OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Berlin prend le parti des pirates http://owni.fr/2011/09/20/berlin-parti-pirate/ http://owni.fr/2011/09/20/berlin-parti-pirate/#comments Tue, 20 Sep 2011 06:49:08 +0000 Louise Culot http://owni.fr/?p=80044 Le Parti Pirate plante son drapeau au Parlement de Berlin – Piraten Partei en allemand dans le texte. Le mouvement politique comptera 15 représentants parmi les 149 membres de la Chambre des députés de la ville. Dimanche, ces partisans de la liberté de l’information et de la neutralité d’Internet ont récolté 9% des voix aux élections régionales de la capitale allemande. C’est la première fois qu’un tel mouvement citoyen intègre un parlement de la fédération.

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Le jeune parti, né il y a cinq ans, défraie la chronique. Toute la presse allemande en parle, sans exception. Tantôt avec ironie, questionnant sa capacité à prendre part à des activités plénières. Tantôt avec admiration, évoquant un mouvement qui bouscule nombre d’idées reçues.

Sa victoire n’est pas si étonnante vue de Berlin. Son programme est fondé sur des idéaux de libertés, de partage des connaissances et de démocratie participative chers à une partie importante de l’électorat local. Pour une ville peuplée de jeunes créatifs cosmopolites, dont une kyrielle d’artistes digitaux, graphistes et vidéastes en tous genres, ces idées ont rencontré les attentes d’une génération.

Le Piraten Partei allemand est créé en 2006, dans la foulée de son homologue suédois, le Piratpartiet, premier du genre. Il est membre de la ligue internationale des Pirates Parties créée à la même période. Depuis 2006, des émanations de ce mouvement naissent à peu près partout en Europe – 33 jusqu’à maintenant, dont un en France.

En Suède, le Parti Pirate est devenu un parti de masse, troisième parti national en nombres d’affiliés. Les Scandinaves lui offrent une entrée à Bruxelles et à Strasbourg aux élections européennes de 2009. Au sein du Parlement de l’UE, il fait cause commune avec les Verts/Alliance libre européenne.

Dans ses exercices d’autopromotion, le Parti Pirate ne se réclame ni de gauche ni de droite, affirmant dépasser les clivages politiques traditionnels. Son programme : favoriser la libre circulation des connaissances en assurant l’indépendance des réseaux électroniques. Entre autres, ils souhaitent réformer les droits de la propriété intellectuelle et défendre à tout prix la protection de la vie privée. Last but not least, ils veulent en finir avec la corruption des élites, au pouvoir depuis trop longtemps selon eux.

Dans leur marketing politique, ils réclament donc plus de transparence et plus de démocratie directe. Comme le montre le programme du Piratenpartei pour ces élections tenues à Berlin. Mais aussi le droit à l’éducation, à l’information et aux savoirs.

Au nom de la dignité humaine, de l’intégration sociale et de la liberté d’entreprise, les Pirates Berlinois chérissent l’idée d’une allocation universelle. Leur programme pose le droit à l’éducation gratuite comme une condition sine qua non à l’accomplissement d’une société libre. L’accès aux savoirs devrait être garanti à tous, notamment en préservant l’indépendance des universités. Pour eux, les licences et les brevets, surtout dans le domaine de la santé, doivent impérativement être abolis.

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Selon une enquête de l’institut Forschungsgruppe Wahlen, seul 1 électeur sur 10 aurait voté Pirate en raison des propositions du parti. Les autres auraient plutôt marqué un geste de protestation contre les autres mouvements.

Le profil de ses électeurs : “des gens jeunes et éduqués, tout ce dont les autres partis rêvent et n’ont pas“, écrit le Spiegel. Mais, poursuit l’hebdomadaire allemand, “ils n’ont sans doute pas la moindre idée d’en quoi consiste le travail parlementaire”.

Andreas Baum, le jeune trentenaire leader des Pirates, reconnaît que ses acolytes manquent d’expérience mais “ils sont disposés à apprendre très vite” et “une chose est sûre : ils feront parler d’eux”.

Le Parti Pirate envoie donc 14 hommes et une femme à la Chambre des députés. Heureusement qu’il n’a pas gagné plus de voix, car il ne disposait pas davantage de candidats sur sa liste. Parmi les 15, la moitié n’est pas âgée de plus de trente ans. Ils ont le look plutôt nerd. Ils travaillent comme développeurs web, ingénieur physicien, électronicien ou étudiant. La seule femme : une candidate au bac de 19 ans.

Pour caricaturer, c’est une bande d’antihéros qui a remporté les voix des jeunes Berlinois branchés. Et, avec lesquels, désormais, le maire SPD Klaus Wowereit devra composer.


Crédits photo CC FlickR gedankenstuecke

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La Bavière monnaie comme elle veut http://owni.fr/2011/09/01/baviere-chiemgauer-monnaie-alternative/ http://owni.fr/2011/09/01/baviere-chiemgauer-monnaie-alternative/#comments Thu, 01 Sep 2011 06:30:30 +0000 Louise Culot http://owni.fr/?p=77613 Christophe Levannier dirige une entreprise à Traunstein, en Haute Bavière. Parmi ses clients, beaucoup de locaux. Par exemple, le meunier du coin. Il le connaît bien et, surtout, il peut le payer, non pas en euros, mais en Chiemgauers. Lui-même dispose de Chiemgauers puisque le boulanger de Traunstein achète maintenant sa farine chez lui, en Chiemgauers évidemment.

Depuis 2003, le boulanger accepte aussi que ses clients le paient avec cette monnaie locale. Dès lors, Levannier et d’autres habitants de Traunstein vont chercher leur pain chez lui et non plus au supermarché Lidl.

“Si la monnaie arrête de circuler, c’est la mort du système”

La monnaie est tellement enracinée dans nos vies, dans notre culture et dans notre histoire, que l’on ne s’interroge même plus sur son utilité. Pourtant, à l’heure de la crise financière et alors que l’avenir même de la monnaie européenne est incertain, il semble opportun de revenir sur la raison d’être de la matière première de l’économie. Selon Bernard Lietaer, économiste et spécialiste de la monnaie, la monnaie n’est rien de plus qu’un accord, au sein d’une communauté donnée, sur un moyen d’échange et de paiement.

Christophe Levannier, responsable du Chiemgauer dans la ville de Traunstein, en Bavière, préfère, pour sa part, filer la métaphore :

La monnaie dans notre système économique, c’est comme le sang dans le corps humain : si elle s’arrête de circuler, c’est la mort du système.

Quoi qu’il en soit, la masse monétaire mondiale n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui. Cette abondance contraste avec la pénurie constatée au jour le jour. On a l’impression que la monnaie ne circule plus et elle fait défaut à beaucoup : les jeunes, les retraités, les enfants, les mères de famille, les artistes, les ouvriers, la veuve de Carpentras… La liste est interminable.

Le Chiemgauer circule trois fois plus vite que l’euro

Alors, que faire? Les créateurs du Chiemgauer, monnaie alternative bavaroise, ont élaboré leur propre définition d’une monnaie régionale après 8 ans d’expérience :

Il s’agit d’un système monétaire valide dans une région définie, suffisamment étendue pour mettre en place un circuit économique qui subvient à 50 % des besoins de la population locale.

En Bavière, quelques personnes se sont mises d’accord en 2003 pour créer un nouveau système monétaire. Le problème de la parité a été vite résolu, explique Christophe Levannier:

1 Chimgauer vaut 1 euro. Nous avons choisi de nous baser sur la valeur de l’euro pour que les commerçants ne soient pas contraints de changer tous leur prix. Au marché, on peut donc acheter 1 kilo de prunes pour 3 euros ou pour 3 Chimgauers.

Le Chiemgauer, c’est aujourd’hui environ 2000 consommateurs réguliers et 600 entreprises et associations. La masse monétaire s’élève actuellement à 500 000 Chiemgauers. Particularité: la vitesse de circulation est trois fois plus élevée que pour l’euro.

Attention, le Chiemgauer ne remplace pas l’euro, mais le complète. Nous ne cherchons pas à cloisonner notre économie ou à promouvoir le protectionnisme, mais bien à redynamiser notre économie et notre emploi à niveau local.”

Une monnaie bien réelle

Il existe des coupures de 2, 5, 10, 20 et 50 Chiemgauers.

Chaque personne qui souscrit au système reçoit une carte de crédit Chiemgauer liée à son compte en banque traditionnel. Muni de sa carte, le consommateur peut retirer des billets dans un bureau de change muni du terminal ad hoc. Dès qu’il prélève des Chiemgauers au bureau de change, son compte est débité en euro.

A Traunstein, il existe plusieurs bureaux de change, la plupart sont des commerçants. “Pour nous, c’est une manière de fidéliser le client, parce qu’une fois qu’il sait qu’on accepte le Chiemgauer, il revient chez nous”, raconte l’un d’eux, vendeur de produits naturels. “Les Chiemgauers que je gagne en vendant, je les redépense à mon tour localement, tant pour ma consommation privée que pour payer mes fournisseurs.”

“Le Chiemgauer peut servir à des transactions plus importantes, à des paiements business to business”, ajoute Christophe Levannier. “S’ils le souhaitent, les gros utilisateurs peuvent ouvrir un compte en banque en Chiemgauer -même si sur les extraits, la devise indiquée reste l’euro- pour effectuer leurs échanges et paiements sans devoir manipuler trop de billets.”


Une “monnaie fondante”

Une chose essentielle distingue le Chiemgauer de l’euro : un taux d’intérêt négatif. Tous les trois mois, les billets de Chiemgauer perdent 2 % de leur valeur. Dans le jargon, ce mécanisme correspond au principe de “démurrage” des “monnaies fondantes”. En d’autres mots : le consommateur n’accumulera pas sa monnaie puisqu’elle perd de sa valeur dans le temps.

Pour changer ses Chiemgauers en euros, il faudra concéder 5 % du montant de la conversion à l’association Chiemgauer e.V. Donc pour terminer avec 20 euros, il faut changer 21 Chiemgauers.

Ce taux négatif nous garantit le maintien de la monnaie en circulation. C’est donc tout le contraire de l’euro qui ne perd pas de valeur et qui incite toujours à l’épargne“ remarque Christophe Levannier.

Le samedi matin, sur la place principale de Traunstein (18 000 habitants), le marché bat son plein. D’un stand à l’autre, les commerçants sont plutôt enthousiastes : environ la moitié accepte le Chiemgauer. Les autres ne sont pas du coin et ne pourraient pas redépenser l’argent assez vite.

La boulangère :

Pourquoi est-ce que j’accepte le Chiemgauer? Pour faire tourner notre économie locale. Avec cette monnaie, l’argent reste chez nous. Les gens achètent des produits de la région et non plus dans les grandes surfaces.”

“Les personnes qui refusent le Chiemgauer ont peur que le système soit compliqué et qu’ils ne s’y retrouvent plus. Mais ils ne l’ont pas essayé ! “ conclut Christophe Levannier.

Le Chielmgauer ne sert pas seulement à payer ou être payé. Son utilisation est aussi à la base d’un nouveau système de solidarité. L’argent généré par les taxes sur le Chiemgauer (les 2% de taux négatif et les 5% de conversion) va directement à des projets associatifs. À son inscription, chaque utilisateur désigne une association locale qui devient son bénéficiaire.

Cette dimension altruiste joue souvent le rôle de déclic. “Un parent d’élève souhaite soutenir le club de basketball de l’école : il souscrit au Chiemgauer et choisit le club de son fils comme association bénéficiaire. Petit à petit, d’autres parents emboîteront le pas et bientôt, le club peut s’acheter des équipements grâce au Chiemgauer !”

…”Und Geld bekommnt Sinn”. Littéralement : “Et l’argent prend tout son sens”, c’est le slogan de la banque GLS, la première banque allemande axée sur le social et l’écologique, partenaire de l’association Chiemgauer.

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Retrouvez la BD augmentée d’OWNI sur les monnaies alternatives

Billet initialement publié sous le titre “Une autre monnaie que l’Euro est possible” sur MyEurop

Illustrations: Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commerciale live w mcsPaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification _Teb / Paternité antwerpenR

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