliquer pourquoi autant de groupes suédois s’exportent ?

J’ai déjà des éléments de réponse, puisque c’est une question que je leur pose à tous ou presque. Chacun a à peu près sa réponse. Il y en a beaucoup qui se recoupent. Pour beaucoup, leur pouvoir d’exportation vient de leur maîtrise de l’anglais ce qui est le plus évident. Les Suédois sont également assez fondus de nouveautés, ils aiment ce qui vient de sortir. La musique est aussi dans cette idée-là depuis quelques années : on recherche toujours le nouveau groupe qui va sortir, du coup les suédois sont très attentifs, toujours à la recherche du nouveau groupe. Du coup, il y a beaucoup de nouveaux groupes qui sortent parce qu’ils espèrent profiter de cette dynamique. J’ai trouvé aussi une grande cohésion de la scène musicale suédoise, tous les musiciens se connaissent.

Pendant longtemps la scène suédoise a été une communauté qui a pensé par le « nous » et pas par le « je » du coup tout le monde s’entraide. Si on regarde les notes de pochettes, tout le monde joue sur les disques de tout le monde. Je l’ai ressenti aussi en les contactant : quand j’en photographie un, il me met en relation avec un autre, et ainsi de suite. La scène est très liée, d’abord parce que c’est un petit pays mais aussi parce que les gens ne se tirent pas dans les pattes.

Mai (c) Julien Bourgeois

Il y a une certaine émulation ?

Oui, vraiment, je le ressens comme ça. Bien sûr, il y a des gens qui ne s’aiment pas entre eux, mais je pense que cette solidarité est très spécifique à la Suède.

C’est peut-être du au fait que le pays est petit ?

En tout cas il y a une scène beaucoup plus importante quand on la compare au nombre d’habitants. C’est énorme ! Tout le monde a fait de la musique quand ils étaient petits, je pense qu’il y a plus de musiciens en Suède qu’en France par rapport à la population.

Il y a une vraie différence en termes d’éducation musicale ? Elle est plus présente ?

Oui. Presque tout le monde apprend un instrument quand ils sont jeunes. Même si c’est juste le chant, ils apprennent à maitriser la musique. Ne serait-ce que les chants de Noël, tout le monde chante il n’y a pas de pudeur à chanter. Ça n’a pas l’air d’être aussi fastidieux que notre approche de la musique, qui est de marteler du solfège. C’est une approche assez naturelle qui je pense les prédispose à monter des groupes. Beaucoup de musiciens me disent que quand ils étaient jeunes, c’était le sport ou la musique : soit on fait du foot soit on monte des groupes. Donc certains deviennent footballeurs, d’autres musiciens !

Est-ce que vous pensez qu’il y a des facilités, en termes pratiques, d’être musicien en Suède ? Davantage qu’en France ?

Il y en a eu. Je pense que ça changé. Il y a eu beaucoup d’aides aux groupes pour avoir des locaux, pour répéter, il y a 15-20 ans. Tiens, fais de la musique, tu peux aller t’acheter des instruments, monter ton groupe, tu as un local pour répéter. Je pense que ça a développé beaucoup puisque ça correspond à la scène actuelle, les gens qui ont bénéficié de ça correspondent à ceux qui émergent maintenant ou qui ont émergé il y a 5 ans.

Il n’y a plus cette politique ?

Ça a été restreint et je pense que ça va l’être un peu plus encore parce que politiquement ça se resserre.

Est-ce que le caractère lisse, codifié, très normé de la société suédoise pousse les gens à s’exprimer, à extérioriser différemment, avec la musique ?

C’est vrai que vouloir sortir du carcan est un aspect qui doit susciter des vocations d’artistes. Je connais un peu le Japon, qui est encore plus fermé que ça, et qui du coup favorise des trucs complètement fous. La Suède a ce côté là, à une moindre échelle parce que ce n’est pas aussi fermé. Mais à mon avis ça pousse les gens à s’exprimer aussi. Ça a poussé aussi l’apparition d’Internet, de l’individualité, pouvoir se mettre un peu plus en avant.

Ils sont un peu tiraillés depuis quelques années. Est-ce que c’est la société qui prime sur la personne, alors que le monde fait que j’ai envie d’exister en tant que personne ?

Ce tiraillement se ressent, les gens ont vraiment envie de l’exprimer.

Est-ce que cet ancrage dans le territoire au sens physique du terme, même la situation géographique, le fait qu’il fasse très froid en hiver a une vraie influence sur la musique ?

Certains me disent que oui, que la Suède, comme depuis quelques années tous les pays nordiques, développe beaucoup de musique, d’art, parce qu’ils n’ont que ça à faire pendant 6 mois de l’année. D’autant plus qu’ils ont une culture musicale, c’est naturel pour eux d’aller vers la musique. Du coup, ça les amènerait dans cette direction, certains me l’ont dit en tout cas. Ça se confirme dans d’autres pays comme l’Islande, le Danemark ou la Norvège.

Pour certains ça ne joue pas du tout ?

Certains m’en ont jamais parlé, certains composent aussi bien l’été que l’hiver, d’autres voyagent beaucoup donc composent en voyageant.

Est-ce que le fait qu’ils aient de plus en plus de succès, qu’ils exportent, qu’ils tournent dans le monde entier, tout ça ne les éloigne-t-il pas un peu de la Suède ?

Jens Lekman ne vit plus en Suède depuis quelques années maintenant, presque 5 ou 6 ans. Un moment il en a eu marre de la scène suédoise, d’être estampillé suédois. Il est parti à New York, maintenant il vit en Australie, mais il revient en Suède ne serait-ce que pour enregistrer ses disques.

Il y a quand même ce lien…

C’est un lien un peu étrange, entre la répulsion et l’attraction. En tout cas il y revient. C’est un peu comme revenir chez soi, dans sa famille : on a la famille qu’on a on choisit pas, comme un pays. Parfois on a besoin d’y revenir, ne serait-ce que pour se dire : ‘je suis bien où je suis’ ou plutôt ‘ça me fait du bien de revenir aux sources’. Il y a plusieurs cas de figures, mais je pense que ceux qui se sont exportés reviennent quand même régulièrement.

C’est aussi un trait suédois que de vouloir partir…

C’est ce que Jens Lekman me disait : ce qui a pas mal changé en Suède c’est que les musiciens n’avaient pas honte, mais ils ne criaient pas sur les toits qu’ils étaient suédois. Leurs références étaient essentiellement américaines et anglo-saxonnes, être suédois n’était pas quelque chose dont il étaient spécialement fiers. Ils se sont mis à faire de la musique sans avoir honte et sans revendiquer spécialement des influences outre-Atlantique, et petit à petit ils ont commencé à se dire : ‘c’est chouette d’être suédois’, ça leur va bien finalement.

Ils ont toujours eu, même historiquement, cette impression d’être tout petit à côté de grands. Ça se ressent aussi dans l’art, dans la peinture, ils ont une culture artistique très tardive. La musique est assez révélatrice de ça aussi, le fait qu’ils s’exportent beaucoup depuis quelques années, ça montre qu’ils commencent à vouloir montrer leur « suéditude ». Je crois que ça a été un gros changement à ce niveau depuis quelques années.

Vous dites suéditude… Est-ce qu’il y a un son suédois ?

Je dirais que c’est la place que prennent les arrangements, en tout cas dans la scène pop indie : c’est à la fois très produit, je ne dirais pas lisse, mais presque. On recherche de la beauté, quelque chose de très proche du sentiment.

La Suède a eu très vite un accès très important à internet, qui s’est propagé très vite, est-ce que ça a eu un impact sur la musique ?

C’est certain. Ça a eu un impact sur la musique, surtout pour la faire connaître en dehors des frontières. J’ai l’impression qu’à un moment donné la reconnaissance musicale est venue presque plus de l’étranger que de la Suède, ce qui a fait que la scène a pu s’exporter dans le monde et « s’auto-apprécier » après ça. Je pense qu’ils ont eu besoin de la reconnaissance de l’étranger, ce qui est venu par l’Internet.

On parle beaucoup de la fin du modèle suédois. Est-ce que ça a un impact, ce changement sociétal ? Vous n’avez peut-être pas assez de recul puisqu’il faudrait être là depuis 15 ans… Mais est-ce que les artistes en parlent ?

Certains en parlent. J’en ai vu beaucoup très choqués par les résultats des dernières élections [qui ont amenées, une vingtaines de députés xénophobes au Parlement, ndlr.], je pense qu’ils ont du mal à comprendre. En étant des artistes dans un pays historiquement de gauche je pense qu’ils ont vraiment eu du mal à comprendre ça. Mais je ne sais pas quelle influence ça a sur la musique. Globalement ce ne sont pas des gens très engagés dans leur musique, ce qui ressort surtout c’est les sentiments, c’est d’exprimer ce qu’ils ressentent. Politiquement, je ne ressens pas beaucoup d’engagement politique dans la musique.

Il n’y a pas cet engagement politique de la musique comme il peut exister en France ?

Exactement. J’ai pas vraiment trouvé, bon peut-être que depuis quelques années tout allait assez bien en Suède, il n’y avait pas besoin de monter au créneau. Peut-être que ça va changer, c’est intéressant de voir les évolutions dans quelques années, si ça se retrouve dans la musique.

Nina Kinert (c) Julien Bourgeois

Est-ce que vous avez eu l’impression que les musiciens suédois utilisaient comme influence des choses suédoises et pas seulement anglo-saxonnes ?

Ils utilisent quelques trucs suédois, justement ce côté chorale qui apporte beaucoup aux arrangements, soutenir la mélodie avec beaucoup d’instruments, construire vraiment quelque chose autour de la mélodie. J’en parlais avec Peter Van Poehl qui me disait qu’il essayait souvent de trouver des arrangements proches des chœurs de l’armée du salut, des chants de Noël qui sont pour lui une grand inspiration, qui ne se retrouvent pas tels quels dans sa musique mais qui sont pour lui une base de travail.

Est-ce que vous pensez qu’il y a une mode de la pop suédoise ?

Oui je pense qu’il y en a une. Je pense que dans quelques mois ce sera le climax. On en entend de plus en plus parler et du coup c’est l’effet boule de neige, les gens s’y intéressent et commence à y trouver une pépinière d’artistes incroyable. Il y a même des labels qui vont chercher leur musique là-bas. La Suède est devenue un pays où trouver des talents. Un label français comme Fargo va chercher des artistes suédois pour signer du folk, comme ils signeraient des américains, pour à peu près la même musique d’ailleurs.

A propos des labels, il y en a beaucoup ? Qu’est-ce que vous pensez du travail de labels suédois comme Sincerely Yours ou Labrador ?

Ils sont assez bons, ce qui est intéressant aussi c’est que depuis quelques temps chaque artiste monte pratiquement son label pour sortir leur album, leur propre album. C’est assez symptomatique de la musique en Suède actuellement : beaucoup d’artistes ont trouvé un moyen de faire vivre leur musique en faisant des petits labels, en s’aidant beaucoup pour enregistrer les disques de chacun et en se refilant des plans pour exporter leur musique. Par exemple Almost Music, une boîte de promo française qui a aussi un volet label, a sorti beaucoup de suédois, soit qu’elle représente en tant que label soit juste en promo, grâce au bouche à oreille, les artistes suédois se disent ‘tu veux sortir ton disque en France ? Va parler à untel et ça ça marche très bien’.

Ils ont de bons relais en France ?

Oui, et entre eux il n’y a pas le côté ’si je lui donne le plan, ça va me passer sous le nez’. Ils sont assez partageurs malgré tout, ce qui apparemment est une force puisque ça a l’air de marcher comme ça.

En sortant un petit peu de l’indie, il se trouve que beaucoup de popstars mondiales ont recours à des suédois. Des gens comme Red One, Max Martin ont écrit une bonne partie des chansons de Lady Gaga ou de Britney Spears. C’est un volet complètement différent mais ça a peut-être les mêmes racines ?

Ça a les mêmes racines, ça vient aussi du fait qu’ils sont à fond dans les nouvelles technologies, à la pointe de tout ! Du coup même pour tout ce qui est de la pop variété ils vont savoir quel arrangement faire pour être au top. Du coup, les américains vont chercher leurs producteurs en Suède. On a eu la « French Touch » à un moment donné…

Est-ce qu’il y aurait une Swedish touch ?

Apparemment il y en a une, mais elle est peut-être moins évidente…

Moins incarnée aussi ?

Voilà. Ce qui est intéressant c’est que la Suède est le troisième pays exportateur de musique mais si on demande à quelqu’un dans la rue de citer un groupe suédois, il ne saura pas !

Alors qu’il y a des choses extrêmement connues…

Tout à fait, c’est assez symptomatique qu’ils n’aient pas de stars énormes. Il y a Robyn, qui explose depuis quelques temps, mais je pense qu’il y a plein de gens qui ne savent pas qu’elle est suédoise. C’est quand même énorme de se dire qu’ils exportent autant de musique sans avoir de gros vendeurs.

Il y a aussi pas mal d’artistes qui vont enregistrer leur album en Suède… Est-ce qu’il y a de très bons ingénieurs du son, de très bons studios ?

Oui, je pense que tout va de pair aussi. Comme leur scène s’est développée d’abord en Suède avant de s’exporter, ils sont pas allés à l’étranger pour enregistrer leur musique donc les ingés sons ont suivi. Il leur en fallait donc il y avait aussi une niche pour répondre au besoin de tous ces groupes qui sortaient.

En France, quand on fait du rock chanté en français on pense tout de suite à Noir Désir, Est-ce qu’il y a le même type de poids, par exemple ABBA? La sensation que j’ai eue c’est que les Suédois en ont un peu marre de cet héritage.

Oui, surtout que justement leur scène commence à être tellement foisonnante que pour eux c’est un peu étrange de la résumer à ABBA, Europe ou Roxettes. Ils citent souvent les Roxettes qui sont moins connus par ailleurs…

Abba, c’était quand même le coming-out suédois sur la scène musicale, qui existait pas vraiment avant…

En effet, je pense que ça a marqué un démarrage de la Suède comme pouvant être musicalement importante.

Est-ce que les artistes suédois ont l’impression d’être un pays exportateur, où il y a beaucoup de choses qui se passent ou est-ce qu’ils sont, comme beaucoup de Suédois, en retrait, très modestes ?

Il y a beaucoup d’humilité de ce côté là, et je pense que ce n’est pas feint. Ils le ressente vraiment comme ça : pendant des siècles ils se sont sentis petits et même si ça change, ils ont quand même ce côté humble qui reste prédominant.

Quand je leur dis que je fais un livre sur la musique suédoise, ça les intrigue, ils ne comprennent pas qui ça peut intéresser en dehors de Suède.

Votre souvenir le plus marquant relatif à la Suède ?

Pour l’instant c’est ma rencontre avec Jens Lekman. Ça s’est fait un peu comme ça, par chance. Comme il vit en Australie, il était de retour chez lui pour midsommar, un mois en juin / juillet, et il m’a invité chez lui dans sa famille à fêter midsommar. On a fait les photos ce jour là.

Il y avait un côté ancré dans la tradition…

Voilà, et puis les souvenirs que j’en ai, de découvrir la Suède de cette façon là, les traditions et puis tous les paysages… C’était un peu en dessous de Göteborg, dans la maison où il allait enfant. C’était la maison de son grand-père et toute la famille se réunissait là tous les ans pour midsommar, et là cette année encore, même si son grand-père est décédé. Il m’a emmené sur la tombe de son grand père, sur les falaises qui dominent l’océan, on a passé deux heures là, à attendre la bonne lumière. Ça reste encore pour moi un des meilleurs souvenirs jusqu’à maintenant. Avoir vraiment pu prendre le temps… Après une journée comme cela, je me suis dit que le projet valait le coup.

Il y a une double filiation : l’histoire personnelle et la tradition…

Exactement, alors que je pensais que c’était quelqu’un qui voudrait pas spécialement partager son côté suédois ni s’appesantir dessus. Apparemment il refuse pas mal de projets, on lui propose beaucoup de choses… Il avait envie de répondre positivement à ce projet parce qu’il avait carte blanche pour me montrer ce qu’il voulait et partager avec moi quelque chose qu’il avait envie de partager. Ça m’a vraiment touché ce rapport là, c’était très généreux.

C’est quelque chose que je retiens de mon voyage en Suède, c’est la générosité. Il y a une réserve, mais derrière… je trouve que c’est ça c’est souvent en deux temps. Quand on peut passer un peu de temps avec eux qu’on peut dépasser cette réserve ça devient énorme.

Sur la thématique de la scène musicale suédoise, vous pouvez également lire :

- L’interview de Lykke Li réalisée par OWNImusic

L’interview de Nina Kinert réalisée par Anastasia Lévy

Retrouvez une sélection de photos de Julien Bourgeois sur son site officiel

Photos : portraits (c) Julien Bourgeois, image de clé CC FlickR Copocchione

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Luz dessine le clubbing du plaisir http://owni.fr/2011/03/05/luz-dessine-le-clubbing-du-plaisir/ http://owni.fr/2011/03/05/luz-dessine-le-clubbing-du-plaisir/#comments Sat, 05 Mar 2011 08:00:06 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=30739 Florian Pittion-Rossillon nous propose une nouvelle interview passionnante d’un acteur de la scène clubbing française. Retrouvez ses autres papiers sur son excellent blog Culture DJ.

Luz est un des piliers de Charlie Hebdo. Dessinateur politique à l’humour acéré, c’est aussi un jouisseur pour qui le DJing est l’occasion de se vautrer dans une luxure d’esthète : celle de transmettre sa vision musicale en faisant danser les gens. Où quand un trentenaire humaniste à la culture rock est arrivé, en prenant les chemins du plaisir, à faire le lien avec les perspectives de l’electro. D’où le jouissif “King of Klub“, dernier recueil en date.

Et quand Luz le caricaturiste politique met son art de l’observation au service de la musique live, il en révèle les plus lointains et primaires soubassements. Et quant à la question ô combien récurrente de l’état du clubbing français, Luz apporte quelques réponses… basées sur le rythme, la basse, et … « une hystérie spatio-metal ». Luz + musique = voyage.

Vous avez une culture très rock. Comment êtes-vous devenu DJ, cette figure de musicien méprisée des rockers ?

Le lien s’est fait tout seul car je suis devenu DJ à une période où le DJ n’était plus méprisé des rockers. C’était la belle affaire des années 2000, après l’arrivée des 2 Many DJs, qui ont eu cette bonne inspiration de mélanger tous les styles musicaux, en passant du coq à l’âne. Je suis arrivé là-dedans par hasard. C’était par l’intermédiaire de l’équipe du magazine Magic. Ils m’ont fait mixer dans une soirée Blur. Ils se sont aperçus que je n’avais passé aucun titre de ce groupe, alors ils ont décrété que j’étais un très bon DJ et qu’il fallait que je recommence.

Ce qui m’a intéressé, c’est le fait de pouvoir transmettre des envies musicales, en établissant un lien de confiance avec le public en face de moi. Et cela sans être ennuyeux… C’est mon obsession depuis que je suis gamin : comment transmettre la musique à des gens qui ne la connaissent pas.

Luz et sa compagne Stéphanie Meylan, photographe

Avec votre expérience, quelle est aujourd’hui votre conception du DJing ?

Mon anti-conception plutôt, c’est ce que m’a dit un DJ rock un jour : « Il faut pouvoir être plus intelligent que ton public ». Je me suis demandé ce que ça pouvait bien signifier… Mais il avait un collier à boules en bois, et en général tu portes assez peu de crédit à quelqu’un qui porte ça. Et j’ai eu la conviction que je ne voulais pas ressembler à ce genre d’individu. Car quand tu mixes, tu amènes une partie de toi-même. Quand tu mixes chez les autres, il faut d’abord écouter les disques chez soi, dans l’intimité. Et la transmission de cette intimité passe aussi par ce que tu veux présenter de toi. Cela change tous les jours, toutes les semaines. Donc un DJ qui sait d’avance ce qu’il va passer, du premier au dernier morceau, ce n’est pas un DJ… OK il sait enchaîner mais sans plus. Tu dois construire une histoire en direct. Donc : improvisation, de telle sorte que, racontant ton histoire, les gens te racontent la leur. Si tout d’un coup il n’y a plus de réaction, ou si au contraire ça réagit sur un morceau, c’est une information, ça a un sens. Et cela change ta manière de raconter l’histoire.

Mise en danger

Très attentif au public donc ?

A mort. Surtout que le premier intérêt de tout cela, c’est cette mise en danger. C’est ce qui m’a tout de suite plu : le fait que les gens voient ton travail en direct, ce que tu n’as pas dans le dessin. Et aussi ce qui est bien, c’est d’accomplir ce rêve d’adolescent, d’arriver et de dire « Bonsoir Paris ! »… quand tu es à Paris. Ou « Bonsoir Dijon ! » quand tu es à Dijon. Donc ça caresse l’égo, à condition de mettre des choses qui viennent de toi. Si tu ne mets que des tubes du moment, OK les gens sont contents, mais qu’as-tu amené de toi ? Être DJ, c’est le meilleur moyen d’aller dans une soirée où il y a de la bonne musique puisque c’est la tienne qui passe. Donc si tu ne passes que ce que les gens attendent, tu finis par passer de la merde. Donc tu passes de la musique que tu défends. Ca m’est arrivé de jouer ce que les gens attendaient, car parfois on se cherche… Mais à quoi ça sert ? Cela dit il ne faut pas être non plus dans le plan ultra-autiste du mec qui ne fait pas attention à ce qu’il y a autour de lui.

Votre meilleur souvenir de mix ?

Le festival Benicassim quand j’ai joué dans la tente Pop. J’avais mixé tard, à 4h du matin. Je devais mixer une heure et demie. Avant ça, ambiance Benicassim, Espagne… J’avais fait Pac Man toute la journée. Tout y est passé. Tout. Les copains me disaient que je ne pouvais pas monter sur scène. Moi ça allait très bien, j’étais super conscient. J’étais dans un état de sur-stonerie et je voyais très bien ce que je voulais faire. J’ai pris les platines. Je me suis lancé dans un show bizarre. Je me suis dessiné sur le corps, des trucs comme ça… A un moment, j’ai passé un morceau des Breeders, et un deuxième, car j’ai raté mon enchaînement avec l’autre morceau que j’avais prévu. Mais personne ne s’en est aperçu tellement les gens étaient à bloc.

Je me suis dit que j’avais fait une connerie devant 2000 personnes.

Bref, tout roulait. A un moment, j’ai eu envie de silence, j’ai mis « Hallelujah » de Jeff Buckley, ça a scotché tout le monde, moi y compris. Je me suis dit que j’avais fait une connerie devant 2000 personnes. Mais les gens se tenaient par la main, s’embrassaient, pleuraient. Tout le monde a eu la même remontée de drogue au même moment. C’était LOVE ! J’en ai encore des frissons. Voilà, ça c’était très intime : on se sent bien ensemble, on teste un truc. Si les gens se sentent bien avec toi, on se sent beaucoup plus libre d’essayer.

Pacman la nuit, Pacman le jour : les deux visages d'un héros très populaire, entre lesquels la joie s'infiltre.

Y-a-t-il une spécificité du DJing à la française (par rapport à un style de DJing des autres pays) ? Si oui laquelle ?

Je n’ai pas l’impression. Ou alors c’est le fait de vouloir faire plus Ed Banger que Ed Banger. Alors ça c’est très français. Et ça c’est très très dur. Surtout quand tu as une soirée en France avec Ed Banger et les clones de Ed Banger réunis. Je me souviens d’une soirée au Rex, comme ça. C’était plus possible.

Justice sur NRJ, c’était comme  une grande victoire.

Mais je trouve ça bien, Ed Banger. Je trouve ça bien qu’il y ait une marque qui signifie à l’international qu’il se passe quelque chose en France, mais aussi qui signifie aux français qu’il se passe quelque chose chez eux. Et que cela traverse la barricade de la radio populaire. La première fois que j’ai entendu Justice sur NRJ, c’était comme  une grande victoire, même si c’est une radio mainstream. Normalement, quand tu es un groupe français qui fait de la musique instrumentale, tu n’es pas sur les ondes, ce que j’ai compris un jour où Jean-Michel Jarre pleurnichait, car il n’est pas considéré comme de la musique française. Donc il ne rentre pas dans les quotas. Alors si la musique française qui ne rentre pas dans les quotas arrive à percer les quotas et devenir mainstream, c’est intéressant. C’est un combat gagné, en tous cas une brèche.

La basse qui malaxe

Quel est le clubber qui est en vous ?

Le clubber en moi est multiple ! En tant que clubber j’aime être surpris. J’aime quand je suis au bar et me faire avoir par le DJ, de telle sorte que je suis attiré sur le dancefloor.

Avec quel genre de musique ?

N’importe laquelle. Cela dit il me faut de la basse. Une basse roulante, un drive. Qui me malaxe les couilles. De la basse physique. Et ça tu l’as dans presque toutes les musiques.

Luz, entre abandon de soi et sauvagerie festive.

Vous êtes très ami avec James Murphy de LCD Soundsystem…

Oui. Il a été étiqueté electro-rock, alors que c’est un discoboy. Il écoute de la disco. Sauf qu’il est passé par le grunge, plein d’autres choses… Mais il a une manière disco. LCD a été très important, car j’ai compris que ce que j’écoutais depuis des années pouvait être joyeux. La première fois que je suis tombé sur le EP « Losing My Edge », j’étais à fond dans le post-punk genre The Fall, du punk intellectuel… Et tout d’un coup j’entends ça, qui est du The Fall avec un truc dans le slip, jouissif, chaloupé. J’aime le chaloupement. C’est ce qui me fait aller sur le dancefloor comme attiré par le joueur de flûte qui attire les rats. Je veux être comme un rat qu’on conduit dans le ravin du dancefloor. Ca c’est vraiment excitant. Donc avec « Losing My Edge », j’ai compris que la musique n’était pas uniquement faite pour écouter chez soi. Il y a une transmission. Un besoin de se libérer de l’écoute intime pour la partager avec les autres sur le dancefloor.

Je veux être comme un rat qu’on conduit dans le ravin du dancefloor.

LCD, c’est la quintessence de ce que j’aime car c’est un passeur. Il assume de dire que sa musique, il ne la crée pas de rien. Il y a des influences Eno, Bowie, disco, punk, pop. C’est une musique qui te dit : « commence par moi, et vas chercher ailleurs ». Un de mes amis m’a dit : « Je suis très jaloux des jeunes gens qui ont découvert la musique avec LCD Soundsystem ». C’est magnifique. Je suis aussi très jaloux… J’ai découvert des choses avec LCD, mais j’en connaissais pas mal. Il a fait naître des auditeurs electro-rock. Ni electro ni rock… ni pop mais pop en même temps. Ni hip-hop mais hip-hop en même temps. Et donc ces auditeurs sont obligés d’aller voir ailleurs pour trouver encore mieux. Il a cette humilité de dire « Je ne suis pas le meilleur groupe du monde. Les meilleurs groupes du monde, je les ai écoutés et ils passent à travers moi ».

Prétention & détention

C’est quoi le problème du clubbing à la française ?

Quand tu es sur le dancefloor en France, il faut pouvoir exprimer au DJ qu’il doit te mériter. C’est insupportable, et c’est très français. Il y a un problème français tout court, le même dans tous les secteurs culturels. La prétention d’être détenteur d’un passé glorieux et de tout mesurer à l’aune de cette référence. On fait la morale à tout le monde et on a du mal à regarder ce qu’on fait nous-mêmes. On se targue de Hugo, de Balzac, d’être un grand pays de littérature alors qu’en la matière on ne fait plus rien depuis des années. En musique électronique, on peut dire qu’il y a eu Daft Punk. So what ? OK, il y a eu ce truc prestigieux car d’un coup l’international nous a regardés.

Luz, qui dessine souvent la Une de Charlie Hebdo, prouve qu'on peut être DJ et avoir de l'humour. Rare.

Les anglais ont quelque chose de très bien : le NME. Un journal où la musique populaire est traitée pour ce qu’elle est : superficielle. Et on en parle de manière superficielle. On assume cette idée. On ne fait pas semblant de croire que la musique, c’est de l’histoire. Les groupes qui sont présentés sont des kleenex, ils se bagarrent entre eux, on leur pose des questions vachardes et après on les jette. Comme les groupes ont conscience d’être des kleenex, ils sont plus libres que les autres. Ils savent qu’on peut les jeter au bout de trois ans, mais qu’au bout de dix ans ils peuvent réapparaître avec un autre projet. Chez  nous, les groupes sont des mouchoirs en soie, on se branle dedans et on les met sous un cadre avec des moulures.

Cette morgue, cette prétention très française se retrouve aussi dans le clubbing. Le clubbing, c’est sérieux.

Je constate ça dans la chanson française : il faut rentrer dans cette petite photo où il y a Brassens, Brel et Ferré, pour être le quatrième… En pop/rock, si c’est chanté en anglais, ça se voudra très sérieux. Cette morgue, cette prétention très française se retrouve aussi dans le clubbing. Le clubbing, c’est sérieux. La manière de prendre des drogues, c’est sérieux. La manière de boire, c’est sérieux.

Il y a des spécificités de culture. L’esprit français, ça existe. Cette petite prétention permanente. Les clubbers français attendent l’excellence. Ils veulent avoir le moment historique. Mais bon, ça suffit ! On est aussi là pour prendre du plaisir ! Alors maintenant qu’à Paris il y a très peu de clubs et qu’ils sont très chers, on va à l’étranger.

Alors il n’y a pas d’espoir pour le clubbing à la française ?

Je n’en sais rien… Un truc qui me fait marrer, c’est quand les gens disent qu’ils ne vont plus en club car les boissons sont trop chères. J’ai envie de leur dire « T’as qu’à danser, connard, et après tu bois un coca ! ». Si aller en club, c’est uniquement pour se saoûler la gueule, tant pis. Après, je ne sais pas vraiment où se situe la faille, en France. C’est moins fun.

Bande kilométrique sous Traktor

Donc vous concevez une scène musicale vouée à l’entertainment ?

Oui. C’est plus simple.

Sachant qu’entertainment, c’est un gros mot, en France.

Ouh là oui, c’est un gros mot ! Moi j’assume la superficialité. En tant que DJ, j’ai le souci de transmettre des « valeurs musicales », une façon d’écouter la musique que j’aime, une sensibilité. Mais si les gens n’aiment pas et restent au bar, ce n’est pas grave. S’ils ne se barrent pas, c’est déjà une bonne soirée pour eux.

Il faut bien ça pour désamorcer l'insupportable charge béni oui-oui de la chanson française...

Mais si tu vas dans un petit club à Paris, tu auras un mec derrière son laptop, qui te regarde avec une condescendance d’insupportable connard. Tu t’en fous, tu es venu danser. Mais tu ne peux pas ! Car son truc, c’est de faire de la bande kilométrique sous Traktor. Et tu te dis, « Qu’est-ce que je fous là, je ne suis pas là pour la musique ?!? », justement d’ailleurs parce que le mec n’est pas là pour la musique. Si le DJ est là pour la musique, il est là pour transmettre quelque chose de la musique. Son petit set sous Traktor, on s’en branle.

Le problème avec Traktor, c’est le niveau de bpm qui est toujours le même.

Est-ce que Traktor est un des drames qui afflige l’art du DJing ?

A fond ! Bon, c’est super pour faire des enchaînements. Je suis désespéré de ne pas savoir faire de vrais mix, je ne serai toute ma vie qu’un selector mineur. Mais le problème avec Traktor, c’est le niveau de bpm qui est toujours le même. 124bpm. Fuck ! En tant que clubber, je veux me faire gifler ! Me faire fouetter ! J’ai envie qu’on m’embarque ailleurs, que ça ne soit pas monorythmique. Ce qui tue le clubbing, c’est le monorythme. Si c’est du très bas bpm, ça peut à la limite t’embarquer dans un truc un peu spatial, tout dépend de ce que tu as fait avant, pendant, et de ce que tu feras peut-être après. Mais si tu fais du Ed Banger ou de la minimale allemande et que tu as toujours le même rythme, finalement, c’est pas plus intéressant que la musique du Buddha Bar. Papier peint sonore. Pour moi le rythme est un élément essentiel du DJing. Jouer avec, pouvoir le casser, le ralentir, l’augmenter, le fracasser. C’est ça qui était intéressant dans les productions de Ed Banger à un certain moment, c’était le cassage de rythme. Du côté de chez Institubes il y a eu des choses pas mal de ce point de vue là aussi. Mais 4 ou 6 heures sur un rythme identique, c’est difficilement tenable.

J’ai dansé là-dessus, qui suis-je ?

C’est pour ça que j’aimais bien les sets de Jean Nippon. Il y a un lien entre le R&B et le hardcore sans que ce soit simplement juxtaposé ! Il m’a foutu en transe ! Comment il a réussi à me faire danser sur du zouk, alors que deux secondes j’étais à bloc sur une hystérie spatio-metal, je ne comprends pas. Il réussit à te faire te surprendre toi-même. Tu te dis, « J’ai dansé là-dessus, qu’est-ce qui s’est passé ? Qui suis-je (rires) ? ». Quand c’est toujours le même rythme, ça arrive difficilement.

La couverture du salvateur "King of Klub", qui démystifie les dieux vivants du DJing à la française.

Quel est votre rapport aux musiciens ? Avez-vous besoin de les idéaliser pour les dessiner comme vous le faites ?

Non, car idéaliser les gens les rend difficiles à dessiner. Par exemple, Philippe Katerine. Quand j’ai voulu le dessiner en concert pendant les premiers morceaux, ça ne marchait pas du tout. Parce que je l’avais déjà beaucoup vu à la télévision, il faisait partie de ma famille visuelle. Genre Sarkozy on le voit tellement à la télévision, on croit que c’est le voisin de palier. On ne remarque plus rien. Si je devais voir un concert de Bowie, ça serait difficile pour moi de le dessiner très vite. Par contre, ce qui est intéressant dans les dessins de concert, c’est de ne pas aller dans le portrait. Alors ça me change de mon travail de caricaturiste. C’est mon repos. Tu n’as pas besoin de faire quelque chose de ressemblant.

Dépassement du corps

Dessiner l’univers de la musique, c’est plus libre ?

Oui car on est dans le reportage. Et on peut mettre en scène du fantasme. C’est pour ça que j’aime bien le travail que je fais avec Stéphanie Meylan (sa compagne, NDA). En concert elle fait des portraits photo très rapprochés. C’est une fan qui voudrait lécher la joue de chaque musicien. Donc moi ça me dégage de l’obligation de faire un dessin ressemblant. Je m’attache donc à la justesse des mouvements, à la bonne représentation de la façon dont quelqu’un veut représenter sa musique sur scène. C’est ça que j’aime dans le live : la manière qu’ont les gens de s’auto-représenter et de représenter leur travail.

Une logique de spectacle pur, donc ?

Oui, parce que si je vais dessiner un concert folk, ça pourra être très joli, mais ça sera sans intérêt. Parce que je ne vais pas bouger… Sauf à de rares exceptions. Comme quand j’ai dessiné Antony and the Johnsons. Il y a un truc qui s’est passé entre moi et, euh… Antony (rires) ! Tout d’un coup il a dégagé un truc, alors qu’il ne fout rien. Il a une tronche, un corps bizarre, mais il est arrivé un dépassement de ce corps que j’ai pu essayer de traduire en dessin.

"Celui qui faire danser les filles saura, en feu le dancefloor mettra." (Tables de la Loi du DJ, verset 66)

Ce que vous dessinez, ce sont les impressions et les émotions liées à ces impressions, plus que du fantasme ?

Oui, plus que du fantasme. Il faut que le concert s’écrive sur moi, pour que je puisse le dessiner.

La réalité de l’énergie

Vous dessinez le passage de l’énergie live sur vous ?

Oui. C’est cette énergie qui est super excitante quand on dessine. Moi je dessine en apnée. A chaque trait, je ne respire pas. Quand tu dessines dans un concert, tu es obligé d’arrêter de danser, à un moment donné. Et c’est génial. Tout d’un coup, tu ressens juste la musique. Et donc le dessin est un moyen de se remplir de l’énergie de l’autre. Et puis je ne suis pas un bon portraitiste, donc je vais vers la caricature. Du coup, j’assume de ne pas traduire la réalité, mais l’énergie. Comme l’énergie ça n’existe pas, la réalité de l’énergie se réinvente en permanence.

En tant que dessinateur politique vous pouvez être très engagé. Mais côté musique, il n’y a pas d’engagement. Est-ce que c’est crédible, d’ailleurs, la musique engagée politiquement ? Avec le recul, on peut dire par exemple que les Clash et leurs agitations marxisantes, c’était petit-bourgeois et compagnie…

Je parlerais plutôt des Dead Kennedys. Il y a une démarche politique précise, et une démarche artistique qui s’assume en dehors de la politique, qui relève plutôt de la manière de chanter du chanteur Jello Biafra. Il montre qu’il a du recul sur son propre discours. Et il y a une manière de jouer en live avec la politique qui est unique. Il se drape toujours dans le discours du salaud, pour le rendre ridicule. Quand Biafra chante, ce n’est pas lui qui chante. Biafra chante les comportements d’une crapule. Sur scène, c’est un grand théâtre… Dans « California Über Alles » (chanson mythique des Dead Kennedys de 1979, portant sur la politique du gouverneur de Californie de l’époque, Jerry Brown – NDA), il imitait Jerry Brown, puis Schwarzenegger. Et il va réimiter Jerry Brown.

Pas besoin de mettre des paroles pour faire de la musique politique.

Bref, ici, la politique, elle est déjà dans la manière de jouer la musique. Pas besoin de mettre des paroles pour faire de la musique politique. La musique politique, ça a du sens. C’est la musique qui n’est pas circonscrite. La musique circonscrite, c’est de la musique fasciste. Genre les derniers albums de Madonna. Elle est dans un genre dont elle ne sort pas. Elle a vocation à drainer les foules non pas pour transmettre quelque chose de la musique mais pour gagner de l’argent. Elle ne donne rien, elle ne partage pas, ne pose pas de questions.

Jello Biafra, chanteur des Dead Kennedys, groupe légendaire du punk américain (ici dans ses jeunes années)

Donc la musique politique, c’est la musique qui questionne, même s’il n’y a pas de paroles qui appellent à la révolution ?

Oui… J’ai un ressenti très particulier quand j’entends certains morceaux, par exemple le premier album de Superpitcher, qui continue de me questionner en permanence. C’est pour moi de la véritable musique politique, parce que ça libère, ça fait avancer sur autre chose. Physiquement, tu peux ressentir de la mélancolie, et donc tu te demandes, « qu’est-ce que ça veut dire de moi ? », et donc on peut trouver des réponses qu’on ne trouvera pas dans un discours politique, et qui feront avancer aussi. Je préfère la musique politique aux chansons politiques.

Chercher les gens

Quel est votre regard sur le vieillissement de la culture rock, avec d’un côté Iggy inamovible et tout en muscles, et de l’autre côté la cohorte qui oscille entre épave et maquillage ? Est-ce que ça peut vieillir autrement qu’en étant un objet de musée ?

En fait Iggy n’est pas un objet de musée. Je l’ai revu il y a quelques mois. Ses concerts sont d’une générosité incroyable. Il donne beaucoup et va chercher le public, le provoque. Il ne fout plus sa bite à l’air, cela dit. C’était une marque de fabrique. Mais s’il foutait encore sa bite à l’air, ça poserait un problème. C’est peut-être plus très joli à voir (Iggy est né en 1947, NDA). Bref, c’était un concert à Paléo, un gros festival suisse. Des gens étaient déçus, car ils venaient voir l’icône, et ils demandaient, « mais comment un type de son âge peut-il faire des choses pareilles ? ». Et là, Iggy était venu chercher les gens, un peu comme Saint Sébastien, tout le temps à montrer son torse, façon de dire aux gens « Réagissez, je suis peut-être votre idole, je suis peut-être un vieux con, mais réagissez, je veux que vous ayez une réaction autre que celle que vous avez d’habitude ».

L'affiche d'une exposition dédiée à "Trois premiers morceaux sans flash", le livre de Stefmel et Luz mêlant photos de concert et dessins. Ici : Iggy, tout en peau.

Et tous les autres ? Ozzy (Ozzy Osbourne, NDA), par exemple.

Ozzy, premier album génial, mais Ozzy on s’en fout (rires) ! Par contre, Suicide, c’est intéressant. Ils vieillissent bien.

La mort la plus horrible, ça serait de tomber dans les tripes d’Alan Vega sans savoir comment en sortir.

Déjà ils vieillissent, c’est bien.

C’est un exploit… Musicalement, même le dernier album de Martin Rev (un des deux membres de Suicide – NDA), sur la mort de sa femme. Il a écrit une musique très symphonique… Le type propose un monde intérieur rare, alors même que c’est du pur rock’n roll. Ils ne se sont jamais demandé s’ils faisaient de la musique électronique. C’est beaucoup plus rock’n roll que les White Stripes. C’est une réinvention. L’album d’Alan Vega (le chanteur de Suicide – NDA) avec Marc Hurtado qui s’appelle « Sniper », c’est hyper bien, à part quelques poncifs. Ils te balancent dans les tréfonds. Vega t’embarque dans ses tripes. D’ailleurs, la mort la plus horrible, ça serait de tomber dans les tripes d’Alan Vega sans savoir comment en sortir. Mais ça serait l’expérience la plus géniale. Voilà, cet album est comme ça (rires). Eux, Suicide, vieillissent bien. Ils ont quelque chose à proposer tellement ils se mettent encore en danger. Le fait de mettre par terre devant les autres son intimité est éminemment politique. Le rock’n roll a été une forme de proposition. Qui, aujourd’hui, fait ce genre de proposition là ? Je ne sais pas si les White Stripes vont bien vieillir. D’ailleurs ils viennent de se séparer. Les Kills, peut-être. Mais c’est déjà vieux. En tous cas ça vieillira beaucoup mieux que les BB Brunes ! (Rires de fin).

Crédit photo “Luz et sa compagne Stéphanie Meylan, photographe” : Renaud Monfourny

Article initialement publié sur Culture DJ

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Lykke Li et l’API http://owni.fr/2011/03/04/lykke-li-et-lapi/ http://owni.fr/2011/03/04/lykke-li-et-lapi/#comments Fri, 04 Mar 2011 16:21:46 +0000 Laurent Teissier http://owni.fr/?p=30687 Vous savez que chez OWNImusic nous avons une petite faiblesse pour la suédoise Lykke Li. En fait, ce que nous aimons ce sont ces artistes qui savent se renouveler et s’adapter, passer d’une époque à l’autre tout en gardant un style unique et une notoriété intacte. Ici, Music.Play-Pause met en exergue le choix de l’artiste et du très bon Label Atlantic Records UK pour une stratégie de communication par laquelle ils ont parfaitement su illustrer l’univers de Lykke Li en optimisant les possibilités offertes par le numérique et tout ce grâce à une étroite collaboration entre le Label et sa perle (voir interview réalisée par OWNImusic en novembre dernier).

Ce billet nous est offert par Laurent, responsable de la clientèle musique chez Supergazol, une agence de communication interactive dédiée aux jeux-vidéo, à la musique, au cinéma, à l’édition, à l’audiovisuel et à la mode. Ils ont travaillé pour des artistes tels Chimène Badi, David Guetta, Cheryl Cole ou encore Diam’s.

Pour lancer “Wounded Rhymes”, le nouvel album de Lykke Li, Atlantic Records UK a mis en place un site original et très interactif basé sur les API Google Maps, Earth & Streetview.

Grâce aux API, l’utilisateur peut suivre Lykke Li de par le vaste monde où sont disséminées paroles, vidéos et musiques extraites du nouvel album, ou encore mieux, des version inédites.

Chaque ville/région fait d’ailleurs référence à des thématiques de cet album.

De plus, la découverte des 4 premiers contenus permet à l’internaute de quitter la Terre pour assister à un concert de Lykke Li sur la Lune!

En offrant beaucoup de contenu, et notamment de l’inédit, ce dispositif est non seulement efficace pour faire découvrir de façon ludique et participative “Wounded Rhymes” et mettre en avant son univers mais c’est avant tout un très bon outil de buzz, chaque contenu étant bien entendu partageable sur les réseaux et des hashtags twitter ayant été mis en place si jamais vous vous perdez…

Articles initialement publié sur : Music.Play-Pause

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Gainsbourg repris et augmenté http://owni.fr/2011/03/04/gainsbourg-repris-et-augmente/ http://owni.fr/2011/03/04/gainsbourg-repris-et-augmente/#comments Fri, 04 Mar 2011 10:56:43 +0000 Admin http://owni.fr/?p=30667 Graffe le 5 bis rue de Verneuil

“Tout travail créatif est dérivatif”. Cette évidence rappelée par QuestionCopyright.org n’aurait pas déplu à Serge Gainsbourg, qui a laissé à la chanson francophone sans doutes une des œuvres les plus complexes et protéiformes, par la multiplicité de ses influences, tant musicales que littéraires.

Combien d’artistes peuvent se targuer d’avoir à ce point manié les différents styles musicaux souvent pour le meilleur et reconnaissons-le aussi parfois pour le moins bon ? Un tour d’horizon de ses titres les plus connus suffit à mesurer l’ampleur du phénomène dans son processus créatif. Jazz germano-pratin du Poinçonneur des Lilas (1958), rythmes africains de Couleur café (1964), Melody Nelson (1971) peut être rattaché au rock progressif, Aux armes etc (1979) est du reggae pur jus, et on finit sur de l’electro-funk avec You’re under arrest (1987).

L’image de génial touche-à-tout reste méritée : Gainsbourg ne se contentait pas de faire de pâles copies mais se les réappropriait après digestion solidement arrosée. Brassens, Ferré, Brel, Barbara, pour riche que fut leur œuvre, n’étaient pas dans une démarche aussi exploratrice.

Qui pour prendre la relève ?

Même poids des influences sur son écriture, qui balaye un spectre de près de deux siècles, de la littérature classique à l’argot, des vers de Baudelaire au franglais. Et au-dessus, trois figures tutélaires planent :

  • Arthur Rimbaud
  • Nabokov et son roman Lolita, dont la figure éponyme traverse toute son œuvre
  • Boris Vian, le “frère”, pour reprendre les termes de Juliette Gréco

Devant une telle somme d’influences parfois directes, certains ressortent l’accusation de pillage. Le critique rock Nicolas Chapelle répond que c’est un peu plus compliqué que cela, exemples à l’appui :

Il dépasse Vian dans la jonglerie verbale, avale les formules des réalistes, du jazz, du music-hall, ose tout, même l’impensable : croiser Fréhel avec Chopin, forcer Dvorak à dérouler un tapis rouge à sa pin-up, faire dîner l’exotisme et le classicisme au même banquet que Brassens.

Et de souligner qu’une telle démarche n’est pas à la portée du premier auteur-compositeur venu :

Pilleur ? Voleur ? Vulgaire ? Non. Gainsbourg est un érudit, et met son incommensurable culture au service de pièces populaires. Il s’agit presque d’une démarche didactique. Et qui diffère au final assez peu sur le principe de celle du sample.

Une démarche qui se rapproche de celle de David Bowie, pour Olivier Julien, musicologue spécialiste des musiques populaires à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV) :

Gainsbourg, Bowie, deux génies de la musique contemporaine. Est-ce à dire qu’une telle race d’artiste n’est pas prête de faire d’autres petits, même parmi ceux qui se réclament de lui ? Olivier Julien est pessimiste :

On préfèrera finir sur une note plus gaie : le chanteur débutant qui peinait à boucler ses fins de mois est un des rares artistes français dont la renommée a largement et de façon durable dépassé la francophonie, comme en témoigne les nombreuses reprises/emprunts, en particulier par des Anglo-Saxons : Beck [en], Mick Harvey [en], ex-guitariste de Nick Cave and the bad seeds, Blonde Redhead ou encore Elysian fields dans la compilation Great jewish music, la boucle (de sample) n’en finit pas d’être bouclée.

La plupart des citations de notre application sont extraites de la biographie de Gilles Verlant, Gainsbourg, disponible en livre de poche.


Les artistes OWNImusic reprennent Gainsbourg

La Javanaise, Je t’aime, moi non plus, Aux armes, etc… Alors que l’on célèbre les vingt ans de la mort de Serge Gainsbourg, on peut parier sans risquer gros que les chefs-d’oeuvre habituels qui font les délices des compilations vont tourner en boucle. On nous refera aussi le coup du Gainsbourg devenu Gainsbarre, période 80’s si controversée sur le mode “Gainsbourg n’est plus ce qu’il était.”

Cette période est en fait plus complexe. S’il est vrai que l’artiste a produit un certain nombre de chansons douteuses, il a aussi écrit ses derniers chefs-d’œuvre. Des compositions dont la sensibilité vaut bien celle du Gainsbourg “présentable” de la période rive gauche ou du culte Melody Nelson. Il a aussi continué à creuser sa veine “porno oui mais avec les formes” (littéraires). Le tout malheureusement noyé sous des sonorités 80’s assez imbitables qui ont mal vieilli. OWNImusic a donc proposé à ses “poulains” de reprendre des titres de cette période, après un premier tri effectué par notre Gainsbourg Lover Sabine Blanc.

Hommage pas cher ? Faire un clip…

Comme vous le savez peut-être déjà, les droits d’auteurs, c’est toute une histoire. Donc, avant de s’engager dans une production trop coûteuse, nous nous sommes rapprochés des éditeurs du catalogue de Serge Gainsbourg afin de ne pas infliger à notre média des redevances trop lourdes. Après plusieurs coups de fil, nous nous rendons déjà compte de la disparité des critères de facturation. Chaque maison a sa politique et interprète le projet à sa manière. Si certains, en cette période où le back catalogue est largement sollicité, ne sont pas décidés à faciliter l’hommage, d’autres sont plus arrangeants et nous trouvons finalement la formule adéquate afin de pouvoir célébrer cette mort sans en provoquer une seconde (cf. Nicolas Voisin, notre boss).

On nous donne l’astuce : faire des clips. En raison de sa qualité promotionnelle des compositions originales, le clip est le seul usage autorisé sans que l’éditeur ne perçoive une redevance d’exploitation, dont le montant aurait pu monter à plusieurs centaines d’euros par titre pour une exploitation d’un an !  Nous avons donc dû imposer à nos interprètes de faire une vidéo, un jeu auquel ils se sont adonnés chacun à leur manière, avec les moyens du bord. Un exercice de style que chacun a présenté en quelques lignes.

Depression au-dessus du jardin par Olivier Samouillan feat. Charlotte Defourny

Il y a dix jours, je recevais un e-mail d’OWNImusic.com, il était question d’enregistrer le plus « rapidement possible » une chanson de Gainsbourg avec un clip à la clef… Je me suis tout de suite dit que les journalistes n’étaient que des gens complètement à côté de la plaque qui s’imaginent qu’on peut leur pondre des morceaux et des vidéos clips comme ça, dans l’urgence, comme eux le font avec leurs petits papiers inspirés de dépêches de l’AFP…

Me déranger alors que j’étais peinard dans ma cuisine à éplucher mes carottes en écoutant l’étude n°10 en Fa mineur opus 9 de Chopin !

Puis mes pensées erraient… de mes carottes à « l’homme à la tête de chou »… de Chopin à Dépression au dessus du jardin… Quelle belle chanson pour déprimer en beauté.

Je passais un coup de fil à Franck Leblond (assistant réalisateur), Bertrand Guillou (mon copain peintre qui fait des très belle toiles même que je viens de lui en acheter une) , David Poirier pour le son et le mix et enfin Charlotte Defourny, violoniste et chanteuse de talent avec qui j’avais déjà bossé sur des chansons de Gainsbourg que l’on peut écouter ici.

Nous nous retrouvâmes donc à 1 heure du matin dans ma cuisine (seul moment où tout le monde était disponible) et travaillâmes jusqu’au petit matin.

Je profite de ce billet pour m’excuser auprès de Katerina ma voisine allemande du dessous avec qui pourtant, jusqu’à ce fameux tournage, j’entretenais d’excellents rapports.

Cette chanson me hante depuis longtemps, je ne suis jamais aussi triste que quand le gain se barre…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Love on the Beat par The Randy Mandys

Il y a 10 jours, nous recevions un mail d’OWni Music  ayant pour objet “[URGENT] reprises Gainsbourg”. Il y était proposé un liste de morceaux du Gainsbourg des années 80, à revisiter. Une sorte de défi à relever pour nous, vu les délais de livraison, d’autant qu’à la base, qui aurait pu penser que Randy Mandys reprendrait un jour du Gainsbourg? Pas nous en tout cas.
Nous ne sommes pas des érudits de Gainsbourg mais l’idée de sa nonchalance affichée dans les 80′ qui fait mouche et qui touche nous a plu.

Le plan fixe révèle cela aussi puisqu’au delà de l’inertie ambiante, quelques détails du salon (Un paquet de Gitane, quelques vinyles bien placés…) qui nous rappellent le bonhomme, les pads et la boucle electro (Le charley qui tourne) qui sont typiquement du vintage 80 peuvent nous questionner sur cette nonchalance “gainsbourienne”. Jouée ou naturelle?

Pourquoi Love on the Beat ? On manquait de temps, encore, pour passer en revue tous les morceaux proposés, dont beaucoup qu’on ne connaissait pas. On s’est rabattus sur l’un des plus gros tubes de la liste, une compo très eighties, relativement simple à rejouer et donc ouverte aux expérimentations et orientations artistiques en tout genre. Love on the Beat est d’un goût très contestable, aussi classe que vulgaire… du pain béni pour nous.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Amour des Feintes par Paul École

J’ai toujours connu cette chanson, mais j’évitais soigneusement de l’écouter. Tout jeune, elle me donnait un cafard monstrueux, sans que je sache pourquoi… Aujourd’hui je pense que c’était essentiellement dû aux arrangements glacés de 1990. Et puis quand on est tout jeune, le texte ne peut pas nous toucher. Il faut avoir vécu des choses pour comprendre ces jolies phrases.

Cette chanson représente vraiment Gainsbourg pour moi : la rigueur absolue des rimes, le découpage des phrases, voire des mots, pour respecter strictement cette rigueur qu’il s’imposait. Et puis la musique… On sent dans cette chanson tout l’impact qu’a eu sur lui la musique classique (ici on reconnaitra nettement l’influence de Schubert et de Chopin).

J’ai voulu enregistrer ma version en une seule prise, pour tenter de conserver l’émotion du texte. J’ai été filmé de loin, et dans un miroir poussiéreux. J’ai du mal avec le fait d’être “vu”, et de me voir. Alors en utilisant ce biais du miroir, c’était plus facile.  À peine est-on filmé ou photographié, qu’on a déjà vieilli ou décliné. Je n’aime pas du tout…  Ça ne sert à rien. Comme le dit la chanson, “jamais ne serai comme avant”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Sorry Angel par Puss In Boots

Pourquoi Sorry Angel ?

Universel
Mélancolique
Un des plus beaux textes sur l’érosion sentimentale
Un texte d’urgence et de détresse

Un souvenir contextuel :

Nos premiers pas sur la scène du Bataclan que nous avons partagé avec Aston Villa et Suzanne Combo.

Pourquoi Gainsbourg ?

Une référence incontournable pour nous, aussi bien dans la véracité et justesse des propos que dans la technicité et qualité mélodique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Application :

Textes et sons : Sabine Blanc et Julien Goetz

Design : Loguy

Développement : Pierre Roméra

Crédits photos CC Flickr : yoyolabellut; lafuria

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